Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 745
Temps de recherche: 0.0501s

écrivain-sur-écrivain

Aussitôt que je m'arrête d'écrire, je me mets à lire Shakespeare, alors que mon esprit est encore grand ouvert, rouge et brûlant. À ce moment-là, il me stupéfie. Jamais je n'avais aussi bien compris son étonnante envergure, son agilité, son aisance à manier les mots que lorsque je sens qu'elle dépassent et surpassent mes propres facultés, je le vois ensuite me dépasser et accomplir des prouesses que, fut-ce dans mes plus folles envolées et au plus fort de ma concentration d'esprit, je serai bien incapable d'imaginer. Même ses pièces les moins connues, ou les pires sont écrites à une vitesse qui bat tous les records. Les mots tombent à un tel rythme qu'on arrive pas à les ramasser. Voyez par exemple "...sur un lis à peine cueilli déjà presque fané". Le choix est purement accidentel ; je suis tombée sur cela par hasard. Manifestement la souplesse de son esprit était telle qu'il pouvait polir n'importe quel train de pensée, ou bien, négligemment laisser tomber une pluie de fleurs sans même y songer. Pourquoi, après cela se donner la peine d'écrire ? C'est qu'il ne s'agit même plus d'écriture. J'irais jusqu'à dire que Shakespeare est au-delà de toute littérature, si seulement je savais ce qu'on entend par là.

Auteur: Woolf Virginia

Info: journal, 13 avril 1930

[ éloge ] [ admiration ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

L'inoubliable odeur du violeur
Violée de nuit dans un taxi par des hommes armés, Luyanda Ngcombolo n'a pas vu le visage de ses agresseurs. Mais quand la police sud-africaine l'a convoquée un an après les faits pour reconnaître deux suspects qui venaient d'être arrêtés, elle a tenu à se rendre à la séance d'identification.
Une fois à la prison, elle a demandé à pouvoir sentir chacun des hommes alignés. Son étrange requête a été acceptée, rapporte The Star de Johannesburg. Les yeux fermés, "elle s'est dirigée vers le premier des 10 hommes, s'est rapprochée de lui et lui a humé le torse. Après avoir senti le dixième homme, elle est retournée vers le neuvième pour le sentir de nouveau, et elle a ouvert les yeux. C'était l'un des hommes qui l'avaient violée. Elle a refermé les yeux, revenant sur ses pas et flairant chaque homme jusqu'à ce qu'elle s'arrête sur le cinquième. Elle a ouvert les yeux. C'était son second assaillant", écrit le quotidien sud-africain.
Les deux hommes, accusés d'avoir violé plus d'une cinquantaine de femmes, avaient déjà été identifiés par d'autres victimes. Boitumelo Galubetse et son complice Bongani Madlala ont été condamnés à sept cent quatre-vingts ans de prison chacun par la cour de Vereeniging.

Auteur: Maupas Claire

Info: Internet, Courrier international, 26 avril 2013

[ insolite ] [ arôme ]

 

Commentaires: 0

bouquins

[...] Serrés les uns contre les autres, les livres s'y tiennent debout comme des humains de tailles et de corpulences différentes. Il y en a de grands et minces, de petits épais, de petits chétifs et de grands forts, divers et soudés, de toutes les couleurs, ils me font face et se tiennent par les bras comme des manifestants au premier rang d'un défilé du premier mai. Je penche la tête pour lire les titres et me déplace lentement de rayon en rayon, d'étagère en étagère et parfois je m'arrête et prends un livre que j'ouvre pour le feuilleter. Je suis en train d'oublier ce pour quoi je suis venu. C'est que je suis certain d'avoir déjà eu certains d'entre eux entre les mains, empruntés lorsque, enfant, je fréquentais l'ancienne bibliothèque. Je redécouvre, au verso des couvertures épaisses, la pochette collée qui contient une carte sur laquelle sous le titre du livre trois colonnes indiquent de gauche à droite date d'emprunt, nom de l'emprunteur et date de retour. Dates et noms s'empilent ainsi, des emprunts les plus reculés aux plus récents, et bientôt je me cherche avec fébrilité dans les listes verticales de certains livres dont il me semble me souvenir que je les ai lus.

Auteur: Cattacin Jean-Luc

Info:

[ bibliothèque publique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

menace

Ce soir-là, à l'instant où Sugar estimait avoir assez marché pour la journée, trois hommes à cheval, crasseux et mal rasés, lui apparurent au détour d'un virage, serrant la bride à leurs montures pour s'arrêter à quelques pas de lui. Deux d'entre eux portaient des chapeaux de cow-boys et des salopettes tandis que le troisième était vêtu d'une redingote poussiéreuse et d'un pantalon noir. Un morceau de chemise blanche ensanglantée était noué autour de la cuisse du plus corpulent. Des fusils dépassaient de leurs selles et ils avaient à la ceinture des étuis garnis de revolvers. Aux yeux de Sugar, on aurait dite des êtres malencontreusement échappés du passé et qui cherchaient un moyen d'y retourner. Ce n'aurait pas été la première fois que quelqu'un se serait retrouvé prisonnier d 'une époque qui ne lui convenait pas. Fut un temps où il vivait avec une femme qui travaillait dans une chapellerie et qui avait pris la manie, en rentrant du travail, de s'habiller comme une princesse égyptienne. Pensant que cette habitude était le fruit de l'ennui, il s'en accommoda au début, mais lorsqu'elle se mit à prier les crocodiles et à évoquer la possibilité qu'il l'escorte jusqu'aux enfers, il jugea qu'il était urgent de se faire la malle.

Auteur: Pollock Donald Ray

Info: Une mort qui en vaut la peine

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

dépendance

Je crois que l'éphémère est éternel. Il s'agit d'une même chose. On peut faire des choses qui ne durent pas et faire des choses de façon qu'elles durent éternellement, parce que rien ne dure éternellement, et donc c'est exactement pareil. J'avais envie depuis longtemps de faire des bronzes, et je me souviens très bien des raisons qui m'ont incité à faire le premier bronze. C'était une sorte d'acte magique. J'étais dans une phase d'alcoolisme aigu et j'avais le sentiment de ne pas pouvoir m'en sortir... Je me trouvais enraciné dans une situation où je ne voyais pas d'issue possible. J'avais fabriqué une chaise de paille tressée sur laquelle il y avait une tête de boeuf, avec une bouche, des yeux, et une chaussure fixée à un pied de la chaise. Le titre de cet objet qui existe aujourd'hui en bronze est Santo Grappa. En fait, c'était parce que j'étais moi-même assis sur cette espèce de monstre sous la domination duquel je me trouvais. Je me suis dit un jour qu'en le représentant en bronze, je pouvais le fixer, le bloquer, l'immobiliser dans l'histoire et m'arrêter ainsi de boire. Et c'est ce que j'ai fait. Cette action m'a obligé à cesser de boire. Voilà l'histoire de ma première sculpture en bronze.

Auteur: Spoerri Daniel Isaak Feinstein

Info:

[ sevrage ] [ symbole ] [ thérapie ] [ addiction ]

 

Commentaires: 0

nocturne

Dans la cabine il fait de plus en plus chaud. Je dors en tenue d'Adam. Ce frêle navire qui nous garde et nous transporte sur ces abîmes incommensurables n'arrête pas de tanguer et de rouler, par toutes les fenêtres et les portes souffle un vent d'une grande douceur, dans un coin bourdonne le ventilateur - et on a pourtant l'impression d'être aux bains russes...

Parfois, je me représente moi-même en train de dormir, étendu dans cette cabine, sans défense, dénué de pensée et de conscience, perdu dans l'océan. Comme c'est merveilleux et terrifiant, comme c'est bon ! Je dors, nous dormons tous, exceptés ces deux ou trois individus privés de sommeil, silencieux, immobiles, qui sont de quart et veillent sur nous là-bas, là-haut ; nous dormons, et la nuit, éternelle, immuable, est la même qu'il y a des milliers d'années ! La nuit, d'une beauté indicible, et je ne saurais dire pourquoi - essentielle - brille au-dessus de l'océan et conduit ses astres qui lancent des feux de pierres précieuses, tandis que le vent, véritable respiration divine de ce monde merveilleux et incompréhensible, entre par les fenêtres et les portes, entre dans nos âmes ouvertes avec confiance à cette nuit, et à toute la pureté céleste de ce souffle.

Auteur: Bounine Ivan Alex

Info: Coup de soleil et autres nouvelles

[ maritime ] [ songe ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

déclic

Maintenant, je dois te parler d'une expérience étrange qui portera ses fruits plus avant dans ma vie. ...Nous avions eu une vague de froid plus sèche que jamais. Les gens qui marchaient dans la neige laissaient derrière eux comme une traînée lumineuse et une boule de neige jetée contre un obstacle produisait un éclat de lumière comme un pain de sucre frappé avec un couteau. Et puis, alors que je caressais le dos de Mačak, apparut comme une une nappe de lumière et ma main produisit une série d'étincelles. (...) Mon père me fit remarquer que ce n'était rien d'autre que de l'électricité, du même genre que ce que l'on voit sur les arbres lors d'une tempête. Ma mère était un peu inquiète. Arrête de jouer avec le chat, dit-elle, il pourrait mettre le feu. Je me mis alors à songer. La nature est-elle un chat ? Si oui, qui lui caresse le dos ? Ce ne peut être que Dieu, concluais-je...

Je ne veux pas exagérer l'effet de ce merveilleux spectacle sur mon imaginaire d'enfant. Mais jour après jour, je me suis demandé ce qu'était l'électricité, et je ne trouvais pas de réponse. Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis et je pose toujours la même question, sans plus de réponse.

Auteur: Tesla Nikola

Info: Lettre à Pola Fotitch, "Une histoire de jeunesse racontée avec l'âge" (1939). In Tesla Said (1984), Dans John Ratzlaff, éditeur,  283-84. Cité dans Marc J. Seifer, Wizard : The Life and Times of Nikola Tesla (1998), 5.

[ enfance ] [ amorce ] [ quête ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

Gaule

Ceux qui approchent en ordre dispersé sont une nation à qui la nature a voulu donner des corps et des courages plus grands que fermes. Aussi ils mettent dans chacun leurs combats plus de terreur que de force [ils cherchent plus à effrayer qu'à être forts]. La défaite des Romains en est l'exemple. Ils ont pris une ville ouverte, mais on leur résiste avec une toute petite troupe depuis la citadelle du Capitole. Vaincus par l'ennui du siège, ils s'éloignent déjà et errent au hasard dans les champs. Lorsqu'ils se sont gorgés de nourriture et de vin précipitamment englouti, à l'approche de la nuit, ils s'arrêtent au bord de l'eau, sans se retrancher, sans tours de garde ni sentinelles, et se laissent tomber à terre comme des bêtes, encore plus insouciants de leur sécurité en ce moment que d'habitude. Si vous avez l'intention de protéger vos murs et de ne pas laisser tout ce qui est autour de vous faire partie de la Gaule, prenez les armes en masse à la première heure de la nuit, et suivez-moi pour le massacre plutôt que pour la bataille. Si je ne vous les livre pas à égorger comme du bétail, je ne refuse pas de subir à Ardée le sort que j'ai subi à Rome.

Auteur: Tite-Live

Info: Les Gaulois vus par Camille, V, 44

[ historique ]

 

Commentaires: 0

déception

— J'essayais d'arrêter de boire et je sentais bien que je n'y arriverais pas en restant chez moi, mais je ne voulais pas aller dans une clinique ou un centre de cure, vous comprenez. Mon frère avait une maison où il n'allait que l'été — c'était au mois d'octobre — alors je l'ai appelé et je lui ai demandé s'il pouvait me la prêter une semaine ou deux, le temps que je me remette d'aplomb. Il a dit que c'était d'accord. Je me suis mis à faire ma valise en me disant que j'étais heureux d'avoir une famille, heureux d'avoir un frère, heureux qu'il soit prêt à me donner un coup de main. Mais là-dessus le téléphone a sonné, c'était mon frère, et il m'a dit qu'il en avait discuté avec sa femme, il m'a dit qu'il était désolé, qu'il ne savait pas comment me dire ça, mais que sa femme avait peur que je mette le feu à la maison. Tu comprends, m'a-t-il dit, tu pourrais t'endormir avec une cigarette allumée à la main, ou oublier d'éteindre le gaz. Bref, ils avaient peur que je foute le feu à leur maison, et à son grand regret il ne pouvait pas me la prêter. J'ai dit bon, d'accord, et j'ai redéfait ma valise.

Auteur: Carver Raymond

Info: Qu'est-ce que vous voulez voir ? Vandales

[ revirement ] [ crève-coeur ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

civilisation

Je ne suis pas d'accord concernant cette volonté d'immortalité (quel ennui pour beaucoup, à la longue...) qui serait le moteur de la progression humaine. Je crois sincèrement que nous sommes encore des singes - placé pour le savoir - qui fonctionnent encore et toujours avec des réflexes de peur instinctif vis à vis des choses incompréhensibles ou peu claires, la mort bien sûr, mais surtout la souffrance. Que cette recherche du confort et de l'éloignement de la douleur nous aient conduit à durer plus longtemps soit une progression de la race je n'en suis pas certain. Je peux observer toutes les personnes âgées qui "trainent" littéralement leurs fins de vie, processus qui n'est pas près de s'arrêter, surtout chez nous en Suisse où le niveau de vie permet de constater la part absurde (économique et humaine) de la chose. Pour pousser plus loin je dirai que nous autres judéo-chrétiens, en plus de nos habitudes avides, maintenant auto générées par les arguments pousse-à-jouir de la société de consommation, sommes probablement beaucoup trop centrés sur l'homme, qui n'est qu'une toute petite partie d'un processus global. Ethnocentrisme compulsif qu'on retrouve, j'en ai peur, chez la majorité des individus, surtout jeunes. Nous avons beaucoup à apprendre et à réfléchir sur nos habitudes et notre niveau de vie.

Auteur: MG

Info: oct 2008

[ religion ]

 

Commentaires: 0