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animisme

SIGNIFICATION DU MOT WAKAN

Si nous entendons par religion le fait de "lier ensemble" suivant le sens étymologique du terme anglais (ou français), nous sommes bien obligés d'accepter l'équivalent lakota qu'en ont donné les missionnaires chrétiens, dans leur tentative de traduction des Écritures. Ils rendent en effet la "religion" ou la "prière" par "wocekiye", d'après "wo", préfixe indiquant un substantif, et "cekiya" "solliciter, prier".

Et pourtant, la façon dont les Oglala conçoivent la totalité des êtres ou pouvoirs surnaturels régnant sur leur univers diffère profondément de la théologie chrétienne. Pour les Oglala, la totalité des phénomènes naturels ou culturels sont susceptibles de transformations qui exigent un changement total ou partiel de comportement vis-à-vis d'eux. Les causes de ces transformations et l'explication des changements de comportement concomitants sont rassemblés sous le concept de "taku wakan" "choses sacrées". Les phénomènes considérés comme "taku wakan" peuvent être transformés temporairement ou en permanence. Ceux qui le sont en permanence sont désignés collectivement comme "Wakantanka", qu'on traduit traditionnellement par "Grand-Esprit" ou "Grand Mystère", d'après "wakan" "sacré" et "tanka" " grand, vaste, gros ". Ce terme a, par convention, servi à traduire le mot "Dieu".

Bien que singulier de forme, "Wakantanka" est pluriel du point de vue du sens. Ce n'est pas "Wakantanka" qui est personnifié, mais certains de ses aspects. Ainsi, le soleil, la lune, la terre, les vents, les éclairs et d'autres phénomènes naturels sont de fréquentes manifestations ou personnifications non de "Wakantanka" lui-même, mais de ses différents aspects. L'homme existe en tant que partie intégrante de la nature et, loin de souhaiter en maîtriser les vicissitudes, il cherche à vivre en harmonie avec elle.

Foncièrement impuissant, l'homme réclame compassion lorsqu'il est confronté au danger, à la misère ou à l'inexplicable. Quand il a ainsi besoin d'une aide surnaturelle, il proteste de son impuissance en psalmodiant " Wakantanka unsimala ye" (Wakantanka, aie pitié de moi). La relation de l'homme à la nature est en effet toujours "unsike", " pitoyable ".

En suppliant "Wakantanka", l'homme s'adresse à la totalité de l'aide surnaturelle à sa disposition. On peut également s'adresser à "Wakantanka" avec la métaphore de la parenté. Ainsi, un Oglala peut dire : "Ho Tunkafila Wakantanka..." (Eh ! Grand-Père Wakantanka...), ou " Ate Wakantanka " (Père Wakantanka).

On utilise Grand-Père lorsque l'on fait appel à "Wakantanka" lui-même indépendamment de ses manifestations, et le mot Père pour invoquer l'un de ses aspects, comme par exemple le soleil. La même métaphore de la parenté est utilisée pour différencier la terre comme pouvoir de faire pousser des choses ("unci" "grand-mère") de ses produits réels et manifestes ("maka ina" "terre-mère").

Auteur: Powers William K

Info: La religion des Sioux Oglala, p. 83-84

[ amérindiens ] [ prières ] [ priméité ] [ spiritualité ] [ intraduisible ] [ Gaïa ]

 

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observateur

Hegel distingue deux formes d'illusions: l'illusion grossière, qui consiste à prendre les choses pour ce dont elles ont l'apparence, et l'illusion métaphysique, qu'il prétend dépasser, qui consiste à reléguer le réel dans un autre monde, complètement distinct du monde de l'apparence.

Il faut donc, chez Hegel, distinguer non pas deux mondes mais bien trois: 

1. Le monde des apparences sensibles;

2. Le monde suprasensible, considéré en tant qu'il est différent du monde sensible;

3. Ce monde suprasensible, mais considéré cette fois en tant qu'il coïncide finalement avec le monde premier des apparence

Comme troisième monde, qui prend le contrepied du second en ce qu'il annule la différence que celui-ci prétendait instituer entre lui-même et le monde sensible, mais ne se confond pas pour autant avec le monde immédiat (ce dernier étant incapable de se réfléchir pour n'avoir pas encore parcouru l'itinéraire de sa radicale mise en doute métaphysique et du retour à lui-même), ce troisième monde est ce que Hegel appelle "Le Monde Renversé", c'est-à-dire un double de l'unique, qui serait justement l'unique lui-même, mais seulement au retour d'une galipette, qui n'aurait accompli le tour métaphysique que pour mieux ramener au point de départ…

…Un tour qui n'est pas sans bénéfice; on était parti des apparences sensibles, simples écorces du réel, alors que, une fois terminé la galipette, on retombe sur l'intérieur, ou le fond des choses, on découvre alors que le sensible n'est autre que la concrétisation progressive de l'au-delà suprasensible, dont il constitue ce que Hegel appelle: “le remplissement“. Le suprasensible, dit Hegel, est donc le phénomène comme phénomène. 

Nous comprenons ce que voulait dire Hegel en prétendant qu'il n'y avait pas deux mondes, mais que le monde intelligible était le phénomène comme phénomène, la manifestation qui est dans son évolution effective, seulement manifestation de soi par soi. 

En d'autres termes, ce monde-ci est l'autre d'un autre monde, qui est justement le même que ce monde-ci. Car cet itinéraire mystérieux au cours duquel le phénomène se médiatise par lui-même pour devenir manifestation de l'essence, n'est autre que le chemin qui conduit de A à A, en passant par A. 

Cette étrange coïncidence de ce monde et de l'autre monde n'échappe pas à Hegel, qui y voit le dernier mot du mystère philosophique, c'est-à-dire du mystère qui fait que les choses sont justement ce qu'elles sont, et non pas d'autres, d'où l'idée ouvertement démentielle que, la coïncidence du réel avec le réel est l'effet d'une ruse; “la grande ruse“, disait Hegel dans une note personnelle, “c'est que les choses sont comme elles sont“. 

L'essence de l'essence est de se manifester, et la manifestation est manifestation de l'essence.

Auteur: Rosset Clément

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[ unicité ] [ scrutateur ] [ miroir ]

 

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tradition

L’unique préoccupation de René Guénon, entre 1905 et 1951, année de sa mort, a été l’initiation.

Il faut y insister parce que, ignorer cela, c’est se condamner à rester toujours à l’extérieur de son œuvre. Guénon se soucie fort peu de passer pour un historien, serait-ce celui de l’initiation elle-même, ce qui ne l’empêche pas d’exceller dans l’histoire, quand il s’agit pour lui de détruire le "théosophisme", qui est une fausse religion, et le spiritisme, qui est une mortelle erreur.

Son objet n’est pas davantage la philosophie ou quoi que ce soit d’autre ; c’est l’initiation, l’initiation qui confère, aux yeux de Guénon, la possibilité d’accéder à la "Délivrance" définitive si, du moins, l’initié a les qualités requises et s’il se plie à la discipline, surtout intellectuelle, que lui impose le maître spirituel de l’organisation au sein de laquelle il a été admis. Voilà pourquoi Guénon a écrit, et voilà seulement pourquoi.

L’unicité de cet objet assure à l’œuvre qui lui est consacrée une cohésion extraordinaire.

Elle avait été préparée de longue main puisque, la moisson ayant été engrangée entre 1905 et 1912 (année du rattachement de Guénon à l’islam), elle débute en 1921 par L’Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues et finit en 1946 par La Grande Triade, si l’on ne compte pas les œuvres posthumes. D’un bout à l’autre, l’écriture est châtiée et la langue en impose par sa clarté, sa précision et une terminologie minutieuse, extrêmement élaborée. Cette œuvre se présente à nous comme le condensé d’un fond doctrinal qu’il faut avoir acquis avant de songer à entreprendre la moindre "réalisation spirituelle" au sein d’une organisation initiatique et sous le contrôle rigoureux d’un maître. Car là est l’essentiel : l’opération "trans-formatrice" ou, ce qui revient au même, "métamorphosante", au regard de laquelle l’œuvre guénonienne elle-même est secondaire. Elle informe seulement ; elle indique "la voie", ou plutôt les voies qui convergent toutes vers le même centre ; elle enseigne la nécessité d’une doctrine qu’il faut s’assimiler en vue de l’acquisition, par l’être qui est actuellement dans l’état humain, et s’il le peut, de l’état qui transcende tous les états concevables.

