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non-voyant

Je ne sais pas trop ce qui est beau. A part la beauté. La beauté, je suis sûr que c'est beau. Ma maman aussi, elle est belle, parce que c'est ma maman et que je sens qu'elle est douce et blonde. Et les montagnes, tout le monde sait que c'est beau. Pour le reste, c'est assez difficile à dire. Par exemple, les couleurs, je crois que c'est important pour la beauté... Dans la musique, tout est beau, sauf le rap, parce que souvent il y a trop de gros mots. J'adore toutes les sortes de musique, et j'aime beaucoup les voix aussi. Par exemple, ma maîtresse a une belle voix, mais je ne sais pas si elle est jolie.
(...)
Mon chien Rouki aussi, il est roux et blanc, doux, très gentil. Je crois que ça veut dire qu'il est beau. Tous les ans, on va en vacances en Bretagne. La mer, c'est très beau, à cause de l'odeur, du bruit des vagues, et aussi des coquillages qu'on trouve quand on creuse dans le sable. Ce qui est important dans la beauté, c'est l'odeur et la douceur. Les chats, par exemple, j'aime bien, sauf quand ils griffent. Moi, je n'ai jamais vu les couleurs, mais je les connais quand même, parce que mon papa et ma maman m'expliquent plein de choses qu'ils voient. Comme ça, je les vois dans ma tête, et je peux imaginer leur beauté.

Auteur: Clément

Info: 7 ans et demi, in Aveugle de Sophie Calle, Actes Sud 2011, à la question : qu'est-ce que la beauté pour vous

[ témoignage ]

 

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écriture

L'homme ne récrée-t-il pas les mondes qui lui sont inaccessibles dans un univers de rêve, et selon son désir ? Ne récrée-t-il pas la peur et l'amour, afin de vivre dans le paradis ou l'enfer qu'il vient de créer ? L'imaginaire a ce sens-là dans mes romans.

J'ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie, et beaucoup d'entre eux m'ont servi de modèles pour mes personnages. Mais tous mes personnages, c'est moi qui les ai créés dans mon travail d'écrivain. Bien sûr, je désire aller vers le réel, mais ce n'est pas la quête centrale dans mon travail. Je veux créer un monde d'imaginaire et de narration, faire quelque chose de différent : réaliser ce royaume de l'imaginaire par la parole. Cela dit, je sais que je ne suis ni le premier ni le dernier parmi ceux qui créent des univers de parole. C'est avant tout une démarche professionnelle, pour moi, comme elle l'a toujours été. Les "sages familiers" qui m'entouraient étaient aussi des hommes de métier. Homère était un vrai professionnel ; les "Homère" turcs et kurdes de mon époque sont aussi des professionnels. Leur art consiste à créer des mondes, en racontant des histoires. Ce ne sont ni des mystiques ni des charlatans ni des mendiants vagabonds, mais les maîtres d'un art que nous avons en partage. Ce sont des hommes d'honneur gagnant leur pain avec la parole. Ils étaient des personnes presque sacrées, dans le milieu où ils évoluaient.

Auteur: Yachar Kemal

Info: Entretiens avec Alain Bosquet. trad Altan Gokalp, Gallimard, collection "Blanche", 1992. pp 43-44

[ artisanat ] [ tradition ] [ racines ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

alcool

Les vins, comme les toiles de maîtres, ne sont pas affaire de science mais d'art... On résiste mal cependant à la curiosité scientifique puisque maints prélèvements de peintures anciennes ont fait l'objet d'analyses chimiques. On a aussi analysé les meilleurs vins, et l'on comprend mieux maintenant les secrets intimes de ce fascinant breuvage. L'eau est son constituant principal, soit, en gros 80 % de son poids, comme dans le corps humain. La concentration éthylique, en solution dans l'eau, représente un peu plus de la moitié du reste, avec des traces de plusieurs dizaines d'autres solutions alcoolisées. C'est lui qui structure le vin. Il est le support des divers composés odoriférants, tandis que l'eau dissout les sucres, reliquats des glucides originels fabriqués dans le raisin sous les rayons du soleil. La glycérine ainsi que plusieurs autres solutions alcoolisées donnent au vin son moelleux. C'est elle qui s'attarde sur les parois du verre quand on fait tourner son vin avant de le déguster. Les acides organiques enfin, une bonne trentaine, sont les partenaires indispensables des alcools. Ils se nomment laurique, malique, lactique, citrique, succinique, tartrique, propionique et acétique. Ils existent à l'état libre et sous forme de sel de potassium notamment. Leurs proportions équilibrées donnent au vin sa fraîcheur, sa nervosité... Le vin à ses débuts, c'est déjà ce liquide limpide étonnamment complexe. Mais un vin vieux, c'est encore beaucoup plus compliqué. Le temps ennoblit les grands vins. De lentes amours se nouent entre les alcools et les acides.

Auteur: Pomerol Charles

Info:

[ technique ]

 

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déclaration d'amour

Or que l'hiver roidit la glace épaisse,
Réchauffons-nous, ma gentille maîtresse,
Non accroupis près le foyer cendreux,
Mais aux plaisirs des combats amoureux.
Assisons-nous sur cette molle couche.
Sus ! Baisez-moi, tendez-moi votre bouche,
Pressez mon col de vos bras dépliés,
Et maintenant votre mère oubliez.
Que de la dent votre tétin je morde,
Que vos cheveux fil à fil je détorde.
Il ne faut point, en si folâtres jeux,
Comme au dimanche arranger ses cheveux.
Approchez donc, tournez-moi votre joue.
Vous rougissez ? Il faut que je me joue.
Vous souriez : avez-vous. Point ouï
Quelque doux mot qui vous ait réjoui ?
Je vous disais que la main j'allais mettre
Sur votre sein : le voulez-vous permettre ?
Ne fuyez pas sans parler : je vois bien
A vos regards que vous le voulez bien.
Je vous connais en voyant votre mine.
Je jure Amour que vous êtes si fine,
Que pour mourir, de bouche ne diriez
Qu'on vous baisât, bien que le désiriez ;
Car toute fille, encor' qu'elle ait envie
Du jeu d'aimer, désire être ravie.
Témoin en est Hélène, qui suivit
D'un franc vouloir Pâris, qui la ravit.
Je veux user d'une douce main-forte.
Hà ! Vous tombez, vous faites jà la morte.
Hà ! Quel plaisir dans le coeur je reçois !
Sans vous baiser, vous moqueriez de moi
En votre lit, quand vous seriez seulette.
Or sus ! C'est fait, ma gentille brunette.
Recommençons afin que nos beaux ans
Soient réchauffés de combats si plaisants.

Auteur: Ronsard Pierre de

Info: Recueil : Second livre des Amours, Amourette

[ poème ]

 

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littérature

J'aime la nuit avec passion. Je l'aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d'un amour instinctif, profond, invincible. Je l'aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent. Les alouettes chantent dans le soleil, dans l'air bleu, dans l'air chaud, dans l'air léger des matinées claires. Le hibou fuit dans la nuit, tache noire qui passe à travers l'espace noir, et, réjoui, grisé par la noire immensité, il pousse son cri vibrant et sinistre.
Le jour me fatigue et m'ennuie. Il est brutal et bruyant. Je me lève avec peine, je m'habille avec lassitude, je sors avec regret, et chaque pas, chaque mouvement, chaque geste, chaque parole, chaque pensée me fatigue comme si je soulevais un écrasant fardeau.
Mais quand le soleil baisse, une joie confuse, une joie de tout mon corps m'envahit. Je m'éveille, je m'anime. A mesure que l'ombre grandit, je me sens tout autre, plus jeune, plus fort, plus alerte, plus heureux. Je la regarde s'épaissir, la grande ombre douce tombée du ciel : elle noie la ville, comme une onde insaisissable et impénétrable, elle cache, efface, détruit les couleurs, les formes, étreint les maisons, les êtres, les monuments de son imperceptible toucher.
Alors j'ai envie de crier de plaisir comme les chouettes, de courir sur les toits comme les chats ; et un impétueux, un invincible désir d'aimer s'allume dans mes veines.

Auteur: Maupassant Guy de

Info: La nuit

[ obscurité ]

 

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destin

Oui, certes, la matière est grave, presque triste, digne d'analyse surtout. Le fait que je vais vous révéler a, en effet, pour point de départ, l'existence d'une fatalité s'ajoutant au lourd faisceau déjà des fatalités humaines et longtemps méconnues par les observateurs superficiels. L'alphabet - ça a l'air innocent un alphabet : eh bien ! c'est tout simplement un succédané, comme disent les apothicaires, de la boîte de Pandore - est une source insondable de maux mystérieux ; car dans ses vingt-quatre caractères, chacun de nous a une lettre qui lui porte malheur. Ne vous récriez pas ! Voilà vingt ans que je pioche ma découverte et je suis sûr de ce que j'avance aujourd'hui. J'avais été moi-même l'objet de ma première observation. Mes maîtresses ne me trompaient jamais (oh ! non, elles s'en gênaient, les pauvres !) qu'avec des gens dont le nom commençait par un B. Bientôt je ne leur en voulus plus, car je sentais qu'elles subissaient, comme moi, une loi supérieure à leur volonté. Mais je ne leur aurais pas passé, par exemple, un amant ayant un C ou un D pour initiale. Je me contentai de fuir comme la peste les bonshommes qui s'appelaient Benoît, Bertrand, Barnabé, etc... Et maintenant encore, quand passant devant un corbillard surmonté d'un écusson, je vois un B se prélassant parmi les draperies noires, j'ai un accès secret et coupable de joie mauvaise, quelque chose comme une voix qui me dit intérieurement : Enfin ! en voilà encore un de moins !

Auteur: Silvestre Armand

Info: in "Histoires réjouissantes", éd. A la Librairie illustrée, p. 143-144

[ signes prémonitoires ] [ humour ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

sexe

...un nouvel amour donne toujours de l'espoir, la solitude mortelle et irrationnelle est toujours couronnée; cette chose que j'ai vue (cette horreur du vide reptilien) quand j'ai inspiré à fond l'iode mortelle de la mer, à Big Sur, est maintenant justifiée et sanctifiée, levée comme une urne sacrée vers le ciel, par le simple fait de se déshabiller, de faire aller les corps et les esprits dans les délices mélancoliques, inexprimables et frénétiques de l'amour. Ne laissez aucun vieux chnoque vous dire le contraire; quand on pense que personne, dans ce vaste monde, n'ose jamais écrire l'histoire véritable de l'amour, on nous colle de la littérature, des drames à peine complets à cinquante pour cent. Quand on est allongé, bouche contre bouche, baiser contre baiser dans la nuit, la tête sur l'oreiller, rein contre rein, l'âme baignée d'une tendresse qui vous submerge et vous entraîne si loin des terribles abstractions mentales, on finit par se demander pourquoi les hommes ont fait de Dieu un être hostile à l'amour charnel. La vérité secrète et souterraine du désir farouche qui se cache dans les galeries, enfouie sous les ordures qui envahissent le monde entier, cette réalité dont on ne vous parle jamais dans les journaux, ce désir dont les écrivains ne parlent qu'en hésitant, avec force lieux communs, et que les artistes représentent avec combien de réticences, ah, vous n'avez qu'à écouter Tristant et Isolde de Wagner et vous imaginer le héros dans une champ bavarois avec sa belle maîtresse nue sous les feuilles de l'automne!

Auteur: Kerouac Jack

Info: Big Sur

[ religion ]

 

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sexe

Quand Faria lui avait fait ses adieux, Vich était remonté et, à nouveau, l’avait prise. Quand il l’avait forcée à se redresser, fatiguée, elle avait protesté. Il lui avait serré les chevilles, l’avait pénétrée vivement : elle avait roulé sous lui, affalée, flic flac. Elle exsudait du vin aigre et, lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, la chambre empestait sa mauvaise odeur. Sa maîtresse commençait à l’irriter, avec cette façon qu’elle avait désormais de lui donner des conseils stupides d’un ton impérieux. Qu’avait-il besoin qu’elle lui apprît comment l’orateur de Ferdinand à Rome devait se comporter ! Les draps étaient maculés de son fard. Elle le dégoûtait.
En même temps, elle l’attirait. Les épais replis de sa chair l’enveloppaient. Il logea sa tête entre ses gros seins. Parfois, transpirant et trépignant entre ses cuisses, il se sentait sombrer comme dans un bain de gras. Dans le noir, ses mains étaient de doux coussinets de viande humaine terminés par des ongles de porcelaine. Il frissonna, pressa sa bouche contre elle afin de s’empêcher de hurler lorsqu'il fut au point culminant. Le plaisir de la femme se manifesta sous la forme de longs soupirs interrompus par de menus grognements et plaintes. De la chassie s’était accumulée sur ses cils. Une minuscule bille de salive gonfla et éclata à la commissure de ses lèvres. S’habillant déjà, il songea : elle suinte. Des jaunes délavés tachaient le ciel au levant, promesse d’une nouvelle journée de chaleur. Il referma doucement la porte derrière lui pour ne pas la réveiller.

Auteur: Norfolk Lawrence

Info: Le rhinocéros du pape

[ orgasme ] [ obèse ] [ pulsion ]

 

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orgies

Les beuveries et la promiscuité à la maison Theobald étaient sans doute prodigieuses. Le portrait du roi de Danemark donné par Harington était loin d'une simple parodie d'ivrogne lubrique. Christian était connu pour avoir tenu un journal dans lequel il marquait d'une croix les jours où il était tellement ivre qu'on devait le porter au lit (et ajoutait des croix supplémentaires s'il avait perdu connaissance).

Il pouvait assumer "30 ou 40 gobelets de vin" dans une soirée, et était sans doute enchanté quand, en honneur de sa visite à Londres, les autorités civiques ont donné l'ordre que "dans les conduits de Cornhill... coule le vin de claret". L'un de ses principaux ministres a noté comment, après une séance de beuverie, Christian se renseignait auprès de lui sur la disponibilité des jeunes filles dans la taverne locale. Le roi danois a engendré au moins vingt enfants avec ses deux femmes et diverses maîtresses. Il est peu probable que Jacques se soit hasardé à rivaliser avec son beau-frère alcoolique, même pas en l'accueillant les derniers jours de sa visite sur le bord de deux navires anglais reliés par une passerelle (où deux nobles anglais étaient tellement ivres qu'ils sont tombés dans la Tamise, et que l'un d'eux est remonté nu à partir de la taille). Les scènes de la beuverie sauvage à bord d'un bateau dans "Antoine et Cléopâtre", où Lepidus doit être emporté ivre mort, ne viennent pas de Plutarque, et pourraient bien devoir beaucoup aux rumeurs sur cette grande débauche pendant la visite de Christian.

Auteur: Shapiro James S.

Info: 1606: Shakespeare and the Year of Lear

[ historique ] [ modèles ] [ ribotes ] [ anecdote ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

science-fiction

Mon nom est imprononçable, ainsi que celui du monde d'où je viens et l'apparence que je revêt masque mon corps véritable qui ne pourrait que vous inspirer que l'horreur et le dégoût. Ça c'est l'étranger qui vient en paix, au nom de la Confédération Galactique ou de la principauté de Deneb. L'étranger, l'extraterrestre, le "bug-eyed monster", le galactique. Au début du siècle, Wells importait ses "BEMs" de Mars, tout gonflés de vilains projets de mégalomanes. Plus tard, Bradbury s'arrangea pour que les descendants pavent pour leurs ancêtres. Les fragiles créatures cristallines qu'étaient ses martiens éclatèrent comme boules de Noël à la seule approche des terriens. Plus loin Van Vogt découvrit Zorl, assoiffé de potassium, et Ixtl, qui dérivait dans le vide, atrocité écarlate qui pondait ses œufs dans le ventre des astronautes. Pour Clifford Simak, en général, ceux d'ailleurs sont souvent de timides apôtres de bonté voyageant sur les chemins de la lumière, guides moins discrets, puissants et lointains que les maîtres secrets de 2001. Pour Dick, ils ont l'aspect de nos obsessions, ce sont les éléphants noirs de notre schizophrénie. Humanoïdes blonds et beaux de Vénus, gnomes vampires de Mercure, doux mammifères géants, féroces arthropodes, enchevêtrements insensés de tentacules, bulles violettes, membrane palpitant à la surface d'un astéroïde désolé, nuage de gaz complexe flottant entre les étoiles et buvant nos émotions...Ils ont toujours été présents dans la SF comme dans l'inconscient de l'homme. "Ceux d'ailleurs", ennemis ou grands-frères que nous rêvons et craignons tellement de rencontrer un jour, que nous avons déjà commencé à les créer.

Auteur: Internet

Info: Marginal, tome 3 : Ceux d'ailleurs, introduction à l'anthologie "Ceux d'Ailleurs" parue dans la collection "Opta" en 1974

[ aliens ] [ projections psy ]

 

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Ajouté à la BD par miguel