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rapports humains

J'ai souvent remarqué que nous avons tendance à attribuer à nos amis le genre de stabilité que les personnages littéraires acquièrent dans l'esprit du lecteur. (...) Quelle que soit l'évolution de tel ou tel personnage populaire dans un bouquin, son destin se fixe dans notre esprits et nous attendons pareillement de nos amis qu'ils suivent tel ou tel modèle logique et classique que nous leur avons attribué. Ainsi X ne composera jamais la musique immortelle qui entrerait en conflit avec les symphonies de deuxième ordre auxquelles il nous a habitués. Y ne commettra jamais de meurtre. En aucun cas Z ne peut nous trahir. Tout est arrangé dans notre esprit, et moins nous voyons une personne en particulier, plus il est satisfaisant de vérifier à quel point elle se conforme à cette conception que nous avons d'elle chaque fois que nous en entendons parler. Toute déviation dans ces destins par nous ordonnés semble non seulement insolite, mais contraire à l'éthique. Nous aurions préféré ne pas connaître notre voisin, ou le vendeur retraité du stand de hot-dogs, s'il s'avère qu'il vient de produire le plus grand livre de poésie de sa génération.

Auteur: Nabokov Vladimir

Info: Lolita

[ imagination ] [ personnages assignés ] [ représentations ]

 

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affrontement

Je me disais : si elle gagne, elle ne m'aime pas. Et je songeais à la gardeuse de dindons que j'avais baisée quatre fois au bord de la mare. Dans ma poche, je palpais nerveusement mon petit canif à manche de corne. Luce, un à un, me chipa tous mes pions, et je me sentis nu devant elle. Mais, soudain, je lui pris une tour. Une tour ! Et j'entendis mon cœur s'entr'ouvrir pour laisser entrer cette tour.

Luce était devenue grave. Je songeais : Si l'on faisait coup nul, rien ne serait désespéré. Mais coup sur coup, elle me vola une tour et un cheval ! Échec au Roi ! Elle leva son front déjà glorieux. Elle me regardait, un mince poignard d'or dans chaque œil. Elle était moite d'orgueil. Je bougeai encore quelques pièces, puis ce fut la fin. La gardeuse de dindons, une rainette, un volubilis passaient en cavalcade devant mes yeux obscurs. Échec et mat ! Je me levai. J'avais mon canif dans la main. Je la frappai en plein visage. Aussitôt, ses joues tombèrent sur le sol. Mais avant de s'évanouir, elle me cria encore une fois :

— Échec et mat !

Auteur: Delteil Joseph

Info: Littérature Nouvelle Série, nº 10, Octobre 1923, p. 8

[ homme-femme ] [ jeu ] [ fierté ] [ échiquier ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dieu

Il y a un enseignement de vie dans le bouddhisme selon lequel le Bouddha, mot qui signifie "éveillé", n'est pas quelqu'un à qui on rend un culte. Bouddha n'est pas quelqu'un qu'on ambitionne de devenir ; Bouddha n'est pas quelqu'un qui est né il y a plus de deux mille ans et qui était plus intelligent qu'on ne le sera jamais. Bouddha c'est notre nature innée - notre nature-de-bouddha - et cela signifie que si nous grandissons jusqu'à la maturité, nous commençons à entrer en contact avec l'intelligence que nous avons déjà. Ce n'est pas une intelligence qui sera transplantée en nous. Si nous mûrissons complètement, nous ne serons plus emprisonnés dans le sentiment propre à l'enfance qu'il faut constamment nous protéger ou nous mettre à l'abri parce que la vie est trop dure. Si nous devenons adultes - c'est-à-dire tout à fait à l'aise dans notre monde quelle que soit la difficulté de la situation - c'est parce que nous allons permettre à quelque chose qui est déjà en nous d'être cultivé. Nous lui permettons de croître, de se développer, au lieu de tout le temps le protéger et le garder enterré.

Auteur: Chödrön Pema

Info: La Voie commence là où vous êtes, Pages 141-142

[ intérieur ] [ divinité ] [ éducation ] [ conscience ]

 

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évolution

La qualité première d’une discipline scientifique est en effet de savoir se remettre en cause ce que ne peuvent (ou ne savent) pas faire ceux qui défendent des idées fondées sur un a priori de départ, par définition incritiquable. Je pense évidemment aux créationnistes qui, rejetant toute observation objective, cherchent avant tout à faire entrer le monde qui est le nôtre dans le cadre d’idées préconçues définies une fois pour toutes.
En ce début de millénaire, les scientifiques s’accordent pour reconnaître la validité à la fois du gradualisme et du ponctuationnisme : certaines espèces se transforment lentement au gré du temps (géologique) mais d’autres semblent apparaître en un laps de temps très court suivi d’une longue période d’absence de changement. La grande majorité des espèces ayant un jour vécu sur Terre ont aujourd’hui disparu (99% d’entre elles avancent les spécialistes). Certaines ont été emportées, comme les dinosaures du Crétacé, par un événement cataclysmique. D’autres se sont transformées en de nouvelles espèces mieux adaptées à un milieu donné. Dans tous les cas, le hasard est à l’oeuvre puisqu’il entraîne aussi bien mutations soudaines qu’extinctions massives accidentelles. Et, on le sait bien, le hasard est imprévisible. Internet,

Auteur: Internet

Info: http://cepheides.fr/article-de-l-evolution-la-theorie-des-equilibres-ponctues-95949230.html

[ dessein intelligent ] [ ouverture ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

synéchisme

... ce qui, en dehors de la mort, pourrait se produire pour chaque homme, se produira pour chaque homme avec elle. En même temps, la mort limite le nombre de nos risques et de nos déductions personnelles, rendant donc leur résultat moyen incertain. L'idée même de probabilité et de raisonnement repose sur l'hypothèse que ce nombre est indéfini mais immense. Nous voilà donc avec la même difficulté qu'auparavant, et je n'en vois qu'une solution. Il me semble que nous sommes poussés à cela, que la logique exige inexorablement que nos intérêts ne soient pas limités. Ils ne doivent pas s'arrêter à notre propre destin, mais doivent embrasser la communauté tout entière. Cette communauté, encore une fois, ne doit pas être limitée, mais doit s'étendre à toutes les races d'êtres avec lesquels nous pouvons entrer en relation immédiate ou servir de médiateur intellectuel. Elle doit s'étendre, même de manière vague, au-delà de cette époque géologique, au-delà de toutes les limites. De fait celui qui ne sacrifierait pas sa propre âme pour sauver le monde entier, est, il me semble, illogique dans ses déductions, en tout cas en terme de collectif. La logique est ancrée dans le principe social.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: The Doctrine of Chances, 1878

[ ouverture ] [ grégarisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

brute

La chute du Ku Klux Klan fut aussi soudaine qu'inattendue, et c'est le rondouillard et déplaisant Stephenson qui la provoqua. En mars , il invita à dîner une jeune femme de bonne réputation du nom de Madge Oberholtzer. Au grand désarroi de ses parents, celle-ci ne rentra pas ce soir-là, ni le suivant. Quand Stephenson la relâcha enfin, elle était dans un état effroyable. Elle avait été sauvagement battue et violée. Elle avait le seins et les organes génitaux lacérés. Elle raconta à son médecin et à ses parents qu'après être venu la chercher Stephenson s'était soûlé, qu'il était devenu violent et qu'il l'avait forcée à entrer dans un hôtel, où il avait brutalement abusé d'elle à plusieurs reprises. Submergée par la honte et le désespoir, Madge avait avalé une dose mortelle de chlorure de mercure. Lorsqu’elle regagna le domicile familial, les médecins ne pouvaient plus rien pour elle. Son agonie dura quinze jours.
Stephenson, croyant que son statut de dirigeant du Ku Klux Klan dans l'Indiana le mettrait à l'abri des poursuites, fut étonné d'être reconnu coupable d'enlèvement, de viol, de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et d'être condamné à la prison à perpétuité.

Auteur: Bryson Bill

Info: L'été où tout arriva

[ racisme ] [ Usa ]

 

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tue l'amour

Je ne sais plus par quel détour la conversation en vint à l’attentat contre les Twin Towers, mais quand j’entendis la jeune femme qui m’accompagnait au Café Romand soutenir que le Président Bush en était l’initiateur, je fus surpris. Quand elle tenta de nous prouver l’implication de la CIA et du Mossad dans ce complot, je pressentis que le pire allait venir et que cette soirée serait notre dernière soirée. […] Cette jeune femme, universitaire de surcroît, était d’ordinaire réservée. Je ne sais pas quel vent mauvais l’emportait, mais il me fut difficile de ne pas réagir, l’invitant à ne pas entrer dans un délire antisémite, ce qu’elle récusa aussitôt, prétendant que des experts australiens – rien n’est plus farfelu que l’arrivée d’experts australiens dans un débat – avaient établi les faits. Son visage s’empourprait et elle perdait tout charme à mes yeux. Je ne parvenais plus à comprendre la séduction que cette ravissante helléniste avait exercée sur moi.

Face aux objections qui fusaient, elle se réfugia derrière les films de Michael Moore. L’erreur dans le jugement s’accompagnait d’une faute esthétique. J’étais consterné. Jamais je n’aurais soupçonné que cette sylphide se gavait de la démagogie infecte de ce bateleur obèse.

Auteur: Jaccard Roland

Info: Dans "Ma vie et autres trahisons", éd. Grasset & Fasquelle, 2013, pages 175-176

[ femme-par-homme ] [ collapsus ] [ débandage ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

métissage

[…] Je supporterais aussi peu l'Europe que toi l'Asie. Restons ici, à Bakou, où l'Asie et l'Europe s'interpénètrent insensiblement. Je ne peux pas aller à Paris, il n'y a pas de mosquée là-bas et pas de Seyd Moustafa. Il faut que je puisse de temps à autre me délecter de l'âme asiatique pour supporter tous ces étrangers qui viennent chez nous. À Paris, je te haïrais comme tu m'as haï après la fête de Moharrem. Pas tout de suite, mais à un moment quelconque, après un carnaval ou après un bal, je commencerais soudain à te haïr à cause du monde étranger dans lequel tu voudrais me forcer à entrer. C'est pourquoi je reste ici, quoi qu'il puisse arriver. Je suis né dans ce pays et je veux y vivre et y mourir.

Elle se tut pendant tout ce temps. Lorsque j'eus fini, elle se pencha vers moi et sa main caressa mes cheveux.

- Pardonne à ta Nino, Ali khan. J'étais très sotte. Je ne sais pas pourquoi je pensais que tu pourrais changer plus vite que moi. Nous restons ici et nous ne parlons plus de Paris. Tu conserveras ta ville asiatique et moi, la maison européenne.

Auteur: Kurban Saïd

Info: Ali et Nino, pp. 319-320

[ couple ]

 
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intraduisible

bayengo : arriviste amoral

Tout part d’une légende. Dans la mythologie bambara du Mali. Banyengo était un homme qui avait décidé de faire un pacte avec les esprits pour devenir riche. Mais les esprits avaient posé une condition pour exaucer son vœu : s’ils offraient quelque chose à Banyengo, un autre obtiendrait le double. La chose ne plut pas au quémandeur, alors il demanda à perdre un œil afin de voir son prochain perdre les deux yeux.

“Le Banyengo met sa virtuosité dans la petitesse. Plutôt que de voir réussir une personne, il préfère provoquer sa chute, même si cela provoque la sienne”, explique le réalisateur Alioune Ifra Ndiaye dans son livre On ne naît pas Banyengo, on le devient (éditions La Sahélienne, août 2016).

C’est lui qui a fait entrer le mot dans le langage populaire grâce à un court-métrage de fiction diffusé en 2006 par la télévision nationale du Mali. Aujourd’hui, le terme est largement utilisé dans la presse et dans les conversations pour désigner les politiciens sans éthique et néfastes à la société. “Ils ne voient que leurs propres intérêts. Le peuple, qu’il crève !” écrivait en novembre dernier le chroniqueur Bob dans Le Pays de Bamako, dans un article intitulé Les Banyengo de la République”.

Auteur: Internet

Info: https://www.courrierinternational.com. 26.12.2016

[ pacte faustien ] [ schadenfreude ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

poème

Ouvre ton écorce, arbre,
Prends-moi dans ton écorce...

Les jours ont passé un par un,
Les jours ont passé deux par deux,
Nous nous sommes nourris d'amour,
Et de souffrance et de deuil.

M'ont déjà fatigué
Les jours amples ou étroits,
M'ont déjà fatigué
Coupables et innocents,
M'ont déjà fatigué
Cette tristesse rare
Et ces malheureuses nostalgies.
Alors, ouvre ton écorce, arbre,
Prends-moi dans ton écorce !

Prends-moi dans ton écorce,
En ce siècle sans fleurs ;
Je vais me fondre en toi
Comme un petit printemps,
Comme un chagrin secret,
Au fond de tes feuilles,
Je brillerai même triste
Et entrerai dans un profond sommeil.

Et que les vents viennent,
M'arrachent de tes mains,
Moi, je m'éveillerai, mon arbre,
Nous tonnerons ensemble.

Moi, je serai poussé avec toi,
Moi, je me courberai avec toi,
Et de l'emprise des vents
Je me délivrerai avec toi.

Et une nuit secrète,
Quand tous dormiront,
Je te répéterai des paroles magiques ;
Nous irons tout doucement
Nous nous lèverons en tapinois
Et rendrons insomniaque
Celle qui dort.

Dans son rêve,
Un arbre ensorcelé
Prendra forme humaine ;
Il soufflera tout bas,
Et d'une langue humaine,
Comme une merveilleuse légende,
Il lui confiera
Un immense amour perdu,
Et une infinie nostalgie...

Auteur: Tavoian Razmig

Info: trad. Louise Kiffer

[ nature ] [ symbiose ]

 

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