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pensée-de-femme

"Il y a plus de quarante ans, les Françaises obtenaient enfin le droit à disposer de leur corps." Le droit à disposer. La proposition claque comme un coup de fouet. Disposer de son corps, par-delà les transformations silencieuses, la pression atmosphérique, la lune, les cycles de la nature, les noyades hormonales, etc. Par-delà les régimes ininterrompus, l’alcanisation, l’oxydation, la constipation, l’ovulation, l’armature des balconnets, les onze centimètres de talon, les pantalons cigarette, les canons ornementaux. Par-delà la carapace diurne, de jour être une guerrière intraitable, un fauve prêt à tous les combats, et quand vient le soir et que les femmes sont dociles, la volte-face nocturne du devoir de douceur. Le droit de passage des hommes et des enfants. L’impératif de jouissance comme degré zéro de l’estime de soi. La femme-réceptacle, la femme-matrice, la jeunesse, l’avenir de l’homme. Des femmes intrépides ont bagarré dur pour qu’elle soit en droit de disposer de son corps. Cette femme lasse et courageuse a soulevé des montagnes d’humanité pour elle. Et pourtant, elle se sent en permanence indisposée – ce qualificatif fangeux que sa mère utilisait pour la dispenser des séances de piscine. Son corps est une zone franche dont les autres jouissent, les hommes qui se rincent l’oeil, les femmes qui la jalousent, tous ceux auprès de qui il faut faire bonne figure, c’est-à-dire tout le monde. Son corps exposé en vitrine dit combien elle vaut. Mais elle ne dispose de rien.

Auteur: Benaroya Ines

Info: Bon genre

 

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Ajouté à la BD par miguel

intériorisation

L'enfant compose avec la peur comme il compose avec la nuit, avec les ombres, avec l'insuffisance des parents, comme il compose avec tout. La peur est une donnée matérielle du monde, parmi des dizaines d'autres. Il faut savoir que la nuit noire accélère les battements du coeur rouge. Etre seul dans un chagrin ou dans le vert d'une forêt, c'est effrayant. Il faut le savoir mais cela ne concerne pas l'esprit, le dedans, cela donne une information susr le monde - comme de savoir que le vent du nord est glacé, que la neige reste toujours en altitude sur les montagnes. Alors tu l'apprends et puis tu l'oublies, comme dans l'enfance on oublie aussitôt ce qu'on sait pour aller jouer un peu plus loin, pour continuer de perdre son temps, de jouir du grand bonheur de perdre son temps. C'est une chose que les parents ont du mal à comprendre, cette jouissance-là. Ne reste pas désoeuvré, fais quelque chose, prends un livre. Même le jeu ils voudraient que ce soit éducatif - pas que pour jouer, pas que pour rien. C'est que les parents sont des adultes et que les adultes sont des gens qui ont peur, qui se soumettent à leur peur, qui la connaissent d'une connaissance servile, sombre. La peur n'est plus comme hier dans le monde, à certains endroits du monde, dans les dorures d'une légende ou dans les recoins d'une rue. Elle est maintenant dans l'esprit des adultes.

Auteur: Bobin Christian

Info: in "L'inespérée", éd. Gallimard, p.80-81

[ gratuité ] [ âge ] [ générations ] [ apprentissage ] [ inquiétude ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

voyages

C'est ainsi que la voleuse de fruits s'était rapprochée, en spirales de plus en plus larges, de la bordure nord-est du plateau, au flanc et au pied duquel se trouvait Chaumont, la seule ville du Vexin picard. Peu de voitures, mais roulant chacune très vite, sur l'étroite route qui bordait le plateau en haut. Elles fonçaient comme si elles poursuivaient quelqu'un ou étaient au contraire elles-mêmes poursuivies. Elles donnaient l'impression d'être plus pressées que les avions, plus nombreux, au-dessus dans le ciel bleu, décollant en une suite rapide de l'aérodrome de Beauvais situé non loin d'ici. Pendant un certain temps, entre le village de Liancourt-Saint-Pierre et le hameau de Le Vivray, le regard, depuis la lisière du plateau en direction du nord-est, allait comme bien au-delà de Beauvais, de sa cathédrale et de son aéroport. La voleuse s'était arrêtée sur le bord de la route et imaginait voir par-dessus toutes les frontières de l'Europe ; dans son regard était l'Oural et, derrière ses montagnes, toute la Sibérie. Aucun avion ne décollait là-bas maintenant mais un aigle de Sibérie, un aigle pêcheur, ses gigantesques ailes dépassant toutes les envergures. En s'approchant, l'oiseau redevint un avion, minuscule cependant, deux sièges seulement, et, seul dans son appareil, le pilote là-haut avait un oeil sur elle, exclusivement sur elle qui se tenait en bas et gardait les yeux rivés sur son appareil : il battit des ailes, un coup à gauche, un coup à droite, lui fit signe.

Auteur: Handke Peter

Info: "La voleuse de fruits, ou Aller simple à l'intérieur du pays" - éd. Gallimard - trad. par Pierre Deshusses

[ mouvements ] [ horizons dépassés ] [ métamorphose ] [ communication ] [ géographies ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

exorcisme

Aussitôt que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres et possédé d’un esprit impur. Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne. Car souvent il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n’avait la force de le dompter. Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes, criant, et se meurtrissant avec des pierres. Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui, et s’écria d’une voix forte : Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas. Car Jésus lui disait : Sors de cet homme, esprit impur. Et il lui demanda : Quel est ton nom ? Légion est mon nom, lui répondit-il, car nous sommes plusieurs. Et il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays.

Il y avait là vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Et les démons le prièrent, disant : Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous entrions en eux. Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer ; il y en avait environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer.

Auteur: La Bible

Info: La Sainte Bible, traduction Louis Segond, Évangile de Marc, 5, 2-13

[ diable ] [ principe diabolique ] [ folie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

art pictural

En Norvège, c’est le peintre Munch qui marque la rupture, c’est dans ses œuvres que pour la première fois les êtres humains prirent toute la place. Alors que jusqu’au siècle des Lumières, on subordonnait l’homme au divin, qu’à la période romantique on le subordonnait au paysage dans lequel il était représenté — les montagnes y sont imposantes et tumultueuses, la mer y est imposante et tumultueuse et même les arbres et les forêts y sont imposants et tumultueux, mais tous les hommes sans exception y sont petits —, chez Munch c’est le contraire. C’est comme si l’humain engloutissait tout en lui, faisait sien absolument tout. Les montagnes, la mer, les arbres et les forêts, tout y est teinté d’humain, non pas des actes et de la vie extérieure des êtres humains mais de leurs émotions et de leur vie intérieure. À partir du moment où les hommes avaient pris le dessus, aucune marche arrière n’était plus possible, de même qu’il n’y eut plus de marche arrière possible pour le christianisme après qu’il se fut propagé comme un incendie de forêt dans toute l’Europe aux premiers siècles de notre ère. Munch, lui, donne forme aux émotions des êtres qu’il peint, il donne forme à leur vie intérieure et bouleverse le monde. Une fois cette porte-là ouverte, la représentation du monde extérieur fut abandonnée : chez les peintres après Munch, ce sont les couleurs elles-mêmes et les formes elles-mêmes qui sont porteuses d’émotions, pas ce qu’elles représentent.


Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: La mort d'un père

[ expressionniste ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

profondeur

Au fond c'est très simple... En parodiant un peu ce que l'on raconte en Inde, on peut écrire ceci : l'homme pense que les montagnes sont des montagnes et que les fleuves sont les fleuves. Le scientifique sait que les montagnes ne sont pas des montagnes et que les fleuves ne sont pas des fleuves (mais des phénomènes géologiques ou géographiques complexes). Le sage sait que les montagnes ne sont que les montagnes et que les fleuves ne sont que les fleuves.
Passer du simple au complexe [...] n'est qu'une étape, absolument indispensable. Mais au-delà de cette complexité apparaît une autre connaissance, d'une totale simplicité. Pour accéder à celle-ci, on ne peut pas faire l'impasse sur le travail et l'approfondissement. On ne passe pas du stade de l'apparence à celui de la légèreté. La simplicité que j'appellerai "paresseuse", appelons-la simpliste, laisse place peu à peu à une complexité de plus en plus grande, laquelle peut parfois déboucher sur une simplicité essentielle. Brancusi le disait ainsi : "La simplicité n'est pas un but, mais on arrive à la simplicité malgré soi, en s'approchant du sens réel des choses.
[...] Tous semblables dans notre humaine condition. C'est ce qu'écrit aussi Khalil Gibran (Le sable et l'écume) : Ouvre l'oeil et regarde, tu verras ton visage dans tous les visages. Tends l'oreille et écoute, tu entendras ta propre voix dans toutes les voix."
[...] Réfléchir, pour finir, à cette phrase du Bouddha : "Le mal c'est l'inutile". Peut-on faire plus simple ?

Auteur: Bacus-Lindroth Anne

Info: Murmures sur l'essentiel, Anne Carrière/Essai, Diffusion Hachette, 1998, pp. 67-69

[ littérature ]

 

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Suisse

Un tel biotope peut-il engendrer la remise en question ? Non, à l'évidence. Une pensée raisonnable et consensuelle ? Oui, certainement.
Mais quel piège redoutable, parce que consenti. Regardez, il est tellement parfait que les étrangers le vantent et s'y moulent. C'est normal vous me direz, ils atterrissent dans un cadre avenant, fonctionnel, et estiment poliment ne pas pouvoir le remettre en question. Oeuf Corse, on ferait la même chose.
Et ces aliens au système ont quelques atouts supplémentaires pour s'installer et séduire (et faire monter la peur du Suisse UDC avant éventuellement de lui prendre sa place). En plus de la reconnaissance pour le pays qui les accueille, ils bénéficient de ce surplus d'énergie, de moteur et d'efficacité, qualités naturelles à qui vient de contrées où la vie est plus dure. Vertus souvent augmentées par un milieu d'origine modeste.
Ainsi les perturbateurs du cru, ceux "issus" du biotope, qui voudraient éventuellement changer ou remettre les choses en question, seront aisément remplacés par des gens de l'extérieur, le doigt beaucoup plus volontiers sur la couture du pantalon.
Un système d'une inertie redoutable, enkysté dans ses montagnes, frôlant la surpopulation, conforté par un esprit tudesque et minutieux de montagnards écolos et horlogers. Tout ceci sous le quadrillage fin et normatif de sa démocratie directe...
A l'image de ce titre du Temps : "Suisse : le pays où l'on vote pour que rien ne change".
On aurait envie d'ajouter : Suisse, le pays où le confort et l'autosatisfation règnent.
On n'y a jamais de pire ennemi que soi-même...

Auteur: Mg

Info: 15 juillet 2013

[ inertie ]

 

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historique

L'Histoire : Paul Veyne, imaginons que nous soyons à Rome, aux débuts de l'empire. Je suis rossé, on me dérobe mon argent. Ma femme est violée. Mon fils est tué. Obtiendrai-je justice ?
Paul Veyne : Vous avez fait fort ! Je vous suppose venu du fin fond de la Gaule chevelue, égaré dans Subure, le quartier "chaud" de Rome. Quoiqu'il en soit, je vous souhaite d'abord d'être riche, donc pourvu d'une bonne "clientèle", car c'est vous et vos amis qui devrez mener l'enquête, trouver le ou les coupables et les traîner en justice : aussi peu croyable que cela puisse paraître, il n'existe pas de véritable police dans le monde romain. L'armée s'occupe de la sécurité politique en réprimant les émeutes. En revanche, elle n'intervient guère en matière de sécurité civile, sauf pour mater le brigandage organisé en bandes - parfois il y avait des brigands dans les montagnes et parfois la population recourait à l'autodéfense. On affirme que ce brigandage était de la lutte des classes. Je n'en suis pas très sûr.
L'Histoire : Et si je ne suis pas riche ?
Paul Veyne : Si vous n'êtes pas puissant, vous disposez presque toujours d'un "patron", dont vous êtes le client, ou d'une bande d'amis. Vous essayez alors d'obtenir du patron qu'il fasse jouer sa protection, de vos amis qu'ils vous donnent un coup de main. En revanche, si vous êtes esclave, les choses sont plus simples. Votre propriétaire déteste qu'on lui abîme son matériel. Il demandera donc à ses sbires d'aller régler l'affaire.

Auteur: Veyne Paul

Info: Sexe et pouvoir à Rome, L'Empire romain, c'est la Mafia !

[ inégalités ]

 

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distanciation

Vous voyez donc que la rose, que tout l'univers et les gens qui le peuplent, votre propre femme si vous en avez une, les étoiles, les mers, les montagnes, les microbes, les atomes, les neutrons, cette chambre, cette porte, tout cela est bien là. Maintenant, avançons d'un pas: ce que vous pensez de ces choses, ce qu'elles vous font ressentir, c'est votre réaction psychologique à leur égard. Ceci nous le nommons pensée ou émotion. La perception superficielle est donc une affaire très simple: la porte est là. Mais la description qui en est donnée n'est pas la porte, et quand vous êtes émotivement affecté par cette description, la porte, vous ne la voyez plus. La description peut être un mot, ou un traité scientifique ou une réaction émotive intense ; mais rien de tout cela n'est la porte elle-même. Ceci, il est très important de le comprendre dès le départ. Si nous ne le comprenons pas nous serons de plus en plus dans le brouillard. La description n'est jamais la chose décrite. En ce moment même, nous sommes en train de décrire quelque chose, nous y sommes contraints, mais l'objet que nous décrivons n'est pas la description que nous en donnons. Donc, s'il vous plaît, souvenez-vous de ceci tout au long de notre causerie. Ne confondez jamais le mot avec la chose qu'il désigne. Jamais le mot n'est le réel, et nous nous laissons facilement emporter quand nous arrivons au deuxième degré de perception, quand les choses deviennent personnelles et que la parole provoque en nous un état émotif.

Auteur: Krishnamurti Jiddu

Info: Le changement créateur

[ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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mythologie

Quiconque s’intéresse aux pierres dans l’aire culturelle syro-mésopotamienne ancienne consultera avec grand intérêt une édition de l’œuvre sumérienne Lugal-e ("Le roi"). Ce texte littéraire, dont la première tradition écrite en sumérien date manifestement du IIIe millénaire avant notre ère, nous conte le combat de Ninurta, divinité guerrière majeure du panthéon mésopotamien, contre Asag, démon cosmique monstrueux, né de l’union du Ciel et de la Terre. Pendant la bataille, ce dernier est suivi par une armée de pierres révoltées, progéniture d’Asag lui-même et des montagnes ; une fois le démon défait par le Ninurta, celui-ci fixe le sort de ces minéraux, tantôt bénis, tantôt maudits, en passant par un exposé systématique de leurs caractéristiques. En se focalisant sur ces pierres animées on pourra s’interroger sur leur qualification, afin d’analyser leurs usages et leur classification dans le prisme de cette œuvre littéraire de premier plan, tout en corrélant ces informations avec certains documents de la pratique et rituels cunéiformes relatifs aux pierres. La confrontation de sources textuelles de différentes natures permet notamment de réfléchir sur la notion de "pierre précieuse" et d’approcher la compréhension de certaines propriétés physiques et apotropaïques* de ces minéraux, tout en observant de près les arts dans lesquels ces derniers s’illustrent. Nonobstant l’importance considérable de ce chant-šir-gid par sa portée littéraire, ses richesses grammaticale et philologique, ainsi que son intérêt majeur pour l’histoire des religions, il est intéressant d’aborder cette source originale avec un regard d’historien des sciences et des techniques, afin d’éclaircir certaines zones d’ombre autour de plusieurs pierres dans les langues sumérienne et akkadienne

Auteur: Ramez Manon

Info: "Ninurta, fils d’Enlil, fixa leur destin". Révolte, sort et qualification des pierres dans l’œuvre sumérienne Lugal-e.  Le Lugal-e ("Ô, Roi !" en sumérien), ou Les exploits de Ninurta est un récit mythologique en sumérien, relatant la victoire du dieu Ninurta contre le démon Asag/Asakku et son armée. - résumé. *Qui conjure le mauvais sort.

[ minéraux ] [ croyances ] [ lithothérapie ] [ historique ]

 

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