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fondateur de la psychanalyse

Il y a, dans la façon dont Freud nous transmet ce qu’on pourrait appeler les voies de la vérité de sa pensée, une autre face encore, qu’on découvre dans des passages qui viennent peut-être au second plan, mais qui sont néanmoins très sensibles. C’est le caractère souffrant de sa personnalité, le sentiment qu’il a de la nécessité de l’autorité, ce qui ne va pas chez lui sans une certaine dépréciation fondamentale de ce que celui qui a quelque chose à transmettre ou à enseigner peut attendre de ceux qui l’écoutent et le suivent. Une certaine méfiance profonde de la façon dont les choses sont appliquées et comprises apparaît en bien des endroits. Je crois même, vous le verrez, qu’on trouve chez lui une dépréciation toute particulière de la matière humaine qui lui est offerte dans le monde contemporain. C’est assurément ce qui nous permet d’entrevoir pourquoi Freud, au contraire de ce qu’il en est dans ses écrits, a mis concrètement en exercice le poids de son autorité pour assurer, croyait-il, l’avenir de l’analyse. Il a été à la fois exclusif par rapport à toutes sortes de déviations – très effectivement déviations – qui se sont manifestées, et impératif dans la façon dont il a laissé s’organiser autour de lui la transmission de son enseignement.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, pages 21-22

[ portrait psychologique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

vaincus

Nos admirables équipages qui se sont multipliés d’une manière surhumaine pour compenser une infériorité d’effectifs et de matériel écrasante, nos admirables équipages dont les pertes ont dépassé 33 % du personnel navigant et qui ont infligé à l’aviation ennemie (de son propre aveu) des pertes numériquement trois fois supérieures à celles de l’aviation française, nos admirables équipages qui ont été de jour et de nuit au combat sans une heure de repos, qui, ayant à peine atterri, reprenaient leur vol sur des avions criblés de balles et souvent avec, dans la carlingue, le sang non encore essuyé de leurs camarades tués ou blessés à leur poste, nos admirables équipages qui devaient se battre à un contre cinq et parfois à un contre huit se sont vus méconnus, critiqués, pis encore, parfois insultés par la foule désordonnée de la retraite.

Des larmes de rage aux yeux, ils repartaient cependant inlassablement, stoïquement, pour tenir tête, souvent contre tout espoir, à l’adversaire. Voilà pourquoi nous disons que le calvaire de l’aviation a été pire que le calvaire des autres ! Après l’avoir accusée en temps de paix d'avoir voulu être trop nombreuse, trop forte et trop luxueusement équipée, on l’a accusée, la guerre venue, d’être trop peu nombreuse et insuffisamment armée. C’est d’une atroce et douloureuse dérision.

Auteur: Chambe René

Info: Equipages dans la fournaise - 1940

[ ww2 ] [ déshonneur ] [ défaite ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

muse

Quid du jeune Socrate, de ses années de formation et, plus méconnu encore, de ses élans amoureux ?

C’est la question que s’est posée Armand D’Angour, professeur de lettres classiques à Oxford. Dans Socrates in Love, il entend lever le voile sur l’influence qu’aurait eu une femme, une certaine Aspasie, sur le philosophe athénien. [...]

Ce qui a d’abord mis la puce à l’oreille de l’auteur, c’est un texte de Platon, le Banquet, dans lequel différents orateurs sont invités à prononcer un discours sur l’amour. Quand vient le tour de Socrate, celui-ci évoque une femme qu’il aurait connue dans sa jeunesse, Diotime, et qui l’aurait "instruit des choses de l’amour". Jusqu’à présent, les hellénistes considéraient qu’il s’agissait d’un personnage de fiction.

Mais pour D’Angour, Diotime ferait en fait directement référence à Aspasie, une femme d’une grande érudition, contemporaine de Socrate. Tous deux se sont rencontrés à Athènes, lorsqu’ils avaient une vingtaine d’années. Aspasie, connue pour la finesse de ses raisonnements et ses qualités d’oratrice, fréquentait les hommes les plus influents de son époque. C’est ainsi qu’elle rencontra Socrate et le stratège Périclès, préférant le second au premier, dont elle fut la compagne pendant quinze ans. D’Angour soutient que les réflexions de Socrate sur la beauté, l’amour ou la transcendance lui auraient été en partie inspirées par ses échanges avec Aspasie.

Auteur: Toulet Pauline

Info: Newsletter de "Books" du 19.04.19

[ inspiration ] [ reconstitution ] [ biographie ] [ Grèce Antique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

expertise médiatique

Et d’ailleurs la méthode la plus efficace pour penser le monde est encore d’inventer les moyens d’en rire. Aucun intellectuel, jamais, n’a su. C’est même à cela qu’il se remarque.
Je parle de l’intellectuel dans tous ses états, pas seulement des deux ou trois ventriloques médiatiques connus de tous qui étalent régulièrement leur confusion mentale en première page du Monde ou ailleurs, à seule fin d’enrober de complication une réalité de plus en plus inintelligible, de souffler du brouillard sur le brouillard, du méli-mélo dans l’imbroglio. Je parle surtout du gros des troupes, les professionnels de la profession, les intellectuels de l’intellecture dont les opinions mécaniques, automatiques, pour la plupart positives et interchangeables, se débitent à tout propos dans les pages "débats" des quotidiens. Tel jour, l’opinion émane du CNRS. Tel autre, de l’Ehess. D’autres encore, mais plus rarement, du Cadis, du Csor, du GLWR ou du ZKH. Très exceptionnellement du XCT. Presque jamais du RLFFFFH. De toute façon, il s’agit de noyer le poisson. C’est le travail de l’expert, qui n’est pas appelé ainsi par hasard. On le remarque à ce qu’il commence par s’appuyer sur un sondage imbécile pour développer une pensée sans intérêt qui se conclut sur un appel à "réenchanter le débat politique", à "lutter contre toutes les formes d’intoléranc" ou à "dépasser les schémas anciens".
La bêtise, ici, est un service public.

Auteur: Muray Philippe

Info:

[ contrôle de l'opinion ] [ débilitage ] [ embrouillamini ] [ establishment ] [ sériosité risible ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

réinterprétation libre

On regarde communément ce mot "mythe" comme synonyme de "fable", en entendant simplement par là une action quelconque, le plus souvent revêtue d’un caractère plus ou moins poétique ; c’est là l’effet de la dégénérescence dont nous parlions tout d’abord, et les Grecs, à la langue desquels ce terme est emprunté, ont certainement eux-mêmes leur part de responsabilité dans ce qui est, à vrai dire, une altération profonde et une déviation du sens primitif. Chez eux, en effet, la fantaisie individuelle commença assez tôt à se donner libre cours dans toutes les formes de l’art, qui, au lieu de demeurer proprement hiératique et symbolique comme chez les Egyptiens et les peuples de l’Orient, prit bientôt par là une tout autre direction, visant beaucoup moins à instruire qu’à plaire, et aboutissant à des productions dont la plupart sont à peu près dépourvues de toute signification réelle, et profonde (sauf ce qui pouvait y subsister encore, fût-ce inconsciemment, d’éléments ayant appartenu à la tradition antérieure), et où, en tout cas, on ne retrouve plus trace de cette science éminemment "exacte" qu’est le véritable symbolisme ; c’est là, en somme, le début de ce qu’on peut appeler l’art profane; et il coïncide sensiblement avec celui de cette pensée également profane qui, due à l’exercice de la même fantaisie individuelle dans un autre domaine, devait être connue sous le nom de "philosophie".

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 122

[ détournement ] [ individualisme ] [ invention poétique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

parapsychologie

Il ne me semble plus possible de repousser l’étude de ce que l’on appelle les phénomènes occultes, ces choses qui prétendument cautionnent l’existence même des forces psychiques autres que celles que nous connaissons chez l’homme et chez l’animal, ou qui dévoilent chez l’un et l’autre des facultés auxquelles jusque-là on ne voulait pas croire. La pente vers ces recherches paraît irrésistible ; durant ces courtes vacances j’ai eu trois fois l’occasion de refuser de collaborer à des périodiques de création récente consacrés à ces études. Et nous croyons comprendre d’où ce courant tire sa force. A côté de l’expression de la dévalorisation qui, depuis la catastrophe mondiale de la grande guerre, atteint ce qui tenait encore, ce courant constitue aussi un échantillon du tâtonnement face au grand bouleversement qui se rapproche et dont on ne peut encore deviner l’ampleur, c’est à coup sûr un essai de compensation, le recouvrement dans un autre domaine – c’est-à-dire le domaine supraterrestre – de ce que la vie sur cette terre a perdu en attrait. En fait, bon nombre de processus des sciences exactes peuvent avoir favorisé ce développement. La découverte du radium a embrouillé autant qu’élargi les possibilités d’explication du monde physique, et la connaissance acquise récemment de ce qu’on appelle la théorie de la relativité a eu pour beaucoup de ceux qui admiraient sans comprendre l’effet d’amoindrir la confiance dans la crédibilité objective de la science.

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Psychanalyse et télépathie", trad. Wladimir Granoff et Jean-Michel Rey in "La transmission de pensée", éd. Flammarion, 2005, pages 33-34

[ raisons de l'essor ] [ déception ] [ idéalisme renouvelé ] [ occulto-socialisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

humilité

[…] il y a deux sortes d’esprits faux qui sont incapables de chanter le Magnificat comme il convient. Il y a d’abord ceux qui ne louent Dieu qu’après avoir reçu ses bienfaits ; comme dit David : "Ils te louent quand tu leur fais du bien." Ceux-là paraissent vraiment beaucoup s’adonner à la louange de Dieu. Mais, comme ils ne veulent jamais souffrir l’oppression et l’abaissement, ils sont incapables de jamais éprouver les véritables œuvres de Dieu et ils ne peuvent, par conséquent, jamais aimer et louer Dieu convenablement. C’est ainsi que le monde entier est présentement plein d’offices et de louanges, de chants, de sermons, de jeux d’orgues et de fanfares. […] Mais sitôt que les choses vont mal, on ne chante plus ; on n’estime plus Dieu ; on pense que Dieu ne peut ou ne veut plus rien faire pour nous, et l’on donne congé au Magnificat.

Les autres esprits sont plus dangereux encore, qui dévient en sens contraire et s’enorgueillissent des bienfaits de Dieu sans les attribuer à la seule bonté de Dieu. Ils veulent y avoir leur part ; ils veulent en tirer honneur et considération, et être plus que les autres hommes ; ils considèrent le grand bien que Dieu leur a fait ; ils se précipitent sur ce bien, s’en saisissent comme s’il leur appartenait, et se prennent pour des être exceptionnels en comparaison de ceux qui en sont privés. Voilà, en vérité, une situation glissante et dangereuse.

Auteur: Luther Martin

Info: Commentaire sur le Magnificat, traduction d’Albert Greiner, Nouvelle cité, 2017, page 54

[ foi ] [ christianisme ] [ hypocrisie ] [ intéressés ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

éloge

La traduction d’Eugène Onéguine, c’est, oui, de loin, de loin, de loin, la chose la plus importante que j’aie faite de ma vie – et je ne dis pas que l’intégrale de Dostoïevski, ce n’est rien du tout… Et je ne peux pas expliquer pourquoi, parce que, soit on comprend, soit on ne comprend pas. Je le dis souvent : une fois qu’on est entré dans Onéguine, qu’on a, non pas "compris" (il n’y a rien à comprendre, pas de sens caché, rien – tout est à la surface), mais "senti", alors, vraiment, votre vie change, et vous vivez dans ce sourire, ce sourire d’une tristesse infinie, mais dont émane une lumière étonnante : quelque chose d’intime (je veux dire que ça parle à chacun de nous différemment, selon sa vie, son enfance, ses propres souvenirs) et de totalement universel. Et, je le redis, léger. Et je repense, une fois encore, à cette phrase d’Alexandre Blok, en 1921, avant de se laisser mourir : "Notre mémoire conserve depuis l’enfance un nom joyeux : Pouchkine. Ce nom, ce son emplit de nombreux jours de notre vie. Les sombres noms des empereurs, des chefs de guerre, des inventeurs d’armes de destruction, des bourreaux et des martyrs de la vie. Et, à côté d’eux, ce nom léger : Pouchkine."

Cette légèreté-là, c’est ce qui fait que j’aime si fort la langue russe, et la Russie (et que je suis tellement blessé par son histoire).

Auteur: Markowicz André

Info: Partages

[ écrivain-sur-écrivain ] [ humus linguistique ] [ patrie idiomatique ] [ littérature ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-homme

C’est vraiment rare, maintenant, les femmes qui éprouvent du plaisir, et qui ont envie d’en donner. Séduire une femme qu’on ne connaît pas, baiser avec elle, c’est surtout devenu une source de vexations et de problèmes. Quand on considère les conversations fastidieuses qu’il faut subir pour amener une nana dans son lit, et que la fille s’avérera dans la plupart des cas une amante décevante, qui vous fera chier avec ses problèmes, vous parlera de ses anciens mecs – en vous donnant, au passage, l’impression de ne pas être tout à fait à la hauteur – et qu’il faudra impérativement passer avec elle au moins le reste de la nuit, on conçoit que les hommes puissent préférer s’éviter beaucoup de soucis en payant une petite somme. Dès qu’ils ont un peu d’âge et d’expérience, ils préfèrent éviter l’amour ; ils trouvent plus simple d’aller voir les putes. Enfin pas les putes en Occident, ça n’en vaut pas la peine, ce sont de vrais débris humains, et de toute façon pendant l’année ils n’ont pas le temps, ils travaillent trop. Donc, la plupart ne font rien ; et certains, de temps en temps, se paient un petit peu de tourisme sexuel. Et encore, ça, c’est dans le meilleur des cas : aller voir une pute, c’est encore maintenir un petit contact humain. Il y a aussi tous ceux qui trouvent plus simple de se branler sur Internet, ou en regardant des pornos. Une fois que la bite a craché son petit jet, on est bien tranquille.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme, p. 153

[ pensée-d'homme ] [ libido ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

non-conformisme

j’habitais cette pension de famille à Philadelphie, j’avais 22 piges

crevais la dalle et perdais les pédales dans un monde en guerre qui prospérait

et puis une nuit où j’étais assis à ma fenêtre j’ai vu dans une chambre de l’autre côté

de la rue à l’intérieur d’une autre pension de famille de Philadelphie

une jeune femme qui s’agrippait à un jeune homme pour l’embrasser avec

joie et passion.

c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience du recoin

dépravé dans lequel je m’étais

acculé :

je voulais être ce jeune homme à cet instant

mais je n’avais aucune envie de faire les nombreux efforts qu’il avait dû consentir pour me hisser

là où il était arrivé.

pire encore, j’ai réalisé que je pouvais avoir tort.

j’ai quitté ma piaule et commencé à déambuler dans les rues.

j’ai continué de marcher en dépit du fait que je n’avais pas

mangé ce

jour-là.

(le jour t’a mangé ! fait la chanson)

j’ai marché, j’ai marché.

j’ai dû marcher 8 kilomètres, après quoi je

suis rentré.

les lumières dans la chambre d’en face étaient

éteintes.

les miennes aussi.

je me suis désapé et me suis mis au lit.

je n’avais pas envie d’être ce qu’ils voulaient que je

sois.

et alors

tout comme eux

j’ai dormi.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " seul à une époque où les armées avaient le vent en poupe"

[ impossible ] [ envie ] [ hommes-femmes ]

 
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