Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 94
Temps de recherche: 0.0666s

extra-humain

Il existe trois odeurs en ce monde : l'odeur du maître, l'odeur des autres hommes, l'odeur de Titi, l'odeur des différentes races d'animaux (les lièvres qui sont parfois mais rarement grands et cornus, les oiseaux et les chats) et enfin l'odeur des choses. L'odeur du maître, celle des hommes, de Titi et de toutes les bêtes est une odeur vivante et brillante tandis que celle des choses est terne et noire. Quelquefois les choses ont l'odeur des bêtes qui les ont traversées, surtout si elles y ont déposé quelque chose, mais autrement les choses sont muettes. Nous autres chiens, nous aimons faire du bien aux choses. L'odeur du maître, tout le monde la connaît et il n'est pas nécessaire que j'en parle. Gare si une telle odeur n'existait pas en ce monde. Argo serait tenté de faire ce qui lui chante, ce qui serait mal. Cette odeur rassure, guide et protège. Titi dit pareil de l'odeur de son maître mais je ne la crois pas.

Auteur: Svevo Italo

Info: In "Le destin des souvenirs", éd. Payot-Rivages, p. 95

[ empreinte olfactive ] [ primat des sens ] [ arithmétique ] [ relativité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Benslama

vice

N'avons-nous pas oublié le sens du mot "vertu" ? Jadis elle représentait tout ce qu'un homme avait de bon, sans tenir compte de ce qu'il pouvait avoir aussi de mauvais, à l'instar de l'ivraie dans le bon grain. Or, nous avons aboli la vertu pour lui substituer les vertus. Notre idéal moderne, ce n'est plus le héros - il avait vraiment trop de défauts - mais le sous-fifre qui n'a rien à se reprocher ; ce n'est plus l'homme qui fait du bien, mais celui qu'on ne prend pas en train de faire du mal. Conformément à cette nouvelle théorie, l'être le plus vertueux dans l'état de nature doit être l'huître. Elle est toujours à la maison, toujours sobre. Elle ne fait pas de bruit. Elle n'a jamais maille à partir avec la police. Je ne crois pas qu'il lui arrive jamais d'enfreindre un seul des Dix Commandements. Elle ne s'amuse jamais et elle ne donne jamais, de son vivant, un seul instant de plaisir à aucune autre créature.

Auteur: Jerome K. Jerome

Info: Arrière-pensées d'un paresseux, 1898, Arléa 1998 <p.56>

 

Commentaires: 0

paradoxe

Si le savoir mène à un peu plus de réel que la réalité soutenue par le fantasme, alors on peut et on doit dire : le savoir inconscient à quoi nous avons affaire est un savoir dans le réel et nulle part ailleurs. La seule façon de situer la psychanalyse au regard de la science et non de la religion, est de poser par le symbolique la limite du symbolique: le réel.
Là est la vraie difficulté pratique et théorique, en tant que ce savoir inconscient est dysharmonique. Il est méchant. Dans mé-chant, il y a le préfixe mé-, l'adverbe mal. La mé-chéance, c'est tomber à côté. Vergreifen, dit Freud, méprise : un savoir nous est livré en tant qu'il n'est pas sous prise conceptuelle. Je veux ton bien que je conçois, je veux mon bien que je conçois, et ça rate ! Surprise de l'une-bévue, qui me réveille comme un coup de poing : sera-ce pour m'éveiller sur le désir de l'Autre, au delà ou en deçà de son bien et du mien ?

Auteur: Julien Philippe

Info: Dans "Pour lire Jacques Lacan", pages 143-144

[ aporie ] [ butée ] [ imprévu ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

christianisme

DIEU sentit lui-même qu'il n'était pas capable de gagner le cœur des hommes libres et des esprits polis, alors il usa de ruse. Pour séduire les âmes, il imagina une fable qui, sans être aussi ingénieuse que les mythes dont nous avons orné l'esprit de nos disciples antiques, pouvait toucher les intelligences débiles qui, partout, se trouvent en foule épaisse.
Il proclama que les hommes, ayant tous commis un crime envers lui, un crime héréditaire, en porteraient la peine dans leur vie présente et dans leur vie future (car les mortels s'imaginent follement que leur existence se prolonge dans les enfers).
Et l'astucieux Yahwveh fit connaitre qu'il avait envoyé son propre fils sur la terre pour racheter de son sang la dette des hommes.
Il n'est pas croyable que la peine rachète la faute, il est moins croyable encore que l'innocent puisse payer pour le coupable. Les souffrances d'un innocent ne compensent rien et ne font ajouter un mal à un mal. ..Cependant,.. il se trouva de malheureux êtres pour adorer Iahveh et son fils expiateur, et pour annoncer leurs mystères comme une bonne nouvelle.

Auteur: France Anatole

Info: La révolte des Anges

[ réfutation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

événement

Un soir de la veille de Noël, il y a longtemps de ça, la nouvelle qu’une bienfaitrice était arrivée au village se mit à circuler dans mon bistrot. Les clients s’exclamaient : "guaggliu è arrivata la grascia" (les gars, l’abondance est arrivée). L’abondance dont il était question c’était une femme des rues, une prostituée. En deux minutes mon local se vida et en moins d’un quart d’heure la nouvelle avait fait le tour du village. Je ne vais pas entrer dans la description des détails mais la confusion et les ferments furent importants. Il y avait ceux qui étaient sans argent, ou sans préservatif tandis que la pharmacie était fermée, ceux qui bien que mariés ne voulaient pas perdre l’occasion et ceux qui malgré sa timidité ne voulaient pas renoncer. La bienheureuse fut portée dans une grange et là elle reçut ses clients. Les chiens se mirent à aboyer, les moutons à bêler, les épouses à crier au scandale tandis que nous, les adolescents, nous riions en nous tenant le ventre tant il nous faisait mal. […] Nous nous considérions chanceux quand nous avions l’occasion de la voir marcher dans le village.

Auteur: Pasetta

Info: Dans "Pasetta racconta", pages 24-25

[ humour ] [ souvenir ] [ province ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-par-homme

En suivant notre marche à la mort aux traces de sang qui la marquent, le cinéma ne pleure pas sur nous, il ne nous réconforte pas puisqu’il est avec nous, puisqu’il est nous-mêmes. Il est là quand le berceau s’éclaire. Il est là quand la jeune fille nous apparaît penchée à la fenêtre avec ses yeux qui ne savent pas et une perle entre les seins. Il est là quand nous l’avons déshabillée, quand son torse dur tremble au battement de notre fièvre. Il est là après, quand elle est vieillie, que son visage est crevassé et que ses mains desséchées nous disent qu’elle n’en veut pas à la vie de lui avoir fait du mal. Il est là quand la femme nous ouvre les genoux avec la même émotion maternelle qu’elle a pour ouvrir ses bras à l’enfant. Il est là quand le fruit tombe d’elle, un, deux, trois, oh combien de fois dans sa vie. Il est là quand nous sommes vieux, que nous regardons fixement du côté de la nuit qui vient. Et il est là quand nous sommes morts, et que notre cadavre tend le suaire aux bras de nos enfants.

Auteur: Godard Jean-Luc

Info: In JLG, Histoire(s) du cinéma, Gallimard-Gaumont, quatre volumes en coffret, 972 p

[ essentielles ] [ primaires ] [ premières ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

positiver

L'étude du passé nous permet tout d'abord d'éviter un piège courant, celui de la nostalgie. La France serait en déclin, entend-on souvent, sa grandeur est passée. Avant, c'était mieux. "Avant" ? Mais quand exactement ? Tentez une expérience simple, feuilletez ce livre à l'envers, et cherchez une seule époque de notre passé où vous auriez voulu vivre. Alors ? En 1910, par exemple, au temps de cette France puissante, gouvernant un quart du monde ? Préparez donc l'uniforme, dans quatre ans vous aurez à affronter l'enfer des tranchées, la guerre et ses millions de morts, merci. En 1810 ? Cette fois ce sera l'horreur des guerres napoléoniennes. En 1710 ? Admettons que cela soit tentant, pour l'infime minorité qui aura la chance de se retrouver dans l'habit chamarré d'un bel aristocrate. Et encore, pas à Versailles. En cette fin de règne de Louis XIV, la vie y était sinistre. Que dire des 90% qui se réincarneront en paysans misérables au ventre creux et au dos cassé par l'ouvrage ? On a compris le jeu. La comparaison avec le monde d'hier ne doit pas nous mener à admirer benoîtement celui d'aujourd'hui. Elle peut nous servir à en relativiser les inconvénients, cela n'est déjà pas si mal.

Auteur: Reynaert François

Info: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

[ France ]

 

Commentaires: 0

littérature

A cause d'un caoutchouc percé, on donne naissance hu hu. Naissance, c'est-à-dire moisissure, et aussi cet assassin qui grandit dans vos propres entrailles, en donnant des coups de pieds, histoire, déjà, de vous faire mal. Vous dévorant, déjà. Car moi, entre nous, l'amour, c'était pas pour avoir un enfant. Il grandissait en moi, il grandissait, me bouffait, cognait, il s'augmentait de ma propre vie, mais je n'y tenais pas tellement. Ratage intégral : il naît. Trop tard pour le tuer. Vit. Gigote. Tant pis. On ne peut plus. Grandir, eh oui. Sans doute trop forte la pression du foutre sur le caoutchouc. Ou alors, mauvaise qualité. Ça arrive. Alors, à un moment, il faut bien. Voilà. On l'appelle Jérôme Bauche. C'est un genre de malentendu, toute cette histoire, voilà. Il est là. On dit. C'est un genre d'histoire courant. Je me moquais bien des radotages de mamame. Il y avait bien longtemps que je savais à quel misérable miracle je devais la vie (d'après pas mal de gens, et puis d'après des statistiques, et puis d'après mes lectures, la prison contre les murs de laquelle je me cognais la tête tous les jours, c'était ce qu'on appelle, en général, la vie. Oui, c'est comme ça, qu'on l'appelle, à ce qu'il paraît).

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: Jérôme : L'enfance de Jérôme Bauche

[ reproduction ] [ accident ] [ malheur ]

 

Commentaires: 0

société

L'humaine fourmilière facilite l'inhumanité. A l'image des mégapoles sur bétonnées qui favorisent la cassure du lien social tribal et permettent l'éclosion de milliers de bulles de solitude, une société de masse où subsiste encore un peu de liberté est un milieu où le terroriste pourra aisément évoluer tel le virus dissimulé au sein d'une multitude de cellules. Une foule par exemple. Pour frapper là où ça fait mal.

Nous sommes un cran plus haut que le cas du meurtre de village ou dans un bourg de province, qu'on nommera vengeance, crime prémédité motivé par une frustration, folie passagère, pulsion ou autre... Pour les attentats de Paris d'avant-hier il s'agissait de terrorisme de masse. L'étage au-dessous de l'ethnocide, organisation rationnelle au niveau de l'Etat dans le but d'éliminer une population entière X ou Y. L'augmentation démographique au sein de ces grands ensembles diminue de fait l'espace de chacun d'autant plus que le pouvoir est obligé de réguler les rapports sociétaux via des réglementations toujours plus contraignantes. Autre forme, certes plus soft et délayée, d'inhumanité.

Notre espèce, en se développant avec populations trop nombreuses au niveau géographique et des densifications locales trop fortes, bascule gentiment vers l'inhumain. Nous sommes déjà dans la société de contrôle annoncée en son temps par Deleuze, si j'ai bonne mémoire.

Auteur: Mg

Info: 15 nov. 2015

[ quête ] [ équilibre ]

 

Commentaires: 0

juste milieu

Helvétius a dit, avec raison, que le bonheur d’un opulent était une machine où il y avait toujours à refaire. Cela me semble bien plus vrai de nos sociétés. Je ne pense pas, comme Rousseau, qu’il fallût les détruire, quand on le pourrait ; mais je suis convaincu que l’industrie de l’homme est allée beaucoup trop loin, et que si elle se fût arrêtée beaucoup plus tôt et qu’il fût possible de simplifier son ouvrage, nous n’en serions pas plus mal. (…) je crois qu’il y a un terme dans la civilisation, un terme plus conforme à la félicité de l’homme en général, et bien moins éloigné de la condition sauvage qu’on ne l’imagine ; mais comment y revenir, quand on s’en est écarté, comment y rester, quand on y serait ? Je l’ignore. Hélas ! l’état social s’est peut-être acheminé à cette perfection funeste dont nous jouissons, presque aussi nécessairement que les cheveux blancs nous couronnent dans la vieillesse.

Les législateurs anciens n’ont connu que l’état sauvage. Un législateur moderne plus éclairé qu’eux, qui fonderait une colonie dans quelque recoin ignoré de la terre, trouverait peut-être entre l’état sauvage et notre merveilleux état policé un milieu qui retarderait les progrès de l’enfant de Prométhée, qui le garantirait du vautour, et qui fixerait l’homme civilisé entre l’enfance du sauvage et notre décrépitude

Auteur: Diderot Denis

Info: Réfutation suivie de l’ouvrage d’Helvétius intitulé L’Homme, Œuvres, Robert Laffont, Paris, 1994, tome I

[ contentement ] [ savoir s'arrêter ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson