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derniers instants

Le peloton se forma et se mit au garde-à-vous. Hladik, debout contre le mur de la caserne, attendit la décharge. Quelqu'un craignit que le mur ne fût tâché de sang ; alors on ordonna au condamné d'avancer de quelques pas. Hladik, absurdement, se rappela les hésitations préliminaires des photographes. Une lourde goutte de pluie frôla une des tempes de Hladik et roula lentement sur sa joue ; le sergent vociféra l'ordre final.

L'univers physique s'arrêta.

Les armes convergeaient sur Hladik, mais les hommes qui allaient le tuer étaient immobiles. Le bras du sergent éternisait un geste inachevé. Sur une dalle de la cour une abeille projetait une ombre fixe. Le vent avait cessé, comme dans un tableau. Hladik essaya un cri, une syllabe, la torsion d'une main. Il comprit qu'il était paralysé. Il ne recevait pas la plus légère rumeur du monde figé. Il pensa je suis en enfer, je suis mort. Il pensa je suis fou. Il pensa le temps s'est arrêté. Puis il réfléchit : dans ce cas, sa pensée se serait arrêtée. Il voulut la mettre à l'épreuve : il récita (sans remuer les lèvres) la mystérieuse quatrième églogue de Virgile. Il imagina que les soldats déjà lointains partageaient son angoisse ; il désira communiquer avec eux. Il s'étonna de n'éprouver aucune fatigue, pas même le vertige de sa longue immobilité. Il s'endormit, au bout d'un temps indéterminé. Quand il s'éveilla, le monde était toujours immobile et sourd. La goutte d'eau était toujours sur sa joue ; dans la cour, l'ombre de l'abeille ; la fumée de la cigarette qu'il avait jetée n'en finissait pas de se dissiper. Un autre "jour" passa avant que Hladik eût comprit.


Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Fictions, Le Miracle secret, pp.155-156, trad. P .Verdevoye

[ immobilisation temporelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dialogue

Ce ne fut qu'une fois assise, les yeux au même niveau que ceux de Leto, qu'elle lui répondit, d'une voix si basse que lui seul pouvait l'entendre :

"Amour de mon âme, je viens de capturer un autre de tes secrets."

"Ouvre tes lèvres, qu'il s'envole", lui dit Leto, jouant avec cette nouvelle intimité qui s'était établie entre eux.

"Il est rare que tu aies réellement besoin des mots, murmura Hwi. Tu parles directement aux sens avec ta vie."

Un frisson parcourut le corps de l'Empereur-Dieu. Il lui fallut un moment pour pouvoir parler, d'une voix si faible qu'elle dut se concentrer pour l'entendre parmi les bruits du cortège qui se préparait à partir.

"Entre l'inhumain et le surhumain, dit-il, il ne me reste plus beaucoup de place pour être humain. Je te suis reconnaissant, ma douce et tendre Hwi, d'occuper cet espace avec moi."


Auteur: Herbert Frank

Info: Dune, tome 4 : L'Empereur Dieu de Dune, pp.499-500

[ espace intermédiaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

prédestination

Nous sommes exactement ce que nous avons choisi et ce dont nous avons besoin pour assumer notre mission ici-bas.

Auteur: Darré Patricia

Info: Les lumières de l'invisible

[ moi supérieur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

métempsychose

La réincarnation est intéressante car elle est une preuve de la survivance de l'âme, mais elle ne nous renseigne pas sur les autres possibilités d'évolution existantes. La considérer comme une loi inéluctable qui s'impose à tous est, d'après mon expérience, inexact. Nous avons d'innombrables expériences et vies antérieures dans différentes dimensions.

Auteur: Darré Patricia

Info: Les lumières de l'invisible

[ palingénésie ] [ hyper-complexité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

autojustifications

Le mental nous persuade toujours que l'on est malheureux.

Le paradoxe est que notre malheur vient justement du fait que notre mental ne peut suffire à faire notre bonheur et que nous avons justement besoin de nous reconnecter à notre souffle, à notre âme. 

Ce que notre mental nous dit, c'est que nos souffrances sont toujours causées par les autres ou par des évènements extérieurs. Nous sommes les éternels innocents que le monde maltraite !

Ce que notre âme nous dit, c'est que nos souffrances, tout comme nos joies, sont toujours de notre fait.

Cela ne signifie pas que nous sommes les éternels coupables de nos malheurs, loin s'en faut ! Mais ce qui nous arrive, nous l'avons décidé au préalable et créé pour le bien de notre évolution.

Notre âme nous enseigne que la souffrance, tout comme le bonheur, dépend de notre interprétation des événements. (...)

La vie ne nous empêche pas d'être heureux, c'est nous qui faisons obstacle à notre bonheur.

Auteur: Darré Patricia

Info: Un souffle vers l'éternité

[ corps-esprit ] [ déséquilibre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

europe

Augustin Pieyre n'aimait pas les voyages. Il était heureux en France, heureux comme Dieu ou comme un Allemand. Il aurait volontiers fait sienne l’idée que l'étranger est une province un peu plus mal tenue, habitée par des professeurs de langues. L’Angleterre ? Un pub où des juges à perruque fouettaient sans plaisir de plates écolières ; la Russie ? Une steppe mystique éclairée de loin en loin par les feux des samovars; et l’Allemagne, hélas l’Allemagne, une manière de laboratoire scientifique au milieu des forêts où les savants pouvaient oublier la raison. Plus loin, c'était la jungle et l’anthropophagie, exception faite quand même de l’Italie, à cause du verre d’eau que l'on sert avec le café et du célèbre regard des Vénitiennes.

Auteur: Sureau François

Info: L'infortuné

[ généralisations ] [ pays comparés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

art pictural

Les enfants dessinent ce qu’ils pensent et non ce qu’ils voient,  l’expression naturaliste ne leur vient pas naturellement. Un enseignant qui a un rebelle dans sa classe est donc chanceux. J'ai par exemple eu le cas de cette petite autrichienne, qui, après avoir peint un éléphant violet, m'a expliqué qu'en toute logique le gris est une couleur bien trop ennuyeuse pour cet animal exotique.

Auteur: Cizek Franz

Info:

[ imagination ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

éducation

Les plus belles choses dans la création de l'enfant sont ses "erreurs". Plus l'œuvre d'un enfant est pleine de ces erreurs individuelles, plus elle est merveilleuse. Et plus un enseignant les supprime de l'œuvre de l'enfant, plus elle devient terne, désolée et impersonnelle. 


Auteur: Cizek Franz

Info:

[ beaux-art ] [ formatage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

psychanalyse

Le transfert est déjà en puissance analyse de la suggestion, il est lui-même la possibilité de l’analyse de la suggestion, il est articulation seconde de ce qui, dans la suggestion, s’impose purement et simplement au sujet. En d’autres termes, la ligne d’horizon sur laquelle la suggestion se base est là, au niveau de la demande, celle que fait le sujet à l’analyste par le seul fait qu’il est là.

Cette demande n’est pas sans variété. [...] Mais quelle importance cela a-t-il de savoir la place de la demande ?  - puisque l’analyste, même s’il ne répond pas à la demande, d’être seulement institué, y répond, ce qui est constitutif de tous les effets de suggestion.

[...] Le transfert est ici conçu comme la prise du pouvoir de l’analyste sur le sujet, comme le lien affectif qui fait le sujet dépendre de lui, et dont il est légitime que nous usions pour qu’une interprétation passe. [...] Pour appeler les choses par leur nom, c’est parce que le patient est arrivé à bien nous aimer que nos interprétations sont ingurgitées. Nous sommes sur le plan de la suggestion. Or, bien entendu, Freud n’entend pas se limiter à cela.

On nous dit – Oui, c’est simple, nous allons analyser le transfert, vous verrez, ça fait tout à fait s’évanouir le transfert. [...] Considérer que l’on se distingue de celui qui prend appui sur son pouvoir sur le patient pour faire passer l’interprétation, donc qui suggère, en ceci que l’on va analyser cet effet de pouvoir, qu’est-ce d’autre que de renvoyer la question à l’infini ? – puisque c’est encore à partir du transfert que l’on analysera le fait que le sujet ait accepté l’interprétation. Il n’y a aucune possibilité de sortir par cette voie du cercle infernal de la suggestion. Or, nous supposons justement qu’autre chose est possible. C’est donc que le transfert est autre chose que l’usage d’un pouvoir.

Le transfert est déjà en lui-même un champ ouvert, la possibilité d’une articulation signifiante autre et différente de celle qui enferme le sujet dans la demande [...] C’est quelque chose d’articulé qui est en puissance au-delà de ce qui s’articule sur le plan de la demande, où vous trouverez la ligne de la suggestion. [...]

S’il y a transfert, c’est très précisément pour que cette ligne supérieure [horizon du transfert] soit maintenue sur un autre plan que sur celui de la suggestion, à savoir qu’elle soit visée, non pas comme quelque chose à quoi ne répond aucune satisfaction de la demande, mais comme une articulation signifiante en tant que telle. [...]

Vous me direz – Quelle est l’opération qui fait que nous les maintenons distinctes ? Notre opération est justement abstinente ou abstentionniste. Elle consiste à ne jamais ratifier la demande comme telle.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 427 à 429

[ défini ] [ inconscient ] [ problèmes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

oser

Il y a tant de gens qui ne sont pas heureux et qui, pourtant, ne prendront pas l'initiative de changer leur situation parce qu'ils sont conditionnés à vivre dans la sécurité, le conformisme et le conservatisme, toutes choses qui semblent apporter la paix de l'esprit, mais rien n'est plus nuisible à l'esprit aventureux d'un homme qu'un avenir assuré. Le noyau central de l'esprit vivant d'un homme, c'est sa passion pour l'aventure. La joie de vivre vient de nos expériences nouvelles et donc il n'y a pas de plus grande joie qu'un horizon éternellement changeant, qu'un soleil chaque jour nouveau et différent. Si tu veux obtenir plus de la vie, Ron, il faut perdre ton inclination à la sécurité monotone et adopter un mode de vie désordonné qui dans un premier temps te paraîtra insensé. Mais une fois que tu seras habitué à une telle vie, tu verras sa véritable signification et son incroyable beauté.

Auteur: Krakauer Jon

Info: Into the Wild

[ risquer ] [ exister ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste