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univers

Partant de Nairobi, nous visitâmes dans une petite Ford les Athi Plains, grande réserve de gibier. Sur une colline peu élevée, dans cette vaste savane, un spectacle sans pareil nous attendait. jusqu'à l'horizon le plus lointain nous aperçûmes d'immenses troupeaux : gazelles, antilopes, gnous, zèbres, phacochères, etc. Tout en paissant et remuant leurs têtes, les bêtes des troupeaux avançaient en un cours insensible - à peine percevait-on le cri mélancolique d'un oiseau de proie : c'était le silence du commencement éternel, le monde comme il avait toujours été dans l'état de non-être; car jusqu'à une époque toute récente personne n'était là pour savoir que c'était "ce monde". je m'éloignai de mes compagnons jusqu'à les perdre de vue. J'avais le sentiment d'être tout à fait seul. J'étais alors le premier homme qui savait que cela était le monde, et qui par sa connaissance venait seulement de le créer réellement. C'est ici qu'avec une éblouissante clarté m'apparut la valeur cosmique de la conscience : Quod nature relinquit.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: cité par Edward Edinger dans La création de conscience

[ nature ] [ miroir ] [ planète terre ]

 

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flocons

J'ignorais que la neige pouvait se précipiter ainsi sur les villes côtières (je m'imaginais, comme si je n'étais jamais sorti de ma campagne, qu'elle était l'apanage des hauteurs continentales) ; j'ignorais que la neige pût tomber sur la mer et s'y maintenir intacte, sans fondre aussitôt. En cinq minutes à peine, la couche s'était épaissie et la lagune était tapissée d'une blancheur chaste que flétrissait la proue du vaporetto en s'y ouvrant un chemin. Derrière nous, nous laissions un sillage d'eau brassée des plus noirs, mais la neige venait vite étendre son pieux manteau sur la déchirure. Je n'avais jamais encore contemplé une chute de neige aussi consciencieuse, jamais encore assisté au spectacle d'une nature libérée de ses chaînes qui bafoue ses propres lois et vous plonge dans une atmosphère d'irréalité. Il neigeait sur la lagune, il neigeait sur Venise, il neigeait sur moi avec un acharnement qui avait quelque chose d'un présage ou d'un avertissement, d'une fatalité à l'œuvre que je n’ai pu percevoir.

Auteur: De Prada Juan Manuel

Info: La tempête

[ océan ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

contemplation

Cet endroit ensoleillé, tel un trou percé par la lumière entre les bois sombres et humides de cèdres et de bambous, ouvert vers le ciel, était différent du souvenir qu’elle en avait gardé, mais il lui plut immédiatement, sans qu’elle sache vraiment pourquoi. 

Il était parsemé de vieilles souches d’arbres et des violettes poussaient entre les fondrières. La floraison était déjà terminée, les capsules de graines semblaient sur le point d’éclater. Imaginer toutes ces violettes en fleurs la rendit heureuse. Mais lui fit aussitôt regretter d’avoir manqué un tel spectacle. 

Elle s’assit sur l’une des souches et sentit son esprit s’apaiser, tandis qu’une sensation de calme se diffusait en elle. Cernée par les jeunes camphriers, les châtaigniers et les bouleaux, elle avait l’impression qu’une petite chose très précieuse – une petite chose douce, chaude et adorable – se cachait quelque part dans les environs. Comme un petit, un tout petit nid douillet, festonné de plumes duveteuses d’un petit, d’un tout petit oiseau.

Auteur: Nashiki Kaho

Info: L'été de la sorcière

[ nature ] [ symbiose ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sociologie

L'urbanisme postmoderne et les pratiques citadines actuelles ont réinventé la rue, l'alignement continu des façades et des activités commerciales ou de services accueillant la clientèle en rez-de-chaussée, ainsi que l'animation, voire la foule, où le badaud, plus que le chaland, aime se fondre dans l'anonymat du spectacle urbain, du défilé ou de la fête. Mais cette apparence de communauté retrouvée doit se conjuguer avec l'autre réalité de l'individualité croissante, qui agrège et mêle dans un même espace des destinées et des itinéraires différents : le renfermement de beaucoup de nos contemporains dans leur bulle, plus sensible encore à New York qu'à Paris, où toute intrusion (un sourire, un geste) est ressentie comme une agression, le téléphone portable utilisé en tout temps et en tout lieu (rue, services publics, transports), qui vous fait pénétrer avec voyeurisme dans l'intimité personnelle de l'autre, les multiples codes, vigiles barrières, cartes magnétiques, qui interdisent, fragmentent, divisent les accès et les populations. Plus que jamais, la ville contemporaine a inventé l'individualisation des foules.

Auteur: Burgel Guy

Info: La revanche des villes

[ mégapoles ]

 

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intelligence collective

Comment s'étonner alors que les comètes, spectacle si rare dans l'univers, ne soient pas connues, alors que leur récurrence est très grande ? ... Le temps viendra où des recherches assidues sur de longues périodes mettront en lumière des choses aujourd'hui cachées. Une seule vie, même entièrement consacrée au ciel, ne suffirait pas à l'étude d'un sujet aussi vaste... Aussi cette connaissance ne se dévoilera-t-elle qu'à travers de longs âges successifs. Il viendra un temps où nos descendants s'étonneront que nous n'ayons pas su des choses qui leur paraissent si évidentes .... De nombreuses découvertes sont réservées pour des âges encore à venir, lorsque notre mémoire aura été effacée. Notre univers est une bien piètre affaire s'il ne contient pas quelque chose à découvrir à chaque époque... La nature ne révèle pas ses mystères une fois pour toutes. Un jour, il y aura un homme qui montrera dans quelles régions les comètes ont leur orbite, pourquoi elles voyagent si loin des autres corps célestes, quelle est leur taille et quelle est leur nature.

Auteur: Sénèque

Info: Questions naturelles, livre 7. Traduit par Thomas H. Corcoran dans Seneca in Ten Volumes : Naturales Quaestiones II (1972), 279 et 293.

[ trans-époque ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

existences humaines

Dusses-tu vivre trois fois mille ans, et même autant de fois dix mille, souviens-toi toujours que personne ne perd d'autre existence que celle qu'il vit et qu'on ne vit que celle qu'on perd. Ainsi la plus longue et la plus courte reviennent au même. Le présent est égal pour tous et ce qu'on perd est donc égal et ce qu'on perd apparaît de la sorte infinitésimale. On ne saurait perdre, en effet, le passé ni l'avenir, car ce que nous n'avons pas, comment pourrait-on nous le ravir ? Souviens-toi donc toujours de ces deux choses : d'abord, que tout, de toute éternité, est d'aspect identique et repasse par les mêmes cycles, et qu'il n'importe qu'on assiste au même spectacle pendant cent ou deux cents ans ou tout l'éternité ; ensuite que l'homme le plus chargé d'années et celui qui mourra le plus tôt font la même perte, car c'est du moment présent seul qu'on doit être privé, puisque c'est le seul qu'on possède, et qu'on ne peut perdre ce qu'on n'a pas.

Auteur: Marc-Aurèle

Info: Pensées pour moi-même

[ similaires ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spectateur

Vers neuf heures, lorsque je me réveillai, c’était une orgie : les marchés sont les orgies des heures matinales, et la faim, comme aurait dit Jean Paul, sonne l’ouverture du jour, comme l’amour la finale. Les pièces de monnaie firent leur entrée sur un rythme syncopé et, lentement, se pressèrent et se bousculèrent des filles avec des filets rebondis qui de tous côtés invitaient à profiter de leurs rondeurs. Mais à peine étais-je descendu tout habillé sur la place, au moment où je voulais aller sur scène, que l’éclat et la fraîcheur du spectacle avaient disparu. Je compris que tous les dons du matin, comme le lever du soleil, doivent être reçus sur des hauteurs. Et ce qui illuminait, il y a un instant encore les dés frêles du pavé, n’était-ce pas une aurore mercantile ? Elle était maintenant ensevelie sous les papiers et les ordures. Au lieu de la danse et de la musique, il n’y avait plus que l’échange et le trafic. Rien ne peut être aussi irrévocablement perdu qu’un matin.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Weimar" in Images de pensée, pages 89-90

[ décalage ] [ animation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

stakhanoviste

Le déligneur*, c’est Garnier. Spectacle ahurissant. J’ai d’abord l’impression qu’il est ivre, ou fou de rage. Le déligneur titulaire de la place s’est fait enterrer par le scieur et ne peut plus fournir. Garnier a pris la place et lui fait voir comment on déligne. Ses gestes sont violents : il arrache la planche du tablier avec un rictus méchant, la place sur le petit chariot mobile, l’ajuste à la lame d’un coup d’oeil, et pousse dans la scie, à toute vitesse, le corps jeté en avant. A chaque trait, ses doigts passent à un centimètre de la lame. Il retire son chariot de toutes ses forces et jette les planches hors du hangar, à cinq mètres de lui. On a l’impression qu’il va bouffer chaque planche sur laquelle il met la main : il en bave, il en écume. Sa cadence est insensée. Inutile de s’approcher de lui, on prendrait un paquet de bois dans la gueule. Et on est en fin de journée ! Qu’est-ce que ça doit être au début !

Auteur: Anonyme

Info: La Scierie, Héros-limite éditions 13/04/2013, 137 p. *Qui scie une pièce dans le sens de sa longueu. L'action se passe en 1950,

[ charpentier ]

 

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autoportrait

[…] Vermeer semble bien s’être peint une fois, par un jeu de double miroir : dans cette toile sans nom précis, aujourd’hui appelée l’Atelier. Mais de dos, comme un peintre quelconque, qui pourrait être n’importe quelle autre personne occupée à sa toile. Rien, dans le costume, la taille, l’attitude du peintre, qui puisse être regardé comme signe distinctif, rien donc qui fasse état d’une complaisance quelconque du peintre à l’égard de sa propre personne. Dans le même temps cet Atelier – comme toutes les toiles de Vermeer – semble riche d’un bonheur d’exister qui irradie de toutes parts et saisit d’emblée le spectateur, et qui témoigne d’une jubilation perpétuelle au spectacle des choses : à en juger par cet instant de bonheur, on se persuade aisément que celui qui a fait cela, s’il n’a fixé dans sa toile qu’un seul moment de sa joie, en eût fait volontiers autant de l’instant d’avant comme de l’instant d’après. Seul le temps lui a manqué pour célébrer tous les instants et toutes les choses.

Auteur: Rosset Clément

Info: "Le réel et son double" in L'école du réel, page 70

[ interprétation ] [ émotion ]

 
Mis dans la chaine

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divertissement intelligent

Le spectacle est mort, il n’y a plus de télé-au-delà, tout est permis, voilà une grande nouvelle. Et la France, une fois de plus, est exemplaire. Tomber en zappant sur le grésillement sidéral de la Cinq, entre deux naufrages à paillettes sur les autres chaînes, c’est un peu comme d’apercevoir en négatif le frissonnement du Créateur absent au fond du trou de la couche d’ozone.

[…] Le spectacle est mort, tout est permis, et surtout d’empêcher la réalisation du projet gouvernemental de comblement de la crevasse de cette cinquième chaîne par les grelottants programmes du machin franco-allemand qu’on appelle Arte. Une chaîne culturelle, par-dessus le marché ! Culturelle ! Ce concept pour Virgin Mégastore ne doit plus bénéficier d’aucune indulgence. Rien n’a jamais été plus obscène que l’utopie d’une télévision culturelle (ou de qualité), si ce n’est celle d’une littérature télévisable. Dieu sait ce que je pense d’Eurodisneyland, mais cinquante mille inaugurations du Mausolée crétinisant de la Belle au bois dormant ne seront jamais aussi blâmables qu’une soirée-dictée de Pivot en direct des Nations Unies. 

Auteur: Muray Philippe

Info: 1992, Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, pages 433-434

[ pseudo-qualitatif ] [ réquisitoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson