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beaux-arts

Messieurs, il existe en ce monde des milieux plus ou moins ridicules, plus ou moins honteux, humiliants et dégradants, et la quantité de bêtise n'est pas partout la même. Par exemple, le milieu des coiffeurs paraît à la première vue plus susceptible de bêtise que celui des cordonniers. Mais ce qui se passe dans le milieu artistique bat tous les records de sottise et d'indignité, au point qu'un homme à peu près convenable et équilibré ne peut pas ne pas rougir de honte, écrasé par ce festival puéril et prétentieux. Oh ces chants inspirés que personne n'écoute ! Oh ce beaux discours des connaisseurs, cet enthousiasme aux concerts et aux soirées poétiques, ces initiations, révélations et discussions, et le visage de ces gens qui déclament ou écoutent en célébrant de concert "le mystère de la beauté" ! En vertu de quelle douloureuse antinomie tout ce que vous faites ou dites dans ce domaine devient-il risible ? Lorsque dans l'histoire un milieu donné arrive à des telles sottises convulsives, on peut conclure avec certitude que ses idées ne correspondent pas au réel et qu'il est tout simplement farci de fausses conceptions. Vos conceptions artistiques atteignent sans nul doute au summum de la naïveté : et si vous voulez savoir pourquoi et comment il faudrait les réviser, je puis vous le dire sur-le-champ, pourvu que vous prêtiez l'oreille. 


Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Ferdydurke

[ cénacles ] [ suiveurs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

homme-animal

oh, elle se plaignait pas, mais je voyais... elle avait plus de force... elle couchait à côté de mon lit... un moment, le matin, elle a voulu aller dehors... je voulais l'allonger sur la paille... juste après l'aube... elle voulait pas comme je l'allongeais... elle a pas voulu... elle voulait être un autre endroit... du côté le plus froid de la maison et sur les cailloux... elle s'est allongée joliment... elle a commencé à râler... c'était la fin... on me l'avait dit, je le croyais pas... mais c'était vrai, elle était dans le sens du souvenir, d'où elle était venue, du Nord, du Danemark, le museau au nord, tourné nord... la chienne bien fidèle d'une façon, fidèle aux bois où elle fuguait, Korsör ; là-haut... fidèle aussi à la vie atroce... les bois de Meudon lui disait rien... elle est morte sur deux... trois petits râles... oh, très discrets... sans du tout se plaindre... ainsi dire... et en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue... mais sur le côté, abattue, finie... le nez vers ses forêts à fugue, là-haut d'où elle venait, où elle avait souffert... Dieu sait !
Oh, j'ai vu bien des agonies... ici... là... partout... mais de loin pas des si belles, discrètes... fidèles... ce qui nuit dans l'agonie des hommes c'est le tralala... l'homme est toujours quand même en scène... le plus simple...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: D'un château l'autre

[ littérature ] [ animal domestique ] [ mourir ]

 

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saturation

Elle commença à me parler des petites annonces et des journaux dans lesquels on pourrait insérer des avis pour vendre notre miel. Mais j’avais quant à moi à peine la force de l’écouter. Je n’étais pas vraiment fatigué, mais j’étais fatigué de toutes ces choses, de cet affairement incessant et infatigable – tout ça pour rien du tout. Car qu’est-ce que c’est après tout que vendre du miel par correspondance ? Ce n’est rien du tout, les gens le mangent, et puis c’est déjà fini, comme des bulles de savon, du néant chatoyant, rempli avec un peu d’air et inondé de lumière. La bulle éclate et il ne reste rien, tout ça n’est qu’illusion et magie noire ! Ah mais va-t’en donc ! Vas-tu t’arrêter de parler, ne cause donc pas tant que ça ! Laisse-moi en paix ! Pourquoi tu te fatigues ? […] Oui, si maintenant j’avais un schnaps, alors je pourrais à nouveau t’écouter avec attention. […] C’est parce que tu t’es installée dans ma vie que je ne peux pas faire ce qui me plaît dans la mienne. Non, non, bien sûr, c’est pas ce que je voulais dire, je l’aime bien quand même, la Magda, mais ce serait drôlement chic de sa part si elle pouvait pour un temps mettre les voiles et sortir complètement de ma vie – Oh la vache, quel ennui, quelle perpétuelle jacasseuse !

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Le buveur"

[ emprisonnement ] [ inanité ] [ couple ] [ emmerdeuse volubile ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

anonymat

Durant ces dernières années, elle avait fini par comprendre qu'il suffisait tout simplement d'être une femme d'âge mûr, sans signes particuliers, pour devenir invisible. Et pas seulement pour les hommes. Pour les femmes aussi, car elles ne la soupçonnaient plus de vouloir participer à une quelconque compétition. Une impression inédite, surprenante - elle sentait le regard des autres glisser sur son visage, sur ses joues, sur son nez, sans même les frôler. Ces regards traversaient son corps, et sans doute les gens voyaient-ils à travers lui les affiches publicitaires, le paysage, les horaires des bus. Oh oui, elle avait tout l'air d'être devenue transparente. Et elle songea que cela lui ouvrait d'énormes possibilités dont elle apprenait seulement à tirer parti. Par exemple, dans une situation dramatique, personne ne se souviendrait d'elle; les témoins déclareraient seulement : 'une femme...' ou 'il y avait encore quelqu'un d'autre qui était là...'. Les hommes, sur ce point, sont plus rigoureux que les femmes, ils ne se donnent pas la peine de faire semblant, leur regard ne se pose jamais sur elle plus longtemps qu'une seconde; les femmes, elles, fixeront quelquefois leur attention sur un détail, par exemple sur une jolie paire de boucles d'oreille. Seul un enfant, pour des raisons connues de lui seul, plantera parfois ses yeux dans les siens, pour étudier son visage en détail, impassiblement, puis détournera sa tête tendue vers l'avenir."

Auteur: Tokarczuk Olga

Info: Les Pérégrins

[ banalité ]

 

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émerveillement

Pour la première fois je mangeais à la cantine.

J’ai bientôt onze ans et je pousse un plateau le long de deux rails en métal. Il fallait faire vite, choisir entre la peste et le choléra, pressée par les grands. Sous mes yeux s'étalaient les splendeurs de la nourriture industrielle. Enfin la France s'exprimait dans mon assiette : cordons bleus, carottes râpées, hachis Parmentier, concombre à la crème, céleri rémoulade. Tous ces mets exotiques étaient pour moi synonymes de modernité et de liberté. Salé, acide, tiède. Je jubilais de faire mon entrée dans le monde grâce à la cuisine du réfectoire. […] Je rencontrais des jeunes filles fraîches et françaises qui pourraient me faire sortir de mon territoire hispanique moyenâgeux entouré de barbelés. La première à me tendre la main portait le prénom prometteur de Flavie. En me liant à elle, je tournais le dos aux autres comme moi, les filles du rez-de-chaussée, espagnoles, portugaises et yougos. Je devenais un peu française.

Rêvant de m'appeler Sophie ou Julie, je tenais parfaitement mon rôle de jeune fille modèle devant les parents des copines qui m'invitaient à dîner, à dormir. Je jouais au singe savant. Oh, qu'elle est cultivée pour une fille de femme de ménage ! […] J’avais grandi comme une souris de laboratoire en captivité, j'avais enfin trouvé la sortie du labyrinthe que mes parents avaient construit autour de moi.

Auteur: Larrea Maria

Info: Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, pp 75-76

[ enfantin ] [ adolescent ] [ libération ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

autodestruction

Oh que vous me direz... le gaz voyons ! vous vous plaignez du gaz ?... mais passez-vous vous-même au gaz !... hardi ! lisez votre "journal habituel"... les gens qui peuvent plus se passent au gaz !... la belle affaire ! pensez que j'en connais un petit bout, trente-cinq ans de pratique !... ils réussissent pas tous les coups, de loin ! de loin ! on les ranime !... plus grave : meurent pas mais souffrent énormément !... et pour partir et pour revenir !... mille morts, mille re-vies ! et l'odeur !... les voisins accourent !... ils foutent le bordel dans votre case ! s'ils ont trop volé... hop ! le feu !... le feu aux rideaux !... vous voilà encore à souffrir en plus d'asphyxie des brûlures !... un comble !... non ! le gaz est pas une bonne affaire !... le plus sûr moyen croyez-moi, j'ai été consulté cent fois : le fusil de chasse dans la bouche ! enfoncé, profond !... et pfang !... vous vous éclatez le cinéma !... un inconvénient : ces éclaboussures !... les meubles, le plafond ! cervelle et caillots... j'ai, je peux le dire, une belle expérience des suicides... suicides réussis et ratés... la prison peut vous aider ! vous biffer aussi l'existence !... certes ! forteresse à supprimer le Temps !... suicide petit à petit... mais tout le monde peut pas être prisonnier dans l'existence ordinaire...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: D'un château l'autre 1957/Romans/la Pléiade/Gallimard996<p.29>

[ libération ]

 

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Femmes-hommes

[iarl]: c'est une citation que j'avais trouvée sur bash.org
[iarl]: je te la traduis
[iarl]: "Une femme a un ami masculin proche. Ce qui signifie qu'il est probablement intéressé par elle, ce qui expliquerait pourquoi il lui tourne tellement autour. Elle le voit strictement comme un ami. Ca commence toujours par "tu es un mec formidable, mais je ne t'aime pas de cette manière". En gros, c'est un peu comme si un type se rendant à un entretien d'embauche s'entendait dire par l'entreprise : "vous avez un excellent CV et toutes les qualifications requises, mais nous ne vous embaucherons pas. Cependant, nous utiliserons votre CV comme point de comparaison avec tous les autres postulants. Mais nous allons certainement embaucher quelqu'un d'autre de nettement moins qualifié et probablement alcoolique. et si ça ne marche pas avec lui, nous prendrons un autre, mais toujours pas vous. En fait, nous ne vous embaucherons jamais. Mais nous vous appellerons de temps en temps pour nous plaindre auprès de vous de la personne que nous avons embauchée"
[iarl]: J'ai trouvé ça extraordinairement profond et vrai
Yaksha: Oh que oui
Yaksha: Et quand elle appelle, il n'y a plus qu'à répondre "Bonjour, vous êtes bien chez moi, je suis présent mais je n'ai aucune envie d'entendre votre complainte. Néanmoins si vous le désirez, vous pouvez toujours le faire et vous attendre à ce que je vous envoie péter pour une raison qui vous échappera".

Auteur: Internet

Info:

[ incompréhension ] [ dialogue-web ]

 

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oraison funèbre

Le cœur ne peut errer. La chair est un songe, elle se dissipe ; cet évanouissement, s’il était la fin de l’homme, ôterait à notre existence toute sanction. Nous ne nous contentons pas de cette fumée qui est la matière ; il nous faut une certitude. Quiconque aime sait et sent qu’aucun des points d’appui de l’homme n’est sur la terre ; aimer, c’est vivre au delà de la vie ; sans cette foi, aucun don profond du cœur ne serait possible. Aimer, qui est le but de l’homme, serait son supplice ; ce paradis serait l’enfer. Non ! disons-le bien haut, la créature aimante exige la créature immortelle ; le cœur a besoin de l’âme...

Le prodige de ce grand départ céleste qu’on appelle la mort, c’est que ceux qui partent ne s’éloignent point. Ils sont dans un monde de clarté, mais ils assistent, témoins attendris, à notre monde de ténèbres. Ils sont en haut et tout près. Oh ! qui que vous soyez, qui avez vu s’évanouir dans la tombe un être cher, ne vous croyez pas quittés par lui. Il est toujours là. Il est à côté de vous plus que jamais. La beauté de la mort, c’est la présence. Présence inexprimable des âmes aimées, souriant à nos yeux en larmes. L’être pleuré est disparu, non parti. Nous n’apercevons plus son doux visage ; nous nous sentons sous ses ailes. Les morts sont les invisibles, mais ils ne sont pas les absents.

Auteur: Hugo Victor

Info: Prononcé sur la tombe d’Émilie de Putron à Guernesey, le 19 janvier 1865. Elle était la fiancée de son fils cadet François-Victor, qui décèdera comme elle de la tuberculose en 1873.

[ au-delà ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Samedi - trois heures du matin.
Je rentre. J'ai ta lettre. Cette douce lettre, je l'avais lue aujourd'hui dans tes yeux. Que tu étais belle tantôt aux Tuileries sous ce ciel de printemps, sous ces arbres verts, avec ces lilas en fleurs au-dessus de ta tête. Toute cette nature semblait faire une fête autour de toi. Vois-tu, mon ange, les arbres et les fleurs te connaissent et te saluent. Tu es reine dans ce monde charmant des choses qui embaument et qui s'épanouissent comme tu es reine dans mon coeur.
Oui, j'avais lu dans tes yeux ravissants cette lettre exquise, délicate et tendre que je relis ce soir avec tant de bonheur, ce que ta plume écrit si bien, ton regard adorable le dit avec un charme qui m'enivre. Comme j'étais fier en te voyant si belle! Comme j'étais heureux en te voyant si tendre! Voici une fleur que j'ai cueillie pour toi. Elle t'arrivera fanée, mais parfumée encore; doux emblème de l'amour dans la vieillesse. Garde-la; tu me la montreras dans trente ans. Dans trente ans tu seras belle encore, dans trente ans je serai encore amoureux. Nous nous aimerons, n'est-ce pas, mon ange, comme aujourd'hui, et nous remercierons Dieu à genoux. Hélas! Toute la journée de demain dimanche sans te voir ! Tu ne me seras rendue que lundi. Que vais-je faire d'ici là ? Penser à toi, t'aimer, t'envoyer mon coeur et mon âme. Oh! de ton côté sois à moi! à lundi! -- à toujours !

Auteur: Hugo Victor

Info: lettre à Léonie Biard

[ impatience ]

 

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diptères

Mouches familières,

inévitables et goulues,

mouches vulgaires, vous

évoquez pour moi toutes choses.



Oh ! vieilles mouches voraces

comme abeilles en avril,

vieilles mouches tenaces

sur mon crâne chauve d'enfant !



Mouches du premier vague à l'âme

dans le salon familial,

en ces claires soirées d'été

quand je commençais à rêver !



Et à l'école détestée,

mouches folâtres et rapides,

poursuivies

par amour de ce qui vole,



— car tout n'est que vol — bruyantes,

rebondissant sur les vitres,

les jours d'automne…

Mouches de toutes les heures,



d'enfance et d'adolescence,

de ma jeunesse dorée,

de cette seconde innocence

qui se targue de ne croire en rien,



de toujours… Mouches vulgaires,

si familières que nul ne saura

dignement vous chanter :

je sais, vous vous êtes posées



sur le jouet enchanté,

sur le bouquin fermé,

sur la lettre d'amour,

sur les paupières glacées

des morts.



Inévitables et goulues,

non pas diligentes comme les abeilles,

ni, comme les papillons, brillantes;

petites, espiègles,

vous, mes vieilles amies,

évoquez pour moi toutes choses.


Auteur: Machado Antonio

Info: Champs de Castille ;: Précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes, et suivi des Poésies de la guerre. LES MOUCHES

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel