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engendrement

Il devient de plus en plus difficile de trouver des motifs de satisfaction. Si je regarde en moi et autour de moi, je n’en vois pas beaucoup ; sauf celui d’avoir échappé, naguère, au devoir de reproduction, c’est-à-dire à l’ultime activité fédératrice que se connaisse encore une société auto-torpillée. Je n’ai pas attrapé cette maladie sexuelle, transmissible entre toutes. Sur ce point délicat, je me trouve en accord avec Cioran, qui écrivait en 1962 : "La seule chose que je me flatte d’avoir comprise très tôt, avant ma vingtième année, c’est qu’il ne fallait pas engendrer." Jeune aussi, j’ai eu la chance d’abominer de bon cœur la vénération qui s’esquissait alors pour la jeunesse et ses prestiges sucrés. Il faut en finir jeune avec la jeunesse, sinon quel temps perdu. Il faut liquider en deux lignes les jeux de l’enfance, laquelle n’est tellement appréciée que parce qu’elle est l’instant où tout le monde se ressemble. Ce n’est même pas l’ "innocence" supposée de ce moment que l’on aime ; c’est la période de magma égalitaire et de similitude enragée que celui-ci représente. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 8

[ paternité évitée ] [ sacré moderne ] [ indifférenciation mythique ] [ dénigrement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pensée-de-femme

Ah ! Chéri, comme je t'aime... Pourrais-tu en douter ? Tu m'as semé le vice dans le sang et je veux maintenant des étreintes farouches, à nulles autres pareilles. Je t'aime, je t'aime, je t'aime comme une bête en rut. Je veux te sentir pénétrer en mon être, décharger dans ma chair. Je veux jouir comme une brute sous tes caresses ou sous tes coups. Que m'importe ! Ce que je veux, c'est t'aimer, t'aimer, te donner du plaisir avec mon corps en fièvre qui réclame ta possession. Mon amant adoré mon petit dieu, que n'es-tu là pour calmer ce désir furieux qui monte, qui monte, qui m'emporte follement vers toi ! Vite samedi, je veux souffrir, je veux t'aimer. Je veux dévorer de baisers ta queue et ton cul que j'adore. Ma langue infatigable ira de l'un à l'autre. Je te sucerai, je te branlerai, je t'aimerai... Ah ! Charles, je deviens folle de désir, je n'en puis plus. J'ai mal dans tout mon être tendu vers toi éperdument. À ce soir mon aimé. Je t'adore. Je t'aime. Je te veux.

Auteur: Anonyme

Info: Mademoiselle S.: Lettres d'amour 1928-1930

[ passion ] [ sexe ] [ stupre ]

 

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temps

Il faut, bien loin de se plaindre, remercier l'auteur de la nature, de ce qu'il nous donne cet instinct qui nous emporte sans cesse vers l'avenir. Le trésor le plus précieux de l'homme est cette espérance qui nous adoucit nos chagrins, et qui nous peint des plaisirs futurs dans la possession des plaisirs présents. Si les hommes étaient assez malheureux pour ne s'occuper que du présent, on ne sèmerait point, on ne bâtirait point, on ne planterait point, on ne pourvoirait à rien ; on manquerait de tout au milieu de cette fausse jouissance. Un esprit comme M. Pascal pouvait-il donner dans un lieu commun aussi faux que celui-là ? La nature a établi que chaque homme jouirait du présent en se nourrissant, en faisant des enfants, en écoutant des sons agréables, en occupant sa faculté de penser et de sentir, et qu'en sortant de ces états, souvent au milieu de ces états mêmes, il penserait au lendemain, sans quoi il périrait de misère aujourd'hui. Il n'y a que les enfants et les imbéciles qui pensent au présent ; faudra-t-il leur ressembler ?

Auteur: Voltaire

Info: Lettres Philosophiques Mélanges, la Pléiade, nrf 1961 <p.118>

[ à venir ] [ futur ] [ espoir ] [ pessimisme ] [ question ]

 

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judaïsme

On joue avec une grande canaillerie sur le sens de mes pamphlets. On s'acharne à me vouloir considérer comme un massacreur de juifs. Je suis un préservateur patriote acharné de français et d'aryens - et en même temps d'ailleurs de Juifs ! Je n'ai pas voulu Auchwitz, Buchenwald. Foutre ! Baste ! Je savais bien que déclarant la guerre on irait automatiquement à ces effroyables "Petioteries" ! Demain si on déclare encore la guerre, on verra cent fois mieux, ou pire ! C'est l'évidence. Dire d'autre part qu'il n'y a pas de juifs bellicistes, provocateurs, hystériques, c'est nier l'évidence. J'ai péché en croyant au pacifisme des hitlériens, - mais là se borne mon crime. Un coup d'oeil sur la Palestine nous montre que les juifs sont tout aussi belliqueux que les pires aryens, ou les pires arabes ! Foutre !
J'ai cru que l'on pouvait s'entendre avec Hitler, l'envoyer sur le Baïkal faire la guerre je l'ai écrit. Mais je n'écris pas d'Évangile nom de Dieu ! Je n'empêche personne de me répondre ! de m'affirmer que je déconne ! La belle histoire !

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Lettres à la N.R.F., 1931-1961, p 56

[ littérature ]

 

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rupture

Elle m'ouvrirait tout alors... sa lourde, ses bras, sa bouche, ses cuisses, son frigidaire, son carnet de chèques, sa dernière voiture. Il me suffisait de composer le bon numéro sur le cadran téléphonique pour que tout s'aplanisse, pour que je sois subitement choyé, dorloté, gavé, caressé, parfumé, pompé comme un pacha pétrolifère. Et j'étais là, à me torturer pour les Clancul devenus Hindous, pour le Rouquemoute ! J'allais encore prendre des risques, me mouiller en allant chez un fourgue repéré par toutes les polices ! Ce que je trimballais ! Mais voilà, je ne voulais plus la revoir, cette connasse, ma décision de tête de lard. On est tous plus ou moins ingrats, d'une façon ou d'une autre. Moi, c'est avec les femmes. Nicole m'avait pourtant assisté royalement plusieurs mois. Un jour, j'en avais eu class. Elle me les râpait à distance rien qu'avec ses bafouilles tendres. Ça peut paraître bizarre, je l'ai sciée brusque, alors qu'au prix de quelques lettres je pouvais m'améliorer l'ordinaire de la cabane, au point de passer pour un souteneur en possession de deux trois gagneuses sur la Madeleine.

Auteur: Boudard Alphonse

Info: La Métamorphoses des cloportes

[ gigolo ] [ femmes-hommes ]

 

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événements urbains

Transformer les Parisiens en patinants hallucinés sur des plans de glace fabriqués à coups d’eau glycolée n’a rien de plus sorcier que d’en faire des baigneurs virtuels dans le béton des berges de la Seine ou des participants hébétés de Nuits Blanches. Dans tous les cas, il ne s’agit jamais que d’orchestrer du mieux possible un travail du deuil heureux, celui de la réalité citadine de naguère, avec ses aventures non programmées (et d’ailleurs plus ou moins agréables) et de fugitifs moments de socialité qui ne s’appelaient pas ainsi parce que personne ne savait encore qu’il s’agissait de cela. Plus la ville disparaît de manière irrémédiable, et plus elle se couvre de petits théâtres de consolation où l’on peut faire tout ce que l’on n’avait encore jamais fait : disposer son transat en bordure d’atoll, pique-niquer sur un trottoir comme si c’était de l’herbe, skier sur le parvis de la Défense, bronzer sur des rives inexistantes sous des soleils conceptuels, aller là-bas vivre ensemble au pays qui te ressemble, etc. ; sans quitter notre ordinateur, nos parts de marché, nos maladies de science-fiction et notre stock d’anxiolytiques.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1565-1566

[ déréalisation ] [ échappatoires imaginaires ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

critique littéraire

Je propose ici l’hypothèse que, par la rédaction des pamphlets, c’est le XIXe siècle spectrifié, le XIXe siècle en tant que revenant, que Céline réintègre alors qu’il l’avait dépassé de toutes parts. Ou que c’est le XIXe siècle qui le rattrape et dont il se laisse envahir – le XIXe siècle en tant que sommeil fusionnant de l’occulte et du positivisme, ou d’Auguste Comte et d’Helena Blavatsky. Et ce n’est donc pas un hasard non plus si c’est entre Mort à crédit (1936) et Guignol’s band (1944) qu’il a écrit et publié ses pamphlets, qu’on regarder, si vous voulez, comme étant le lieu, l’adresse exacte, le domicile conjugal de l’occulto-positivisme ou du positivo-occultisme, chacun de ces fantômes étant la moitié de l’autre.

Je propose donc, dans cette réadhésion, l’une des causes possibles de son antisémitisme.

Jamais, en effet, Céline ne veut davantage "guérir" l’espèce que lorsqu’il révèle, par ses pamphlets, son antisémitisme. Jamais il n’est plus "médecin" … Jamais il n’aspire donc davantage à devenir serviteur, officiant sacerdotal, grand prêtre du culte de l’Humanité, dite avec un H majuscule comme dans la Religion positiviste.

Auteur: Muray Philippe

Info: A propos de Louis-Ferdinand Céline dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 66

[ incarnation de la démonstration ] [ aveuglement ] [ symptomatique ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

métaphysique

La philosophie hégélienne apparaît ainsi comme l’essence même de la pensée oraculaire : elle annonce dans le réel la manifestation d’un Réel autre dont on ne saurait douter, puisqu’il est déjà tout entier présent au niveau du réel immédiatement perçu. Et peu importe que, chez Hegel, ce réel et ce Réel ne soient qu’un ; tout au contraire : cette duplication rigoureuse n’en épouse que de plus près la structure oraculaire, dont la fin est de faire coïncider, en un événement unique, la surprise et la satisfaction de l’attente. […] Ainsi la structure hégélienne du réel se retrouve-t-elle en toutes lettres dans la structure du réel selon J. Lacan. Peu importe que chez Lacan le réel ne soit pas garanti, comme chez Hegel, par un autre réel, mais plutôt par un "signifiant" qui "n’est de par sa nature symbole que d’une absence" [Écrits, p25]. Ce qui compte est l’égale insuffisance du réel à rendre compte de lui-même, à assurer sa propre signification comme chez Lucrèce ; l’égal besoin de rechercher "ailleurs" - fût-ce en une "absence" plutôt qu’en un "au-delà" - la clef permettant de déchiffrer la réalité immédiate.

Auteur: Rosset Clément

Info: "Le réel et son double" in L'école du réel, page 49

[ psychanalyse ] [ idéalisme ]

 
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langue de bois

La citoyenneté dépasse ainsi tous les jours la fiction. Et fait lever sur son passage un riche cortège de stéréotypes inédits. Il y a désormais des guerres citoyennes (dites encore propres, ou humanitaires). Il y a une façon citoyenne de vivre la ville (sur néo-trottinettes chromées). Une poésie citoyenne (les noms de Baudelaire et de Rimbaud servant à baptiser les routes empruntées, l’année dernière, par les soldats français lors de leur entrée au Kosovo). Des techniques citoyennes (non polluantes). Des entreprises citoyennes (avec espace massage et jardin zen pour atteindre l’objectif zéro stress). Des pères citoyens (qui donnent l’exemple en prenant un congé parental suite à la naissance de chacun de leurs enfants) et des mères citoyennes (qui portent plainte contre leur ex-mari pour pédophilie). Un enseignement de l’Histoire citoyen (avec quota de femmes emblématiques et révision de tout le reste à la lumière des nouvelles valeurs). [...] Des numéros verts citoyens (anti-discrimination) qui permettent de dénoncer son voisin tout en restant dans le sens du vent ; puis des interrogations citoyennes à propos de ces mêmes numéros verts (où finit la citoyenneté, où commence la dénonciation calomnieuse ?).

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1614-1615

[ dévoiement ] [ exemples absurdes ] [ progressisme joyeux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

première impression

La nuit dernière, je suis encore restée éveillée toute la nuit. Parfois je me demande à quoi sert le temps de la nuit. Pour moi, il n’existe presque pas, et tout me semble n’être qu'un long et affreux jour sans fin. Enfin, j’ai essayé de profiter de mon insomnie pour être constructive et j'ai commencé à lire la correspondance de Sigmund Freud. En ouvrant le livre pour la première fois, j’ai vu la photographie de Freud et j’ai éclaté en sanglots : il avait l'air très déprimé (cette photo a dû être prise peu de temps avant sa mort), comme s'il était mort en homme désabusé… Mais le Dr Kris m'a dit qu'il souffrait énormément physiquement, ce que j’avais appris dans le livre de Jones. Mais je pense avoir raison aussi, je fais confiance à mon intuition car je sens une triste lassitude sur son doux visage. Le livre prouve (même si je ne suis pas sûre que l'on doive publier les lettres d'amour de quelqu'un) qu'il était loin d'être coincé ! J'aime son humour doux et un peu triste, son esprit combatif qui ne l’a jamais quitté. 

Auteur: Monroe Marilyn

Info: Lettre du 10 février 1965 à son psychiatre

[ rencontre imaginaire ] [ empathie ] [ lecture ]

 

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