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femmes-par-hommes

La sexualité des femmes après 60 ans
Aujourd'hui, toutes les conditions sont réunies pour que chacune choisisse sa façon de vivre, avant la dernière étape de la grande vieillesse. En ayant par exemple une sexualité épanouie, si tel est son voeu. Pour une femme l'âge et la ménopause, accompagnée par le bouleversement en quelques mois de son équilibre hormonal, définissent clairement un "avant" et un "après". Les atteintes physiques apparaissent, et risquent d'entraver la sexualité. La sécheresse vaginale rend les rapports désagréables ou douloureux ; le relâchement des tissus peut entraîner une "descente des organes" gênant la pénétration ; l'évolution des seins gâche l'image de soi.
Sexualité après la ménopause : des réactions différentes
Certaines femmes vont se résigner : la sexualité devient trop compliquée, et, si elle était déjà difficile auparavant, si elle donnait peu de plaisir, était peu intéressante, la tentation sera grande d'arrêter les frais, et de se consacrer à des activités plus gratifiantes : les petits enfants, le bénévolat, les voyages… Les solutions sont infinies. Il y a tellement de choses que la vie a empêché de faire, on ne s'ennuie pas ! Parfois, la ménopause et ses troubles offrent la bonne excuse tant attendue pour enfin avoir le droit de dire non à une sexualité, qui aura toujours été plutôt subie.
Mais beaucoup de femmes ne réagissent pas ainsi : les traitements existent pour maintenir le corps en forme, lubrifiants et hormones permettent de gommer la plupart des inconvénients du vieillissement. Si la sexualité a été bonne, elle est une part de la vie à laquelle on ne veut pas renoncer, pour l'équilibre et la joie de vivre qu'elle apporte.
Un second souffle après la ménopause
Alors que certaines femmes âgées s'imaginent qu'elles ne sont plus conformes aux modèles sociaux de la séduction et se sentent coupables de leurs désirs érotiques, d'autres se trouvent libérées et découvrent avec surprise, comme un cadeau inespéré, ce corps toujours désirant et toujours sensible et cette imagination toujours débordante de projets et de fantasmes. Détachée de la reproduction (au diable la contraception et tous ses soucis !), la sexualité peut se voir investie comme plaisir.
Avoir tout son temps disponible permet d'envisager que certaines frustrations passées pourront enfin être affrontées, et résolues : les enquêtes apprennent qu'un nombre non négligeable de femmes ont davantage d'orgasmes après la ménopause, et que certaines ne l'ont connu pour la première fois qu'alors ! En plus, les multiples possibilités de rencontre de toutes les associations et activités organisées font que la solitude n'est plus une fatalité : l'aventure amoureuse et érotique est possible, et se révèle souvent d'une grande qualité, puisque rien (ni métier, ni enfant) ne l'entrave.
Même si l'inégalité est très grande devant les atteintes du vieillissement et les maladies, la marge de liberté réelle est souvent bien plus grande qu'on ne l'imaginait avant d'être confrontée au problème. Et rester coquette, vouloir séduire (son compagnon ou un nouveau partenaire), jouir, donnent du goût à la vie et nourrissent les projets et la joie de vivre.

Auteur: Ferroul Yves

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[ gérontologie ] [ sénescence ]

 

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rhétorique

Mais enfin il faut bien en venir à l’événement qui se produit au cours du Ve siècle (av.J.-C.) et qui interrompt brutalement (ou progressivement, nous n’en savons rien) la tradition gnomique. Culturellement, cet événement est constitué par l’apparition des Sophistes. On peut sans doute hésiter sur la nature historique de ce phénomène culturel, sur le nombre et la fonction exacte de ces hommes qui, tels Protagoras ou Gorgias, parcouraient la Grèce en tous sens, et faisaient métier de la parole. On ne saurait, croyons-nous, hésiter sur sa signification métaphysique : il s’agit essentiellement d’une corruption de la parole, du logos (indissociablement raison et discours), qui de moyen devient fin en soi et s’enivre d’une puissance indéfinie. Ce qui le prouve, c’est évidemment la guerre que Socrate leur livre, dans les dialogues de Platon, parce que ces corrupteurs du verbe doivent être vaincus avec leurs propres armes, si bien qu’on pourrait définir tout le platonisme comme une anti-sophistique. Mais c’est aussi le fait irrécusable que la parole, qui était d’abord prophétie de l’Etre, devient

Source de profit. Parole à vendre au plus offrant …

Ainsi les mots sont-ils déliés du lien qui les unissait au choses ; leur amarre ontologique est rompue, ils peuvent flotter "librement " sur la mer des passions humaines ; la parole n’a plus de poids.

Pour rendre compte d’un tel bouleversement, il faut bien supposer une sorte de mutation de la pensée humaine, qui préfigure, deux mille ans avant, celle qui se produira avec l’apparition du monde moderne, et qui fut, elle aussi liée à une crise du langage et de la pensée, le nominalisme. Cette mutation peut être décrite de deux façons. C’est d’abord un changement dans l’orientation profonde de l’intelligence humaine, qui cesse d’être tournée activement vers la lumière de la Réalité divine, c’est-à-dire qui refuse d’être pure réceptivité à l’égard de l’acte illuminant du Soleil suprême, dans l’humilité parfaite et l’oubli de soi-même. Du même coup elle perd la connaissance des reflets cosmiques du Soleil principiel : elle ne sait plus parler le langage symbolique des choses. C’est ensuite la découverte de sa propre puissance, c’est-à-dire d’elle-même comme d’un instrument universel. En effet, l’intelligence est à la fois vision (ou audition) et relation (5), et relation au service d’une vision ou comme conséquence discursive d’une vision. Si l’intelligence distingue le réel de l’illusoire, c’est en fonction de la vision originelle de l’Etre. Si elle relie telle réalité à telle autre, c’est en vertu de la perception de leur commune essence. Tel est l’ordre naturel des choses. Toutefois, lorsque l’intelligence renonce à la réceptivité contemplative, elle ne perd pas pour autant sa puissance analytique (de distinction et de liaison). Tout au contraire, cette puissance n’étant plus soumise à la vision intellective, s’apparaît à elle-même comme pure capacité. N’étant plus déterminée par son objet transcendant, elle se découvre disponible pour toutes les tâches. Elle est à la fois maîtresse (illusoire) de l’univers, et maîtresse du vrai et du faux : le vrai n’est plus fonction de l’être mais du discours, et c’est là proprement ce qu’on appelle la sophistique.

Auteur: Borella Jean

Info: In : Platon ou la restauration de l'intellectualité occidentale, dans la revue "Etudes traditionnelles" no 471, 1981

[ historique ] [ ergotages ] [ déconnexion ]

 
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détecteurs de mensonge

Les bébés reconnaissent les sentiments feints Dès l'âge de 18 mois, les nourrissons savent déceler les réactions émotionnelles non justifiées, selon des chercheurs de l'Université Concordia. "Si tu aimes le soleil, tape des mains !", dit la comptine. Et les enfants la comprennent aisément, puisque le mouvement qui l'accompagne traduit bien l'émotion évoquée. Mais lorsque les sentiments et les réactions se contredisent, les enfants perçoivent-ils le paradoxe ? Une nouvelle recherche menée à l'Université Concordia, à Montréal, prouve qu'ils en sont capables, et ce, dès l'âge de 18 mois. Dans The Official Journal of the International Society on Infant Studies, les chercheuses en psychologie Sabrina Chiarella et Diane Poulin-Dubois montrent que les très jeunes enfants sont en mesure de déterminer si les émotions d'autrui sont légitimes dans un contexte particulier. Selon elles, les tout-petits comprennent le lien entre la signification d'une expérience et l'émotion qui se manifeste ensuite. Cette découverte a des implications importantes, surtout pour les parents et les éducateurs: "notre recherche indique que les bébés ne sont pas dupes si l'on feint le plaisir en réaction à une source de douleur. Souvent, après une expérience négative, les adultes s'efforcent de sourire pour éviter de bouleverser les jeunes enfants. Pourtant, ceux-ci savent comment vous vous sentez réellement: dès l'âge de 18 mois, ils comprennent le lien implicite entre les événements et les émotions", explique Diane Poulin-Dubois, professeure de psychologie. Pour mener leur recherche, la Prof Poulin-Dubois et la doctorante Sabrina Chiarella ont sélectionné 92 nourrissons, tous âgés de 15 ou de 18 mois. En laboratoire, les bébés ont assisté à plusieurs mises en scène jouées par une actrice, qui devait simuler une réaction, tantôt normale, tantôt anormale, à diverses situations. Dans l'un des scénarios, la comédienne exprimait une émotion contradictoire, affichant de la tristesse alors qu'on lui montrait un jouet. Dans un autre scénario, elle présentait une réaction normale de douleur après avoir feint de se blesser au doigt. Les enfants de 15 mois réagissaient sensiblement de la même façon à ces deux événements, ce qui indique que la compréhension du lien entre une expérience émotionnelle et l'expression faciale affichée ensuite n'est pas encore développée à ce stade. En revanche, les enfants de 18 mois étaient manifestement sensibles à la discordance entre l'expérience et l'expression faciale. En effet, ils passaient alors plus de temps à observer le visage de l'actrice et avaient davantage tendance à jeter des coups d'oeil à leur éducateur, qui se trouvait également dans la pièce, afin de jauger la réaction de cette personne de confiance. Selon Mme Chiarella, il s'agit là d'un comportement d'adaptation: "la capacité à déceler la tristesse et à y réagir immédiatement a une implication sur le plan de l'évolution. En effet, pour fonctionner efficacement en société, les enfants doivent développer leur compréhension des comportements d'autrui, et ce, en inférant l'expérience vécue intérieurement par les gens de leur entourage." Les chercheuses espèrent que ces découvertes pourront servir, dans le cadre d'études ultérieures, à déterminer si les jeunes enfants exposés à des personnes dont les réactions émotionnelles ne sont pas fiables se monteront plus réticents à apprendre de ces personnes, ou encore à les aider.

Auteur: Internet

Info: oct 2013

[ émotion ] [ froideur ] [ trompeur ] [ comédie ] [ dissimulation ] [ fausseté ] [ pédagogie ] [ bambins lucides ]

 

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archéologie mystérieuse

[...] il existait dans l’ancienne Lydie en Anatolie, patrie la plus septentrionale des Amazones, la légende d’un Titan nommé Tantalis, condamné par Zeus à soutenir le poids d’un immense rocher auquel il était enchaîné pour l’éternité, et la mythologie grecque précise que Tantale est littéralement embourbé dans le Tartare, le fond des Enfers, tandis que la faim et la soif le tenaillent indéfiniment. Cet ancien roi divin d’un royaume anatolien mythique submergé sous un lac sacré n’est pas sans évoquer Atlas, père des Atlantes, très souvent figuré soutenant le Ciel et portant le globe terrestre sur son dos. A cette étape de notre investigation, il est indéniable que Tantalis et Atlas désignaient les deux chaînes montagneuses jumelles sur lesquelles s’étaient établis les Ases, ce qui explique leur caractère d’interchangeabilité, et les affinités linguistiques, sociétales et génétiques qui relient les différents rameaux liguro-pélasges. Ceci explique aussi pourquoi certains ethnologues auraient tendance à attribuer une origine capsienne aux Berbères, lorsqu’ils signalent qu’il parait y avoir eu, avant même le néolithique, contact et interférence entre deux civilisations : l’une proto-berbère et l’autre capsienne et méditerranéenne. La catastrophe de Marmara qui brisa le barrage naturel du Bosphore au nord de la Lydie, et auquel on serait tenté de relier le mythe du titan Tantalis, n’était que l’une des nombreuses conséquences de la chaîne de bouleversements et de cataclysmes successifs qui remodelèrent sur plusieurs millénaires les régions s’étendant de l’Ibérie et la Mauritanie jusqu’au Caucase. Ce déluge particulier entre dans le cadre des multiples catastrophes qui furent la conséquence de la Grande Catastrophe lorsque le niveau de la Méditerranée monta jusqu’à 150 mètres, soit à cause de la fonte des glaces de l’Europe, soit par l’autre déluge que fut l’ouverture du détroit de Gibraltar.
Pour Andrew Collins, "le mont Atlas passait pour être le titan pétrifié, portant les cieux sur ses épaules. Le nom Atlas apparaît donc au fait d’avoir élevé les cieux vers le haut, et ce lien suggère fortement que le mont Atlas ne provient pas du grec, langue indo-européenne mais du punique, langue des Carthaginois". Il suggère ainsi que la racine atl ne signifie pas "supporter" mais "élever, lever" et que les monts Atlas s’appelleraient ainsi parce que leurs "cieux" étaient "élevés" au-dessus du sol et qu’Atlas, le puissant géant de pierre, désignait celui qui avait élevé les cieux dans les airs. Selon cette hypothèse, Atlas pourrait se traduire par "l’élévateur", "l’exalteur" ou encore "l’exalté" nous dit-il, "Atl" étant ici à rapprocher des "Ases" dont nous avions relevé l’héritage génétique préservé aussi bien chez les montagnards du Caucase que dans le sang bleu des fils d’Atlas dont les actuels descendants les plus directs sont les Chleuhs du Maroc ou les Kabyles d’Algérie. On peut lire dans le dictionnaire classique de Lemprière qu’Atlas "supportait les cieux sur son dos" et que cette fable "naquit du goût qu’il avait pour l’astronomie, et de son habitude de fréquenter les lieux élevés d’où il pouvait observer les corps célestes", ce qui révèle le caractère hénochien de ses fonctions ainsi que la relation qui avait pu s’établir entre l’Atlantide et les centrales primitives des Ases du Caucase lors du règne d’Atlas...

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle"

[ étymologie ] [ peuples vestiges ]

 

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culte hilare

Il y a deux manières de contester avec humour les dogmes religieux: les rejeter en s’en moquant ou, sans s’énerver, les mettre en concurrence pour les relativiser. C’est la différence entre la laïcité de Charlie Hebdo qui répugne à tous les signes religieux et la parodique Église pastafariste qui s’inspire des monothéismes pour s’inventer de nouveaux dogmes, si possible très farfelus. Une démonstration par l’absurde qui, in fine, profite à la communauté scientifique. 

Une création en quatre jours. A l’origine de ce mouvement, un étudiant en physique, Bobby Henderson. En 2005, il écrit une lettre ouverte pour manifester contre la décision de l’État du Kansas d’autoriser dans les cours de science l’enseignement du dessein intelligent, une variante du créationnisme, au même titre que la théorie de l’évolution. Si la foi vaut la preuve, se dit-il, alors n’importe quelle entité surnaturelle peut être mise au programme universitaire. Et pourquoi pas le pastafarisme qui célèbre le "Monstre en spaghetti volant", un Dieu qui ressemble à un plat de pâtes avec deux boulettes de viande en guise d’yeux ? 

L’étudiant lui imagine une genèse: une création de l’Univers en quatre jours – pour que les week-ends soient plus longs - avec quelques imperfections imputables à l’alcool. Car la Créature ne crache pas dans son verre. Ses membres vénèrent les pirates, premiers apôtres d’un monde alors pacifique, portent des passoires sur la tête et finissent leur prière par Ramen, du nom des nouilles japonaises. Ils ont leur fête mais point de commandements, seulement des recommandations qui commencent par "Ce serait mieux si…"

L’étudiant, qui ne reçoit aucune réponse de l’Université, publie sa lettre sur son site. Le message devient viral. La même année, il reçoit 80 000 dollars d’un magazine pour rédiger "L’Evangile du Monstre en spaghetti volant", vendu à 100 000 exemplaires. Le mouvement est perçu comme un "outil de subversion carnavalesque" ou comme "une blague bien plus rationnelle que le créationnisme". Mangas et séries d’animation, comme South Park, citent le pastafarisme, devenu une véritable culture populaire grâce à internet. Sur FB, les communautés pastafaristes se multiplient, chacune adaptant les préceptes à sa culture, ses besoins, ses goûts et ses couleurs. On ne compte plus les blogueurs et les sites consacrés à cet humanisme parodique, dont la mission est de veiller avec humour aux dérives du religieux, tout en apportant ses arguties dans divers débats théologiques. La Suisse romande et la Belgique y comptent plusieurs adeptes. 

Dieu + Dieu ne font jamais quatre. Une anti-religion peut-elle être considérée comme une religion? C’est la question à laquelle ont été confrontés plusieurs pays. Si les Etats-Unis, sauf le Texas, lui refusent le statut d’Eglise, les Pays-Bas et surtout la Nouvelle-Zélande lui ont accordé cette reconnaissance officielle, nécessaire à leur  démonstration: tous les monothéismes ont droit de cité mais aucun ne peut être mis sur le même pied que les faits scientifiques. 

Ce week-end a donc été célébré le premier mariage légal, en tenue de pirates, au large d’Akaroa. La cérémonie a été transmise en direct sur le web. Un premier pas symbolique pour les pastafaristes qui se battent pour faire valoir leurs droits, notamment celui de porter une passoire sur leurs documents officiels, comme d’autres la kippa, le voile ou le turban. De plus en plus d’adeptes obtiennent satisfaction. Chez les pastafaristes, c’est sûr, Dieu est Humour. 

Auteur: Martin Marie-Claude

Info: Le Temps, 19 avril 2016

[ fixisme vs évolutionnisme ] [ rite ridiculisant ] [ oecuménisme joyeux ]

 
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discours scientifique

Toutefois, le problème reste entier d’expliquer, à partir de l’ordre solide de l’ADN et des protéines, l’ordre macroscopique non-solide et semi-fluide de l’être vivant. Là encore, des hypothèses, des analogies et surtout une espèce de "pensée magique" vont servir à évacuer le problème, en attendant les progrès futurs de la biologie moléculaire. L’idée de "programme génétique" et le recours à la notion d’information vont servir à mettre de côté cette difficulté. Rappelons comment le biologiste américain Ernst Mayr (1904-2005) énonce pour la première fois cette idée en une seule phrase dans un article scientifique :

"Le code ADN, entièrement propre à l’individu et pourtant spécifique à l’espèce de chaque zygote (la cellule-œuf fertilisée), qui contrôle le développement du système nerveux central et périphérique, des organes des sens, des hormones, de la physiologie et de la morphologie de l’organisme, est le programme de l’ordinateur comportemental de l’individu." [“Cause and effect in biology”, Science, vol. 134, no. 3489, novembre 1961]

Comment peut-on passer si rapidement de l’idée de code génétique (qui assurément existe) à l’idée de contrôle du développement de l’organisme (qui se manifeste parfois), puis, sans plus de transition, à l’idée de programme déterminant toutes les manifestations de l’individu (de la protéine jusqu’au comportement) ? Ernst Mayr ne le précise nulle part, ni dans cet article ni ailleurs, bien que selon lui l’existence de ce programme soit la caractéristique la plus remarquable des êtres vivants. Pourtant, les notions de code, de régulation et de programme n’ont aucun lien nécessaire : c’est un peu comme si l’on prétendait que, puisqu’une locomotive à vapeur suit des rails et qu’elle est équipée d’un régulateur à boules qui maintient constante la pression dans la chaudière, elle serait "programmée" pour faire le trajet Paris-Marseille et retour en un jour ! Pour les physiciens, la génétique, l’information, le codage, la forme et la composition des molécules, leur combinatoire, leur mode d’assemblage, etc., étaient des aspects bien plus aisément formalisables en termes mathématiques et manipulables sous forme "mécanique" que la stéréochimie et la thermodynamique propre à la réactivité des molécules et à leur rôle à l’intérieur de la cellule vivante. Ces entités, plus stables et déterminées que les processus dynamiques à l’œuvre dans le métabolisme de la cellule vivante, sont mieux adaptés à la nouvelle science qui prétend alors unifier sciences naturelles et sciences sociales : la cybernétique, science de l’"information et de la régulation dans le vivant et la machine".

Le père de la cybernétique, Norbert Wiener, qui est encore moins limité par son objet d’étude, va dès 1954 pousser à l’extrême la métaphore de la communication en considérant l’organisme comme un message : "L’organisme s’oppose au chaos, à la désintégration, à la mort, comme le message s’oppose au bruit".

Le message ne s’oppose pas au bruit, car le fait qu’il soit ou non porteur de signification est toujours relatif à l’interprétation qu’en fait un sujet. Or, la cybernétique évacue le sujet, sa sensibilité propre et son activité autonome en relation avec le milieu, au profit du message qui est sensé porter en lui-même toute sa signification : l’origine du fétichisme de l’information, qui perdure encore de nos jours, se situe dans cette confusion..

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/louart_euge_nisme.pdf

[ pseudo-objectivité ]

 
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homme-machine

Les conférences Macy élaborent ainsi le projet d’une collaboration interdisciplinaire de diverses expertises, mathématiques, anthropologie, psychologie, psychanalyse non freudiennne, économie, logique…, en vue d’édifier une "science générale du fonctionnement de l’esprit". Les mathématiques et la logique sont bien entendu les références majeures de ces conférences. On y retrouve l’ancêtre auto-régulateur à boules de James Watt dans le concept principal qui nourrit leurs réflexions, et qui reste la part privilégiée de Wiener : "Feedback Mechanisms and Circular Causal Systems in Biological and Social Systems". La causalité circulaire, appréhendée dans le phénomène de feedback ou "rétroaction", est définie comme "processus dans lequel un effet intervient aussi comme agent causal sur sa propre origine, la séquence des expressions de la cause principale et des effets successifs formant une boucle dite boucle de rétroaction". Une autre formulation, par Heinz von Foerster à partir des années cinquante, est celle de "mécanismes qui produisent eux-mêmes leur unité (self-integrating mechanisms)". C’est là, pendant ces conférences Macy que se formalise et se conceptualise l’idée littéralement folle d’un auto-entrepreneuriat de l’homme par l’homme.

La 5e conférence, en 1948, qui porte le même intitulé que la 1re et la 4e : Circular Causal and Feedback Mechanisms in Biological and Social Systems, est consacrée à la structure du langageRoman Jakobson y participe. C’est la même année que McCulloch déclare que "du point de vue de l’analyse qu’on peut en faire, ‘‘il n’y a pas de différence entre le système nerveux et une machine informatique’’".

À partir de 1949, le terme "Cybernétique" est officiellement appliqué à la série des conférences, comme condensé de l’intitulé initial : Cybernetics : Circular Causal and Feedback Mechanisms in Biological and Social Systems. Comme d’habitude, le style de ces grands délirants les trahit d’avantage que toutes leurs équations. Deux participants à la 7e conférence en 1950, Pitts et Stroud, évoquent "l’immense perte d’information" entre les organes des sens et notre "computer" mental. C’est la dernière conférence à laquelle assistent Wiener et Von Neumann, qui passent la main au mathématicien Claude Shannon, père de la "théorie de l’information". Psychiatres et psychologues, spécialistes de l’hypnose et Gestalt thérapistes accompagnent depuis le début cette aventure qui ressemble à s’y méprendre à l’Académie d’exaltés dingos de Lagado décrite par Swift dans ses Voyages de Gulliver.

Voici par exemple comment Willard Rappleye, le président de la fondation Macy, résume en 1955 leurs découvertes : "Les conflits sociaux sont en réalité les symptômes de causes sous-jacentes : la psychiatrie nous enseigne la nature de ces causes. Par conséquent, les Insights et les méthodes de la psychiatrie, de la psychologie et de l’anthropologie culturelle élucident les perturbations émotionnelles du monde."

Une société qui va mal n’est donc pas une société où le riche exploite le pauvre, comme on l’imagine depuis la plus haute Antiquité jusqu’aux Gilets Jaunes. C’est une société "émotionnellement perturbée" dont la Psychiatrie est à même de résoudre tous les symptômes.

Freud y est banni d’emblée. Lors de la conférence de 1946, toujours sous l’égide du même intitulé : "Mécanismes de rétroaction et Systèmes causaux circulaires dans les Systèmes biologiques et sociaux", Norbert Wiener remet en cause le concept freudien de Libido, sous prétexte que "l’information est un concept de base plus approprié pour décrire des évènements psychologiques.".

Pourquoi ? Comment ? Bien malin qui le dira.

Auteur: Zagdanski Stéphane

Info: https://lundi.am/La-Cybernetique-a-l-assaut-de-l-Homme?

[ historique ] [ dépolitisation ] [ révisionnisme freudien ] [ critique ]

 

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nanomonde

Une découverte pourrait bouleverser un principe fondamental de la physique des particules 

L’une des règles fondamentales qui régissent le champ de la physique explique que les particules de charges opposées vont s’attirer, tandis que celles dont la charge est identique vont se repousser. Un principe qui, en réalité, peut être démenti, comme le dévoilent des chercheurs de l’université britannique d’Oxford dans une récente étude.

La science physique est régie par un certain nombre de règles fondamentales. L’un de ces principes établit que les particules peuvent être dotées d’une charge positive ou négative, qui va dicter leur comportement en présence d’autres particules.

Ainsi, si vous mettez en présence deux particules qui ont des charges opposées, elles vont s’attirer. En revanche, celles qui possèdent la même charge vont se repousser. Cette force électrostatique, connue sous le nom de "loi de Coulomb", se fait plus forte au fur et à mesure que la charge totale augmente et que les particules se rapprochent.

Néanmoins, des chercheurs de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) ont récemment découvert que, dans certaines circonstances, les particules pouvaient attirer celles de la même charge. Ces exceptions ont été évoquées dans une étude parue le 1er mars dans la revue scientifique Nature Nanotechnology.

Une nouvelle force d’attraction découverte

Dans le détail, les scientifiques qui ont pris part à cette étude ont appris qu’il existait des particules chargées qui, lorsqu’elles se retrouvent en suspension dans certaines solutions, vont attirer des particules de même charge. Il arrive même que cela se produise sur des distances relativement longues, précisent les experts, qui ont aussi remarqué que les particules chargées positivement et négativement se comportaient différemment selon les solutions.

L’équipe, qui a réalisé divers tests, a mis en suspension des microparticules de silice chargées négativement dans l’eau. Une opération qui a démontré aux spécialistes que, sous un certain niveau de pH, ces particules pouvaient s’attirer les unes les autres pour former des amas de forme hexagonale. Un constat qui, a priori, viole le principe électromagnétique de base selon lequel les particules de même charge sont répulsives à n’importe quelle distance.

La structure des solvants au cœur de cette étude

Dans un second temps, les universitaires ont décidé d’étudier cet effet en adoptant une autre stratégie. Cette fois-ci, ils ont eu recours à une théorie des interactions interparticulaires qui prend en compte la structure du solvant. Cette technique s’est avérée payante, puisqu’ils ont mis au jour une nouvelle force d’attraction, capable de vaincre la répulsion électrostatique.

Or, ce n’était pas le cas en ce qui concerne les particules de silice aminée chargées positivement. Quel que soit le pH, cette interaction reste en effet répulsive dans l’eau. Les chercheurs, désireux de savoir s’il était possible d’inverser la situation, ont découvert qu’en utilisant un solvant différent (des alcools, en l’occurrence), les particules négatives restaient répulsives, tandis que les particules chargées positivement se regroupaient.

Aux yeux des auteurs de cette étude, ces enseignements sont tout sauf anecdotiques. Ils pourraient, en effet, inciter leurs pairs à repenser considérablement les hypothèses formulées à ce jour dans ce domaine. Ces apprentissages pourraient également être mis en pratique dans le champ de la chimie et intervenir dans divers processus, tels que l’autoassemblage, la cristallisation et la séparation de phases. 

Auteur: Internet

Info: Sur geo.fr, Charline Vergne, 5 mars 2024

[ aimantation ] [ renversement ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

homme-animal

Les mouches auraient-elles des émotions ?
Les insectes seraient-ils des êtres sensibles comme les autres ? Des chercheurs ont en tout cas prouvé que des mouches présentaient tous les signes de la peur.
Les drosophiles ouvrent de nouvelles perspectives sur les sentiments ou leurs ébauches chez les non-mammifères.Les drosophiles ouvrent de nouvelles perspectives sur les sentiments ou leurs ébauches chez les non-mammifères.
C'est au coeur des comportements des mammifères que nous cherchons bien souvent émotions et sentiments. Tristesse, peur, bonheur, amitié… sont autant de noms qui quand ils s'appliquent aux animaux non-humains soulèvent des débats passionnés. L'affaire devient encore plus brûlante quand on touche à ces bêtes que l'on écrase sans remords et avec lesquels nous livrons un bras de fer à base d'armes chimiques : les insectes. Nous faudra-t-il accepter que même ces petits êtres sont doués d'émotions, voire de sentiments ? C'est ce qu'ont voulu savoir des chercheurs de l'université de Pasadena (États-unis) en observant la drosophile (Drosophila sp.), une petite mouche des fruits très étudiée en génétique.
Pister les traces de la peur
L'équipe de William T. Gibson a cherché chez l'insecte des traces d’émotions, aussi appelées émotions primitives. Trois de celles-ci ont été étudiées :
• l’évolutivité, le fait que la réponse de l'animal, face au danger, est graduelle et augmente avec le nombre d'éléments menaçants ;
• la valence, l'impact négatif ou positif sur l'organisme de l'émotion et la persistance ;
• la présence de reliquats d'émotions une fois l'alerte passée.
10 mouches ont été soumises à un stimulus effrayant : une ombre qui survolait la boîte les contenant. Elle passait plus ou moins souvent et à des intervalles plus ou moins longs, déterminés par les chercheurs. Puis, les mouches ont été testées individuellement. Tout cela sous l'œil attentif d'une caméra vidéo.
Au passage de l'ombre, les drosophiles s'agitaient subitement. Lors d'assombrissements répétés espacés d'une seconde, la réponse des mouches (les envols) augmentait progressivement avec le nombre d'épisodes d'obscurité. Cependant cet effet cumulatif disparaissait quand ces derniers étaient plus espacés. À 3 secondes d'intervalle, les mouvements que généraient la menace étaient bien moindre qu'à 1 seconde. Un autre facteur influait sur l'envol : le nombre d'individus présents. Isolées, les drosophiles ont en effet montré une plus grande sensibilité à l'alerte qu'en groupe. La mouche seule fuyait dès le premier passage ombrageux (ce qui n'était pas le cas en présence de 9 autres individus) ; ou adoptait une posture figée qualifiée de "freezing" conservée pendant le passage de l'ombre et après plusieurs secondes. Dans les deux cas, 20 secondes environ étaient nécessaires pour que le comportement des mouches retourne à la normale.
Les émotions primitives sont bien là
Dans une dernière expérience, les chercheurs ont proposé de la nourriture à des mouches ayant subi une diète de 24 à 60 heures. Tout cela dans une boîte elle aussi survolée par une ombre. Les mouches ont difficilement déserté la zone de nourrissage mais l'ont d'autant plus évacuée que les ombres se multipliaient. Le besoin de se sustenter rentre donc en compétition avec celui de fuir.
Que peut-on en conclure ? Persistance, évolutivité, valence négative de l'émotion suscitée par un danger... Les émotions primitives sont bien présentes chez les drosophiles. Et si la crainte de l’anthropomorphisme retient les chercheurs d’assimiler leur comportement à de la peur ou de l'anxiété, les résultats de Gibson et ses collègues ouvrent malgré tout une nouvelle voie : celle de l’étude des émotions chez les insectes. Nos conceptions n’attendent que d’être bousculées.

Auteur: Internet

Info: Horvath Louise, 22.05.2015 à 14h30

[ bouleversement ] [ émoi ]

 

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hallucination

De toute façon, il pensait lentement, les mots lui coûtaient un effort, il n’en avait jamais assez, et parfois, lorsqu’il parlait avec quelqu’un, il arrivait que son interlocuteur, tout à coup, le regardât avec étonnement, ne comprenant pas tout ce qu’il pouvait y avoir dans un seul mot, quand Moosbrugger lentement l’extrayait. Il enviait tous les hommes qui avaient appris dès leur jeunesse à parler facilement ; lui, comme par dérision, les mots lui collaient au palais comme de la gomme juste au moment où il en avait le plus urgent besoin ; alors, il se passait parfois un temps interminable jusqu’à ce qu’il réussît à dégager une syllabe, et repartît. […]

La conscience que sa langue, ou quelque chose de plus profond encore en lui, était paralysé comme par de la colle, lui donnait un sentiment d’insécurité pitoyable qu’il lui fallait pendant des jours s’efforcer de dissimuler. Alors apparaissait soudain une subtile, on pourrait presque dire même une silencieuse frontière. Tout d’un coup, un souffle glacé était là. Ou bien, tout près de lui, dans l’air, une grosse boule émergeait et s’enfonçait dans sa poitrine. Dans le même moment, il sentait quelque chose sur lui, dans ses yeux, sur ses lèvres, ou bien dans les muscles faciaux ; il y avait comme une disparition, un noircissement de tout ce qui l’entourait, et tandis que les maisons se posaient sur les arbres, un ou deux chats, peut-être, se sauvant à toute vitesse, bondissaient hors du taillis. Cela ne durait qu’une seconde, puis tout était de nouveau comme avant. […]

Ces périodes étaient tout entières sens ! Elles duraient parfois quelques minutes, parfois elles s’étendaient sur toute une journée, parfois encore elles se prolongeaient en d’autres, semblables, qui pouvaient durer des mois. Pour commencer par ces dernières, parce qu’elles sont les plus simples, […] c’étaient des périodes où il entendait des voix, de la musique, ou bien des souffles, des bourdonnements, des sifflements aussi, des cliquetis, ou encore des coups de feu, de tonnerre, des rires, des appels, des paroles, des murmures. Cela lui venait de partout ; c’était logé dans les cloisons, dans l’air, dans les habits et dans son corps même. Il avait l’impression qu’il portait cela dans son corps tant que cela restait muet ; mais dès que cela éclatait, cela se cachait dans les environs, quoique jamais très loin de lui. Quand il travaillait, les voix protestaient contre lui, le plus souvent avec des mots détachés ou de courtes phrases, elles l’injuriaient, le critiquaient, et quand il pensait à quelque chose, elles l’exprimaient avant qu’il en ait eu le temps, ou disaient malignement le contraire de ce qu’il voulait. Que cela suffît à le faire juger malade, Moosbrugger ne pouvaient qu’en rire ; lui-même ne traitait pas ces voix et ces visions autrement que si ç’avait été des singes. Cela le distrayait de les entendre et de les voir se démener ; c’était incomparablement plus beau que les pensées pesantes et tenaces qu’il avait lui-même, mais quand elles le gênaient trop, il se mettait en colère, finalement c’était assez naturel. [...]

Il lui était arrivé dans sa vie de dire à une fille : "Votre bouche est une rose !" mais tout à coup le mot se défaisait aux coutures, et quelque chose de très pénible se produisait : le visage devenait gris comme la terre que couvre le brouillard, et devant lui, sur une longue tige, une rose se dressait ; affreusement grande alors était la tentation de prendre un couteau, de la couper ou de la frapper pour qu’elle rentrât de nouveau dans le visage. 

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, pages 372-375

[ point de vue intérieur ] [ cristallisation signifiante ] [ décompensation psychotique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson