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écrivain-sur-écrivain

Milan Kundera rappelle que, lorsque Kafka lut à ses amis les premières pages du Procès, il déclencha le rire de l’assistance, un rire qui ne tarda pas à le gagner lui aussi. On peine aujourd’hui à comprendre pareille réaction. L’histoire d’un homme qui, encore au lit, se plaint qu’on ne lui apporte pas son petit déjeuner tandis que deux intrus font irruption dans sa chambre et lui signifient son arrestation n’a rien pour nous pour nous amuser. Sans doute faut-il imaginer un lecteur expert à mimer la scène : un Kafka facétieux, en somme, si étrange que nous semble une telle qualification. Resterait encore à comprendre comment l’interprète pouvait, dans ce préambule, faire abstraction des sombres présages qu’il y avait lui-même semés.

Car le rire de Kafka trahit une lecture paradoxalement comique du livre qui s’est imposé comme l’un des plus noirs de son siècle. N’a-t-on pas vu dans l’auteur du Procès un prophète des totalitarismes, des administrations labyrinthiques et de toutes les " colonies pénitentiaires " qui sont apparus après sa mort ? Notre lecture de son œuvre est devenue largement tributaire d’événements dont elle n’eut pas, ou guère connaissance ; et Kundera a raison de rappeler qu’en réalité, et malgré ce qu’on en a fait, " le kafkaïen n’est pas une notion sociologique ou politologie ". Qu’est-ce donc ? Je répondrai par une image : le kafkaïen, c’est l’inépuisable ruissellement de joie qui tente d’éroder la pierre noire de notre contingence.

Auteur: Doumet Christian

Info: Que font les écrivains ? 2022

[ sous-jacente allégresse ] [ littérature ] [ absurde ] [ époques ] [ décalage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

identité quantique

Je me partage

Le jour, gardien de la maison des palmes au musée botanique

La nuit colleur d’affiches au mur des sans-histoire

Les dattiers penchent, les dattiers penchent et avec eux, compagnon

de moiteur, je tangue contre la bouche du tropique

Au quotidien presque-naufrage, sans ordre, sans commande,

Que m’allonge cette marée de vert !



Soir venu les sirènes en papier gluant déplient au fond de moi un reste

d’arbre laissé sans voix

L’unique papyrus, le nilotique, ou hiératique

Il me secoue



Cependant que brossant les fesses à la beauté je reparcours avec

méthode la Septante du désir

Routine, glu,

Autorité des belles inépaisses



Lendemain à nouveau, l’épanoui de feuilles insolentes sous la verrière

Profuses, jouisseuses, garces !

Disant quoi à l’oreille des passants

là-bas ! là-bas !

Comme affiches, en sous-voix

là-bas ! là-bas toujours

L’une sur l’autre empilées

Image, puis image dans ma nuit consommée de mille et mille appels



C’est une savane

Une forêt dont les ululements s’effacent et se reprennent entre les géants-tiges

Pliés, froissés

Jamais fini de rompre !

Ainsi jusqu’au matin dans le vent des photographies, mon Afrique sans sommeil, sans domicile fixe

Ma Bohémienne

Jusqu’aux premiers roulements



Telle est ma vie superposée

Cherchant la page, enfin,

De repos l’invisible feuillure

À rien cousue

Ne trouvant que la sève incontinent poussée

La sève éparse et qui toujours aux alouettes tend un miroir de ciel






Auteur: Doumet Christian

Info: Ma vie superposée. In " llettrés, durs d’oreille, malbâtis", Éditions Champ Vallon, 2002

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écrivains

Être ou n'être pas poète, puisque telle est la question, veut donc dire accepter ou non la valeur performative du mot " poète ". Et dans le premier cas : jouir sans délai, comme par avancement d'hoirie, d'un prestige qu'ailleurs, sur d'autres territoires de la pensée, une œuvre largement édifiée suffit à peine à assumer ; mais aussi, inversement, se soumettre aux exigences d'une imagerie d'Épinal constituée, durant des siècles, par la décantation d'une infinité de grotesques et de caricatures : les représentations mêmes de la gloire, avec leurs effigies de muses chlorotiques* et leurs lauriers poudreux. 


Auteur: Doumet Christian

Info: Que font les écrivains ? 2022 *état pathologique des plantes vertes marqué par un jaunissement ou un blanchiment

[ stéréotypes ] [ ​​​​​​​avantages ] [ inconvénients  ] [ définition ] [ gloire poétique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

verbe

La parole écrite sera l'incorporation naturellement nécessaire d'une pensée, et non pas l'enveloppe socialement convenable d'une opinion.

Auteur: Kraus Karl

Info:

[ singularités ] [ orthogonales ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

maladie

- Le professeur Otto Warburg, Directeur de l’Institut Max Planck de physiologie cellulaire à Berlin, et le docteur Solomidès, à Sceaux, près de Paris, ont prouvé de façon claire et nette que le cancer est causé par une détérioration de la respiration cellulaire, du fait d’une insuffisance d’oxygénation.

- Heureusement, l’humanité ne s’est pas aperçue de cette découverte, répondit Mékus. Mes succès dans le domaine du cancer ont à peine été affectés par les indiscrétions de ces deux-là. Mes représentants ont reçu l’ordre de ne laisser à aucun prix se répandre l’idée que la formation de la tumeur cancéreuse est l’aboutissement d’une longue évolution pathologique, provoquée par l’empoisonnement progressif du monde ambiant. C’est ainsi que l’on considère le cancer comme une affection localisée et que l’on cherche encore et toujours à le guérir par un traitement local. Comme un fou qui voudrait vider sa baignoire tandis que l’eau coule dedans par mille robinets. 

Auteur: Schwab Günther

Info: La danse avec le Diable, traduit de l’allemand par Jean Choisel Le Courrier du Livre, 2010, page 247

[ origine ] [ lobby ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nourriture

Le sucre, tel que les plantes nous l’offrent en tant qu’aliment et matériau de construction, est un élément de base de la vie. On le trouve en association avec la chlorophylle, les oligoéléments et des sels minéraux dans la proportion de 14 % dans la canne à sucre et de 17 à 20 % dans la betterave sucrière. Sous cette forme associative et dans cette concentration, le sucre est, en tant que produit vivant et naturel, un aliment de grande valeur, incomparable, irremplaçable parce que contenant sous une forme organique tous les sels minéraux de structure indispensables à la vie. Mais dans les sucreries, il est soumis à un procédé industriel long et compliqué. Le jus de betteraves est réchauffé en présence d’un lait de chaux, ce qui a pour conséquence de précipiter les sels de calcium et les substances albuminoïdes. Par suite de cette réaction alcaline, toutes les vitamines sont anéanties. Dans le cours ultérieur de la préparation, le sucre est mis en contact avec de la chaux vive, de l’acide carbonique, des gaz sulfureux et du bicarbonate de soude. Par la suite, la préparation est encore cuite plusieurs fois, refroidie, cristallisée, centrifugée. La mélasse est également désucrée avec de l’hydroxyde de strontium.

C’est alors que cette préparation, déjà dépourvue de tous principes vivants, passe à la raffinerie. Elle y est purifiée à l’aide de carbonate de chaux, blanchie aux acides sulfureux et filtrée sur du noir animal. Eventuellement, elle est colorée au bleu d’indanthrène, substance colorante analinique ou avec ce poison qu’est l’outremer.

On obtient alors, au bout de ces processus de raffinement, un produit fini qui est une substance chimique : le saccharose de formule C12 H22 O11. Et celui-ci est vendu dans les magasins sous forme de sucre cristallisé, en poudre, en morceaux, ou de sucre candi.

De cette manière, nous avons réussi à faire d’un produit vivant et naturel un produit nocif, source de maladies. Le sucre blanc industriel n’a plus aucun rapport avec ces sels vitalisants et ces ferments oxydants qu’il renfermait à l’état naturel ; il est devenu une matière morte, totalement artificielle, que l’organisme humain est incapable d’élaborer. Tout élément vivant en est exclu ou dénaturé. Le produit final de la fabrication du sucre possède une concentration de 98,4 à 99,5 %, concentration qui agit lentement sur l’organisme à la façon d’un poison. 

Auteur: Schwab Günther

Info: La danse avec le Diable, traduit de l’allemand par Jean Choisel Le Courrier du Livre, 2010, pages 85-86

[ production ] [ origine végétale ] [ dévitalisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

réaction chimique

Le Diable intervint :

- Du reste, vous connaissez bien le phosgène, n’est-ce pas ? 

- Vous voulez parler du gaz de combat ? demanda Bob.

- Oui ! Ce dangereux gaz de guerre. Malheureusement, il ne fut que trop peu employé par l’humanité. Déjà, ses nerfs sont trop affaiblis pour supporter le fantastique spectacle de la guerre des gaz. La formule du phosgène est CO C12. Il s’élabore lui-même sous l’action de la lumière solaire sur la combinaison d’acide carbonique et de chlore. Ainsi, rendez-vous compte : Vous vous promenez dans des rues mouvementées à grande circulation et respirez de ce fait pendant une heure des gaz d’échappement. Vous avez donc de l’acide carbonique dans le sang. Et maintenant, vous avez soif et buvez un verre d’eau. Bien entendu, de l’eau chlorée ! Nous faisons également le nécessaire pour qu’il n’y ait plus d’eau potable propre. Et subitement vous éprouvez le besoin de prendre un bain de soleil. Que va-t-il se passer au sein même de votre organisme entre l’acide carbonique et le chlore, sous l’action des rayons du soleil ? 

Avec un ricanement méphistophélique, le Diable regardait ses visiteurs l’un après l’autre pendant un instant. Ils demeurèrent muets de stupeur. 

Auteur: Schwab Günther

Info: La danse avec le Diable, traduit de l’allemand par Jean Choisel Le Courrier du Livre, 2010, pages 42-43

[ toxique ] [ pollution ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Satan

Ecoutez-moi bien : j’ai imprégné tous les domaines de la vie humaine de mes principes. Dans tous les services, les administrations, les ministères, les sociétés, les associations, quelle que soit la fonction qu’ils remplissent, j’ai placé mes agents, mes délégués, mes collaborateurs et mes hommes de confiance. J’empoisonne méthodiquement tout ce dont l’homme a besoin pour son existence : l’air respirable et l’eau, l’alimentation humaine et le sol qui la produit. J’empoisonne les animaux, les plantes, les campagnes, toute la nature sans laquelle l’être humain ne peut vivre. Voilà ce que j’ai fait et ce que je continue de faire. Je fais passer cette misère criante pour de la prospérité et les hommes ne remarquent pas qu’ils sont bernés. J’empoisonne les âmes. Je répands la haine. J’enrichis les gredins et j’appauvris les âmes nobles. Je plante l’orgueil et la prétention dans le cœur humain, si bien qu’il méconnaît le monde et lui-même. Je les frappe de sottise et d’aveuglement, de telle sorte qu’ils ne puissent plus trouver la Vérité. Je leur ai inculqué l’envie et je les corromps par le confort ou par la perspective du confort. Je suis parvenu, grâce à tous les moyens de propagande dont je dispose, à créer un état d’esprit visant à la destruction de toutes les valeurs qui concourent au maintien de la vie.

Auteur: Schwab Günther

Info: La danse avec le Diable, traduit de l’allemand par Jean Choisel Le Courrier du Livre, 2010, pages 23-24

[ modernité ] [ péchés ] [ progrès maléfique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Quand un petit lecteur me demande comment écrire une histoire, je me mords les lèvres, je me tais, je voudrais avoir quelque chose de merveilleux à répondre, une recette pour écrire. Alors, comme c'est bientôt Noël, ce matin, voilà juste une recette de cuisine, et peut-être, bien fondus dedans, quelques autres secrets.

D'abord n'écrire que ce qui compte, l'urgent, l'important.

Ne garder que ce qui nous tord d'émotion ou d'impatience. Voilà la recette du Pain Perdu d'Aline, ma marraine. Et j'aurais dû me méfier quand elle disait " tiens on va faire du pain perdu ", pieds nus dans la cuisine au carrelage ensablé parce qu'on était au bord de la mer, j'aurais dû me méfier, haut comme trois pommes, quand Aline était encore vivante avec sa bière et son short, du mot perdu qui annonçait tout. D’abord, donc, écrire ce qui nous bouleverse.

Ensuite, faire que tout soit noyé de vie

Tout ce qu'on raconte, les 3 œufs qu'on sort de leur boîte avec obligatoirement une plume qui reste collée sur l'un d'eux, les 3 œufs qu'on casse dans un bol et qu'on fouette avec 20g de sucre roux. Noyé de vie et de souvenir, le lait, ¼ de litre, qui tiédit juste à côté sur le feu, " On ne se brûle pas " dit Aline. Le lait où flotte un archipel noir de vanille qu'on a gratté dans sa gousse. Et sur les doigts gluants du gras de la vanille, les doigts qu'on lèche en attendant que ça refroidisse un peu parce qu'il faut savoir parfois ralentir les histoires.

Et hop, soudain, on mélange le lait, les œufs et le sucre, très vite, on accélère le rythme du texte.

Et hop, on plonge à pleines mains dans ce mélange le pain dur, les grosses tranches de pain rassis.

Et jamais de brioche, Augustin ! Jamaïs !

... Parce que jamais sur terre une brioche n'a eu le temps de rassir avant d'être mangée. La " brioche façon pain perdu ", c'est impossible, comme " sibyllin ", " pas de souci ", ou " rétorquer ", tous ces mots interdits. (Pas de souci, rétorqua-t-il d'un air sibyllin).

Alors dans la poêle chaude et beurrée, sur le pain gorgé de lait, d'œufs, de vanille. Et on écoute, et on respire, parce qu'à la fin, tout s'écoute et se respire, la langue et le reste, et tout se goûte enfin quand tout est doré très longtemps des deux côtés.

C'est le Pain Perdu, le pain retrouvé d'Aline.

Auteur: Fombelle Timothée de

Info:

[ enfance ] [ procédé ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-homme

Même au paradis, il faut bien raconter des histoires et inventer d'autres mondes aux enfants. Alors, Alma a inventé ce pays de là-bas pour son frère. Elle lui en parle toutes les nuits. Elle y a mis des fleurs noires, des petites filles qui sentent le sucre grillé, des prairies qui font des étincelles dans l'obscurité, des maisons avec des ailes hautes comme les falaises. Elle dit là-bas dans la langue de leur mère, la langue des histoires et des chansons.


Auteur: Fombelle Timothée de

Info: Alma, tome 1 : Le vent se lève

[ conteuses ] [ protectrices ]

 

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Ajouté à la BD par miguel