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écrivains

[...] l'âge des deux hommes au moment de leur mort : Poe à quarante ans et neuf mois, Kafka quarante ans et onze mois. [...] Quarante ans c'est trop jeune. Mais pense à combien d'écrivains ne sont pas allés si loin. Christopher Marlowe. Mort à vingt-neuf ans. Keats à vingt-cinq. Georg Büchner à vingt-trois. Imagine. Le plus grand dramaturge allemand du dix-neuvième siècle, mort à vingt-trois ans. Lord Byron à trente-six. Emily Brontë à trente. Charlotte Brontë à trente-neuf. Shelley, juste un mois avant ses trente ans. Sir Philip Sidney à trente-et-un ans. Nathanael West à trente-sept. Wilfred Owen à trente-cinq. Georg Trakl à vingt-sept. Leopardi, Garcia Lorca et Apollinaire, tous à trente-huit. Pascal à trente-neuf. Flannery O'Connor à trente-neuf. Rimbaud à trente-sept. Les deux Crane, Stephen et Hart, à vingt-huit et trente-deux. Et Heinrich von Kleist - l'écrivain préféré de Kafka - mort à trente-quatre ans dans un double suicide avec sa maîtresse.

Auteur: Auster Paul

Info: The Brooklyn Follies, Faber & Faber Ltd 2005, p 151

[ morts jeunes ] [ littérature ]

 

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barbarie

J'ai peur des hommes... Ça me vient de la guerre... Sous la menace de mitrailleuses, ils nous ont emmenés... dans la forêt. Ils ont choisi l'endroit le plus bas, là où l'eau stagnait. Ils ont donné des pelles à mon père et à mon frère pour creuser un trou. Maman et moi, on nous a postées sous un arbre pour regarder. Maman et moi, on les a regardés se faire fusiller. On n'avait pas le droit de se retourner ou de fermer les yeux. Ils nous ont dit : "si vous pleurez, on tire. Souriez..." Ils sont là, plantés... Tous jeunes, beaux... Ils sourient... Une terreur animale me serre le cœur. Ce n'est plus des morts que j'ai peur, mais des vivants. Depuis, j'ai peur des Hommes jeunes. J'ai passé ma vie, seule... Je ne me suis pas mariée... Je ne sais pas ce que c'est que l'amour... J'ai toujours eu peur : des fois que j’accoucherais d'un garçon ?

Auteur: Alexievitch Svetlana

Info: Derniers témoins

[ atrocité ] [ hommes-par-femme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

voix discordante

La Révolution [de 1830], en effet, a produit tout un discours officiel sur son propre soleil : les allocutions officielles de juillet 1831 au Panthéon, l’Hymne de Hugo qu’on exécute ce jour-là ("Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie..."), les inscriptions sur la colonne de Juillet place de la Bastille, l’Introduction à l’histoire universelle de Michelet (mars 1831), les divers exercices interprétatifs de tous ceux que l’événement avait sommés de faire le point sur le déroulement de l’Histoire. Les anciens libéraux triomphaient. Les convertis, les néophytes embouchaient la trompette. Les articles de Sainte-Beuve dans Le Globe saint-simonien parlent d’avenir industriel et démocratique de l’humanité... Balzac dit exactement et par ses énoncés explicites, et par la forme de son roman, le contraire. L’originalité de La peau de chagrin c’est de refuser à la fois le nouveau triomphalisme de gauche et le style fidèle et malheureux de droite. [...] Balzac définit un autre espace où s’exprime et se manifeste le nouveau héros-jeune homme, venu des dernières années de la Restauration mais qui prend une nouvelle et sinistre jeunesse.

Auteur: Barbéris Pierre

Info: Commentaires dans "La peau de chagrin", Librairie générale française, 1984, page 371

[ auto-célébration historique ] [ écrivain critique ] [ opposition ] [ réalisme littéraire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Le papier blanc, miroir implacable

restitue seulement ce que tu étais.



Le papier blanc parle avec ta voix

ta propre voix

non pas celle qui te plaît ;

ta musique est la vie

celle que tu as gaspillée.

Tu peux la regagner si tu le veux

si tu te fixes cette chose indifférente

qui te jette en arrière

à ton point de départ.



Tu as voyagé, tu as vu

beaucoup de lunes, beaucoup de soleils.

Tu as touché morts et vivants

tu as ressenti la douleur de l'adolescent

et le gémissement de la femme,

l'amertume de la verte enfance -

tout ce que tu as ressenti s'écroule

si tu ne fais pas confiance à l'espace blanc.

Peut-être y trouveras-tu ce que tu croyais perdu,

l'éclosion de la jeunesse

le juste naufrage des ans.



Ta vie est ce que tu as donné

ce vide est ce que tu as donné

le papier blanc.

Auteur: Séféris Georges Giorgos Seferiadis

Info: Poèmes 1933-1955 - Trois poèmes secrets, Solstice d'été

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pandémie

Les épidémies meurtrières touchent avant tout les enfants et les jeunes adultes. A la date de 1418, on lit dans le Journal d’un bourgeois de Paris : "Cette épidémie de peste était au dire des vieilles gens la plus cruelle qui eût sévi depuis trois siècles... Sur quatre ou cinq cents morts, il n’y avait pas douze vieillards, ce n’était pour ainsi dire que des enfants et des jeunes gens." Il s’ensuit qu’un déséquilibre se manifeste alors entre les classes d’âge au bénéfice de la vieillesse. A Périgueux, après 1350 et surtout après 1400, sur 465 personnes dont l’âge au décès est connu, 217 soit 46 % ont plus de soixante ans, et l’âge indiqué est sous-estimé de cinq ans environ.

Pour survivre, les familles se regroupent, ce qui favorise les personnes âgées qui antérieurement restaient seules en raison de la prépondérance de la famille conjugale. Toutefois, certaines femmes connaissent une situation tragique, telles ces pauvres veuves de marins de Perros-Guirec dont les époux ont péri en mer en 1451. Et, plus que l’affection qui unit, la présence de parents âgés chez leurs enfants développe les conflits de génération.

Auteur: Verdon Jean

Info: Les Françaises pendant la guerre de Cent Ans : Début du XIVe siècle-milieu du XVe siècle

[ coriaces barbons ] [ vieux durs à cuire ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

doute

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.

[…]

L’espoir n’est que la méfiance de l’être à l’égard des prévisions précises de son esprit. Il suggère que toute conclusion défavorable à l’être doit être une erreur de son esprit. Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. Il y a des milliers de jeunes écrivains et de jeunes artistes qui sont morts. Il y a l’illusion perdue d’une culture européenne et la démonstration de l’impuissance de la connaissance à sauver quoi que ce soit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme déshonorée par la cruauté de ses applications ; il y a l’idéalisme, difficilement vainqueur, profondément meurtri, responsable de ses rêves ; le réalisme déçu, battu, accablé de crimes et de fautes ; la convoitise et le renoncement également bafoués ; les croyances confondues dans les camps, croix contre croix, croissant contre croissant ; il y a les sceptiques eux-mêmes désarçonnés par des événements si soudains, si violents, si émouvants, et qui jouent avec nos pensées comme le chat avec la souris, — les sceptiques perdent leurs doutes, les retrouvent, les reperdent, et ne savent plus se servir des mouvements de leur esprit.

L’oscillation du navire a été si forte que les lampes les mieux suspendues se sont à la fin renversées.

Auteur: Valéry Paul

Info: La crise de l’esprit in: Variété (Pléiade Œuvres I) pp 988 et 991

[ progrès ] [ savoir ] [ éthique ] [ désespérantes dubitations ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

remémoration

Dehors le soleil de mars était clair, des branches verdissaient et Filangeri sentit sa propre vie aussi fragile que ces minuscules bourgeons. Toute son existence il l'avait consacrée au culte de la beauté et il avait oublié qu'un rien suffisait à réveiller dans l'épaisseur de la conscience humaine la cruauté du temps des hordes. Sa mère avait été servante et son père carrier. Il pensa à eux, morts depuis tant d'années et les vit dans le décor de sa jeunesse, sur les contreforts onduleux des Apennins. Alors, tout sollicitait son amour : un renard tapi dans les herbes, un arbre gonflé de vent, un oiseau dans les nappes de soleil, la roue de la noria et son eau cascadeuse, et la lampe de porcelaine, le soir, protectrice et apaisante. Il ne s'attendrissait pas à évoquer l'enfant ébloui qu'il avait été mais trouvait dans ces souvenirs un remède contre la haine et la désespérance, car l'essentiel, devant ce corps torturé et ce regard millénaire de la douleur, était de ne pas se désunir, de ne pas glisser hors de soi, de demeurer fidèle à l'être qu'il avait construit en lui-même dans la passion de vivre et d'admirer. "Soif", gémit l'inconnu. De nouveau Filangeri se leva, se rendit au robinet et revint, les mains dans l'attitude de l'offrande, semant des gouttes qui étincelaient comme des diamants.

Auteur: Roblès Emmanuel

Info: Un printemps d'Italie

[ nature ] [ priméité ] [ équilibre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

diptères

Mouches familières,

inévitables et goulues,

mouches vulgaires, vous

évoquez pour moi toutes choses.



Oh ! vieilles mouches voraces

comme abeilles en avril,

vieilles mouches tenaces

sur mon crâne chauve d'enfant !



Mouches du premier vague à l'âme

dans le salon familial,

en ces claires soirées d'été

quand je commençais à rêver !



Et à l'école détestée,

mouches folâtres et rapides,

poursuivies

par amour de ce qui vole,



— car tout n'est que vol — bruyantes,

rebondissant sur les vitres,

les jours d'automne…

Mouches de toutes les heures,



d'enfance et d'adolescence,

de ma jeunesse dorée,

de cette seconde innocence

qui se targue de ne croire en rien,



de toujours… Mouches vulgaires,

si familières que nul ne saura

dignement vous chanter :

je sais, vous vous êtes posées



sur le jouet enchanté,

sur le bouquin fermé,

sur la lettre d'amour,

sur les paupières glacées

des morts.



Inévitables et goulues,

non pas diligentes comme les abeilles,

ni, comme les papillons, brillantes;

petites, espiègles,

vous, mes vieilles amies,

évoquez pour moi toutes choses.


Auteur: Machado Antonio

Info: Champs de Castille ;: Précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes, et suivi des Poésies de la guerre. LES MOUCHES

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

propagande

Les premières campagnes, destinées à féminiser la cigarette en faisant fumer des artistes célèbres, ne donnèrent pas de résultat. Bernays eut alors l'idée d'associer la cigarette au mouvement de libération des femmes, en appliquant une stratégie commerciale simple. En 1929, lors d'une parade publique, un groupe de femmes au premier rang de la manifestation brandit ostensiblement des cigarettes allumées, comme signe de protestation et de revendication. Ces "torches de la liberté" signifiaient le refus de l'inégalité entre femmes et hommes. Cette campagne fut un succès : peut-être fit-elle avancer un peu la cause des femmes, ce qui était l'un de ses objectifs, mais elle bénéficia surtout à la compagnie American Tobacco, dont les chiffres de vente explosèrent. Les débats et les polémiques qui firent suite à la parade des " torches de la liberté " portèrent sur l'image des femmes, leur droit ou non de fumer en public... Le débat lui-même fut une gigantesque campagne publicitaire pour les cigarettes. Nous reverrons que cette "libération" peut passer pour une expression du désir des femmes, mais qu'elle fut surtout l'expression du désir des cigarettiers, qui embauchèrent ainsi gratuitement des agents publicitaires très actifs, et bénévoles... L'histoire est remarquable, car elle fait plus que démontrer le cynisme de certains publicitaires, prêts à rendre une population entière dépendante d'une substance qui s'avérera très toxique, et cause encore aujourd'hui des millions de morts des suites de cancer ou de maladies cardiovasculaires. Elle montre bien l'interdépendance des mouvements de libération, d'émancipation, et de la montée des addictions dans la société.

Auteur: Valleur Marc

Info: Le désir malade, Lattès 2011, pp 118-119 - écrit avec Jean-Claude Matysiak

[ manipulation ] [ consumérisme ] [ jeunesse ]

 

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sagesse

Je condamne l’ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu’on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. J’ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l’éducation de l’enfant.

Je pense qu’il faudrait des études de base, très simples, où l’enfant apprendrait qu’il existe au sein de l’univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu’il dépend de l’air, de l’eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire.

Il apprendrait que les hommes se sont entretués dans des guerres qui n’ont jamais fait que produire d’autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil.

On lui apprendrait assez du passé pour qu’il se sente relié aux hommes qui l’ont précédé, pour qu’il les admire là où ils méritent de l’être, sans s’en faire des idoles, non plus que du présent ou d’un hypothétique avenir.

On essaierait de le familiariser à la fois avec les livres et les choses ; il saurait le nom des plantes, il connaîtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposées aux enfants et aux très jeunes adolescents sous prétexte de biologie. ; il apprendrait à donner les premiers soins aux blessés ; son éducation sexuelle comprendrait la présence à un accouchement, son éducation mentale la vue des grands malades et des morts.

On lui donnerait aussi les simples notions de morale sans laquelle la vie en société est impossible, instruction que les écoles élémentaires et moyennes n’osent plus donner dans ce pays.

En matière de religion, on ne lui imposerait aucune pratique ou aucun dogme, mais on lui dirait quelque chose de toutes les grandes religions du monde, et surtout de celle du pays où il se trouve, pour éveiller en lui le respect et détruire d’avance certains odieux préjugés.

On lui apprendrait à aimer le travail quand le travail est utile, et à ne pas se laisser prendre à l’imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatées, en lui préparant des caries et des diabètes futurs.

Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses véritablement importantes plus tôt qu’on ne le fait.

Auteur: Yourcenar Marguerite

Info: Les yeux ouverts, 1984

[ instructions ] [ pédagogie ] [ appartenance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel