Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 6727
Temps de recherche: 0.0465s

maquerelle

Quand elles arrivent au bordel de Monika, c'est comme si c’était un club plutôt qu'une galère.

L'argent empoché sur leur animalité les comble. Évidemment c'est facile de le gâcher en picole ou en fringues, bref, de le jeter par les fenêtres, mais il y a aussi moyen d'en mettre un peu de côté. Et quand leur carrière provisoire au bordel sera terminée, elles pourront entamer une relation sérieuse sans être raides comme des passe-lacets.

En cas de pépin, Monika les laisse tranquillement passer la nuit à l'oeil. Sans avoir à fournir de services. Ici il y a toujours un petit coin pour les filles à plein temps. Avec une douche. En plus, la renommée de Monika, et aussi ses potes, décourage les connards, les débiles et les brutes les plus endurcies. Ça facilite grandement la vie. Les petites putes partagent les opinions de Monika. En cas de besoin, elle peut aussi les conseiller, entre deux portes, pépère, elle sait essuyer les mirettes éplorées.

Parce que tout de même, baiser pour du fric et de surcroît avec des personnes différentes à chaque fois, ce n'est pas tout à fait normal.

Auteur: Topol Jáchym

Info: Une personne sensible

[ prostituées ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

unicité

La mort est partout et nous ne savons pas vivre avec elle. Nous la tenons pour une chose ténébreuse et effrayante qu'il convient d'écarter, dont il ne faut pas parler. Qu'elle reste surtout bien loin, derrière la porte fermée. Mais elle est toujours présente. C'est dans la mort que réside la beauté de l'amour, mais nous ignorons l'un et l'autre. La mort est douleur, l'amour est plaisir, et tous deux nous semblent inconciliables : on s'accroche à cette division, qui est génératrice de souffrance et d'angoisse. Cette division et cet inévitable conflit existent de toute éternité. La mort sera toujours présente chez ceux qui ne comprennent pas que l'observateur est l'observé, qu'expérimentateur et expérimenté ne font qu'un. C'est comme un vaste fleuve dans lequel l'homme se débat, avec tous ses biens matériels, sa vanité, ses douleurs et son savoir. A moins qu'il ne laisse au fond du fleuve tout ce qu'il a accumulé et nage jusqu'à la berge, la mort sera toujours devant sa porte, à l'attendre et le surveiller. Lorsqu'il quitte le fleuve, il n'y a pas de berge, la rive est le mot, l'observateur. Il a tout quitté, le fleuve comme la berge.

Auteur: Krishnamurti Jiddu

Info: Journal

[ vie songe ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

dératiseur

Une flûte, fit-elle avec mépris. Une jolie flûte, mais rien de plus qu’une flûte.

– Les rats ont l’ouïe fine et ma flûte sonne juste.

Les yeux du Chasseur flamboyèrent d’un feu étrange.

La fille à sa porte recula malgré elle. Le rameau de jasmin tremblait dans sa main.

- J’ai un don particulier pour chasser les rats, reprit le Chasseur. De temps en temps, je joue sur ma flûte des chansons très tristes, des chansons de toutes les contrées que j’ai traversées. Et j’en ai traversé beaucoup ; certaines ensoleillées, d’autres maussades, des plaines et des montagnes. Ma flûte siffle très bas. Les rats l’entendent et la suivent. À part moi, il n’y a pas chasseur de rats qui vaille. Je vais vous dire quelque chose, Étrangère, vous qui avez un rire si cristallin. Jamais je n’ai soufflé de tout mon souffle mais toujours en le retenant un peu. Si je soufflais à fond, les rats ne seraient pas seuls à me suivre. 

Le Chasseur de rats se tut. Ses yeux s’éteignirent, et il laissa machinalement retomber ses mains qui tenaient toujours la flûte.

Auteur: Dyk Viktor

Info: Le chasseur de rats

[ sorcier ] [ enchanteur ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

police de la pensée

La modernité produit des victimes, des touristes, des jeunes, des minorités, des valeurs universelles, des psys de catastrophe, des artistes antiracistes, des lycéens citoyens et de nouveaux droits particuliers chaque jour ; mais elle produit aussi et d’abord les flics culturels d’avant-garde chargés d’empêcher l’évaluation de tout ce fatras. Ce sont les nourrices sourcilleuses du nouvel univers. Tandis que celui-ci se transforme en nursery délirante, ces flics veillent à ce qu’aucun regard ne soit porté sur cette transformation ; et, s’il s’en produit un par malheur, à ce que celui-ci soit instantanément et lourdement pénalisé. S’efforçant de faire taire, avec des intimidations et des arguments d’avant-hier, les rares individus encore capables de voir le monde présent, c’est à dire en somme les ultimes vivants, ils patrouillent sans relâche autour de la nouvelle planète ridicule et puérile d’où montent beaucoup de cris et beaucoup de vacarme, mais aucun rire. Car les enfants ne rient pas (sinon d’un rire saccadé et halluciné) pour la raison que ces petits angoissés ont toujours besoin de savoir où est le vrai et où les faux et que le rire suppose, au moins, un fond d’incertitude, de flou, d’irrésolu qui leur sont insupportables.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1473

[ esprit de sérieux ] [ infantilisation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

duplication

Les hommes se retournent dans leur miroir comme les enfants dans leur lit : pour trouver le sommeil. La constance apparente des choses est ce sommeil ; la permanence du visible alliée à la confiance que notre identité ne va pas nous faire faux bond pendant la nuit. Pour cela, nous composons énormément, avec ce monde comme avec nous. Nous recouvrons nos mutuels abîmes d'une fine bande de gaze. Nous attribuons nos inconsistances crasses aux hasards de la vie. Et nous nous aveuglons sur ce qui glisse en nous avec l'évidence du fildefériste ivre dans le cirque anticosmique du dieu mauvais. Le premier garant de cet aveuglement, c'est encore notre visage. En lui s'unifient, lorsque nous le regardons, les multiples puissances que nous savons s'éparpiller et s'affronter inlassablement dans notre âme jusqu'au plus complet déchirement. C'est pourquoi nous retournons, toujours, dans le miroir, vérifiant notre constance, appuyant notre permanence, implémentant notre confiance, et nous nous rassurons... Mais parfois, quelque chose d'étrange se passe. Un détail nous échappe, un amour nous trouble, un mort nous parle. Soudain, c'est le miroir qui se retourne dans l'homme ; et ce qu'il lui montre alors n'est pas bien glorieux.

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Dans "Trois essais sur Twin Peaks", page 7

[ reflet ] [ chute ] [ double ] [ monologue intérieur ] [ justifications ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

divertissement

Certain sociologues à vocation critique sont tentés de voir dans cette littérature de série et surtout dans ses formes les plus modernistes l'expression d'un vaste complot de la bourgeoisie, c'est-à-dire une manière particulièrement subtile de fournir un nouvel opium au peuple pour le faire tenir tranquille. Il faut cependant observer que la grande majorité des producteurs de cette littérature sont eux-mêmes d'origine populaire. Il s'agit en général d'anciens boursiers qui ont "réussi" parce qu'ils avaient le "don du baratin" et qui connaissent leur public populaire comme seuls le connaissent ceux qui en sont issus. Si complot il y a, il est parfaitement diabolique puisqu'il faudrait supposer que "les autres" auraient entraîné les plus brillants sujets des classes populaires à devenir, par intérêt ou inconscience, les agents de l'abrutissement de leur propre classe d'origine. En fait, dans leurs mémoire, les auteurs de cette littérature populaire insistent toujours sur leur "sentiment d'appartenance au peuple".
(...) Ce serait surestimer la technique de la plupart de ces professionnels que de les croire capables de doser lucidement les ingrédients qui font leur succès. En fait, les écrivains à guimauve croient à leurs fadaises au moins autant que leurs lecteurs.

Auteur: Hoggart Richard

Info: La culture du pauvre

[ distraction ] [ sociologie ]

 

Commentaires: 0

autocritique

Quand je considère ce que je suis, ce que j'ai toujours été, je trouve ceci, que j'écris sans ostentation, comme pour moi seul uniquement : je n'ai jamais eu aucune ambition, je n'ai jamais rien désiré, je ne me suis jamais cru aucun talent, les compliments me font rire, je ne me suis jamais déplacé sans, aussitôt arrivé, me demander ce que j'étais venu faire là, je ne me suis jamais rien acheté sans, aussitôt, le voyant chez moi, me demander pourquoi je m'en étais embarrassé, où que je sois allé, j'ai toujours trouvé que tout se ressemble, je n'ai jamais rien connu, goûté, senti, entendu d'agréable complètement, jamais rien ne m'a enlevé au-dessus du train-train des jours toujours pareils. Je le dis souvent : "On viendrait me dire demain voici cinquante mille francs que nous voulons dépenser pour vous. Quoi vous ferait plaisir ? Que désirez-vous ?" Je répondrais: "Rien." Pourtant, l'homme le plus gai, le plus amusant avec les gens, plein d'entrain, de traits, de boutades, de moqueries, de franchises malicieuses, la physionomie aussi vive que les paroles. Nature humaine ? Auteur gai, homme triste. Acteur comique, homme triste. Clown bouffon, homme triste. Homme d'esprit homme triste.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal 1937, Lundi 25 Janvier

[ littérature ]

 

Commentaires: 0

pensée-de-femme

Notre enfant aura quatre ans l'an prochain. Sous-alimentation, alcoolisme du père ou je ne sais quelle maladie : toujours est-il qu'il n'est guère plus grand qu'un bébé de deux ans. La faiblesse de ses jambes ne lui permet pas de marcher et ses lèvres ne s'ouvrent que pour un vague bredouillement. J'en viens à me demander si ce n'est pas un retardé mental. Un jour que je l'avais amené aux bains publics et que je le tenais nu dans mes bras, j'ai été tellement peinée de le voir si petit, si malingre, que je me suis laissée aller à pleurer devant tout le monde. Le pauvre a le ventre fragile et fait souvent de la fièvre mais mon mari n'en a cure et reste rarement au calme à la maison. Si je lui dis que l'enfant est fiévreux, il me répond d'un air évasif : "Mène-le donc au médecin." Et, sans plus, prend son macfarlane et va je ne sais où. C'est bien joli de dire : "Mène-le donc au médecin" ! Encore faut-il en avoir les moyens. Tout ce que je peux, c'est me coucher à ses côtés et lui caresser la tête en silence.

Auteur: Dazai Osamu

Info: La Femme de Villon

[ maman ] [ impuissante ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

déchèterie du ciel

Actuellement, sur 19 000 objets de plus de 10 centimètres répertoriés par la NASA en orbite autour de la Terre en 2009, dont 6 000 satellites, un millier seulement est toujours opérationnel. Les autres se désagrègent peu à peu, mais surtout leur orbite ne saurait rester stable, soumis qu’ils sont à tous les effets gravitationnels du système Terre-Lune, sans oublier l’effet YORP qui les affecte autant sinon plus que les petits astéroïdes. On sait que la plupart d’entre eux retomberont sur Terre un jour ou l’autre. A ceux-ci s’ajoutent au moins 500 000 déchets mesurant entre 1 et 10 centimètres, et des dizaines de millions de débris de moins d’un centimètre : fusées porteuses, étages de fusées et autres morceaux de satellites lâchés les uns après les autres lors de la mise en orbite. Les brimborions, boulons, morceaux d’antennes et autres, que la rentrée dans l’atmosphère consumerait avant qu’ils n’atteignent le sol, représentent un danger de collision dramatique avec les nouveaux lancements, en particulier avec les vols habités. En juillet 2010, le directeur de l’Agence spatiale européenne prévenait déjà qu’il était obligé de modifier la trajectoire de deux satellites par mois à cause de cette pollution.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle", page 80

[ dangers ] [ encombrement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

déprime

C'est drôle ce sentiment de vide en moi, comme si le monde qui m'entoure n'avait plus de couleurs, les fruits plus de saveurs. Quand je regarde autour de moi, rien à changer. Les fleurs fanent et les arbres jaunissent, mais je sais que tout renaîtra au printemps. Les gens courent toujours après leur routine, se disputent de temps à autre pour pimenter leurs soirées, font des projets qui n'aboutiront pas, croient en un monde meilleur alors qu'ils passent leur vie à le détruire. Et moi, je suis là perdue au milieu de toutes ces choses qui m'échappent, de toutes ces questions sans réponses, et de cette attente qui n'en finit pas. Parfois, je me demande ce que je fais sur cette planète, je n'arrive plus à distinguer le bon chez les gens, comme s'ils avaient oublié d'où ils venaient, quand je les vois asphyxier la Terre qui les as vus naître et qui leur permet d'exister. Je ne me posais pas tant de questions avant. Cette séparation m'a anéanti au point de remettre en cause toute mon existence. Toute l'existence. Je m'aperçois avec désespoir que je n'ai plus de rêves à réaliser. Morts comme notre amour.

Auteur: Cordier Maud

Info: Quand le ciel descend sur la Terre, tome 1

[ désenchantement ] [ rupture ]

 

Commentaires: 0