Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 210
Temps de recherche: 0.0834s

castes

Avant l’avènement de la société de classes au XIXe siècle, le monde social semblait ordonné telle une "grande chaîne des êtres", au sein de laquelle chaque personne pouvait trouver sa place sur un continuum allant de la plus insignifiante créature jusqu’à Dieu lui-même. Cette scala naturæ légitimait l’ordre social et politique. Le système hiérarchique s’affirmait ainsi comme naturel et de toute éternité. La supériorité de la noblesse sur la roture se lisait dans le fait que les premiers étaient, sur l’échelle céleste, plus près de Dieu que les seconds. Les rangs avaient été ordonnés par la divine Providence. Sortir de la place que nous avait octroyée la création, c’était donc s’opposer à la volonté divine. Chaque être se devait d’évoluer dans un monde d’objets et de manières propres à son rang. Ainsi, des lois somptuaires signifiaient le code de consommation imposé à chaque catégorie sociale. À chaque ordre, son costume, sa demeure et sa nourriture. Consommer au-dessus de son rang, c’était se rebeller contre l’ordre naturel et commettre un péché. Le luxe affiché par la noblesse et les monarques offrait "bien moins l’expression d’une jouissance personnelle que l’accomplissement d’un devoir d’être"*. Pour s’élever, le bourgeois, après avoir accumulé une fortune suffisante, devait s’anoblir et transmuter ainsi une "quantité d’avoir en qualité d’être". 

Auteur: Galluzzo Anthony

Info: Dans "La fabrique du consommateur", éd. La découverte, Paris, 2020, *citation de Philippe Perrot, Le Luxe, p. 46.

[ histoire ] [ strates sociétales ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

introspection

A pousser les choses à l’extrême, on peut concevoir un inconscient-réserve. Il faut bien admettre qu’il n’y a chez quiconque aucune élucidation exhaustive de l’inconscient, quelque loin que soit poussée une analyse. Cette réserve d’inconscient admise, on peut concevoir fort bien que le sujet averti, précisément par l’expérience de l’analyse didactique, sache, en quelque sorte, en jouer comme d'un instrument, comme de la caisse du violon dont par ailleurs il possède les cordes. Ce n'est tout de même pas d'un inconscient brut, qu'il s'agit chez lui, mais d'un inconscient assoupli, d'un inconscient plus l'expérience de cet inconscient.

[…] il reste pourtant à sentir la nécessité légitime d’élucider le point de passage par où cette qualification est acquise, et où peut être atteint ce qui est affirmé par la doctrine comme étant, dans son fond, l’inaccessible à la conscience. […] Ce n'est pas qu'il soit accessible aux hommes de bonne volonté - il ne l'est pas. C'est dans des conditions strictement limitées que l'on peut l'atteindre, par un détour, le détour de l'Autre, qui rend nécessaire l'analyse, et réduit de façon infrangible les possibilités de l'auto-analyse.

[…] Toute découverte de son propre inconscient se présente comme un stade de la traduction en cours d'un inconscient qui est d'abord inconscient de l'Autre.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Le séminaire, livre VIII : Le transfert, pages 217-218

[ miroir ] [ impensable ]

 
Commentaires: 1

ambition

Sans doute le moins estimable des rêves de jeunesse est-il le désir de célébrité D'abord parce que la célébrité est une indication quantitative et non qualitative. L'ampleur n'en est à aucun degré proportionnelle (ni directement ni inversement, d'ailleurs) au bien-fondé du motif pour lequel elle se met à draper un quidam. En d'autres termes, c'est une grandeur, ce n'est pas une valeur. Ensuite parce que c'est un désir de dupe. Dans un double sens. Le premier, qu'elle ne nous paraît jamais suffisante. J'ai connu des écrivains, des savants, des peintres jouissant d'une gloire mondiale et qui, du lever au coucher, s'épuisaient en propos envieux et en dénigrements obsessionnels envers des rivaux fort éloignés d'égaler leur réputation. Ils ne suspendaient l'étalage de leur aigreur que pour détailler à leur auditoire tous les articles du catalogue récent des témoignages d'admiration dont ils avaient eux-mêmes été l'objet. Je les voyais, en somme, d'autant plus malheureux qu'ils étaient plus illustres. Leur célébrité détruisait leur sérénité. Elle la rongeait aussi dans un deuxième sens. Pour un auteur, un chercheur, un artiste, la célébrité transforme le monde extérieur en source intarissable d'extermination de leurs forces et de leur liberté. Elle met en pièces chaque jour ce loisir intérieur, l'otium des Anciens, cette réserve spirituelle de silence et d'énergie sans laquelle ne naît point d'oeuvre, ni même d'envie d'en faire.

Auteur: Revel Jean-François

Info: Mémoires/Plon 1997, p.637-638

[ dérisoire ]

 

Commentaires: 0

histoire

Lorsque René Guénon mentionne Lyon comme l’un des centres contre-initiatiques répartis dans le monde, souvenons-nous que cette ville, Lugdunum dans l’Antiquité, fut la capitale gallo-romaine, le cœur sacré des Gaules. Sa légende de fondation raconte qu’après avoir été chassés du pouvoir par un certain Seseroneos, deux frères, Momoros et Atepomaro, se rendirent sur une colline située près de la Saône qu’on appelait alors l’Arat pour y fonder une nouvelle cité. Alors que les ouvriers commençaient tout juste à creuser les fondations, des corbeaux firent leur apparition dans les cieux, couvrant les arbres environnants. Momoros décida alors de donner à la ville le nom de Lugdounon car dans sa langue, lougos désignait le corbeau et dounon un "lieu élevé". Selon les historiens, cette étymologie serait fantaisiste et relèverait avant tout du folklore puisque dunum est un mot gaulois désignant à l’origine une hauteur fortifiée puis, plus pacifiquement, une bourgade et que Lug, loin d’évoquer le corbeau, renverrait plutôt au dieu Lug du panthéon celtique, dieu du soleil et de la lumière. Mais dans le fond, il n’y a pas contradiction. Lug était l’équivalent celtique d’Hermès et d’Apollon et, dans la tradition celtique, le corbeau désigne le messager des dieux, comme Hermès chez les Grecs. Quant au "lieu élevé", le "haut lieu", le cairn, nous avons constaté à de nombreuses reprises qu’il désigne symboliquement un substitut de la "montagne sacrée".

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle" page 659

[ naissance ] [ signification ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

grégaire

L'humanisme a pour fin la liberté dans le sens plein du mot, laquelle dépend avant tout d'un jugement hardi contre les apparences et prestiges. Et l'humanisme s'accorde au socialisme, autant que l'extrême inégalité des biens entraîne l'ignorance et l'abrutissement des pauvres, et par là fortifie les pouvoirs. Mais il dépasse le socialisme lorsqu'il décide que la justice dans les choses n'assure aucune liberté réelle du jugement ni aucune puissance contre les entraînements humains mais au contraire tend à découronner l'homme par la prépondérance accordée aux conditions inférieures du bien-être, ce qui engendre l'ennui socialiste, suprême espoir de l'ambitieux. L'humanisme vise donc toujours à augmenter la puissance réelle en chacun, par la culture la plus étendue, scientifique, esthétique, morale. Et l'humaniste ne connaît de précieux au monde que la culture humaine, par les oeuvres éminentes de tous les temps, en tous, d'après cette idée que la participation réelle à l'humanité l'emporte de loin sur ce qu'on peut attendre des aptitudes de chacun développées seulement au contact des choses et des hommes selon l'empirisme pur. Ici apparaît un genre d'égalité qui vit de respect, et s'accorde avec toutes les différences possibles, sans aucune idolâtrie à l'égard de ce qui est nombre, collection ou troupeau. Individualisme, donc, mais corrigé par cette idée que l'individu reste animal sous la forme humaine sans le culte des grands morts. La force de l'humanisme est dans cette foule immortelle.

Auteur: Alain

Info: Mars ou la guerre jugée, Les Passions et la Sagesse, la Pléiade, nrf Gallimard 1960, p.626

[ hellénisme ] [ sagesse ]

 

Commentaires: 0

évolution sémantique

A l’époque du Nouveau Testament, c’est-à-dire aux environs du 1e siècle, le mot dogma présente, dans la langue grecque de la révélation, deux sens principaux : le sens juridique de décret (Luc, II, 1) qui a tendance à s’effacer, et le sens d’opinion, le plus fréquent [...]. [...]

La première attestation de dogma au sens de décret conciliaire, mais sans spécification doctrinale explicite, se rencontre dans les Actes des Apôtres (XVI, 4) pour désigner les décisions du Concile de Jérusalem [...]. [...] Chez Clément d’Alexandrie et chez Origène, le terme désigne l’ensemble de l’enseignement chrétien. Au IVe siècle et surtout au Ve, le sens se spécialise et commence à s’appliquer aux "seules vérités qui sont l’objet de la foi, et qui sont nettement distinguées des lois ou obligations enseignées par la révélation chrétienne". [...] Il faut cependant conclure que "c’est au XVIIIe siècle seulement que les documents ecclésiastiques emploient le mot dans son sens moderne strict ; encore parlent-ils des dogmes ou de tel dogme, non du dogme, comme on le fait depuis le XIXe siècle" [Yves Congar, La foi et la théologie, page 55]. Ainsi, et bien qu’on ne puisse mettre en doute l’importance et l’aprêté des discussions terminologiques au cours des premiers siècles, on doit constater que l’accentuation du caractère limitatif et contraignant des définitions précisément dites "dogmatiques" est chose fort tardive dans l’histoire du christianisme occidental.

Auteur: Borella Jean

Info: "Esotérisme guénonien et mystère chrétien", éditions l’Age d’Homme, Lausanne, 1997, pages 106-107

[ historique ] [ signification ] [ étymologie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

autodestruction

Oh que vous me direz... le gaz voyons ! vous vous plaignez du gaz ?... mais passez-vous vous-même au gaz !... hardi ! lisez votre "journal habituel"... les gens qui peuvent plus se passent au gaz !... la belle affaire ! pensez que j'en connais un petit bout, trente-cinq ans de pratique !... ils réussissent pas tous les coups, de loin ! de loin ! on les ranime !... plus grave : meurent pas mais souffrent énormément !... et pour partir et pour revenir !... mille morts, mille re-vies ! et l'odeur !... les voisins accourent !... ils foutent le bordel dans votre case ! s'ils ont trop volé... hop ! le feu !... le feu aux rideaux !... vous voilà encore à souffrir en plus d'asphyxie des brûlures !... un comble !... non ! le gaz est pas une bonne affaire !... le plus sûr moyen croyez-moi, j'ai été consulté cent fois : le fusil de chasse dans la bouche ! enfoncé, profond !... et pfang !... vous vous éclatez le cinéma !... un inconvénient : ces éclaboussures !... les meubles, le plafond ! cervelle et caillots... j'ai, je peux le dire, une belle expérience des suicides... suicides réussis et ratés... la prison peut vous aider ! vous biffer aussi l'existence !... certes ! forteresse à supprimer le Temps !... suicide petit à petit... mais tout le monde peut pas être prisonnier dans l'existence ordinaire...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: D'un château l'autre 1957/Romans/la Pléiade/Gallimard996<p.29>

[ libération ]

 

Commentaires: 0

déclaration d'amour

Être avec les gens qu'on aime, dit Jean de La Bruyère, cela suffit. Rêver leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d'eux, tout est égal, on se sent bien. Ô ma chérie, que cela est vrai ! Et qu'il est vrai aussi qu'on en prend tellement l'habitude, que cela devient une partie nécessaire de l'existence ! Hélas ! Je sais bien, je dois savoir trop bien, depuis trois mois que je suis loin de toi, que je ne te possède plus, que mon bonheur gémit. Chaque matin, lorsque je me réveille, je te cherche ; il me semble que la moitié de moi-même manque, et cela est trop vrai. Vingt fois dans le jour je me demande où tu es : juge combien l'illusion est forte, et qu'il est cruel de la voir disparaître ! Lorsque je me couche, je ne manque pas de te faire ta place ; je me pousse tout près du mur, et laisse un grand vide dans mon petit lit. Ce mouvement est machinal, ces pensées sont involontaires. Ah ! Comme on s'accoutume au bonheur ! Hélas ! On ne connaît son bonheur que lorsqu'on l'a perdu ; et je suis sûr que nous ne savons combien nous sommes nécessaires l'un à l'autre, que depuis que la foudre nous a séparés. Tu me manques terriblement, je t'embrasse tendrement mille fois.

Auteur: Mirabeau Honoré Riqueti comte de

Info: Lettres à Sophie Ruffei 1777-1780

[ . ]

 

Commentaires: 0

inactivité

À l'évidence, la mondialisation qui submerge notre monde moderne est un modèle hyperactif, hyperfinancier, perpétuellement à la recherche de progrès. Elle est dominée par l'Amérique, donc sous le joug de la position protestante. C'est sans doute pour cette raison que la notion de loisir a remplacé celle de vacances (étymologiquement : "vide"). Le vocable "loisir" vient du verbe latin licere signifiant "permettre". Littéralement, le loisir est ce qui est loisible, donc ce qui est permis. D'ailleurs, à l'armée comme à l'hôpital, quand on veut s'absenter, on sollicite une permission, la fameuse perm' bien connue des bidasses comme des malades.
De nos jours, si ne pas travailler est (à la rigueur) autorisé, voire recommandé, ne rien faire, vaquer, être en vacance est mal vu. La cessation de travail ne signifie plus farniente, mais présuppose que l'on s'adonne à une autre activité. Flemmarder au soleil n'est plus à la mode. Vive les séjours à thème, les voyages sportifs ou culturels, les clubs Méditerranée où le GM pris en charge de matin au soir court de compétitions sportives en animations soi-disant culturelles ! La loi sur les trente-cinq heures a d'ailleurs constitué un signal fort dans ce sens et il est reconnu que ce sont les magasins de bricolage et de sport (et, en conséquence directe, la petite chirurgie et les urgences) qui en ont le plus bénéficié sur le plan commercial.
Cesser de travailler signifie s'activer autrement.

Auteur: Lemoine Patrick

Info: S'ennuyer, quel bonheur !

[ chômage ] [ occupation ]

 

Commentaires: 0

passe-temps

À l'évidence, la mondialisation qui submerge notre monde moderne est un modèle hyperactif, hyper financier, perpétuellement à la recherche de progrès. Elle est dominée par l'Amérique, donc sous le joug de la position protestante. C'est sans doute pour cette raison que la notion de loisir a remplacé celle de vacances (étymologiquement : " vide "). Le vocable " loisir " vient du verbe latin licere signifiant " permettre ". Littéralement, le loisir est ce qui est loisible, donc ce qui est permis. D'ailleurs, à l'armée comme à l'hôpital, quand on veut s'absenter, on sollicite une permission, la fameuse perm' bien connue des bidasses comme des malades.
De nos jours, si ne pas travailler est (à la rigueur) autorisé, voire recommandé, ne rien faire, vaquer, être en vacance est mal vu. La cessation de travail ne signifie plus farniente, mais présuppose que l'on s'adonne à une autre activité. Flemmarder au soleil n'est plus à la mode. Vive les séjours à thème, les voyages sportifs ou culturels, les clubs Méditerranée où le GM pris en charge de matin au soir court de compétitions sportives en animations soi-disant culturelles ! La loi sur les trente-cinq heures a d'ailleurs constitué un signal fort dans ce sens et il est reconnu que ce sont les magasins de bricolage et de sport (et, en conséquence directe, la petite chirurgie et les urgences) qui en ont le plus bénéficié sur le plan commercial.
Cesser de travailler signifie s'activer autrement.

Auteur: Lemoine Patrick

Info: S'ennuyer, quel bonheur !

[ occupation ]

 

Commentaires: 0