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relatif

La femme du directeur de l'école qui avait l'habitude de s'asseoir devant chez elle ne manquait jamais de m'interpeller quand je rentrais chez moi: "Hé! MaMozambia, tu as pris du poids. Tu es grosse, maintenant!" Chaque fois qu'elle me disait cela, je me hérissais, partagée entre l'envie de lui expliquer qu'en Angleterre, ce serait une insulte et le plaisir de savoir qu'au Bostwana être traitée de grosse était toujours un compliment. L'embonpoint révélait une bonne santé. Cela signifiait que l'on n'était pas pauvre, que l'on mangeait à sa faim, et que l'on n'était pas seule.

Auteur: Davies Caitlin

Info: Au pays des roseaux

[ obèse ]

 

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Justification pour absence

Veuillez m'excuser mon absence d'aujourd'hui. Comprenez, je rentrais à la maison depuis la station service la nuit passée et je suppose que j'ai oublié de mettre le bouchon du réservoir. Donc il y a eu une fuite d'essence, et, comme je fumais la fenêtre était ouverte. J'ai alors jeté ma cigarette allumée par la fenêtre. ainsi j'imagine que vous savez ce qui s'est produit ? Le gaz qui s'échappait derrière moi s'est enflammé et a débuté un feu énorme... alors j'ai planté sur les freins... mes lumières de frein ne marchant pas le type derrière moi a explosé le cul de ma bagnole et maintenant nous sommes tous les ici, à l'hôpital... Peut-être serai-je au travail demain. Désolé pour le dérangement.

Auteur: Internet

Info:

 

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méditation

A la nuit tombante, mon oncle Lansana rentrait des champs. Il m'accueillait à sa manière, qui était timide. Il parlait peu. A travailler dans les champs à la longueur de la journée, on devient facilement silencieux; on remue toutes sortes de pensées, on en fait le tour et interminablement on recommence, car les pensées ne se laissent jamais tout à fait pénétrer; ce mutisme des choses, des raisons profondes des choses, conduit au silence; mais il suffit que ces choses aient été évoquées et leur impénétrabilité reconnue, il en demeure un reflet dans les yeux: le regard de mon oncle Lansana était singulièrement perçant, lorsqu'il se posait; de fait, il se posait peu: il demeurait tout fixé sur ce rêve intérieur poursuivi sans fin dans les champs.

Auteur: Laye Camara

Info: L'enfant noir

[ cultivateur ] [ Afrique ] [ labeur ] [ paysan ]

 
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société

Il était un pays où il n'y avait que des voleurs.
La nuit, tous les habitants sortaient avec des pinces-monseigneurs et des lanternes sourdes pour aller cambrioler la maison d'un voisin. Ils rentraient chez eux à l'aube, chargés, et trouvaient leur maison dévalisée.
Ainsi tous vivaient dans la concorde et sans dommage, puisque l'un volait l'autre, et celui-ci un autre encore, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on en arrive au dernier qui volait le premier. Le commerce, dans ce pays, ne se pratiquait que sous forme d'embrouille tant de la part de celui qui vendait que de la part de celui qui achetait. Le gouvernement était une association de malfaiteurs vivant au détriment de ses sujets, et les sujets, de leur côté, avaient pour seul souci de frauder le gouvernement. Ainsi, la vie suivait son cours sans obstacles, et il n'y avait ni riches ni pauvres.

Auteur: Calvino Italo

Info: La Grande Bonace des Antilles

[ idéal ] [ utopie ] [ égalité ]

 

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mort originale

Crever de rire, que pouvait-on imaginer de mieux, finalement ? Quelle plus belle sortie pour ceux qui n’attendent plus rien ? Tellement moins solennelle que le suicide, tellement moins vulgaire aussi. Monsieur avait essayé, plusieurs fois, dans des cinémas où l’on projetait des films dits "comiques". Il était bon public, comique troupier, vaudeville, burlesque, tout lui plaisait, il était toujours le premier à s’esclaffer, il en pleurait presque, mais comme, par peur de la foule, il n’assistait qu’aux séances où les spectateurs étaient clairsemés, en début d’après-midi généralement, son enthousiasme retombait vite, le silence de la salle le glaçait peu à peu, un sentiment d’effroyable tristesse finissait par l’envahir, et il désertait bien avant la séance. Alors, il traînait pendant des heures dans les rues de Rowena, faisant de brèves escales dans les cafés, puis il rentrait se coucher, même s’il faisait encore jour. Bref, la grande vie. C’était tellement difficile de mourir de rire.

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: "L'ombre des forêts", éditions L'Atteinte, Metz, 2022, pages 169-170

[ frénésie ] [ échec ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

averse

Une goutte fraîche est tombée sur ma main. Je suis retourné m'asseoir près d'Irène. Le trottoir devant nous s'est soudain couvert de petites taches d'un gris sombre. Elles naissaient rondes comme des pièces de monnaie, s'allongeant en larmes sur les pentes. Soudain il y a eu l'éclair, et tout de suite le tonnerre, la brise a fait tinter la ville, l'air lourd s'est coloré de fraicheur. Un bruissement clair est sorti du sol, tout s'est assombri d'un coup et il s'est mis à tomber des trombes d'eau. Vite, elle a envahi la rue, dense et lumineuse, et cette gelée translucide et grelottante reflétait l'argent du ciel. Ç'aurait pu être une de ces pluies de mousson, violentes et douces à la fois, qui lavent la terre. Mais à Lisbonne, nul n'affichait cette nonchalance abattue qui fait les Tropiques. On tentait d'échapper au déluge, on se réfugiait sous les stores des magasins, on rentrait le linge qui pendait aux balcons.

Auteur: Le Tellier Hervé

Info: Electrico W, p 188

[ soudaine ] [ fondu-enchaîné ]

 

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femmes-hommes

Lorsque Adam et moi avions fait l'amour pour la première fois, j'avais eu la sensation d'arriver quelque part - entre ses bras, j'étais rentrée chez moi. En revanche, dès que Hunter me toucha, je me sentis arrachée à tout ce à quoi je pensais appartenir, à tout ce qui préexistait, y compris la simple notion du temps. Je le compris immédiatement: désormais, ma vie ne serait qu'attente, nostalgie et journées interminables, passées à le désirer près de moi.
Ce que j'entrevoyais à ce moment-là n'était peut-être rien d'autre que cette vérité douloureuse : il fallait apprendre à vivre en dehors de l'illusion. Aucun être ne pouvait fusionner totalement avec un autre. On ne rentrait jamais chez soi. Il n'y avait ni racines ni arbre auxquels se raccrocher.
Il fallait apprendre à aimer sans se sentir à l'abri, sans se sentir lié au sol. Il fallait accepter d'être projeté dans les ténèbres, là où nul ne peut prévoir ce qui peut se passer.

Auteur: Marciano Francesca

Info: L'africaine

[ passion ] [ détachement ] [ rencontre ]

 

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puberté

Romain et Anaïs étaient devenus de longs adolescents dégingandés et mutiques, fuyant mes baisers et se soustrayant à mes étreintes comme à mes questions, s'enfermant dans leurs chambres dès que je rentrais du travail, je les regardais interdite, me demandant où avaient bien pu passer mes enfants et leurs yeux dévorants, suspendus au moindre de mes gestes à la moindre de mes paroles, me couvrant de leurs lèvres me répétant qu'ils m'aimaient à longueur de journée. J'avais beau les regarder et tenter d'établir une continuité entre mes tout-petits lovés contre moi sur la plage, dans le lit ou le canapé et ces étrangers qui vivaient dans ma maison et n'attendaient plus de moi que des repas chaud, du linge propre, de l'argent de poche et des autorisations de sortie les plus larges possibles je n'y parvenais pas, c'était une chose déchirante et secrète, un sentiment d'une perte impossible à partager, un deuil sans objet qui laissait en moi une nostalgie glacée, un froid polaire, un désert.

Auteur: Adam Olivier

Info: Le coeur régulier

[ métamorphose ]

 

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foyer

Oui, c'était bien là ma mère. Tout se déroulait comme si rien ne s'était passé, comme si je ne rentrais pas tout juste de la guerre, comme si le monde n'était pas en ruine, la monarchie détruite, comme si notre vieille patrie continuait d'exister avec ses lois multiples incompréhensibles, mais immuables, ses us et coutumes, ses tendances, ses habitudes, ses vertus et ses vices. Dans la maison maternelle, on se levait à sept heures même après quatre nuits blanches. J'étais arrivé aux environs de minuit, la pendule de la cheminée, avec son visage de jeune fille las et délicat, frappa trois coups. Trois heures de tendre épanchements suffisaient à ma mère. Lui suffisaient-elles ? En tout cas, elle ne s'accorda pas un quart d'heure de plus. Elle avait raison. Je m'endormis bientôt, dans la pensée consolante de me trouver chez nous. Au milieu d'une patrie détruite, je m'endormais dans une forteresse inexpugnable. De sa vieille canne noire, ma veille maman écartait de moi tout ce qui aurait pu me troubler.

Auteur: Roth Joseph

Info: La crypte des Capucins

[ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

routine

Il se réveillait à neuf heures, et restait au lit jusqu’à dix heures et demie, lisant, tripotant les chats, et se farfouillant dans le nez. A honze heures, il faisait un tour dans le quartier jusqu’à l’heure du déjeuner, et alors rentrait. Après le déjeuner, il lisait un peu, puis se promenait dans Paris de trois à sept, bouquinant chez les revendeurs, et allant de café en café. Jamais il ne prenait un repas au restaurant, malgré l’envie qu’il en avait parfois, parce que sa pension était payée à la maison. Jamais il ne fit un voyage de huit jours. Jamais il ne sortait le soir, et jamais n’était invité. Par sauvagerie et horreur de se contraindre, il avait quitté le monde, n’avait plus été voir les gens qu’aux heures où il savait ne les trouver pas ; ensuite, comme il arrive, le monde le quitta, et tandis qu’au début il n’y allait pas par fantaisie d’humeur, un temps vint où s’y ajouta cette raison, qu’il craignait d’y être humilié.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 51

[ isolement ] [ emploi du temps ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson