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écrivain-sur-éditeur

Je me fous énormément de ce que l'éditeur peut penser de mes livres. Il n'est pas même question de solliciter son avis.

Son goût est mauvais forcément - autrement il ne ferait pas ce métier de semi-épicier semi-maquereau. Que voulez-vous qu'il connaisse ce Jean-foutre ?

Je suis de l'avis de ce pauvre Élie Faure (juif) : Lorsqu'on demande au conservateur d'un musée d'exposer le meilleur de ses Rembrants, invariablement il choisit le plus mauvais, celui qui répond à ses goûts, à son goût de sale vieux con.

Kif des éditeurs, critiques, et toute cette clique.

Leurs avis sont peut-être utiles en effet aux auteurs merdeux dans leur genre dont ils feraient eux-mêmes à peu près les livres s'ils étaient un peu moins fainéants, mais là s'arrête la compétence des éditeurs, pour la bonne raison qu'il est impossible à un être humain d'excéder son aire psychique... il comprend tout ce qui tombe dans son rayon... tout ce qui le dépasse il l'excècre... ainsi du singe qui tend à massacrer tout ce qu'il ne comprend pas... et tout de suite ! Ainsi le critique, ainsi l'éditeur.

Ce que veut le con c'est un miroir pour son âme de con où il puisse s'admirer - d'où le cinéma et les romans d'immenses tirages - "miroirs pour les âmes du plus grand nombre de cons possibles".

Cette loi vaut aussi pour la psychologie, la graphologie etc...

Comment comprendre ce qui vous dépasse ? Impossible. Alors en avant pour le bla-bla-bla...!

Il y a moins de fous qu'on le pense écrivait Vauvernagues, il y a surtout des gens qui ne se comprennent pas. Pardi !

Quant à l'éditeur au surplus il est abruti par tout ce qu'il lit, qu'il se croit obligé de lire.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Lettre à Milton Hindus, 28/07/1947

[ vacheries ] [ stupides ] [ limites ] [ commerciaux ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

M. Émile Zola croit qu'on peut être un grand artiste en fange comme on est un grand artiste en marbre. Sa spécialité, à lui, c'est la fange. Il croit qu'il peut y avoir très bien un Michel-Ange de la crotte…

Certes, je ne suis pas assez bête pour parler morale à M. Zola, dans les livres de qui la morale est muette et n'a jamais dit un mot ni poussé un cri, parmi les horreurs qu'il se délecte à y retracer… Je ne veux lui objecter que de la littérature, quoiqu'il semble, dans son Assommoir, sorti autant de la littérature que de la morale…

C'est un homme d'art et d'étude, dit-il en parlant de lui-même. D'étude, et d'étude acharnée, je le crois, mais d'art ?… Son art est faux et singulièrement raccourci. Tout est en volonté chez lui, et il n'y a que l'inspiration qui fasse de l'art vrai et profond. La volonté, la réflexion, l'effort, font de l'art tourmenté, rien de plus. Le sculpteur Préault disait un mot charmant : “La réflexion, c'est une bibliothèque…” Je ne crois qu'aux favoris de Dieu.

[…] L'homme de L'Assommoir est le dernier mot du réalisme, mais ce dernier mot ne se répéterait pas… Quand on a épuisé la poétique du Laid de Hugo et la poétique du Dégoûtant de M. Zola ; quand on s'est encanaillé, soi et son talent, avec cette furie; quand on a trifouillé à ce point les quinzièmes dessous de la crapule humaine et qu'on est entré dans les égouts sociaux sans bottes de vidangeur – car M. Zola ne vidange pas : il assainirait ! et il n'assainit pas : il se contente d'empester – où pourrait-on bien aller encore, et quelle marche d'infamie et de saletés resterait à descendre ? … La boue, ce n'est pas infini !

Auteur: Barbey d'Aurevilly Jules

Info: Les Œuvres et les Hommes (3e série) – XVIII. Le roman contemporain, Paris, Lemerre, 1902, p. 231, 238 et 239

[ vacheries ] [ réquisitoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

séparation

Le train est entré en gare. Je n’étais plus très sûr de mon aventure quand j’ai vu la machine. Je l’ai embrassée Molly avec tout ce que j’avais encore de courage dans la carcasse. J’avais de la peine, de la vraie, pour une fois, pour tout le monde, pour moi, pour elle, pour tous les hommes.

C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.

Des années ont passé depuis ce départ et puis des années encore… J’ai écrit souvent à Detroit et puis ailleurs à toutes les adresses dont je me souvenais et où l’on pouvait la connaître, la suivre Molly. Jamais je n’ai reçu de réponse.

La Maison est fermée à présent. C’est tout ce que j’ai pu savoir. Bonne, admirable Molly, je veux si elle peut encore me lire, d’un endroit que je ne connais pas, qu’elle sache bien que je n’ai pas changé pour elle, que je l’aime encore et toujours, à ma manière, qu’elle peut venir ici quand elle voudra partager mon pain et ma furtive destinée. Si elle n’est plus belle, eh bien tant pis ! Nous nous arrangerons ! J’ai gardé tant de beauté d’elle en moi, si vivace, si chaude que j’en ai bien pour tous les deux et pour au moins vingt ans encore, le temps d’en finir.

Pour la quitter il m’a fallu certes bien de la folie et d’une sale et froide espèce. Tout de même, j’ai défendu mon âme jusqu’à présent et si la mort, demain, venait me prendre, je ne serais, j’en suis certain, jamais tout à fait aussi froid, vilain, aussi lourd que les autres, tant de gentillesse et de rêve Molly m’a fait cadeau dans le cours de ces quelques mois d’Amérique..

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Voyage au bout de la nuit. Selon Lucette Almansor Molly est un personnage qui représente Elizabeth Craig, son grand amour parti en Amérique, à qui il dédicaça "Voyage au bout..."

[ couple ] [ regrets ] [ tristesse ] [ rupture ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

femmes-hommes

La science de l'urinoir.
[...] Si vous avez lu le superbe tome 3 de cette série, vous savez tout du rapport des femmes avec les WC, tant est répandue la peur de poser ses fesses sur des toilettes inconnues. [...]
Qu'en est-il des hommes ?
L'homme n'a pas, pour ce qui est de la miction, le même problème que la femme : il n'y a pas de contact avec la lunette suspecte.
Vous me direz : 'Oui, mais l'homme touche son zboub !' C'est sale aussi. Eh bien là, il y a deux écoles :
1) Ceux qui disent que tout ce qui est au niveau du bassin est un nid à bactéries.
-> Il faut se laver les mains après être allé aux WC.
2) Et ceux qui disent : 'Le zizi, c'est de la peau, protégée par un slip. Le zboub n'est donc pas plus sale qu'une MAIN (et puis, on dit généralement que l'urine est stérile).'
En fait, niveau hygiène, c'est entre les deux écoles.
Mais ce n'est pas un souci de propreté qui bloque l'homme dans les WC publics.
C'est plus psychologique.
Stressés par la présence d'autres personnes, 90% des hommes se retrouvent atteints de 'parurésie', autrement appelée 'trouble de la vessie timide'.
[...]
Autant, chez les femmes, les WC sont un lieu de proximité, une véritable petite ruche...
autant, chez les hommes, ça ressemble plus à une réunion de gnous au bord d'un point d'eau rempli de crocodiles.
On a démontré que les hommes, dans les WC, instaurent une 'bonne conduite tacite' : on reste discret, on s'occupe de soi, on fait pas chier, on ne croise pas le regard de l'autre pour ne pas être pris pour un pervers... et provoquer l'agressivité des autres.
[et voilà pourquoi certains 'oublient' de se laver les mains en sortant, surtout s'ils sont beaux, célèbres, talentueux et hétéros...]

Auteur: Montaigne Marion

Info: Tu mourras moins bête, tome 4 : Professeur Moustache étale sa science, p. 113-118

[ water-closets ] [ cabinets ] [ chiottes ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Balzac n'a jamais réussi à dominer son penchant le plus détestable: son snobisme; si conscient qu'il ait du être de sa puérilité et de son ridicule. L'homme qui a créé l'oeuvre la plus monumentale de son siècle et qui eût pu passer devant les princes et les rois avec la même indépendance que Beethoven, est affecté d'un respect maniaque pour l'aristocratie. Une lettre d'une duchesse du faubourg Saint-Germain a pour lui plus de poids qu'un éloge de Goethe... Par un inconcevable paradoxe, pour "s'élever" à ces hautes sphères il va s'avilir sa vie durant, pour vivre dans le luxe il va se river à la galère du travail, pour se présenter avec élégance se rendre ridicule ...  (...)

Petit-fils de paysans, fils de bourgeois, incurable roturier, Balzac a une telle corpulence qu'il ne saurait, rien que pour cela, espérer se donner une silhouette et une allure aristocratiques. Il n'est pas de tailleur de la cour,... qui puisse faire parâitre distingué ce gras plébéien aux joues rouges, taillé à la hache, qui parle fort et sans discontinuer et s'introduit dans tous les groupes pour y éclater comme un boulet de canon. Il a un tempérament bien trop exubérant, bien trop excessif pour s'adapter à des manières discrètes et retenues... Les couleurs de son habit et de son pantalon jurent ensemble, et à quoi sert le lorgnon d'or si les ongles des doigts qui le tiennent sont sales, si les lacets de souliers se balancent dénoués sur les bas de soie; à quoi sert le jabot si la graisse dont la crinière est empommadée dégoutte dessus dès qu'elle subit l'éffet de la chaleur ? Balzac porte son élégance qui, par suite de la vulgarité de ses goûts, vise de plus en plus à la pompe, et à l'extravagance, comme un laquais sa livrée...Sur lui ce qui est cher semble de la camelote...

Auteur: Zweig Stefan

Info: Balzac : Le roman de sa vie, pp.162-166

[ portrait ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

vocabulaire

Je nettoie les mots.
Je les ramasse la nuit, partout :
Le mot forêt, le mot maison, le mot fleur.
Je m’occupe d’eux pendant la journée
Quand je rêve éveillé.

Le mot solitude me tient compagnie.

Chaque mot a besoin d’être nettoyé et caressé :
Le mot ciel, le mot nuage, le mot mer.
Certains doivent être lavés,
Il faut même les gratter de la saleté des jours et des abus.
Beaucoup de mots arrivent malades,
D’autres arrivent tout simplement usés, déguisés,
Pliés sous le poids des choses qu’ils traînent derrière eux.

Le mot pierre pèse aussi lourd qu’une pierre.
Le mot rose répand son parfum dans l’air.
Le mot arbre a des feuilles, de grandes branches,
Et on peut se reposer à l’ombre de son feuillage.
Le mot chat enfonce ses ongles dans le tapis.
Le mot oiseau ouvre ses ailes pour s’envoler.
Le mot cœur n’arrête pas de battre.
On écoute le mot chanson.

Le mot vent fait voler les papiers et il faut l’enfermer dans la cave
À la fin tous les mots se tournent vers la lumière
Et s’envolent bien loin, légers, nés de ma main une fois de plus :

Le mot étoile, le mot île, le mot pain.

Le mot merci me remercie. Les autres ne le font pas.
Le mot au revoir fait ses adieux.
Les autres sont partis, mots à la surface lisse et lavée,
Comme les cailloux de la rivière :
Le mot jalousie, le mot colère, le mot froid.

Ils partent à la recherche de ceux qui souhaitent les prononcer.
Il suffit de tendre la main
Pour cueillir le mot bateau ou le mot amour.

Je nettoie les mots.
Le mot coquille, le mot lune, le mot mot.
Je les ramasse la nuit, je m’en occupe pendant la journée.
Le mot cuisinier cuisine mon dîner.
Le mot brise me rafraîchit.
Et le mot solitude me tient compagnie.

Auteur: Magalhaes Alvaro

Info:

[ poème ] [ termes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

scène de ménage

Chez les hommes, les mensonges collectifs sont un moyen familier pour sauver la face. Colin Turnbull a décrit un magnifique exemple chez les pygmées Bambutti du Congo. Chez ces hommes de la forêt, ce sont toujours les femmes qui construisent les huttes, ce qui leur permet de montrer leurs désaccords au cours de disputes conjugales en démolissant une partie de la maison. Habituellement, le mari laisse tomber lorsqu'une dispute atteint ce niveau. Une fois, cependant, un homme particulièrement obstiné n'a pas arrêté sa femme et a même fait remarquer à tout le campement qu'elle allait avoir terriblement froid cette nuit-là. Pour éviter la honte, la femme devait continuer sa destruction. Lentement elle a commencé à retirer les bâtons qui formaient la charpente de la hutte. Elle était en larmes parce que, selon l'anthropologue, l'étape suivante devait l'amener à rassembler ses affaires et à retourner chez ses parents. L'homme avait l'air aussi malheureux. Il est clair que la situation commençait à leur échapper, et pour tout aggraver, le campement tout entier était sorti pour regarder. Soudain, le visage de l'homme s'est éclairé et il a dit à la femme qu'elle pouvait laisser les bâtons : seules les feuilles étaient sales. Elle l'a regardé d'un air intrigué, puis elle a compris. Ensemble, ils ont porté les feuilles jusqu'à la rivière et les ont lavées. Tous deux étaient de bien meilleure humeur lorsque la femme a remis les feuilles sur la hutte, et l'homme est parti chasser pour déjeuner. Selon Turnbull, bien que personne n'ait cru au mensonge que la femme ait retiré les feuilles parce qu'elles étaient sales, tout le monde avait joué le jeu. "Pendant plusieurs jours les femmes ont parlé poliment des insectes qui se trouvaient dans les feuilles de leurs huttes, et ont amené quelques feuilles à la rivière pour les laver, comme s'il s'agissait d'un précédé parfaitement normal. Je ne l'ai jamais vu faire avant ni depuis."

Auteur: Waal Frans de

Info: De la réconciliation chez les primates

[ réconciliation ] [ Afrique ] [ femmes-hommes ]

 

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dialogue

- Hé, où allez-vous ? demanda-t-il ?
- Je rentre chez moi, dis-je sans me retourner. Je l'entendis courir derrière moi.
- Pourquoi ?
- Parce que tu es trop nul, mon petit gars. Va donc faire du violon, ça fera plaisir à tes parents. En plus, je ne supporte pas ton attitude. Et si moi je ne la supporte pas, je vois mal comment tu pourrais un jour t'imposer comme meneur dans une équipe. Bouger un peu ton cul de pleurnichard pour devenir un quarterback.
(...) Mais tu es un sale petit con et j'aimerais t'aider à comprendre pourquoi tu es comme ça.
Il respira un grand coup, tremblant, désemparé.
- Va te faire enculer, mon pote, dit-il d'une voix qui annonçait les larmes.
- C'est déjà fait. Je me suis fait enculer en acceptant de te rencontrer.
- Je n'ai rien à voir là-dedans, dit-il, contrôlant sa voix avec difficulté.
- C'est là que tu te trompes, Bernard, dis-je, prêt à porter le coup de grâce mais la mort dans l'âme tandis que ma voix se faisait plus froide et plus cinglante. J'ai rarement vu de gosse aussi mal dans sa peau de toute mon existence. Et je sais déjà une chose, à ton sujet, alors que je ne te connais que depuis cinq minutes. C'est que tu n'as aucun ami dans ce foutu monde. On doit se sentir seul pendant l'hiver, là-bas, à Phillips Exeter, non, Bernard ? Est-ce qu'ils te cherchent ? Je sais que tu es rejeté, mais est-ce qu'en plus tu leur sers de tête de Turc, Bernard ? Est-ce que ta vie là-bas ressemble à un cauchemar ? Est-ce qu'ils te molestent, Bernard ? Vois-tu, je connais bien les garçons et je sais comment ils traitent les inadaptés. Comment s'appelle ton copain, Bernard ? Dis-moi son nom.
Il se mit à pleurer, tenta de ravaler ses larmes, mais elles jaillirent de ses yeux comme le flot trop puissant par-dessus la digue.

Auteur: Conroy Pat

Info: Le Prince des Marées

[ violence ] [ éducation ] [ attaque ]

 

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psychothérapies

Le Discours de l'Analyste n'est pas le discours tenu par des psychanalystes, (la plupart des soi-disant "psychanalystes" n’ont pas la moindre idée de ce qu’implique de décisif dans le rapport du sujet au réel la structure appelée "Discours de l’Analyste"; pour l'écoute analytique, ce n'est pas le sujet qui tient un discours, mais un Discours qui "tient" le sujet, le sujet entendu au sens lacanien (noté $) ne parle pas, ça parle de lui, et c'est par là qu'il s'appréhende (raison pour laquelle s’il y a bien un sujet de l'inconscient, il n’y a pas d'inconscient du sujet…)

Pour approcher le genre de relation que la théorie analytique entretient avec la psychologie — qui ne répond pas du Discours de l’Analyste, mais du Discours du Maître ou de ses succédanés —, si nous prenons par exemple la locution "ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain": pour le psychologue arrimé au sens commun, voire au "bon sens", les choses se présentent dans une perspective apparemment simple, et même simpliste: il s'agit d'évacuer l'eau sale (symptômes, phobies, tics, tocs, etc.) et de garder le bébé (le moi) aussi propre que possible, débarrassé de ses souillures…

Dans la cure psychanalytique, c'est l'exact contraire, il s'agit de "jeter" le bébé (mettre en "suspens" le moi de l'analysant) et garder l’eau du bain afin que le patient puisse se confronter lui-même à son "eau sale" (ses symptômes, ses fantasmes…) à travers quoi s'organise une certaine jouissance, le plus souvent ruineuse, par lui-même ignorée.

Pour le dire autrement, le principe de l'association libre, de l’interprétation et de la scansion propres à la psychanalyse, permet une mise en suspension du moi de l'analysant (sa "maîtrise" — ou plutôt son illusion de maîtrise!) de façon à ce que "l'eau sale" de la jouissance puisse lui arriver aux oreilles, charriée par sa propre parole, que le psychanalyste s’est engagé à entendre…

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 23.06.2021

[ différences ] [ révélation ] [ inversion ]

 

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cognition

Cependant, des questions se posent. Existe-t-il des gens qui ne soient pas de naïfs réalistes, ou des situations particulières lors desquelles le réalisme naïf disparaît ?
Ma théorie - celle de l'auto-modélisation de la subjectivité - prédit que dès qu'une représentation consciente devient opaque (c'est-à-dire dès qu'on la vit comme une représentation), on perd le réalisme naïf. Cela se produit chaque fois qu'à l'aide d'autres représentations de second ordre nous prenons conscience du processus de construction - de toutes les ambiguïtés et étapes dynamiques précédant l'état stable qui émerge à la fin.
Ou autrement, si cette fenêtre est sale ou fissurée, nous nous rendons immédiatement compte que la perception consciente n'est qu'une interface et prenons conscience du médium lui-même.
En clair, si le livre entre vos mains devient moins transparent, vous le ressentirez comme un état d'esprit plutôt que comme un élément du monde extérieur. Vous douterez même de son existence indépendante. Ce sera plus comme une pensée de livre qu'une perception de livre. C'est précisément ce qui se produit dans diverses situations - par exemple lors d'hallucinations visuelles au cours desquelles le patient est conscient d'halluciner, ou lors d'illusions d'optique ordinaires lorsque nous réalisons que nous ne sommes pas en contact véritable avec la réalité.
Si on pouvait consciemment faire l'expérience des premières étapes du traitement de la représentation du livre qu'on a entre les mains l'image deviendrait probablement instable et ambiguë, elle commencerait à respirer et à bouger légèrement. Sa surface deviendrait irisée, scintillant simultanément de couleurs différentes. Immédiatement on se demandera si ça peut être un rêve, si nos yeux ont un problème, ou si quelqu'un a mélangé un puissant hallucinogène à notre boisson.
Un segment du mur du tunnel de l'Ego a perdu sa transparence et la nature auto-construite du flux global de l'expérience a surgi. De manière non conceptuelle et entièrement non théorique, on comprend soudain, mieux que jamais, le fait que ce monde, en ce moment même, n'apparaît qu'à nous.

Auteur: Metzinger Thomas

Info: Le Tunnel de l'Ego : Science de l'esprit et mythe du moi

[ psyché ]

 

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