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président

Le tic de syntaxe de [François] Hollande, enfançon et bébête, consiste à redoubler le sujet avec un pronom détaché en tête : une sorte de veulerie syntaxique qu'on peut trouver mignonne chez les enfants..."Elle va mieux, la France"

Mais Hollande ne se contente pas de disloquer la syntaxe.

Je suis de plus en plus frappé par sa voix qui s'accorde bien à sa syntaxe enfançonne : même dans les circonstances les plus tragiques elle est comme primesautière. Elle sautille, elle module, elle pateline.

Il y a quelque chose de flûté, de mièvre, de doucereux, de niais, même, dans cette voix et qui s'accorde toujours miraculeusement mal aux circonstances.

Rien de *grave* dans tous les sens du mot grave : la voix n'est pas posée, trop aiguë. Le phrasé manque d'ampleur et d'épaisseur, de résonance aussi, et pour tout dire, de mâle noblesse.

Il y a toujours quelque chose d'espiègle en elle, de "trotte-menu", qui fait qu'il est rigoureusement impossible de la prendre au sérieux.

Le signifiant sonore ne claque pas, chaud et haut, dru et distinct, il se fait mignardise un peu sucrée et gracile.

Ce qui saisit, également, c'est l'absence de majesté, d'allure, d'élévation.

Je veux bien croire que cet homme fade, ce technocrate sans imagination, n'entend rien à la littérature ni à l'oralité dont elle procède : tout son corps, jusqu'à son pharynx impotent, le clame.

La matière sonore n'est pas lancée, virilement, détachée de soi, elle coule à petits hoquets sur sa bavette rose d'énarque. Son consensus mou s'exprime bien dans cette phonation indécise qui refuse de trancher dans le vide du silence, de tailler le néant par le Verbe.

Elle ne s'impose pas mais s'efface aussitôt qu'apparue en grelottant. Elle ne résonne jamais.

Édulcorée, pateline, sa voix pralinée et cucul pourrait être celle d'une nurse ou d'une nounou tentant d'apaiser un enfant qui ne veut pas dormir. Avec un zeste d'onctuosité ecclésiastique : un doux prélat un peu patelin, un peu hypocrite, qui entre miel et componction, distille une berceuse gnangnan.

Auteur: Desjardins Antoine

Info: Publication facebook du 15.11.2020

[ vacherie ] [ élocution ] [ portrait vocal ]

 

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double injonction contradictoire

Celui-ci [Gregory Bateson] essaye de situer et de formuler le principe de la genèse du trouble psychotique dans quelque chose qui s’établit au niveau de la relation entre la mère et l’enfant, et qui n’est pas simplement un effet élémentaire de frustration, de tension, de rétention, et de détente, de satisfaction, comme si la relation inter-humaine se passait au bout d’un élastique. Il introduit dès le principe la notion de la communication en tant qu’elle est centrée, non pas simplement sur un contact, un rapport, un entourage, mais sur une signification. Voilà ce qu’il met au principe de ce qui s’est passé d’originairement discordant, déchirant, dans les relations de l’enfant avec la mère. Ce qu’il désigne comme étant l’élément discordant essentiel de cette relation, c’est le fait que la communication s’est présentée sous la forme de double bind, de double relation.

[...] Vous considérez que ce que le sujet dit a pour fin de méconnaître ce qu’il y a de signification quelque part en lui, et qu’il s’annonce lui-même – et vous annonce – la couleur à côté. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il s’agit de quelque chose qui concerne l’Autre, et qui est perçu par le sujet de telle façon que, s’il répond sur un point, il sait que, de ce fait même, il va se trouver coincé dans l’autre. C’est l’exemple que prenait Mme Pankow – si je réponds à la déclaration d’amour que me fait ma mère, je provoque son retrait, et si je ne l’entends pas, c’est-à-dire si je ne lui réponds pas, je la perds.

[...] La question qui se pose à propos des psychoses, est celle de savoir ce qu’il en est du procès de la communication quand précisément il n’arrive pas à être constituant pour le sujet. C’est un autre repère qu’il faut rechercher. Jusqu’à présent, quand vous lisez M. Bateson, vous voyez que tout est en somme centré sur le double message, sans doute, mais sur le double message en tant que double signification. C’est précisément là que le système pèche, et justement parce que cette conception néglige ce que le signifiant a de constituant dans la signification.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 144-145

[ définie ] [ critique ]

 

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politique

Entendez-vous, par démocratie, la Révolution en révolte perpétuelle contre toute autorité, contre toute religion et toute croyance, l’Eglise catholique est incompatible avec la démocratie. De même, entendez-vous, par démocratie, une puissance illimitée, qui prétend à une omnipotence absolue, qui ne reconnaît d’autre droit et d’autre règle que la volonté du grand nombre, l’Eglise, le christianisme, toute religion, pour ne pas dire toute philosophie, sont inconciliables avec cette manière de comprendre la démocratie. Entendez-vous encore, par démocratie, le socialisme, le collectivisme, le communisme athée d’aujourd’hui, qui prétendent borner la destinée de l’homme à cette terre et lui interdire tout rêve de l’au-delà, l’Eglise, le christianisme, la religion sont incompatibles avec une pareille démocratie. Mais est-ce la seule manière dont on puisse entendre la démocratie ? Ne peut-on la concevoir d’une façon tout autre, et certaines nations, comme les Etats-Unis, ne nous en offrent-elles pas la preuve vivante ? Ne voyons-nous pas, par les exemples de la grande République américaine, que la démocratie n’est inconciliable ni avec la religion, ni avec le christianisme, ni même avec le catholicisme ? Et comment y aurait-il, entre eux, incompatibilité, alors que les grandes idées d’égalité et de fraternité ont leurs plus anciennes et leurs plus profondes racines dans le christianisme, dans la Bible juive et dans l’Evangile chrétien ? 

Il y a bien eu, entre l’Eglise d’un côté, et la démocratie de l’autre, une longue lutte, comme un grand duel, qui a rempli toute l’histoire du XIXe siècle. A cela, il y avait des raisons multiples, des raisons historiques surtout. L’Eglise personnifiait, en face de la Révolution, la tradition et l’autorité. L’Eglise, attaquée par les uns comme une barrière, a été défendue par les autres comme un rempart. Un fait, en soi-même d’importance secondaire, le pouvoir temporel des papes, contribuait à envenimer et à prolonger cette lutte. Le pape, souverain temporel, voyait sa petite monarchie menacée par la Révolution et par la démocratie issue de la Révolution ; il se trouvait, naturellement, enclin à regarder la démocratie comme l’adversaire de la papauté. Aussi est-ce, en grande partie, le long combat pour la défense du pouvoir temporel qui, entre l’Eglise et la démocratie, a creusé un fossé si large et si profond.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: " Les doctrines de haine ", éditions Payot et Rivages, Paris, 2022, pages 244-246

[ temporel-éternel ] [ conciliation ] [ idées modernes ] [ historique ]

 

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révolution française

Les puissances de l’air paraissaient en complicité avec la canaille dont c’était le grand jubilé. Le solstice tempérait ses feux, pour que six cent mille goujats se soûlassent confortablement au milieu des rues transformées en cabarets ; la rose des vents bouclait son pistil, ne laissant flotter qu’un léger souffle pour l’ondulation des oriflammes et des étendards ; les nuages et le tonnerre étaient refoulés, pourchassés au-delà des monts lointains, chez les peuples sans liberté, pour que les bombes et les pétards de l’Anniversaire des Assassins pussent être ouïs exclusivement sur le territoire de la République.

Cette fête, vraiment nationale, comme l’imbécillité et l’avilissement de la France, n’a rien qui l’égale dans l’histoire de la sottise des hommes et ne sera certainement jamais surpassée par aucun délire.

Les boucans annuels et lamentables qui ont suivi ce premier anniversaire ne peuvent en donner l’idée. Il leur manque la bénédiction d’En Bas. Elles ne sont plus activées, actionnées par cette force étrangère à l’homme que Dieu, quelquefois, déchaîne, pour un peu de temps, sur une nation, et qui pourrait s’appeler l’Enthousiasme de l’Ignominie.

Qu’on se rappelle cette hystérie, cette frénésie sans camisole qui dura huit jours ; cette folie furieuse d’illuminations, de drapeaux, jusque dans les mansardes où s’accroupissait la famine ; ces pères et ces mères faisant agenouiller leurs enfants devant le buste plâtreux d’une salope en bonnet phrygien qu’on trouvait partout ; et l’odieuse tyrannie de cette racaille que ne menaçait aucune force répressive.

Dans les autres fêtes publiques, à la réception d’un empereur, par exemple, et lorsque les républicains les plus fiers s’écrasent aux roues du potentat, il est trop facile d’observer que chacun ment effrontément, et tant qu’il peut, aux autres et à lui-même.

Ici, on se trouva en présence de la plus effroyable candeur universelle. En glorifiant par des apothéoses jusqu’alors inouïes la plus malpropre des victoires, cette multitude fraîchement vaincue se persuada, en vérité, qu’elle accomplissait quelque chose de grand, et les rares protestations furent si aphones, si indistinctes, si submergées par le déluge, qu’il n’y eut, sans doute, que le grand Archange penché sur son glaive, Protecteur, quand même, de la parricide Enfant des Rois, qui les pût entendre !

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 261-262

[ commémoration ] [ décadence ] [ critique ]

 

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distinction

Il n’y a pas de "réincarnation" dans l’hindouisme ou dans le bouddhisme, du moins pas dans le sens d’une conscience qui transmigrerait de corps en corps, mais une "transmigration sans sujet" : le Samsara. Et la seule chose qui doit survivre de notre être, c’est le Soi immortel, à travers la délivrance (Moksha) : Celui qui a été Un, est devenu multiple, et sera de nouveau Un. Si notre vie résulte du Karma, c’est en tant que les êtres sont hérités des actes qui les ont précédés, et il n’y a pas de conséquence sans cause : "Cela étant, il arrive ceci." Enfin, Mâyâ n’est pas même l’illusion, mais simplement la mesure propre à un monde d’apparences : apparences par lesquelles nous pouvons être illuminés ou égarés selon notre degré de maturité.
Au contraire du Samsara, du Moksha et du Karma, la réincarnation théosophiste et New Age postule une évolution, incarnation après incarnation, des êtres, de l’état minéral jusqu’à l’état humain. Elle insiste sur la permanence d’une monade éternelle dans l’Homme qu’elle appelle bien son Soi – mais, à la différence du Soi de l’hindouisme libéré de ses déterminations et de ses connotations, cette entité est "personnelle", "individuelle". Elle est même marquée par des affections, qui n’apparaissent plus comme des accidents mais comme des modalités de sa substance. On lui imagine des amis ou des ennemis qui reviennent sous d’autres identités. On lui invente même, pour lui faire plaisir, des histoires d’amour sur plusieurs incarnations successives. En lieu et place de la délivrance, la réincarnation théosophiste raconte l’histoire de la permanence de plusieurs Moi enferrés dans leurs identités et leurs passions qui perdent et gagnent successivement des combats pour l’intensification de leur ego. En outre, par le fait qu’on y explique la naissance des enfants dans les familles pauvres par la punition d’âmes ayant mal agi dans des vies antérieures, le New Age accompagne le libéralisme ou le capitalisme dont il peut apparaître comme le "supplément d’âme". Encore plus fort que la forme dégénérée du christianisme occidental, où on achetait sa place au paradis par l’acceptation des malheurs dans cette vie, le New Age postule que si vous êtes pauvres mais dociles dans cette incarnation, vous serez mieux loti dans la suivante.

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Dans "Trois essais sur Twin Peaks", pages 103-104

[ définition ] [ dégradation ] [ morale ] [ métaphysiques ] [ nord-sud ]

 
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niveaux de manifestation de l'être

Nous ferons remarquer ensuite que qui dit "secte" dit nécessairement, par l’étymologie même du mot, scission ou division ; et, effectivement, les "sectes" sont bien des divisions engendrées, au sein d’une religion, par des divergences plus ou moins profondes entre ses membres. Par conséquent, les "sectes" sont forcément multiplicité, et leur existence implique un éloignement du principe, dont l’ésotérisme est au contraire, par sa nature même, plus proche que la religion et plus généralement l’exotérisme, même exempts de toute déviation. C’est en effet par l’ésotérisme que s’unifient toutes les doctrines traditionnelles, au-delà des différences, d’ailleurs nécessaires dans leur ordre propre, de leurs formes extérieures ; et, à ce point de vue, non seulement les organisations initiatiques ne sont point des "sectes", mais elles en sont même exactement le contraire.

En outre, les "sectes", schismes ou hérésies, apparaissent toujours comme dérivées d’une religion donnée, dans laquelle elles ont pris naissance, et dont elles sont pour ainsi dire comme des branches irrégulières. Au contraire, l’ésotérisme ne peut aucunement être dérivé de la religion ; là même où il la prend pour support, en tant que moyen d’expression et de réalisation, il ne fait pas autre chose que de la relier effectivement à son principe, et il représente en réalité, par rapport à elle, la Tradition antérieure à toutes les formes extérieures particulières, religieuses ou autres. L’intérieur ne peut être produit par l’extérieur, non plus que le centre par la circonférence, ni le supérieur par l’inférieur, non plus que l’esprit par le corps ; les influences qui président aux organisations traditionnelles vont toujours en descendant et ne remontent jamais, pas plus qu’un fleuve ne remonte vers sa source. Prétendre que l’initiation pourrait être issue de la religion, et à plus forte raison d’une "secte", c’est renverser tous les rapports normaux qui résultent de la nature même des choses ; et l’ésotérisme est véritablement, par rapport à l’exotérisme religieux, ce qu’est l’esprit par rapport au corps, si bien que, lorsqu’une religion a perdu tout point de contact avec l’ésotérisme, il n’y reste plus que "lettre morte" et formalisme incompris, car ce qui la vivifiait, c’était la communication effective avec le centre spirituel du monde, et celle-ci ne peut être établie et maintenue consciemment que par l’ésotérisme et par la présence d’une organisation initiatique véritable et régulière.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 75

[ logique d'émanation ]

 

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symbole

De même que la lumière et la chaleur, dans la manifestation physique du feu, se séparent l’une de l’autre, le sentiment n’est véritablement qu’une chaleur sans lumière (et c’est pourquoi les anciens représentaient l’amour comme aveugle) ; on peut aussi trouver dans l’homme une lumière sans chaleur, celle de la raison, qui n’est qu’une lumière réfléchie, froide comme la lumière lunaire qui la symbolise. Dans l’ordre des principes, au contraire, les deux aspects se rejoignent et s’unissent indissolublement, puisqu’ils sont constitutifs d’une même nature essentielle ; le feu qui est au centre de l’être est donc bien à la fois lumière et chaleur, c’est-à-dire intelligence et amour ; mais l’amour dont il s’agit alors diffère tout autant du sentiment auquel on donne le même nom que l’intelligence pure diffère de la raison.



On peut comprendre maintenant que le Verbe divin, qui est le "Cœur du Monde", soit à la fois Intelligence et Amour ; mais, si le Sacré-Cœur n’était pas Intelligence aussi bien qu’Amour, si même il n’était pas Intelligence avant tout, il ne serait pas vraiment le Verbe. D’ailleurs, si l’Intelligence n’était attribuée réellement au Cœur du Christ, nous ne voyons pas en quel sens il serait possible d’interpréter cette invocation des litanies : "Cor Jesu, in quo sunt omnes thesauri sapientiæ et scientiæ absconditi", sur laquelle nous nous permettons d’attirer spécialement l’attention de tous ceux qui ne veulent voir dans le Sacré-Cœur que l’objet d’une simple dévotion sentimentale.



Ce qui est fort remarquable, c’est que les deux aspects dont nous venons de parler ont l’un et l’autre leur représentation très nette dans l’iconographie du Sacré Cœur, sous les formes respectives du Cœur rayonnant et du Cœur enflammé. Le rayonnement figure la lumière, c’est-à-dire l’Intelligence (et c’est là, disons-le en passant, ce qui, pour nous, donne au titre de la Société du Rayonnement intellectuel du Sacré-Cœur toute sa signification). De même, les flammes figurent la chaleur, c’est-à-dire l’Amour ; on sait d’ailleurs que l’amour, même au sens ordinaire et humain, a été fréquemment représenté par l’emblème d’un cœur enflammé. L’existence de ces deux genres de représentations, pour le Sacré-Cœur, est donc parfaitement justifié : on se servira de l’un ou de l’autre, non pas indifféremment, mais selon qu’on voudra mettre spécialement en relief l’aspect de l’Intelligence ou celui de l’Amour. 

Auteur: Guénon René

Info: "Le coeur rayonnant et le coeur enflammé". Ecrits pour Regnabit, éd. Archè, Nino Aragno Editore, 1999, pp. 66-67

[ christianisme ] [ dévotion ]

 

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manque

On ne peut aimer qu’à se faire comme n’ayant pas, même si l’on a. L’amour comme réponse implique le domaine du non-avoir. […]

Ce n’est pas moi, c’est Platon qui l’a inventé – qui a inventé que seule la misère, Pénia, peut concevoir l’Amour, et l’idée de se faire engrosser un soir de fête. Et en effet, donner ce qu’on a, c’est la fête, ce n’est pas l’amour. 

D’où […] pour le riche – ça existe, et même, on y pense – aimer nécessite toujours de refuser.

C’est même ce qui agace. Il n’y a pas que ceux à qui on refuse qui sont agacés. Ceux qui refusent, les riches, ne sont pas plus à l’aise. […]

Je dirai même plus pendant que j’y suis – les riches n’ont pas bonne presse. Autrement dit, nous autres progressistes, nous ne les aimons pas beaucoup. Méfions-nous. Peut-être que cette haine du riche participe par une voie secrète à une révolte contre l’amour, tout simplement. Autrement dit, à une négation, à une Verneinung des vertus de la pauvreté, qui pourrait bien être à l’origine d’une certaine méconnaissance de ce que c’est que l’amour. [….]

Bref il est tout à fait certain pour un analyste qu’il y a chez le riche une grande difficulté d’aimer […]. Il vaut peut-être mieux le plaindre, le riche, sur ce point plutôt que le haïr, à moins qu’après tout, le haïr ne soit un mode de l’aimer, ce qui est bien possible.

Ce qu’il y a de certain, c’est que la richesse a une tendance à rendre impuissant. […] Et c’est ce qui explique tout de même des choses. La nécessité, par exemple, de détours. Le riche est forcé d’acheter, puisqu’il est riche. Et pour se rattraper, pour essayer de retrouver la puissance, il s’efforce, en achetant, de dévaloriser. […] Ainsi, quelquefois, il espère provoquer ce qu’il ne peut jamais acquérir directement, à savoir le désir de l’Autre. [...]

Le saint est un riche. Il fait bien tout ce qu’il peut pour avoir l’air pauvre, c’est vrai, […] mais c’est en cela justement qu’il est un riche […].

Le saint se déplace tout entier dans le domaine de l’avoir. Le saint renonce peut-être à quelques petites choses, mais c’est pour posséder tout.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, livre VIII - Le transfert" pages 415 à 417

[ amant ] [ métaphore du désirant ] [ comblé ]

 

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débandade

[…] nous roulions !... ah le paysage charmant !... enfin, un peu flou... je dirais : poétique... les autres trimbalés derrière nous, des autres plates-formes, doivent trembler aussi... je les aperçois comme ci... comme ça... entre les bâches et les projecteurs, ils semblent comme nous recroquevillés et pas fiers... ils sont un peu plus vêtus que nous... enfin je crois... mais sûr il en reste sous les bâches, c'est pas tout du matériel... y a des planqués de la ferraille !... des resquilleurs de je ne sais où... des gens qui ne veulent pas être vus... nous sommes là à bringuebaler sur ces plates-formes avec plein de personnes invisibles... coexistence se dit maintenant... en avant donc, coexistants !... que nous roulions, l'essentiel !... même avec ces dissimulés nous arriverons à Hambourg, à moins que ce train saute !... ce qu'on ne voit pas qui compte dans la vie, ce qui se voit s'entend n'est que mascarade, coups de gueule, théâtre !... ce qui se passe au fond de votre prostate qu'est intéressant, ce millionième de gamète qui décide qu'il en a assez, qu'il obéit plus aux ordres, qu'il va travailler pour son compte, foutre des marquises et du petit ami ! qu'il va proliférer et hop ! vite, pour lui, lui-même ! vous à la fosse ! hop ! vous le verrez jamais ce millionième d'anarchiste gamète crasseux cancéreux !... vous sauriez même pas qu'il a existé !... hé là ! si je prolifère je vous perds de vue... oh là ! acré !... battre la campagne ?... je vous ai prévenu, certes !... ma tête !... ma tête fait aussi des siennes... oh, que je refuse !... et vous ramène à notre plate-forme... roulante... à tout cet énorme bastringue et tous ces gens repliés entre les dynamos... voilà ! pas à se plaindre, on avance... sous ces bâches sûr il y a du monde... j'insiste ! qui vivra verra !... Henri IV alors ? Romanoff ?... Louis XV ?... ils vivaient pas, et très bien, leurs assassins sous toutes les portes ?... à tous les coins de rues ?... ces choses-là, comme vous savez, regardent les Parques, pas du tout nous !... résumons : ce coup de brique m'a pas arrangé... soit ! mais nullement déprimé... du tout !... je dirais même, au contraire !... porté à une certaine gaieté !... un peu spéciale... ainsi les chaumières me semblent devenues assez artistes... des deux côtés du paysage... je dirais elles font tableaux, elles penchent et gondolent... surtout les cheminées... c'est une vision, c'est un style […]

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Rigodon

[ soliloque ] [ voyage ] [ fuite ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

solitons

La vague la plus extrême jamais observée au large du Canada.

Les vagues scélérates sont impressionnantes. Et celle observée par des chercheurs au large du Canada en novembre 2020 l'a peut-être été encore un peu plus que les autres. Avec ses près de 18 mètres de haut, elle s'est élevée trois fois plus que toutes les vagues qui l'entouraient.

Les premiers à avoir décrit ces vagues scélérates ont été des marins. Dont on a même parfois eu peine à croire les histoires. Pourtant, il arrive bel et bien que des vagues d’une ampleur absolument anormale se forment en mer. Imaginez un mur d'eau qui se dresse tout à coup devant vous. Un mur d'eau de quelque 17,6 mètres de haut ! C'est le chiffre que des chercheurs de l’université de Victoria (Canada) viennent de confirmer pour une vague scélérate enregistrée au large du Canada en novembre 2020.

Cela semble malgré tout peu, face aux 25,6 mètres atteints par la toute première vague scélérate - celle dite Draupner - à avoir été enregistrée par des instruments scientifiques en 1995, en mer du Nord. Mais ce qui fait réellement le caractère remarquable de cette vague qui s'est développée du côté d'Ucluelet, c'est que l'état de la mer alentour ne produisait alors pas de vagues de plus de 6 mètres. Ainsi la vague en question a atteint près de trois fois la taille des vagues qui l'entouraient. Celle de la mer du Nord n'avait pas dépassé les deux fois.

Un événement hautement improbable : "C'est la vague la plus extrême jamais observée. La probabilité qu'un tel événement se produise n'est pas de plus d'une fois tous les 1.300 ans", précise Johannes Gemmrich, chercheur, dans un communiqué du MarineLabs de l’université de Victoria. Et si les chercheurs s'y intéressent désormais de près, c'est bien parce qu'elles représentent un danger pour les activités marines voire même, pour les structures terrestres.

Car pour l'heure, la cause de ces vagues scélérates reste mal comprise. Sans doute une combinaison de plusieurs facteurs : la vitesse du vent et sa direction, la profondeur de la mer ou encore les caractéristiques des fonds marins. Il faut dire que peu d'entre elles ont pu être étudiées jusqu'à présent. Mais le MarineLabs prévoit, dans l'espoir d'en apprendre plus, d'ajouter quelque 70 bouées de mesure à sa flotte. 

Auteur: Internet

Info: A partir de https://www.futura-sciences.com/ par Nathalie Mayer 17/02/2022

[ anomalie maritime ]

 

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Ajouté à la BD par miguel