Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 386
Temps de recherche: 0.0609s

dernières paroles

Je suis désolé d'en arriver là.
Je ne vais pas mieux et n'irai pas mieux.
Votre vie se passera mieux, je ne veux pas être une charge
J'ai vraiment essayé de tenir, depuis plus d'une décade maintenant.
Chaque jour a été un testament dans la mesure où je me suis soucié de subir cette horreur ineffable aussi tranquillement que possible afin que vous puissiez sentir comme si j'étais toujours là pour vous. En vérité, j'étais rien de plus qu'un truc vertical remplissant l'espace pour que mon absence ne soit pas notée. En vérité, je suis absent depuis longtemps.
Mon corps n'est plus qu'une cage, une source de peines et de problèmes constants. Et la médecine est restée impuissante.
Vous ne devez pas vous blâmer vous-même. La simple vérité est celle-ci : Lors de mon premier déploiement, on m'a fait participer à des choses dont l'énormité est dure à décrire. Crimes de guerre, crimes contre l'humanité. Quoique je n'y ai pas participé volontairement et que j'ai fait de mon mieux pour arrêter ces événements, il y a des choses dont personne ne peut revenir. J'y ai pris une certaine fierté en réalité, donc avancer dans la vie après avoir participé à de telles choses serait la marque d'un sociopathe. Ces choses vont bien plus loin de ce que les gens sont conscients en général.
Non seulement j'y ai participé mais j'ai participé à cacher ces faits... et ensuite le gouvernement m'a abandonné. (...)
Est-ce un étonnement quand les derniers chiffres montrent que 22 vétérans se suicident chaque jour ? C'est plus que d'enfants tués à Sandy Hook chaque jour. Où sont les initiatives politiques ? Pourquoi le président n'est-il pas debout avec ces familles ? Peut-être parce qu'ils ne sont pas tués par un lunatique isolé, mais plutôt par son propre système de déshumanisation, de négligence et d'indifférence.
J'ai essayé de remplir le vide, de me mettre en position de pouvoir faire quelque chose...
Alors j'ai essayé de remplacer la destruction par la création. Pour un peu de temps cela a fourni une distraction, mais cela ne pouvait pas durer. Le fait est que n'importe quelle vie ordinaire est une insulte à ceux qui sont morts de ma main. Comment puis-je continuer de vivre ? Tandis que les veuves et les orphelins que j'ai créés continuent à lutter ? S'ils pouvaient me voir être assis ici en banlieue, dans ma confortable maison, en train de faire des projets de musique, ils seraient outragés, ce qui est normal.
La dernière pensée qui m'est arrivée est un en quelque celle d'une mission finale. Il est vrai que j'ai constaté que je suis capable de trouver une sorte de sursis en faisant les choses qui sont dignes d'intérêt à l'échelle de la vie et de la mort. Alors que c'est une pensée agréable d'envisager faire quelque cjhose de bien avec mes compétences, mon expérience et mon instinct de tueur, la vérité est que ce n'est pas réaliste. D'abord, il y a la logistique de financement des conséquences de ma propre opération, et puis il y a la quasi-certitude d'incidents internationaux horribles et mortels à venir, qui seront expliqués ensuite comme "terroriste" par les médias. Ce qui me stoppe vraiment, c'est que je suis simplement trop malade pour être efficace. Cela aussi m'a été enlevé. (...)
C'est ce qui m'a amené à ma mission finale réelle. Pas un suicide, mais une euthanasie. Je sais tuer et je sais le faire pour que cela soit sans douleur. Ce fut rapide et je n'ai pas souffert. Et par-dessus tout, maintenant je suis libre. Je ne ressens plus de douleur, je n'ai plus de cauchemars, de retours en arrière ou d'hallucinations. Je ne suis plus constamment déprimé, apeuré ou inquiet.
Je suis libre
C'est la meilleure solution et je veux que vous soyez heureux pour moi pour cette raison.

Auteur: Somers Daniel

Info:

[ suicide ]

 

Commentaires: 0

palier évolutif

On a le coupable de la chute dramatique en oxygène survenue dans les océans il y a 94 millions d’années

Il y a 94 millions d’années, la vie marine connaissait une période difficile. De nombreuses espèces disparaissent, sous l’effet de l’appauvrissement en oxygène du milieu océanique. Si l’activité volcanique était déjà suspectée comme étant la cause de cette crise, le véritable coupable vient d’être clairement identifié.

On sait à quel point atmosphère et océan sont deux milieux étroitement liés et dépendants. Ainsi, toute perturbation climatique se répercute d'une manière ou d'une autre sur le milieu marin. C'est ainsi que l’on observe actuellement une acidification des océans, en réponse au réchauffement climatique.

Dans son histoire, la Terre a connu de nombreuses fluctuations environnementales de ce type, certains événements particulièrement sévères ayant mené à des crises biologiques, voire à des extinctions de masse. Hormis la crise actuelle qui est causée par les activités humaines, toutes les autres trouvent leur origine dans des combinaisons de paramètres naturels (volcanisme, variations de l’orbite terrestre, agencement des continents...).

La formation des grands plateaux volcaniques souvent à l’origine des crises biologiques

Des épisodes de volcanisme intense, marqués par l’effusion de gigantesques volumes de lave sur plusieurs dizaines de milliers d’années, sont souvent à l’origine de ces bouleversements climatiques. La formation de ces grands plateaux basaltiques que l'on appelle des LIP (Large Igneous Province) émet en effet de grandes quantités de CO2, qui vont au fil du temps s'accumuler dans l'atmosphère, entraînant un réchauffement global du climat et une perturbation du cycle du carbone. Cette hausse des températures engendre ainsi une augmentation des processus d'érosion des roches continentales, et donc un apport en nutriments plus important dans l'océan. Dopée par cet apport nutritif, la productivité organique de l'océan augmente. Algues et micro-organismes se développent en masse. De grandes quantités de matière organique vont alors commencer à se déposer dans le fond des océans. Et cela ne va pas être sans conséquence sur l'environnement marin. La dégradation de toute cette matière organique par les bactéries va en effet entraîner une forte consommation de l'oxygène. Peu à peu, la teneur en O2 de l'océan baisse et des zones anoxiques (sans oxygène) commencent à se former. Or, sans oxygène, pas de vie, même dans les océans.

Ces événements anoxiques océaniques sont ainsi souvent associés à des extinctions de masse dans le domaine marin. On les identifie dans les séries sédimentaires par la présence de strates de couleur noire car chargées en matière organique, et par l'absence de faune benthique normalement typique de cet environnement. Ces conditions peuvent perdurer plusieurs milliers d'années.

Une sévère extinction dans les océans il y a 94 millions d’années

Le Crétacé est marqué par deux grands épisodes de ce type. Notés OAE 1 et OAE 2 (OAE pour Oceanic Anoxic Event), ils se sont produits respectivement il y a 120 et 94 millions d'années. Le second événement anoxique, qui marque la limite entre le Cénomanien et le Turonien, est ainsi caractérisé par une extinction de masse particulièrement sévère dans le milieu marin. Les célèbres ichtyosaures et presque tous les pliosaures disparaissent à ce moment-là. Si le rôle des volcans dans l'origine de cet événement dramatique est depuis longtemps suggéré, la source exacte restait débattue. Jusqu'à présent, deux suspects potentiels étaient proposés : le LIP des Caraïbes et le LIP de l'Extrême-Arctique. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature communications, pointe cependant du doigt un autre coupable.

(Photo : carte présentant la paléogéographie au milieu du crétacé)$

L'analyse géochimique et isotopique de sédiments prélevés dans le bassin de Mentelle au large de l'Australie révèle en effet que l'Événement anoxique océanique 2 (OAE 2), survenu il y a 94 millions d'années, serait lié à l'activité éruptive du plateau océanique de Kerguelen, qui serait arrivé à l'émersion à ce moment-là.

Bien que les causes de cet événement soient totalement différentes de celles de la crise climatique actuelle, comprendre les origines et les mécanismes de ces crises passées est essentiel pour anticiper au mieux l'évolution de notre environnement.

Auteur: Internet

Info: https://www.futura-sciences.com/ Morgane Gilliard, 20 juin 2024

[ crétacique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

homme-animal

Les dauphins ne dorment que d’un oeil
Les dauphins ont développé un remarquable mécanisme d’adaptation au milieu océanique qui leur permet de ne faire "dormir" qu’une moitié de leur cerveau à la fois.
"Chez le dauphin, la respiration est un acte volontaire, et non réflexe, comme chez l’homme (un dauphin anesthésié meurt).
Pour arriver ainsi à "dormir tout en restant éveillé", le dauphin "éteint" un de ses hémisphères cérébraux, tandis que l’autre moitié du cerveau assure le contrôle des fonctions vitales et, en premier lieu, la respiration, explique Jon Kershaw, responsable animalier au parc Marineland, à Antibes.
Durant ces périodes de sommeil dit "unihémisphérique", le métabolisme se ralentit et le cétacé ne bouge quasiment plus. les dauphins endormis peuvent ainsi être aperçus, flottants à la surface, un oeil ouvert et une nageoire qui dépasse de l’eau. Ensuite, ils changent de côté, "déconnectent" l’autre moitié de leur cerveau et ferment l’autre oeil.
Le "demi-cerveau" éveillé peut ainsi assurer la position idéale du corps pour se maintenir en surface et contrôler l’ouverture/fermeture de l’évent.
Ce "sommeil unilatéral" a pu être établi en laboratoire. Les chercheurs ont pu mesurer des ondes cérébrales lentes sur l’hémisphère "endormi", tandis que l’autre restait éveillé (ondes rapides). Vingt minutes plus tard, le schéma s’inversait.
Les dauphins dorment environ huit heures par jour de cette façon, par tranches de quelques minutes à deux heures. "En fait, on ne sait pas vraiment s’ils dorment ou s’ils se reposent tout simplement car dès qu’on arrive, les dauphins se réveillent d’un coup, pas comme les otaries qui émergent plus difficilement", souligne Jon Kershaw.
En captivité, les soigneurs du Marineland peuvent observer ces phases de demi-sommeil, notamment lors des périodes de surveillance de nuit lorsqu’un bébé est né chez les dauphins Tursiops du parc. "On les voit doucement dériver à la surface du bassin, surtout entre deux heures et cinq heures du matin", poursuit le responsable.
Une récente étude de neurobiologistes de l’université de Californie (UCLA) a montré que les jeunes dauphins, eux, restent éveillés 24 heures sur 24 durant leurs premières semaines. Les mères surveillent en continu les petits et ne dorment donc pas non plus. Un constat qui va à l’encontre des théories admises jusqu’à ce jour sur le sommeil et le développement des mammifères qui sont de gros dormeurs à la naissance.
Il faudra plusieurs mois pour que le bébé dauphin adopte le rythme de vie normal des cétacés, soit cinq à huit heures de sommeil par jour, et que la maman insomniaque puisse enfin s’accorder quelques moments de repos.
Cette adaptation écologique des mammifères marins est remarquable. L'évolution a dû choisir entre le dilemme de rester éveillé pour respirer ou de mourir en dormant. Chez la baleine globicéphale, certains dauphins d'eau douce ou de milieu marin et chez un sirénien (dugong), le sommeil est unilatéral. L'EEG d'un hémisphère présente des ondes lentes alors que l'oeil controlatéral est fermé, tandis que l'EEG de l'autre hémisphère présente une activité rapide caractéristique (et que l'oeil controlatéral est ouvert). En général, un épisode de sommeil unilatéral dure 20 à 30 minutes et vice versa. Ces animaux peuvent ainsi contrôler leur respiration avec l'hémisphère éveillé. Bien qu'ils présentent des signes de sommeil unilatéraux évidents au point de vue EEG, les dauphins peuvent continuer à nager et ils n'arrêtent jamais leurs mouvements.
Il n'a pas été possible de prouver l'existence de sommeil paradoxal chez les dauphins. Cependant, on peut se demander si des périodes de sommeil paradoxal unilatérales ne pourraient pas coexister avec un éveil controlatéral car les autres signes spécifiques du sommeil paradoxal pourraient ne pas apparaître chez ces animaux qui n'ont pas de mouvements oculaires. L'absence possible de sommeil paradoxal chez les cétacé représente une des énigmes les plus importantes de la phylogenèse du sommeil. Il ne semble pas que cela soit dû à la niche écologique où vit le dauphin puisque le sommeil paradoxal peut être présent chez certains phoques quand ils dorment, non seulement à terre mais aussi dans l'eau.

Auteur: Internet

Info:

[ assoupis ] [ songes ]

 

Commentaires: 0

question

Stephen Paddock, le papy du futur ?
La tuerie de Las Vegas préfigure peut-être une nouvelle criminalité, celle des vieux et des malades qui n’ont rien à perdre dans une société du tout juridique où la morale n’a plus d’effet.
Stephen Craig Paddock, le tueur de Las Vegas, était trop vieux, trop riche, trop indifférent à la religion, à la politique - et même aux armes à feu - pour que son geste soit intelligible selon les grilles d’interprétation ordinaires. Et loin d’être un fou ou un être isolé, il était "normal", il avait une famille et une fiancée. Il n’avait d’ailleurs pas le moindre antécédent judiciaire. Angoissée par cette absence de sens, la presse chercha dans ses gènes l’explication de son massacre : son père avait été un gangster. Mais cette hypothèse loufoque ne satisfit personne. On prêta très peu d’attention au fait qu’il choisit de tuer des jeunes gens qui écoutaient un concert de musique country, celle que l’affreux retraité adorait. Des jeunes, donc, auxquels il aurait pu s’identifier. Comme si, au crépuscule de sa vie, il regrettait tant de quitter ses joies et ses délices qu’il en devint hargneux et envieux au point de vouloir éliminer ceux qui avaient devant eux de longues décennies pour en profiter.
Peut-être avait-il choisi d’en finir avec sa propre existence, ne supportant pas la vieillesse ou une maladie grave. Mais avant, Paddock voulait assouvir sa haine envers les jeunes bienheureux.
Cette hypothèse serait terrifiante si on la prenait non pas comme l’explication de l’acte isolé d’un homme mais comme une nouvelle manière d’appréhender nos rapports aux normes. En effet, que se passerait-il si la seule contrainte que nous ressentions était celle de la loi, si nous nous détachions complètement de celle de la morale ? Celle-ci était la grande obsession de la romancière américaine Patricia Highsmith. Dans son roman Ripley s’amuse, elle avait imaginé les comportements d’un homme, au bord de la mort, à qui l’on proposait de tuer pour sauver sa famille de la misère.
Bien sûr, la plupart de ceux qui arrivent à la fin de leur vie ne commettent pas des actes aussi graves, même si ces derniers restent impunis, parce que des contraintes morales les en empêchent justement.
Mais notre société ne cesse de saper ce rapport que nous entretenons avec la morale.
Depuis quelques décennies, l’Etat cherche à régler l’ensemble de nos comportements, ceux qui atteignent les autres, mais aussi ceux qui ne portent atteinte qu’à nous-mêmes, et cela commence de plus en plus tôt dans la vie. Il est vrai que les instances dites intermédiaires, comme la famille, l’école ou le travail, sont si fragilisées qu’elles peinent à imposer des normes. Désormais, ces institutions semblent incapables de fonctionner sans que les comportements, y compris les plus anodins, soient réglés par le droit. Ce nouveau travers de nos sociétés n’a-t-il pas comme conséquence l’incroyable cynisme que l’on peut attribuer à Paddock ? Ce travers permet, en effet, d’éviter les comportements antisociaux les plus graves, seulement si l’on risque d’être pris et puni.
Dans un tel monde, le groupe le plus redouté serait celui constitué par les personnes très âgées ou très malades, celles qui n’ont plus rien à perdre, et non plus par les jeunes. Complètement indifférentes à leur réputation post-mortem, elles formeraient des bandes se livrant aux pires turpitudes et suscitant la peur autour d’elles. Leur cynisme sera tel qu’elles devront être l’objet d’une surveillance constante et envahissante.
Des dispositifs techniques de contrôle viendront combler l’absence de sentiment de culpabilité des citoyens, celui-ci n’étant plus intérieur mais extérieur. Sauf à faire marche arrière sur cette bêtise qu’est le tout juridique, sauf à redonner du pouvoir aux instances intermédiaires, lesquelles devront être repensées à leur tour.
Mais quels efforts ne serions-nous pas prêts à faire pour éviter que des tueries comme celles de Sin City (Frank Miller et Robert Rodriguez, 2005), la ville du vice et du péché, ne deviennent aussi banales que les divorces ou les vols ? Pour empêcher que des salauds comme Paddock ne deviennent demain le type le plus courant du papy.

Auteur: Iacub Marcela

Info: Le nouvel observateur, 6 octobre 2017, 18:56

[ normalisation ] [ désenchantement ] [ tueur de masse ] [ amoralité ]

 

Commentaires: 0

serial killer

Les tueries de masse, dernier avatar de la société hypermoderne
Les "mass shootings" sont surtout le symptôme de sociétés hypermodernes et hyper individualisées. Puisque le collectif semble incapable de rendre le présent et surtout l'avenir plus juste que le passé et de rassurer les peurs individuelles, de nouvelles radicalités occupent l'espace laissé vacant.
Dallas, jeudi 7 juillet 2016, un homme seul muni d'un fusil d'assaut tire sur plusieurs policiers, en tue 5 et en blesse 7 ainsi que 2 civils. Le motif invoqué : il voulait se venger des "blancs et plus particulièrement des policiers blancs". Il s'agit du 8e mass shooting aux Etats-Unis en 2016.
Aujourd'hui, les mass shootings ou tueries de masse sont devenus malheureusement une problématique connue du grand public. Par mass shooting, les universitaires entendent le plus souvent le fait qu'une personne puisse tuer au moins trois personnes en un laps de temps assez court (moins de vingt-quatre heures).
Ce phénomène n'est certes pas inédit puisque des tueries de masse ont été identifiées aux Etats-Unis et en Europe dès le XIXe siècle, mais l'originalité de la situation actuelle provient de l'accélération et l'extension du nombre de telles tueries dans tout l'Occident. Il y a trente ans, le nombre de mass shootings se limitait à un par an et le phénomène était particulièrement concentré sur le territoire américain. Depuis le début des années 2000, le nombre de mass shootings a été multiplié par 10 par rapport aux années 80, et même si le phénomène se concentre encore aux Etats-Unis, de nombreux cas se sont produits en dehors du sol américain : Canada, France, Suisse, Norvège.
De nos travaux récents, il ressort clairement que la circulation d'armes sur un territoire donné accroît la probabilité de réalisation d'un mass shooting mais ne constitue pas un facteur suffisant pour expliquer l'extension de ce phénomène. De même, le chômage, l'intervention militaire extérieure ou encore les inégalités peuvent avoir une incidence, mais cette incidence reste limitée et toute corrélation directe reste difficile à établir.
Selon nous - et c'est la thèse que nous défendons depuis plusieurs années -, l'accroissement du nombre de mass shootings résulte plus structurellement de l'avènement d'une société hypermoderne en Occident. Reprenons la définition du sociologue François Ascher qui considère que nos sociétés sont entrées dans une nouvelle phase de la modernité, une phase qui allie un processus d'approfondissement de l'individualisation et un renforcement de chaque individu à faire société, c'est-à-dire à vouloir participer à la communauté globale notamment du fait de la multiplication des sources d'informations à la disposition de chacun.
Dans la société hypermoderne, l'individu cherche à avoir une maîtrise sur les événements, à combattre de manière réflexive ce qui lui paraît injuste, et à choisir ce qui peut lui paraître éthique. C'est un contexte où la personnalité du tueur de masse peut se développer. De manière radicale, il considère avec sa rationalité propre (rares sont les tueurs de masse diagnostiqués fous), régler des problèmes sociétaux et se faire justice, se venger de catégories d'individus qui semblent se liguer contre lui ou contre une communauté dont il se sent proche. En ce sens, le cas de Micah Johnson, le tueur de Dallas, est symptomatique de notre époque. Noir américain, réserviste de l'armée de terre déployé en Afghanistan, vivant dans la banlieue de Dallas, il a certainement vécu le meurtre d'un jeune noir par la police le 5 juillet à Bâton-Rouge (Louisiane) comme le meurtre de trop, un meurtre qui vient s'ajouter à la longue liste des hommes noirs tués par des policiers blancs lors d'une arrestation.
Les radicalités actuelles sont certainement le résultat de l'incapacité du collectif à rendre le présent et surtout l'avenir plus juste que le passé et à rassurer et calmer les anxiétés et les peurs individuelles. En fermant la porte à toute échappée utopique par rapport au présent, la conscience de l'absence d'un ailleurs pousse certains individus à prendre leur avenir en main ici et maintenant. Poussés par des bouffées narcissiques incontrôlées, des hommes, surtout des hommes, prennent alors les armes et deviennent des bombes humaines.
Sans cette capacité à fédérer autour de nouveaux projets sociétaux, certains chercheront individuellement ou collectivement à se venger de notre société actuelle. Ces actes aussi atroces qu'odieux continueront à perdurer tant que nous n'arriverons pas collectivement à redonner sens à notre avenir.

Auteur: Hassid Olivier

Info: co-auteur de Tueurs de masse, un nouveau type de tueur est né, aux Editions de l'Organisation

[ folie ] [ sociologie ]

 

