Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 71
Temps de recherche: 0.0596s

production marchande

La leçon fondamentale de la "critique de l’économie politique" élaborée par le Marx de la maturité, après le Manifeste, est de démontrer comment cette réduction de toute chimère sacrée à la brutale réalité économique génère sa propre spectralité. Lorsque Marx décrit la folle circulation du Capital dont la trajectoire autofécondante atteint son apogée dans les spéculations méta réflexives* contemporaines sur les marchés à terme, il est bien trop simple de considérer le spectre de ce monstre autoengendré (poursuivant sa trajectoire indépendamment de toute préoccupation humaine ou environnementale) comme une abstraction idéologique : il ne faudrait jamais oublier que derrière cette abstraction il y a de vraies gens et des objets naturels, sur les capacités productives et sur les ressources desquels la circulation du Capital est fondée, et dont celui-ci se nourrit comme un gigantesque parasite. Le problème est que cette "abstraction" n’existe pas seulement dans l’erreur de jugement du spéculateur financier : elle est "réelle", au sens où elle détermine la structure même des processus matériels et sociaux. C’est ainsi que le sort d’une partie entière d’une population – et parfois de pays entiers – peut être décidée par la danse spéculative et "solipsiste" du Capital qui poursuit sa quête effrénée du profit en affichant une indifférence tranquille à la manière dont ses mouvements vont influencer la réalité sociale. C’est en quoi réside la violence fondamentalement systématique du capitalisme, bien plus troublante que la violence socio-idéologique directe des sociétés précapitalistes : cette violence, en effet, n’est plus imputable à des individus concrets, à de "mauvaises intentions" ; elle est purement "objective", systématique, anonyme.

Nous rencontrons ici la différence lacanienne entre la réalité et le Réel : la "réalité" désigne la réalité sociale dans laquelle les gens réels interagissent dans le cadre du processus productif matériel ; le Réel, lui, désigne l’inexorable logique, spectrale et "abstraite", qui détermine la scène de la réalité sociale.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 27-28. *méta-réflexif : qui pense sur ses propres pensées

[ transposition psychanalytique ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

cybernétique

Aux simulacres de 3e ordre, il faut donc opposer au moins jeu égal, est-ce possible ? Y a-t-il une théorie ou une pratique subversives parce que plus aléatoires que le système lui-même ? Une subversion indéterminée, qui soit à l’ordre du code, ce que la révolution était à l’ordre de l’économie politique ? Peut-on se battre contre l’A.D.N. ? [...] La mort peut-être et elle seule, la réversibilité de la mort est d’un ordre supérieur à celui du code. Le désordre symbolique seul peut faire irruption dans le code.

Tout système qui se rapproche d’une opérationnalité parfaite est proche de sa perte. Quand le système dit "A est A" ou "deux et deux font quatre", il approche à la fois du pouvoir absolu et du ridicule total, c’est-à-dire de la subversion immédiate et probable – il suffit d’un coup de pouce pour le faire s’effondrer.

[...] la seule stratégie est catastrophique, et non pas du tout dialectique. Il faut pousser les choses à la limite, où tout naturellement elles s’inversent et s’écroulent. [...]

Contre un système hyperréaliste, la seule stratégie est pataphysique, en quelque sorte, "une science des solutions imaginaires", c’est-à-dire une science-fiction du retournement du système contre lui-même, à l’extrême limite de la simulation, d’une simulation réversible dans une hyperlogique de la destruction et de la mort. [...]

A la loi marchande de la valeur et des équivalences correspondait une dialectique de la révolution. A l’indétermination du code et à la loi structurale de la valeur ne répond plus que la réversion minutieuse de la mort.

A vrai dire, il ne reste rien sur quoi se fonder. Il ne nous reste plus que la violence théorique. La spéculation à mort, dont la seule méthode est la radicalisation de toutes les hypothèses. Même le code, le symbolique sont encore des termes simulateurs – il faudrait pouvoir les retirer un à un du discours.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 11 à 13

[ réfutation ] [ anéantissement ] [ inversion du signe ] [ absurdité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

théologie chrétienne

L’herméneutique augustinienne, on le constate, ne saurait se réduire à un simple guide d’initiation ou de bonne lecture biblique. À moins bien sûr qu’on ne restitue à l’activité de la lecture, coextensive à l’enseignement, comme le sont les autres activités herméneutiques, telles que l’explication de texte, la discussion, la prédication et même la prière, le sens et l’importance principiels qu’elle recouvre dans le De doctrina Christiana : ceux d’un partage et d’un don prenant prétexte de l’Écriture. L’étymologie latine de l’"interprétation" est d’ailleurs consonante avec les déterminations de cette herméneutique charitable ou, si l’on préfère, de cette charité herméneutique, dont la force cohésive rapproche, unit les hommes "entre eux par le nœud de l’unité" et la proximité du sens : l’interpretare renvoie en effet à la relation (inter) de mutuel endettement (pretare), à l’état d’être proche (praesto) et à celui d’être présent (praesto esse*). Les médiations du sens, auxquelles préside l’herméneutique, et les médiations de l’amour, qui relèvent de la charité, décrivent une série de rapports, d’échanges, de transactions et de tractationes interprétables en termes économiques. L’herméneutique et la charité, telles que le prologue les imbrique déjà étroitement l’une dans l’autre, procèdent d’une même économie de partage et de (re)distribution ; elles composent à elles deux, au-delà de leur nature à première vue dissemblable, une seule et unique structure. Cette structure, qu’Augustin articule au livre premier du DDC, transgresse les frontières du texte et du hors-texte : elle greffe la charité à l’interprétation et l’interprétation à l’économie du salut. Augustin en énonce, une première fois, en s’appuyant sur des versets de Jean et de Paul, la loi générale : Nul au demeurant ne doit considérer quoi que ce soit comme son bien propre, sauf peut-être le mensonge. Car toute vérité vient de celui qui a dit : "Je suis la Vérité". Qu’avons-nous en effet que nous n’ayons reçu ? Et si nous l’avons reçu, pourquoi nous en glorifier, comme si nous ne l’avions pas reçu (P, 1, 8) ?

Auteur: Theriault Patrick

Info: Per homines hominibus : charité et herméneutique dans le prologue du De doctrina christiana, p 375.*Julia Kristeva, "Psychoanalysis and the Polis", dans Transforming the Hermeneutic Context. From Nietzsche to Nancy, New York, State University of New York Press (coll. "Intersections"), 1990, p. 92.

[ sincérité ] [ réflexivité ] [ humilité ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ langage ]

 
Commentaires: 6
Ajouté à la BD par miguel

illusion universelle

L’incompréhension, de la part des théologiens, de l’émanationnisme platonicien ou oriental vient du fait que le monothéisme met entre parenthèses la notion, essentielle métaphysiquement, de la Relativité divine ou de Mâyâ ; c’est cette parenthèse, et en fait cette ignorance, qui empêche de comprendre qu’il n’y a aucune incompatibilité entre I’"Absolu absolu", le Sur-Être, et l’"Absolu relatif", l’Être créateur, et que cette distinction est même cruciale. La divine Mâyâ, la Relativité, est la conséquence nécessaire de l’infinité même du Principe : c’est parce que Dieu est infini qu’il comporte la dimension de relativité, et c’est parce qu’il comporte cette dimension qu’il manifeste le monde. Nous ajouterons : c’est parce que le monde est manifestation et non Principe que la relativité, qui d’abord n’était que détermination, limitation et manifestation, donne lieu à cette modalité particulière qu’est le mal ; ce n’est pas dans l’existence des choses mauvaises qu’est le mal, ni dans leurs propriétés existentielles, ni dans leurs facultés de sensation et d’action s’il s’agit d’êtres animés, ni même dans l’acte en tant que manifestation d’une puissance ; le mal n’est que dans ce qui est privatif ou négatif par rapport au bien, et sa fonction est de manifester, dans le monde, l’éloignement par rapport au principe, et de concourir à un équilibre et à un rythme exigé par l’économie de l’univers créé. Ainsi le mal, tout mal qu’il est quand on le regarde isolement, s’insère dans un bien - et se dissout en tant que mal - quand on le regarde dans son contexte cosmique et dans sa fonction universelle.

Les Platoniciens n’éprouvent aucun besoin de "combler la lacune" qui se situerait entre l’Absolu pur et l’Absolu déterminé et créateur ; c’est précisément parce qu’ils ont conscience de la relativité in divinis, et de la cause divine de cette relativité, qu’ils sont émanationnistes ; autrement dit, les Hellénistes, s’ils n’avaient pas le mot, avaient pourtant à leur manière la notion de Mâyâ, et c’est leur doctrine de l’émanation qui le prouve.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, pages 90-91

[ puissance productrice ] [ jeu ] [ privatio boni ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

géopolitique

Francisco Franco, indépendamment d’autres aspects parfois discutables de son action politique, pouvait être considéré comme le véritable inventeur, au niveau mondial, du tourisme de charme, mais son œuvre ne s’arrêtait pas là, cet esprit universel devait plus tard jeter les bases d’un authentique tourisme de masse (qu’on songe à Benidorm ! qu’on songe à Torremolinos ! existait-il dans le monde, durant les années 1960, quoi que ce soit qui puisse y être comparé ?), Francisco Franco était en réalité un authentique géant du tourisme, et c’est à cette aune qu’il finirait par être réévalué, il commençait d’ailleurs à l’être dans quelques écoles hôtelières suisses, et plus généralement sur le plan économique le franquisme avait récemment fait l’objet de travaux intéressants à Harvard et à Yale, montrant comment le caudillo, pressentant que l’Espagne ne parviendrait jamais à raccrocher au train de la révolution industrielle qu’elle avait il faut bien le dire totalement manqué, avait hardiment décidé de brûler les étapes en investissant dans la troisième phase, la phase finale de l’économie européenne, celle du tertiaire, du tourisme et des services, donnant ainsi à son pays un avantage concurrentiel décisif à l’heure où les salariés des nouveaux pays industriels, accédant à un pouvoir d’achat plus élevé, souhaiteraient l’utiliser en Europe soit dans le tourisme de charme, soit dans le tourisme de masse, conformément à leur statut, il n’y avait ceci dit pour l’instant aucun Chinois au parador de Chinchon, un couple d’universitaires anglais des plus ordinaires attendait son tour derrière nous, mais les Chinois viendraient, ils viendraient certainement, je n’avais aucun doute sur leur venue, la seule chose était peut-être quand même de simplifier les formalités d’accueil, quel que soit le respect que l’on puisse et que l’on doive éprouver pour l’œuvre touristique du caudillo les choses avaient changé, il était peu probable maintenant que des espions venus du froid songent à se glisser dans l’innocente cohorte des touristes ordinaires, les espions venus du froid étaient eux-mêmes devenus des touristes ordinaires à l’instar de leur chef, Vladimir Poutine, le premier d’entre eux.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 39-41

[ développement ] [ historique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

structure autonome

Le principe de réalité a coïncidé avec un stade déterminé de la loi de la valeur. Aujourd’hui, tout le système bascule dans l’indétermination, toute réalité est absorbée par l’hyper-réalité du code et de la simulation. C’est un principe de simulation qui nous régit désormais en place de l’ancien principe de réalité. Les finalités ont disparu, ce sont les modèles qui nous génèrent. Il n’y a plus d’idéologie, il n’y a plus que des simulacres. C’est donc toute une généalogie de la loi de la valeur et des simulacres qu’il faut restituer pour saisir l’hégémonie et la féérie du système actuel – révolution structurale de la valeur. [...]

Le capital n’est plus de l’ordre de l’économie politique : il joue de l’économie politique comme modèle de simulation. Tout le dispositif de la loi marchande de la valeur est absorbé et recyclé dans le dispositif plus vaste de la loi structurale de la valeur, et rentre ainsi dans les simulacres de 3e ordre [...]. L’économie politique est ainsi assurée d’une éternité seconde, dans le cadre d’un dispositif où elle a perdu toute détermination propre, mais où elle garde son efficace comme référentiel de simulation. Il en fut exactement de même pour le dispositif antérieur de la loi naturelle de la valeur, ressaisie comme référentiel imaginaire (la "Nature") par le système de l’économie politique et la loi marchande de la valeur : c’est la valeur d’usage, qui mène une existence fantôme au cœur de la valeur d’échange. Mais celle-ci à son tour, à la spirale suivante, est ressaisie comme alibi dans l’ordre dominant du code. Chaque configuration de la valeur est ressaisie par la suivante dans un ordre de simulacre supérieur. Et chaque phase de la valeur intègre dans son dispositif le dispositif antérieur comme référence fantôme, référence fantoche, référence de simulation.

[...] Le 3e ordre est le nôtre, il n’est plus de l’ordre du réel, mais de l’hyperréel, et c’est là seul que des théories ou des pratiques, elles-mêmes flottantes et indéterminées, peuvent l’atteindre et le frapper à mort.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 9-10

[ repères virtuels ] [ modernité ] [ cybernétique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

économie de marchés

Il faut abandonner l’idée reçue que nous avons d’une société d’abondance comme d’une société dans laquelle tous les besoins matériels (et culturels) sont aisément satisfaits, car cette idée fait abstraction de toute logique sociale. Et il faut rejoindre l’idée reprise par Marshall Sahlins dans son article sur la "première société d’abondance", selon laquelle ce sont nos sociétés industrielles et productivistes, au contraire de certaines sociétés primitives, qui sont dominées par la rareté, par l’obsession de rareté caractéristique de l’économie de marché.

Plus on produit, plus on souligne, au sein même de la profusion, l’éloignement irrémédiable du terme final que serait l’abondance - définie comme l’équilibre de la production humaine et des finalités humaines.

Puisque ce qui est satisfait dans une société de croissance, et de plus en plus satisfait au fur et à mesure que croît la productivité, ce sont les besoins mêmes de l’ordre de production, et non les "besoins" de l’homme, sur la méconnaissance desquels repose au contraire tout le système, il est clair que l’abondance recule indéfiniment : mieux – elle est irrémédiablement niée au profit du règne organisé de la rareté (la pénurie structurelle).

Pour Sahlins, c’étaient les chasseurs-collecteurs (tribus nomades primitives d’Australie, du Kalahari, etc.) qui connaissaient l’abondance véritable malgré leur "pauvreté". Les primitifs n’y possèdent rien en propre, ils ne sont pas obsédés par leurs objets, qu’ils jettent à mesure pour mieux se déplacer. Pas d’appareil de production ni de "travail" : ils chassent et cueillent "à loisir", pourrait-on dire, et partagent tout entre eux.

Leur prodigalité est totale : ils consomment tout d’emblée, pas de calcul économique, pas de stocks. Le chasseur-collecteur n’a rien de l’Homo œconomicus d’invention bourgeoise. Il ne connaît pas les fondements de l’Économie Politique. Il reste même toujours en deçà des énergies humaines, des ressources naturelles et des possibilités économiques effectives. Il dort beaucoup. Il a confiance – et c’est cela qui marque son système économique – en la richesse des ressources naturelles, alors que notre système est marqué (et de plus en plus avec le perfectionnement technique) par le désespoir face à l’insuffisance des moyens humains, par une angoisse radicale et catastrophique qui est l’effet profond de l’économie de marche et la concurrence généralisée.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: La société de consommation, pp. 90-91

[ déséquilibre ] [ bêtise structurelle ] [ anthropologie ] [ comparaison ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

agroalimentaire

Muriel Lienau est donc personnellement responsable du nouveau scandale révélé le 30 janvier 2024 par Radio France et Le Monde. Scandale qui mouille une fois de plus l’État français. Les "eaux de source" de Nestlé et ses "eaux minérales" - Hépar, Contrex, Perrier et Vittel – les forages les plus profonds de Nestlé dans les Vosges et le Gard, sont de plus en plus souillés, et de plus en plus souvent, de pesticides et de bactéries E.coli, que l’industriel traite illégalement.

La DGCCRF constate dès décembre 2020 que Nestlé applique des méthodes de purification non conformes à ses eaux en bouteille par injection de CO2 et de sulfate de fer, par microfiltration, et même par mélange avec l’eau du robinet qui, elle, a droit à davantage de traitements.

Nestlé prend l’initiative d’une réunion avec la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher, fin août 2021 à Bercy directement. La multinationale avoue employer des méthodes interdites, pour raison de salubrité. La ministre n’informe pas la justice, ce qui est doublement illégal, au regard du droit français comme du droit européen.

Fort de son tort, Nestlé lui réclame l’assouplissement de la réglementation sur la purification de l’eau. Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, ordonne en octobre 2021 une enquête sur l’étendue des contaminations et des mesures de purification. Le rapport tombe en juillet 2022. Doublement consternant. Non seulement 100 % des usines Nestlé traitent l’eau avec des procédés interdits (charbon actif, ultraviolet, microfiltrage). Mais leurs dirigeants ont tenté à plusieurs reprises de tromper les agents des fraudes et des Agences régionales de santé en substituant de l’eau traitée à l’eau de source souillée, grâce à un appareil dissimulé. L’Agence régionale de Santé du Grand Est saisit alors le procureur qui ouvre une enquête préliminaire en novembre 2022 pour "tromperie" au code de santé publique.

En février 2023, nouvelle réunion secrète entre Nestlé Waters et la première ministre Élisabeth Borne. Une fuite dans la presse indique que "en réponse aux demandes de l’industriel", Élisabeth Borne accorde à Nestlé "la possibilité d’autoriser par modification des arrêtés préfectoraux la pratique de la microfiltration inférieure à 0,8 micron". Le procureur ouvre à son tour une enquête préliminaire le 7 juillet 2023, là encore pour "tromperie". On ne sait pas si l’une ou l’autre ministre sera visée par ces enquêtes.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/l_affaire_de_la_pizza_infanticide_le_crime_e_tait_industriel_.pdf

[ pollution ] [ dérogation ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

post-capitalisme

Nous pensons que nous vivons une mutation de l’économie libidinale, c’est-à-dire de la sublimation, c’est-à-dire de la science et des activités de l’esprit en général, une mutation qui nécessite des "agencements" nouveaux, je reprends le mot deleuzien délibérément : des agencements nouveaux entre l’initiative privée, bancaire, industrielle, de Recherche-Développement, et une nouvelle forme de puissance publique. Pas forcément l’État, mais aussi des ONG ou des associations en lien avec l’Europe, capables de créer des externalités en vue de bâtir de nouvelles solvabilités qui, pour le moment, n’existent pas.

Nous disons qu’il s’agit véritablement de changer de paradigme et de voir le caractère limite de la situation actuelle : le désir industriellement traité conduit à la destruction du désir, ce qui engendre la démotivation et du travailleur et du consommateur, là où, comme le redisent Boltanski et Chiapello après Max Weber, le capitalisme "marche" à la motivation ; sans motivation, il ne peut pas fonctionner. Il y a eu des techniques de fabrication artificielle de la motivation, et ces techniques ont fini par détruire cette motivation. Nous disons que c’est un problème écologique. On a exploité des champs de pétrole, de charbon et on a détruit ce qu’on exploitait, et il faut trouver des énergies renouvelables. C’est la même chose dans le domaine du désir, il faut trouver une énergie renouvelable de la libido.

Or la libido est constituée par des techniques ; ce n’est pas une énergie qui se développe spontanément, mais elle est articulée sur des techniques, des "fétiches", et plus généralement sur des prothèses : c’est la technè, l’artefactualisation du vivant qui constitue la libido, ce que Freud n’a pas pensé. Le capitalisme a très bien vu cela, il a développé, dans un sens, qui n’est pas celui de Marx, le "fétichisme" de la marchandise : il a utilisé la puissance de l’artefact comme captation du fantasme afin de fixer la libido sur ses propres objets. Le problème, c’est qu’il a fini par détruire toutes les structures qui sont les conditions de fonctionnement de cette libido, et qui ne se réduisent pas à la calculabilité. Donc le capitalisme a fini, en captant la libido, par la désingulariser. Or une libido désingularisée n’est plus une libido, c’est une pulsion. Aujourd’hui le capitalisme est arrivé à sa limite, il a transformé la libido en pulsion. Mais la pulsion, il ne sait pas quoi en faire, elle lui explose à la figure, et c’est ce que nous vivons en ce moment. Le 11-septembre a signé l’entrée dans cette situation, qui existait depuis bien longtemps, mais qui s’est, là, datée historiquement.

Auteur: Stiegler Bernard

Info:

[ sexualisation ]

 
Commentaires: 4
Ajouté à la BD par miguel

green washing

La "transition écologique" promise par le numérique, le tout électrique et le photovoltaïque exige beaucoup d’électricité. Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l'affinage du silicium en polysilicium consomme 150 MWh par tonne de produit fini. La transformation du polysilicium en lingot monocristallin, 31 MWh par tonne. Enfin, la découpe des plaquettes, 42,5 MWh par tonne. Voilà pour les économies d’énergie.

Du côté de la matière, il faut 7,14 tonnes de quartz pour une tonne de silicium monocristallin. Et la découpe de celui-ci en tranches produit des déchets de sciage (le "kerf") perdus pour les puces, estimés à 40 % du lingot. Mais on ne rebouche pas les carrières avec. Quant aux produits chimiques utilisés tout au long du procédé, la filière est pudique à ce sujet. Difficile d’en établir une liste précise et quantifiée. Le CNRS donnait en 2010 le chiffre de 280 kg de produits chimiques par kilo de silicium produit (acides, ammoniaque, chlore, acétone, etc.).

Tout de même, pensent les électeurs Verts, si les ingénieurs assurent que les technologies issues du silicium permettent la "transition écologique", il doit bien y avoir une raison ? La raison, c’est une de ces duperies dont les technocrates sont coutumiers et que les écocitoyens sont trop heureux de gober. Leur "transition écologique" repose sur le seul indicateur des émissions de gaz à effet de serre. Leur unique objectif, la "décarbonation" de l’économie, ignore l’entropie de la matière et de l’énergie, c’est-à-dire la réalité physique du désastre industriel, sans parler de la dévastation des milieux par les pollutions industrielles et l’artificialisation.

Les ingénieurs parviendront peut-être à maintenir un mode de vie techno-consommateur sans émission de carbone (quid du méthane, autre gaz à effet de serre ?), avec une hausse des températures limitée à 2°, c’est-à-dire des catastrophes climatiques en chaîne, tout de même. Ce sera au prix d’une Terre dévastée par la production énergétique. Des millions d’éoliennes à perte de vue, sur terre et en mer, des océans de panneaux solaires, des installations électriques partout, sans oublier le nucléaire, ses déchets éternels, son poison et sa menace. Quant aux barrages alpins, à la vitesse où fondent les glaciers, qui peut garantir que l’eau y sera suffisante ? La Romanche coulera-t-elle aussi impétueusement dans les périodes de sécheresse de la vertueuse économie décarbonée ?

Votre voiture électrique n’émet certes pas de CO2 et votre smartphone vous économise des déplacements, mais la société numérique et automobile dévore les ressources naturelles – matière et énergie – qui nous permettent de vivre. Un détail. Et on ne vous parle pas de la faune, de la flore et des paysages - pas de sensiblerie.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/cycle_silicium.pdf

[ développement durable ] [ coûts cachés ] [ conséquences ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson