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septénaire

Il faut savoir que la force symbolique vient des Grecs anciens. Pythagore et ses disciples croyaient que le nombre régissait l'Univers. En plus de son célèbre théorème le carré de l'hypoténuse d'un triangle est la somme des carrés des deux autres côtés, le mathématicien et philosophe léguera le fruit de sa réflexion sur les nombres pairs et impairs, les nombres premiers et carrés. D'après ses disciples, Pythagore a élaboré une vision du cosmos qui se reflète sur Terre. S'il y a sept jours dans la semaine, c'est qu'il y a sept planètes dans le système solaire, présidées par sept dieux ( Apollon, Diane, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne... - on en a découvert deux autres depuis).

Les grecs, pour qui la musique était une science au même titre que l'arithmétique, la géométrie et l'astronomie trouvèrent donc naturel qu'il y ait sept notes dans la gamme. Selon Pythagore, le mouvement des planètes produit des sons à partir des nombres harmoniques inaudibles pour l'être humain. Les mêmes harmonies se retrouvent dans la division d'une corde vibrante; l'ouïe en perçoit des intervalles parfaits: octave, quinte et quarte. En combinant ces intervalles à partir de l'octave, les sept planètes trouvent leur écho sonore dans la gamme de sept sons, le huitième étant la répétition du premier dans un registre plus haut.

Ainsi l'ordre cosmique est transposé dans la réalité humaine, rendant accessible cette vérité à la perception sensorielle. Maintenant si le clavier du piano compte sept touches blanches et cinq noires, c'est qu'on a en réalité dans la gamme cinq tons entiers et deux demi-tons. Lorsqu'on divise les tons en demi-tons correspondant aux touches noires, cela donne 12 notes. Mais ces séparations n'existent pas sur les instruments à cordes. Ce qui démontre encore une fois que notre gamme est au départ une convention transmise depuis la nuit des temps. Aurions-nous pu hériter d'une autre gamme? Il y a la gamme pentatonique à 5 notes; les Arabes ont une gamme de 17 notes et celle des Hindous en comporte 24. Or, si la musique orientale sonne étrangement à nos oreilles, c'est qu'on n'en a pas appris le langage. On peut faire l'analogie avec la langue maternelle : si l'on ne saisit pas la musique des autres cultures, c'est qu'on n'en a pas intégré ses bases dans notre tendre enfance. C'est là un des problèmes de la musique contemporaine, d'ailleurs, qui s'applique à défier les habitudes musicales.

Il y a beaucoup plus de similitudes entre les chansons de Céline Dion et la musique de Mozart qu'entre celle-ci et le répertoire du Nouvel Ensemble moderne. Céline et Wolfgang doivent leur célébrité aux mélodies tonales qui respectent parfaitement les conventions de la gamme. Alors que les compositeurs de musique contemporaine, même lorsqu'ils affectionnent les bons vieux instruments de l'orchestre (cordes, cuivres, vents, percussions), s'appliquent à déconstruire la convention tonale. Après avoir enseigné la musicologie pendant 35 ans, je continue de m'étonner de la richesse de cette gamme vieille de 2,5 millénaires. En avons-nous exploré toutes les possibilités? Je ne le crois pas; il y a encore beaucoup de potentiel dans la gamme à 7 notes et à 12 sons. L'imagination des créateurs est sans limites et la musique a besoin de parcourir de nouveaux territoires. Par jeu, par défi ou encore pour vérifier si les Anciens avaient raison... Car les règles du jeu de Pythagore séduisent toujours les artistes contemporains. Des compositeurs comme Karlheinz Stockhausen, György Ligeti et Yannis Xenakis sont tout à fait pythagoriciens.

Auteur: Smoje Dujka

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[ historique ] [ imprégnation culturelle ]

 

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chemin initiatique

L’homme guidé jusqu’à ce point sur le chemin de l’amour contemplera les belles choses dans leur succession et leur ordre exact ; il atteindra le terme suprême de l’amour et soudain il verra une certaine beauté qui par nature est merveilleuse, celle-là même, Socrate, qui était le but de tous ses efforts jusque là, une beauté qui tout d’abord est éternelle, qui ne connaît ni la naissance, ni la mort, ni la croissance ni le déclin, qui ensuite n’est pas belle par un côté et laide par un autre, qui n’est ni belle en ce temps-ci et laide en ce temps-là, ni belle sous tel rapport et laide sous tel autre, ni belle ici et laide ailleurs, en tant que belle pour certains et laide pour d’autres. Et cette beauté ne lui apparaîtra pas comme un visage, ni comme des mains ou rien d’autre qui appartienne au corps, ni non plus comme un discours ni comme une connaissance ; elle ne sera pas non plus située dans quelque chose d’extérieur, par exemple dans un être vivant, dans la terre, dans le ciel ou dans n’importe quoi d’autre. Non, elle lui apparaîtra en elle-même et par elle-même, éternellement jointe à elle-même par l’unicité de sa forme, et toutes les autres choses qui sont belles participent de cette beauté de telle manière que la naissance ou la destruction des autres réalités ne l’accroît ni ne la diminue, elle, en rien, et ne produit aucun effet sur elle. Quand, à partir de ce qui est ici-bas, on s’élève grâce à l’amour bien compris des jeunes gens, et qu’on commence d’apercevoir cette beauté-là, on n’est pas loin de toucher au but. Suivre, en effet, la voie véritable de l’amour, ou y être conduit par un autre, c’est partir, pour commencer, des beautés de ce monde pour aller vers cette beauté-là, s’élever toujours, comme par échelons, en passant d’un seul beau corps à deux, puis de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des actions aux belles sciences, jusqu’à ce que des sciences on en vienne enfin à cette science qui n’est autre que la science du beau, pour connaître enfin la beauté en elle-même.

Tel est dans la vie, mon cher Socrate, me dit l’Etrangère de Mantinée, le moment digne entre tous d’être vécu : celui où l’on contemple la beauté en elle-même. Si tu la vois un jour, elle te paraîtra sans rapport avec la richesse et la parure, avec les beaux enfants et les jeunes gens dont la vue te trouble à présent et te fait accepter, à toi et à bien d’autres, pourvu que vous voyez vos bien-aimés et ne cessiez d’être en leur compagnie, de ne manger ni de boire, si la chose est possible, et de ne plus rien faire que les regarder et que rester près d’eux. Qu’éprouverait donc, à notre avis, un homme qui pourrait voir le beau en lui-même, simple, pur, sans mélange, étranger à l’infection des chairs humaines, des couleurs, de tout fatras mortel, et qui serait en mesure de contempler la beauté divine en elle-même, dans l’unicité de sa forme ? Crois-tu que la vie d’un homme soit banale, quand il a les yeux fixés là-haut, contemple cette beauté par le moyen qu’il faut, et vit en union avec elle ? Ne penses-tu pas, dit-elle, qu’alors seulement, quand il verra la beauté par l’organe qui la rend visible, il pourra enfanter non point des simulacres de vertu, car il ne s’attache pas à un simulacre, mais une vertu véritable, car il s’attache à la vérité ?

Auteur: Platon

Info: Discours attribué à Diotime dans "Le Banquet" de Platon, trad. Paul Vicaire, Les Belles-Lettres, Paris, 1989, 211 a - 212 a

[ révélation ] [ apophatique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

art traditionnel

On peut dire, d’une façon générale, que le théâtre est un symbole de la manifestation, dont il exprime aussi parfaitement que possible le caractère illusoire ; et ce symbolisme peut être envisagé, soit au point de vue de l’acteur, soit à celui du théâtre lui-même. L’acteur est un symbole du "Soi" ou de la personnalité se manifestant par une série indéfinie d’états et de modalités, qui peuvent être considérés comme autant de rôles différents ; et il faut noter l’importance qu’avait l’usage antique du masque pour la parfaite exactitude de ce symbolisme. Sous le masque, en effet, l’acteur demeure lui-même dans tous ses rôles, comme la personnalité est "non-affectée" par toutes ses manifestations ; la suppression du masque, au contraire, oblige l’acteur à modifier sa propre physionomie et semble ainsi altérer en quelque façon son identité essentielle. Cependant, dans tous les cas, l’acteur demeure au fond autre chose que ce qu’il paraît être, de même que la personnalité est autre chose que les multiples états manifestés, qui ne sont que les apparences extérieures et changeantes dont elle se revêt pour réaliser, selon les modes divers qui conviennent à leur nature, les possibilités indéfinies qu’elle contient en elle-même dans la permanente actualité de la non-manifestation. 

Si nous passons à l’autre point de vue, nous pouvons dire que le théâtre est une image du monde : l’un et l’autre sont proprement une "représentation", car le monde lui-même, n’existant que comme conséquence et expression du Principe, dont il dépend essentiellement en tout ce qu’il est, peut être regardé comme symbolisant à sa façon l’ordre principiel, et ce caractère symbolique lui confère d’ailleurs une valeur supérieure à ce qu’il est en lui-même, puisque c’est par là qu’il participe d’un plus haut degré de réalité. En arabe, le théâtre est désigné par le mot tamthîl, qui, comme tous ceux qui dérivent de la même racine mathl, a proprement les sens de ressemblance, comparaison, image ou figure ; et certains théologiens musulmans emploient l’expression âlam tamthîl, qu’on pourrait traduire par "monde figuré" ou par "monde de représentation", pour désigner tout ce qui, dans les Écritures sacrées, est décrit en termes symboliques et ne devant pas être pris au sens littéral. Il est remarquable que certains appliquent notamment cette expression à ce qui concerne les anges et les démons, qui effectivement "représentent" les états supérieurs et inférieurs de l’être, et qui d’ailleurs ne peuvent évidemment être décrits que symboliquement par des termes empruntés au monde sensible ; et, par une coïncidence au moins singulière, on sait, d’autre part, le rôle considérable que jouaient précisément ces anges et ces démons dans le théâtre religieux du moyen âge occidental.

 Le théâtre, en effet, n’est pas forcément borné à représenter le monde humain, c’est-à-dire un seul état de manifestation ; il peut aussi représenter en même temps les mondes supérieurs et inférieurs. Dans les "mystères" du moyen âge, la scène était, pour cette raison, divisée en plusieurs étages correspondant aux différents mondes, généralement répartis suivant la division ternaire : ciel, terre, enfer ; et l’action se jouant simultanément dans ces différentes divisions représentait bien la simultanéité essentielle des états de l’être. Les modernes, ne comprenant plus rien à ce symbolisme, en sont arrivés à regarder comme une "naïveté", pour ne pas dire comme une maladresse, ce qui avait précisément ici le sens le plus profond ; et ce qui est étonnant, c’est la rapidité avec laquelle est venue cette incompréhension, si frappante chez les écrivains du XVIIe siècle ; cette coupure radicale entre la mentalité du moyen âge et celle des temps modernes n’est certes pas une des moindres énigmes de l’histoire.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, pages 188 à 190

[ transposition analogique ] [ historique ] [ signification ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

biologie

La tendance est à l'expression d'une vérité inéluctable. L'avenir de la société sera mis au défi par les virus zoonotiques, une prédiction tout à fait naturelle, notamment parce que l'humanité est un puissant agent de changement, qui est le carburant essentiel de l'évolution. Malgré ces affirmations, j'ai débuté avec l'intention de laisser au lecteur une appréciation plus large des virus : ils ne sont pas simplement des agents pathogènes de la vie. Ce sont des partenaires obligés de la vie et une force formidable de la nature sur notre planète. En contemplant l'océan sous un soleil couchant, pensez à la multitude de particules virales dans chaque millilitre d'eau de mer : en survolant la forêt sauvage, considérez les viromes collectifs de ses habitants vivants. Le nombre impressionnant et la diversité des virus dans notre environnement devrait engendrer en nous une plus grande admiration quant au fait d'être en sécurité parmi ces multitudes que la crainte qu'ils nous fassent du mal.

La médecine personnalisée deviendra bientôt une réalité et la pratique médicale cataloguera et pèsera systématiquement la séquence du génome d'un patient. Peu de temps après, on pourra s'attendre à ce que ces données soient rejointes par les métagénomes viraux et bactériens du patient : l'identité génétique collective du patient sera enregistrée sur une seule impression. Nous découvrirons sans doute que certains de nos passagers viraux sont nocifs pour notre santé, tandis que d'autres sont protecteurs. Mais cette approche des virus que j'espère vous avoir fait apprécier en lisant ces pages n'est pas un exercice de comptabilité. La mise en balance des avantages et des menaces pour l'humanité est une tâche stérile. Le métagénome viral contiendra des fonctionnalités génétiques nouvelles et utiles pour la biomédecine : les virus peuvent devenir des outils biomédicaux essentiels et les phages continueront à s'optimiser peuvent également accélérer le développement de la résistance aux antibiotiques dans l'ère post-antibiotique et les virus émergents peuvent menacer notre complaisance et remettre en question notre société économiquement et socialement. Cependant, la simple comparaison de ces avantages et inconvénients ne rend pas justice aux virus et ne reconnaît pas leur juste place dans la nature.

La vie et les virus sont inséparables. Les virus sont le complément de la vie, parfois dangereux mais toujours beaux dans leur conception. Tous les systèmes de réplication autonomes et autonomes qui génèrent leur propre énergie favoriseront les parasites. Les virus sont les sous-produits incontournables du succès de la vie sur la planète. Nous leur devons notre propre évolution ; les fossiles de beaucoup sont reconnaissables dans les VRE* et les EVE** qui ont certainement été de puissantes influences dans l'évolution de nos ancêtres. Comme les virus et les procaryotes, nous sommes également un patchwork de gènes, acquis par héritage et transfert horizontal de gènes au cours de notre évolution depuis le monde primitif basé sur l'ARN.

On dit souvent que "la beauté est dans l'œil de celui qui regarde". Il s'agit d'une réaction naturelle à un événement visuel : un coucher de soleil, le drapé d'une robe de créateur ou le motif d'une cravate en soie, mais on peut également la trouver dans un vers de poésie, un ustensile de cuisine particulièrement efficace ou même l'efficacité impitoyable d'une arme à feu. Ces derniers sont des reconnaissances uniquement humaines de la beauté du design. Cette même humanité qui nous permet de reconnaître la beauté de la conception évolutive des virus. Ce sont des produits uniques de l'évolution, la conséquence inévitable de la vie, une information génétique égoïste et infectieuse qui puise dans la vie et les lois de la nature pour alimenter l'invention évolutive.

Auteur: Cordingley Michael G.

Info: Viruses: Agents of Evolutionary Invention. *entérocoques, qui sont un des micro-organismes à haut risque de transmissibilité et de développement croisé de résistance aux antibiotiques. Cette résistance aux glycopeptides a également un impact non négligeable, avec le risque redouté de transfert de cette résistance à Staphylococcus aureus, beaucoup plus répandu et pathogène. **ADN fossile ou pseudogènes

[ combat continuel ] [ prospective ] [ bacilles ] [ catalyseurs ]

 

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humeurs

Le discours dominant exalte le culte des émotions.

En témoigne l’aura du signifiant "émotion" dans les médias où la viabilité d’une émission (et même d’une information) se juge au degré d'émotion qu’elle est susceptible de susciter.

Cette dérive s’est propagée jusque dans l'enseignement où "l'émotion" des élèves est valorisée au détriment de leurs connaissances: "ce n'est pas ce que je ressens" est une objection qui autorise désormais l'élève à contredire son prof de philo...

C’est ainsi que par une curieuse rétroversion qui prend le contrepied d’un aboutissement logique de trente siècles de civilisation, on dit désormais se croire vivant "parce qu’on ressent", alors qu’il est connu depuis la haute antiquité que "le ressenti ment" et que les sensations manifestent, par leur fixation dans une signification, un etat de mort psychique, dû au fait que l’é-motion est "status", un mouvement immobilisé, qui s’oppose à la pensée logique, dialectique qui, elle, reste du côté du mouvement, du jeu incessant des métamorphoses et de la vie.

Si l’émotion est devenue à ce point un signifiant-phare du capitalisme de la bien-pensance, c’est que la communion par "les émotions" est ce qui vient se substituer à l’absence de lien social, et si des matchs de football ou des obsèques de vedettes de variétés suscitent tant de ferveur, c’est par l’illusion que ces "événements" montés en épingle nourrissent chez le spectateur l’illusion d’appartenir de plein droit à une communauté organique, le rassurant sur son "identité" toujours en souffrance...

[...]

Le recours aux émotions laisse croire à une vérité d’ordre supérieur qui serait contenue dans la spontanéité, associée à l’authenticité, qui prendrait le pas sur la réflexion et sur la pensée, or ce qui dans nos sociétés infantilisées, se couvre sous le nom trompeur de "spontanéité" n'est en vérité rien d'autre que la propension infantile à se laisser aller à ses impulsions immédiates...

Pour Kant, "se laisser aller à ses impulsions immédiates" est l'indice que nous ne sommes pas libres mais enchaînés au lien causal qui nous relie à la chaîne des causes et des effets.

La spontanéité authentique, telle qu'elle fut redéfinie par l'idéalisme allemand, ne peut pas avoir lieu sans un moment de réflexivité: ce qui semble me venir de l'extérieur ne me détermine que dans la mesure où je l'aurai toujours déjà fait mien, autrement dit les raisons externes (les prétextes à mes actes) ne comptent que si je les "accepte déjà comme miennes", ainsi la détermination de mon sujet par autre chose (cause), que je présente comme extérieure ("ce n’est pas de ma faute...") est toujours déjà une autodétermination de mon sujet lui-même.

C'est ainsi que toute référence à ma nature immédiate ("je suis comme ça, qu'y puis-je...") est fausse, mon rapport à mes propres impulsions ne me détermine que dans la mesure où je les ai déjà reconnues comme miennes, où je les assume comme miennes, voilà pourquoi je suis entièrement responsable de mes actes (et de mes paroles) même si je ne peux jamais en connaître, à l'avance, les conséquences...

Les émotions, comme les sensations, les sentiments, les affects, les perceptions... restent donc à interpréter, de la même manière qu’on interprète un rêve, grâce aux procédés mis à jour par Freud du déplacement, de la condensation, de l’inversion, car si les "émotions" nous trompent, c’est en nous masquant la réalité en tant que Wirklichkeit, en constituant une échappatoire commode, rationnalisante et cependant imaginaire, de ce qui est réellement en jeu à ce moment-là dans le Symbolique, la logique des pensées qui s’enchaînent dans l’inconscient...

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 04.10.2021

[ démystification ] [ alibi du système marchand ] [ fausse innocence ] [ émoi ]

 

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duodécimal

Le nombre douze est extraordinairement passionnant. De par sa souplesse intrinsèque - divisible par 1, 2, 3, 4, 6 et 12 - il correspond, entre autres, aux notes de l'échelle musicale chromatique occidentale. Celle-ci contenant le septénaire de la gamme diatonique, superposé à une gamme pentatonique "off" pour les spécialistes.
Il doit exister quelque part une théorie qui présente cette dernière comme l'échelle musicale humaine - de par son naturel et sa construction en quintes verticales superposées -, alors que la gamme diatonique chère à Bach serait une expression divine, plus riche, qui non seulement contient (ou englobe), la gamme pentatonique... et semble le faire depuis une autre dimension. Un peu comme en cosmologie la matière noire parait enclore (ou enserrer) notre univers visible.

Plus jeune je m'étais amusé à pousser une gamberge un peu dans cette direction, en prenant pour exemple le thème "All Blues" de Miles, au nom prédestiné, ce qui m'avait permis d'inclure le rythme dans le raisonnement. J'en avais produit une conférence qui s'intitulait "Miles Davis, les modes et le symbolisme 7", avant laquelle nous avions joué All Blues en quartette.

Voici les notes que j'en ai conservé

Bonjour, je vais vous parler aujourd'hui de la comparaison d'un thème de Miles (All Blues) avec les modes grecs, et aussi une structure initiatique, probablement issue de la tradition juive, utilisée de nos jours par le new-âge (dans les "dialogue avec l'ange" par exemple). Cette structure nous parle du monde créé et du monde créateur avec l'homme pour point central d'un monde créé en miroir avec un monde créateur. Ange, miroir de l'animal, archange du végétal et Dieu du minéral. Voyez plutôt. On pourrait aussi parler d'ordre d'apparition.

minéral . végétal . animal . homme . ange . archange . Dieu

L'homme, au milieu, est le lien, le pont. (cf "nos cousins l'ange et le singe" de G. Lichtenberg).

On sait que les 7 modes diatoniques - modes grecs - sont souvent classés, dans les cours de musique théorique, par la logique du plus majeur au plus mineur. Modes qu'il faut "entendre" bien sûr, littéralement dans tous les sens du terme.

LYDIEN IONIEN MIXOLYDIEN DORIEN AEOLIEN PHRYGIEN LOCRIEN (mode)

# . . b . bb . bbb . bbbb . bbbbb (armure)

sol . do . fa . sib . mib . lab . réb (tonalité)

En réalité il est beaucoup plus cohérent de les disposer diatoniquement comme ci-dessous, majeurs et mineurs mélangés. Les modes étant en miroir, le dorien étant le mode parfait et récurrent qui commence (et englobe, en quelque sorte) les autres. On retrouve ainsi, au centre, le mode myxolydien (avec son triton et son instabilité, selon les préceptes des théoriciens.) Donc, en superposant avec le schéma précédent on arrive à ceci...

dorien . phrygien . lydien . mixoldien . aeolien . locrien . ionien

minéral . végétal . animal . homme . ange . archange . Dieu

Le thème de Miles "All Blues", avec ce titre qui évoque les problèmes de tous les hommes, possède, dans sa structure, une confluence architecturale étonnante avec la trinité que constituent ces pôles :
1) Le mode Dorien/Dieu
2) L'harmonie sur le mode Mixolydien/Homme
3) La structure rythmique de six mesures de 12/8, ce rythme étant le plus souple, le plus naturel et universel connu.

Essayons de le visualiser un peu mieux Ce thème ALL BLUES

Tonalité et Harmonie

Mélodie . . . . . Harmonie . . . . . . . . Rythme
Ré dorien . . . Sol mixolydien . . . . . 12/8

1 . . . . 2 . . . 3 . . . 4 . . . . 5 . . . 6 . . . 7 . . . 8 . . . 9 . . . 10 . . .11 . . 12 . . . (1)
| .. . .. . | .. . ... . . | . .. . .. . . | . . . . . . . . | .. . . . . .. | . . . . . ... |. ...
RE . . . . . . MI . . . FA . . . . . . SOL . . . . . . LA . . . . . . SI .. . DO . . . . . . (RE)

La mélodie est sur le mode dorien (attracteur 1) .. Matière, Dieu
La tonalité générale sur le mode mixolydien (attracteur 2) Homme
Rythme en 12/8 . . . . . Structure globale, base douze, qui semble tout contenir.


Merci pour votre attention

.

Auteur: MG

Info: Résumé d'une conférence donnée en 2001 à l'EJMA Lausanne

[ sept ] [ spéculation ] [ ésotérisme ] [ base douze ] [ énantiomérie chirale ]

 
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stratégie du capitalisme

Le cul est devenu une silhouette. Et quelle silhouette ! Celle de l'archétype Hollywoodien. Les jeans à l'origine tenue de travail, permettent de camoufler cette promotion mondaine, du derrière. La tenue de vulgarisation Hollywoodienne pourra même être proposé comme mépris de toute sophistication mondaine (constante inversion des significations de la réalité par les signifiants mondains). Hollywood est descendu dans la rue, et les idéologies diront que la jeunesse tourne le dos au passé, qu'elle méprise les modes ! Promotion du derrière : il est devenu enfin une silhouette et celle-ci est celle de la mode. Une matière a pris forme. Ce qui était en puissance est devenu en acte. La sexualité a revêtu la mode. Quelle séduction ! Quel triomphe narcissique ! L'objet lourd, gros, obscène, la femme encombrée de son derrière, culpabilité secrète, pesante, pendante au dos (étalée sur la poitrine) s'efface et devient la silhouette longue, fine, souple, galbée, élégante "sans le vouloir", nonchalante, décontractée. Libre, l'unisexe. Pour revendiquer l'identité, (laquelle ?).

Le couturier vous faisait porter la toilette : toute une civilisation. Et celle-ci s'avérait non seulement incapable de résoudre le problème mais aussi de le poser. Que faire d'un derrière qui révèle, dans le moindre geste, à travers la sexualité, la maternité ? Cet élargissement du bassin, cette disposition de l'os iliaque, qui proclame la fonction de l'espèce en même temps que le désir de la créature ?

Le couturier ne savait comment s'y prendre : le cacher ou le révéler, le révéler en le cachant ? Ce qui s'avérait alors c'est l'ambiguïté du statut de la femme : objet de désir et moyen de reproduction, et à mesure que la bourgeoisie accède à la société civile - à la sphère des besoins - l'idéologie du désir se développe de telle manière que le derrière, moyen de reproduction est de trop (de Rubens, Fragonard, Delacroix, Renoir à Van Dongen et Modigliani)

Le nouveau bourgeois devenu le parfait consommateur ne veut que d'un derrière objet de désir. Le derrière de la pondeuse doit s'effacer pour ne plus être que la silhouette inventée par la libido capitaliste.

Cette opération est réalisée par les blue-jeans. L'eurêka de la mondanité : l'uniforme du désir, l'objectivation de la phallocratie. Voici le nouveau corps prêt à porter, le corps du désir. Les couturiers peuvent aller se rhabiller. Les modélistes doivent se soumettre au modèle. Certes, déjà la mode était descendue dans la rue. L'élégance des modélistes était devenue celle du prêt-à-porter. L'imitation de Chanel pour un dernier combat d'arrière-garde, une banalisation chère. Alors la femme pauvre élégante. La toilette de la femme qui ne peut la porter. Quel style : la prétention petite-bourgeoise de sa maman, affichée, proclamée. La copie de la copie comme bonne tenue respectueuse. Le blue-jeans permet de franchir d'un bond barrières et niveau de l'étiquette bourgeoise, pour revêtir le corps idéal, celui qu'Hollywood a mis si longtemps à forger dans son usine à rêver. Les jeans permettent de passer de la robe modèle au corps modèle. La toilette était valorisante du couturier de la mode. Elle revêtait le corps. Alors que les jeans donnent forme - parfaite - au corps. Le corps réinventé ! Une autre peau. La forme culturelle, d'abord prototype de l'usine à rêver, est reproduite en série. C'est le modèle parfait qui devient prêt-à-porter. Il suffit de l'endosser pour se l'approprier.

Blue-jeans, rêve de femme ! À la portée de toutes, corps parfait revêtu en masse. Enfin une féminité désencombrée de la maternité, le sexe sans la reproduction, le désir sans le mariage et le mariage avec le divorce. Le corps libre, naturel, spontané ! Le corps sans la toilette ! Le corps sans la mode !

C'est toute l'idéologie de la libéralisation qui est endossée avec les jeans. Idéologie sans laquelle ces jeans ne seraient qu'un banal instrument de mode.

Auteur: Clouscard Michel

Info: Le capitalisme de la séduction (1981, 340 p., éditions delga, 2006, p.49, 50, 51)

[ évolution vestimentaire ] [ féminisme ] [ masculinisation vestimentaire ]

 

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spirituel-psychologique

Les archétypes (ou images idéales), au sens où l’entend Platon — et reconnaissons qu’il savait ce qu’il voulait dire par là —, n’appartiennent nullement au domaine psychique ; ils sont au contraire les déterminations primordiales du pur Esprit ; pourtant ils se reflètent d’une certaine manière sur le plan physique, d’abord comme facultés créatrices de formes et ensuite, à un niveau inférieur, dans la représentation sensorielle, comme symboles proprement dits, de sorte que l’on peut, à la rigueur, admettre d’appliquer l’expression “archétype” au domaine psychologique également.

Mais Jung n’entend pas l’“archétype” dans ce sens, puisqu’il le qualifie lui-même de “complexe inné”, en décrivant ses effets sur la psyché de la manière suivante : “La possession par un archétype fait de l’homme un personnage purement collectif, une espèce de masque sous lequel la nature humaine ne peut plus se développer, mais dégénère progressivement”. Comme si un archétype, c’est- à-dire un contenu supra-formel — et donc non limité — du pur Esprit pouvait adhérer à l’âme comme une sangsue ! De quoi s’agit-il en réalité dans le cas de “possession” psychique cité par Jung et qu’il qualifie lui-même de pathologique ? Il s’agit du résultat d’une désagrégation psychique au cours de laquelle une des possibilités contenue dans la forme psychique de l’homme se met à proliférer aux dépens de l’ensemble. Le fait que la forme essentielle de l’âme possède différents aspects nettement différenciés, qui forment néanmoins, normalement, un tout cohérent dont les éléments se complètent mutuellement, n’a strictement rien à voir avec on ne sait quels substrats psychiques irrationnels, ce qui ne saurait échapper qu’à un type de pensée fondé sur une vision du monde limitée et fausse.

Tout homme qui n’est pas infirme sur le plan psychique porte en lui les virtualités psychiques de l’homme et de la femme, du père et de la mère, de l’enfant et du vieillard ; il en possède en principe toutes les propriétés et toutes les “dignités”, liées à son statut d’être humain à proprement parler. Il est en même temps maître et esclave, prêtre, roi, guerrier et artiste, quand bien même aucune de ces prédispositions n’est plus marquée qu’une autre. La féminité fait partie de la vraie virilité, de même que la virilité fait partie de la féminité, et le même principe s’applique à toutes les autres propriétés qui se complètent par leurs contraires.

En tant que vertu — au sens de virtus, force psychique —, une propriété donnée ne peut se manifester qu’en incluant les autres en elle-même. Le phénomène inverse consiste en l’exagération désespérée d’une possibilité psychique aux dépens des autres, qui entraîne une désagrégation et un raidissement intérieur, suscitant cette caricature morale que Jung compare à un masque. [...]