Commentaires: 0

mutation héritée

Les graines héritent des souvenirs de leur mère Des chercheurs de l'UNIGE démontrent que le contrôle maternel et environnemental de la dormance des graines s'effectue via des mécanismes épigénétiques inédits. Les graines restent dans un état de dormance - un blocage temporaire de leur croissance - tant que les conditions environnementales ne sont pas idéales pour germer. La profondeur de ce sommeil, qui est influencée par différents facteurs, est héritée de leur mère, comme l'avaient montré des chercheurs de l'Université de Genève (UNIGE). Ils révèlent aujourd'hui dans la revue eLife comment cette empreinte maternelle est transmise grâce à de petits fragments d'ARN dits 'interférents', qui inactivent certains gènes. Les biologistes dévoilent également qu'un mécanisme similaire permet de transmettre une autre empreinte, celle des températures présentes au cours du développement de la graine. Plus cette température était basse, plus le niveau de dormance de la graine sera élevé. Ce mécanisme permet à la graine d'optimiser le moment de sa germination. L'information est ensuite effacée dans l'embryon germé, pour que la génération suivante puisse stocker de nouvelles données sur son environnement. La dormance est mise en oeuvre pendant le développement des graines dans la plante mère. Cette propriété permet aux graines de germer pendant la bonne saison, d'éviter que tous les rejetons d'une plante se développent au même endroit et entrent en compétition pour des ressources limitées, et favorise la dispersion des plantes. Les graines perdent également leur dormance à des échéances variables. "Des sous-espèces d'une même plante peuvent avoir différents niveaux de dormance selon les latitudes sous lesquelles elles sont produites, et nous voulions comprendre pourquoi", explique Luis Lopez-Molina, professeur au Département de botanique et biologie végétale de la Faculté des sciences de l'UNIGE. Le gène paternel est réduit au silence Comme tous les organismes ayant une reproduction sexuée, la graine reçoit deux versions de chaque gène, un allèle maternel et un allèle paternel, qui peuvent avoir des niveaux d'expressions différents. Les biologistes de l'UNIGE avaient montré en 2016 que les niveaux de dormance d'Arabidopsis thaliana (l'Arabette des Dames), un organisme-modèle utilisé en laboratoire, sont hérités de la mère. En effet, chez la graine, le niveau d'expression d'un gène régulateur de dormance appelé allantoinase (ALN) est le même que celui de l'allèle maternel. Ceci implique que c'est l'allèle maternel d'ALN qui est principalement exprimé, au détriment de l'allèle paternel. Dans l'étude actuelle, les chercheurs montrent que cette empreinte maternelle est transmise par un mécanisme épigénétique, qui influence l'expression de certains gènes sans en modifier la séquence. L'allèle paternel d'ALN est 'réduit au silence' par des modifications biochimiques appelées méthylations, qui sont effectuées dans la région promotrice du gène afin de l'inactiver. "Ces méthylations sont elles-mêmes le résultat d'un processus dans lequel sont impliqués différents complexes d'enzymes et de facteurs, ainsi que de petits fragments d'ARN dits 'interférents'. Il s'agit d'un exemple inédit d'empreinte génomique, car elle se fait en l'absence de l'enzyme habituellement responsable de la méthylation", détaille Mayumi Iwasaki, chercheuse au sein du groupe genevois et première auteure de l'article. L'empreinte du froid passé empêche l'éveil de la graine Les conditions environnementales présentes pendant la formation de la graine laissent aussi leur empreinte, car son niveau de dormance augmente avec une baisse des températures. "Nous avons découvert que, dans ce cas, les deux allèles du gène ALN sont fortement réprimés dans la graine. Ceci est dû à un mécanisme épigénétique semblable, mais dont les acteurs ne sont pas tous identiques à ceux qui opèrent pour réduire l'allèle paternel au silence", expose Luis Lopez-Molina. Cette empreinte du froid permet à la graine de conserver des informations sur les températures passées pour les inclure dans le choix du moment optimal de germination. Après la germination, le gène ALN est à nouveau réactivé dans l'embryon. La mémoire du froid sera ainsi effacée, ce qui permet de remettre les compteurs à zéro pour la génération suivante. "Etudier comment les facteurs maternels et environnementaux provoquent l'éveil des graines dormantes est d'une importance cruciale pour l'agriculture, notamment pour prévenir une germination précoce dans un environnement soumis aux changements climatiques", conclut Mayumi Iwasaki. L'enjeu au niveau écologique est, lui aussi, majeur, car l'augmentation des températures pourrait diminuer la dormance de la banque de semences et modifier ainsi la répartition des espèces végétales sous une latitude donnée. Ceci entraînerait de multiples conséquences, directe et indirectes, pour les espèces animales et végétales indigènes. Internet,

Auteur: Internet

Info: https://www.techno-science.net. Publié par Adrien le 27/03/2019, source: Université de Genève

[ biophysique ] [ mitochondrial ? ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

société de surveillance

Dans les sociétés développées du début du XXIe siècle, un individu un tant soit peu “intégré” laisse tout au long de ses journées des traces de son activité dans des dizaines d’ordinateurs.

Des bornes électroniques enregistrent son passage dans les stations de métro, à bord des bus ou aux péages autoroutiers – un simple clic depuis sa voiture, et voici que la barrière se lève, que son compte bancaire est automatiquement débité. Ça roule. Toutes les antennes relais près desquelles il passe avec son téléphone portable s’en souviendront aussi. Les ordinateurs qu’il utilise gardent en mémoire l’ensemble des sites Internet qu’il visite et, symétriquement, tous ces sites retiennent l’adresse IP de la machine depuis laquelle il était connecté (à moins qu’il prenne des dispositions particulières pour brouiller les pistes). Qui plus est, bon nombre de ces sites lui demandent une foule de renseignements personnels qu’ils utilisent ou revendent. Sans parler de la mise à nu que demande (et permet) la fréquentation de sites de “rencontres” ou de “réseaux sociaux”…

S’il est salarié d’une entreprise ou d’une administration, une partie essentielle de son activité peut être recensée et évaluée par sa hiérarchie grâce à l’outil informatique. Même le cadre le plus “nomade” est tenu en laisse par son téléphone et son ordinateur portables, témoins de ses efforts et de ses relâchements pendant le temps qu’il passe loin du siège. Quant aux camionneurs, leur travail et leurs trajets sont absolument transparents aux yeux de leurs patrons. Grâce à l’informatique embarquée et au GPS, les possibilités pour un employé du fret routier d’assouplir son itinéraire, de dissimuler des pauses ou des détours indus sont réduites à presque rien. Des capteurs reliés à l’ordinateur de bord permettent même d’analyser après coup sa manière de conduire, pour pouvoir lui donner des “conseils” qui réduiront le risque de panne, la consommation d’essence ou… sa propre fatigue.

Si notre contemporain ordinaire est un agriculteur subventionné par l’Europe, l’administration peut vérifier grâce à des photos satellites qu’il ne ment pas au sujet des cultures qu’il déclare et de leur superficie, afin de ne pas lui attribuer des primes qu’il ne “mérite” pas. S’il est éleveur, il est sommé d’installer une puce électronique à l’oreille de ses bêtes, pour que leur identité soit reconnue par les lecteurs des services vétérinaires qui contrôlent les troupeaux, et par ceux des abattoirs où les animaux seront “bipés” comme n’importe quel article de supermarché. Traçabilité oblige.

En France, s’il est écolier, il figure dans toute une batterie de fichiers qui sont abreuvés d’informations à son sujet, de la maternelle jusqu’à la fin des études et même au-delà. La Base Élèves n’était qu’un ballon d’essai, désormais chaque élève aura son Livret personnel (et numérique) de compétences, véritable banque de données sur son parcours depuis le plus jeune âge, qui sera plus tard consultable par des recruteurs ou des agents de Pôle Emploi censés l’aider à trouver un travail. Il y a aussi, entre autres, le logiciel Suivi de l’orientation, qui vise à répertorier les 150 000 élèves sortant chaque année du système scolaire sans diplôme, ou le logiciel Sconet qui enregistre les notes, les absences, les sanctions des collégiens. Il y a les bornes biométriques pour accéder au réfectoire, dans les établissements où la traditionnelle carte de cantine est jugée trop archaïque et malcommode. Il y a, de plus en plus, des systèmes d’envoi automatisé de SMS aux parents dès qu’une absence de leur progéniture est constatée par les ordinateurs du lycée.

S’il demande un congé maladie, une allocation de chômage ou un revenu minimum, il doit prendre garde aux recoupements d’informations que la gestion informatique facilite entre les différentes caisses d’assurance et d’assistance, l’administration fiscale et les banques. Enfin, s’il a commis un délit, fût-ce le plus insignifiant, en a été victime ou simplement retenu comme témoin, il figure pour plusieurs dizaines d’années dans le STIC : le Système de traitement des infractions constatées, à ce jour le plus généreux et le plus ouvert des fichiers de police, avec ses quarante-cinq millions d’inscrits.

Il y a dix ou quinze ans, un tel tableau du futur proche pouvait encore sembler improbable et paranoïaque. Aujourd’hui, il est banal, la plupart de ses éléments sont connus de tous, certains font d’ailleurs l’objet d’indignations aussi récurrentes qu’inconséquentes. Demain, il se pourrait qu’il paraisse enfantin, préhistorique.

Auteur: Groupe Marcuse

Info: La liberté dans le coma

[ vie quotidienne ] [ management du parc humain ] [ métadonnées ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

discours scientifique

Ce qui est désigné par ce fossé irréductible qui sépare les structures du langage du monde auquel elles renvoient est l’impossibilité ontologique pour un langage quel qu’il soit de renfermer au sein de sa structure le monde en soi, autrement dit de dire tout du monde, en établissant une identité entre l’attelage signifiant-signifié et le référent (entre le mot et la chose pour faire court). Cela règle définitivement le fantasme immémorial et infantile qui n’est que l’expression d’un nihilisme masqué, de réaliser l’impossible coalescence entre l’absolu de l’en-soi et sa diffraction représentative, forcément plurielle et relative, puisque par essence la représentation n’est pas la chose, en tant qu’elle signale (re-présente) une absence. Seules les mathématiques, dont la structure signifiante a été immédiatement repérée par Pythagore comme un cas limite au sein duquel la formulation ne se distingue pas du référent désigné et ne forme qu’un avec lui, ont pu être investies de la propriété bien étrange de permettre d’échapper à l’incertain, au relatif, au transitoire et au corruptible : à la mort, donc, c’est-à-dire – et notre époque en tire le vin amer chaque jour davantage – à la vie. Cette propriété se paye au prix d’un formalisme asséchant – c’est-à-dire au prix d’un réel contenu différentiel - dans la mesure où les mathématiques se caractérisent essentiellement par des notations certes diffractées et multiples, mais en dernier ressort tautologiques [Cette caractéristique tautologique a cependant été depuis mise à mal par le théorème d’incomplétude de Kurt Gödel qui interdit depuis sa démonstration de pouvoir créditer les mathématiques d’une autoréférentialité absolue. Autrement dit, il faut postuler obligatoirement, pour pouvoir les fonder, une extériorité aux mathématiques, ce qui n’est que reculer pour mieux sauter et les renvoie elles aussi au niveau de leur fondement à la question de l’origine.]. Le vertige ontologique propre à la période moderne caractérisée par sa soumission à la Mathesis universalis de Descartes, est porteur de cette profonde envie d’en finir avec la finitude, la souffrance, l’altérité, le différentiel, la mort, en un mot la vie. Cette mathématisation à outrance du monde moderne et contemporain portée par une techno-science envahissante a voulu, de gré ou de force faire passer le réel sous les fourches caudines de cette propriété qu’ont les mathématiques d’assurer la coalescence entre la représentation et l’objet – au prix que l’on sait. Il est d’ailleurs fort intéressant de remarquer comme je l’esquissais plus haut que cette fascination pour l’identité langage/monde réimporte subrepticement et de la manière la plus inattendue aux frontières les plus extrêmes de la rationalité le fantasme archaïque présubjectal et infantile de la fusion matricielle initiale. Or les structures du réel ont la propriété de résister tenacement aux tentatives de viol qu’une rationalité ivre d’elle-même – rationalisme serait plus pertinent - prétend leur faire subir : le référent situé dans l’en-soi appartient au domaine de l’être, de l’incontournable vérité de l’être, de ce qui précède fondamentalement, de ce qui donc relève ontologiquement de la question de l’Origine. Le seul moyen de le contourner est de l’ignorer et de prétendre qu’il n’existe pas. Il en résulte alors un désarrimage radical de l’attelage signifiant-signifié vis-à-vis du référent qui seul est l’intangible garant de la vitalité du langage. Celui-ci dès lors se nécrose, et la structure amputée signifiant-signifié qui subsiste fait boucle sur elle-même, le signifié involutif et pathologique assumant une fonction pseudo-référentielle. Il en résulte une évanescence du réel, consécutive à l’évanescence référentielle. La destructivité sur l’en-soi du monde qui en résulte est effrayante. On comprend à présent aisément à quel point le postulat moniste initial de ma proposition est validé : quand une traction est exercée sur les instances représentatives du langage dans le sens de leur assèchement formaliste, c’est le monde en soi qui en face mécaniquement s’effondre et envahit l’ordre symbolique du fait de la torsion de la médiane nouménale qui en résulte, provoquant son déplacement (hachures). On peut remarquer au passage que l’augmentation du taux de prévalence de l’autisme s’explique ici passivement, et donne une justification suffisante à l’exonération de toute culpabilisation des parents d’enfants atteints de ce trouble : une personne présentant certaines fragilités la prédisposant éventuellement à l’emprise de l’autisme, mais qui y aurait échappé en d’autres temps, s’y trouve ici fatalement vouée du fait de ce déplacement (silhouette). Car l’évanescence référentielle provoque mécaniquement l’évanescence du père (P grisé), en raison du fait que ce qui est absenté n’est plus repris en charge dans l’ordre de la représentation.

Auteur: Farago Pierre

Info: Une proposition pour l'autisme, pages 61-62

[ émancipation imaginaire ] [ auto-institution fantasmatique ] [ conséquences ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

croyances

Les pierres magiques des ancêtres Zapara d'Amazonie et le Temps du Rêve

Il semblerait que le Temps du Rêve ne soit pas spécifique aux Aborigènes d'Australie mais soit l'apanage de tous les peuples premiers. Il existe deux mondes, l'un visible et l'autre invisible où réside tous les esprits des morts, des enfants à naître, des démons, des bons esprits et des Grands Ancêtres. Le Temps du Rêve renvoie indubitablement à ce monde invisible. Lorsqu'une personne s'endort, il pénètre en fait dans ce monde invisible et il entre en contact avec les habitants qui y résident. Toute personne touchée de son vivant par les bons esprits, ou esprits auxiliaires, est capable de communiquer avec les résidents du monde invisible tels les chamanes ou les médiums.

Les ancêtres des Zapara d'Amazonie équatorienne ont laissé sur le territoire plusieurs pierres qui, lorsqu'elles sont trouvées par les humains, deviennent des sujets à traiter comme tels. Pierres des ancêtres avec lesquels elles partagent une histoire, elles se transmettent de génération en génération, de façon directe ou indirecte. À la fois habitacles des esprits auxiliaires et supports charmes, les pierres d'amazonite sont également considérées comme des instruments qui rendent possible une continuité dans la transmission de la connaissance et des pouvoirs des ancêtres. Une femme chamane Zapara, Kiawka, affirme que toute sa connaissance découle de sa pierre magique dans laquelle un esprit réside. Il y habite, il s'est corporalisé afin que sa puissance devienne tangible. Outre plusieurs pierres magiques, elle dispose d'autres objets manufacturés, préparés soit par elle-même, soit par un autre chamane non nécessairement Zapara, ou encore offerts par un allié. Il s'agit de choses tangibles et matérielles qu'elle peut prendre dans ses mains, toucher, observer. Elle possède d'autres éléments qui peuvent être classés comme des objets de connaissance reçus en rêve, ou lors d'une expérience visuelle induite par l'ingestion de jus de tabac ou de plantes psychédéliques, de la part d'ancêtres, d'esprits des plantes ou d'alliés vivants.

La transmission des pierres magiques est d'un autre type : laissées à l'abandon à la mort du chamane, elles se donnent à voir en rêve à la personne qu'elles choisissent pour devenir leur amu, leur maître. Les Zapara considèrent que, lorsqu'un chamane meurt, pendant quelques jours, son âme erre près du corps et peut être captée par un autre chamane puisque l'âme connaissante du mort cherche alors un corps qui sera susceptible de le maintenir animé. De même, ses objets chargés d'affects ont également besoin d'être traités comme des sujets pour conserver leur efficacité. Délaissés à la mort du chamane, ils se manifestent en rêve aux vivants susceptibles de devenir leur amu.

Les Zapara identifient les pierres selon plusieurs procédés : s'ils trouvent une pierre de forme étonnante, suggestive (ressemblant à une tête humaine, par exemple), et que, par la suite lors d'une vision onirique ou induite, elle se manifeste comme sujet en communiquant avec l'humain, alors elle sera traitée comme un sujet. Le plus courant est que la pierre se manifeste d'abord en rêve avant d'être rencontrée. Par le rêve ou dans une vision induite par la prise d'une plante hallucinogène, "la vraie nature des pierres" apparaît, l'esprit de la pierre se manifeste sous les traits d'une personne, autrement dit de forme humaine, qui indique le mode opératoire de la pierre et comment la traiter et la nourrir. Pour les Zapara, l'obtention de pierres magiques est aussi liée à celle d'un type de connaissance qui s'acquiert lors de visions. En quelque sorte, les Zapara "un peu chamanes" ou sachant rêver disposent des connaissances nécessaires pour communiquer avec l'esprit de la pierre. À la tombée de la nuit, souffler de la fumée de tabac sur cet objet permet de rêver et de dévoiler sa véritable nature. En définitive, ce sont des pierres qu'il faut désormais traiter comme des sujets empreints de désirs : la tâche principale des amu est de les nourrir à l'aide de tabac ou de leur propre souffle. Ne pas le faire ou les traiter comme un objet inanimé pourrait être dangereux : si ces pierres peuvent être contrôlées ou domestiquées par les chamanes, et donc agir selon les désirs de ces derniers, en l'absence de tout contrôle, parce qu'elles sont autonomes, elles peuvent agir comme des prédateurs, envers les humains en particulier.

Avec leur maître, ces pierres ont des relations privilégiées : d'abord en apparaissant en rêve et en offrant la possibilité de la trouver, la pierre magique choisit le maître qu'elle veut séduire, lequel, après l'avoir effectivement trouvée et emmenée, a envers elle des obligations. De là, une relation s'installe entre l'esprit de la pierre et être humain, la pierre décèle une très haute connaissance dont l'essence spirituelle ne sera accordée qu'à celui qui s'en montre digne.

Auteur: Shoushi Daniel

Info: 30 Mars 2018, https://www.orphelya.com/ Source : Anne-Gaël Bilhaut, Biographie d’un esprit au corps brisé. Les pierres magiques des ancêtres zapara d’Amazonie : des sujets du passé, Journal de la société des américanistes [En ligne], 92-1 et 2 | 2006, mis en ligne le 15 janvier 2012, consulté le 29 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/jsa/3193 ; DOI : 10.4000/jsa.3193

[ anthropologie ] [ minéraux ] [ mythologie ] [ panpsychisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

cosmologie

Des planètes-océans en phase de résoudre cette énigme sur les exoplanètes 

Pourquoi détecte-t-on si peu d'exoplanètes d'environ deux fois la taille de la Terre ? Sur la base de simulations informatiques, une équipe de l'Institut Max-Planck d'astronomie (MPIA) et des universités de Genève (UNIGE) et Berne (UNIBE) révèle que la migration de planètes subneptuniennes glacées - des planètes-océans - pourrait expliquer cette absence.

( photo :  Au fur et à mesure que les planètes-océans glacées et riches en eau migrent vers leur étoile, la glace fond et finit par former une épaisse atmosphère de vapeur d'eau, qui augmente leur rayon.) 

À mesure que ces planètes se rapprochent de leur étoile centrale, la glace d'eau qui s'évapore forme une atmosphère qui les fait apparaître plus grandes qu'à l'état gelé, bien au-delà d'un double rayon terrestre. Simultanément, des petites planètes rocheuses, plus grandes que la Terre, perdent progressivement une partie de leur enveloppe gazeuse d'origine, ce qui entraîne une diminution importante de leur rayon. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour l'étude des exoplanètes. Ils sont à découvrir dans Nature Astronomy.

En 2017, le télescope spatial Kepler a révélé l'absence de planètes ayant une taille d'environ deux rayons terrestres. Ce "vide" dans la distribution des rayons des planètes est appelé "rift subneptunien". "Son existence est l'une des contraintes observationnelles les plus importantes pour comprendre l'origine et la composition des exoplanètes dont le rayon est compris entre celui de la Terre et celui de Neptune", explique Julia Venturini, boursière Ambizione du FNS, collaboratrice scientifique au Département d'astronomie de l'UNIGE, membre du PRN PlanetS et coauteure de l'étude. "Comme d'autres groupes de recherche, nous avions prédit sur la base de nos calculs, avant même les observations de 2017, qu'un tel rift devait exister", ajoute Christoph Mordasini, professeur à la division de recherche spatiale et sciences planétaires (WP) de l'UNIBE, membre du PRN PlanetS et coauteur de l'étude.

D'où vient le rift subneptunien?

Deux types d'exoplanètes peuplent l'intervalle de rayon entre un et quatre rayons terrestres. D'une part, des planètes rocheuses - des " super-Terres " - plus grandes que la Terre. D'autre part, des planètes gazeuses appelées planètes subneptuniennes (ou mini-Neptunes) dont certaines, les planètes-océans, pourraient abriter une quantité d'eau si importante que leur surface serait recouverte d'un océan glacé de plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur. Parmi ces deux types de planètes, les super-Terres et les Subneptuniennes, les astronomes en découvrent très peu avec un rayon de deux fois celui de la Terre.

Pour expliquer l'apparition de ce "rift", le mécanisme le plus souvent suggéré est que les planètes perdent une partie de leur atmosphère d'origine sous l'effet de l'irradiation de l'étoile. "Cette explication suppose que les planètes se forment et restent très proches de leur étoile, où elles seraient sèches, sans eau", précise Julia Venturini. "Cependant, cette explication contredit les modèles de formation, qui montrent que les planètes d'une taille comprise entre deux et quatre rayons terrestres, les planètes-océans, proviennent généralement des régions glacées les plus éloignées du système stellaire".

De nombreux indices suggèrent donc que certaines planètes pourraient s'éloigner de leur lieu de naissance au cours de leur évolution, en migrant vers l'intérieur ou vers l'extérieur de leur système. Cette migration permettrait aux planètes nées dans des régions froides et glacées, comme les planètes-océans, de terminer leur formation sur des orbites très proches de leur étoile.

Planètes-océans errantes

Au fur et à mesure que les planètes-océans glacées et riches en eau migrent vers leur étoile, la glace fond et finit par former une épaisse atmosphère de vapeur d'eau. Ce processus entraîne une augmentation de leur rayon vers des valeurs légèrement plus élevées, au-delà d'un double rayon terrestre. Inversement, les super-Terres, pauvres en eau, "rétrécissent" en perdant les gaz volatils de leur atmosphère d'origine, tels que l'hydrogène et l'hélium, sous l'influence de l'étoile.

Les modèles informatiques combinés de formation et d'évolution indiquent ainsi que la migration des planètes-océans contribue de manière significative au grand nombre de planètes détectées avec un rayon plus grand que deux rayons terrestres alors que l'évaporation atmosphérique des super-Terres contribue au surnombre des planètes plus petites que deux rayons terrestres. Au centre de ces deux populations se trouve le rift subneptunien. "Nous avions déjà obtenu ce résultat en 2020. La nouvelle étude le confirme avec un modèle de formation différent. Cela renforce la conclusion selon laquelle les planètes subneptuniennes sont principalement des mondes d'eau". précise Julia Venturini, qui a aussi dirigé l'étude de 2020.

D'autres travaux à venir

En plus d'expliquer un phénomène jusque-là mystérieux, ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives pour l'étude des exoplanètes. "Si nous étendions nos résultats à des régions plus tempérées, où l'eau est liquide, cela pourrait suggérer l'existence de mondes aquatiques dotés d'océans liquides profonds", explique Christoph Mordasini. "De telles planètes pourraient potentiellement abriter la vie et constitueraient des cibles relativement simples pour la recherche de biomarqueurs en raison de leur taille".

Des observations avec des télescopes comme le James Webb Space Telescope ou l'Extremely Large Telescope, en cours de construction, pourraient également être utiles. Elles permettraient de déterminer la composition atmosphériques des planètes en fonction de leur taille, ce qui permettrait de tester les simulations décrites.

Auteur: Internet

Info: https://www.techno-science.net/, Adrien le 17/02/2024, Source: Université de Genève

[ autres mondes ] [ exobiologie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste