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oppression

Toutes les forêts s'emplissent de voix tonnantes! Tocsin! tocsin! Que de chaque maison il sorte un soldat ; que le faubourg devienne régiment ; que la ville se fasse armée. Les prussiens sont huit cent mille, vous êtes quarante millions d'hommes. Dressez-vous, et soufflez sur eux ! Lille, Nantes, Tours, Bourges, Orléans, Dijon, Toulouse, Bayonne, ceignez vos reins. En marche ! Lyon, prends ton fusil. Bordeaux, prends ta carabine. Rouen, tire ton épée, et toi, Marseille, chante ta chanson et viens terrible. Cités, cités, cités, faites des forêts de piques, épaississez vos baïonnettes, attelez vos canons, et toi village, prends ta fourche. On n'a pas de poudre, on n'a pas de munitions, on n'a pas d'artillerie ? Erreur ! on en a. D'ailleurs les paysans suisses n'avaient que des cognées, les paysans polonais n'avaient que des faux, les paysans bretons n'avaient que des bâtons. Et tout s'évanouissait devant eux ! Qui veut peut. Un mauvais fusil est excellent quand le coeur est bon ; un vieux tronçon de sabre est invincible quand le bras est vaillant. C'est aux paysans d'Espagne que s'est brisé Napoléon. Tout de suite, en hâte, sans perdre un jour, sans perdre une heure, que chacun, riche, pauvre, ouvrier, bourgeois, laboureur, prenne chez lui ou ramasse à terre tout ce qui ressemble à une arme ou à un projectile. Roulez des rochers, entassez des pavés, changez les sillons en fosses, combattez avec les pierres de notre terre sacrée, lapidez les envahisseurs avec les ossements de notre mère la France. O citoyens, dans les cailloux du chemin, ce que vous leur jetez à la face, c'est la Patrie... Faisons la guerre de jour et de nuit, la guerre des montagnes, la guerre des plaines, la guerre des bois. Levez-vous ! Levez-vous ! Pas de trêve, pas de repos, pas de sommeil ; le despotisme attaque la liberté, l'Allemagne attente à la France. Qu'à la sombre chaleur de notre sol cette colossale armée fonde comme la neige. Que pas un point du territoire ne se dérobe au devoir. Organisons l'effrayante bataille de la Patrie. O francs-tireurs, allez, traversez les halliers, passez les torrents, profitez de l'ombre et du crépuscule, serpentez dans les ravins, glissez-vous, rampez, ajustez, tirez, exterminez l'invasion. Défendez la France avec héroïsme. Soyez terribles, ô patriotes!

Auteur: Hugo Victor

Info: Publié par les Lettres française clandestines, n° spécial, 1er août 1944

[ résistance ] [ nationalisme ] [ Gaule ]

 

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architecture

Si la civilisation française fut durable, c'est à la pierre qu'elle le dut : le bois d'Europe nordique, le stuc italien, la brique anglaise ou flamande, le béton soviétique sont des matériaux fragiles dont la vieillesse sans patine est précoce et dont les ruines informes auront depuis longtemps disparu que nos édifices seront encore debout. Issus des carrières molles ou dures, roches, marbres, monolithes ou agglomérés forment de surprenantes variétés. Lorsqu'il est question d'une de nos villes, lorsqu'on nous parle d'une de nos provinces, nous pensons d'abord à leur visage de pierre. Truffeau des villages troglodytes de la Loire, murs tendres où la renaissance sculpta ses motifs italiens, murs de l'Anjou et de Touraine, verdâtres comme le teint des héroïnes Balzaciennes. Craies ponctuées de noirs silex, riverains de la Seine, plongeant sous la Manche pour reparaître à Douvres. Doux calcaires du Valois et du Soissonnais. Enfin les produits des vieux massifs cristallins, sombres villages de l'Armorique, noirs étables du Massif central, couleur de pierre à aiguiser. Plaques de schiste des toits d'Auvergne. Mica des entablements alpins scintillants au soleil, gâlets roulés des maisons du Rhône, orgues et tables de lave de la Limagne débités en murs d'enceinte, en donjons incurvés, en abbayes verticales. 

L'histoire de notre art ne s'explique que par là, depuis les maladroits alignements d'Armor jusqu'aux pierres de belle hache, débitées à la scie lisse, de cette île de France qui exportait sa chair pour bâtir les cathédrales anglaises ou les résidences américaines. (Les carrières Buttes Chaumont où les voyous d'Eugène Sue ne se nomment-elles pas les carrières d'Amérique ?) Les noms de leurs pierres sont bien de chez nous : le vergelet, la lamarde, le saint-leu, le conflans.

La France, coin de l'Europe. Pierre d'encoignure, pierre d'attente, pierre de touche. La France, ossature et squelette de l'extrême occident. C'est pourquoi notre fonds national est rude, avare, de grain serré, d'un génie enclin à la résistance et à la pétrification. Matériau résistant au feuilletage superficiel des gelées, pierre éprouvée qui a fait son unité, qui a jeté son eau, comme disent les carriers. Chair bien jointoyée et équarrie.

Profitons de la disette actuelle de ciment, de l'absence de cette hideuse boue durcie, de cette substance plastique sans forme, couleur ni nationalité qu'est le béton.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset, p.371)

[ géographie hexagonale ] [ beauté ] [ type de construction ]

 
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onirisme

Promenade dans les bois. Chemin dégagé et rocailleux.

Bon, me voilà face à un truc insolite.

Ce n'est pas apparent.

Mais je le sais.

Certes, si elle était vraiment inconnue, je ne pourrai la voir, cette chose... La distinguer. Puisqu'elle ne ferait pas partie des objets déjà intégrés dans une case pré établie...

Néanmoins JE LE SAIS.

Elle est devant mes yeux.

La décrire ? Comment créer une nouvelle case ?

Une pierre, grossier parallélépipède grisâtre d'environ 15 centimètres sur le petit côté...

Avec des bords trop bien définis, telles les bordures d'un dessin de Hergé.

Et maintenant voilà que ce machin est autre, mais sans que j'aie pu m'apercevoir du changement. Effet d'une transmutation visuelle magique, fondu-enchaîné parfait dans sa lenteur, mais produit instantanément ?

La chose bouge un peu. Elle a modifié sa couleur, du gris incertain nous sommes passé à ce que je nommerai : bleu terne.

Un bleu épais qui semble scintiller de l'intérieur.

Je suis à genoux devant elle.

L'objet s'est élargi, de telle sorte qu'il fait désormais penser à une demi-étoile de mer,  avec des contours imprécis, vaporeux...

Et. Et...

Et le revoilà caillou. Pardonnez les pauvres analogies pour tenter de définir ce truc mais je n'en puis trouver de meilleures.

Maintenant je me transforme. Comme si la pierre restait parfaite, immobilisée dans un espace absolument figé.

... Et mézigue, observateur, votre serviteur envoyé spécial... qui rapetisse...

Ma vision passe désormais par les oreilles.

...

Au pied d'une falaise bleue. De grands nuages tanguent, volutes vertes au-dela de l'horizon.

Feuillus qui bordent le chemin ?

Je peux bouger.

Mais la falaise reste intangible. Je passe au travers.

Sens tactiles floutés par on ne sait quoi.

...

Pas d'exotisme ici.

De paradoxe... Rien. 

Tout est évidence.

Simple

Le bizarre est derrière. 

Curieuses les sensations d'une vie ? Insolites... Singulières. Surprenantes. Normales ? 

Of course not

J'ai quitté notre monde ésotérique, inexplicable... désorientant.

Pour entrer dans le réel.

Auteur: Mg

Info: 5 fév. 2013

[ dernières paroles ] [ poème ]

 

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tromperie

Il est une plante qui donne de grandes fleurs blanches, qui se replient la nuit en prenant la forme d'un doigt : la Datura.
Les graines de cette plante, qui nous vient du nouveau monde, contiennent un psychotrope puissant, la scopolamine. Administrée à forte dose c'est la mort.
Avec des doses plus faibles et répétées : des lésions irréversibles dans l'encéphale. Les effets avec des petites doses bien contrôlée sont alors : confusion, perte de mémoire, perte de jugement, obéissance à n'importe quel ordre. En général avec perte de tout souvenir de ce qui a pu être faite sous l'effet de la drogue. Une personne intoxiquée à la scopolamine (moins d'un demi-milligramme suffit) conserve une allure et un comportement apparemment normaux. On peut ainsi délivrer les doses de toutes sortes de manière, par inhalation, diluées dans une boisson. Un reportage en Colombie montre une prostituée d'une vingtaine d'année qui utilise la scopolamine depuis plusieurs années. Elle raconte comment elle entourloupe ses clients : "Je leur donne dans une boisson, ou je leur souffle la poudre sous leur nez pour qu'ils la respirent". Et use aussi de cette une technique plus élaborée. Après s'être bouché les trous de nez avec du coton pour éviter de respirer la drogue, elle en passe sur sa lèvre supérieure. Quand elle embrasse un client, celui-ci absorbe aussitôt cette "poudre du diable" en inspirant et l'effet est immédiat. Elle ajoute qu'elle ne sait combien d'hommes elle a ainsi drogués, dépouillés et rejetés à la rue sans qu'ils se souviennent même de l'avoir rencontrée. D'autres malfrats utilisent cette drogue pour dépouiller des gens, violer des femmes (qui ne s'en souviendront pas). Tout ceci étant confirmé lors de l'interview d'une responsable du centre de toxicologie de l'université de Bogota lors du même reportage. La police colombienne confirme tous ces aspects. Dans la même émission les journalistes interviewent un narcotrafiquant qui leur fournit cette drogue sous l'aspect d'une poudre blanche, de l'extrait des graines de Datura, décoloré par voie chimique. Il ést fait état de plusieurs enquêtes auprès de personnes de divers milieux qui ont été victimes de gens sachant manier cette drogue. Les voleurs peuvent alors tranquillement les emmener dans leur banque et leur demander de vider leur compte. Leurs victimes s'exécutent sans garder aucun souvenir de la façon dont elles se sont fait arnaquer.

Auteur: Mg

Info: 20 octobre 2013

[ astuce ] [ drogue ]

 

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civilisation disparue

Dans l’architecture européenne classique, un Atlante désignait un personnage taillé dans la pierre prenant la place d’une "colonne", sa signification symbolique renvoyant au Titan Atlas qui porte la voûte céleste. Les Atlantes représentés dans l’art grec désignent bien les mythiques fondateurs de l’Atlantide considérés comme les habitants de l’Atlas, plus connus aujourd’hui sous le nom de Chleuhs, ces tribus berbères montagnardes ayant la particularité de porter des vêtements de fourrure rudimentaire à l’image de leurs cousins Guanches. Les Guanches étaient vêtus de "peaux de chèvres", à la manière des "rois-pasteurs" détenteurs du dépôt "Kaldéen" croisés plus haut, et leurs nobles arboraient des bijoux confectionnés à partir de coquillages ou de vertèbres de poissons. A la stupéfaction des Espagnols qui abordèrent les Canaries, les Guanches ignoraient tout de la navigation. On signale sur les îles des sceaux en bois ou en céramique qui auraient pu servir à sceller des dépôts de grains et on sait aussi que le gofio, aliment local, était fait de céréales broyées dont on retrouve une forme similaire en Amérique, alors que cet aliment était inconnu des Espagnols. D’une culture en apparence néolithique, les Guanches dominaient néanmoins l’art complexe de la conservation des cadavres et de l’embaumement, de nombreuses momies ayant été exhumées sur l’île de Ténériffe. Là encore, ces descriptions ne sont pas sans rappeler certaines cultures américaines pré-colombiennes ou encore l’Égypte dont la tradition affirme qu’elle fut héritière en ligne directe d’un dépôt atlante. Le continent mythique englouti sous les flots que décrit Platon fut détruit, suppose-t-on le plus souvent, par un immense tremblement de terre suivit de terrifiantes explosions volcaniques et de gigantesques raz-de-marée, et les îles Canaries semblent bien désigner l’un des derniers vestiges de cette antique civilisation oubliée, ce qui expliquerait la méfiance que ces descendants de survivants de l’archipel atlante primitif ont pu avoir vis-à-vis de la mer Occidentale, "borne du monde" qui était "synonyme de deuil et de désolation". Nous avons aussi signalé qu’aussi bien les Berbères du Souss au Maroc que ceux des îles Canaries avaient conservés dans leur fonds culturel commun le souvenir embrumé de Méropide et de sa capitale qu’ils nommaient Smaïssa, aujourd’hui engloutie sous les eaux de l’océan Atlantique. Quand aux Aliziens, peuple préhistorique d’Espagne, ils enterraient leurs morts les visages tournés vers l’Ouest et avaient la réputation d’être d’excellents pêcheurs et marins.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle"

[ mythologie ] [ archéologie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

labeur

J'ai travaillé pas mal. On travaille, ou bien on regarde. C'est l'un ou l'autre. Mais si vous travaillez, vous ne faites pas autre chose. Maintenant, on ne sait plus ce que c'est, le travail. C'est encore un truc que j'ai comme ça, parce que je ne suis pas d'une génération où l'on rigolait. Ça n'existait pas. Les distractions, c'était des choses de gens riches. Quand on était pauvre, on travaillait jusqu'à crever. C'était le destin. Mais je vois maintenant qu'ils ne travaillent plus. Alors ils ne savent rien. Oh, ils ont tous une petite envie, comme ça, de s'exprimer. Mais quand vous les mettez devant une feuille de papier, devant un pinceau ou un instrument, on voit surtout la débilité, l'insignifiance. Du jour où l'on s'est mis à apprendre sans douleur, le latin sans thème, le grec en dormant, on ne sait plus rien. C'est la facilité qui tue tout. La facilité et la publicité. C'est fini. Il n'y a plus rien. Il manque quelque chose: l'effort.
Ce qu'il faut: faire un effort. Mais ils ne veulent pas, les cochons ! Ils ne veulent pas et puis, ils ne sont pas en état. Ils aiment trop la vie ; ils sont bien, dans la vie ! Vous comprenez, le jour où l'on a fermé les monastères, on a fermé la patience, on a tout fermé. L'homme court après sa queue et son verre, et c'est fini ! Ah, pour le confort de votre foyer, que feriez-vous Madame ? Voilà, c'est tout. La radio, ça ne s'adresse pas aux milliardaires, ça s'adresse à des gens bien ordinaires. Et qu'est ce qu'on entend ? "Ah ! Du confort ? Ce serait tellement mieux du violet garanti machin autour de votre pièce avec des ampoules Untel". Il n'est question que de ça. Je ne parle pas de maladies, il n'y en a plus. La vie est éternelle, la vie commence à 40 ans. Boniments ! J'ai pratiqué en Amérique ; je connais tout ça, je connais l'anglais aussi. Nous avons hérité tout notre côté dégueulasse des Anglo-Saxons. Avec leur politique d'optimisme. Et puis, nous avons conservé les vices du chrétien. Nous sommes des repus. Sauf évidemment la masse qui crève. Mais enfin, ils boivent. Et nous sommes aussi le peuple le plus alcoolique du monde. Alors... Ce qui tue aussi tous les médecins d'ailleurs. Le bavardage et l'alcool.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Propos enregistrés à Meudon en 1961 par Jacques d'Arribehaude. Dans" L'année Céline 1995". Page 63/64

[ décadence ] [ sexe ] [ boisson ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

après coup

J'ai manqué les deux dernière semaines parce que j'ai été enlevé par un groupe d'écureuils complètement cinglés qui m'ont kidnappé avant de m'enfermer dans une pièce sombre et froide. Heureusement il y a eu un tremblement de terre et j'ai pu m'échapper et courir vers une cabine téléphonique pour vous appeler. Mais par dommage, pile au même moment, il y eut une éclipse de soleil, et l'obscurité m'a fait me perdre de sorte que je suis tombé dans une grande caisse en bois qui a été mise immédiatement dans un bateau en partance pour les USA. Là-bas j'ai été arrêté comme illégal et mis en prison pour deux jours avant d'être extradé vers la France. J'allais arriver chez moi quand un camion fou m'a renversé, et j'ai eu les 2 jambes abîmées. L'ambulance qui me conduisait à l'hôpital a alors percuté un van et le choc m'a éjecté et propulsé dans la mer. La, heureusement, un groupe de dauphins a pu me sauver la vie et m'a ramené en Angleterre. Mais du coup je n'avais plus mes papiers. J'ai essayé de l'expliquer mais mon anglais est tellement mauvais qu'ils ont compris que je préparai une mission secrète pour déstabiliser leur gouvernement. Donc je me suis à nouveau retrouvé en prison. Heureusement j'y ai trouvé une cuillère en acier qui m'a permis de creuser un trou pour m'échapper. Après quatre jours de planque à Brighton, j'ai réussi à trouver un bateau et à me cacher dedans. Manque de pot, ce bateau a heurté un rocher et a coulé à mi-chemin dans la manche, ainsi ai-je du m'accrocher à un morceau de bois et attendre et me laisser dériver jusqu'au Havre. Deux jours ont passé et finalement j'ai vu la terre. Sur le rivage, j'étais sans connaissance. Je ne savais plus trop ou j'en étais. Un pêcheur m'a porté dans sa petite maison où, avec son épouse, ils m'ont nourri et redonné la santé. Je souffrais aussi d'un peu d'amnésie. Alors, après trois jours, ils m'ont amené à la police qui m'a arrêté - vous n'allez pas me croire - parce que je ressemble à un gangster célèbre. Bref il a fallu les convaincre que je n'étais pas la bonne personne. Ils m'ont laissé partir et j'ai pu rentrer à la maison. Mais, à cause de tous ces malheurs j'avais perdu mes clefs. Alors j'ai dû escalader le mur pour atteindre une fenêtre ouverte et suis tombé, me cassant un bras. Donc, si tout va bien, je serai là la semaine prochaine.

Auteur: Internet

Info:

[ enfumage ] [ provocation ]

 

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végétaux

Stéphane Perraud : Dans quel état se trouvent les forêts primaires aujourd'hui ?

Francis Hallé : Il n'y en a quasiment plus ! Les forêts sont dites primaires quand elles n'ont jamais subi la moindre destruction humaine. Il y a quarante ans on en trouvait encore beaucoup à la surface du globe. Aujourd'hui, il n'en subsiste que des lambeaux, dans la boucle du fleuve Congo, en Australie, dans le Grand Nord canadien, en Sibérie... Seuls le climat très difficile ou l'absence totale d'accès les protègent encore de la folie destructrice des hommes. En Amazonie, c'est trop tard. On rase les arbres pour les remplacer par du soja transgénique et de l'élevage.

- Pourquoi est-ce si inquiétant ?

- La forêt joue un rôle déterminant pour la survie de l'humanité. Les arbres purifient l'atmosphère en absorbant du gaz carbonique et en rejetant de l'oxygène . Couper un arbre revient à détruire une usine d'épuration naturelle. Les arbres attirent la pluie. Leur feuillage et leur système racinaire filtrent l'eau. Ils jouent également un rôle de stabilisateurs pour les sols. Et bien sûr, ils abritent une flore et une faune exceptionnelle. Ce sont nos alliés, nos protecteurs. La disparition des forêts primaires n'est pas irréversible, mais pour passer d'une forêt secondaire (qui a repoussé après exploitation) à une forêt primaire, il faudrait la laisser tranquille pendant sept siècles !

- On entend souvent qu'une forêt a besoin d'être entretenue pour rester en bonne santé...

- C'est une hérésie ! Les forêts existent depuis plus de 350 millions d'années, elles se portaient très bien avant l'arrivée de l'homme. Elles ont su se reconstituer après chaque évolution climatique majeure. Plus on intervient dans une forêt, plus on la fragilise. Il faut au contraire laisser faire la nature. Le bois mort au sol par exemple préserve les micro-organismes. Une forêt détruite par un incendie repoussera mieux si on n'intervient pas. Sa capacité de régénération est incroyable. Saviez-vous que lorsqu'on coupe une branche, on favorise l'arrivée des maladies ? Au Jardin des Plantes à Paris, on trouve des arbres tricentenaires qui n'ont jamais été taillés. Ils se portent très bien et ne sont pas dangereux pour les visiteurs.

Beauté... Mesurable ? Il serait temps que tu comprennes que vous n'êtes que des principes d'action programmés pour survivre dans un milieu hostile, non prévu. Pour tenter de durer. Par conséquent la notion de beauté est tout à fait relative. Il y a éventuellement accoutumance à quelque chose de rassurant mais "Beauté mesurable", c'est comme si tu disais "vie passive".

Auteur: Hallé Francis

Info: 26 juin 2014

[ arbre ] [ nature ] [ équilibre ] [ écologie. éco-anxiété ]

 

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jungle primaire

Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de la Białowieża Puszcza. Mais pour peu que vous ayez grandi dans la zone tempérée qui couvre une bonne partie de l’Amérique du Nord, du Japon, de la Corée, de la Russie et de plusieurs anciennes républiques soviétiques, ainsi que certaines parties de la Chine, de la Turquie et d’Europe de l’Est et de l’Ouest – îles Britanniques comprises –, alors quelque chose en vous en garde le souvenir. Si vous êtes né dans la toundra ou le désert, les régions subtropicales ou tropicales, la pampa ou la savane, il existe quand même des endroits sur Terre associés à cette Puszcza qui sauront stimuler votre mémoire.

Puszcza est un vieux mot polonais signifiant " forêt vierge ". À cheval entre la Pologne et la Biélorussie, le demi-million d’acres de la forêt de Bialowiesa renferme les derniers fragments européens de forêt à l’état primitif. Souvenez-vous de la forêt mystérieuse et embrumée que vous imaginiez quand on vous lisait un conte de Grimm. Ici, les frênes et les tilleuls culminent à quarante-cinq mètres de hauteur, et couvrent de leur ombre un enchevêtrement humide de charmes, de fougères, d’aulnes rugueux et de gros champignons. Les chênes, tapissés d’un demi-millénaire de mousse, sont tellement immenses qu’ils servent de garde-manger aux pics épeiches : ceux-ci creusent le tronc à sept centimètres de profondeur pour y entreposer des pommes d’épicéa. L’air, épais et frais, se pare d’un silence que seuls viennent briser les cris brefs du casse-noix, le sifflement grave d’une chevêchette d’Europe, ou la plainte d’un loup.

(...) Quel choc que de se dire que l’Europe entière ressemblait jadis à cette Puszcza. On se rend compte, en y pénétrant, que la plupart d’entre nous n’ont jamais connu qu’une pâle copie du programme originel de la nature. Ces sureaux aux troncs de deux mètres de large, ou ces gigantesques épicéas sans âge, devraient nous sembler aussi exotiques que l’Amazone ou l’Antarctique, à nous qui avons grandi près des bois de deuxième génération, chiches en comparaison, qui parsèment l’hémisphère Nord. Eh bien non, ce n’est pas le cas. Au contraire, on s’y sent en terrain connu. Une impression de plénitude en émane, au niveau cellulaire.

Étudiant en sylviculture à l’université de Cracovie, Andrzej Bobiec avait appris la gestion des forêts dans une optique productiviste maximale, notamment en se débarrassant de la couche organique " excessive ", de crainte qu’elle n’abrite scolytes et autres nuisibles. Quand il découvrit la forêt de Bialowiesa, il fut stupéfait d’y trouver dix fois plus de biodiversité que dans toutes les forêts qu’il connaissait.

Auteur: Weismann Joseph

Info: Homo disparitus, 2007

[ nature ] [ native ] [ végétale matrice ] [ Bialovèse ] [ Belovej ]

 

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origine légendaire

Lorsque le niveau de l’eau se mit à s’élever, tous les poissons remontèrent à la surface, gonflés, déjà morts ou en train d’agoniser en se convulsant. Le peuple des rives du lac regarda son garde-manger disparaître en l’espace de quelques jours – l’inondation ne semblait pas vouloir s’arrêter. L’un des anciens de la tribu remarqua que l’eau avait pris un goût salé. Bientôt, elle vint lécher les fragiles fondations des huttes en bois : il n’y avait rien d’autre à faire que de fuir devant ce déferlement, en emportant tout ce qu’on pouvait. Des réfugiés apeurés des tribus de l’Est rapportèrent avoir entendu un épouvantable grondement. Ceux qui s’attardèrent furent noyés. En quelques semaines, le niveau de l’eau s’éleva de 120 mètres. Ceux qui firent partie de cette diaspora désespérée fuirent vers l’ouest, le long de la vallée du Danube, ou le sud-est, au pied du Caucase. D’autres traversèrent les terres sauvages, loin à l’est, pour finalement trouver refuge autour d’un lac qui se trouvait alors entre les monts Tian et le plateau tibétain. Une poignée de tribus, plus chanceuses ou plus audacieuses, franchirent les monts du Taurus pour arriver dans les plaines connues aujourd’hui sous le nom de Mésopotamie. Dans tous les lieux où les survivants finirent par s’installer, l’effroyable inondation devint un événement capital qui servit à mettre en garde et à terroriser les générations suivantes, un événement si profondément traumatique qu’on se le raconta pendant plusieurs millénaires, transmettant son souvenir à l’oral avant de l’immortaliser dans l’argile. Aujourd’hui encore, les guslars, ces rhapsodes des Balkans, continuent de le chanter. Ce fut, d’après Ryan et Pitman, le vrai Déluge, l’événement historique qui a inspiré l’épisode biblique. Le Déluge résulta de l’inondation d’un immense lac d’eau douce qui devint, en quelques semaines, la mer Noire. Elle est noire parce que, quelques mètres sous sa surface, la vie disparaît – à cause du manque d’oxygène – et que son fond est recouvert d’une vase sombre et fétide où seules les bactéries peuvent se développer. Les poissons ne prospèrent que dans la couche supérieure des eaux, au-dessus de profondeurs où ils étoufferaient en quelques secondes. La transformation de ce lac en une mer, la plus mystérieuse de toutes, a eu lieu lorsque les Dardanelles furent percées il y a plus de 7 000 ans. La Méditerranée se déversa à travers un canyon en direction des terres en contrebas lorsqu’une barrière de terre céda. C’était la conséquence de la montée du niveau de l’eau à la fin de la dernière ère glaciaire. Une catastrophe comparable à la rupture d’une digue géante, un déferlement équivalant à 400 chutes du Niagara.

Auteur: Fortey Richard

Info: Books.fr, https://www.books.fr/une-autre-histoire-du-deluge-2/

[ traumatisme ] [ catastrophe naturelle ] [ géographie ] [ genèse ]

 

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