Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 557
Temps de recherche: 0.0495s

évolution

La seconde grande rupture de l'histoire humaine, l'apparition de sociétés inégalitaires et hiérarchisées, se pose en des termes comparables. En Europe, c'est au Vème millénaire que certaines tombes deviennent plus riches que d'autres, avec des objets de prestige et des parures de pierre et de métal. C'est aussi le moment où certains villages se fortifient, où les traces de violence (blessures, massacres, incendies) se généralisent. De fait, tout l'espace européen est désormais colonisé et il n'existe plus de terres libres alors que, à ressources naturelles égales, la démographie ne cesse de croître. L'accumulation dans les tombes de cette nouvelle richesse suppose une capacité technique mais aussi économique pour la produire et pour la soustraire au plus grand nombre. Elle suppose également une capacité de manipulation idéologique de la part de ces nouvelles élites afin de persuader le reste de la société, numériquement majoritaire, d'accepter cette "servitude volontaire". Là encore, ces phénomènes inégalitaires ne sont pas apparus dans toutes les sociétés humaines.

Auteur: Demoule Jean-Paul

Info: L'archéologie : Entre science et passion, Chapitre 3, L'aventure humaine au crible de l'archéologie

[ disparité ] [ capitalisme ] [ proto-histoire ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

déresponsabilisation

Le mot honneur signifie devoir [...]. Quand dans un État domine une classe privilégiée, le pays est fort. La classe dominante a toujours son honneur et sa religion de l’honneur, qui peut d’ailleurs être fausse, mais sert de ciment et consolide la nation ; c’est utile moralement, et plus encore en politique. Mais les esclaves pâtissent, je veux dire tous ceux qui n’appartiennent pas à cette caste. Pour qu’ils ne pâtissent pas, on leur accorde l’égalité de droits. C’est ce qu’on a fait chez nous et c’est très bien. Mais toutes les expériences faites jusqu'ici, partout - c'est-à-dire en Europe - nous montrent que l'égalité des droits provoque un abaissement du sentiment de l'honneur et, par conséquent, du devoir. L'égoïsme a remplacé l'ancienne idée, qui cimentait la nation ; et tout y est dissous en liberté individuelle. Les hommes, libérés, restant sans idée pour les cimenter, ont finalement si bien perdu tout lien supérieur qu’ils ont même cessé de défendre leur liberté.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 236

[ hagards ] [ individualisme ] [ nivellement par le bas ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

finances

Une étude sérieuse oblige à dire que les Juifs européens se sont trouvés associés aux flux d’argent parce qu’ils appliquaient, comme les catholiques et les protestants, la loi vétéro-testamentaire, laquelle ne tolérait pas qu’on prête à usure aux coreligionnaires (mais aux autres, oui). On lit en effet dans le Deutéronome (23-19) : "Tu ne prêteras pas à intérêt à ton frère, intérêt d’argent ou intérêt de nourriture, de toute chose qui se prête à intérêt." Le résultat est que, si nous avons une société composée à 99 % de chrétiens et à 1% de Juifs, 99 chrétiens en pourront prêter qu’à un seul juif cependant qu’un seul juif pourra prêter à 99 chrétiens. C’est donc clair : les juifs, étant minoritaires, se sont longtemps trouvés, en Europe, dans la position d’être presque les seuls à pouvoir prêter aux autres, détenant de fait le quasi-monopole du prêt à intérêt. Mais ce monopole a été cassé par Calvin en 1545 lorsqu’il a autorisé les prêts à intérêt entre coreligionnaires.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: "Le délire occidental", éditions Les liens qui libèrent, 2014, pages 42-43

[ banquiers ] [ historique ] [ religion ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par Coli Masson

biais

Les thèmes du livre (*) ne le distinguent pas de la littérature antisémite habituelle et le situent dans la suite des falsifications classiques, les Documents des Sages de Sion et le discours de Simeon ben Jehuda (**) (p.277). Il passe en revue la participation des Juifs à la Révolution russe, leur union avec les francs-maçons, leur contingent dans l'armée française, dans la population de Paris, les unes aussi sûrement fantasmatiques que les autres. Si le livre sort du lot des écrits antisémites habituels, cela tient en premier lieu à la personne de l'auteur. Céline a montré dans ses romans et dans son pamphlet Mea culpa qu'il n'a pas d'autre moyen d'expression à sa disposition que l'invective, quel que soit le sujet. Le nouveau livre perd constamment de vue son objet pour se tourner vers diverses figures impopulaires sur lesquelles porte l'animosité de l'auteur. L'unité du sujet est retrouvée lorsque Racine (p.219), Montaigne (p.125), Marat (p.276), Chesterton (p.189) sont présentés comme des enjuivés.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Lettre du 7 mars 1938, dans "Lettres sur la littérature", éd. ZOE, p. 84-85 - (*) le livre dont il est question est "Bagatelles pour un massacre" (**) référence au roman antisémite "Biarritz" de Sir John Retcliffe (pseudonyme de Herman Goedsche), dans lequel il est question d'un "complot juif", thème qui se propage en Europe dans les années 30

[ critique littéraire ] [ obsession ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Benslama

évolution

Le progrès technique n'est par ailleurs pas irréversible et des techniques peuvent se perdre, telle la moissonneuse gallo-romaine poussée par un animal : le Moyen-âge l'abandonnera pour revenir au fauchage manuel. Ainsi le développement des techniques entretient d'étroits rapports avec le fonctionnement social.
Les Romains savaient réaliser des machines complexes pour la guerre, la construction ou la meunerie, et les Grecs connaissaient même le principe de la machine à vapeur ; mais la généralisation de l'esclavage, main d'oeuvre abondante et peu coûteuse, a bloqué mentalement ces sociétés et les a empêchées de développer un machinisme plus élaboré ; elle a de même privé de pouvoir d'achat ladite main-d'oeuvre servile, qui aurait pu être sinon un puissant stimulant pour l'économie. Les civilisations arabe et chinoise, plus avancées techniquement que l'Europe occidentale à la fin du Moyen-âge, ont perdu ultérieurement leur avantage. Les ethnologues nous montrent que des sociétés géographiquement proches utilisent des techniques différentes, non parce que certaines seraient plus efficaces, mais justement pour se démarquer l'une de l'autre.

Auteur: Demoule Jean-Paul

Info: L'archéologie : Entre science et passion, Chapitre 3, L'aventure humaine au crible de l'archéologie

[ historique ] [ régression ]

 

Commentaires: 0

occident

C'est d'abord au port de Séville que débarque l'essentiel des produits d'Amérique. L'espagnol Nicolas Monardès, à la fois négociant et médecin, en dresse la liste en 1565 dans un traité qui connaît immédiatement un vif succès. Il fait ainsi découvrir à l'Europe l'ananas, le maïs, la cacahuète, la tomate d'abord nommée pomme d'or, car elle est jaune, puis le chocolat qui fera fureur à partir de 1600 et le tabac, d'abord considéré comme un médicament y compris contre les migraines, l'asthme et les épidémies de peste ! Les épices d'Extrême-Orient (150 000 tonnes débarquées à Lisbonne au cours du XVIe siècle) sont, elles aussi, pourvues de vertus curatives : le clou de girofle soulage la douleur, le gingembre stimule le sang et la digestion. Quant au sucre qui arrive des Antilles dès 1570, il est en fait originaire d'Inde, et cultivé en Espagne depuis 1400. Lors de son deuxième voyage vers l'Amérique en 1493, Christophe Colomb emporte quelques plants de canne à sucre et l'implante avec succès sur les îles.

Auteur: Coppin Brigitte

Info: Les produits du nouveau monde

[ historique ] [ nourriture ] [ nord-sud ]

 

Commentaires: 0

onanisme

Les premières mentions d'un interdit de la masturbation se rencontrent au tout début du XVIIIe siècle dans l'Europe du Nord. Sous l'influence d'un prédicateur luthérien, qui professe ensuite en Angleterre, c'est d'abord un interdit protestant.
Le message apocalyptique passe des mains des naturalistes à celles des réformistes, particulièrement stricts en ce qui concerne la morale sexuelle. La nouvelle se propage ainsi de Hollande en Angleterre puis en Suisse calviniste. L'oeil strict de la Réforme se penche sur le sexe en solitaire.
[...]
Ce tableau apocalyptique va servir pendant plusieurs siècles à effrayer les adolescents et leur interdire l'outil naturel d'initiation sexuelle.
[...]
[Ce n'est que] dans la deuxième moitié du XXe siècle que la sexologie moderne en montrera toutes les vertus. La masturbation est un élément central de la construction érotique, elle permet la maturation sexuelle et l'entretien du désir au cours de la vie. Elle est indispensable aux femmes comme aux hommes. C'est certainement par une prescience de son importance que la masturbation a été autant persécutée.

Auteur: Brenot Philippe

Info: Sex story, p. 119-124

[ historique ]

 

Commentaires: 0

marginalité

Aujourd'hui, "utopie", pour moi, ça veut dire aussi hors de l'histoire. L'histoire, aujourd'hui, c'est l'Europe, la mondialisation, la centralisation. Mon utopie, c'est de dire: laissons les gens vivre au niveau du sol, comme disait Fernand Braudel. La cour [filmée dans Marius et Jeannette], c'est le niveau du sol. Je pense qu'il faut que soient préservés des pans entiers du monde à l'écart du mouvement précipité de l'histoire. Que des gens vivent en marge, dans le bon sens du terme. Je me souviens que Braudel disait que l'écart entre les chiffres officiels de la production de chaussures à Milan et les chiffres réels prouvait la bonne santé de la société italienne. Pour lui, c'était la preuve que le niveau du sol fonctionnait, et au niveau du sol les gens sont heureux. Contrairement au discours misérabiliste qui se lamente sur "ceux que la prospérité économique laisse au bord du chemin", je pense qu'on peut être très heureux au bord du chemin. A condition de n'y être pas seul et de faire bloc.

Auteur: Guédiguian Robert

Info: Première, décembre 1997

 

Commentaires: 0

oppression

Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu'il y a au Vietnam une tête coupée et un oeil crevé et qu'en France on accepte, une fillette violée et qu'en France on accepte, un Malgache supplicié et qu'en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s'opère, une gangrène qui s'installe, un foyer d'infection qui s'étend et qu'au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. De tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l'Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l'ensauvagement du continent.

Auteur: Césaire Aimé

Info: Discours sur le colonialisme

[ colonialisme ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

compromis

Le président de la Confédération suisse, Marcel Pilet-Golaz, avait déclaré qu’il était du plus grand intérêt pour la Suisse de s’ajuster à la  "nouvelle Europe" (un euphémisme pour dire "accepter les exigences des nazis"), propos très représentatifs de l’état d’esprit d’une grande partie de la population. En 1938 déjà, la formation politique de Pilet-Golaz avait fait passer une loi rendant obligatoire l’apposition d’un J majuscule sur les passeports des réfugiés juifs, et les nazis l’adoptèrent la même année avec enthousiasme, avant de franchir un autre pas en exerçant des pressions sur la Suisse pour obtenir la fermeture de ses frontières. En 1942, l’expression "la barque est pleine", désormais tristement célèbre, était devenue un lieu commun en Suisse. Pourtant, tout au long de la guerre, les Suisses allaient inventer une autre expression pour se moquer d’eux-mêmes et de leur volonté de rester neutres sur un continent dévasté par la guerre : ils disaient que "s’ils travaillaient pour les nazis pendant la semaine, le dimanche, par contre, ils priaient pour les Alliés". 

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, pages 702-703

[ collaboration douce ] [ le cul entre deux chaises ] [ nazisme ] [ neutralité ] [ ww2 ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson