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lecture

Parfois, je lisais des jours entiers et même des semaines entières. C'était comme si cela s'imposait tout seul. Lire peut être une telle jouissance! Devant la fenêtre, le soir, le midi et le matin surgissent grands et beaux comme un enfant. Tu es assis, tu es comme dans un rêve; le monde est à moitié clair, à moitié sombre. Il te semble que parce que tu lis, tu es devenu tout esprit, mais tu n'en es pas moins vivant. C'était assez curieux. Je jouais à l'oriental, j'étais sûrement très paresseux et il faut donc que je me réprimande. On ne devrait jamais s'isoler, jamais être indolent, mais toujours vaillant et plein d'entrain sur ses deux jambes et avec sa tête, et vivre parmi ses semblables, l'âme et l'esprit éveillés pour agir dans la vie.

Auteur: Walser Robert

Info: Regard sur le passé, Retour dans la neige

[ abrutissement ]

 

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solipsisme

Cette implication de l'hypothèse d'un univers mathématique est assez radicale, alors veuillez interrompre votre lecture un instant pour l'assimiler et y réfléchir. Ce dont vous êtes conscient en ce moment ne ressemble pas à une photo mais à une séquence de film. Ce film n'est pas la réalité - il n'existe que dans votre tête, dans le cadre du modèle de réalité de votre cerveau. Il contient de nombreuses informations sur la réalité physique extérieure réelle - pour autant que vous ne rêviez pas ou n'ayez pas d'hallucinations - mais il ne constitue qu'une version très fortement éditée de la réalité, un peu comme le journal télévisé du soir, qui met principalement en évidence certains faits marquants de modèles proches dans l'espace et le temps et que votre cerveau juge utile de vous faire connaître.

Auteur: Tegmark Max

Info: Our Mathematical Universe: My Quest for the Ultimate Nature of Reality (2014)

[ individu univers ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

clairvoyance

Dans cette seconde hypothèse, c'est l'effort d'intelligence qui rendrait vulnérable à la dépression. La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil : cette maxime de René Char, répétée à l'envi, en serait une possible illustration. Celui qui regarde le monde avec les yeux de l'intelligence est un être blessé. Il s'expose à la chute d'Icare en brûlant ses ailes à la chaleur du soleil. Pourquoi ne pas privilégier cette lecture des possibles liens de causalité entre dépression et trajectoire exceptionnelle, la seconde déterminant la première plutôt que l'inverse? Plus fondamentalement, nous pouvons nous interroger sur le passage de la corrélation à la causalité : l'existence d'un lien entre deux phénomènes (ce qui n'est pas même évident en l'occurrence pour ce qui est de la dépression et de la créativité) n'implique pas que l'un soit la cause de l'autre.

Auteur: Gaillard Raphaël

Info: Un coup de hache dans la tête

[ mise en boucle ] [ déclic ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

messager

La minuscule chouette entra sans un bruit par la fenêtre ouverte et se percha sur l'étroite barre de bois prévue à cet effet, face au bureau d'Alessio. Elle l'observa en clignant des yeux et poussa un doux chuintement. Il releva la tête vers elle. Un bref sourire anima ses traits las. Il fit le tour de son écritoire, fouilla dans un coffre, en extirpa la friandise attendue et la tendit, paume ouverte, à la messagère ailée. Celle-ci s'en empara avec avidité, laissant au prince tout loisir de saisir l'étui attaché à sa patte. Pas plus grand que le pouce, il contenait un mince ruban de papier couvert d'une écriture trop petite et trop serrée pour être déchiffrée à l'œil nu. Revenant à son secrétaire, Alessio fureta quelques instants avant de trouver ce qu'il cherchait : une énorme lentille. Alors, la plaçant à bonne distance de la missive, il commença sa lecture.

Auteur: Bousquet Charlotte

Info: L'Archipel des Numinées, Tome 1 : Arachnae

[ courrier mystérieux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lecture

Avis aux écrivains. Vous rêvez de gloire, d'argent sonnant et trébuchant, de tirages monstres ? Veillez, en ce cas, à respecter quelques consignes : pas plus de onze mots par phrase, que vos personnages - au moins au nombre de 3 ou 4 - boivent du café, qu'ils se douchent, qu'ils froncent souvent les sourcils, serrent la mâchoire, soupirent, sourient ou hochent la tête. Evitez les rats, les géants et les ours, qui peuplent rarement les best-sellers. Faites fi de la nostalgie liée à l'enfance. Biffez les émotions complexes -telles que la honte et la pitié. Oubliez la nature, mer ou montagne. Il semble qu'elle ne fasse guère recette. Privilégiez les dialogues, les verbes d'action, le vocabulaire à caractère policier et judiciaire (enquêtes, pistolet, meurtre, avocat, indices). Evoquez les technologies les plus en pointe et multipliez les conflits. Tels sont les résultats scientifiques de l'étude algorithmique de 200 romans ayant monopolisé le palmarès des meilleures ventes établi par le New York Times...

Auteur: Internet

Info: Le Monde, Le best-seller et l'algorithme

[ évolution ] [ statistiques ] [ audimat ] [ nivellement par le bas ]

 
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sentimentalisme

En gens pressés que nous sommes, nous avons été trop vite avec nos bons moujiks, conclut-il. Nous les avons mis à la mode, et toute une partie de notre littérature s’est jetée dessus comme sur un trésor nouvellement découvert, et s’y est consacrée pendant des années. Nus couronnions de lauriers des têtes pouilleuses. Or depuis qu’il existe, depuis un millier d’années, le paysan russe ne nous a donné que la "Kamarinskaïa". Un poète russe remarquable et non dépourvu d’esprit, en voyant pour la première fois sur la scène la grande Rachel, s’écria, enthousiasmé : "Je n’échangerais pas Rachel contre un moujik !" J’irai plus loin encore : "je refuse d’échanger Rachel contre tous les moujiks russes. Il est temps de voir les choses elles sont et de ne pas mélanger notre vulgaire goudron national au bouquet de l’impératrice."

Lipoutine en convient aussitôt, mais observa qu’au nom de l’idée il était nécessaire en ce temps-là de jouer la comédie et de célébrer le moujik. Il ajouta que des dames de la haute société avaient versé des larmes abondantes à la lecture d’Anton Goremyka, et que certaines d’entre elles étaient même allées jusqu’à écrire de Paris à leurs gérants, pour qu’à l’avenir les paysans fussent traités aussi humainement que possible.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "Les démons", trauction de Boris de Schloezer, éditions Gallimard, 1955, page 78

[ classe populaire ] [ apitoiement ] [ hypocrisie sociale ] [ ficelle dramaturgique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

A cause d'un caoutchouc percé, on donne naissance hu hu. Naissance, c'est-à-dire moisissure, et aussi cet assassin qui grandit dans vos propres entrailles, en donnant des coups de pieds, histoire, déjà, de vous faire mal. Vous dévorant, déjà. Car moi, entre nous, l'amour, c'était pas pour avoir un enfant. Il grandissait en moi, il grandissait, me bouffait, cognait, il s'augmentait de ma propre vie, mais je n'y tenais pas tellement. Ratage intégral : il naît. Trop tard pour le tuer. Vit. Gigote. Tant pis. On ne peut plus. Grandir, eh oui. Sans doute trop forte la pression du foutre sur le caoutchouc. Ou alors, mauvaise qualité. Ça arrive. Alors, à un moment, il faut bien. Voilà. On l'appelle Jérôme Bauche. C'est un genre de malentendu, toute cette histoire, voilà. Il est là. On dit. C'est un genre d'histoire courant. Je me moquais bien des radotages de mamame. Il y avait bien longtemps que je savais à quel misérable miracle je devais la vie (d'après pas mal de gens, et puis d'après des statistiques, et puis d'après mes lectures, la prison contre les murs de laquelle je me cognais la tête tous les jours, c'était ce qu'on appelle, en général, la vie. Oui, c'est comme ça, qu'on l'appelle, à ce qu'il paraît).

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: Jérôme : L'enfance de Jérôme Bauche

[ reproduction ] [ accident ] [ malheur ]

 

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école

La multiplication des manuels et des cours oraux dans notre enseignement est l'un des plus sûrs indices de notre décadence littéraire. On dit railleusement que ceux qui sont impuissants à aider leurs élèves dans la lecture des ouvrages transcendants écrivent des manuels, ou, du moins, utilisent les manuels écrits par leurs collègues afin de suppléer à leur incompétence. On pourrait définir un manuel : une invention pédagogique pour faire entrer quelque chose dans la tête de ceux qui ne savent pas suffisamment lire pour apprendre plus activement. Les causeries qui se donnent habituellement en classe ne valent pas mieux. Quand les maîtres ne savent plus comment s'y prendre pour lire en commun avec leurs élèves, ils leur adressent une causerie. Les manuels et les vulgarisations de toutes sortes sont écrits pour ceux qui ne savent pas lire ou qui cherchent dans la lecture que des renseignements. En tant que maîtres inanimés, ces livres s'assimilent aux répétiteurs de second ordre qui les ont écrits. Animé ou non, le répétiteur s'efforce d'inculquer des connaissances à ses élèves sans exiger d'eux une activité trop grande ou trop industrieuse. L'art d'enseigner de ces répétiteurs est celui qui exige le moins, chez l'étudiant, de l'art d'apprendre. Ils saturent l'esprit au lieu de l'éclairer. Leur succès se mesure aux capacités d'absorption [sic] de l'éponge.

Auteur: Adler Mortimer J.

Info: Comment lire les grands auteurs, trad. Louis-Alexandre Bélisle, p.72, Le Club des Grands Auteurs, 1964

[ pléthore ] [ ennui ]

 

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choc littéraire

Bref, il m'a donné un exemplaire du livre de Céline — Comment ça s'appelle ? – Voyage au bout de la nuit. maintenant écoutez, la plupart des écrivains me rendent malade. Leurs mots ne touchent même pas le papier. Mais Céline, il m'a donné honte du pauvre écrivain que je suis, j'ai eu envie de tout jeter par la fenêtre. Un foutu maître chuchotant dans ma tête. dieu, l'impression d'être redevenu un petit garçon. Tout ouïe. Entre Céline et Dostoïevski il n'y a rien, si ce n'est Henry Miller. Enfin, passé le vertige qui m'a saisi en découvrant combien j'étais insignifiant, j'ai repris la lecture, et je me suis laissé mener par la main, volontiers. Céline était un philosophe qui savait que la philosophie était vaine ; un queutard qui savait que la baise était du vent ; Céline était un ange, il a craché dans les yeux des anges et puis il est descendu dans la rue. Céline savait tout ; je veux dire il en savait autant qu'il y a à savoir quand on a deux bras, deux pieds, une bite, quelques années à vivre ou moins que ça, mais avant toute chose. bien sûr, il avait une bite. vous saviez ça, il n'écrivait pas comme [Jean] Genet, qui écrit très très bien, qui écrit trop bien, qui écrit si bien qu'il vous fait piquer du nez. [...]

Auteur: Bukowski Charles

Info: À Henry Miller 16 août 1965

[ éloge ] [ admiration ] [ inspiration ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

formatage éditorial

- Venons-en à votre dernier livre, "Déchristianisation de la littérature". Vous parlez de "post-littérature". Qu’entendez-vous par là ?

- C’est une littérature asservie à un modèle romanesque international, tout comme il y a un hamburger ou un kebab international. Un roman à dominante anglo-saxonne, dépourvu de style, même de langue, formaté pour sa version filmique, un lectorat "cool", forcément politiquement correct. Le roman étant devenu le genre hégémonique, tout ce qui n’en relève pas n’appartient plus, commercialement, à ce qu’on appelle encore la littérature. Il me semblait intéressant de trouver un terme un peu plus percutant pour désigner cette production qui est au-delà du postmoderne même : la post-littérature, comme il y a une post-histoire. On me l’a reproché, bien sûr. Dans "Langue fantôme", je nommais quelques grandes têtes molles, comme Le Clézio, en montrant notamment que la phrase de ce prix Nobel était du spaghetti tiédasse. On s’en est servi pour me faire payer ce que j’avais déjà dit, en 2010, dans "l’Enfer du roman", à savoir qu’il n’y a presque plus de littérature en France, et que ce qui se publie relève en général de la fausse monnaie. Je devenais un traître ; s’en est suivi ce que vous savez : idéologisation de mes remarques, tribune d’Annie Ernaux dans le Monde, accompagnée d’une pétition signée d’une centaine de noms, démission du comité de lecture de Gallimard, opprobre, mort sociale, etc.

Auteur: Millet Richard

Info: Entretien accordé à Artpress, 2018.

[ lecture fast-food ] [ consumérisme fédérateur ] [ dictature de la moyenne ]

 
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Ajouté à la BD par miguel