Les véritables archétypes, qui, eux, ne se situent pas sur le plan psychique, ne s’excluent pas les uns les autres ; l’un est toujours compris dans un autre, et l’on peut dire pratiquement la même chose des propriétés psychiques qui les reflètent. Car les archétypes, au sens du mot tel qu’il est compris depuis Platon, sont les sources de l’Être et de la Connaissance, et non, comme le voudrait Jung, des dispositions inconscientes de “l’agir et de l’imaginer”. Le fait que les archétypes ne puissent être saisis par la pensée logique n’a rien à voir avec le caractère obscur et irrationnel de ce prétendu “inconscient collectif’, dont les contenus ne seraient accessibles que d’une manière indirecte, par leurs “éruptions” de surface. Car l’intuition spirituelle, qui n’est pas liée à la pensée logique, peut très bien atteindre les archétypes en partant de leurs symboles.

La théorie d’un héritage psychique qui se mettrait à végéter en prenant la forme d’un “inconscient collectif’ sous la couche supérieure rationnelle de la conscience humaine s’impose d’autant plus facilement qu’elle semble correspondre à l’explication évolutionniste de l’instinct animal ...

Auteur: Burckhardt Titus

Info: Dans "Science moderne et sagesse traditionnelle"

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Ajouté à la BD par Coli Masson

météore

L’astéroïde dévié par une mission de la Nasa est devenu un " tas de décombres " !

Pour la première fois en septembre 2022, un engin spatial, la mission Dart, a frappé un astéroïde, Dimorphos. Objectif : le dévier de sa trajectoire. Mais la collision n’a pas eu que ce seul effet, nous apprennent aujourd’hui des chercheurs. Elle a carrément remodelé la forme de l’astéroïde. 

(EN VIDÉO - Le film capture par Hubble de l’impact de Dart sur l’astéroïde Dimosphos Le 26 septembre 2022, la mission Dart — pour Double Asteroid Redirection Test — s’écrasait...)

En novembre 2021, la Nasa lançait une mission inédite. La mission Double Asteroid Redirection Test, plus connue sous son acronyme Dart. Son objectif : heurter l'astéroïde Dimorphos pour évaluer la capacité de l'humanité à dévier la trajectoire d'un tel objet qui pourrait présenter des risques de collision avec la Terre. Le choc, à grande vitesse et frontal, a bien eu lieu à plusieurs millions de kilomètres. C'était en septembre 2022.

Pour la première fois, l'humanité était parvenue à dévier un astéroïde. Et pas qu'un peu. Avant la collision avec Dart, il fallait à Dimorphos 11 heures et 55 minutes pour faire le tour de son astéroïde parent - car l'objet visé fait partie d'un système binaire. Une modification de cette durée de 73 secondes constituerait un véritable succès, confiaient les scientifiques à ce moment-là. Mais après l'impact, Dimorphos s'était mis à tourner en seulement 11 heures et 23 minutes !

Dart sur Dimorphos, un impact aux lourdes conséquences

Aujourd'hui, la publication de nouveaux résultats de la mission Dart dans la revue Nature Astronomy révèle quelques détails surprenants de l'opération. L'impact - pourtant comparable, en masse, à celui d'une fourmi sur deux bus - ne semble pas seulement avoir laissé un cratère sur l'astéroïde. Dimorphos pourrait en réalité avoir complètement changé de forme.

Quelques semaines après la collision, l'un des pères de la mission et directeur de recherche au CNRS à l'Observatoire de la Côte d'Azur, Patrick Michel, nous confiait avoir pensé un instant que Dart avait pulvérisé Dimorphos. Il n'était donc peut-être pas si loin de la vérité. Car, sur la base de simulations et de différentes observations, les astronomes estiment aujourd'hui que l'astéroïde de quelque 5 millions de tonnes a tout de même perdu dans l'opération environ 20 millions de kilos. C'est l'équivalent de six fusées Saturn V qui ont emmené les astronautes du programme Apollo sur la Lune !

Des simulations qui révèlent la nature de l’astéroïde

Ces résultats, les astronomes les ont obtenus grâce à un algorithme qui a déjà fait ses preuves par ailleurs. Il décompose l'impact entre deux corps en millions de particules dont le comportement est déterminé par l'interaction de diverses variables reconfigurables, telles que la gravité, la densité ou la résistance du matériau de l'astéroïde. En quelque 250 simulations, les chercheurs ont eu tout le loisir de visualiser les effets de variations sur les paramètres qui leur restent inconnus.

En comparant les résultats de toutes ces simulations aux données recueillies par quelques satellites, les télescopes spatiaux James-Webb et Hubble et par des instruments sur le sol terrestre, les chercheurs concluent que  Dimorphos est un astéroïde " tas de décombres " maintenu par une gravité extrêmement faible plutôt que par sa force de cohésion.  De quoi expliquer l'efficacité étonnante de la déviation orbitale provoquée par Dart.

En attendant confirmation, la défense planétaire progresse

Les astronomes s'attendent donc désormais à ce que la mission Hera, menée par l'ESA, l'Agence spatiale européenne, et qui devrait atteindre Dimorphos fin 2026, trouve un astéroïde de forme très différente. Comme si quelqu'un avait mordu dans le M&M's qu'il était avant sa rencontre avec Dart.

Si cela devait se confirmer, les astronomes notent que Dimorphos, comme Ryugu et Bennu semblent finalement présenter un manque de cohésion certain. Alors même que le premier astéroïde est riche en silicates et les deux autres, en carbone. " Il est intrigant d'imaginer que tous les petits astéroïdes manquent de cohésion. Mais ce serait une bonne nouvelle pour la défense planétaire, car si nous connaissons à l'avance la réaction d'un corps, cela facilitera la conception des outils nécessaires à notre protection ", conclut Patrick Michel dans un communiqué de l’ESA.

Auteur: Internet

Info: https://www.futura-sciences.com/, Nathalie Mayer, 28 fév. 2024

[ gravitation faible ]

 

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dédication

Il avait pris comme nom de scène Ching Ling Foo.

Je n’eus qu’une seule occasion d’assister à son numéro, il y a de cela quelques années, a l’Adelphi Theater de Leicester Square. Le spectacle terminé, je gagnai l’entrée des artistes et envoyai ma carte à Ching, qui sans plus attendre m’invita aimablement dans sa loge. Il s’abstint de parler de ses illusions, mais je ne pouvais détacher le regard de l’objet posé près de lui sur un piédestal — son accessoire le plus célèbre : un grand aquarium sphérique à poissons rouges qui, en semblant surgir du néant, marquait le fantastique apogée de son numéro. Ching me proposa d’examiner le bocal, lequel était des plus normaux. Il renfermait au moins une douzaine de poissons ornementaux, tous vivants, et était empli d’eau. Je cherchai à le soulever, car je savais de quelle manière Ching le faisait apparaitre, et je m’ébahis de son poids.

Mon hôte ne dit mot en me voyant aux prises avec l’aquarium. De toute évidence, il se demandait si je connaissais ou non sa technique et répugnait à donner, même à un collègue, le moindre indice susceptible de la trahir. Quant à moi, j’ignorais comment lui révéler que son secret n’en était en effet plus un pour moi, si bien que je tins également ma langue. Je restai en sa compagnie une quinzaine de minutes, qu’il passa assis, à hocher poliment la tête tandis que je le complimentais. A mon arrivée, il avait déjà troqué son costume de scène contre un pantalon foncé et une chemise bleue à rayures, bien qu’il ne se fût pas encore démaquillé. Quand je me levai pour rendre congé, il quitta sa chaise, devant le miroir, afin de me raccompagner a la porte. Il marchait la tête basse, les bras pendants, en trainant les pieds comme si ses jambes l’avaient énormément fait souffrir.

A présent que des années ont passé et que Ching est mort, je puis dévoiler son secret le plus jalousement gardé, un secret dont, cette nuit-là, j’eus le privilège d’entrevoir l’étendue obsessionnelle.

Le célèbre aquarium se trouvait sur scène durant tout le spectacle, prêt à sa soudaine et mystérieuse apparition, habilement dissimulé au public. Ching le portait sous l’ample robe de mandarin qu’il affectionnait, coincé entre les genoux, jusqu’à sa sensationnelle matérialisation - véritable miracle, eût-on dit - à la fin du numéro. Aucun spectateur ne parvint jamais à deviner comment il réalisait ce tour, bien qu’il eût suffi d’un instant de réflexion logique pour percer le mystère.

Mais la logique se trouvait en conflit magique avec elle-même! Le seul endroit où il était possible à Ching de cacher le lourd aquarium était l’intérieur de sa robe, et il était logiquement impossible qu’il l’y mît. Il semblait évident à tout un chacun que Ching Ling Foo, le frêle Chinois, accomplissait son numéro d’une démarche trainante, douloureuse. Lorsqu’il faisait la révérence, pour conclure, il s’appuyait sur son assistante, laquelle le soutenait ensuite tandis qu’il sortait de scène en clopinant.

La réalité était totalement différente. Ching était un homme vigoureux d’une grande force physique,

et porter l’aquarium de cette manière lui était tout à fait possible. Cela dit, la taille et la forme du bocal le contraignaient à traîner les pieds tel un mandarin, mettant son secret en péril, car l’attention se concentrait alors sur sa manière de se déplacer. Donc, pour préserver le mystère, il traina les pieds sa vie durant. Jamais, à aucun moment, chez lui ou dans la rue, de jour ou de nuit, il n’adopta une démarche normale, de crainte que son secret ne fût dévoilé. Telle est la nature de celui qui joue le rôle du sorcier.

Le public sait bien qu’un magicien pratique ses tours des années durant, qu’il répète avec soin chaque numéro, mais peu de gens ont conscience de l’étendue du désir de tromper qu’entretient l’illusionniste : l’apparente contradiction qu’il apporte aux lois de la nature devient une obsession qui gouverne chaque instant de sa vie.

Auteur: Priest Christopher

Info: Le prestige

[ illusionniste ] [ abnégation ] [ magicien ]

 

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