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relations humaines

S’il arrive que ces gens qui m’ennuient, que je trouve ridicules pour une raison ou une autre, sont obligés de me laisser plus tôt que je ne l’avais prévu, je souffre profondément. J’essaie alors, par tous les moyens, de les suivre, au risque de passer pour indiscret. Je leur propose de les accompagner, de les attendre. Je leur demande si réellement je suis de trop. Et quand, sous le prétexte de ne pas m’obliger à une corvée, ils se débarrassent de moi, il m’arrive, devant le fait accompli, de pousser un cri de joie.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 34

[ paradoxe ] [ déchirement ] [ tiraillement ] [ solitude ] [ libération ]

 

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indifférence

Mon père parla donc de moi au directeur, mais il arriva ce que j’avais prévu. On n’avait besoin de personne au collège. Cet échec affecta beaucoup mon père. Comme ceux qui ne demandent jamais rien, il s’était figuré que le jour où, par extraordinaire, il demanderait quelque chose, lui sachant gré d’avoir été si discret, tout le monde se ferait une joie de lui donner satisfaction. Aussi ce refus, en découvrant le peu de cas qu’on faisait de lui, le plongea-t-il dans une colère dont je ne l’aurais jamais cru capable. Il était délivré de tout scrupule.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Non-lieu, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 340

[ choc ] [ déchaînement ] [ réaction ]

 

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espoir

Une fois de retour dans ma cellule, j’eus l’impression que, comme toujours, je m’étais fait des illusions sur les hommes. Je n’arriverais jamais à rien. J’étais plongé dans un profond abattement lorsque, soudain, il m’apparut que je n’avais après tout qu’à m’évader. Je savais bien que c’était impossible, mais cette idée me fit un bien immense. Pendant deux jours, je n’eus pas un instant de dépression. Un projet irréalisable avait suffi à me redonner confiance. J’étais décidé à m’évader par n’importe quel moyen et cela suffisait à illuminer ma vie. Je me gardais bien de chercher comment, puisque c’était impossible.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Non-lieu, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 435

[ moteur ] [ illusoire ] [ nécessaire ] [ prisonnier ] [ perspective d'avenir ]

 

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tristesse

Assis sur le lit, je regardai mon habit neuf, qui n’avait plus de raison d’être, et le désordre de ma chambre dans l’air frais du matin.

J’avais un mal de tête violent. Je songeai à ma vie triste, sans amis, sans argent. Je ne demandais qu’à aimer, qu’à être comme tout le monde. Ce n’était pourtant pas grand’chose.

Puis, subitement, j’éclatai en sanglots.

Bientôt, je m’aperçus que je me forçais à pleurer.

Je me levai. Les larmes séchèrent sur mes joues.

J’eus la sensation désagréable qu’on éprouve quand on s’est lavé la figure et qu’on ne se l’est pas essuyée.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Mes amis

[ division subjective ] [ intériorisation du regard extérieur ]

 
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autobiographie

Il y aurait bien ma date de naissance qui serait exacte. Encore faudrait-il que mon humeur du moment ne me poussât pas à me rajeunir dans le but de passer pour un prodige ou à me vieillir pour donner plus de poids à mes livres. Qui saurait d’ailleurs résister au plaisir d’emplir sa biographie d’événements, de pensées basses, d’envie d’écrire à l’âge de huit ans, de jeunesse incomprise, d’études très brillantes ou très médiocres, de tentatives de suicide, d’actions d’éclat à la guerre, d’une blessure mortelle dont on a réchappé, d’une condamnation à mort dans un camp de prisonniers et de la grâce arrivant à la veille de l’exécution. Le plus sage, je crois, est de ne pas commencer.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Cité en annexe de Raymond Cousse et Jean-Luc Bitton, Emmanuel Bove, la vie comme une ombre, Le castor astral, 1994, p. 255-256

[ imaginaire ] [ inventions ] [ mensonges ] [ affabulations ] [ enjolivée ] [ moi idéal ]

 

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repérage

M. Georget habitait, rue de Sèvres, une maison que rien ne signalait à l’attention. Elle était d’un rang un peu supérieur à ses voisines, car le numéro, au lieu de figurer sur une plaque d’émail bleu, était gravé dans un écusson juste au-dessus de la porte. Les fenêtres très rapprochées et très étroites montraient que les chambres étaient petites.

Je passai devant la maison la première fois très lentement, comme si je flânais, la deuxième, d’un bon pas, comme un homme qu’on attend mais qui n’est pas en retard, la troisième, très vite, avec une expression ennuyée, comme si j’avais oublié quelque chose, la quatrième, d’un pas assuré, avec une mine soulagée. Chaque fois, j’avais jeté un rapide coup d’œil dans le couloir. 

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Non-lieu, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 217

[ attitudes ] [ tactique ]

 

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réveil

Je posai mes lèvres sur son front et non sur ses joues pour n’avoir pas à l’embrasser deux fois. Je levai la tête. Elle passa son bras autour de mon cou et me serra contre elle. Nous ne parlions pas parce que le matin nous avions la paresse d’articuler le moindre mot. Par un accord tacite, nous ne nous disions même pas bonjour.

Nous restâmes ainsi un long moment. Je caressais ses seins qui ne sont pas sensibles, ses hanches, ses épaules moites de crème, évitant le grain de beauté qui lui fait mal.

Elle avait refermé les yeux sans s’être regardée dans une glace. Couchée près de moi, sa vraie nature prenait le dessus. Elle ne s’évertuait plus à être femme, ni coquette, confiante qu’elle était en me sentant contre elle.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Armand, éditions Sillage, Paris, 2020, pages 44-45

[ femme-par-homme ] [ couple ]

 

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relations humaines

"J’aime quelqu’un", m’a-t-elle dit. Je ne sais pourquoi ces mots quelconques ont subitement fait naître en moi une grande pitié pour elle. Je ne sais pourquoi cette façon de m’annoncer une nouvelle aussi importante m’a montré une Madeleine sans défense. J’ai eu le pressentiment qu’elle allait être dominée, qu’elle allait souffrir encore davantage, parce que je ne serais plus là pour la comprendre. Ce dernier mot me dévoile tout à coup une vérité à laquelle je n’avais pas encore songé. La compréhension la plus profonde, la compréhension qui aujourd’hui m’était apparue comme la base de tout amour, est inutile. Il ne sert à rien de comprendre ses semblables. La compréhension profonde n’ajoute rien à l’amour. Oui, la lassitude qui pèse sur moi est quelque chose d’effrayant. J’ai passé la quarantaine, et me voilà comme au début de l’existence.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 191

[ altérité radicale ] [ stagnation ]

 

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tristesse

Je ne suis pas neurasthénique, ni sentimental. Je ne suis rien de particulier. D’où vient alors que je ressemble à ce point à une épave ? Si on était entré en coup de vent au moment où je pleurais, je me serais dressé comme si rien n’était et j’eusse fait ce qu’on m’aurait proposé avec la gaieté nécessaire, comme si jamais je n’avais souffert. Ce n’est pourtant pas de la comédie tout cela. Je ne me trompe pas. Je pleure. Je souffre et je ne peux rien contre moi-même, et je vis comme tout le monde. Je suis incapable d’envisager une autre existence. C’est surtout cela qui m’étonne, de pleurer ainsi et tout de suite après de ressembler au premier venu. J’ai les occupations de tout le monde, je vais au théâtre, je suis gai, et au fond de moi-même, il y a toujours quelque chose qui n’est pas heureux, quelque chose d’insatisfait.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 43

[ apparences ] [ masque ] [ division subjective ] [ simultanéité ]

 

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femme-par-homme

Une femme était assise à côté de moi. Elle n’avait aucun jouet qui eût pu me laisser croire qu’elle était la mère d’un de ces innombrables enfants. Elle avait les cheveux noirs plats qui lui cachaient une partie de la joue, des yeux d’un marron trouble, des dents blanches mais dont les canines étaient extraordinairement pointues. Elle était pauvrement et négligemment vêtue. Je ne sais pourquoi, mais cette femme me paraissait profondément heureuse. Elle était assise comme quelqu’un qui ne veut parler à personne, que la vue de la maternité, de l’enfance intéresse. De temps en temps, quand un enfant faisait une espièglerie, elle souriait à la mère, mais de façon tellement étrange, comme si ce n’était ni à cette mère particulière, ni à cet enfant qu’elle songeait, mais à une vie lointaine qu’elle avait menée ou qu’elle aurait voulu mener, sans attendre de réponse à son sourire, sans paraître souffrir de cette sorte d’activité égoïste des mères, faite de claques, de cris, de recherches d’objets perdus.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Non-lieu, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 290

[ portrait ] [ description ] [ mystérieuse ] [ universalité ] [ joie ]

 
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