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célébration

Les origines de la fête paysanne sont faciles à comprendre: elles sont dans l'émotion que tout homme sain ressent devant un tas de blé, une récolte quelle qu'elle soit et dans le sentiment de liberté, de sécurité et de paix qui naturellement l'accompagne (doit l'accompagner).Pour préparer une belle fête paysanne, c'est très simple de recette: on prend une belle récolte, on prend la liberté, la sécurité, la paix. C'est le couronnement naturel de tout travail accompli. Sans fêtes, pas de travail; sans travail, pas de fête.

Auteur: Giono Jean

Info: Romans et essais, 1928-1941, Triomphe de la vie

[ contraste ] [ vendange ] [ tradition ]

 

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monde moderne

Il n’est pas vrai que quoi que ce soit puisse progresser en allant de beauté en laideur. Il n’est pas vrai que nous n’ayons besoin que d’acier bien trempé, d’automobiles, de tracteurs, de frigidaires, d’éclairage électrique, d’autoroutes, de confort scientifique. Je sais que tous ces robots facilitent la vie, je m’en sers moi-même abondamment comme tout le monde. Mais l’homme a aussi besoin de confort spirituel. La beauté est la charpente de son âme. Sans elle, demain, il se suicidera dans les palais de sa vie automatique.

Auteur: Giono Jean

Info: Préface à Monuments et art de Haute-Provence, 1966

[ perte ] [ dimension poétique ] [ réconfort esthétique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

crépuscule

La nuit arriva dans un grand coup de vent. Elle n'était pas venue comme une eau par un flux insensible à travers les arbres, mais on l'avait vue sauter hors des vallées de l'est. D'un coup, elle avait pris d'abord jusqu'aux lisières du fleuve puis, pendant que le jour restait encore un peu sur les collines de ce côté-ci elle s'était préparée, écrasant les osiers sous ses grosses pattes noires, traînant son ventre dans les boues. Au premier vent elle avait sauté. Au premier vent elle avait sauté. Elle était déjà loin, là-bas devant, avec son haleine froide ; ici on était caressé par son corps tiède plein d'étoiles et de lune.

Auteur: Giono Jean

Info: Le chant du monde

 

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nature

Subitement il fit très froid. Antonio sentit que sa lèvre gelait. Il renifla. Le vent sonna plus profond; sa voix s'abaissait puis montait. Des arbres parlèrent; au-dessus des arbres le vent passa en ronflant sourdement. Il y avait des moments de grand silence, puis les chênes parlaient, puis les saules, puis les aulnes; les peupliers sifflaient de gauche et de droite comme des queues de chevaux, puis tout d'un coup ils se taisaient tous. Alors, la nuit gémissait tout doucement au fond du silence. Il faisait un froid serré. Sur tout le pourtour des montagnes, le ciel se déchira. Le dôme de nuit monta en haut du ciel avec trois étoiles grosses comme des yeux de chat et toutes clignotantes.

Auteur: Giono Jean

Info: Le chant du monde

[ obscurité ] [ littérature ] [ nocturne ]

 

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politique

De Juvénal à Giono, la droite pratiquait le pessimisme aristocratique, la nostalgie du passé et la méfiance à l'égard des progrès de la technique, elle était pastorale, volonté végétarienne et rêvait d'un retour aux sources de notre culture.

Aujourd'hui la droite patauge dans l'optimisme, s'émerveille des découvertes de la science, admire l'Amérique, brocarde les sectateurs de Rousseau, ce névropathe, ce faussaire, ce responsable de tous nos maux. (...) que la gauche qui n'est attentive qu'aux modes nouvelles affecte de mépriser les humanités classiques, cela est excusable. En revanche la droite qui se purge matin et soir avec les pastilles "défense de l'occident" , devrait se garder d'écrire des sottises qui trahissent une singulière méconnaissance du patrimoine Grec et Latin.

Auteur: Matzneff Gabriel

Info: le taureau de phalaris (1987, 294 p.) page 202

[ évolution ] [ rapport au monde ] [ gauche-droite ]

 

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conservatisme

Car ce ne sont pas les jeunes filles voilées qui remettent en cause l'école républicaine, mais tout un ensemble de faits qui en révèlent la crise. (...) L'enseignement qu'elle diffuse témoigne d'ailleurs d'une version étroitement nationalitaire du républicanisme. Si, pour de nombreux jeunes de culture musulmane, l'islam apparaît comme le seul pôle d'identification possible, c'est sans doute aussi parce que l'école ignore, par exemple, à peu près complètement les auteurs francophones qui ne sont pas français "de souche". S'ils trouvaient dans leurs livres de classe, à côté des textes de Giono et de Camus, des extraits de Césaire ou de Kateb Yacine, ces jeunes se sentiraient valorisés. En outre, ces auteurs pourraient, au même titre que les écrivains français de souche, leur transmettre la notion d'universel.

Auteur: Gaspard Françoise

Info: Le foulard et la République. Co-écrit avec Farhad Khosrokhavar

[ Gaule ]

 

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médiocrité

Toutes ces femmes de tanneurs étaient ou blanches et maigres ou blanches et grasses et ne parlaient que d’huile de foie de morue et de lessives. Je me demandais comment elles pouvaient bien s’arranger pour que la vie ne soit pas terrifiante. En tout cas, ça n’était rien que des viandes. Quand je me comparais à elles, j’en avais des bouffées de chaleur. Les hommes s’amusaient à des riens. Ils me faisaient danser pour un peu me peloter. Il semblait qu’ils avaient attrapé le Pérou. Ou alors, ils parlaient politique. C’étaient des jobards. A les entendre, ils voulaient tout manger. Je me disais : "Et dans quoi le mettraient-ils ? Ils n’ont pas d’estomac !" Ils croyaient à tout. Ils prenaient tout pour argent comptant. Moi, je savais qu’ils ne sortiraient jamais de l’ennui.

Auteur: Giono Jean

Info: Les âmes fortes, Librairie Gallimard, 1949, page 371

[ illusions ] [ petitesse ] [ prétention ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

négociations commerciales

Du temps où je vous parle, les affaires, quelles qu’elles soient, étaient décorées. Pas de chemin de fer sans vins d’honneur. Pas de ciment sans apéritifs. Pour déplacer la moindre benne, il fallait son poids de vespétro*. Tout se faisait dans un décor de café, de bistrot et de cantine. Ne pas boire le coup c’était rater neuf affaires sur dix. De là d’ailleurs, et par des quantités d’autres choses, le billard, nous y viendrons. La matière première, à la base, c’était l’absinthe. Entendons-nous : les plans, les projets, les trucs sur le papier, c’était peut-être fait par des gens sobres ou de petits estomacs, c’est possible, quoique pas même certain, mais dès qu’on disait : exécution ! c’était en premier lieu le bistrot. Pour acheter, pour transporter, pour placer le matériel, pour embaucher, débaucher, payer, rectifier, organiser : c’était le bistrot en premier lieu.

Auteur: Giono Jean

Info: Les âmes fortes, Librairie Gallimard, 1949, page 149 *liqueur italienne d'origine savoyarde ancienne

[ alcool ] [ picole ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

transhumance

Le vieux berger était déjà loin, là-bas dans la pente. Ça suivait tout lentement derrière lui. C'était des bêtes de taille presque égale serrées flanc à flanc, comme des vagues de boue, et, dans leur laine il y avait de grosses abeilles de la montagne prisonnières, mortes ou vivantes. Il y avait des fleurs et des épines ; il y avait de l'herbe toute verte entrelacée aux jambes. Il y avait un gros rat qui marchait en trébuchant sur le dos des moutons. Une ânesse bleue sortit du courant et s'arrêta, jambes écartées. (...) [Elle] regardait les hommes avec ses beaux yeux moussus comme des pierres de forêt. (...)
C'était des bêtes de bonne santé et de bon sentiment, ça marchait encore sans boiter. La grosse tête épaisse, aux yeux morts, était pleine encore des images et des odeurs de la montagne. (...) Les têtes aux yeux morts dansaient de haut en bas, elles flottaient dans les images de la montagne et mâchaient doucement le goût des herbes anciennes : le vent de la nuit qui vient faire son nid dans la laine des oreilles et les agneaux couchés comme du lait dans l'herbe fraîche, et les pluies !...

Auteur: Giono Jean

Info: Le grand troupeau

[ alpage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

irrécupérable médiatique

La métamorphose d’une épidémie en œuvre d’art contribue à la délivrer de sa fonction épidémique. La transformation du choléra en exercice de style, son appropriation par toutes les souplesses de la langue et par le choix des rythmes, autrement dit le surclassement, par l’esthétique, de tous les "mots d’ordre" dont ce cataclysme est gorgé, telles sont les propriétés qui font du Hussard [de Giono] un livre très exactement irrécupérable par la vision humanitaire du monde, par la machine à sauver les baleines, à mettre en scène les victimes de famines, à noyer les souffrances de la planète sous l’abominable cataracte des bons sentiments. Le secourisme mondial à grand spectacle, la vision-ONG déréalisante n’auraient aucun profit à tirer de ce roman de l’absence de complicité avec la surréalité trop réelle de l’épidémie. Tout le tragique qu’elle signifie, et dans lequel se précipiterait tête la première un mauvais écrivain (un Camus), un médecin sans frontières, Giono en fait un objet artistique, une pure question de forme. Que pour démontrer à tous les passionnées de la dramatisation en toc que la tragédie peut être ramenée à un effet de style. Dans les années 50 déjà, il faisait partie des rares élus à savoir que les catastrophes ne sont plus que des épisodes de la guerre livrée par les médias à l’inattendu, c’est-à-dire à la vie : "La bombe atomique n’est pour moi qu’un événement du journal", confie-t-il à la même époque dans un entretien. Le choléra aussi, dans son genre, est un événement du journal. Et quand on croit trop aux événements du journal comme réalités, on en meurt.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 160

[ virtualité ] [ détachement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson