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perte de l'insouciance

Une jeune fille morte est couchée sur un lit. Je dois dire que j'ai rarement vu une peinture aussi émouvante. Trois ou quatre écolières, des camarades de la défunte, sont en face du mystère qui, dans sa grandeur majestueuse, bouleverse et saisit les âmes en fleur et les refroidit d'un souffle. Elles ont peur ; elles ne s'y retrouvent plus dans leurs jeux et leurs exercices : les parents, les demeures, les champs, l'église, mais elles vont reprendre pied, et dès le lendemain, ou même déjà dans l'heure qui suit, elles rentreront dans l'habituel. Mais à présent, elles sont devant le corps de leur amie, prenant congé, et tout ce qu'elles connaissaient, elles ne le connaissent plus, l'inconnaissable est là, familier. Mourir est tellement imposant, et c'est infiniment peu de chose, aussi. C'est comme n'importe quoi, comme cueillir les cerises quand elles sont mûres, comme faire de la luge en hiver ou boire un café.

Auteur: Walser Robert

Info: in "Histoires d'images", éd. Zoé, p. 61-62 - trad. Marion Graf

[ tableau ] [ similitudes ] [ stupéfaction ] [ principe de réalité ] [ cadavre ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

nourriture

L'huître
L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une cou-leur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.
A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à pro-prement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.

Auteur: Ponge Francis

Info: Le Parti pris des choses, suivi de Proêmes, et précédé de Douze petits écrits

[ littérature ] [ manger ] [ animal ]

 

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immersion

Etre dans la nature ainsi qu'un arbre humain,

Etendre ses désirs comme un profond feuillage,

Et sentir, par la nuit paisible  et par l'orage,

La sève universelle affluer dans ses mains.

vivre,.avoir les rayons du soleil sur la face,

boire le sel ardent des embruns et des pleurs, 

Et goûter chaudement la joie et la douleur 

Qui font une bouée humaine dans l'espace.

sentir dans son coeur vif l'air, le feu et le sang

Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre :

- S'élever au réel et pencher au mystère,

Etre le jour qui monte et l'ombre qui descend.

Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise

Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau,

Et comme l'aube claire appuyée au coteau

Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...

Auteur: Noailles Anna de

Info:

[ appartenance ] [ poème ]

 
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Ajouté à la BD par GAIOTTINO

pornographie

Dans l'auberge du Simplon, dont le papier représente les Anglais en Chine, comme un roman de Méry, un parapilla ailé et monstrueux s'introduit dans la bouche de Lady Bentinck, qui s'écrie "Very delicious !" Les canons sont transformés en membres qui déchargent, les roues forment les couilles, les canons, la pine, et la fumée simule la mousse éjaculatoire : ces embellissements priapiques sont dûs au crayon libidineux de jeunes rapins français.
A Domodossola, les lieux, que quinze heures de route nous faisaient un devoir de visiter pieusement, pour y déposer nos libations, présentaient un aspect enchanteur et féerique ; ils étaient peints à fresque et représentaient des bouquets de roses qui s'épanouissaient comme des trous du cul de blondes, avec une touche de pourpre au milieu. Il est fort agréable de s'accroupir, ayant l'oeil sur ces anus fleuris, ou sur ces fleurs anales, dépliant leurs pétales : les fronçures d'un sphincter, prêt à boire une pine, ou à vomir un étron.

Auteur: Gautier Théophile

Info: extrait d'une Lettre à la Présidente 1850

[ littérature ]

 

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inspiration

Rouiller me suit des yeux.

"Avez-vous vu le passage où je demande que tous les enfants aient leur chopine dès quinze ans ? Eh bien, mon cher, voulez-vous que je vous dise ? … Si j’ai pu me faire quelques idées et les aligner en rangs d’oignons, c’est que j’ai toujours gagné assez pour boire mon litre, et prendre mon café avec la consolation ! On dit que j’ai tort de me piquer le nez ? Mais sacré nom ! c’est quand ce nez-là me chatouille que ma pensée se ravigote, c’est quand j’ai l’œil un peu allumé que j’y vois le plus clair ! … C’est pas pour la vertu,croyez-le bien, jeune homme, qu’on recommande aux pauvres de ne pas licher ; c’est parce qu’on a peur que cela leur débrouille un peu la cervelle, et leur graisse les muscle, et leur chauffe le cœur ! Êtes-vous content de ce que j’ai fait ? … Oui… Eh bien, j’ai écrit cela avec la suée de mes cuites !"

Auteur: Vallès jules

Info: Dans "L'Insurgé", Librairie générale française, 1986, page 267

[ alcool ] [ conseil d'écriture ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rencontre

Il lui demanda ce qu'elle voulait boire. Son choix serait déterminant. Il pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. [...] Oui un jus, c'est sympathique. C'est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l'orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Non, le mieux, c'est de choisir un entre-deux, comme l'abricot. Voilà, c'est ça. Le jus d'abricot, c'est parfait. Si elle choisit ça, je l'épouse pensa François. A cet instant précis, Nathalie releva la tête de la carte, comme si elle revenait d'une longue réflexion. La même réflexion qui venait de mener l'inconnu face à elle.
"Je vais prendre un jus...
- ... ?
- Un jus d'abricot, je crois."
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité.

Auteur: Foenkinos David

Info: La Delicatesse

[ détail ] [ littérature ]

 

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mythologie

La Walkyrie nordique représente une forme mythique et archaïque de la femme-cygne très différente. Elle doit son nom au fait que, étant au service d’Odin, elle prend les guerriers tombés au combat pour les emporter dans le Walhalla. Mais elle a aussi pour fonction d’octroyer la victoire ou la défaite, ce qui montre bien sa parenté avec les Nornes qui filent notre destinée et en coupent le fil. Mais, d’autre part, lorsque dans le Walhalla elle tend aux héros la corne à boire, elle joue alors le rôle habituellement réservé aux servantes. Mais offrir à boire est aussi un geste très significatif qui exprime la relation et l’affection et ce thème apparaît souvent : une figure de l’anima offre à l’homme une timbale remplie d’un philtre d’amour, d’allégresse, de métamorphose ou de mort. Les Walkyries sont également appelées les filles des vœux. Quelquefois, comme Brunehilde, elles sont les maîtresses ou les épouses de grands héros auxquelles elles donnent protection et assistance pendant le combat.

Auteur: Jung Emma

Info: Dans "Anima et Animus", pages 18-19

[ auxiliaire masculine ] [ idéal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

excès

J'écris et j'écris pas. Je passe mon temps à pas écrire aussi. Je suis plutôt dans le non-écrire que dans l'écriture. Je suis plutôt un non-écrivain, pense Jésus. J'écritue. Je tue l'écrit plus souvent que je le fais croûter. Mais c'est long. Comme c'est long ces phrases, ah j'en peux plus ! dit Jésus. Peux plus d'écrire des phrases à rallonge. J'ai jamais aimé qu'on rallonge la soupe. Déjà j'ai jamais aimé la soupe, alors ! Ma mère elle servait la soupe et en même temps les pommes de terre. Les patates les oeufs au plat et soupe par-dessus. On savait même pas où poser le bol ! On devait boire bouillant. On devait manger en se brûlant le gosier, pense-t-il. Et presque servi elle nous en resservait une louche tout en demandant si on en voulait encore. Juste au moment où elle nous balance la purée ou la soupe elle dit T'en veux encore ? Comme si on avait le temps de répondre.

Auteur: Pennequin Charles

Info: "Nuit", texte paru dans "Le lapin quotidien", n°14, août 2020

[ souvenirs ] [ famille ] [ nourriture ] [ contrainte ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

paresse

Une fois, un tuberculeux m'a fait un aveu fort intéressant. Si j'avais voulu, m'a-t-il dit, il y a longtemps que je serais guéri, mais je n'ai aucun intérêt à être un homme en bonne santé. Vous ne comprenez pas ? Moi non plus, au début, je n'ai pas compris. Mais il m'a expliqué : quatre, cinq mois par an, il est à l'hôpital, aux frais de l'État, ou bien en sana où il pêche, se promène dans les bois, et l'État lui paye cent pour cent de son salaire. On le soigne gratuitement, la nourriture est évidemment la meilleure qui puisse être, il a un logement de première qualité, il a tous les biens matériels, tous les privilèges en tant que malade. Puis, il rentre du sana et, bien conscient de ce qu'il fait, il se met à boire, à fumer, surtout lorsqu'il remarque une amélioration, bref, tout pour ne pas être privé de ces privilèges. Il y est déjà habitué, il ne peut plus s'en passer.

Auteur: Raspoutine Valentin

Info: De l'Argent pour Maria

[ profiteur ]

 

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déclaration d'amour

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon coeur!

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Le Serpent qui danse, les fleurs du mal 28

[ poème ]

 

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