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intraduisible

Au cours de ma vie, je n’ai rencontré qu’une ou deux personnes qui comprenaient l’art de la Marche, c’est-à-dire l’art de se promener, qui avaient en quelque sorte le génie de la balade, de ce qu’on désigne sous le terme de sauntering, mot dont l’étymologie est fort jolie : au Moyen Âge, il y avait des gens sans travail qui erraient à travers la campagne en demandant la charité sous prétexte qu’ils se rendaient à la Sainte Terre, si bien qu’à la vue de l’un d’eux, les enfants s’exclamaient : “Tiens voilà un Sainte-Terrer !”, un Saunterer, un pèlerin en route pour la Terre sainte. […] D’autres, cependant, pensent que le mot est dérivé de l’expression sans terre, sans pays ni foyer, ce qui signifie donc, dans le bon sens, qu’en n’ayant pas de maison à soi, on se sent chez soi partout. Et c’est bien là le secret d’une promenade réussie. […] Il est vrai que de nos jours nous ne sommes que des croisés au cœur faible... Il faudrait peut-être se lancer dans la plus courte des balades, emplis de l’esprit d’une immortelle aventure, sans espoir de retour, préparés à ne renvoyer dans nos royaumes désolés que nos cœurs embaumés en guise de reliques.

Auteur: Thoreau Henry David

Info: De la marche

[ randonnée ] [ promenade ]

 

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anticipation

Il y a de très fortes chances pour qu’en 1980 des machines géantes construisent des maisons en quelques jours ; les conducteurs d’automobiles pourront jouer aux cartes avec leurs passagers, car ils se dirigeront par radar ; nous irons, d’ailleurs, en vacances en hélicoptère, et, de même qu’aujourd’hui on déboulonne des rails, peut-être verrons-nous l’herbe pousser sur nos grandes routes. Nous pouvons prévoir aussi avec certitude que notre vie quotidienne sera transformée par l’utilisation de l’énergie solaire ; que nous voyagerons par fusée d’un continent à l’autre. Le cancer sera peut-être vaincu grâce à la télévision. Le journal s’imprimera directement à domicile, par un procédé semblable à celui de nos téléscripteurs. On se nourrira d’algues et des légumes pousseront dans des usines. Paris dans 25 ans : des gratte-ciel de 200 mètres au milieu d’îlots de verdure. L’avion atomique pourra voler 6 mois sans toucher terre. La transformation du globe. Des gulf-stream artificiels pour réchauffer les pôles. Le Sahara deviendra un jardin. De l’usine "presse-bouton" au "fonctionnaire électronique". L’ "ère des loisirs" replacera l’homme devant ses problèmes les plus essentiels. La seconde révolution industrielle qui se prépare – l’automation – le libérera plus complètement. Des machines commanderont aux machines. L’homme n’aura plus à se servir que de son cerveau.

Auteur: Lacôme Pierre-François

Info: Dans "Le futur sans fiction, notre vie dans 25 ans", publié en 1958

[ idéalisation ] [ progrès ] [ espoirs ] [ futur-ancien ] [ vingtième siècle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

anecdote

Bonaparte gravit le Saint-Bernard, monté sur un mulet, revêtu de cette capote grise qu'il a toujours portée, conduit par un guide du pays, montrant dans les passages difficiles la distraction d'un esprit occupé ailleurs, entretenant les officiers répandus sur la route, et puis, par intervalles, interrogeant le conducteur qui l'accompagnait, se faisant conter sa vie, ses plaisirs, ses peines, comme un voyageur oisif qui n'a pas mieux à faire. Ce conducteur, qui était tout jeune, lui exposa naïvement les particularités de son obscure existence, et surtout le chagrin qu'il éprouvait de ne pouvoir, faute d'un peu d'aisance, épouser l'une des filles de cette vallée. Le premier consul, tantôt l'écoutant, tantôt questionnant les passants dont la montagne était remplie, parvint à l'hospice où les bons religieux le reçurent avec empressement. A peine descendu de sa monture, il écrivit un billet qu'il confia à son guide, en lui recommandant de le remettre exactement à l'administrateur de l'armée, resté de l'autre côté du Saint-Bernard. Le soir, le jeune homme, retourné à Saint-Pierre, apprit avec surprise quel puissant voyageur il avait conduit le matin, et sut que le général Bonaparte lui faisait donner un champ, une maison, les moyens de se marier enfin, et de réaliser tous les rêves de sa modeste ambition.

Auteur: Thiers Adolphe

Info: Consulat et Empire

[ cadeau ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

persévérance

Une femme avait un procès au Parlement de Dijon. Elle vint à Paris, sollicita M. le garde des Sceaux, 1784 de vouloir bien écrire, en sa faveur, un mot qui lui faisait gagner un procès très juste ; le garde des Sceaux la refusa. La comtesse de Talleyrand prenait intérêt à cette femme ; elle en parla au garde des Sceaux : nouveau refus. Mme de Talleyrand en fit parler par la reine : autre refus. Mme de Talleyrand se souvint que le garde des Sceaux caressait beaucoup l'abbé de Périgord, son fils. Elle fit écrire par lui : refus très bien tourné. Cette femme désespérée résolut de faire une tentative, et d'aller à Versailles. Le lendemain, elle part ; l'incommodité de la voiture publique l'engage à descendre à Sèvres et à faire le reste de la route à pied. Un homme lui offre de la mener par un chemin plus agréable et qui abrège. Elle accepte, et lui conte son histoire. Cet homme lui dit : "Vous aurez demain ce que vous demandez." Elle va chez le garde des Sceaux, est refusée encore, veut partir. L'homme l'engage à coucher à Versailles, et, le lendemain matin, lui apporte le papier qu'elle demandait. C'était un commis d'un commis, nommé M. Etienne.

Auteur: Chamfort Nicolas de

Info: Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes, Garnier-Flammarion 1968 716 p.212

[ . ]

 

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obscurité

Quelques fines lueurs de clair de lune s'infiltraient dans les bois. Les comptonies voyageuses décrivaient un arc au-dessus de l'ancien sentier d'élagage, recouvrant les tiges de mûriers sauvages comme les lames d'une scie dans leur fourreau. Effluves de vinaigriers. Les branches de bouleaux et de peupliers luisaient légèrement. Une étroite trouée dans la canopée leur permettait d'avancer mieux que n'importe quel éclairage terrestre. Edgar se protégeait le visage des mains tandis que les ronces déchiraient ses vêtements. De temps à autre, il s'arrêtait pour appeler les chiens en frappant dans ses mains. Ils déboulaient, frottaient leurs museaux et leurs babines contre sa paume et disparaissaient à nouveau, sûrs d'eux dans la nuit. Il les suivait du regard, ombres parmi les ombres avant de se remettre en route. Il était environné de lucioles. Les voix qui les appelaient s'étaient perdues dans l'écorce de troncs d'arbres qui se balançaient dans la brise nocturne comme des coques de navire. Sans savoir pourquoi, il était certain qu'ils n'avaient pas tourné en rond. Le sens du vent, probablement, ou les rayons de lune qui se projetaient à l'ouest. Lorsqu'un bosquet de bouleaux surgit devant lui, là où il s'attendait à une brèche, il comprit qu'il était arrivé au bout du chemin ou qu'il s'en était éloigné.

Auteur: Wroblewski David

Info: L'Histoire d'Edgar Sawtelle

[ forêt ]

 

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mégapole

Calcutta est une ville de poussière. Quand on se promène dans ses rues, on voit sur les trottoirs des monticules de poussière hauts comme des dunes, où chiens et enfants restent assis à ne rien faire, tandis que des ouvriers en sueur défoncent le macadam à coup de pioches et de marteaux-piqueurs. Sans cesse on démolit les routes, soit pour la construction du nouveau métro soit pour tout autre raison obscure, comme le remplacement d'une canalisation qui ne marche pas par une autre qui ne marche pas mieux. Calcutta se met alors à ressembler à une oeuvre d'art contemporain dénuée de sens et de fonction, mais qui continue d'exister pour quelque raison esthético-ésotérique. Partout des tranchées et des tas de poussière donnent à la ville l'air d'avoir été pilonnée. Les vieilles maisons aux murs apaisés s'effritent en lente poussière, leurs portails jadis rutilants sont désormais rouillés. Du plafond des bureaux s'écaille la poussière; les bâtiments tombent en poussière, les routes se font poussière. Sans cesse, sous l'action arbitraire du vent, la poussière s'érige en formes nouvelles surprenantes, des formes sur lesquelles les chiens et les enfants restent assis à ne rien faire. Jour après jour, sans un murmure, Calcutta part en poussière, et jour après jour, Calcutta renaît de sa poussière.

Auteur: Chaudhuri Amit

Info: Une étrange et sublime adresse

[ cycles ]

 
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ufo

Ovni ou pas ?

En juin 1974 en début de nuit ; Je m’étais arrêté au bord d’une route et marchais vers une petite clairière d’un bois tout proche afin d’écouter si les chouettes hulottes se signalaient par leurs cris caractéristiques, (je suis ornithologue amateur).
Après quelques minutes mon attention fut attirée par une "lumière" bleutée dans le ciel et une sorte de sifflement très faible qui provenait de cet "objet".
J’oubliais les rapaces et j’observais ce disque qui restait totalement immobile, à une distance d’une centaine de mètres, mais difficile à évaluer. Une variation de couleurs, accompagnée du sifflement se produisait par intervalles.
Je ressentais un malaise indéfinissable, comme face à une menace ! ( je ne peux réellement pas définir cette peur, une sorte d’alerte accompagnée de frissons )
Après quelques minutes je retournais vers la voiture et aussitôt le disque s’est déplacé avec une accélération étonnante, et a disparu...
Je ne peux en dire plus sauf que l’angoisse a perduré pendant une dizaine de minutes et puis plus rien !
Je ne sais pas ce que j’ai vu et je n’essaye pas de convaincre... J'y suis retourné évidemment de nombreuse fois, pour les chouettes et autres nocturnes, mais le fameux disque n'a plus montré le bout de son nez. ;-)

Auteur: Jipi pseudo

Info: Compte-rendu exclusif pour FLP, 44 ans après l’événement. Merci à son auteur.

[ témoignage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

délivrance

Si je ne m'étais pas plongée dans les livres, dans les histoires et les légendes, dans les journaux, les rapports, si tout ce qui est communicable n'avait pas grandi en moi, j'aurais été une non-entité, une collection d'événements incompris. (Et cela aurait probablement été positif, j'aurai pu alors penser à quelque chose de nouveau). Ce que je peux voir, ce que je peux entendre, sont des choses que je ne mérite pas ; mais mes sentiments, ceux que je mérite vraiment, ces hérons sur les plages blanches, vagabonds nocturnes, errants affamés qui prennent mon cœur pour route. J'aimerais pouvoir lancer un appel à tous ceux qui croient en leur existence propre et en la forte nature de leurs pensées : soyez de bonne volonté ! Ces pièces de monnaie que vous faites tinter ensemble ont été retirées de la circulation, seulement vous ne le savez pas encore...

Admets que lorsque tu payes réellement, avec ta vie, tu ne le fais qu'au-delà de cette barrière, une fois que tu as dit adieu à tout ce qui t'est cher - points d'atterrissage et autres bases volantes,  ce n'est qu'à partir de là que tu te lance sur ton propre chemin, périple d'une étape imaginaire vers une autre, voyageur nécessairement insoucieux de sa destination.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: The Thirtieth Year: Stories. Trad Mg

[ langage prison ] [ libération ] [ oser ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

irresponsabilité

Leur idée – on peut dire la seule idée qui leur reste – c’est que le monde suit son chemin comme une locomotive lancée sur les rails, et dès qu’on leur demande de changer quoi que ce soit à ce qui est, ils parlent de retour en arrière. Supposez que demain – puisque nous sommes dans les suppositions, restons-y – les radiations émises sur tous les points du globe par les usines de désintégration modifient assez profondément leur équilibre vital et les sécrétions de leurs glandes pour en faire des monstres, ils se résigneront à naître bossus, tordus ou couverts d’un poil épais en se disant une fois de plus qu’on ne s’oppose pas au progrès. Le mot de progrès sera le dernier qui s’échappera de leurs lèvres à la minute où la planète volera en éclats dans l’espace. Leur soumission au progrès n’a d’égale que leur soumission à l’État, et elle a absolument le même caractère. Le progrès les dispense de jamais s’écarter d’un pas de la route suivie par tout le monde. L’État les décharge un peu plus chaque jour du soin de disposer de leur propre vie, en attendant le jour prochain – déjà venu pour des millions d’hommes en ce moment même – où il les exemptera de penser.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Dans "La liberté, pour quoi faire ?", éditions Gallimard, 1995, page 92

[ fatalisme ] [ résignation ]

 
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individuation

Mais les causes vraies et profondes de division étaient celles que la vie portait en elle. Car la vie est tendance, et l'essence d'une tendance est de se développer en forme de gerbe, créant, par le seul fait de sa croissance, des directions divergentes entre lesquelles se partagera son élan. Ce ce que nous observons sur nous mêmes dans l'évolution de cette tendance spéciale que nous appelons notre caractère. Chacun de nous, en jetant un coup d'oeil introspectif sur son histoire, constatera que sa personnalité d'enfant, quoique indivisible, réunissait en elle des personnes diverses qui pouvaient rester fondues ensemble parce qu'elles étaient à l'état naissant ; cette indécision pleine de promesses est un des plus grand charme de l'enfance. Mais les personnalités qui s'entrepénétrent deviennent incompatibles en grandissant, et, comme chacun de nous ne vit qu'une seule vie, force lui est de faire un choix. Nous choisissons en réalité sans cesse, et sans cesse aussi nous abandonnons beaucoup de choses. La route que nous parcourons dans le temps est jonchée des débris de tout ce que nous commencions d'être, de tout ce que nous aurions pu devenir. Mais la nature, qui dispose d'un nombre incalculable de vies, n'est point astreintes à de pareils sacrifices. Elle conserve les diverses tendances qui ont bifurqué en grandissant.

Auteur: Bergson Henri

Info: l'évolution créatrice, pp 100 et 101

[ fermeture ] [ fluide vital ] [ tâtonnements ] [ évolution ]

 

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