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occident

Nous avons l'habitude de dire que l'Europe doit à Athènes pour la philosophie grecque et à Jérusalem pour le christianisme et rien à ces frustes romains qui n'ont fait que transmettre : le christanisme, la cultue hellénique, mais encore l'architecture (étrusque), le droit (moyen-Orient), etc. Faux répond Rémi Brague, les romains ont transmis deux choses essentielles qui ont excité l'esprit européen sans lesquelles ils ne serait pas ce qu'il est : le sentiment d'infériorité (ils avaient conscience de la supériorité de la culture et de la langue grecque) et celui de devoir apporter ces connaissances aux autres populations. Comme les romains, les européens ont hérité d'un savoir qu'ils n'ont pas produit et qui les a rendus humbles, mais désireux de s'élever à la hateur du prestige grec. En somme, de devenir des grecs. Cette impulsion les a incités à conserver les textes anciens, pour les admirer, mais surtout pour les redécouvrir. De là les nombreuses Renaissances (carolingiennes, XII-XIIIème siècle, humaniste, des Lumières, etc). Le drame, c'est que les européens ont fini par devenir des grecs... En créant leur propre science et leur propre culture, mais surtout en la tenant pour supérieure et comme leur appartenant en propre, ils ont éliminé à la fois le sentiment d'infériorité et la volonté de communiquer le savoir qu'ils jugeaient prestigieux... Comme pour les grecs, et au contraire des romains, les européens considèrent que leur civilisation leur appartient et la défendent bec et ongles, pour eux-mêmes... Le risque ? Le repli, l'atrophie. On sait ce qui est arrivé aux grecs. La raison de ce changement ? Peut-être l'abandon des humanités qui ne permet plus la prise de distance par rapport au monde quotidien. Les méthodes pour changer ? Un peu d'humilité, un peu plus d'humanité dans l'instruction, un peu plus d'universalisme...

Auteur: Brague Rémi

Info: Europe, la voie romaine

[ continuité historique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

supports de communication

[…] pour certains, tandis que le mythe est un récit présentant un autre sens que celui que les mots qui le composent expriment directement et littéralement, le symbole serait essentiellement une représentation figurative de certaines idées par un schéma géométrique ou par un dessin quelconque ; le symbole serait donc proprement un mode graphique d’expression, et le mythe un mode verbal. Suivant ce que nous avons expliqué précédemment, il y a là, en ce qui concerne la signification donnée au symbole, une restriction tout à fait inacceptable, car toute image qui est prise pour représenter une idée, pour l’exprimer ou la suggérer d’une façon quelconque et à quelque degré que ce soit, est par là même un signe ou, ce qui revient au même, un symbole de cette idée ; peu importe qu’il s’agisse d’une image visuelle ou de toute autre sorte d’image, car cela n’introduit ici aucune différence essentielle et ne change absolument rien au principe même du symbolisme. Celui-ci, dans tous les cas, se base toujours sur un rapport d’analogie ou de correspondance entre l’idée qu’il s’agit d’exprimer et l’image, graphique, verbale ou autre, par laquelle on l’exprime ; à ce point de vue tout à fait général, les mots eux-mêmes, comme nous l’avons déjà dit, ne sont et ne peuvent être autre chose que des symboles. On pourrait même, au lieu de parler d’une idée et d’une image comme nous venons de le faire, parler plus généralement encore de deux réalités quelconques, d’ordres différents, entre lesquelles il existe une correspondance ayant son fondement à la fois dans la nature de l’une et de l’autre : dans ces conditions, une réalité d’un certain ordre peut être représentée par une réalité d’un autre ordre, et celle-ci est alors un symbole de celle-là.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 121

[ caractéristiques ] [ manifestation ] [ définis ] [ texte-image ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

catalogage

De nombreuses études cherchent à définir le profil des gens. A l'aide de QCM (questionnaires à choix médiocres), des experts nous "qualifient" et se permettent de nous ranger dans des cases, par groupes de caractères, de couleurs ou d'animaux totems. Nos faits et gestes sont expliqués par des majorités de carrés ou de triangles ou par des préférences de mots. Beaucoup de gens, à qui ont fait croire à ces "sciences humaines", agissent d'après la définition qu'on leur a donnée d'eux-mêmes. "Je suis un bleu à tendance rouge au niveau professionnel, ça explique que je sois ambitieux." J'ai envie de leur demander quelle est la couleur de la bêtise.

Grâce à des bilans de compétences fumeux, des employés lâchement licenciés pensent découvrir leur nouvelles aspirations. Il se voient tous "consultants en communication" puisque le test confirme qu'ils aiment le contact humain.

Ces études, de la plus archaïque à la plus sophistiquée, n'ont pour moi qu'un seul but : raccourcir l'humain comme on taille un buisson.

C'est le rêve caché du marketing qui veut parfaitement connaître nos comportements d'achats. Raccourcir l'humain, c'est ce qui est pratiqué lorsqu'on considère que tel ou tel programme de télévision s'adresse à la ménagère de plus de cinquante ans ou aux ados de 12 de QI. Raccourcir l'humain, c'est ce que les personnalités politiques désirent le plus au monde. Pour se faire élire en racontant ce que la "cible" veut entendre, mais aussi pour gouverner, car il est beaucoup plus simple de cocher des cases dans lesquelles on enferme des sujets plutôt que de s'adapter à une société complexe et plurielle.

L'humanité est trop élaborée pour beaucoup de décideurs. Ils tentent désespérément de la ramener à la portée de leur piètre intelligence.

Auteur: Haroun

Info: "Les pensées d'Héractète"

[ développement personnel ] [ réductif ] [ critique ] [ ressources humaines ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ère numérique

"Ubérisation". Ce néologisme à la mode cache un bouleversement économique. Grâce à la démocratisation du haut débit, des smartphones et de la géolocalisation, des entrepreneurs lancent partout de nouvelles plateformes en ligne, le plus souvent des applications, qui mettent en relation des travailleurs freelance et leurs clients sans passer par les intermédiaires classiques. Transport, logistique, tourisme, services à la personne, restauration, banque. Cette nouvelle forme d’activité est en train de gagner du terrain de façon fulgurante dans presque tous les secteurs. Selon les experts du cabinet Deloitte (2015), qui la qualifient d’"économie à la demande", elle devrait peser 100 milliards de dollars d’ici trois ans. En revanche, l’uberisation est une bien mauvaise nouvelle. Cette nouvelle organisation du travail va conduire les salariés à adopter une posture de réflexivité permanente pour anticiper les évolutions du marché et gérer leurs compétences comme un patrimoine. Ce sont eux qui sont désormais sollicités et qui évalueront eux-mêmes l’évolution de leurs parcours, le calcul des risques et le coût de la correction. Il s’agira autant de se protéger de la perte d’emploi que de repérer les emplois satisfaisants. Les salariés seront ainsi ponctuellement confrontés à un marché d’emploi fluctuant dans lequel la flexibilité régit l’avenir des entreprises. Etre salarié devient une expérience individuelle selon Dubet (2011). En effet, le modèle intégré qui permettait à chaque acteur de trouver sa culture d’appartenance, les gammes de comportements adaptés et prescrits n’est plus. Son constat est que la structure sociale se fractionne en une multitude de composantes disjointes. Cette analyse nous amène à penser que chaque individu a pour travail de construire le sens de son appartenance, de son intégration et de sa subjectivité. La polyvalence, l’initiative et la responsabilité, jadis spécifiques au groupe des cadres, sont désormais attendues de tous.

Auteur: Pierron Claudine

Info: https://www.forbes.fr/management/l-avenir-du-travail-modifie-en-profondeur-par-le-numerique/#

[ précarité ] [ identité ] [ évolution ] [ technologie ] [ métiers précaires ] [ modularité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

orgie

Le 31 octobre 1501, grande fête en l'honneur de Lucrèce Borgia au Vatican, cadeau de son frère César, progéniture comme elle du maître des lieux : Le Pape Alexandre VI. Elle n'a que 21 ans et l'on célèbre l'annonce de son troisième mariage. Le premier ayant été annulé par son père le Pape Alexandre VI, le mari ne lui convenant plus. Le second avorté faute de partenaire, César ayant poignardé lui-même l'époux de sa soeur.
Rien n'est trop beau pour la fille du Pape et la fête est somptueuse. Le père Alexandre VI trône, une coupe de vin à la main. A sa droite sa fille Lucrèce, une des femmes les plus belles de la péninsule, couverte de bijoux et d'or, regarde avec amusement l'assistance. A la gauche du Pape, son fils César, prince sanguinaire, contemple les ducs, contes, évêques, ambassadeurs qui se vautrent à ses pieds. La famille Borgia, de basse noblesse, originaire d'Espagne, est au fait de sa gloire et de sa puissance.
Vers minuit César se lève et tape dans ses mains. Immédiatement une cinquantaine de courtisanes se dévêtissent tandis que serviteurs parsèment la salle de bougies, puis eux-mêmes se déshabillent. Nouveaux claquements de mains de César et de toutes parts sont lancées des châtaignes vers le centre de l'assemblée. A quatre pattes et complètement nues les filles de joie se ruent sur les fruits, esquivant les flammes des bougies mais poursuivies par les valets, bien décidés qu'ils sont, à pratiquer ce que l'on fait habituellement dans la plus stricte intimité.
Le jeu dure près de deux heures, César s'amuse beaucoup, Alexandre VI aussi, ils récompensent les plus vaillants, Lucrèce se contente de regarder en souriant. Le vin coule à flot, la nourriture est abondante, les musiciens entretiennent le fond musical...

Auteur: Internet

Info: http://nananews.fr/, Lucrèce Borgia, un amour de démon

[ papauté ] [ renaissance ]

 

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anti-psy

En face de la lucidité de Van Gogh, qui travaille, la psychiatrie n’est plus qu’un réduit de gorilles eux-mêmes obsédés et persécutés et qui n’ont, pour pallier les plus épouvantables états de l’angoisse et de la suffocation humaines, qu’une ridicule terminologie, digne produit de leurs cerveaux tarés.
Pas un psychiatre, en effet, qui ne soit un érotomane notoire. Et je ne crois pas que la règle de l’érotomanie invétérée des psychiatres puisse souffrir aucune exception. J’en connais un qui se rebella, il y a quelques années, à l’idée de me voir ainsi accuser en bloc tout le groupe de hautes crapules et de faiseurs patentés auquel il appartient. Moi, monsieur Artaud, me dit-il, je ne suis pas un érotomane, et je vous défie bien de me montrer un seul des éléments sur lesquels vous vous basez pour porter votre accusation.
Je n’ai qu’à vous montrer vous-même, docteur L., comme élément, vous en portez sur votre gueule le stigmate, bougre d’ignoble saligaud.
C’est la binette de qui introduit sa proie sexuelle sous la langue et la retourne ensuite en amande, pour faire digue d’une certaine façon.
Cela s’appelle faire son beurre et trier son propre persil.
Si dans le coït vous n’avez pas obtenu de glousser de la glotte d’une certaine façon que vous connaissez, et de gargouiller en même temps du pharynx, de l’oesophage, de l’urètre et de l’anus, vous ne pouvez pas vous déclarer satisfait.

(Lacan, chef de clinique à Sainte-Anne en 1939, avait fait une expertise extrêmement sévère d'Antonin Artaud écrivant, "il est définitivement fixé et perdu pour la littérature". De plus, des années plus tard, après la guerre, Lacan se disait satisfait d'avoir détourné ses élèves d'Antonin Artaud.
Il semble avéré que cette partie du texte fasse rapport à cette expertise)

Auteur: Artaud Antonin

Info: Van Gogh, le suicidé de la société 1947, introduction

[ transfert meurtrier ] [ vacherie ] [ insulte ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

étatisme

Dès qu’il s’agissait, cependant, de suivre une politique égalitaire ramenant les plus intelligents au niveau des plus incapables, chaque fois que l’on voulait, en un mot, réaliser l’égalité par en bas, chacun comprenait qu’un tel régime conduirait toute civilisation à sa perte et que la libre concurrence entre individus d’aptitudes différentes était la condition même du progrès. Comment concilier ces deux opinions extrêmes ? On y parvint le plus simplement du monde le jour où l’on s’aperçut que les droits de l’individu ne devaient point dépasser les bornes mêmes de la vie de cet individu et que le socialisme était une doctrine d’Etat ne s’appliquant point aux particuliers. Pour tout vous dire d’un seul mot, on permit à chacun de se développer librement selon ses aptitudes, de devenir riche, puissant ou misérable, suivant ses capacités et son travail. On décida que, sous certaines réserves pratiques d’application, toutes les successions sans exception reviendraient à l’Etat. La première conséquence de cette mesure fut que l’Etat dut se charger, tout en même temps, d’élever, d’éduquer et d’instruire tous les enfants dès qu’ils seraient en âge d’entrer à l’école ou que leurs parents mourraient. Elevés sur un pied d’égalité, n’héritant d’aucune fortune acquise par d’autres, tous les habitants de la France n’eurent plus qu’à s’en prendre à eux-mêmes de leur propre destinée. Dès l’école primaire, les vieilles couronnes de papier et les livres de prix d’autrefois furent remplacés par des prix en espèces constituant un pécule pour chaque enfant, lui permettant même d’amasser une véritable petite fortune s’il poursuivait ses études supérieures. Du jour où fut adopté, malgré d’incroyables protestations, ce régime d’égalité de naissance, aucune revendication sociale ne fut plus possible, et le gouvernement eut le droit de réprimer tout désordre avec une sévérité qu’ignoraient même les régimes fascistes d’autrefois.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, pages 332-333

[ totalitarisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

parabole

Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.

Chacun d'eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu'un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d'un fantassin romain.

Mais la monstrueuse bête n'était pas un poids inerte; au contraire, elle enveloppait et opprimait l'homme de ses muscles élastiques et puissants; elle s'agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture et sa tête fabuleuse surmontait le front de l'homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l'ennemi.

Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.

Chose curieuse à noter : aucun de ces voyageurs n'avait l'air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos; on eût dit qu'il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d'aucun désespoir; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d'un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours.

Et le cortège passa à côté de moi et s'enfonça dans l'atmosphère de l'horizon, à l'endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain.

Et pendant quelques instants je m'obstinai à vouloir comprendre ce mystère; mais bientôt l'irrésistible Indifférence s'abattit sur moi, et j'en fus plus lourdement accablé qu'ils ne l'étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.

Auteur: Baudelaire Charles

Info: "Chacun sa chimère" du recueil Petits poëmes en prose

[ inconscient ] [ servitude ] [ fatalité ]

 

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USA

Tout le monde sait que l'égoïsme de chaque individu, du premier au dernier, dont les droits à l'égoïsme sont garantis par notre Constitution américaine, contient la ruine de notre pays, du monde, de la Terre elle-même. Notre Constitution affirme le droit de détruire le monde, et le monde sera détruit, complètement détruit, et ceux qui resteront dans les ruines seront dévoués, du premier au dernier individu, à eux-mêmes seulement, ne s'inquiéteront que de leur propre survie et, en toute légalité constitutionnelle, ils couperont le dernier arbre restant qui pourrait, si on le sauvait, produire assez de semences pour replanter les forêts du monde entier, ils tueront le dernier couple d'oiseaux qui pourrait, si on l'épargnait, se reproduire en masse pour remplacer tous les oiseaux du monde. La Société, à son apogée dans les inaliénables droits américains à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur, a évolué dans un sens intrinsèquement néfaste à la survie du monde. Tout à fait néfaste, mais telle est la vérité américaine fondamentale universelle: tu es toi et je suis moi, et je suis content que ta pauvreté ne signifie pas que je doive être pauvre, que ta maladie ne signifie pas que je doive être malade, que ta souffrance ne signifie pas que je doive souffrir, que le fait que tu sois noir ou juif ou homo ne signifie pas que je doive être noir ou juif ou homo, que ta mort ne signifie pas que je doive mourir. Je suis très content qu'aux Etats-Unis nous vivions individuellement et mourions individuellement. Si néfaste que ce soit, si destructeur de cette terre sur laquelle nous vivons telle qu'elle est, je suis content que la seule personne dont j'aie à m'inquiéter soit moi. Et cela fait de moi un Américain.

Auteur: Plante David

Info: Le Temps de la terreur

 

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parlêtre

L’existence de tout organisme vivant a pour corrélat dans le monde un ensemble singulier d’objets présentant un certain style. Mais s’agissant de l’homme, cet ensemble est d’une diversité surabondante, luxuriante. De plus, l’objet humain, le monde des objets humains, reste insaisissable comme objet biologique. Or, ce fait se trouve dans cette conjoncture devoir être étroitement, voire indissolublement, mis en relation avec la soumission, la subduction de l’être humain par le phénomène du langage.

[...] ce qui est saisissable au niveau du discours concret, se présente toujours, par rapport à l’engendrement du sens, dans une position d’ambiguïté, étant donné que le langage est tourné vers des objets qui incluent déjà en eux-mêmes quelque chose de la création qu’ils ont reçue du langage même. C’est ce qui a pu faire l’objet de toute une tradition, voire de toute une rhétorique philosophique, celle de la critique dans le sens le plus général, qui pose la question – que vaut ce langage ? Que représentent ces connexions par rapport à celles auxquelles elles paraissent aboutir, qu’elles se posent même pour refléter, et qui sont les connexions du réel ?

C’est en effet la question à quoi aboutit une tradition philosophique dont nous pouvons définir la pointe et le sommet par la critique kantienne, qui peut s’interpréter comme la plus profonde mise en cause de toute espèce de réel, pour autant que celui-ci est soumis aux catégories a priori non seulement de l’esthétique, mais aussi de la logique. C’est là un point-pivot, d’où la méditation humaine est repartie pour retrouver ce qui n’était point aperçu dans cette façon de poser la question au niveau du discours logique et d’interroger la correspondance entre le réel et une certaine syntaxe du cercle intentionnel en tant qu’il se ferme dans toute phrase.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, page 50

[ circularité ] [ recherche d'une sortie ] [ idiomes interfaces ] [ signes transcodés ]

 

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