Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 100
Temps de recherche: 0.13s

soumettre

Le management traditionnel dominait, commandait, ordonnait. Le nouveau management convainc, séduit, entraîne. Prenons cette pratique qui consiste à reformuler les objectifs fixés atin de se les approprier (vieux tour de passe-passe tiré de la PNL). En réalité il est moins question de se les approprier (ils restent ceux de l'entreprise) que d'intérioriser la nécessité de les atteindre. lI ne s'agit plus d'exécuter, plus ou moins bien, une tâche, mais de s 'investir, c'est-à-dire, au sens propre, "investir soi" dans un projet. Celui-ci entre ainsi dans l'intimité du "collaborateur". Et parce que les projets se succèdent les uns aux autres, et parce que le changement, c'est tout le temps, cela maintient dans une forme de retour en arrière permanent, au contraire de l'ancien modèle qui, lui au moins, pérennisait l'accumulation cognitive et l'expérience. Comme l'écrit le sociologue Vincent de Gaulejac, "en acceptant de jouer le jeu, les employés sont pris, malgré eux, dans une construction procédurale qui les assujettit à un pouvoir normalisateur auquel ils adhèrent d'autant plus facilement qu'ils sont sollicités pour contribuer à l'élaboration de ces normes". Conduire les autres à forger leurs propres chaînes, quel dictateur n'en a pas rêvé? C'est de l'aliénation au carré en somme.

Auteur: Jobard Thierry

Info: Contre le développement personnel, pp 48-49, Rue de l'échiquier.

[ impliquer ] [ faire redéfinir ] [ réflexivité dirigée ] [ manipulation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

mégapole

Calcutta est une ville de poussière. Quand on se promène dans ses rues, on voit sur les trottoirs des monticules de poussière hauts comme des dunes, où chiens et enfants restent assis à ne rien faire, tandis que des ouvriers en sueur défoncent le macadam à coup de pioches et de marteaux-piqueurs. Sans cesse on démolit les routes, soit pour la construction du nouveau métro soit pour tout autre raison obscure, comme le remplacement d'une canalisation qui ne marche pas par une autre qui ne marche pas mieux. Calcutta se met alors à ressembler à une oeuvre d'art contemporain dénuée de sens et de fonction, mais qui continue d'exister pour quelque raison esthético-ésotérique. Partout des tranchées et des tas de poussière donnent à la ville l'air d'avoir été pilonnée. Les vieilles maisons aux murs apaisés s'effritent en lente poussière, leurs portails jadis rutilants sont désormais rouillés. Du plafond des bureaux s'écaille la poussière; les bâtiments tombent en poussière, les routes se font poussière. Sans cesse, sous l'action arbitraire du vent, la poussière s'érige en formes nouvelles surprenantes, des formes sur lesquelles les chiens et les enfants restent assis à ne rien faire. Jour après jour, sans un murmure, Calcutta part en poussière, et jour après jour, Calcutta renaît de sa poussière.

Auteur: Chaudhuri Amit

Info: Une étrange et sublime adresse

[ cycles ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

variations

La menace principale, aujourd’hui, quelle est-elle ? Elle est la disparition progressive de la diversité du monde. Le nivellement des personnes, la réduction de toutes les cultures à une "civilisation mondiale" bâtie sur ce qu’il y a de plus commun. Déjà, d’un bout à l’autre de la planète, on voit s’élever le même type de constructions, s’instaurer les mêmes habitudes mentales. De Holiday Inn en Howard Johnson, on voit se dessiner les contours d’un monde uniformément gris. J’ai beaucoup voyagé – sur plusieurs continents. La joie que l’on éprouve au cours d’un voyage, c’est de voir vivre à leur rythme des peuples différents, d’une autre couleur de peau, d’une autre culture, d’une autre mentalité – et qui sont fiers de leur différence. Je crois que cette diversité est la richesse du monde, et que l’égalitarisme est en train de la tuer. C’est pour cela qu’il importe, non seulement de "respecter les autres", mais de susciter partout le désir le plus légitime qui puisse être : le désir d’affirmer une personnalité à nulle autre pareille, de défendre un héritage, de se gouverner soi-même selon ce qu’on est. Et cela implique de lutter, de front, contre un pseudo-antiracisme négateur des différences, et contre un racisme menaçant, qui n’est, lui aussi, que le refus de l’Autre – le refus de la diversité.

Auteur: Benoist Alain de

Info: Les idées à l'endroit

[ variété nécessaire ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

encéphale

La riche connectivité réciproque entre thalamus et cortex participerait à la genèse d'oscillations dont les divers "modes" signeraient les états de conscience distincts. Dans le mode "relais", les EEG sont désynchronisés comme pendant l'éveil ou le sommeil paradoxal. Dans le mode "oscillant", les EEG sont synchronisés comme pendant le sommeil lent. Le mode relais serait associé à la décharge tonique des neurones thalamiques ; le mode oscillant à des décharges en rafales avec longues périodes d'inhibition et potentiels d'action Ca++** lents. Les neurones cholinergiques du tronc cérébral […] interviendraient dans le passage d'un mode à l'autre et les entrées sensorielles lors de l'éveil "mettraient à l'heure" les rythmes internes avec corrélation temporelles des activités spontanées et évoquées […] La conscience serait une "propriété intrinsèque" résultant de l'expression de ces dispositions dans des conditions de cohérence définie ; elle assumerait la "reconstruction de la réalité extérieure en une réalité neurale intérieure".

Cette activité assurerait la cohérence temporelle à travers l'ensemble du cerveau ainsi que la simulation de la réalité. L'organisation radiale ou "verticale" des relations thalamocorticales interviendrait dans la "liaison" temporelle des composants fragmentés de la réalité externe et de la vie interne du sujet en une seule construction, le "soi". Selon Rodolfo Llinas, la subjectivité, ou le soi, serait engendrée par le dialogue entre le thalamus et le cortex.

Auteur: Changeux Jean-Pierre

Info: Du vrai, du beau, du bien, p. 213. *électroencéphalogramme **Calcium

[ organe régulateur ] [ neuroscience ] [ ego ] [ homme-machine ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

psychotique

Il est violé, manipulé, transformé, parlé de toutes les manières et, je dirais, jacassé. Vous lirez en détail ce qu’il dit de ce qu’il appelle les oiseaux du ciel et leur pépiement. C’est bien de cela qu’il s’agit – il est le siège de toute une volière de phénomènes, et c’est ce fait qui lui a inspiré cette énorme communication qui est la sienne, ce livre de quelque cinq cents pages, résultat d’une longue construction qui a été pour lui la solution de son aventure intérieure.

Le doute porte au départ, et à tel moment, sur ce à quoi renvoie la signification, mais qu’elle renvoie à quelque chose, cela ne fait pour lui aucun doute. Chez un sujet comme Schreber, les choses vont si loin que le monde entier est pris dans ce délire de signification, de telle sorte qu’on peut dire que, loin qu’il soit seul, il n’est à peu près rien de tout ce qui l’entoure que d’une certaine façon, il ne soit.

Par contre, tout ce qu’il fait être dans ces significations, est en quelque sorte vide de lui-même. [...] Dieu, son interlocuteur imaginaire, ne comprend rien à tout ce qui est à l’intérieur, à tout ce qui est des êtres vivants, et [...] il n’a jamais affaire qu’à des ombres ou à des cadavres.

Auteur: Lacan Jacques

Info: A propos du cas du Président Schreber, étudié par Freud, dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, page 128

[ perception paranoïaque ] [ psychose ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

vivant

En quoi est ce que j’ai écrit au niveau du cercle du réel le mot "vie" ? C’est qu’incontestablement de la vie [...], nous ne savons rien d’autre, et tout ce à quoi nous induit la science c’est de voir qu’il n’y a rien de plus réel... ce qui veut dire rien de plus impossible ...que d’imaginer comment a pu faire son départ cette construction chimique, qui d’éléments... répartis dans quoi que ce soit et de quelque façon que nous voulions le qualifier par les lois de la science ...se serait mis tout d’un coup à construire une molécule d’ADN, c’est-à-dire quelque chose dont je vous fais remarquer que très curieusement, c’est bien là qu’on voit déjà, qu’on voit la première image d’un nœud, et que s’il y a quelque chose qui devrait nous frapper, c’est qu’on ait mis si tard à s’apercevoir que quelque chose dans le réel... et pas rien : la vie même ...se structure d’un nœud.

Comment ne pas s’étonner qu’après ça, nous ne trouvions justement nulle part, nulle part ni dans l’anatomie, ni dans les plantes grimpantes, qui sembleraient expressément faites pour ça, aucune image de nœud naturel ? Je vais vous suggérer quelque chose : est-ce que ça ne serait pas là le signe d’un autre type de refoulement, d’Urverdrängt ? Enfin quand même, ne nous mettons pas trop à rêver, nous avons avec nos "traces" assez à faire.

Auteur: Lacan Jacques

Info: La Troisième, 1er novembre 1974

[ question ] [ hypothèse ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

cité imaginaire

Qui arrive à Tecla ne voit pas grand-chose de la ville, au-delà des clôtures en planches, des écrans en toile de sac, des échafaudages, des armatures métalliques, des passerelles en bois suspendues à des cordes ou soutenues par des scies, des échelles, des tréteaux. Si l'on demande : "Pourquoi la construction de Tecla prend-elle tant de temps ?", les habitants continuent de soulever des sacs, de  jouer du fil à plomb, de déplacer de longues brosses de bas en haut, et répondent : "Pour que sa destruction ne puisse commencer."

Et si on leur demande s'ils craignent qu'une fois les échafaudages enlevés, la ville ne commence à s'écrouler et à tomber en morceaux, ils ajoutent hâtivement, dans un murmure : " Pas que la ville."  Si, peu satisfait des réponses, vous jettez un oeil œil par la fissure d'une clôture, vous verrez des grues qui soulèvent d'autres grues, des échafaudages qui enserrent d'autres échafaudages, des poutres qui soutiennent d'autres poutres. "Quelle est la signification de votre construction ?" demande-t-on alors. "Quel est le but d'une ville en construction, à moins qu'elle ne soit une ville ? Où est le plan que vous suivez, le schéma directeur ?" "Nous vous le montrerons dès que la journée de travail sera terminée ; nous ne pouvons pas interrompre notre travail maintenant", répondent-ils. Le travail s'arrête au coucher du soleil. L'obscurité tombe sur le chantier. Le ciel est empli d'étoiles.

"Voilà le plan", disent-ils.


Auteur: Calvino Italo

Info: Les Villes invisibles

[ continue édification ] [ fuite en avant ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

antispiritualisme

Les Indiens ne se trompaient pas lorsqu’ils disaient que les Blancs avaient la langue fourchue. En séparant les rapports de forces politiques et les rapports de raisons scientifiques, mais en appuyant toujours la force sur la raison et la raison sur la force, les modernes ont toujours eu deux fers au feu. Ils sont devenus invincibles. Vous croyez que le tonnerre est une divinité ? La critique montrera qu’il s’agit là de mécanismes physiques sans influence sur la marche du monde humain. Vous êtes enfermés dans une économie traditionnelle ? La critique vous montrera que les mécanismes physiques peuvent bouleverser la marche du monde humain en mobilisant des forces productives gigantesques. Vous pensez que les esprits des ancêtres vous tiennent à jamais dans leurs lois ? La critique vous montrera que les esprits et les lois sont des constructions sociales que vous vous êtes données à vous-mêmes. Vous pensez que vous pouvez tout faire et développer vos sociétés comme bon vous semble ? La critique vous montrera que les lois d’airain de la société et de l’économie sont beaucoup plus inflexibles que celles des ancêtres. Vous vous indignez que l’on mécanise le monde ? La critique vous parlera de Dieu créateur à qui tout appartient et qui donna tout à l’homme. Vous vous indignez que la société soit laïque ? La critique vous montrera que la spiritualité s’en trouve libérée et qu’une religion toute spirituelle est bien supérieure. Vous vous dites religieux ? La critique rira de vous à gorge déployée !

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. P 29

[ rationalisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

philosophie

Pour ce qui est du "Dieu trompeur", par la figure duquel il est aisé de se laisser fasciner, il n’est en fait que le fantôme d’un instant, une ombre lointaine qui se dissout quand on s’en approche. "Dieu trompeur" : l’expression, que Descartes évite soigneusement, ne tient pas seulement du blasphème ; c’est une expression intrinsèquement contradictoire, si par "Dieu" nous devons entendre un être infini, autrement dit un être souverainement parfait, dont les perfections sont infinies. Or, comme indiqué au début de la Méditation IV, il est transcendantalement évident que si pouvoir tromper est puissance, vouloir tromper est impuissance. Et dès la fin de la Méditation I, pour que nul ne s’y trompe, Descartes avait écrit : "Je supposerai donc qu’il y a non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie…" 

[…] Sans un Dieu tout-puissant, "souveraine source de vérité", pas de réalité stable, et rien d’assuré non plus dans la pensée. Le sujet cartésien, de la sorte, ne se définit qu’en s’arrimant à l’infini.

[…] Pour autant qu’une métaphysique est nécessaire, celle-ci consiste certes presque toute dans la construction et dans l’ajustement d’un dispositif de protection de la connaissance, telle que Descartes la conçoit ; mais ce n’est pas pour autant qu’un défaut de protection ait été expérimenté sur un mode que l’on pourrait qualifier d’existentiel. Ce défaut est plutôt appréhendé comme une virtualité abstraite dont il convient seulement de démontrer l’irréalité par les moyens appropriés.

Auteur: Kambouchner Denis

Info: La question Descartes, éditions Gallimard, 2023, pages 70-71

[ concept ] [ démystification ] [ explication ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

théologie

PHILITT : À vous écouter, Jung ne satisfait ni au matérialisme exigé par la méthode freudienne, ni à la spiritualité suggérée par ses objets d’étude. Y a-t-il selon vous une contribution positive de Jung à la psychologie ?

AA : Tout n’est assurément pas noir, et le principal intérêt de l’œuvre de Jung, qu’aucune critique ne saurait ravir, est son caractère exemplaire en termes d’élaboration symbolique et imaginaire de ses pensées. Jung déploie une construction fantasmatique qui se constitue au fil des années en un corpus d’une incroyable inventivité et d’une cohérence propre. Il est toutefois important de ne pas oublier que cette démarche originale d’exégèse de soi est marquée par le fer d’une subjectivité qui abolit toute tentative d’objectivation et de généralisation. Le psychologue s’inscrivant dans la continuité de la psychologie analytique s’intéressera donc à Jung comme un exemple et un modèle de créativité, d’inventivité et d’originalité, sans se sentir obligé de transposer les phases typiques du processus d’individuation à sa propre trajectoire, et sans non plus les imposer comme données interprétatives à autrui. La psychologie analytique pourrait alors se rapprocher de la psychanalyse qui ne cherche pas à se résorber dans le discours scientifique, mais qui se propose comme un outil privilégié pour nous inviter à mettre en mots notre souffrance en démêlant les discours dans lesquels notre pensée est prise. J’estime que la psychanalyse ne vise donc pas à remplacer la religion mais, rappelant que le moi n’est pas tout, et qu’il ne pourra jamais l’être, elle invite le sujet à des questionnements d’ordre proprement religieux.

Auteur: Arcé Alexandra

Info: Interview sur https://philitt.fr/, le 17. 1.2022. A l'occasion de la sortie de son ouvrage, Jung et l’occulte. La psychologie analytique au regard de la Tradition (éditions R&N)

[ vingtième siècle ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel