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entendement

La conscience humaine est à peu près le dernier mystère qui subsiste. Un mystère est un phénomène auquel on ne sait pas encore penser. Il y a eu d'autres grands mystères : le mystère de l'origine de l'univers, le mystère de la vie et de la reproduction, le mystère de la conception de la nature, les mystères du temps, de l'espace et de la gravité. Il ne s'agissait pas seulement de domaines d'ignorance scientifique, mais de zones de perplexité et d'émerveillement. Nous n'avons pas encore les réponses définitives aux questions de la cosmologie et de la physique des particules, de la génétique moléculaire et de la théorie de l'évolution, mais nous savons comment y réfléchir. Les mystères n'ont pas disparu, mais ils ont été apprivoisés. Ils n'écrasent plus nos efforts de réflexion sur les phénomènes, car nous savons maintenant distinguer les questions mal posées des bonnes questions, et même s'il s'avère que nous nous trompons lourdement sur certaines des réponses actuellement acceptées, nous savons comment nous y prendre pour trouver de meilleures réponses. En ce qui concerne la conscience, cependant, nous sommes toujours dans une terrible confusion.

De nos jours, la conscience est un sujet qui souvent déconcerte et laisse perplexe même les penseurs les plus sophistiqués. Et, comme pour tous les mystères antérieurs, nombreux sont ceux qui insistent - et espèrent - qu'elle ne sera jamais démystifiée.

Auteur: Dennett Daniel C.

Info: La conscience expliquée (1991), 21-22.

[ énigme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déformation historique

[…] le mythe dans la Genèse est probablement la misérable défiguration tendancieuse d’un apprenti prêtre, qui, comme nous le savons aujourd’hui, a condensé en un récit deux sources différentes, d’une manière tout à fait imbécile (comme en rêve). Il n’est pas impossible que les deux arbres sacrés viennent de ce que dans chacun des écrits qui lui ont servi de sources il a trouvé un arbre. La création d’Eve a quelque chose de tout à fait particulier et singulier. – Rank m’a dernièrement rendu attentif au fait que dans le mythe cela aurait facilement pu s’énoncer inversement. Alors la chose serait claire ; Eve serait la mère dont naît Adam, et nous nous trouverions devant l’inceste maternel qui nous est familier, dont la punition, etc. Tout aussi étrange est ce trait que la femme donne à l’homme quelque chose de fécondant (une grenade) à manger. En revanche, inversé, cela est à nouveau quelque chose de connu. Que l’homme donne à la femme un fruit à manger, c’est une vieille cérémonie de mariage […]. Dans de telles circonstances, je défends la proposition que les formes manifestes des motifs mythologiques ne sont pas directement utilisables pour la comparaison avec nos résultats ΨA, mais que seules le sont leurs formes latentes, originelles, auxquelles il faut les ramener par une comparaison historique, afin d’écarter les défigurations qu’elles ont subies au cours du développement des mythes. 

Auteur: Freud Sigmund

Info: Dans la "Correspondance Jung-Freud, tome 2 : 1910-1914", trad. de l'allemand et de l'anglais par Ruth Fivaz-Silbermann, éd. Gallimard, 1975, lettre du 17 décembre 1911

[ utilisation psychanalytique ] [ péché originel ] [ femmes-hommes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

saturation

Elle commença à me parler des petites annonces et des journaux dans lesquels on pourrait insérer des avis pour vendre notre miel. Mais j’avais quant à moi à peine la force de l’écouter. Je n’étais pas vraiment fatigué, mais j’étais fatigué de toutes ces choses, de cet affairement incessant et infatigable – tout ça pour rien du tout. Car qu’est-ce que c’est après tout que vendre du miel par correspondance ? Ce n’est rien du tout, les gens le mangent, et puis c’est déjà fini, comme des bulles de savon, du néant chatoyant, rempli avec un peu d’air et inondé de lumière. La bulle éclate et il ne reste rien, tout ça n’est qu’illusion et magie noire ! Ah mais va-t’en donc ! Vas-tu t’arrêter de parler, ne cause donc pas tant que ça ! Laisse-moi en paix ! Pourquoi tu te fatigues ? […] Oui, si maintenant j’avais un schnaps, alors je pourrais à nouveau t’écouter avec attention. […] C’est parce que tu t’es installée dans ma vie que je ne peux pas faire ce qui me plaît dans la mienne. Non, non, bien sûr, c’est pas ce que je voulais dire, je l’aime bien quand même, la Magda, mais ce serait drôlement chic de sa part si elle pouvait pour un temps mettre les voiles et sortir complètement de ma vie – Oh la vache, quel ennui, quelle perpétuelle jacasseuse !

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Le buveur"

[ emprisonnement ] [ inanité ] [ couple ] [ emmerdeuse volubile ]

 
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christianisme

Notre athéisme à nous [...] est lié à ce côté toujours se dérobant du je de l’autre.

Un autre qui s’annonce comme Je suis celui qui suis est de ce seul fait un Dieu au-delà, un Dieu caché, et un Dieu qui ne dévoile en aucun cas son visage. Dans la perspective précisément aristotélicienne, on pourrait dire que notre départ à nous est d’ores et déjà athée. C’est une erreur, mais dans cette perspective c’est strictement vrai, et dans notre expérience ça ne l’est pas moins. [...]

Réfléchissez au Je suis de Je suis celui qui suis. C’est bien là ce qui fait le caractère problématique de la relation à l’autre dans la tradition qui est la nôtre. [...] C’est dans la façon de poser les autres, les petits autres, dans la lumière de l’Autre dernier, absolu, que nous nous distinguons dans notre façon de morceler le monde, de le mettre en miettes. Les anciens l’abordaient comme quelque chose qui se hiérarchise sur une échelle de consistance de l’étant. Notre position met radicalement en cause l’être même de ce qui s’annonce comme étant être, et non pas étant.

A celui qui dit Je suis celui qui suis, nous sommes hors d’état de répondre. Que sommes-nous pour pouvoir répondre à celui qui suis ? Nous ne le savons que trop. Un étourneau [...].

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, pages 452-453

[ rupture de continuité ] [ yhwh ] [ effet signifiant ]

 

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vagin

Personnellement, j'ai un con (cunt). Parfois, c'est 'chatte' ou 'foune', mais la plupart du temps, c'est mon con. Le con est un mot propre, vieux, historique et puissant. J'aime que mon conduit d'évacuation soit aussi le plus puissant juron de la langue anglaise. Ouais. Il est puissant à ce point, les gars. Si je vous dis ce que j'ai en bas, vieilles dames et ecclésiastiques pourraient s'évanouir. J'aime comment les gens sont choqués quand on dit "cunt". C'est comme si j'avais une bombe nucléaire dans le slip, ou un tigre, ou un flingue.

En comparaison, le juron le plus puissant que les hommes aient sorti de leurs parties intimes est "couillon", plutôt franchement banal, et je crois qu'on est autorisé à l'utiliser dans, par exemple, Blue Peter* si quelque chose ne va pas. Dans une culture où presque tout ce qui est féminin est encore considéré comme source de dégoût et/ou de faiblesse - menstruation, ménopause, le simple fait d'appeler quelqu'un "fille" - j'aime que "con" soit, à lui seul, le mot suprême et inaltérable. Il a une résonance presque mystique. C'est un con - nous savons tous que c'est un con - mais on ne peut pas tant le nommer ainsi. On ne peut pas dire le mot même. C'est trop puissant. Un peu comme les Juifs ne doivent jamais dire "Tetragrammaton" - se contentant de 'Jéhovah' en lieu et place.

Auteur: Moran Caitlin

Info: How to Be a Woman. *émission jeunesse

[ pensée-de-femme ] [ mot interdit ]

 
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progrès

Les technologies qui eurent les effets les plus profonds sur la vie humaine sont généralement simples. Un bon exemple d'une technologie simple avec des conséquences historiques profondes est le foin. Personne ne sait qui a inventé le foin, cette idée de couper l'herbe en automne et de la stocker en assez grande quantité pour maintenir vivants les chevaux et les vaches pendant l'hiver. Tout que nous savons est que la technologie du foin était inconnue pendant l'empire romain mais était utilisée dans chaque village de l'Europe médiévale. Comme beaucoup d'autres technologies crucialement importantes, le foin a émergé de manière anonyme pendant les prétendus âges sombres. Selon la théorie du "Foin dans l'Histoire", son invention fut l'événement décisif qui déplaça le centre de gravité de la civilisation urbaine du bassin méditerranéen vers Europe du nord et de l'ouest. L'empire romain n'avait pas besoin de foin parce que dans le climat méditerranéen l'herbe se développe suffisamment en hiver pour que les animaux se nourrissent. Au nord des Alpes, les grandes villes qui dépendaient des chevaux et des boeufs pour la puissance motrice ne pourraient pas exister sans foin. Ainsi c'est le foin qui a permis à ces populations de se développer et à ces civilisations de s'épanouir au milieu des forêts de l'Europe nordique. Le foin a déplacé la grandeur de Rome vers Paris et Londres, et, un peu plus tard vers Berlin, Moscou et New York.

Auteur: Dyson Freeman

Info: Infinite in All Directions, p. 135, Harper and Row, 1988

[ historique ] [ civilisation ] [ agriculture ] [ granges ]

 

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déclaration d'amour

Être avec les gens qu'on aime, dit Jean de La Bruyère, cela suffit. Rêver leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d'eux, tout est égal, on se sent bien. Ô ma chérie, que cela est vrai ! Et qu'il est vrai aussi qu'on en prend tellement l'habitude, que cela devient une partie nécessaire de l'existence ! Hélas ! Je sais bien, je dois savoir trop bien, depuis trois mois que je suis loin de toi, que je ne te possède plus, que mon bonheur gémit. Chaque matin, lorsque je me réveille, je te cherche ; il me semble que la moitié de moi-même manque, et cela est trop vrai. Vingt fois dans le jour je me demande où tu es : juge combien l'illusion est forte, et qu'il est cruel de la voir disparaître ! Lorsque je me couche, je ne manque pas de te faire ta place ; je me pousse tout près du mur, et laisse un grand vide dans mon petit lit. Ce mouvement est machinal, ces pensées sont involontaires. Ah ! Comme on s'accoutume au bonheur ! Hélas ! On ne connaît son bonheur que lorsqu'on l'a perdu ; et je suis sûr que nous ne savons combien nous sommes nécessaires l'un à l'autre, que depuis que la foudre nous a séparés. Tu me manques terriblement, je t'embrasse tendrement mille fois.

Auteur: Mirabeau Honoré Riqueti comte de

Info: Lettres à Sophie Ruffei 1777-1780

[ . ]

 

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interdépendance

Dans son célèbre ouvrage intitulé What is Life ? Erwin Schrödinger pose la question suivante : "Quelle est la source de l'ordre en biologie ?" Il en arrive à l'idée qu'il dépend de la mécanique quantique et d'un microcode transporté dans une sorte de cristal apériodique - qui s'est avéré être l'ADN et l'ARN - il avait donc brillamment raison. Mais si vous demandez s'il est parvenu à l'essence de ce qui rend quelque chose vivant, il ne l'a bien sûr pas fait. Bien qu'aujourd'hui nous connaissions des bribes de la machinerie des cellules, nous ne savons pas ce qui en fait des êtres vivants. Cependant, je suis peut-être tombé sur une définition de ce que signifie être vivant.

Pendant près d'un an et demi, j'ai tenu un carnet de notes sur ce que j'appelle les agents autonomes. Un agent autonome est quelque chose qui peut agir en son propre nom dans un environnement. En fait, tous les organismes vivant librement sont des agents autonomes. Normalement, lorsque nous pensons à une bactérie qui progresse dans un gradient de glucose, nous disons que la bactérie va chercher de la nourriture. En d'autres termes, nous parlons de la bactérie de manière téléologique, comme si elle agissait pour son propre compte dans son milieu. Il est stupéfiant que l'univers ait donné naissance à des choses qui puissent agir de cette manière. Comment diable cela a-t-il pu se produire ?

Auteur: Kauffman Stuart Alan

Info: " The Adjacent Possible : A Talk with Stuart Kauffman " sur edge.org, 11 mars 2003.

[ biologie systémique ] [ étonnement ] [ gaïa ] [ tâtonnement syntropique ] [ néguentropie ]

 

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vivant

En quoi est ce que j’ai écrit au niveau du cercle du réel le mot "vie" ? C’est qu’incontestablement de la vie [...], nous ne savons rien d’autre, et tout ce à quoi nous induit la science c’est de voir qu’il n’y a rien de plus réel... ce qui veut dire rien de plus impossible ...que d’imaginer comment a pu faire son départ cette construction chimique, qui d’éléments... répartis dans quoi que ce soit et de quelque façon que nous voulions le qualifier par les lois de la science ...se serait mis tout d’un coup à construire une molécule d’ADN, c’est-à-dire quelque chose dont je vous fais remarquer que très curieusement, c’est bien là qu’on voit déjà, qu’on voit la première image d’un nœud, et que s’il y a quelque chose qui devrait nous frapper, c’est qu’on ait mis si tard à s’apercevoir que quelque chose dans le réel... et pas rien : la vie même ...se structure d’un nœud.

Comment ne pas s’étonner qu’après ça, nous ne trouvions justement nulle part, nulle part ni dans l’anatomie, ni dans les plantes grimpantes, qui sembleraient expressément faites pour ça, aucune image de nœud naturel ? Je vais vous suggérer quelque chose : est-ce que ça ne serait pas là le signe d’un autre type de refoulement, d’Urverdrängt ? Enfin quand même, ne nous mettons pas trop à rêver, nous avons avec nos "traces" assez à faire.

Auteur: Lacan Jacques

Info: La Troisième, 1er novembre 1974

[ question ] [ hypothèse ]

 

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première épître aux Corinthiens

Saint Paul déclare d’abord que l’amour serait encore là quand bien même nous posséderions la totalité du savoir. Dans la seconde partie de l’extrait, il déclare ensuite que l’amour n’existe que pour des êtres incomplets, c’est-à-dire pour des êtres qui disposent d’un savoir partiel. Lorsque je "le connaîtrai comme je suis moi-même connu de lui", y aura-t-il encore l’amour ? Bien que, contrairement au savoir, l’ "amour ne finira jamais", ce n’est que "maintenant" (alors que je suis encore incomplet) que "demeurent la foi, l’espérance et l’amour". Le seul moyen de sortir de cette impasse est de lire les deux propositions contradictoires selon la formule féminine de la sexuation chez Lacan : même en étant "totalisé" (achevé, sans exception), le champ du savoir demeure d’une certaine manière pas-tout, incomplet. L’amour n’est pas une exception au Tout du savoir, mais précisément ce "rien" qui rend incomplet tout champ du savoir achevé. [...] Seul un manque, un être vulnérable est capable d’amour : le mystère dernier de l’amour est donc que l’incomplétude, en un sens, est supérieur à la complétude. D’un côté, seul aime un être imparfait et soumis au manque : nous aimons parce que nous ne savons pas tout. De l’autre, même si nous savions tout, l’amour serait encore inexplicablement supérieur à la science de toutes choses. Peut-être que l’accomplissement réel du Christianisme consiste à élever un Être aimant (imparfait) au rang de Dieu, c’est-à-dire à l’ultime perfection.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 210-211

[ lecture psychanalytique ]

 
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