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sciences-exactes

On a souvent dit, non sans raison, que les chercheurs en sciences de la nature étaient de piètres philosophes. S'il en était ainsi, le physicien ne ferait-il pas mieux de laisser au philosophe le soin de philosopher ? Cela est sans doute vrai dans les périodes pendant lesquelles les physiciens croient disposer d'un système solide et incontesté de concepts fondamentaux et de lois fondamentales ; mais il en va autrement à une époque où toute l'assise de la physique est remise en question, comme c'est le cas aujourd'hui. A une pareille époque, où l'expérience le contraint à chercher des bases nouvelles et inébranlables, le physicien ne peut tout simplement abandonner à la philosophie l'examen critique des fondements de sa science, car il est le mieux placé pour savoir et sentir où le bât blesse ; dans sa recherche d'une assise nouvelle, il doit s'efforcer, autant qu'il peut , de prendre conscience de la pertinence, voire de la nécessité, des concepts dont il fait usage.

Auteur: Einstein Albert

Info:

[ sciences-dures ]

 

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nativité

S'il existe quelque lecteur de ces pages, dont il n'est pas impossible qu'elles resteront sur cette table, inachevées, dispersées, distraites ; s'il existe et caetera, je dois expliquer, si d'aventure il en est besoin, ce que je souhaite et ai l'intention de faire. Je mijote d'entrer dans la crèche, au même titre que ceux qui la peuplent à cette heure. Le projet est intellectuellement complexe parce qu'il implique des conséquences subtiles, ingénieuses, extravagantes. Non, il ne me suffit pas de regarder la crèche. Si j'y entre, je deviendrai une partie de Noël, comprenez-vous ? Je serai homologue - vocable misérable mais sociologiquement accrédité - de l'enfant. Je serai nécessaire à la représentation sacrée, d'où découle qu'une partie du sens, mais chaque partie est essentielle, sera remise entre mes mains ; je serai un compagnon de la Mère, du Père, du Berger n.1, du Berger n. 2, de la Pastourelle, de la Petite Vieille, du Ruisseau, du Boeuf, de l'Âne et de tous ceux qui voudront accourir à la célébration du début de la Signification.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "La crèche", éd. Trente-trois morceaux, p. 36-37

[ note d'intention ] [ subversion ] [ Jésus ] [ visée participative ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

industrie

Le vestiaire me fascine. Il fonctionne comme un sas et, tous les soirs, une métamorphose collective spectaculaire s'y produit. En un quart d'heure, dans une agitation fébrile, chacun entreprend de faire disparaître de son corps et de son allure les marques de la journée de travail. Rituel de nettoyage et de remise en état. On veut sortir propre. Mieux, élégant.
L'eau des quelques lavabos gicle en tous sens. Décrassage, savon, poudres, frottements énergiques, produits cosmétiques. Etrange alchimie où s'incorporent encore des relents de sueur, des odeurs d'huile et de ferraille. Progressivement, l'odeur des ateliers et de la fatigue s'atténue, cède la place à celle du nettoyage. Enfin, avec précaution, on déplie et on enfile la tenue civile : chemise immaculée, souvent une cravate. Oui, c'est un sas, entre l'atmosphère croupissante du despotisme de fabrique et l'air théoriquement libre de la société civile. D'un côté, l'usine :saleté, veste usée, combinaisons trop vaste, bleus tachés, démarche traînante, humiliation d'ordres sans répliques ( " Eh, toi!"). De l'autre, la ville : complet-veston, chaussures cirées, tenue droite et l'espoir d'être appelé "Monsieur".

Auteur: Linhart Robert

Info: L'établi

[ transmutation ] [ prolétariat ] [ apparence ]

 

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helvète

Cette Suisse, fière de sa pseudo démocratie directe, alors qu'elle n'était que la prostituée de la planète (35% de la fortune privée mondiale ici), structure complétement formatée, avec une population trop bien nourrie, un quadrillage social qui ne faisait plus confiance à personne, régulé, certifié à tous les étages, sans transversalité possible, qui s'auto confortait par un système vertical au sommet duquel tronaient les banques et les assurances, confortées par des politique qui n'avaient pour but que leur réélection (ce qui situait la profondeur de leurs idées), avec, en-dessous d'eux, des chefs de services cramponnés à leurs postes/salaires/retraites... Un système destiné à s'auto conforter, sans possibilité de remise en question, victime de son inertie.
Tenez : un simple conseiller en orientation professionnelle était supposé avoir fait un cursus universitaire complet en psychologie pour aider quelqu'un en difficulté à se dépatouiller dans la vie. Bref c'était partout le même hymne rigidifié des juriste, où on engageait volontiers des étrangers au postes clefs. Pourquoi ? Mais c'est beaucoup plus obéissant que les réfractaires de l'intérieur ces bestiaux là ! Un monde de morts vivants, avec des oeillères pointant vers une retraite confortable et bien méritée qu'on avait planifiée entre dix-neuf et vingt ans.

Auteur: Mg

Info: 26 nov. 2013

[ dénigrement ]

 

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remise en question

Je pense qu’il faut beaucoup d’humilité pour être écrivain.

Mon père m’en a donné l’exemple, qui était maréchal-ferrant et écrivait des tragédies, et qui ne considérait pas qu’écrire des tragédies fût plus que de ferrer des chevaux. Même, lorsqu’il était en train de ferrer des chevaux, il n’acceptait jamais qu’on lui dît : "Pas comme ça, mais comme ça. Tu t’es trompé." Il regardait avec ses yeux bleus, et souriait ou riait ; il secouait la tête. Mais lorsqu’il écrivait, il donnait raison à tout le monde pour n’importe quoi.

Il écoutait ce que lui disait quiconque, et, sans jamais secouer la tête, il donnait raison. Il était très humble dans son métier d’écrivain ; il disait qu’il prenait chez tous ; et il cherchait par amour pour son métier d’écrivain, à être humble en toute chose : à prendre chez tous en toute chose.

Ma grand-mère riait de ce qu’il écrivait :

- Quelles bêtises ! disait-elle.

Et de même ma mère. Elle riait de lui à cause de ce qu’il écrivait.

Seuls, mes frères et moi, nous ne riions pas. Je le voyais qui rougissait ; je voyais comme il baissait humblement la tête ; et de la sorte, j’apprenais.

Auteur: Vittorini Elio

Info: Dans "Les hommes et les autres", trad. Michel Arnaud, éd. Gallimard, 1947, page 153

[ vérité mouvante ] [ qualité essentielle ] [ père-par-fils ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Islam

Le concept de harem est intrinsèquement spatial, c'est une architecture où l'espace public, dans le sens occidental du terme, est inconcevable, car il n'y a qu'un espace intérieur où les femmes ont le droit d'exister et un espace masculin extérieur d'où les femmes sont exclues. C'est pour cela que la bataille actuelle de la démocratisation du monde musulman se focalise et tourne jusqu'à l'obsession autour du voile et l'enfermement symbolique des femmes (le monde arabe a l'un des prolétariats féminins les plus misérables du monde), et que dans les sociétés où la crise de l'Etat et sa remise en question sont radicales comme en Algérie, on n'hésite pas à tirer sur celle qui se dévoilent. Car l'accès des femmes dévoilées à la rue, l'école, le bureau et le Parlement est un acte hautement politique et révolutionnaire, comme une revendication immédiate, non-voilée d'un espace public. Une femme voilée accepte la règle, le voile signifie : "je traverse rapidement et secrètement cet espace que je reconnais être masculin". Celle qui se dévoile se revendique comme citoyenne, et bouleverse du coup toute l'architecture non seulement sexuelle mais aussi politique, recréant donc par ce petit geste symbolique un Etat musulman qui reconnait l'existence d'un espace public. [...]

Auteur: Mernissi Fatima

Info: Rêves de femmes : Une enfance au harem

[ féminisme ] [ femmes-hommes ]

 

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disparu en mer

Pouvoir se recueillir sur une tombe, y emmener les enfants et leur parler de leur père devant la dalle qui porte son nom, laisser vagabonder ses pensées en enlevant les mauvaises herbes ou peut-être se laisser aller une conversation chuchotée avec le mort sous terre, c'est une grâce qui n'est pas accordée à une veuve de marin . Elle reçoit un bout de papier officiel qui lui notifie que le bateau où son mari était embarqué ou qu'il commandait et possédait lui-même a sombré "corps et biens" - comme on dit avec cette sobriété qui, impersonnelle et implacable, met tous les êtres sur le même plan -, tel et tel jour, à tel et tel endroit, le plus souvent en pleine mer où il n'y a aucune chance de sauvetage. Avec les poissons pour seuls témoins. Il ne reste plus qu'à remiser ce papier au fond d'un tiroir. Voilà à quoi se résume l'enterrement d'un noyé.

Certes, elle peut se recueillir devant la commode. C'est la seule pierre tombale où elle puisse se rendre. Elle détient au moins ce certificat et, avec lui, une certitude, un point final, et aussi un commencement.

Car la vie n'est pas comme les livres. Il n'y a jamais de point final. 

Auteur: Jensen Carsten

Info: Nous, les noyés

 

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Ajouté à la BD par miguel

psychose

Le travail psychanalytique avec un enfant psychotique, c’est la remise en circuit d’une communication entre les trois personnes – père, mère, enfant – de sa scène primitive. Le transfert du psychanalyste sur leur enfant aide les parents. Son mode de travail, la recherche de l’interlocuteur enfermé dans la prison que leur enfant s’est construite modifie, parfois sous leurs yeux, l’habitus stéréotypé de l’enfant. [...]

Pour l’enfant psychotique lui-même, c’est autour des premières relations retrouvées comme celles d’un tout petit nourrisson avec ses parents, que le traitement commence à montrer ses fruits. La difficulté vient de ce que les enfants psychotiques ont à passer par des peurs paniques de vivre autrement, pour sortir d’une angoisse généralement colmatée. Ils passent, au début de traitement psychanalytique, et surtout dès que ce traitement est agissant, par des périodes agressives et déréglées dans leur comportement et dans leurs habitus viscéraux qui, très souvent, font suspendre le traitement, parce que ces troubles sont pris pour une contre-indication au traitement psychologique ou pour une maladie organique. Hôpital, examens, etc., le cycle angoissé des adultes reprend. De nouveau, on isole l’enfant, au lieu de continuer le traitement malgré les perturbations fonctionnelles ou somatiques, que le psychanalyste doit chercher à comprendre avec l’enfant comme un langage réactionnel à son angoisse de guérir.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, pages 228-229

[ psychanalyse ] [ déroulement ] [ étapes ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

divorce

Que sont, auprès de ces raisons naturelles en faveur de l’indissolubilité du lien conjugal, tous les motifs humains qu’on peut alléguer pour justifier la faculté de le dissoudre ! Qu’importe, après tout, que quelques individus souffrent dans le cours de cette vie passagère, pourvu que la raison, la nature, la société ne soient pas en souffrance ? Et si l’homme porte quelquefois avec regret une chaîne qu’il ne peut rompre, ne souffre-t-il pas à tous les moments de sa vie, de ses passions qu’ils ne peut dompter, de son inconstance qu’il ne peut fixer ; et la vie entière de l’homme de bien est-elle autre chose qu’un combat continuel contre ses penchants ? C’est à l’homme à assortir dans le mariage les humeurs et les caractères, et à prévenir les désordres dans la famille, par l’égalité de son humeur et la sagesse de sa conduite. Mais, lorsqu’il s’est décidé dans son choix contre toutes les lois de la raison, et uniquement par des motifs de caprice ou d’intérêt, lorsqu’il a fondé le bonheur de sa vie sur ce qui en fait le plaisir de quelques instants, lorsqu’il a empoisonné lui-même les douceurs d’une union raisonnable, par une conduite faible ou injuste ; malheureux par sa faute, a-t-il le droit de demander à la société compte de ses erreurs ou de ses torts ?

Auteur: Bonald Louis-Ambroise de

Info:

[ éviter ] [ travail sur soi ] [ efforts ] [ remise en question ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

États-Unis

Je crois que les civilisations sont faites pour les hommes et non pas les hommes pour les civilisations. Encore dois-je m’excuser d’employer ici le mot de civilisation, faute d’un autre, car il me paraît d’une signification beaucoup trop vaste, trop universelle pour désigner une expérience dont on n’ose pas encore dire qu’elle est manquée, parce que son échec total serait une catastrophe sans retour. C’est bien une expérience en effet. Cette prétendue civilisation ne prétend pas être un refuge pour l’homme, elle risque l’homme, elle se sert de lui comme d’un enjeu.  [...] Des millions et des millions d’hommes se demandent avec angoisse quel sera demain le sort d’une civilisation mécanique qui de mécanique en mécanique vient d’aboutir à l’invention ahurissante d’une mécanique à détruire toutes les mécaniques – d’une civilisation qui se dit civilisation de masse, et qui possède maintenant, avec la bombe atomique, le plus formidable moyen de destruction des masses que l’esprit humain ait jamais osé rêver. Une démocratie atomique, laissez-moi rire ! Pourquoi pas la bombe atomique remise à chaque électeur, en même temps que son bulletin de vote ?

Je me demande pourquoi la France devrait aujourd’hui se solidariser avec une telle civilisation, engager dans cette expérience insensée – insensée parce qu’irréversible – une tradition et une culture qui, précisément, s’opposent absolument, totalement, à une pareille conception de la vie.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Dans "La liberté, pour quoi faire ?", éditions Gallimard, 1995, pages 60-61

[ puissance occidentale ] [ résistance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson