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populace

" Et le peuple ? " dira-t-on. Le penseur ou l'historien qui emploie ce mot sans ironie se disqualifie. Le " peuple ", on sait trop bien à quoi il est destiné : subir les événements, et les fantaisies des gouvernants. Toute expérience politique, si " avancée " fût-elle, se déroule à ses dépens, se dirige contre lui : il porte les stigmates de l'esclavage par arrêt divin ou diabolique. Inutile de s'apitoyer sur lui : sa cause est sans ressource. Nations et empires se forment par sa complaisance aux iniquités dont il est l'objet. Point de chef d'État, ni de conquérant qui ne le méprise ; mais il accepte ce mépris, et en vit. (...) Tel qu'il est, il représente une invitation au despotisme. Il supporte ses épreuves, parfois il les sollicite, et ne se révolte contre elles que pour courir vers de nouvelles, plus atroces que les anciennes. La révolution étant son seul luxe, il s'y précipite, non pas tant pour en retirer quelques bénéfices ou améliorer son sort, que pour acquérir lui aussi le droit d'être insolent, avantage qui le console de ses déconvenues habituelles, mais qu'il perd aussitôt qu'on abolit les privilèges du désordre. Aucun régime n'assurant son salut, il s'accommode de tous et d'aucun. Et, depuis le Déluge jusqu'au Jugement, tout ce à quoi il peut prétendre, c'est de remplir honnêtement sa mission de vaincu.


Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Histoire et utopie

[ méprisée ] [ facilement manipulable ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

chaotique

L'expérience freudienne ne part en aucune manière d'un monde théorique, de la contemplation classique d'une theoria où les choses seraient à leur place dans un monde d'objets ou d'essences définis ou délimités.

L'expérience freudienne commence à poser un monde du désir. Ce monde ne part d'aucune considération préalable sur le fait. Car le monde qui se présenterait, soit comme monde des apparences, soit derrière le monde des apparences, comme étant celui, plus réel, des essences, c'est celui que la physique ou la philosophie appelle le monde des choses ou le monde de l'être. Or le monde freudien, c'est tout à fait autre chose, c'est un monde du désir en tant que tel. C'est là le point de départ, le désir est institué à l'intérieur du monde freudien, là où se déroule notre expérience. Il est institué au sein de ce monde pour le constituer. Et ceci jusqu'à la fin n'est absolument effaçable d'aucun moindre instant du maniement de notre expérience, quand nous parlons de la fameuse relation d'objet (...)

Le rapport de désir, qui est le point de départ, le point fondamental, qui est un rapport d'être sans doute à un manque essentiel, à un manque, manque d'être à proprement parler, à un manque qui n'est pas manque de ceci ou de cela, mais essentiellement rapport d'être à un manque par quoi justement il existe.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire du 19 mai 1955

[ asystémique ] [ singularité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couple

Il avait connu Geraldine quand elle habitait au collectif sur Fourth Street. A l’époque, elle faisait des trucs sexuels en public et avait des bâtonnets de poisson pané dans son sac comme d’autres ont des paquets de chewing-gums, qu’elle offrait aux inconnus comme de précieux cadeaux. Et puis Del l’avait mise enceinte, et en un seul moment de bravoure et d’extase, Geraldine avait balancé tous ses médicaments dans les chiottes. Le lendemain, elle remplissait une demande d’emploi pour Del à l’usine de plastique, et sortait une vieille alliance d’on ne sait où. Maintenant il était coincé.
(...)
Del était avec une fille dont il n’arrivait pas à se débarrasser, quoi qu’il dise ou fasse. Chaque fois qu’il la larguait quelque part, elle arrivait la première chez lui avec des munitions fraîches dans son distributeur de pilules anti-conception et une nouvelle poignée de sous-vêtements propres. Pour arranger les choses, elle n’arrêtait pas de l’emmerder avec ces bâtonnets de poisson pané qu’elle remontait de la mare sans fond de son sac à main en plastique. Ils étaient froids et graisseux, pleins de peluches grises qui leur faisaient comme du duvet dessus. Et même si elle était probablement la meilleure femme avec qui Del était jamais sorti […], il était toujours gêné d’être vu avec elle en public. Quiconque est jamais sorti avec une demeurée mentale comprendra ce qu’il lui fallait endurer.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Knockemstiff

[ quart-monde ] [ états-unis ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

bizarreries

Pour en revenir à l'abondance des manies chez les créateurs et pour n'en citer que quelques unes en guise d'apéritif, je dirai que Kafka, en plus de mâcher 32 fois chaque bouchée, faisait de la gymnastique nu devant la fenêtre ouverte par un froid de canard ; Socrate portait toujours le même vêtement, marchait nu-pieds et dansait tout seul ; Proust s'est mis un jour au lit et n'en est plus sorti (et Valle-Inclan et l'Uruguayen Juan Carlos Onetti, parmi bien d'autres, ont fait la même chose) ; Agatha Christie écrivait dans sa baignoire; Rousseau était masochiste et exhibitionniste; Freud avait peur des trains; Hitchcock, des oeufs; Napoléon, des chats; et la jeune écrivaien colombienne Amalia Andrade, chez qui j'ai pris les trois derniers exemples de phobie, avait peur dans son enfance que des arbres lui poussent à l'intérieur du corps si elle avalait une graine. (...) Rudyard Kipling ne pouvait écrire qu'avec de l'encre très noire, au point que le noir bleuté lui semblait déjà une " aberration". Schiller mettait des pommes gâtées dans le tiroir de son bureau, car il avait besoin de humer la nourriture pour écrire*. Dans ses vieux jours Isaak Dinesen mangeait uniquement des huitres et du raisin blanc avec quelques asperges. Stefan Zweig collectionnait compulsivement les autographe et envoyait trois ou quatre lettres par jour à ses personnalités favorites pour leur demander une signature...

Auteur: Montero Rosa

Info: Le danger de ne pas être folle, pp 15,16. *Amélie Nothomb a une marotte similaire (note de mg)

[ insolites ] [ écrivains ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

création

Nunc est bibendum (Maintenant il faut boire)
Début d'une ode d'Horace ( Odes I , 37 ) composée pour célébrer la victoire d'Actium . Ces mots s'emploient généralement pour signifier qu'il convient de fêter dignement un succès .
Boire, comme offrir à boire en l'honneur d'un évènement heureux ou de quelqu'un qu'on apprécie, est une forme de libation. Les libations étaient des rites consistant à offrir, au cours d'un repas auquel ils étaient censés assister, des boissons aux dieux. A Rome, le prêtre goûtait et faisait goûter à ses assistants la liqueur offerte avant de la verser entre les cornes de l'animal du sacrifice ou encore dans les flammes du feu sacré. Au cours des repas ordinaires, l'usage se répandit d'offrir des libations initiales afin d'obtenir la faveur des dieux. L'usage devint peu à peu une forme de politesse , une manière d'honorer ses convives.
La libation conviviale s'oppose à l'alcoolisme solitaire, plus redoutable encore que l'alcoolisme mondain. (...)
Il y a un temps pour boire, comme il y a un temps pour tout. Il convient donc de ne pas dire à toutes les heures "nunc est bibendum". Toutefois, l'abstinence est mauvaise conseillère, en tout cas pour les poètes, puisque Horace affirme :
Nec vivere carmina possunt
Quae scribuntur aquae potoribus (Epîtres , I , 19 ,3 )
Ce qui signifie : " Ils ne peuvent vivre , les vers qui sont écrits par des buveurs d'eau .

Auteur: Rudder Orlando de

Info: Dictionnaire commenté des expressions latines: Aperto libro

[ alcool ] [ écriture ] [ proverbe ]

 

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banlieue

Pour me donner du courage, je glisse dans ma pochette de cours un dessin de Ferri pour Fluide Glacial : une petite poule au tableau devant une classe de loups qui dit : "Je vous préviens, cette année je serai impitoyable !"
(...)
Christophe, grande baraque de 15 ans, refuse d'écrire avec autre chose qu'un crayon à papier et d'une écriture si minuscule qu'elle semble disparaître dans le papier. Mais il parle d'une voix énorme, poussant des hurlements en classe, sans raison, ce qui le fait rire aux éclats.

Samia, sensibilité à fleur de peau, très agressive, ne veut pas qu'on la regarde, ni qu'on corrige ses copies. J'ai eu son frère l'année précédente et je sais que leur père est mort sous leurs yeux, poignardé dans le salon familial pour une histoire de drogue. Je sais aussi que Samia et Ahmed ne sont pas leurs vrais prénoms.

Steeve boit et arrive manifestement déjà bien imbibé le matin. Les autres en ont peur, il est plus âgé, d'une violence incontrôlable. Je suis enceinte quand il lève la main sur moi parce que je refuse de le laisser sortir de cours. Il renonce quand même à porter le coup au dernier moment et sort en claquant la porte. J'en pleurerai encore des semaines après. Parce que j'ai eu peur et parce qu'aucun élève de la classe n'a fait mine de s'interposer.

Auteur: Deramaux Gabrielle

Info: Collège inique (ta mère!)

[ enseignement ]

 

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non-voyant

Je vois la lumière, les couleurs et les formes, mais aucun détail. Ça me permet de choisir les couleurs de mes vêtements et de les accorder. C'est simple car j'adore le noir et le blanc. Je me coiffe toute seule aussi, mais si je veux me maquiller, je dois demander à quelqu'un. Je pense que ce sont les détails qui rendent beau ce qu'on voit avec les yeux. C'est pour ça que, pour moi, ce qui est beau ne se voit pas. C'est plus une impression d'ensemble, ce qui se dégage de quelqu'un... En général, quand je trouve quelqu'un laid, les voyants aussi le trouvent laid. Le contraire n'est pas toujours vrai. Il m'arrive de trouver une personne belle parce qu'elle est gentille, agréable, intéressante, et d'apprendre par les voyants qu'elle est moche ! Tout ça est très relatif, finalement...
(...)
La plus belle chose que je connaisse, c'est la musique. Là, je n'ai pas besoin d'avis pour savoir ! Je joue du piano, j'espère devenir professeur ou concertiste. Quand les notes sont parfaitement accordées, que les deux mains sont en harmonie, c'est le summum de la beauté. Voilà, en fait, c'est ça la beauté : l'harmonie, sous toutes ses formes. Et on n'a pas forcément besoin de voir pour y accéder. La seule chose qui me manque vraiment, c'est de pouvoir croiser un regard. Ça, ça doit être magnifique...

Auteur: Nadia

Info: 18 ans, in Aveugle de Sophie Calle, Actes Sud 2011, à la question : qu'est-ce que la beauté pour vous

[ témoignage ]

 

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béotien

Au fond, voulez-vous savoir la faute de Goethe et de Diderot ? Tous deux sont des esprits scientifiques, qui, dans le grand mouvement naturaliste de notre époque, ont employé les premiers les méthodes d'observation et d'expérimentation. Dès lors, il est tout simple que M. Barbey d'Aurevilly, qui ne croit pas à la nature, mais qui croit au diable, les assomme l'un et l'autre de la terrible injure de bourgeois. Des bourgeois, ô douleur ! voilà des hommes morts !
(...)
Eh ! Monsieur, bourgeois vous-même, puisque bourgeois est une injure !
Oui, bourgeois, et, qui plus est, bourgeois de province ! Mais vous retardez de cinquante ans ! Mais vous n'êtes qu'un tardigrade ! A Pézenas, entendez-vous ! On ne s'habille plus comme vous vous habillez ; on chercherait vos pantalons et vos redingotes dans les derniers villages des Landes, qu'on ne les trouverait pas. Et il n'y a aujourd'hui que les coqs de Brive-la-Gaillarde qui, en débarquant à Paris, osent risquer vos effets de cuisse. Bourgeois ! bourgeois !
(...)
Vous, monsieur, vous avez les manies, les tics, les religions de cette horrible classe bourgeoise qui ne peut rien faire simplement et qui s'endimanche, quand elle mange un melon. Bourgeois ! Bourgeois ! (...) En vérité, je vous le dis, vous avez l'ahurissement d'un bourgeois, les ignorances d'un bourgeois, l'obstination et le rabâchage d'un bourgeois. Bourgeois ! Bourgeois !

Auteur: Zola Émile

Info: Face aux romantiques, Le Figaro, 29 novembre 1880, pp 63, 66, 67

[ épicier ] [ philistin ]

 

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esthétisme

Je crois que ce qui nous émeut, c'est ce que l'on perçoit... Moi je suis kiné, je touche les corps. Et je suis souvent frappé par la beauté des Africains, la finesse de leur peau, leurs muscles bien dessinés... En revanche, en général, je n'aime pas leur accent, ni celui du Nord de la France, ou celui de la banlieue. Je ne sais pas pourquoi ils dérangent mon oreille. Ça peut rendre quelqu'un laid, sa manière de parler... Évidemment, je suis fou de musique, comme beaucoup de non-voyants. Là, on approche la beauté absolue ! Le jeu du pianiste Claudio Arrau me comble ; c'est ma référence en matière de beauté. Pour les personnes, je crois que c'est une question d'expérience. D'un simple contact, on sent si quelqu'un est fluide ou coincé. Après, c'est la qualité de l'échange... (...)

A mon âge, comme n'importe qui il me semble, j'ai compris que ce qui est vraiment important, c'est ce qu'on est, pas ce qu'on paraît ! Ça ne m'empêche pas de rêver de pouvoir voir le visage des gens que j'aime... Je perçois le plaisir de ceux qui m'entourent et qui voient. Ça me rend heureux. Je connais une balade somptueuse, dans les Alpes, durant laquelle on domine tout le massif des Ecrins. J'adore faire découvrir cet endroit à des amis et partager leur plaisir d'être là. J'appelle ça la beauté par procuration.

Auteur: Michel inconnu

Info: in Aveugle de Sophie Calle, Actes Sud 2011, à la question : qu'est-ce que la beauté pour vous

[ témoignage ]

 

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mythe

Les sagas ne parlent pas d'un usage que nous a révélé l'archéologie : dès le IIIe siècle de notre ère, au Danemark, dans l'île de Gotland (Suède) et en Allemagne du Sud des pièces de monnaie sont déposées dans la bouche des morts. À Hassleben (Thuringe) par exemple, un squelette avait dans la bouche un aureus de Gallien (253-268). On a cru tout d'abord qu'il s'agissait d'un emprunt à la Rome antique ; la pièce aurait servi à payer Charon, le nocher des enfers. L'hypothèse s'est révélée erronée et le droit germanique ancien apporte la réponse : il s'agit de la représentation symbolique de la part du mort. Le trépassé a le droit de conserver un tiers de ses richesses, ce qui, à l'origine, doit lui permettre de mener une vie décente outre-tombe. Le sens s'en perd au Moyen Âge où les lois font de nombreuses allusions à cette part, mais le souvenir s'en est bien conservé dans les traditions populaires.
Ici, on dit : "Il faut mettre de l'argent dans la bouche des morts afin qu'ils ne reviennent pas s'ils ont caché un trésor" ; et là on affirme : "Celui qui enterre son argent devra revenir tant qu'on ne l'aura pas trouvé." Tout un ensemble de contes et de légendes s'est développé à partir de ces notions, et plus d'une fois les spectres revêtent la fonction de gardien des trésors enfouis. (...)

Auteur: Lecouteux Claude

Info: Fantômes et revenants au Moyen Age, P45

[ croyances ] [ historique ] [ héritage ] [ historique ]

 

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