Toute la substance de l’œuvre de Guénon peut ainsi être résumée en ces termes : "Rattache-toi à une organisation initiatique véritable et, sans négliger l’exotérisme sur lequel elle repose, travaille sans relâche à acquérir la théorie métaphysique (nécessaire, mais non point suffisante) ; puis, sous le contrôle d’un maître spirituel autorisé, travaille encore sans relâche à “réaliser” celui que tu es de toute éternité et que te dérobe le voile de l’illusion, qui est ignorance".

Car devant "cela" qui est encore plus que l’Un absolu – c’est, dit Guénon, le Zéro métaphysique – toute la manifestation est "rigoureusement nulle".

Auteur: Allard l'Olivier André

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[ porte-parole ] [ objectif ] [ résumé ] [ non-discrimination ]

 

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clé de lecture

L’œuvre d’Ibn Arabî offre un exemple particulièrement paradoxal de dialectique orientale et de pensée ésotérique, à savoir ce que nous pourrions appeler l’herméneutique inversante : c’est-à-dire qu’il lui arrive d’inverser le sens d’un verset koranique à contenu négatif, dans l’intention d’extraire de la sentence la signification la plus profonde possible. Ce paradoxe, que nous ne pouvons passer sous silence ici, nous oblige à quelques considérations préliminaires d’un caractère général.

L’exotérisme consiste à identifier les réalités transcendantes aux formes dogmatiques - et au besoin aux faits historiques - de telle Révélation, tandis que l’ésotérisme se réfère d’une manière plus ou moins directe à ces réalités mêmes. Mais du fait que le rapport d’un symbolisme à son contenu est celui d’une manifestation à son principe, il y a à la fois analogie et opposition entre les deux plans : l’ésotérisme étaie l’exotérisme parce qu’il en est la substance, mais il le contredit aussi à certains égards parce qu’il le dépasse ; en réalité, la contradiction est d’emblée du côté de l’exotérisme, de même que la création est à la fois conforme et opposée à Dieu. Cependant, de même que la Toute-Réalité n’abolit pas la logique des situations cosmiques, de même les prérogatives apparemment paradoxales de l’ésotérisme ne peuvent abolir les données de l’exotérisme sur le plan de celui-ci, sauf éventuellement d’une façon fragmentaire et dans des cas isolés.

De cet aspect d’opposition, ou de cette dimension contradictoire, Ibn Arabî paraît tirer la conclusion suivante : du moment que l’Absolu est Un et que cet Un est infini et parfait, la Vérité suprême ne peut être qu’une et positive, elle ne peut donc en sa substance comporter d’antinomies, telles le bien et le mal, le ciel et l’enfer ; le Koran ne comporte ces antinomies que secondairement et extrinsèquement mais non en sa substance incréée. Il y a donc pour chaque verset exprimant une opposition ou un mal, une interprétation qui les annule ; c’est-à-dire qu’il y a pour toute sentence négative une interprétation positive, se référant directement ou indirectement à l’Essence toujours vierge. Quand le Koran parle du feu infernal, Ibn Arabî - sans vouloir ni pouvoir rejeter ce sens immédiat - n’hésite pas à l’interpréter, sur le plan de la Vérité quintessentielle, comme le feu de l’Amour divin ; car l’ultime Vérité ne saurait englober que l’essentiel, à savoir la Beauté et l’Amour.

[…] Au demeurant, l’argumentation n’est pas toujours, chez le Shaykh el-akbar, au niveau de l’intention métaphysique : la pensée est parfois trop hâtive ou trop expéditive, l’âme est saisie par la perception de la Beauté une qui pénètre tout et qui absorbe tout. C’est cette perception - concrète et permanente — de la divine Beauté qui est chez Ibn Arabî la "foi", étant donné qu’en Islam la notion de foi s’étend de la simple ferveur jusqu’à la plus élevée des stations spirituelles, et qu'elle est attribuée pour cette raison aux anges et aux élus.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, page 143-145

[ ellipsisme ] [ coran ]

 

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psychanalyse

Il vous suffit d’ouvrir ce petit livre qui s’appelle Moïse et le monothéisme sur lequel FREUD, après l’avoir mijoté depuis quelques dix ans - à partir de Totem et Tabou il ne pensait qu’à ça, à cette histoire de Moïse et de la religion de ses pères - articule ce qui concerne le monothéisme. [...]

Rien ne me paraît en tout cas plus fermement articulé, plus conforme à toute la pensée antérieure de FREUD que ce Moïse et le monothéisme. Autour de quoi porte la question de Moïse et le monothéisme ? Il s’agit évidemment, de la façon la plus claire, du message monothéiste comme tel. C’est cela qui intéresse FREUD. C’est cela d’ailleurs qui d’emblée n’a pas besoin pour lui d’être discuté dans l’ordre de la connotation de valeur.

Je veux dire que pour lui il ne fait pas de doute que le message monothéiste comporte en soi-même un accent incontestable de valeur supérieure à tout autre. Le fait que FREUD soit athée ne change rien à ceci. Il reste que pour un athée, celui qui est FREUD - je ne dis pas pour tout athée : c’est à voir - en tout cas pour lui la visée du message monothéiste saisie dans son fondement radical, est quelque chose qui a une valeur décisive. [...]

[...] dans l’atmosphère païenne, alors qu’on ne l’appelait pas comme cela, qu’elle était en pleine floraison, le numen surgit à chaque pas, si l’on peut dire, à tous les coins des routes, surgit dans la grotte, à la croisée des chemins. Ce numen tisse l’expérience humaine. Nous pouvons encore apercevoir les traces de ce mode de véhicule, beaucoup de champs en existent encore dans l’existence humaine. C’est là quelque chose qui, par rapport à la manifestation, à la profession monothéiste, est dans un certain rapport de contraste. Je dis que le "numineux" surgit à chaque pas et inversement je dirais que chaque pas du "numineux" laisse une trace, engendre, si je puis dire, un mémorial.

Il n’en faut pas beaucoup pour qu’un temple s’élève, qu’un nouveau culte s’instaure. Le "numineux" pullule et agit de partout dans l’existence humaine, si abondant d’ailleurs que quelque chose à la fin doit se manifester tout de même par l’homme de maîtrise qui ne se laisse pas déborder. C’est ce formidable enveloppement, et en même temps une dégradation dans la fable, ces fables antiques, si riches de sens, dont nous pouvons encore nous bercer, et dont nous avons peine à concevoir comment elles étaient compatibles avec quoi que ce soit qui comportât une foi à ces dieux, puisqu’aussi bien ces fables, qu’elles soient héroïques, épiques ou vulgaires sont tout de même marquées : de je ne sais quel désordre, de je ne sais quelle ivresse, de je ne sais quel anarchisme, si l’on peut dire, des passions divines. [...]

En face de cela qu’avons-nous ? Nous avons donc le message monothéiste et c’est à cela que FREUD consacre son examen.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 16 mars 1960

[ paganisme ] [ résumé ] [ contextualisation ]

 
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philosophie antique

Les premiers philosophes attribuaient l’être uniquement aux éléments matériels : l’eau (Thalès), l’air (Diogène, Anaximène), le feu (Hyppase et Héraclite), ou à leur combinaison (l’eau, l’air, le feu et la terre chez Empédocle). Une position aussi simpliste est insoutenable par une saine philosophie de la nature. Et elle est tout aussi inacceptable en métaphysique puisqu’elle réduit arbitrairement l’être à la matière.

Chez d’autres, ce qui existe était la cause efficiente : l’intelligence, l’amour, l’amour et la haine. Or ces théories qui posent l’étant à l’extérieur du réel ne donnent aucune explication sur ce qui se tient là sous nos yeux. Etre fait par amour ou par intelligence ne nous dit sur ce qu’est l’être. […]

Pour échapper au matérialisme et à ces fausses explications, certains ont voulu voir dans les choses elles-mêmes des principes invisibles qui seraient à proprement parler les étants. Ce sont les fameux atomes de Démocrite et de Leucippe, ou les nombres de Pythagore. Pour ce qui est de Pythagore, il faut lui reconnaître le mérite de chercher un principe d’explication des êtres au-dessus de la matière, le nombre, mais il en reste au domaine de la quantité […].

C’est le philosophe grec Parménide qui, le premier, considéra l’être en tant qu’être. Il le découvrit dans une sorte d’intuition mystique, et il en fut tellement ébloui que rien ne pouvait plus exister, selon lui, hors de cet être absolu. […]

La pensée de Parménide a certes le mérite d’élever la pensée humaine d’un coup d’aile vers les sphères très hautes de la contemplation métaphysique, mais elle exagère la portée de l’être. Elle commet l’imprudence de se laisser aveugler par son objet sans prendre le temps de distinguer et de nuancer. Parménide conçoit en effet l’être comme un genre univoque. Ce qui n’est pas l’être absolu n’appartient donc pas à ce genre, et n’existe pas. Hors de l’être nécessaire envisagé par Parménide, il n’existe rien.

[…] Surtout [Parménide] ne rend nullement compte de la multiplicité des êtres. Il n’existe pour lui qu’un être unique dont ce qui nous apparaît comme des êtres ne seraient que des manifestations accidentelles. Le fondateur de l’Académie [Platon] cherche à répondre à ce problème de la multitude posé par Parménide. Il va malheureusement se tromper de voie. Il croit en effet pouvoir expliquer la multitude des êtres de la façon suivante : les choses matérielles sont individuelles tandis que leurs formes sont universelles. Nous pouvons en conclure, selon Platon, que ces deux réalités (la réalité matérielle et sa forme) sont séparées. […] L’étant, ce qui existe en réalité, pour Platon, ce n’est plus telle chose concrète que j’ai sous les yeux, mais l’idée de cette chose. Le corps matériel est sans cesse soumis au changement et n’est jamais véritablement, l’idée seule est immuable et réelle. […] Les choses matérielles ne sont pas dignes de notre attention. Le monde d’ici-bas se trouve alors vidé de toute consistance et de toute beauté. Le véritable objet de la science, c’est le monde des Idées qui échappe au commun des mortels et ne se livre qu’à une élite choisie.

Auteur: Fabre Jean-Dominique Père

Info: Dans "Lettres à un curieux", éditions du Saint Nom, 2010, pages 149-151

[ historique ] [ résumé ] [ critique ]

 

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crédulité

Mes années consacrées à la recherche ufologique sont désormais terminées. Elles me laissent un goût amer et en même temps elles m’ont ouvert à tout autre chose.

Du point de vue de la recherche, cas après cas, ce qui sautait aux yeux concernait l’extrême proximité du phénomène avec la-psyché humaine, ses rêves, ses angoisses, ses préoccupations, ses peurs. Le seul qui comprit, et avant tout le monde, de quoi il s’agissait fut Carl Gustav Jung. Quelque chose "en nous" rêvait et nous plaçait dans l’illusion de l’objectivité. Non seulement Jung parvint jusqu’au responsable, le Soi, c’est-à-dire notre Inconscient, mais il redonna à l’inconscient sa vraie dimension, sa réalité ontologique et son vrai nom: l’âme éternelle et intemporelle dont l’ego, n’est que la portion atrophiée et provisoire.

Il comprit aussi, avant tout le monde, qu’il fallait quitter le matérialisme pour l’idéalisme afin d’expliquer comment les rêves du Soi pouvaient se matérialiser brièvement, dans le monde physique du moi atrophié. Plus encore, il fit le lien avec le langage symbolique de l’Inconscient et montra que dans toutes les productions oniriques du Soi, il y a toujours un élément absurde qui vient désamorcer, pour qui veut bien le voir, le leurre et l’illusion matérialisée. Bref, il ne lui manquait plus que l’assise théorique promise par une physique de l’information (ou plutôt: une métaphysique de l’information), pour parachever son explication:

Les masques que prend le Soi pour exprimer les angoisses de la conscience individuelle ou collective (Le Diable, le Petit-Gris, l’animal monstrueux, etc.) furent brillamment répertoriés dans sa théorie des archétypes, qui rejoint celle du "monde imaginal" d’Henry Corbin. Avec Jung, nous avions le marionnettiste, les codes pour interpréter ses symboles et la raison de l’élusivité de toutes ces manifestations. Par essence l’Inconscient est élusif car il est une part voilée de nous-même. Il est le Principe de l’ego, sa dimension métaphysique, sa part mystique. Le phénomène OVNI ne peut être qu’élusif car sa source est ontologiquement voilée.

Ces résultats laissent un goût amer, une gueule de bois, une fois que l’on est "déniaisé". Celui d’avoir été trompé par soi-même, de ne pas avoir-été assez attentif aux signaux que nous envoyait notre part éternelle. Celui d’avoir couru après des chimères sans comprendre le message qui se cachait derrière celles-ci. Or ce message est celui d’un Violent "retour du refoulé", causé par l’Oubli de l’Esprit sur quoi se fonde le matérialisme occidental triomphant, exclusivement tourné vers le mirage techno-scientifique.

Mais cette déception, celle d’avoir été le jouet de notre propre "part d’ombre" est contrebalancé par une ouverture,’ une fantastique ouverture. En perdant les extraterrestres, on s’ouvre le chemin du Ciel. Car l’âme est une Porte, un chemin vers un niveau de Réalité qui nous dépasse et qui nous fonde. Toutefois, pour parvenir à cette porte il fallait identifier notre pluridimensionnalité, comprendre que l’ego n’est qu’une mince couche, un mince rond d’oignon au sein d’un ensemble plus vaste: âme, âme collective, Dieu.

Cette compréhension nous éveille. Elle nous dévoile que nous sommes infiniment plus vastes que ce que notre exil terrestre nous donne à voir. La déception laisse alors place à l’émerveillement.

Auteur: Solal Philippe

Info: Messagers de déception. 13 Octobre 2017. publié sur le site Geepi.fr.

[ extraterrestres ] [ débunking ]

 
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biophysique

Un champignon capable d'apprendre sans neurones
Des chercheurs toulousains montrent que le "Physarum polycephalum", un champignon jaune des sous-bois, peut apprendre à ignorer un obstacle de caféine sur son chemin, alors qu'il est unicellulaire et dépourvu de système nerveux.
Un champignon est-il capable d'apprendre ? De retenir une leçon et d'en tirer des conclusions ? De ne pas refaire la même erreur ou de changer son comportement pour s'adapter à une situation ? Indice : il n'a pas de cerveau ni même de système nerveux. Et pourtant, la réponse aux questions est oui... Le Physarum polycephalum, une sorte de champignon - un protiste - jaune citron qui vit dans les sous-bois, large de plusieurs centimètres et pourtant composé d'une unique cellule avec des milliers de noyaux, fait preuve d'étonnantes capacités sous l'oeil des chercheurs.
L'étude a été publiée ce mercredi par la Royal Society : une équipe du Centre de recherches sur la cognition animale, à l'université Toulouse III, s'est amusée à proposer une course d'obstacles à notre champignon jaune. Certains individus avaient un accès direct à leur nourriture (spores et bactéries, miam miam) tandis que d'autres devaient traverser un endroit imprégné de caféine ou de quinine (beurk beurk). "Au tout début réticents à franchir les substances amères", résume le CNRS, les champignons "ont appris au fur et à mesure des jours qu'elles étaient inoffensives et les ont traversées de plus en plus rapidement, se comportant au bout de six jours de la même façon que le groupe témoin".
Les chercheurs ont mesuré la largeur du pseudopode (excroissance de la cellule) utilisé pour rejoindre la nourriture. Un pseudopode étroit est synonyme d'un comportement de répulsion, un pseudopode large représente quant à lui un comportement normal.
Au début réticent à passer sur la quinine, Physarum polycephalum apprend par habituation à ignorer la substance. L'organisme se déplace en avançant vers la nourriture une excroissance appelée pseudopode.
Les chercheurs sont convaincus qu'il ne s'agit pas simplement d'une "adaptation sensorielle" ou d'une "fatigue motrice", qui auraient également pu affecter leur vitesse de déplacement, car la réponse des champignons était spécifique à la substance : les habitués à la caféine restaient réticents à la quinine, et inversement. En outre, si on faisait disparaître la substance désagréable pendant deux jours, Physarum polycephalum réussissait à l'"oublier" et fournissait à nouveau une réponse négative à la prochaine rencontre. Ce sont les signes typiques d'une forme d'apprentissage qu'on appelle habituation, en biologie.
"L'apprentissage, défini comme un changement de comportement provoqué par l'expérience, a jusqu'à présent été étudié seulement chez les organismes multicellulaires dotés d'un système nerveux", écrivent Audrey Dussutour, Romain Boisseau et David Vogel. L'apprentissage est une modification comportementale à l'échelle d'une vie, donc différentes des adaptations biologiques au fil des générations, qui relèvent plutôt de l'évolution.
Physarum polycephalum avait déjà fait le malin lors de précédentes expériences, prouvant par exemple sa capacité à résoudre un labyrinthe (en privilégiant le chemin le plus court) ou de se nourrir de manière "réfléchie", en piochant des protéines et du sucre en certaines proportions jusqu'à reconstituer son régime alimentaire idéal. L'étude de ces mécanismes est cruciale pour "comprendre quand et où, dans l'arbre de l'évolution, les premières manifestations de l'apprentissage sont apparues".

Auteur: Internet

Info: http://www.liberation.fr/futurs/2016/04/27

 

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discours scientifique

Toutefois, le problème reste entier d’expliquer, à partir de l’ordre solide de l’ADN et des protéines, l’ordre macroscopique non-solide et semi-fluide de l’être vivant. Là encore, des hypothèses, des analogies et surtout une espèce de "pensée magique" vont servir à évacuer le problème, en attendant les progrès futurs de la biologie moléculaire. L’idée de "programme génétique" et le recours à la notion d’information vont servir à mettre de côté cette difficulté. Rappelons comment le biologiste américain Ernst Mayr (1904-2005) énonce pour la première fois cette idée en une seule phrase dans un article scientifique :

"Le code ADN, entièrement propre à l’individu et pourtant spécifique à l’espèce de chaque zygote (la cellule-œuf fertilisée), qui contrôle le développement du système nerveux central et périphérique, des organes des sens, des hormones, de la physiologie et de la morphologie de l’organisme, est le programme de l’ordinateur comportemental de l’individu." [“Cause and effect in biology”, Science, vol. 134, no. 3489, novembre 1961]

Comment peut-on passer si rapidement de l’idée de code génétique (qui assurément existe) à l’idée de contrôle du développement de l’organisme (qui se manifeste parfois), puis, sans plus de transition, à l’idée de programme déterminant toutes les manifestations de l’individu (de la protéine jusqu’au comportement) ? Ernst Mayr ne le précise nulle part, ni dans cet article ni ailleurs, bien que selon lui l’existence de ce programme soit la caractéristique la plus remarquable des êtres vivants. Pourtant, les notions de code, de régulation et de programme n’ont aucun lien nécessaire : c’est un peu comme si l’on prétendait que, puisqu’une locomotive à vapeur suit des rails et qu’elle est équipée d’un régulateur à boules qui maintient constante la pression dans la chaudière, elle serait "programmée" pour faire le trajet Paris-Marseille et retour en un jour ! Pour les physiciens, la génétique, l’information, le codage, la forme et la composition des molécules, leur combinatoire, leur mode d’assemblage, etc., étaient des aspects bien plus aisément formalisables en termes mathématiques et manipulables sous forme "mécanique" que la stéréochimie et la thermodynamique propre à la réactivité des molécules et à leur rôle à l’intérieur de la cellule vivante. Ces entités, plus stables et déterminées que les processus dynamiques à l’œuvre dans le métabolisme de la cellule vivante, sont mieux adaptés à la nouvelle science qui prétend alors unifier sciences naturelles et sciences sociales : la cybernétique, science de l’"information et de la régulation dans le vivant et la machine".

Le père de la cybernétique, Norbert Wiener, qui est encore moins limité par son objet d’étude, va dès 1954 pousser à l’extrême la métaphore de la communication en considérant l’organisme comme un message : "L’organisme s’oppose au chaos, à la désintégration, à la mort, comme le message s’oppose au bruit".

Le message ne s’oppose pas au bruit, car le fait qu’il soit ou non porteur de signification est toujours relatif à l’interprétation qu’en fait un sujet. Or, la cybernétique évacue le sujet, sa sensibilité propre et son activité autonome en relation avec le milieu, au profit du message qui est sensé porter en lui-même toute sa signification : l’origine du fétichisme de l’information, qui perdure encore de nos jours, se situe dans cette confusion..

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/louart_euge_nisme.pdf

[ pseudo-objectivité ]

 
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musiciens méprisés

14 h - Lyon, France. Je viens d’assister à un moment sidérant. 

Auditorium de Lyon. J’attends que le concert commence. 2ème de Beethoven, R. Capuçon dans le concerto d’ Elgar. 

Les musiciens de l’ONL sont sur scène, au pupitre, en train de chauffer. 

Un message passe dans les enceintes. Les représentants syndicaux vont s’exprimer. 

Et c’est parti pour le scandale. 

Le public s’indigne, immédiatement, sans savoir de quoi il va être question, haut et fort. Le discours n’a même pas commencé qu’on entend des "remboursez !! " vindicatifs. On entend aussi des huées. 

Le délégué syndical s’avance, humblement, sous les invectives. Commence à parler. A dire son inquiétude et le refus des musiciens de la réforme passée par 49.3. Entre chaque phrase, quasi inaudible, des gens poudrés et bien mis de leur personne invectivent, hurlent "musiiiiique !" pour signifier "ferme la et joue !". Comme si devant eux, il y avait un juke box. Ils ont payé, ils exigent. 

Derrière moi, une dame âgée crie "je ne suis pas venue à une manif, mais à un concert !"

Devant moi, quand le représentant explique que pour pratiquer un instrument au niveau professionnel, il faut de longues heures de travail quotidiennes pratiquées depuis l’enfance, qu’être musicien est comparable au sacerdoce d’un sportif de haut niveau, j’entends des "Chochotte !! On a bossé avant vous !!"… le tout sous les sifflets quasi généraux. Les applaudissements sont là aussi. Mais pas majoritaires. 

Je pourrais écrire encore des lignes entières pour décrire cette atmosphère hostile.  

Je suis sidérée. J’ai envie de pleurer.

Beethoven égrène ses mélodies à deux pas de moi. Je me dis que les musiciens ont bien du courage d’offrir cette symphonie à un public si détestable et consommateur.

Commentaires : 

Nat Briegel : Rien n'a change de ce cote la, j'crois bien que c'est même pire qu'avant. Rien de tel qu'une bonne grève surprise dans ces cas la !

Tréboit Franck : J ai assisté à la même scène a l opéra de paris pendant une flûte enchantée pour l ecilogie et alors que le manifestant avait pris soin d intervenir avant même le début du chant au second acte des gens ont hurlé "casse toi tu nous emmerdes" je n ais pas pu identifier les cons qui hurlaient ça ... Mais je me suis dit que tu leur réaction me dégoûtant profondément... Que faire contre ce mépris la ?

Dominique Bonnetain : En 2003, lors des manifestations pour le statut d intermittent, j ai vécu une situation similaire à l opéra de Toulon... c était affreux ... difficile de chanter les dents serrés de peur et de rage...

Médéric Collignon : Dominique Bonnetain Pareil à Vienne avec en plus la division côté artistes sur scène...

Dominique Bonnetain : Médéric oui il y a ça aussi, tu as raison.

Laurent Pla-Tarruella : Finalement la figure du "Bourgeois" existe toujours, cet inculte aux mains pleines qui n’est à l’opéra que pour se représenter en tant que classe sociale. C’est lui, le spectacle, en fait… D’où sa colère !

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Info: Sur le fil FB de Médéric Collignon, 18 mars. Alice Laugier depuis l'Auditorium-Orchestre national de Lyon.

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Ajouté à la BD par miguel