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injonction

Le ciel renouvelle ses eaux, s'arrête pour mieux les compter, et recommence. Le ciel est en travaux pratiques. Debout au seuil du vide, c'est à toi que je parle, que je ne connais pas, que j'espère du fond de la caverne. Je te cherche, je te crie, je t'appelle. Nettoie les avoirs, les pillages, les hideurs. Arrête les agitations, les verbiages, les illusoires rassemblements, les réseaux de basses-cours, les discours menteurs, les sentences insensées, les égoïsmes barbares, les suffisances mortelles. Libère la respiration primale, la parole nue, la silencieuse, la pudique, l'exemplaire qui sonne clair comme un bol tibétain. Lave la vie aux hautes sources, conduits à l'indivisible. Et si je ne te sais, si je ne sais t'entendre, laisse rugir ton silence, l'écho sacré.

Auteur: Eniger Ile

Info: Rugir

[ . ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

bavarde

Elle parlait, elle parlait, elle parlait, elle parlait. Et elle venait me parler encore. Je suis maîtresse dans ma maison. Et cette grosse servante ne faisait rien d’autre que parler, parler, encore parler. Elle était partout où je me trouvais, elle arrivait et commençait à parler. Elle parlait de tout et de rien, ça lui faisait le même effet. La renvoyer pour ça ? J’aurais dû lui payer ses trois mois. En plus, elle était bien capable de me jeter un mauvais sort. Et jusque dans la salle de bains : et ci et ça et autre chose. Je lui ai enfoncé la serviette dans la bouche pour qu’elle se taise. Elle n’est pas morte de ça, mais de ne plus pouvoir parler : les paroles ont éclaté à l’intérieur.

Auteur: Aub Max

Info: Crimes exemplaires

[ casse-pieds ] [ meurtre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

prophétie

Aujourd'hui l'incognito est mort tué par les photographes de presse, avec eux, comme avec les mitrailleurs, personne ne passe plus ; les héroïsmes, les vices deviennent propriété internationale, et l'être visé, dépossédé de son mystère, vidé de son secret, avoue à des millions d'exemplaires par tous ses traits, par toute sa personne, par sa pauvre figure qu'il cache en vain de la main. Les objectifs des cameramen américains sont des yeux sans paupières, mais aussi des yeux sans âme, sans discernement et sans pitié. Au moment où Hollywood affirme la prépotence de l'amour, il rend impossible cet arcane suprême. La photographie est pire que l'éloquence; elle proclame que rien n'est impénétrable, que rien n'est inavouable et que rien n'est voilé.

L'homme de demain aura-t-il droit à tout, sauf à l'ombre ?

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset, p.24)

[ images ] [ voyeurisme ] [ indiscrétion dominante ] [ interrogation ]

 

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idéogrammes

Jusqu'à ce que s'instaure l'usage des expositions de calligraphie, l'accès aux documents authentiques était très limité, d'autant plus que les empereurs n'hésitaient pas à user du droit de l'Etat sur les "biens culturels". Par exemple, l'empereur Tai-zong, des Tang, ordonna en 636 de rassembler, pour ses collections, tous les exemplaires de l'écriture de Wang Xizhi. On trouva près de trois mille manuscrits, qui furent réunis en volumes, mais le Lan ting xu manquait. On supposait qu'un moine l'avait hérité de son maître, descendant de l'auteur. Un haut fonctionnaire envoyé en mission auprès de lui gagna sa confiance, obtint de voir le manuscrit et le confisqua. L'empereur le fit copier par les plus grands calligraphes de sa cour et, quand il mourut en 649, l'original du Lan ting xu fut enterré avec lui.

Auteur: Alleton Viviane

Info: L'écriture Chinoise, (suite des aventures du manuscrit) pp. 100-101

[ anecdote ] [ historique ] [ Chine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

impression de lecture

- Il parle de quoi, là, votre bouquin ? [Pnine, de Nabokov]

- C’est sur la solitude. On pleure.

- Ah bon ?

- Excusez-moi, je ne sais pas raconter une histoire.

- Vous êtes sincère, en tout cas. Dès qu’on est sincère, on a l’air un peu idiot. J’ai connu ça.

- Un émigré russe aux États-Unis. Un vieux professeur à qui il n’arrive que des malheurs. Un homme bon et distrait, terriblement distrait. Presque un savant, on pourrait dire. Mais ce qu’il connaît ne sert à rien. Personne ne l’écoute. Il a une atroce nostalgie de son pays natal. Remarquez, c’est un livre drôle, bourré d’humour, comme tous les romans de Nabokov, mais rien à faire, on pleure. Regardez, mon exemplaire est presque trempé. Touchez, vous allez voir.

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: "L'ombre des forêts", éditions L'Atteinte, Metz, 2022, pages 110-111

[ résumé ] [ émotion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Cependant le principal mérite de Houellebecq n'est pas là. Si on le lit avec entrain, c'est qu'on est convaincu presque d'emblée qu'on n'a pas affaire, pour une fois, à la pistrouille idéologique coutumière. Voilà quelqu'un qui (...) en tous cas ne se plie pas à ces exigences de la bien-pensance qui rendent illisibles la plupart des livres qui paraissent aujourd'hui, surtout les romans. On a enfin l'impression avec lui, de quelqu'un qui parle du monde comme il est, sans soumettre son regard, préalablement, aux exigences de la religion d'état médiatique. Il ne croit rien de ce qu'il faut croire pour avoir la paix, il ne dit rien de ce qu'il faut dire pour être aimé - ce que nonobstant il vend trois cent mille exemplaires de ses ouvrages et il est adulé par la critique : on peut dire qu'il est plus doué que moi !


Auteur: Camus Renaud

Info: Sommeil de personne : journal 2001, p. 439

[ libre ] [ séditieux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

création

Il faut élargir la notion de style à celle de rythmes et de formes, un "style d’être", disait Maurice Merleau-Ponty dans ses Causeries radiophoniques de 1949. La voie des rythmes ouvre la voie des nerfs : plus qu’une sismographie, c’est la force de donner une forme, le désir d’une nouvelle formule d’être. C’est à cette force qu’en appelle Michaux lorsque rendant visite en 1957 à Unica Zürn, cas de schizophrénie soigné par Ferdière à l’hôpital Sainte-Anne, il lui amène du papier et de l’encre. Celle qui le nomme l’homme-jasmin trouvera une forme, un rythme, un nouvel équilibre, un style impensé grâce à un livre ponctué d’anagrammes. A chacun sa forme, à chacun son tempo, en variation constante, en vibrations toujours nouvelles. Pour Michaux, en 1971, la formule magique emprunte le style d’un aphorisme qu'il annota en dédicace au médecin Julian de Ajuriaguerra dans son exemplaire de Poteaux d’angles : "Avec de bons proverbes / Un fou résisterait à la folie".

Auteur: Pic Muriel

Info: "Cependant que je me désunis". Henri Michaux et le devenir-cas, dernier paragraphe

[ thérapie ] [ écriture ]

 
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chaîne des signifiants

Ainsi, ce que signifie le conte de la Lettre volée [d'Edgar Allan Poe], c’est que le destin, ou la causalité, n’est rien qui puisse se définir en fonction de l’existence. On peut dire que, quand les personnages s’emparent de cette lettre, quelque chose les prend et les entraîne qui domine de beaucoup leurs particularités individuelles. Quels qu’ils soient, à chaque étape de la transformation symbolique de la lettre, ils seront définis uniquement par leur position envers ce sujet radical, par leur position dans un des CH3. Cette position n’est pas fixe. Pour autant qu’ils sont entrés dans la nécessité, dans le mouvement propre à la lettre, ils deviennent chacun, au cours des scènes successives, fonctionnellement différents par rapport à la réalité essentielle qu’elle constitue. En d’autres termes, à prendre cette histoire sous son jour exemplaire, pour chacun la lettre est son inconscient. C’est son inconscient avec toutes ses conséquences, c’est-à-dire qu’à chaque mouvement du circuit symbolique, chacun devient un autre homme.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre II", page 231

[ interprétation ] [ théâtre humain ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sérendipité

La fonction de bibliothèque est fondée sur un malentendu, à savoir qu’on irait à la bibliothèque pour chercher un livre dont on connaît le titre. […] mais il n’y a rien de plus révélateur et de plus passionnant que d’explorer des rayons […] et de trouver à côté du livre qu’on était allé chercher un autre livre qu’on ne cherchait pas et qui se révèle être fondamental (Umberto Eco, De Biblioteca - L'échoppe- 1986).

Ainsi je me souviens très bien que, cherchant un livre de Gary, j’ai découvert Sylvie Germain. C’était à la librairie Compagnie, dans cet antre magnifique occupé par Mme Josette Vial. Une autre fois, voulant racheter un exemplaire des Maximes, mon œil rencontra non le noble patronyme du duc de La Rochefoucauld, mais le nom aquatique de la romancière Linda Lê. La chose advint cette fois-ci à la Terrasse de Gutenberg à l’heure de la fermeture, dans cette belle librairie du faubourg Saint-Antoine tenue par une autre Circé, Michelle Farradou.

Auteur: Ladjali Cécile

Info: Ma bibliothèque : Lire, écrire, transmettre

[ littérature ] [ citation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

enfance

Je me suis construit contre le héros qu'on m'imposait, enfant. Par exemple, vous me dites Le petit chose, et je vois un enfer noir comme la nuit, mais avec du brouillard qui serait noir ! Il faut ajouter Poil de carotte, La petite fille aux allumettes, Sans famille, et l'horreur des horreurs: Mateo Falcone... L'histoire d'un petit garçon en Corse qui rencontre un bandit qui s'est échappé. Les gendarmes arrivent et l'achètent en lui donnant une montre, pour qu'il le dénonce. Le père voit la montre et demande à son fils ce qui s'est passé, puis le tue, parce qu'il a trahi. Voilà le héros exemplaire que j'avais. C'était d'un sinistre... En face il y avait Le petit prince. Je déteste le Petit prince. Spécialement la séquence "Apprivoise-moi". C'est une leçon d'hypocrisie, de manipulation, qui reflète tellement la prise en main des adultes sur les enfants que dès le départ j'ai éprouvé de la haine pour ce truc qu'on me lisait assez souvent.

Auteur: Ponti Claude

Info: Télérama N° 3332, novembre 2013, Dossier Les héros nous veulent-ils du bien, Salon du livre jeunesse de Montreuil

[ convention ] [ obligation ]

 

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