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femmes-par-homme

Au respectable Luigi Guicciardini de Mantoue qui m’est aussi cher qu’un frère, Diantre, Luigi, voyez à quel point, dans des affaires de même sorte, la fortune donne aux hommes différentes fins. Vous qui veniez de vous foutre d’elle, vous avez eu envie de vous refoutre d’elle et vous en voulez une autre prise. Pour ma part, arrivé là depuis quelques jours, aveuglé par les frustrations du mariage, je tombai sur une vieille femme qui lavait mon linge. Elle habitait une maison plus qu’à demi enterrée, où la lumière ne pénétrait que par l’entrée. Un jour, passant par là, elle me reconnut et m’ayant fait bon accueil, elle me demanda de daigner entrer un moment chez elle, où elle avait de belles chemises à me montrer, dans le cas où je désirerais lui en acheter. Croyant à une bonne affaire, une fois à l’intérieur, je vis dans une faible lumière une femme, dont la tête et le visage étaient cachés par un bout de toile, qui jouait la honteuse, reléguée dans un coin de la pièce. La vieille scélérate me prit par la main et, m’ayant mené à cette dernière, elle me dit : – Voilà la chemise que je veux vous vendre, mais essayez-la d’abord, vous paierez ensuite. – Moi, tout timide que je suis, j’en fus tout déconfit, mais je restai seul avec elle dans le noir, puisque la vieille femme était sortie sur le champ en refermant la porte. Pour faire bref, je forniquai un coup et bien que je trouvai ses cuisses flasques et son con humide, et que son haleine empestait un peu, je n’en étais pas moins empreint d’un rut si désespéré que je la possédai. Une fois l’affaire conclue, me venant aussi l’envie de voir la marchandise, je prélevai un tison rougeoyant de l’âtre et j’allumai une lanterne qui pendait là, mais à peine avais-je allumé la lumière qu’elle faillit me tomber des mains. Hélas, je manquai de tomber raide mort sur le sol tant cette femme était laide. La première chose qu’on voyait d’elle était une touffe de cheveux à mi-chemin entre le noir et le blanc, d’un gris sale, et bien qu’elle fut au sommet de son crâne chauve, sur la calvitie duquel on voyait se promener à découvert quelques poux, de rares cheveux, dont l’implantation descendait jusqu’au-dessus des yeux, venaient s’y ajouter. Sa petite tête ridée était traversée en son milieu par une cicatrice de feu, comme si elle avait été marquée au fer rouge près de la colonne du Marché. Ses cils, au niveau de leurs racines, formaient des bouquets de poils plein de lentes. Ses yeux, dont l’un était plus grand que l’autre, n’étaient pas à la même hauteur, leurs coins étaient plein de chassie et leurs paupières recouvertes d’emplâtres. Son nez tout fripé s’enfonçait dans son visage et l’une de ses narines, entaillée, était remplie de morve. Sa bouche ressemblait à celle de Laurent de Médicis mais, tordue d’un côté, il en sortait un filet de bave, car faute de dents elle ne pouvait retenir la salive. Une moustache clairsemée recouvrait sa lèvre supérieure de poils assez longs, et de son menton en galoche, à la fois long et pointu, pendait un lambeau de peau qui descendait jusqu’à la base de sa gorge. Comme la vue de ce monstre me stupéfia et que je me sentis tout à fait perdu, la femme s’en aperçut et voulut me dire : – Qu’avez-vous monsieur ? – mais en vain, parce qu’elle était bègue, et tandis qu’elle ouvrait la bouche, il s’en échappa une haleine si pestilentielle que se trouvèrent offensées par cette puanteur les portes de deux sens très dédaigneux, mes yeux et mon nez, et portées à un dédain si grand que mon estomac, ne pouvant supporter une telle offense, en fut si affecté qu’il s’ouvrit et que je vomis sur la vieille femme. L’ayant ainsi payée de la monnaie qu’elle valait, je partis. Et j’en atteste le ciel, je ne crois pas que, tant que je resterai en Lombardie, le rut me reprenne. Pour vous, remerciez Dieu de l’espoir que vous avez de retrouver tant de plaisir, moi je le remercie d’avoir désormais la certitude de ne plus jamais vouloir ressentir tant de dégoût. Nicolas

Auteur: Machiavel Nicolas

Info: 8 décembre 1509, lettre à son ami Luigi Guicciardini

[ dégoût ] [ hideuse ] [ anecdote ] [ épistole ] [ mésaventure ]

 

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dictature

Voici les quatorze points caractéristiques de ce qu’Eco a nommé fascisme éternel ou Ur-Fascisme

1) La première caractéristique du fascisme éternel est le culte de la tradition.
Il ne peut y avoir de progrès dans la connaissance. La vérité a été posée une fois pour toutes, et on se limite à interpréter toujours plus son message obscur.

2) Le conservatisme implique le rejet du modernisme. Le rejet du monde moderne se dissimule sous un refus du mode de vie capitaliste, mais il a principalement consisté en un rejet de l’esprit de 1789 (et de 1776, bien évidemment [Décalaration d’indépendance des États-Unis]). La Renaissance, l’Âge de Raison sonnent le début de la dépravation moderne.

3) Le fascisme éternel entretient le culte de l’action pour l’action. Réfléchir est une forme d’émasculation. En conséquence, la culture est suspecte en cela qu’elle est synonyme d’esprit critique. Les penseurs officiels fascistes ont consacré beaucoup d’énergie à attaquer la culture moderne et l’intelligentsia libérale coupables d’avoir trahi ces valeurs traditionnelles.

4) Le fascisme éternel ne peut supporter une critique analytique. L’esprit critique opère des distinctions, et c’est un signe de modernité. Dans la culture moderne, c’est sur le désaccord que la communauté scientifique fonde les progrès de la connaissance. Pour le fascisme éternel, le désaccord est trahison.

5) En outre, le désaccord est synonyme de diversité. Le fascisme éternel se déploie et recherche le consensus en exploitant la peur innée de la différence et en l’exacerbant. Le fascisme éternel est raciste par définition.

6) Le fascisme éternel puise dans la frustration individuelle ou sociale. C’est pourquoi l’un des critères les plus typiques du fascisme historique a été la mobilisation d’une classe moyenne frustrée, une classe souffrant de la crise économique ou d’un sentiment d’humiliation politique, et effrayée par la pression qu’exerceraient des groupes sociaux inférieurs.

7) Aux personnes privées d’une identité sociale claire, le fascisme éternel répond qu’elles ont pour seul privilège, plutôt commun, d’être nées dans un même pays. C’est l’origine du nationalisme. En outre, ceux qui vont absolument donner corps à l’identité de la nation sont ses ennemis. Ainsi y a-t-il à l’origine de la psychologie du fascisme éternel une obsession du complot, potentiellement international. Et ses auteurs doivent être poursuivis. La meilleure façon de contrer le complot est d’en appeler à la xénophobie. Mais le complot doit pouvoir aussi venir de l’intérieur.

8) Les partisans du fascisme doivent se sentir humiliés par la richesse ostentatoire et la puissance de leurs ennemis. Les gouvernements fascistes se condamnent à perdre les guerres entreprises car ils sont foncièrement incapables d’évaluer objectivement les forces ennemies.

9) Pour le fascisme éternel, il n’y a pas de lutte pour la vie mais plutôt une vie vouée à la lutte. Le pacifisme est une compromission avec l’ennemi et il est mauvais à partir du moment où la vie est un combat permanent.

10) L’élitisme est un aspect caractéristique de toutes les idéologies réactionnaires. Le fascisme éternel ne peut promouvoir qu’un élitisme populaire. Chaque citoyen appartient au meilleur peuple du monde; les membres du parti comptent parmi les meilleurs citoyens; chaque citoyen peut ou doit devenir un membre du parti.

11) Dans une telle perspective, chacun est invité à devenir un héros. Le héros du fascisme éternel rêve de mort héroïque, qui lui est vendue comme l’ultime récompense d’une vie héroïque.

12) Le fasciste éternel transporte sa volonté de puissance sur le terrain sexuel. Il est machiste (ce qui implique à la fois le mépris des femmes et l’intolérance et la condamnation des mœurs sexuelles hors normes: chasteté comme homosexualité).

13) Le fascisme éternel se fonde sur un populisme sélectif, ou populisme qualitatif pourrait-on dire. Le Peuple est perçu comme une qualité, une entité monolithique exprimant la Volonté Commune. Étant donné que des êtres humains en grand nombre ne peuvent porter une Volonté Commune, c’est le Chef qui peut alors se prétendre leur interprète. Ayant perdu leurs pouvoirs délégataires, les citoyens n’agissent pas; ils sont appelés à jouer le rôle du Peuple.

14) Le fascisme éternel parle la Novlangue. La Novlangue, inventée par Orwell dans 1984, est la langue officielle de l’Angsoc, ou socialisme anglais. Elle se caractérise par un vocabulaire pauvre et une syntaxe rudimentaire de façon à limiter les instruments d’une raison critique et d’une pensée complexe.

Auteur: Eco Umberto

Info: Reconnaître le fascisme, Grasset, 2017. Misa en forme par Sumi Saint Auguste sur www.lesnouveauxdissidents.org

[ totalitarisme ] [ définition ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Pour arriver à la connaissance et à la possession de Dieu, selon l'idée chrétienne, la seule voie est la sainteté; selon la philosophie scolastique, c'est la science, résumée en la science des sciences, la théologie; selon Platon, c'est la contemplation de la beauté. Dante en prenant Béatrice pour guide à travers la vie comme à travers son poème, réunit donc d'abord en elle les trois moyens naturels et surnaturels qui sont offerts à l'homme pour parvenir en la présence "de la divine Puissance, de la suprême Sagesse et du primordial Amour" ...... ...En plusieurs endroits de la Divine Comédie on trouve des traces des idées platoniciennes, plus ou moins modifiées par leur voyage à travers les oeuvres des Pères de l'Église. Il est probable que c'est surtout dans Boèce, auquel il a emprunté plus d'un trait, dans saint Augustin et dans saint Bonaventure que Dante s'est familiarisé avec certaines théories du philosophe grec...... ...Mais Dante est poète, plus encore que philosophe, et il avoue que lorsque la vue de la "femme belle et bienheureuse" lui a été enlevée, il s'est laissé entraîner hors de la bonne voie : "Les objets présents et les faux plaisirs ont détourné mes pas depuis que votre visage m'est caché." Alors Béatrice lui fait de mélancoliques reproches où l'on sent passer non pas un regret, mais un souvenir complaisant des jours vécus sur terre, pendant lesquels elle pouvait offrir son pur visage à la contemplation de son poète : Tu m'as quelquefois oubliée, et pourtant, lui dit-elle, "jamais la nature ou l'art ont-ils pu t'offrir un plaisir pareil à celui que tu ressentais à admirer ma beauté, maintenant ensevelie et perdue sous la terre!". Chaque fois qu'il parle de Béatrice, Dante a des mots charmants pour caractériser sa beauté. Tantôt il exalte la douceur de sa voix : ...mia donna Che mi disseta colle dolci stille ; Tantôt son sourire : ...raggiandomi d'un riso Tal che nel fuoco faria l'uom felice Puis c'est le fameux portrait de Béatrice, lorsqu'elle lui apparaît aux portes du Paradis, encadrée dans un passage céleste, triomphante et resplendissante d'une incomparable beauté : J'ai vu, au commencement du jour, tout l'horizon affranchi de nuages, et nuancée de rose la partie de l'orient au milieu de laquelle naissait le soleil, dont on pouvait supporter l'éclat tempéré par les vapeurs du matin; de même à travers un nuage de fleurs qui retombaient de toutes parts, je vis une femme, les épaules couvertes d'un manteau vert; elle était vêtue d'une draperie couleur de flamme ardente; un voile blanc et une couronne d'olivier ornaient encore sa tête.... O splendeur d'une lumière éternelle : quel est celui qui ne serait pas découragé en essayant de te reproduire telle que tu me parus dans l'air libre, là où le ciel t'environne de son harmonie! Il faudrait un long travail pour arriver à dégager complètement cette personnification des deux autres, tellement la Béatrice est marquée à la fois de son triple caractère. Serait-ce même possible? L'idée platonicienne que j'ai indiquée dans la Divine Comédie, n'y est qu'à l'état de vague réminiscence et si bien enchevêtrée dans les multiples emprunts du poète à toutes les connaissances humaines, que ce serait peut-être en exagérer l'importance que de l'exposer plus longuement. Néanmoins cette conception de la beauté immuable dans son essence, se transformant du visible à l'invisible, et aboutissant à la beauté unique et primordiale, est tellement en dehors des idées du XIVe siècle, qu'il m'a paru intéressant de la signaler. Un peu plus tard, avec le progrès des études grecques, qui ne commencent sérieusement que cinquante ans après la mort de Dante, on trouverait plus facilement dans les poètes quelques traces de philosophie socratique. On verrait par exemple Pétrarque considérant les choses mortelles comme une échelle qui monte au Créateur, - che son scala al Fattor, Mais cette recherche perdrait de sa nouveauté à mesure qu'on se rapprocherait des temps modernes et deviendrait banale. Rien de ce qui touche à Dante ne saurait l'être, rien surtout de ce qui touche à sa Béatrice. Je me suis plu à montrer la complexité de cette création aussi étrange que sublime, d'autres y reviendront. Le sujet ne sera jamais épuisé, car on se plaira toujours à suivre le grand poète dans son voyage vers l'infini, régions où nul autre que lui n'est monté si haut, où nul peut-être n'ira plus; qui oserait comme lui s'élever jusqu'aux étoiles? - Puro e disposto a salire alle stelle?

Auteur: Gourmont Rémy de

Info:

[ Dante Alighieri ]

 

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transhumanisme

[...] j’étais chez le dentiste l’autre jour

et je lisais cette revue médicale

et ils disaient

tout ce que t’as à faire

c’est vivre jusqu’à l’année 2020 après J.-C. et ensuite

si t’as assez de fric

une fois que ton corps lâche ils pourront transplanter ton cerveau dans un corps sans chair qui t’offrira

la vue et le mouvement – par exemple tu pourras faire du vélo ou n’importe quel truc de ce genre et aussi tu

n’auras pas besoin de t’enquiquiner à uriner ou déféquer ou manger – tu auras juste ce petit

réservoir de sang au sommet du crâne à recharger

environ une fois par mois – un peu comme l’essence

pour le cerveau.

Et t’en fais pas, il y aura même du sexe, ils disent,

seulement ce sera un peu différent (haha) tu pourras

la sauter jusqu’à ce qu’elle te supplie de lever le pied

(elle te quittera non plus à cause d’un manque

mais seulement d’un trop-plein)

c’est la partie transplantation désincarnée.



mais il y a une autre alternative : ils pourront

transplanter ton cerveau dans un corps vivant

dont le cerveau aura été retiré de manière à ce qu’il y ait de la place pour le tien.

seulement le coût de cette opération sera plus

prohibitif

sachant qu’ils devront localiser un corps

un corps vivant quelque part

disons par exemple dans un asile ou une prison ou

quelque part dans la rue – peut-être un kidnapping –

et bien que ces corps seront plus adaptés,

plus réalistes, ils ne dureront pas aussi longtemps que

le corps sans chair qui pourra durer dans les

500 ans avant qu’on doive le remplacer.

donc tout ça ne sera qu’une question de choix, selon

ce que tu souhaites, ou ce que tu peux te payer.



si tu intègres un corps vivant il faut savoir que ça ne

durera pas aussi longtemps – ils évaluent la durée à 110 ans à compter de

2020 après J.-C. – Et après ça il te faudra de nouveau trouver

un corps vivant de substitution ou bien opter pour un

de ces corps désincarnés.

globalement, dans cet article que j’ai lu chez mon dentiste,

il est sous-entendu que si tu n’es plus très riche

tu te rabats sur l’option désincarnée mais

si t’as toujours les poches bien remplies

tu repars sur une base de corps vivant.

(le dispositif des corps vivants a des avantages

dans la mesure où tu pourras leurrer la plupart des gens

dans la rue et qu’accessoirement

la vie sexuelle sera plus réaliste quoique

plus brève.) [...]



bref, Carl, j’ai continué ma lecture

et ce type racontait que

pour chaque type de transplantation du cerveau

que ce soit dans un corps vivant ou un corps désincarné

quelque chose d’autre se produirait pour les gens

assez blindés pour investir dans ces histoires de transfert :

le savoir informatisé de tous les siècles passés serait

injecté dans le cerveau – et quelle que soit la discipline que tu voudrais exercer

tu la maîtriserais sur le bout des doigts : tu serais capable de peindre comme

Rembrandt ou Picasso,

conquérir le monde comme César, tu pourrais faire tous ces trucs

que ces gars-là et d’autres dans ton genre ont réalisé

mais en mieux.

tu serais plus brillant qu’Einstein –

il y aurait très peu de choses que tu ne pourrais pas faire

et peut-être que le prochain corps à ta disposition

pourrait le permettre.



à partir de là ça donne un peu le vertige –

le type va toujours plus loin

un peu comme ces mabouls dans leurs

Maserati blindés de coke ; il tient à préciser

dans son langage technique à la limite du compréhensible que

ça n’est pas de la Science-Fiction

c’est une porte ouverte sur un monde d’horreur et d’émerveillements

qu’on n’aurait jamais osé imaginer avant et il soutient que la

dernière Guerre de l’Être humain opposera les riches

au cerveau alimenté par un ordinateur et les moins riches constituant

la Majorité

qui ne supporteront plus d’être écartés de

l’immortalité

et les riches voudront la préserver

pour toujours

et

à la fin

les riches au cerveau alimenté par ordinateur remporteront

la dernière

guerre de l’Être Humain.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " lettre à un ami victime d'un problème domestique:"

[ spéculations ] [ moyen de domination ]

 
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biologie

Des scientifiques découvrent pourquoi le tardigrade est devenu l’un des animaux les plus résistants capables de survivre au vide de l’espace

Un petit animal extrêmement résistant (Crédit photo : Dotted Yeti/Shutterstock)


Le tardigrade ou ourson d’eau est une véritable force de la nature ! Cette créature dotée de huit pattes est l’un des animaux les plus fascinants qui soient. Plus de 1300 espèces ont été référencées mesurant entre 0,1 millimètre pour les plus petites et 1,2 millimètre pour les plus grandes. L’ourson d’eau possède des yeux, des muscles, un système nerveux rudimentaire et un système digestif. Il existe sur notre planète depuis près d’un demi-milliard d’années passant au travers des cinq grandes extinctions majeures.

Cet animal aux superpouvoirs peuple tous les écosystèmes et tous les milieux. On le retrouve aussi bien au sommet des plus hautes montagnes à plus de 6000 mètres d’altitude que dans les fonds océaniques à près de 5000 mètres de profondeur. Il est capable de survivre au moins une heure dans l’eau bouillante et de supporter des doses de radiations qui tueraient n’importe quel autre être vivant.

En période de sècheresse, l’animal possède la capacité de perdre 95 % de son eau et 40 % de son volume initial. Sous cette forme déshydratée appelée cryptobiose, durant laquelle il semble sans vie, il est capable de patienter des années en attendant que les conditions redeviennent idéales pour lui.

Les chercheurs essayent depuis longtemps de comprendre comment le tardigrade a pu évoluer de cette manière et devenir aussi résistant. Dans une nouvelle étude qui vient de paraitre, des scientifiques pensent avoir découvert comment ces animaux miniatures sont devenus les rois de l’adaptation à pratiquement tous les milieux.

Les tardigrades proviennent de vers marins vivant au Cambrien

(photo d'un lobopodien, l’un des ancêtres des tardigrades actuels / Source : Jose manuel canete-travail personnel/CC BY-SA 4.0)

Les chercheurs savent que les tardigrades descendent d’organismes aujourd’hui éteints qui vivaient sur Terre durant le Cambrien, la première des six périodes géologiques du paléozoïque qui s’étendait approximativement de 541 millions d’années à 485,4 millions d’années. Ces organismes nommés lobopodiens formaient un groupe informel de vers marins possédant plusieurs paires de pattes très courtes. Beaucoup de ces animaux ne dépassaient pas quelques centimètres de long bien que certains fossiles découverts laissent apparaitre des animaux pouvant atteindre 20 centimètres et plus. 

Jusqu’à présent, les scientifiques n’étaient jamais parvenus à déterminer exactement de quel groupe de lobopodiens, les tardigrades qui vivent sur Terre aujourd’hui pouvaient descendre. C’est chose faite avec cette découverte publiée dans PNAS réalisée entre autres par des scientifiques de l’Institut coréen de recherche polaire en Corée du Sud et de l’université de Floride du Nord aux États-Unis.

En analysant des fossiles de lobopodiens et une quarantaine d’espèces actuelles de tardigrades, les chercheurs ont découvert que les ancêtres des oursons d’eau vivant aujourd’hui sur Terre sont un groupe de lobopodiens du cambrien appelé luolishaniidés. D’après les recherches, ce groupe a évolué sur des centaines de millions d’années pour donner naissance à des animaux au corps beaucoup moins segmenté, aux pattes beaucoup plus courtes et surtout beaucoup plus petites.

Cette étude vient combler un vide dans la connaissance de l’évolution de ces étonnants animaux et pourrait sembler faire partie de la recherche fondamentale. Pourtant, cette découverte pourrait bien permettre la mise au point de futures applications pratiques.

Des protéines de tardigrades pour protéger les vaccins de la dégradation

Les tardigrades sont véritablement des animaux exceptionnels, fruits d’une très longue évolution qui s’est déroulée sur des centaines de millions d’années. Au cours de cette longue adaptation évolutive, ils ont appris à survivre en mettant leur métabolisme "en pause" lorsque les conditions de vie devenaient inhospitalières puis à sortir de cet état de "veille" quand les conditions devenaient à nouveau plus sures. Les tardigrades ont également appris, au fil du temps, à synthétiser des protéines qui ne se dégradent pas dans des conditions de vie dans lesquelles d’autres protéines seraient détruites. Les chercheurs espèrent parvenir à déterminer le moment dans l’histoire de l’évolution de cette espèce où cette caractéristique a été acquise de manière à identifier le ou les gènes responsables.

Lorsque ces gènes seront découverts et grâce aux technologies d’éditions de gènes comme CRISPR, les chercheurs espèrent parvenir à reproduire ces caractéristiques étonnantes chez d’autres espèces animales et pourquoi pas chez l’être humain. CRISPR est une technologie assez récente permettant d’utiliser une nucléase appelée Cas9 et un ARN guide afin de modifier un gène cible dans des cellules végétales et animales ou encore de diminuer ou d’augmenter l’expression d’un gène. 

L’utilisation des protéines de tardigrades pourrait servir à protéger les vaccins de la dégradation. D’autres projets, pouvant cependant soulever quelques interrogations éthiques, prévoient d’insérer des gènes de tardigrades dans des embryons humains dans le but d’apporter aux cellules souches embryonnaires une plus grande résistance aux radiations nucléaires.  

Auteur: Internet

Info: Science et vie, 12 juillet 2023, Ives Etienne. Article original de Ji-Hoon Kihm, Frank W. Smith, Sanghee Kim, Tae-Yoon S. Park, "Cambrian lobopodians shed light on the origin of the tardigrade body plan", PNAS, July 3, 2023, https://doi.org/10.1073/pnas.2211251120

[ résilience ]

 

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manipulation des masses

La mise en scène de la "démocratie technique", consistant à réunir des experts et des contre-experts sous les yeux d’un public considéré comme ignare, à éduquer, ne dupe plus grand-monde. Mais au moins cela donne-t-il du travail aux sociologues et aux agences de communication. 

Au sein du "comité d’expertise et de suivi de la démarche d’information et de consultation" de l’Andra siège Michel Callon "directeur de recherche, professeur de sociologie à l’école des Mines", nous dit le site de l’agence. Complétons ce CV minimaliste.

Callon s’est fait connaître comme théoricien de la "démocratie technique" avec un livre paru en 2001. Agir dans un Monde Incertain, Essai sur la démocratie technique, co-écrit avec Lascoumes et Barthes, expose les concepts qui, en quelques années, ont colonisé les institutions scientifiques et politiques. Ce livre enjolive le risque en "incertitude", les conflits politiques en "controverses socio-techniques", et propose une nouvelle façon de résoudre ceux-ci par des "forums hybrides" - pseudo espaces ouverts dans lesquels se réunissent experts, politiques et "profanes" pour mettre en œuvre une "démocratie dialogique" et trouver un compromis sur les sciences et les technologies.

Mode d'emploi : n'entrez pas dans la confrontation directe, tâchez d' "organiser, maîtriser les débordements sans vouloir pour autant les empêcher." Multipliez les débats publics. Admirez le résultat avec ce cas concret : "Le nucléaire qui en sortira sera socialement, politiquement et même techniquement complètement différent du nucléaire qui aurait été décidé en dehors des forums hybrides. Parler "du" nucléaire en général n'a aucun sens. Jouer au jeu de ceux qui sont pour et de ceux qui sont contre est encore plus inepte." Ce miracle qui transforme votre problème-nucléaire en solution-nucléaire s'appelle une forfaiture.

Il n'y a pas plus de "démocratie technique" que de "science citoyenne" ou de roue carrée : la démocratie est la participation de tous aux choix politiques, quand la technique est l'affaire des spécialistes. Ayant vendu les sciences humaines à "l’innovation", Callon et ses semblables ne recommandent jamais d’introduire le politique dans le technique, ni de rappeler aux scientifiques leur responsabilité sociale. Leur solution au contraire consiste à imposer la logique technicienne au corps social, à encourager chacun à faire valoir son expertise. Ce ne sont pas les technologies qui doivent être soumises à la décision démocratique, mais les individus politiques que l’on contraint à endosser l’éthos technocrate. La "démocratie technique", c'est la négation du politique. Et un aveu : la technologie étant la poursuite de la politique par d’autres moyens, seul un simulacre de démocratie peut tenter de maintenir l’illusion d’une participation de tous aux choix collectifs.

Agir dans un monde incertain est devenu la bible des décideurs. La chimère politique de la "démocratie technique", bricolée par des experts pour vendre leurs services à une démocratie "en crise", a créé un fromage pour des chercheurs en sciences sociales, sociologues des "usages" et de l’acceptabilité, et autres fourgueurs de "procédures de dialogue avec le peuple" clés en main. Cette chimère a contaminé le monde social et la nuée d’associations citoyennistes prêtes à se jeter sur n’importe quel dispositif leur donnant de l’importance et des financements. Et qui collaborent sans ciller aux manipulations de la "citoyenneté technique", de l’"expertise profane", de la "co-construction" de nécrotechnologies "citoyennes"

Magali Bicaïs a passé plusieurs années dans un laboratoire R&D (Recherche et développement) de France Telecom. Selon elle, "l’acceptabilité sociale est associée aux nouvelles technologies, car elles transforment nos manières de vivre. On parle d’acceptabilité sociale quand on travaille sur une technologie susceptible d’avoir des conséquences sur l’organisation sociale elle-même. Avec les techniques d’acceptabilité, on a franchi un nouveau pas : il s’agit d’anticiper ce qui peut être toléré. La question n’est plus celle des besoins ni des envies, mais de savoir ce que les consommateurs, ou les citoyens, ne vont pas supporter". (revue Z, n°1, printemps 2009).

Les sociologues des usages (chargés de l’acceptabilité des nouvelles technologies) employés par France Telecom R&D ont eux-mêmes donné leur recette : "Faire participer, c’est faire accepter", disent-ils. Participer, c'est accepter, par un effet mécanique de connivence et de coopération qui aboutit toujours au plus petit dénominateur commun. Vous faire participer aux pseudo-débats de la CNDP, c’est vous faire accepter l’enfouissement des déchets nucléaires.

En outre, en participant à ces mascarades, vous aidez décideurs et communicants à peaufiner leurs argumentaires pour mieux étouffer la contestation. Voyez vous-mêmes : "Un défi majeur pour les porteurs de projet est de pourvoir identifier les opposants pour trouver un interlocuteur privilégié avec qui négocier. (…) C’est à travers une grille d’analyse des systèmes d’acteurs que les décideurs peuvent caractériser les opposants et leur mode d’intervention afin de définir une réponse adaptée à chacune de leurs interrogations, voire de les impliquer dans le projet in fine." ("De l’acceptabilité à l’adhésion", projet universitaire réalisé pour la Fabrique de la Cité)

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/electronucle_aire-.pdf

[ technocritique ] [ repolitisation ] [ participative ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

autodestruction

Voyez-vous, dans ce beau pays, le suicide devient, avec le temps, une évidence. Pensons à Benoit Violier. Chacun aura dit "Mon Dieu, mais quel mystère !" Mais enfin chers amis, ouvrez les yeux... Tout indique, dans ce monde, surtout à partir d'un certain âge, que le suicide s'impose. Pensez à tout ce qu'apporte à la société cet auto-stop de l'individu conscient et responsable :

- Il retire de la planète une partie du problème, certes infime, lui. Une planète, plus assez grande et généreuse pour supporter le poids des virus humains. Il fait sa part.

- Il s'évite une fin de vie toujours plus remplie d'emmerdes. Emmerdes pour tout le monde. Lui, sa famille, la société. Agoniser dans l'ennui à l'intérieur d'un EMS des mois ou des années, ou dans un appartement protégé, tout ça pour engraisser big pharma, des assureurs qui ne prennent aucun risque et des chefs de services imbus... Non merci.

- Il démontre que l'ultime liberté, c'est celle de partir

- Il reconnait sa propre médiocrité

- Il démontre par l'exemple qu'il est un athée véritable. Façon de dire à Dieu : "Tu ne veux pas me licencier, je démissionne"

- Quel camouflet ! Pour ceux qui lui ont reproché de ne pas avoir de plomb dans la tête. (Attention, ne marche pas avec les tranquillisants)

- Il pourra aussi expliquer des choses, profitant de l'effet de choc, les phrases qu'on laisse en ces occasions un surcroît de poids. Comme : "Il n'y a jamais eu de démocratie qui ne se soit suicidée" ou "Je me suicide par respect pour la vie, en effet je considère que ma vie a cessé d'être digne de moi".

- Il montre une espérance : celle que la mort à plus à offrir que la vie

- Il pose une question insoluble : suis-je mon propre bourreau ou ma propre victime ?

- Il démontre une fois pour toute qu'il avait, finalement, du courage.

- Il peut faire acte de visionnaire. Pour autant qu'il ait annoncé son acte auparavant, il démontre être un des rares à avoir connu le jour et l'heure de sa mort !

- Il fait preuve de tout puissance. D'un coup d'un seul, il éteint l'univers.

- Il fait raquer son assurance-vie, cette immense salope, miroir parfait du cul-de-sac dans lequel l'humain occidental s'est engagé, aidant ainsi à affaiblir un système financier qui fait dégueuler. Système contre lequel il continue de lutter par delà sa mort.

- Il atteste, comme l'a dit Havelock, la grandeur de sa civilisation ; celle où la population a élevé son système nerveux et intellectuel jusqu'à un point de tension si grand que parfois il se casse au niveau de l'individu.

- Il fait certes souffrir ses mômes, mais s'ils sont assez grands et indépendants, il leur apporte un peu de chamboulement positif dans une société gnian-gnian au point de ne plus voir qu'elle s'auto asphyxie à force de vouloir éloigner tout ce qui peut se rapporter à la souffrance et à la mort. Le CO-vid en fut le parfait exemple.

- Il donne une occasion supplémentaire aux crétins convenus de croire que l'équipement originel de l'homme, soi-disant supérieur à celui de toute autre espèce, comporterait quelque erreur ou défectuosité innée qui le prédispose à l'autodestruction.

- Il montre l'exemple pour le futur, quand, comme disait Cioran, le suicide sera devenu un devoir.

- Il démontre que, finalement, il est un vrai entrepreneur... Pas un velléitaire. Avec cette preuve puissante de son engagement, à l'image de la phrase de Michaud dans Poteaux d'angle : "Certains restent en vie seulement par timidité. L'effort nécessaire pour mettre fin au souffle, au sempiternel battement du coeur, à tout ce qui en soi persiste à durer serait si grand, et si péremptoire la décision qu'elle serait comme venue d'un autre, d'un de ceux-là mêmes précisément faits pour la vie et ses entreprises et pour y demeurer le plus longtemps possible. Ce serait in extremis changer de personnalité, la détruire et soi en plus."

- Il débarrasse sa femme d'un compagnon, devenu lassant dans le meilleur des cas.

- Selon l'état d'esprit il pourra aussi arguer de toute une série d'autres motivations. Il l'aurait aussi fait : par pudeur, par discrétion, par peur de la mort (ce qui parait un comble mais ne l'est pas). Par lassitude ou paresse (voilà enfin une vraie raison)... Par vengeance... Parfois même par curiosité. Mais plus volontiers pour emmerder son créancier, sa communauté... Par spleen amoureux ou d'impuissance, genre : "Avec tous ces connards qui existent... On manque de gens qui se suicident ; en plus ce ne sont jamais ceux qu'il faudrait."

Etc, etc.

Concluons pour l'heure avec ce bon vieux Cioran.

"Je passe mon temps à conseiller le suicide par écrit et à le déconseiller par la parole. C'est que dans le premier cas il s'agit d'une issue philosophique ; dans le second, d'un être, d'une voix, d'une plainte..."

 

Auteur: Mg

Info: 13 fév. 2016

[ apologie ] [ moteur ] [ justification ] [ autolyse ]

 

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Gaule

Ville de province. Dans son discours inaugural d’un festival littéraire, une élue municipale dit à un groupe d’enfants : "Quelle chance vous avez, d’apprendre notre si belle langue !" et mon sang ne fait qu’un tour. Comme je dois prendre la parole ensuite, j’en profite pour dire aux enfants que certes, le français est une belle langue mais qu’on peut en dire autant de toutes les langues ; que disposer d’une belle langue ne suffit pas, encore faut-il s’en servir pour dire des choses intelligentes ; qu’il est tout à fait possible de se servir d’une belle langue pour dire des choses débiles ; et que, plus on connaît de langues, plus on est susceptible de dire des choses intelligentes. Maurice Druon, feu le secrétaire perpétuel de l’Académie française : "Prenez un traité rédigé en français : à condition que le français en soit correct, ce traité est clair, et finalement il est bref, il est compréhensible de tous, et son interprétation ne donne pas lieu à des contestations. Il n’en va pas de même de l’anglais." M. Druon parlait-il ­l’anglais ? Cela m’étonnerait. Il n’y a bien sûr pas une mais d’innombrables langues françaises : vocabulaire, syntaxe, prononciation et débit varient selon le pays (180 millions de locuteurs à l’étranger, contre seulement 60 dans l’Hexagone), le quartier, la région, l’origine, le milieu social des locuteurs. Ici je ne parlerai que de celle qui se diffuse bruyamment dans l’air de la France métropolitaine, le français politico-médiatico-culturel, car il me semble que s’y préservent et s’y perpétuent, de façon subtile mais tenace, les violences et injustices de l’Histoire française. Cette langue-là est une reine : belle, puissante et intarissable. Pas moyen d’en placer une. Elle est fière d’elle-même, de ses prouesses, ses tournures et ses atours, et valorise la brillance au détriment du sens et de l’émotion vraie. Cette tendance, surprenante pour qui n’a jamais vécu en monarchie, est très présente dans les médias français encore aujourd’hui. Cela va avec les ors de la République, les sabres de la Garde républicaine, le luxe des dîners à l’Élysée. "Parfait", soupire versaillamment, dans une pub télé récente, un père à propos d’un camembert quelconque. "Parfaitement parfait", approuve son gamin, avec le même air d’aristo snobinard. Ils sont blancs, blonds, riches, c’est un gag mais ce n’est pas un gag, it makes me gag, ça me reste en travers de la gorge, je n’achèterai pas ce camembert-là. Mme de Staël trouvait nulles les soirées mondaines à Berlin, car en allemand il faut attendre la fin de la phrase pour en connaître le verbe : pas moyen de couper la parole à son interlocuteur, vous imaginez, cher, comme on s’ennuie ! Les Français "parlent comme un livre" et, des années durant, j’ai été portée, transportée par leur passion du verbe. Aujourd’hui leur prolixité m’épuise. Tant d’arrogance, tant d’agressivité ! Comment font-ils pour ne pas entendre leur propre morgue ? Regardez ceux qui, derrière les guichets des mairies, postes et administrations, accueillent les citoyens : c’était bien la peine de faire la Révolution pour se voir encore traité ainsi de haut ! Véritablement elle est guindée, cette langue française, et induit des attitudes guindées. À vingt ans, venue à Paris pour un an, j’écoute le professeur expliquer à la classe l’usage du subjonctif. Ouh, que c’est subtil ! Dès lors que plane sur un verbe le moindre doute, on le frappe d’un subjonctif. Bang ! Faut que tu fasses. Aurait fallu que tu viennes. Mais ensuite on s’empêtre dans des temps du verbe théoriques, indicibles, ridicules, n’existant que pour le plaisir de recaler les gosses aux examens : aurait fallu qu’il visse, n’eût pas fallu qu’il vinsse, Alphonse Allais s’en est moqué dans sa Complainte amoureuse : "Fallait-il que je vous aimasse […] Pour que vous m’assassinassiez ?" Jamais pu supporter la fausseté de ces temps morts, faits pour aider les prétendus Immortels à passer le temps. Jamais même pu supporter, moi, pour ma propre écriture, le passé simple. Je n’y crois pas, c’est tout. Il entra. Elle ferma. La marquise sortit à cinq heures. Non, je n’y arrive pas, ne veux pas y arriver. Quand je traduis vers le français mes propres textes ou ceux des autres, le prétérit anglais (identique dans la langue quotidienne et la littérature la plus splendide) me manque. Pour la plupart des verbes anglais, il suffit d’un mini-claquement de langue contre le palais, petit d par lequel on ­signifie que l’incident est clos. "He entered. She closed". Parfois c’est un peu plus compliqué, The marquess non pas "leaved" mais "left the house at five". À mon goût, il y a trop de marquises dans le passé simple, et dans Proust. J’intègre la langue française post-Seconde Guerre, post-Nouveau Roman, sautant à pieds joints dans Sarraute, Duras, Beckett, Camus (quatre auteurs ayant grandi loin de l’Hexagone, entourés d’une langue autre que la française). "Je vais le leur arranger, leur charabia", promet Beckett dans L’Innommable... et il tient largement sa promesse. Le mieux qui puisse arriver à la langue française aujourd’hui, c’est qu’elle se laisse irriguer, assouplir, "arranger" par des rythmes et syntaxes venus d’ailleurs, qu’elle cesse de se comporter en reine agacée et se mette à l’écoute de ses peuples.

Auteur: Huston Nancy

Info: La morgue de la reine, https://le1hebdo.fr, février 2018

[ idiome ] [ seconde langue ] [ langue française ] [ spécificité ] [ gaulois ]

 

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dernières paroles

Léonie chérie

J'ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd'hui témoigner de l'horreur de cette guerre.

Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l'odeur est pestilentielle. Tout manque : l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer. Nous partons au combat l'épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tôle d'acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie.

Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accès boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de moi. Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major. Tous les combattants désespèrent de l'existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes.

La semaine dernière, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y parviendront. Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution.

Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t'infliger. C'est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin.

Eugène ton mari qui t'aime tant.

Auteur: poilu anonyme

Info: Lettre à sa femme, Le 30 mai 1917

[ ww1 ] [ couple ]

 

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omniprésent sapiens

(FLP) quels sont les exemples, s'ils existent, d'une espèce qui, comme les humains, s'est adaptée à tous les biotopes ?

(Gemini) -  il n'existe pas d'espèce animale qui ait réussi à s'adapter à tous les biotopes de la planète avec le même niveau de succès que les humains.

Cependant, plusieurs espèces animales présentent une remarquable capacité d'adaptation et peuvent coloniser une large variété d'environnements comme

- le rat brun (Rattus norvegicus) rongeur cosmopolite qui se rencontre dans presque tous les continents et habitats, des villes aux déserts en passant par les forêts. Son succès repose sur sa grande intelligence, sa capacité à s'adapter à différents régimes alimentaires et sa reproduction rapide.

- Le faucon pèlerin (Falco peregrinus),  rapace e plus rapide du monde qu'on trouve sur tous les continents sauf l'Antarctique. Sa rapidité et sa vue perçante lui permettent de capturer des proies dans des environnements très différents.

- La mouette rieuse (Larus ridibundus), oiseau marin qui est présent sur toutes les côtes du monde et qui s'adapte facilement aux milieux artificiels comme les ports et les décharges publiques. Son opportunisme alimentaire lui permet de se nourrir de déchets et d'autres sources de nourriture facilement accessibles.

- L'ours brun, dans l'hémisphère nord...

Ces exemples illustrent la capacité remarquable de certaines espèces animales à s'adapter à des environnements très différents. Cependant, il est important de noter que aucune d'entre elles n'a le même niveau de succès d'adaptation que les humains, qui ont réussi à coloniser et à modifier presque tous les biotopes de la planète.

(FLP) Pas même les fourmis, d'autres petits animaux ou certains insectes ?

(Gemini) Il est vrai que certaines petites espèces animales, comme les fourmis, les cafards et certains insectes, présentent une grande capacité d'adaptation et peuvent coloniser une large variété d'environnements.

- Les fourmis, par exemple, sont présentes sur presque tous les continents et dans de nombreux habitats, des forêts tropicales aux déserts en passant par les villes. Elles ont développé des structures sociales complexes, des techniques de communication sophistiquées et la capacité à exploiter une grande variété de ressources alimentaires. 

- Les cafards sont également connus pour leur résilience et leur capacité à s'adapter à des environnements difficiles. Ils peuvent survivre dans des conditions de manque de nourriture et d'eau et sont résistants à de nombreux pesticides.

- Certains insectes, comme les mouches et les moustiques, ont également une grande capacité d'adaptation et peuvent coloniser des environnements très variés. Ils sont souvent vecteurs de maladies et peuvent poser des problèmes de santé publique.

Cependant même ces petites espèces n'ont pas le même niveau de succès d'adaptation que les humains.

(FLP) - Et le tardigrade ?

(GEMINI) Effectivement, le tardigrade, aussi appelé ours d'eau, est un animal microscopique connu pour sa résistance extrême aux conditions extrêmes. Il peut survivre à des températures allant de -459 degrés Celsius à 151 degrés Celsius, à des radiations intenses, à des pressions immenses et même au vide spatial.

On trouve cet extrémophile, (organisme capable de vivre dans des environnements que la plupart des autres espèces ne pourraient pas supporter) se trouve dans presque tous les milieux aquatiques et terrestres, y compris dans les sources chaudes, les glaciers et les mousses.

Cependant, il est important de noter que le tardigrade n'a pas le même niveau de succès d'adaptation que les humains car il ne sont pas capables, contrairement aux humains,  de coloniser et de modifier tous les biotopes de la planète. Ils sont limités à des environnements extrêmes où peu d'autres espèces peuvent survivre.Car les tardigrades n'ont pas les mêmes capacités cognitives que sapiens. Ils ne sont pas capables de résoudre des problèmes complexes, d'apprendre de nouvelles choses ou de développer des technologies.

(FLP) - Au niveau bactériel il y a ou il y a eu une complète diffusion sur terre, non ?

(Gemini)  Oui, c'est exact. Les bactéries sont les organismes les plus répandus sur Terre. On les trouve dans presque tous les environnements, des sources chaudes aux glaciers, en passant par le corps humain. Leur capacité d'adaptation exceptionnelle leur a permis de coloniser l'ensemble de la planète.

(FLP ) - Et les humains, on peut dire la même chose ?

(Gemini) - Non, pas du tout. Les humains sont certes présents sur tous les continents, mais leur répartition est beaucoup plus inégale que celle des bactéries. Il existe des zones densément peuplées, comme les grandes villes d'Asie, et d'autres zones très peu peuplées, comme les régions polaires. De plus, les humains ont un impact important sur leur environnement, ce qui peut limiter leur diffusion dans certains endroits.

(FLP) - Donc, on ne peut pas vraiment parler d'une diffusion complète des humains sur Terre ?

(Gemini) - Non, en effet. L'utilisation du terme "diffusion" n'est pas tout à fait appropriée dans le cas des humains. Il serait plus juste de parler de dispersion ou de colonisation. Les humains se sont dispersés à travers le monde au cours de l'histoire, mais leur répartition n'est pas homogène et ils continuent de modifier leur environnement de manière significative.

(FLP) - Donc, il y a une grande différence entre la diffusion des bactéries et celle des humains ?

Gemini - oui, les bactéries sont des organismes microscopiques qui se dispersent naturellement par le vent, l'eau et les animaux. Les humains, en revanche, sont des organismes beaucoup plus complexes qui ont développé des technologies et des modes de vie qui leur permettent de contrôler leur dispersion et de modifier leur environnement.



 

Auteur: Google Bard chatbot

Info: 19 mai 2024

[ ubiquité humaine ] [ homme-animal ] [ dialogue homme-machine ] [ évolution du vivant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel