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femmes-par-hommes

L'enseignement de l'improvisation chez les jeunes, disons entre 10 et 20 ans, a fait partie des principales compétences et centres d'intérêt de ma profession de musicien de jazz. (Le jazz est la musique des musiciens, ces derniers étant en principe beaucoup plus ouverts que ce mot implique. En fait dans le jazz on s'amuse, on mélange un peu tout, les styles, les tonalités, signatures rythmiques, timbres... souvent avec bcp de notes... ce qui génère souvent un résultat désagréables pour un public habitué à des choses plus simples.).
Educateur durant près de 25 ans, puis directeur quelques années d'une institution de près de 1000 élèves, mon expérience est aussi nourrie de nombreuses discussions avec les enseignants d'ici ou d'ailleurs. Pour en sortir avec un poncif, qui résume un point de vue bien sûr subjectif. Subjectif puisque, probablement par crainte de certaines tensions, je n'ai jamais poussé plus que ça le dialogue sur ce sujet avec mes collègues enseignantes.
Bref voilà la parole d'un gars qui a principalement discuté avec d'autres gars sur le sujet.
Ce poncif le voilà.
Dans le cadre d'un cours de musique, d'un cours d'instrument, les filles aiment coller à la partition, elles préfèrent un cadre précis, qu'on leur dise quoi faire, de A à Z, le demandent en quelque sorte, se rassurent.
Les mecs auront eux beaucoup plus tendance à vouloir s'amuser - parfois très longtemps. Par exemple en jouant et improvisant avec deux accords posés sur un motif rythmique simple, en explorant les variations... en se mettant en transe, ai-je envie d'écrire ici.
Fin du poncif.
Les quelques extraits de cette chaîne ont donc été retenus au cours du temps parce qu'ils me paraissent expliciter cette idée d'une "différence" fondamentale entre les genres sexuels dans le monde animal et donc humain. Différences ayant pour roche-mère le "rôle", la fonction nidificatrice, reproductrice... de la femelle. Rôle bien différent de celui du mâle, plutôt vagabond polygame, destiné à exister à tout prix devant elle jusqu'à ce que cette dernière, (devenue compagne chez certaines espèces au fonctionnement moins "mécanique"), accepte de se faire parasiter par d'autres gènes.
Parce que : une fois cette mission menée à bien, il y a pas mal de races où on a l'impression que le rôle de l'inséminateur s'arrête.

Auteur: Mg

Info: 23 août 2017

[ mâles-femelles ]

 
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humour

L'enfant précoce
Le petit Thomas demande à sa maîtresse s'il peut lui parler après le cours. Elle accepte
- Alors, que veux-tu me dire Thomas ?
- Je pense être trop intelligent pour rester dans cette classe, je m'embête ! Je voudrais passer directement au Lycée.
Sur ce, le directeur informé, demande à Thomas s'il veut bien passer des tests, Thomas accepte sans hésiter. Le directeur, décidé à faire fort pour clore l'entretien rapidement, commence le test.
- Voyons voir Thomas : 36 x 49 ?
- 1764 !...
- Et 363 x 363 ?
- 131769, M. le directeur...
- Capitale du Liechtenstein ?
- Vaduz !
Le test continue pendant une demi-heure, Thomas ne fait aucune erreur. A la fin du test, le directeur est satisfait mais la prof demande si elle peut à son tour lui poser des questions.
Tous les deux acceptent, la prof commence.
- Bon, ... Thomas, ... la vache elle en a 4 et moi j'en ai 2, qu'est-ce que c'est ?
- Les jambes, Madame !
- Correct. Qu'est-ce qu'on trouve dans tes pantalons et pas dans les miens ?
Le directeur s'étonne de la question...
- Des poches, Madame !
- Où est-ce que les femmes ont les poils les plus frisés ?
Le directeur se prépare à intervenir lorsque Thomas répond :
- En Afrique, Madame !
- Qu'est-ce qui est mou mais qui, avec les mains d'une femme, devient dur ?
Le directeur ouvre grands les yeux, mais avant qu'il ait eu le temps de parler Thomas répond :
- Le vernis à ongles, Madame !
- Qu'est-ce que les hommes et nous avons au milieu des jambes ?
- Les genoux, Madame !
- Bien, et qu'est-ce qu'une femme mariée a de plus large qu'une femme célibataire ?
Le directeur n'en croit pas ses oreilles.
- Le lit, Madame !
- Qu'elle est la partie de mon corps qui est souvent la plus humide ?
- Votre langue, Madame !
- Quel mot commençant par la lettre C... désigne quelque chose qui peut être humide ou sec et que les hommes aiment regarder ?
- Le ciel, affirme Thomas.
Le directeur soufflant, transpirant comme un sauvage, décide d'arrêter le test et s'exclame :
- Ce n'est pas au lycée que je vais t'envoyer mais directement à l'Université ! Même moi j'aurais tout raté à ce test...

Auteur: Internet

Info: Morale de l'histoire : c'est avec l'âge que l'on devient pervers...

[ jeu de mots ] [ sexe ] [ école ]

 

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écriture

Si je dis parfois qu'il y a tout dans Balzac, Stendhal, Dostoïevsky ou Tolstoï, je m'aperçois qu'il y a bien autre chose chez Rimbaud, Flaubert ou Valéry. Il ne s'agit plus pour moi de décrire, de déduire ou de conclure. Je répugne à l' "expliqué", comme au "raconté", comme au "romancé". Aussi n'ai-je aucune méthode de travail. J'ai plutôt ma façon de gravir la montagne qui sépare la vallée du papier blanchi du plateau des feuilles noircies. Mais ces pistes demeurent secrètes, même pour moi. Tout ce que je puis révéler, c'est que je voudrais, à mon tour, dire quelques mots de ce qui se passe entre notre âme et les choses, c'est que je voudrais comparaître à mon tour devant le suprême tribunal et connaître l'état de mon cœur. Sans doute, il y a une première prise de contact. Des matières, des images sûres, des odeurs irréfutables, des clartés péremptoires viennent à ma rencontre. J'en écris, soit. C'est un premier jet. J'installe ces couleurs de préface sur un large écran. Je tisse une toile. Le stade second consiste à percevoir plus loin, à m'arrêter devant le même spectacle, à me taire plus avant, à respirer plus profond devant la même émotion. Si j'avais quelque jeune disciple à former, je me contenterais probablement de lui murmurer ces seuls mots "Sensible. s'acharner à être sensible, infiniment sensible, infiniment réceptif. Toujours en état d'osmose. Arriver à n'avoir plus besoin de regarder pour voir. Discerner le murmure des mémoires, le murmure de l'herbe, le murmure des gonds, le murmure des morts. Il s'agit de devenir silencieux pour que le silence nous livre ses mélodies, douleur pour que les douleurs se glissent jusqu'à nous, attente pour que l'attente fasse enfin jouer ses ressorts. Écrire, c'est savoir dérober des secrets qu'il faut encore savoir transformer en diamants. Piste longuement l'expression qui mord et ramène-la de très loin, s'il le faut." Un de mes plus vieux ancêtres avait inventé quelque chose au Palais du Louvre et à la Fontaine des Innocents. Son arrière-petit-fils (il avait une bonne figure) avait inventé un Dictionnaire; mon aïeul avait réinventé sa trousse; mon père avait inventé son verre, ses émaux, sa palette, ses instruments, sa cuisson. Et moi, je cherche à continuer tant bien que mal, en y apportant mon équation de poète chimiste, la taillerie de mes pères…

Auteur: Fargue Léon-Paul

Info: Le Piéton de Paris. Paris, "Par ailleurs". Éditions Gallimard, 1932, 1939.

[ filiation ] [ chaîne ] [ méthode de création ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

extraterrestres

Les UFOs pourraient se déplacer avec un plus grand nombre de degrés de liberté, et être capables se mettre dans un univers parallèle Normalement n'importe quel objet en vol terrestre peut voler dans un espace qui comporte un maximum de six degrés de liberté. Il y a trois axes linéaires (x, y et z) et trois degrés de liberté de rotation autour des ces axes. Une Étude récente de modèle de vol d'UFOs une fois modelé dans un laboratoire d’aérodynamique, donne des résultats étonnants. Les modèles d'ordinateur ne peuvent pas comparer ces modèles de propagation et de navigation de vol avec quoi que ce soit du monde terrestre, qui est contraint avec ses six degrés de liberté disponible dans notre univers physique. Après analyse, les scientifiques ont constaté que ces déplacements d’OVNIS emploient d'une manière ou d'une autre plus de six degrés de liberté. D'où viennent ces degrés de liberté supplémentaires ? Les lois de Statique et de dynamique physique s'arrêtent là. Les UFOs emploieraient des degrés supplémentaires, absents des structures spatiales, qui pourraient, entre autre, mener aux univers parallèles. Cela signifierait que ces UFOs ne peuvent être attrapés ou endommagés ou même jamais être rencontrés s’ils ne le veulent pas. La raison en est qu'ils pourraient se décaler en un point temporel quelconque où dans une dimension différente ou dans un univers parallèle de dimensions différentes. Aucun doute qu'ils peuvent jouer à cache-cache et nous confondre. Même si nous percevons quelque chose de cette grande ubiquité pour en attraper un petit aperçu, nous ne pouvons pas vraiment les voir. Ces degrés de liberté supplémentaires(s) leur permettraient de changer le modèle de vol, et peut-être, allons savoir : de créer des trous de ver entre univers parallèle ou de se transporter dans l'espace profond à des années lumières en une chiquenaude. Beaucoup de chercheurs ufologues pensent que les plus petit UFOs sont expédiés vers la terre depuis de grands bateaux mère. Ou sont ces vaisseaux mère - pourquoi ne pouvons nous pas les voir avec de puissants télescopes ? La réponse pourrait être simple ; ces motherships restent dans l'univers parallèle. Ces degrés de liberté supplémentaires expliqueraient très bien pourquoi les UFOs ne peuvent être vu, et quasi jamais photographiés facilement sans leur consentement explicite. Les histoires d’UFOs pourraient ainsi se comprendre dès l’origine. Ils peuvent littéralement disparaître en une d'une seconde.

Auteur: Internet

Info: India daily Technology Team July 17, 2005 . © 2004-2005, Indiadaily.com. Tous droits réservés.

[ spéculation ] [ géométrie ] [ hyper dimensions ] [ multivers ]

 

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orgasme

Quand Mercedes dormait et que personne frappait à la porte, on passait tout le temps à baiser. On baisait des heures et des heures. Il en avait jamais assez de baiser. Disait que jouir était le truc le plus proche du Paradis qu'aucun humain sur terre ne connaîtrait. Qu'il n'y avait pas de porte, pas de type qui attendait avec un livre avec tout ce qu'on avait fait de bien et de mal, surtout que la plupart des choses qu'on fait ne sont ni bien ni mal, juste chiantes. Qu'il n'y a personne qui va nous juger pour décider si on fait partie de la fête qui s'arrête jamais ou être envoyé rôtir en bas. Qu'il n'y a pas de fête comme ça, comme y a pas de bel pour Cendrillon et ses soeurs, ni de fête de fin d'études pour Barbie, ni de labyrinthe avec un taureau qui va nous buter. Mais il y a la sensation que vous éprouvez quand vous jouissez. Quand tout disparaît. Quand votre corps vous dit qu'il vous aime et que tout est parfait, sûr et sans danger. Quand vous vous sentez mieux que vous vous êtes jamais senti mieux de toute votre vie. Cette sensation que vous voudriez qui s'arrête jamais. Il disait que les gens qui disaient qu'elle était mauvaise sont juste idiots. Que les gens qui disaient que c'est mal de baiser sont juste idiots. Qui disent qu'il faut baiser dans certaines conditions décidées par Dieu sont idiots. Personne ne devrait dire à personne comment baiser. Disait que les gens qui ont fait voeu de pas le faire se privent d'un des plus beaux dons qu'on reçoit de la vie. Que les hommes dans leurs robes ridicules qui chantaient les chansons en langue morte qui n'ont jamais baisé n'ont certainement pas le droit de dire. Que peut-être s'ils baisaient, ils comprendraient Dieu d'une manière que pas un livre pas un carnaval pas un pape pourrait jamais leur apprendre. Il disait que si tous ceux qui allaient à l'église ou au temple ou à la mosquée passaient tout ce temps perdu à baiser au lieu de prier pour des conneries, le monde serait pas prêt de finir. Et il avait raison. Et vous savez qu'il a raison. Si vous regardez dans votre coeur, et si vous avez jamais joui dans votre vie, vous savez qu'il a absolument raison.

Auteur: Frey James

Info: Le dernier testament de Ben Zion Avrohom

[ unicité ] [ religion ] [ jouir ] [ sexe ]

 

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indéterminisme

Certains artistes n'aiment pas photographier ou peindre un individu qui a eu de la chirurgie plastique - ils trouvent que c'est difficile à traiter parce que ça n'a jamais l'air... juste. Cette remarque me remet en mémoire l'observation d'une astrologue qui affirmait qu'on ne peut établir le profil astrologique de quelqu'un dont l'instant de la naissance a été modifié par une césarienne.

Qu'est-ce qui est naturel, qu'est-ce qui est artificiel ?

Balayant ces fariboles humaines j'aurai tendance à penser qu'il y a "ce qui est". Disons : une entité en interaction avec les autres entités et l'environnement général. Cette interaction étant, par effet miroir, le principe même de l'existence de qui rapporterait l'observation, quelle que soit la profondeur et l'étendue de l'univers qu'il refléterait, le contraste et la finesse du calibrage de ses examens. Comme on mesurerait les dimensions de sa prison jusqu'à l'absurde. Que reste-t'il alors ? L'esprit ? Comme un point infini qui ne s'arrête jamais.

Nous sommes un principe d'action... en action. Sitôt qu'on stoppe le temps, comme par exemple lors de la mesure du lieu et de la vitesse d'un électron en physique quantique, on perd les repères. Le temps arrêté n'a aucun sens. Je suis un point infime de l'univers, planté au milieu de ses 800 octaves. (Sa taille telle que nous somme capable de la mesurer ce jour, considérant que la plus petite est l'électron et la plus grande l'étendue maximale du cosmos).

Alors : constat de l'observateur humain. Si je vais vers le minuscule visuel, tout s'accélère, alors que vers l'immense je m'englue dans un ralentissement majestueux et d'apparence quasi figée (Pensons ici aux extraordinaires images d'Eta Carinae en train d'exploser depuis 160 ans.)

Comme dans la musique. N'est qu'en musique plus on monte en vitesse de vibrations plus ça devient lumineux, ça s'élève. Au contraire du grave, sombre, lent et profond, qui possède quelque chose du tellurique de la "roche mère". Il y a là une inversion qui fait immanquablement penser à celle des couleurs lumières et des couleurs matières... devant nos sens ébahis. Nous sommes de complexes robots, limités. La mesure de la réalité, sous forme de temps et d'espace, n'est que la durée de nos vies, éventuellement de l'espèce et du monde couplée à la portée de nos yeux et celle de notre imagination.

Auteur: Mg

Info: 5 novembre 2012

[ limitation ] [ quête ] [ corps-esprit ] [ symbole ] [ contingences ] [ synthèse additive soustractive ] [ humano solipsisme ] [ arrêt sur image ]

 
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chronos

Je crois que le temps est immobile et que je me meus en lui parfois lentement, parfois à une vitesse foudroyante.

Depuis que Lynx est mort, je ressens cela très nettement. Je suis assise à ma table et le temps s'arrête. Je ne puis le voir ni le sentir ni l'entendre, pourtant il m'entoure de tous côtés. Son immobilité et son silence sont effrayants. Je me dresse d'un bond, je sors de la maison en courant et cherche à lui échapper. Je m'occupe, les choses prennent le devant et j'oublie le temps. Et puis brusquement, il est à nouveau autour de moi. Je suis devant la maison en train de regarder les corneilles, et le voilà encore, immatériel et immobile, nous maintenant fermement ensemble, prés,  corneilles et moi. Je serai obligée de m'habituer à lui, à son indifférence, à son omniprésence. Il s'étend à l'infini comme une toile d'araignée géante. Des milliards de petits cocons sont pris dans ses fils, un lézard couché au soleil, une maison en flammes, un soldat mourant, tout ce qui est mort et tout ce qui vit. Le temps est grand et il y a toujours place en lui pour de nouveaux cocons. Un filet gris et sans pitié dans lequel chaque seconde de ma vie est accrochée. Peut-être me paraît-il si terrible parce qu'il conserve tout et ne laisse rien vraiment finir. 

Mais si le temps n'existe que dans ma tête, et que je suis le dernier être humain, il se terminera avec ma mort. Cette pensée me réjouit. Je pourrais être en mesure de tuer le temps. Le grand maillage se déchirera et tombera dans l'oubli, avec son triste contenu. Je devrais en être remerciée, mais personne après ma mort ne saura que j'ai tué le temps. En réalité, ces pensées n'ont aucun sens. Les choses arrivent et, comme des millions de personnes avant moi, je leur cherche un sens, car ma vanité ne me permet pas d'admettre que toute la signification d'un événement repose dans l'événement lui-même. Pas un scarabée que je piétine négligemment ne verra dans cet événement, triste pour lui, un lien mystérieux de portée universelle, Il s'est retrouvé sous mon pied au mauvais moment ; le confort dans la lumière, une brève douleur stridente et le néant. Nous sommes les seuls à être condamnés à courir après un sens qui ne peut exister.

Auteur: Haushofer Marlen

Info: The Wall

[ illusion ] [ rationalisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

Quand on arrive à Fillide, on est heureux de voir combien de ponts différents traversent les canaux : ponts en dos d'âne, ponts couverts, ponts sur piliers, ponts sur bateaux, ponts suspendus, ponts à parapets percés ; combien de fenêtres différentes s'ouvrent sur les rues : à meneaux, mauresques, en lance, en pointe, à lunettes ou à rosaces ; combien de types de pavés recouvrent le sol : pavés, dalles, bardeaux, tuiles bleues et blanches. En tout point, la ville offre des surprises à l'œil : une touffe de cabestans dépassant des murs de la forteresse, les statues de trois reines sur une étagère, un dôme à oignons avec trois petits oignons collés sur la flèche. "Heureux celui qui a un jour Fillide sous les yeux et qui n'a jamais fini de voir les choses qu'il contient", vous exclamez, avec le regret de devoir quitter la ville après l'avoir seulement effleurée du regard.

     Au lieu de cela, vous vous arrêtez à Fillide et y passez le reste de vos jours. Bientôt la ville s'efface de vos yeux, les rosaces, les statues sur les étagères, les coupoles s'effacent. Comme tous les habitants de Fillide, vous suivez des lignes en zigzag d'une rue à l'autre, vous distinguez les zones de soleil et les zones d'ombre, une porte ici, un escalier là, un banc où poser son panier, une bosse où votre pied trébuchera si vous ne faites pas attention. Tout le reste de la ville est invisible. Fillide est un espace dans lequel des chemins sont tracés entre des points suspendus dans le vide, le chemin le plus court pour atteindre la tente de ce marchand en évitant la porte de ce créancier. Tes pas courent après ce qui n'est pas à l'extérieur de tes yeux mais à l'intérieur, enfoui et effacé : si entre deux portiques l'un continue à paraître plus gai c'est parce que c'est celui où une fille aux larges manches brodées est passée il y a trente ans, ou c'est seulement parce qu'il reçoit de la lumière à une certaine heure comme ce portique dont tu ne te souviens plus où il était.

     Des millions d'yeux lèvent les yeux sur les fenêtres du pont des cabestans et c'est comme s'ils défilaient sur une page blanche. De nombreuses villes comme Fillide échappent aux regards, à moins que vous ne les preniez par surprise.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ baroque ]

 

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chape médiatique

À partir de ce moment-là, à l'exception de quelques commentaires isolés, inévitables, le récit du vieillard cessera d'être écouté attentivement et sera remplacé par une réorganisation de son discours en fonction du vocabulaire utilisé, dans le but d'évaluer l'information reçue. La raison de ce changement imprévu d'attitude est à chercher dans l'emploi du verbe maîtriser, passablement recherché, par le narrateur, qui faillit presque le disqualifier de sa fonction de narrateur complémentaire, important, certes, car sans lui nous n'aurions aucun moyen de savoir ce qui s'est passé dans le monde extérieur, de sa fonction de narrateur complémentaire, disions-nous, de ces événements extraordinaires, alors que chacun sait que la description d'un fait, quel qu'il soit, a tout à gagner de l'utilisation de termes rigoureux et appropriés. […] Un commentateur de télévision trouva la métaphore appropriée et compara l'épidémie, ou quel que soit le nom du phénomène, à une flèche lancée très haut dans les airs qui, ayant atteint l'apogée de son ascension, s'arrête un moment comme en suspens et commence aussitôt après l'inéluctable descente que la gravité s'efforcera d'accélérer avec le consentement de Dieu jusqu'à la disparition du terrible cauchemar qui nous tourmente, et avec cette invocation le commentateur revenait à la trivialité des échanges humains et à l'épidémie proprement dite. Une demi-douzaine de mots de ce genre était constamment utilisée par les grands moyens d'information qui finissaient toujours par former le vœu pieux que les infortunés aveugles retrouvent promptement leur vue perdue, et en attendant ils leur promettaient la solidarité de l'ensemble du corps social organisé, tant officiel que privé. […] Malheureusement, l'inanité de pareils vœux ne tarda pas à être démontrée, les espoirs du gouvernement et les prédictions de la communauté scientifique s'en allèrent tout bonnement en eau de boudin. […] L'effet conjugué de l'inutilité manifeste des débats et de certains cas de cécité subite en plein milieu des séances où l'orateur s'écriait, Je suis aveugle, je suis aveugle, mena les journaux, la radio et la télévision à cesser presque entièrement de rendre compte de ces initiatives, à l'exception du comportement discret et à tous égards louable de certains organes d'information qui, faisant leurs choux gras du sensationnalisme sous toutes ses formes, des heurs et des malheurs d'autrui, n'étaient pas prêts à manquer la moindre occasion de raconter en direct, avec tout le tragique exigé par la situation, la cécité subite, par exemple, d'un professeur d'ophtalmologie.


Auteur: Saramago José

Info: L'aveuglement

[ culture de l'émotion ] [ minimisation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

A Eudoxia, qui s'étend de haut en bas, avec des ruelles sinueuses, des escaliers, des impasses, des taudis, un tapis est conservé sur lequel on peut contempler la véritable forme de la ville. À première vue, rien ne semble moins ressembler à Eudoxia que le dessin du tapis, ordonné en figures symétriques qui répètent leurs motifs le long de lignes droites et circulaires, tissées avec des aiguilles de couleurs vives, dont on peut suivre l'alternance des trames tout au long de la chaîne. Mais si vous vous arrêtez pour le regarder attentivement, vous vous persuadez qu'à chaque détail du tapis correspond une place dans la ville, et que toutes les choses contenues dans la ville sont incluses dans le dessin, disposées selon leurs véritables relations, qui échappent à votre œil distrait par l'agitation du fourmillement de la cohue. Toute la confusion d'Eudoxia, le braiement des mules, les taches de noir de fumée, l'odeur du poisson, c'est ce qui apparaît dans la perspective partielle que vous saisissez ; mais le tapis prouve qu'il existe un point à partir duquel la ville montre ses véritables proportions, le modèle géométrique impliqué dans chacun de ses plus petits détails.

Il est facile de se perdre dans Eudoxia : mais si l'on se concentre pour regarder le tapis, on reconnaît le chemin que l'on cherchait dans un fil cramoisi, indigo ou amarante qui, par un long virage, nous conduit dans une enceinte violette qui est notre véritable point d'arrivée. Chaque habitant d'Eudoxia compare à l'ordre immobile du tapis sa propre image de la ville, sa propre angoisse, et chacun peut trouver caché parmi les arabesques une réponse, l'histoire de sa vie, les tournants du destin.

Un oracle a été interrogé sur la relation mystérieuse entre deux objets aussi différents que le tapis et la ville. L'un des deux objets, - fut la réponse, - a la forme que les dieux ont donnée au ciel étoilé et aux orbites sur lesquelles tournent les mondes ; l'autre en est un reflet approximatif, comme toute œuvre humaine.

Les augures étaient depuis longtemps certains que le dessin harmonieux du tapis était d'origine divine ; c'est dans ce sens que l'oracle a été interprété, sans donner lieu à controverse. Mais de la même manière, on peut tirer la conclusion inverse : que la véritable carte de l'univers est la ville d'Eudoxia telle qu'elle est, une tache qui s'étend sans forme, avec des rues toutes en zigzag, des maisons qui s'effondrent les unes sur les autres dans la poussière, des incendies, des cris dans le noir.

Auteur: Calvino Italo

Info:

[ fractale ] [ reflet solipsiste ]

 

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