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misère

Je commençais à envisager la pénible obligation de m'adresser aux pauvres, qui constituent l'extrême ressource du vagabond affamé. On peut toujours compter sur eux : jamais ils ne repoussent le mendiant. Maintes fois, à travers les Etats-Unis, on m'a refusé du pain dans les maisons cossues sur la colline, mais toujours on m'en a offert, près du ruisseau ou du marécage, dans la petite cabane aux carreaux cassés remplacés par des chiffons, où l'on aperçoit la mère au visage fatigué et ridé par le labeur. Ô vous qui prêchez la charité, prenez exemple sur les pauvres, car seuls ils savent pratiquer cette vertu! Ils ne donnent pas leur superflu, car ils n'en possèdent pas. Ils se privent parfois du nécessaire. Un os jeté au chien ne représente pas un acte charitable. La charité, c'est l'os partagé avec le chien lorsqu'on est aussi affamé que lui.

Auteur: London Jack

Info: La Route : Les Vagabonds du rail

[ générosité ] [ solidarité ]

 

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amour

Alors, comme si sa destinée se fût accomplie à cet instant, une soudaine et corrélative révélation s’était faite, en cet élu de la Douleur, de sa propre puissance affective, jusqu’alors inconnue de lui-même, enveloppée et flottante dans l’amnios… Une surprenante avidité de tendresse humaine fut l’accompagnement immédiat des surnaturelles appétences de ce vierge cœur.

Du premier coup, sans avoir passé par le cloaque des intermédiaires impressions cupidiques, il se trouva prêt pour la grande tribulation passionnelle. Tout ce que la misère et les défiances d’un rétractile orgueil avaient, jusque-là, comprimé, fit explosion : l’ignorance, les niaises pudeurs, les crédulités jobardes, les lyriques éruptions, les attendrissements dangereux, le besoin subit de se fendre l’âme du haut en bas, au milieu du hennissement sexuel, enfin, tout le déballage coquebin d’un chérubinisme attardé et grandiloque. Éternelle dilapidation des mêmes trésors pour aboutir à l’empyreume fatal de la passion satisfaite !

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, page 60

[ coup de foudre ] [ étapes obligatoires ] [ volupté ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ersatz

Maintenant que cette œuvre naît, sa misère m’apparaît. Misère de la littérature. Comment l’esprit peut-il témoigner de ce qui fut sang de la force et chair de la sincérité ? Qui peut forcer à croire qu’il s’est agi pour moi d’autre chose que d’un livre ? […] Car ce livre est le fruit d’un échec autant que d’une espérance. L’écrit n’est que le dernier recours de l’individu dans le monde qui refuse son geste : ce livre est né de la mort d’un acte. […] Mon livre me fait honte, c’est l’échec de ma vie et je ne l’ai écrit que dans l’espérance insensée de pouvoir te le dire un jour ailleurs. Un instant, laisse-moi croire à sa force. Peut-être que ces pages, nées de ma mauvaise chance, engendreront un jour de nouvelles possibilités, ouvrant, à partir de la réflexion qui isole […] le chemin qui ramène à l’action qui délivre.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Pan se meurt"

[ défaite ] [ concret-abstrait ] [ déception ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

répétition

La monotonie est ce qu’il y a de plus beau ou de plus affreux. De plus beau si c’est un reflet de l’éternité. De plus affreux si c’est l’indice d’une perpétuité sans changement. Temps dépassé ou temps stérilisé.

Le cercle est le symbole de la belle monotonie, l’oscillation pendulaire de la monotonie atroce.

Spiritualité du travail. Le travail fait éprouver d’une manière harassante le phénomène de la finalité renvoyée comme une balle ; travailler pour manger, manger pour travailler… Si l’on regarde l’un des deux comme une fin, ou l’un et l’autre pris séparément, on est perdu. Le cycle contient la vérité.

Un écureuil tournant dans sa cage et la rotation de la sphère céleste. Extrême misère et extrême grandeur.

C’est quand l’homme se voit comme un écureuil tournant dans une cage circulaire que, s’il ne se ment pas, il est proche du salut.

Auteur: Weil Simone

Info: "La pesanteur et la grâce", Librairie Plon, 1988, page 273

[ absurde ] [ sens ] [ ambivalence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

voyage

Il faudrait maintenant que je te parle de Rome ; c’est difficile. Cela a été, pour moi aussi, grandiose et l’accomplissement d’un souhait longtemps caressé, tu le sais. Un peu rapetissé, comme le sont ces accomplissements quand on les a attendus trop longtemps, mais quand même un sommet de la vie. Alors que je m’associais complètement à la Rome antique, sans être perturbé (j’aurais pu adorer, à côté du forum de Nerva, le fragment du temple de Minerve dégradé et mutilé), il ne m’a pas été possible de jouir librement de la deuxième Rome, sa tendance m’a perturbé, j’ai été incapable de me détacher en pensée de ma misère et de toutes les autres choses que je connais, je n’ai pas bien supporté le mensonge de la rédemption de l’humanité qui lève la tête en direction du ciel.

Pour moi, la troisième Rome, la Rome italienne, est pleine d’espoirs et sympathique

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess du 19 septembre 1901, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ impressions ] [ superposition de strates ] [ bilan mitigé ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

Les villageois croient que ces femmes sorcières sont responsables de leurs problèmes, de la misère, de la pauvreté, des mauvaises récoltes et des tempêtes.

Toutes ces rumeurs conduisent les femmes devant les tribunaux. Les rousses, celles qui ont du savoir, les vieilles (à partir de 28 ans) et celles qui rouspètent trop.

Même les règles, considérées jusque-là comme un signe de fécondité, deviennent une preuve de malédiction. On décide que les femmes qui souffrent de règles très douloureuses sont habitées par le démon.

Accusées de sorcellerie, elles sont exilées, assassinées ou brûlées. (100 000 mortes)

Petit test pour prouver qu'une femme est une sorcière : mettre la femme soupçonnée nue, lui attacher les mains et les pieds, la jeter à l'eau (préalablement bénie).

Si elle flotte, c'est une sorcière ! On la sort de l'eau et on la brûle.

Si elle coule et se noie, c'est qu'elle est innocente (mais elle est morte).

Auteur: Soledad Bravi

Info: Pourquoi y a t-il des inégalités entre les hommes et les femmes ? La chasse aux sorcières, XVe - XVIIe siècles

[ renaissance ] [ sorcellerie ] [ barbarie ] [ religion ]

 

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misère

La vue de ces sans-abris avait jadis suscité en moi un profond sentiment de compassion. Mais cela n'avait pas duré. La maladie de la subjectivité, ou de l'objectivité - je ne sais toujours pas comment l'appeler-, me faisait voir les épreuves de ces gens de tant de points de vue différents qu' au bout du compte leur spectacle n'en était plus qu'un parmi tant d'autres et ce que la vision de ces gens suscitait en moi était désormais d'une nature bien différente. Rien, me disais-je maintenant, ne pouvait plus être rejeté. Ni les saletés qui avaient été jetées puis récupérées dans les poubelles pour être remises en circulation sur les trottoirs de Broadway. Ni ces gens eux-mêmes, des saletés humaines, officiellement rejetées, mais sans endroit spécialement conçu pour les tenir hors de la vue. Les égouts privés et publics étaient pleins, ils débordaient, dégorgeant et remettant en circulation tout ce qui avait été rejeté.

Auteur: Tesich Steve

Info: Karoo

[ USA ] [ clochard ]

 

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homosexualité

Devant les urinoirs, un couple d'hommes, dans la pénombre, faisait l'amour debout, en silence. Ils n'avaient même pas pris la peine de se déshabiller complètement, ils s'étaient contentés de laisser glisser leur pantalon sur leurs cuisses et je fixais stupidement ces fesses blanchâtres qui s'agitaient mécaniquement, sans la moindre frénésie, sans la moindre joie apparente, et qui s'agiteraient encore des heures et des heures, et pourquoi pas, jusqu'à la fin des temps peut-être. [...] Je ne m'étais jamais aussi bien rendu compte que ce soir à quel point les gestes de l'amour, sous toutes leurs formes, me faisaient horreur. Ces gesticulations de suppliciés, ces soubresauts de corps tétanisés. Vraiment. Notre misère, notre solitude. La dernière fête des condamnés à mort. Mais qui donc nous viendra en aide ? Ils appellent ça le plaisir. Il y en a qui écrivent des livres entiers là-dessus. Mais qui donc nous viendra en aide ? Qui donc aura pitié de nous ?

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: Jérôme : L'enfance de Jérôme Bauche

[ désespoir ]

 

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préjugés

Nous passons notre temps à préférer les idées que nous avons du monde au monde même. L'égoïsme n'est qu'une forme, et très particulière, de cette préférence totale. Ce qui m'empêche de lire dans la pensée d'autrui, ce n'est pas le silence d'autrui, ou même ses mensonges. C'est le bruit que je fais, dans ma tête, à son sujet. Avant d'aller à lui, je calcule, je pèse et contre-pèse les mérites et les torts, je tire déjà ma conclusion. Cette conclusion, je la crie dans mes propres oreilles. Je m'enivre d'elle, je m'endors déjà sur elle. Comment pourrais-je m'étonner ensuite de ne pas voir cet homme que j'ai enseveli dans mon vacarme? Je me suis dressé dans mon armure d'habitudes, dressé moi-même entre lui et moi. Je vais donc me tromper, être trompé, m'établir enfin dans ma solitude - une solitude hostile. Ah! L'artificielle misère, et comme il serait plus simple de faire attention! Comme cela nous rendrait heureux!

Auteur: Lusseyran Jacques

Info: Le monde commence aujourd'hui

[ fermeture ] [ rapports humains ] [ dialogue ]

 

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transmission transgénérationnelle

Ayant cohabité jusqu’à l’âge de trente ans avec mes grands-parents (l’idée de s’en séparer ne venait même pas à l’esprit dans notre civilisation rurale) et sachant ce que j’ai reçu d’eux durant et bien après mon enfance, j’avoue que de tels propos [sur la réclusion des anciens en maison de retraite] me déconcertent. Je ne cache pas qu’il y avait une part de friction et de support mutuel parfois pénible entre mes parents et mes grands-parents, mais ces inévitables misères de la vie commune n’étaient que la faible rançon d’un très large éventail d’échanges positifs. Et encore ne concernaient-elles que les deux générations d’adultes et ne troublaient-elles en rien la limpidité spontanée de mes rapports avec mes grands-parents. Plus j’avance dans la vie, plus je découvre combien la qualité de leur tendresse et de leurs enseignements – si différente de celle qui vient des parents – m’a pénétré jusque dans les fibres les plus secrètes de mon être.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, page 143

[ reconnaissance ] [ richesse ]

 

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