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science-fiction

La machine rôdait, inlassable. Le vent inclinait les antennes, le soleil jaunissait les feuilles des arbres, mangeait la peinture des volets, le temps ridait les hommes et endormait la ville, mais la Machine rôdait, éternelle. Elle parcourait, jour après jour, nuit après nuit, les rues larges et sèches, elle interrogeait les rares passants : "Qui êtes-vous ? Votre nom ? Votre adresse ? Que faites-vous ici ? A cette heure ?"
Elle saluait les habitants. Elle s'introduisait dans les maisons, silencieuse, indécelable, et fouillait. Elle gardait et protégeait la ville. Elle désinfectait minutieusement et détruisait avec un air de fatalité tout ce qui n'était pas de la ville. Elle errait et cherchait, entre les carrés d'herbe et les marronniers calmes, dans les cours fraîches et dans les petites forteresses tièdes et closes, les espions venus des autres Villes, les étrangers...

Auteur: Collectif

Info: Fiction n° 30, extrait de :Les Villes, nouvelle du Fiction, éditions Opta, mai 1956

[ robot ] [ automate ] [ canevas ]

 

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idiome

C’était bien plus que cela. Au-delà des frontières établies de façon artificielle par des hommes, il restait quelque chose de plus fondamental : une terre qui ne se préoccupait que très rarement des échelles supérieures de la géopolitique, et que personne, pas même des autocrates, ne pourrait enlever.

Il n'y avait qu'à voir comment une culture bafouée dormait en chacun des êtres, attendant d'être délivrée de son supplice et libre au grand jour. Dans chaque foyer, alors que la langue ukrainienne avait été interdite, on s’échangeait des histoires de cosaques, on riait en ukrainien, on rêvait en ukrainien.

L'autre langue était celle de l'administration, l'officielle. On gardait l'officieuse pour les échanges importants, nos joies, l'intime.

On faisait l'amour en ukrainien. Quand une langue permet à deux êtres de s’aimer, toutes celles qui n'ont pas reçu ce rôle peuvent s'en aller un jour.

Auteur: Koszelyk Alexandra

Info: L'Archiviste

[ rassembleur ] [ refuge ] [ communautaire ]

 

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obèse

Malgré son embonpoint extrême et sa prodigieuse grosseur, Gibbon était très galant.
Pendant le séjour qu'il fit à Lausanne, il devint amoureux de madame de Crouzas. Un jour qu'il se trouvait seul
avec elle, il se jeta à genoux en lui déclarant son amour dans les termes les plus passionnés. Mme de Crouzas lui répondit de manière à lui ôter l'envie de recommencer cette jolie scène. Gibbon prit un air consterné, et cependant il restait à genoux, malgré l'invitation réitérée de se mettre sur sa chaise; il était immobile et gardait le silence. " Mais, monsieur, lui dit Mme de Crouzas, relevez-vous donc ! - Hélas ! madame, reprit le malheureux amant, je ne puis pas! " En effet, la grosseur énorme de sa taille ne lui permettait pas de se relever sans aide. Mme de Crouzas sonna et dit au domestique qui survint: "Relevez M. Gibbon !"

Auteur: Genlis Madame de

Info: Mémoires

[ anecdote ]

 

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femmes-hommes

... à Rome la patria potestas, le pouvoir du père, était absolu, sur la famille et notamment sur les enfants à leur naissance ; tous les juristes ont relevé ce qu'on appelle la "disparition forcée des cadettes" ; en effet, si le père était tenu de conserver à la naissance les enfants mâles en raison des besoins militaires (sauf s'ils étaient mal formés ou jugés trop chétifs), il ne gardait en général qu'une seule fille, l'aînée ; c'est tout à fait exceptionnellement qu'on voit mention de deux filles dans une famille romaine. Et il est significatif que chacun des garçons reçoive un praenomen (prénom), tandis que la fille, l'aînée généralement, ne porte qu'un nom, celui de la famille paternelle ; ainsi, dans la gens Cornelia, la fille s'appelle Cornelia, ses frères sont Publius Cornelius, Gaïus Cornelius, tec. Pas de nom personnel donc pour la fille, mais seulement celui du père.

Auteur: Pernoud Régine

Info: La Femme au temps des cathédrales, Le Livre de Poche n° 5690, p. 23-24

[ historique ]

 

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historique

A Rome la patria potestas, le pouvoir du père, était absolu, sur la famille et notamment sur les enfants à leur naissance ; tous les juristes ont relevé ce qu'on appelle la "disparition forcée des cadettes" ; en effet, si le père était tenu de conserver à la naissance les enfants mâles en raison des besoins militaires (sauf s'ils étaient mal formés ou jugés trop chétifs), il ne gardait en général qu'une seule fille, l'aînée ; c'est tout à fait exceptionnellement qu'on voit mention de deux filles dans une famille romaine. Et il est significatif que chacun des garçons reçoive un praenomen (prénom), tandis que la fille, l'aînée généralement, ne porte qu'un nom, celui de la famille paternelle ; ainsi, dans la gens Cornelia, la fille s'appelle Cornelia, ses frères sont Publius Cornelius, Gaïus Cornelius, tec. Pas de nom personnel donc pour la fille, mais seulement celui du père.

Auteur: Pernoud Régine

Info: La Femme au temps des cathédrales

[ famille ]

 

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insomnie

Dans quelques minutes il serait deux heures et Harjunpää ne dormait toujours pas. Il était allongé tout contre Elisa pour sentir sa chaleur, mais il gardait les yeux ouverts et fixait la nuit par l'interstice entre les rideaux. Une fois de plus, il entendit la chaudière se remettre en marche dans la chaufferie et vit la fumée monter en une colonne dense dans la nuit glaciale : encore un quart d'heure s'était écoulé et le matin s'était approché d'autant. Il ferma les yeux et essaya de se concentrer sur la respiration d'Elisa et sur le souffle ensommeillé de ses filles - mais ses préoccupations demeuraient inchangées et refusaient de le laisser en paix. Il avait la sensation indéfinissable que tout n'était pas comme il fallait, que de l'obscurité émanait une sorte de menace, qu'il avait omis de faire quelque chose, ou qu'il avait commis une erreur à un moment donné.

Auteur: Joensuude Matti Yrjänä

Info: Harjunpää et les lois de l'amour

[ inquiétude ]

 

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enchantement

Je ne sais pas très bien comment vous expliquer qui je suis, mais disons que les choses se sont passées à peu près comme ça: j’ai un ami spécial qui n’a jamais besoin de rien. Déjà, quand nous étions petits, s’il voulait un vaisseau spatial... il le dessinait... Mais il le dessinait si bien qu’on aurait dit un vrai.
Nous montions dedans, et faisions un beau voyage autour du monde. Un jour, en volant dans un biplan étincelant qu’il avait peint en rouge, à peu près comme celui du Baron Rouge, mais plus petit, nous avons failli nous écraser sur un gigantesque volcan qu’il venait justement de dessiner. Quand il avait sommeil, il esquissait un lit à quatre pieds... dans lequel il rêvait jusqu’au matin. Il gardait sur lui un magnifique crayon en bois à deux pointes, toujours parfaitement bien taillé.
À présent, cet ami est parti pour la Chine, mais, avant de partir, il m’a laissé son crayon magique !

Auteur: Baccalario Pierdomenico

Info: La boutique Vif-Argent: Une valise d'étoiles

[ enfance ]

 

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rumination

J'ai entendu que le xénon est un bon anesthésique... Et ai pensé : "Comment le xénon, qui n'est pas une forme chimique composée, peut-il servir d'anesthésique général ?"… Je restais éveillé la nuit quelques minutes avant de m'endormir, et au cours des deux semaines suivantes, chaque nuit, je me disais : "...comment fonctionnent les agents anesthésiques?" Puis ça s'est estompé, mais mon esprit inconscient gardait cette question vivant et la rappelait à ma à chaque nouvelle idée. Ainsi sept ans se sont écoulés.

Un jour, j'ai posé mes pieds sur le bureau et j'ai commencé à lire mon courrier, et voici une lettre de George Jeffrey - cristallographe spécialisé en rayons X - sur sa définition de la structure d'un cristal d'hydrate. Immédiatement j'ai enlevé mes pieds du bureau, me suis assis et  ai dit: "Je comprends l'anesthésie!" …

J'ai passé un an pour préciser la structure de l'hydrate de chloroforme, puis j'ai écrit mon article publié en juin 1961.

Auteur: Pauling Linus Carl

Info: Entretien avec George B. Kauffman et Laurie M. Kauffman, dans 'L. Pauling: Reflections', American Scientist (Nov-Déc 1994), 82, No. 6, 522-523

[ réflexion ] [ eurêka ] [ sous-jacente ] [ découverte ]

 

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vieillir

Est-ce grotesque ? Est-il impossible de faire comprendre à autrui une illusion aussi subjective de la beauté ? En fait, dès l'instant où ils cessèrent d'avoir vingt-trois et dix-huit ans, c'est à dire dès l'année suivante, c'était devenu l'objectif essentiel de leur vie ou plutôt face à la vie. Ils mirent de l'acharnement à s'y tenir. Ils revenaient à leur première vision, autant de fois qu'il le fallait, et l'extraordinaire jeunesse de leur apparence les y aidait.

Pourtant, cette jeunesse avait des limites. Peu à peu, ils commençaient à éviter la lumière crue du jour, tout autant que la lumière artificielle de la nuit, pour préférer l'éclairage subtil du crépuscule ou de l'aube. Dans ces lueurs floues mais naturelles, l'homme de cinquante ans et la femme de quarante-cinq ans bénéficiaient de la délicatesse innée qui ne gardait de leur visage qu'un contour. Ils avaient compris que ce n'était que dans ce halo que la nature adoucissait la cruauté de ses lois, en maintenant dans sa fraîcheur le reflet de leur lointaine jeunesse, comme une aurore sur un flanc de montagne.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Une matinée d'amour pur

[ enlaidir ]

 

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séparation

Et même s'ils n'étaient pas mariés, Mathilde était sa femme. Il repensa à ces mois maudits, à ce long tunnel qu'est la maladie. Quand on perd cette bataille-là, ça veut bien dire qu'on n'est pas si fort que ça. Du cancer de sa femme il ne dirait jamais rien, et à qui en parler d'ailleurs ? Il gardait juste en tête ces petites marches qu'ils faisaient tous les deux dans les couloirs de l'hôpital, de la chambre jusqu'à la machine à café, à la fin elle avait du mal à se lever, ça lui semblait surhumain de se forcer à marcher sur deux cents mètres, mais elle le faisait, jusqu'au jour où il était allé seul lui chercher le gobelet de café tout chaud qu'elle aimait court et sucré, jusqu'au jour où elle n'a même plus parlé de boire du café, jusqu'au jour où elle n'a même plus parlé. Plus jamais il ne se croirait fort, il ferait juste semblant, il laisserait parler les apparences, le mètre quatre-vingt-quinze et les cent deux kilos, ce corps dans lequel il se cache. Il savait aussi qu'il n'aimerait plus, qu'il n'en serait plus capable, que plus jamais il ne prendrait ce risque.

Auteur: Joncour Serge

Info: Repose-toi sur moi

[ souffrance ] [ maladie ] [ couple ]

 

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