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parents-enfants

[...] les cauchemars, c'était désormais à notre tour d'en être victimes, cauchemars éveillés lorsque, enfermés dans notre chambre, portefeuilles et chéquiers sous l'oreiller, nous passions des heures aux aguets - sortira-sortira pas ?, rentrera-rentrera pas ? - à l'écoute du moindre grincement de parquet, du claquement de porte le plus sec, signe que notre adolescent débordait de vitalité. Ainsi vont les nuits des parents qui ont perdu toute autorité. Et je vous épargne les réveils en sursaut lorsque le téléphone sonne à pas d'heure et qu'un agent de police à la voix morne vous somme, oui vous somme, de venir récupérer votre rejeton mineur et fortement alcoolisé, ou bien même vous enjoint de l'y rejoindre dès potron-minet au prétexte qu'il a déposé plainte pour mauvais traitements. Contre vous, la plainte !, détail qui ne vous est transmis qu'une fois sur place évidemment.

Auteur: Sagnier Christine

Info: Roméo à la folie, p. 22-23

[ puberté ]

 

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fabrique de la demande

En premier lieu, pour convaincre les populations de donner leur adhésion pleine et entière à la technologie en question [du transhumanisme], ses promoteurs expliquent les avantages foudroyants que celle-ci va procurer. Malgré une présentation aussi avantageuse, des inquiétudes se font jour : des bouleversements aussi considérables que ceux annoncés doivent comporter des dangers, il y a certainement des effets néfastes à prendre en compte. Le discours change alors de tonalité : au lieu de mettre en avant la radicale nouveauté dont il fallait s’enchanter, il s’applique au contraire à montrer qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, que la technologie concernée s’inscrit dans la continuité de ce que l’homme, et même la nature, font depuis la nuit des temps. Enfin, pour les opposants qui n’auraient pas encore déposé les armes, arrive le troisième type d’argument : inutile de discuter, de toute façon cette évolution est inéluctable.

Auteur: Rey Olivier

Info: Dans "Leurre et malheur du transhumanisme"

[ discours contradictoire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

gloire

- Tu ne l'aimes pas beaucoup, Proust ?
- Il est tellement couvert d'amour... Il a tellement été aimé... depuis un siècle... Tu te demandes comment un petit baiser supplémentaire peut bien se loger sans se noyer dans ces litres de salive déposés depuis tant de temps... Ou alors tu te demandes ce qui peut bien encore respirer sous une telle quantité d'amour ! Comme s'il avait prévu l'étouffement auquel ce qu'il a écrit allait devoir faire face, par son asthme.
- Un asthme prémonitoire !
- Trop c'est trop.
- Au fond, c'est plutôt les proustiens que t'aimes pas !
- Mais comment veux-tu séparer le Proust d'aujourd'hui de ce que les proustiens en ont fait ?
- C'est le Proust de "La Recherche" ! L'amour de "La Recherche" est indivisible !
- Il aurait dû couper dans les réceptions... Dans "Guermantes"... Tu sens qu'il y a un travail éditorial qui n'a pas été fait... Mais je peux pas dire ça !

Auteur: Quintane Nathalie

Info: In "Ultra-Proust", éd. La Fabrique, p.7

[ littérature ] [ réévaluation ] [ rafraîchissement ] [ longueurs ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

extra-humain

Il existe trois odeurs en ce monde : l'odeur du maître, l'odeur des autres hommes, l'odeur de Titi, l'odeur des différentes races d'animaux (les lièvres qui sont parfois mais rarement grands et cornus, les oiseaux et les chats) et enfin l'odeur des choses. L'odeur du maître, celle des hommes, de Titi et de toutes les bêtes est une odeur vivante et brillante tandis que celle des choses est terne et noire. Quelquefois les choses ont l'odeur des bêtes qui les ont traversées, surtout si elles y ont déposé quelque chose, mais autrement les choses sont muettes. Nous autres chiens, nous aimons faire du bien aux choses. L'odeur du maître, tout le monde la connaît et il n'est pas nécessaire que j'en parle. Gare si une telle odeur n'existait pas en ce monde. Argo serait tenté de faire ce qui lui chante, ce qui serait mal. Cette odeur rassure, guide et protège. Titi dit pareil de l'odeur de son maître mais je ne la crois pas.

Auteur: Svevo Italo

Info: In "Le destin des souvenirs", éd. Payot-Rivages, p. 95

[ empreinte olfactive ] [ primat des sens ] [ arithmétique ] [ relativité ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

pensée

"Représentation"  signifie d’abord délégation. Un questionnement nouveau en découle : concevoir ce qui est mis, déposé dans la scène. Ce terme grec (skènè), porteur de négativité – étymologiquement un "lieu d’ombre et de ténèbres" - nous oriente. Comme le suggère le principe même du théâtre (terme venu des Grecs lui aussi) – "voir, examiner avec admiration" - la scène comme telle est un lieu vide, en attente de l’acteur et de la narration, c’est-à-dire d’un donné à voir et à entendre, qui empoigne le sujet.

S’il en est ainsi, si la scène recèle le pouvoir de montrer, cette remarque confirme le bien-fondé, pour l’Anthropologie dogmatique, d’en appeler à l’instance du Miroir, en quelque sorte le prototype de la scène, la structure théâtrale première. L’entrée de l’animal humain dans le lien spéculaire tel que circonscrit par la psychanalyse [...] signe l’avènement de la conscience réflexive, c’est-à-dire de la spéculation. En d’autres termes [...] : l’essor originaire du principe de Raison pour le sujet, c’est la spécularité.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 31-32

[ signification ] [ réflexivité ] [ image ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

langage

En effet, celui-ci est un édifice vaste et complexe caractérisé, au travers des structures grammaticales et syntaxiques qui le constituent, par une puissante imprégnation logique intrinsèque. Cette logique qui reflète le monde selon les modalités spécifiques des structures de notre cognition, les interactions que nous entretenons avec lui, et la matrice intersubjective qui constitue les rapports que nous entretenons avec nos semblables, les exprime autant qu'elle contribue à les architecturer. En la langue sont déposés les cadres schématiques de l'induction et de la causalité qui s'y sont sédimentés peu à peu au fil de l'éveil historique de la conscience humaine: ils s'y tiennent en état de veille constante, prêts à s'activer dès que la nécessité de leur concours est requise. C'est cette disponibilité hautement inflammable des structures logiques de la langue qui conduit parfois à leur activation fantomatique, sous des impulsions inconscientes dues à des conjonctions de sens inattendues ou à la nécessité impérative de donner un sens, par exemple, à l'intensité d'une détresse, donnant l'impression que quelque chose ou "quelqu'un" parle.

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du diable

[ imaginaire ] [ possession ] [ aliénation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

pensée-de-femme

La force que tu trouves, qui déferle d’un coup sur toi, dans cette chambre du quatrième étage du service d’hématologie de l’hôpital Robert-Debré, elle vient de plus loin que toi. Elle vient d’un temps très ancien, c’est ta part archaïque, primitive, qui d’un coup a pris les commandes. Tu l’ignorais, mais le 18 mars 2020, dans la chambre avec ton fils, tu n’étais pas seule : il y avait derrière toi une puissance rugissante, l’histoire de toutes les mères depuis les premiers temps du monde. Tu étais traversée par leur courage, leur énergie inébranlable, elles avaient déposé en toi, sans que tu le saches, un limon fait d’instinct de survie et de protection, et tu ne le savais pas, toi qui jusque-là n’avais pas eu besoin de te confronter à l’innommable, tu ne le savais pas mais tu étais une louve, tu avais des crocs, un corps très massif. En cet instant tu découvres que tu es aussi vaste que le monde, aussi vieille et puissante que la première des mères. Tu protèges ton fils. Tu le portes. Tu le secours.

Auteur: Tardieu Laurence

Info: D'une aube à l'autre

[ accouchant ] [ océanique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Gaule

Qu'entendre par identité de la France ? Sinon une sorte de superlatif, sinon une problématique centrale, sinon une prise en main de la France par elle-même, sinon le résultat vivant de ce que l'interminable passé a déposé patiemment par couches successives, comme le dépôt imperceptible de sédiments marins a créé, à force de durer, les puissantes assises de la croûte terrestre ? En somme un résidu, un amalgame, des additions, des mélanges. Un processus, un combat contre soi-même, destiné à se perpétuer. S'il s'interrompait, tout s'écroulerait. Une nation ne peut ÊTRE qu'au prix de se chercher elle-même sans fin, de se transformer dans le sens de son évolution logique, de s'opposer à autrui sans défaillance, de s'identifier au meilleur, à l'essentiel de soi, conséquemment de se reconnaître au vu d'images de marque, de mots de passe connus des initiés (que ceux-ci soient une élite, ou la masse entière du pays, ce qui n'est pas toujours le cas). Se reconnaître à mille tests, croyances, discours, alibis, vaste inconscient sans rivages, obscures confluences, idéologies, mythes, fantasmes… En outre, toute identité nationale implique, forcément, une certaine unité nationale, elle en est le reflet, la transposition, la condition.

Auteur: Braudel Fernand

Info: L'Identité de la France, tome 1 : espace et histoire. Introduction

[ définition ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lecture

Pourquoi lisons-nous, sinon dans l'espoir d'une beauté mise à nu, d'une vie plus dense et d'un coup de sonde dans son mystère le plus profond? L'écrivain peut-il isoler et rendre plus vivace tout ce qui dans l'expérience engage le plus profondément notre intellect et notre cœur? L'écrivain peut-il renouveler notre espoir de formes littéraires? Pourquoi lisons-nous sinon dans l'espoir que l'écrivain rendra nos journées plus vastes et plus intenses, qu'il nous illuminera, nous inspirera sagesse et courage, nous offrira la possibilité d'une plénitude de sens, et qu'il présentera à nos esprits les mystères les plus profonds, pour nous faire sentir de nouveau leur majesté et leur pouvoir? Que connaissons-nous de plus élevé que ce pouvoir qui, de temps à autre, s'empare de notre vie et nous révèle à nos propres yeux éblouis comme des créatures déposées ici-bas dans l'émerveillement? Pourquoi la mort nous prend-elle ainsi par surprise, et pourquoi l'amour? Encore et toujours, nous avons besoin d'éveil. Nous devrions nous rassembler en longues rangées, à demis vêtus, tels les membres d'une tribu, et nous agiter des calebasses au visage, pour nous réveiller; à la place nous regardons la télévision et ratons le spectacle.

Auteur: Dillard Annie

Info: En vivant, en écrivant

[ ouverture ] [ réflexivité ] [ délassement ]

 

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femmes-hommes

Dans son livre sur "Le drame baroque allemand" (éd. Suhrkamp, 1963) Benjamin cite de Paracelse cette première "composition mélancolique" : "La joie et la tristesse sont également nées d'Adam et Ève. La joie fut déposée dans Ève, et la tristesse dans Adam. Jamais plus ne naîtra un être humain aussi joyeux qu'Ève : et de même aucun homme ne sera jamais plus aussi triste que le fut Adam. Puisque les deux matières d'Adam et d'Ève se sont mêlées, la tristesse a donc été tempérée par l'allégresse et, de même, l'allégresse par la tristesse… La colère, la tyrannie, l'être furieux et, pareillement, la douceur, la vertu et la modestie viennent encore de l'un et de l'autre : les unes d'Ève, les autres d'Adam et c'est par mélange qu'elles se distribuent tout au long de leur progéniture." De cette chaîne des humeurs antédiluviennes ne subsiste qu'une répartition inégale, mais encore l'impossibilité de remonter "tout au long" l'histoire jusqu'à ces corps premiers. Ne reste donc qu'une chute dans l'histoire. C'est donc sur ce corps quadrillé, poreux, écartelé et déséquilibré, celui des quatre humeurs fondamentales, que la tradition iconographique de la mélancolie aurait arrêté son espèce de morale. Une figure dévouée à sa répartition morale.

Auteur: Scheffer Jean Louis

Info: L'espèce de chose mélancolie, p. 9

[ originels ] [ complémentaires ] [ tao ]

 

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