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imagination

Il existe dans les hommes bien organisés un doux état de la pensée où elle s'isole à plaisir de toutes les réalités de la vie ; où elle peut se déposséder, sans rien perdre, du passé, du présent, de l'avenir, et même de l'espérance, pour se former un monde à son choix, sur lequel elle exerce avec un souverain empire tous les attributs de la puissance de Dieu. Elle crée, elle agit sur ce qu'elle a créé, elle réagit sur elle-même au moyen des impressions qu'elle prête à ses créatures ; elle fait l'obstacle pour le détruire, la difficulté pour le succès, le combat pour la victoire. Et quand sa joie, fatiguée de triomphes, s'ennuie sur un bonheur trop facile, un souffle suffit pour détruire ce fragile univers, un souffle suffit pour en composer un autre, comme l'orbe aux brillantes couleurs qui se détache du chalumeau d'un enfant, et s'égare un moment dans l'air en réfléchissant à la surface de ses flancs limpides et radieux toutes les lumières du ciel.

Qui s'étonnera que la monomanie réflective n'ait pas encore été nommée, puisque la délicieuse extase de l'esprit que je viens de décrire, et dont tous les hommes ont goûté les douceurs, ne peut se désigner que par une locution incomplète et triviale dans notre langue si riche en vaines nomenclatures, si pauvre en vocables intellectuels et psychiques ? Cette faculté merveilleuse qui vaut tous les biens de la terre, qui en compense toutes les privations, qui dédommage d'avoir été, qui console d'être, qui contient plus clairement qu'aucun mythe la révélation assidue de notre essence spirituelle et de notre immortalité ; c'est la divinité anonyme qui préside aux châteaux en Espagne.

Auteur: Nodier Charles

Info: "Piranèse", éd. Marguerite Waknine, p.4-5

[ psychologie ] [ abstraction ] [ fugacité ] [ enthousiasme ] [ théologie fantaisiste ] [ jeux intimes ] [ monde intérieur ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

économie

(Alors qu'on pense que la Grèce vit ses derniers soubresauts à l'intérieur de l'Europe)
Je pense comme vous que c'est très simple. Peut-être encore plus.

Un peu comme si la mort était en train de bouffer la vie.

Les vieux, retraités, défendent mordicus, via le système financier actuel, leurs retraites, qui sont "capitalisées". Il y a une terreur grandissante, qui vient le plus fort de l'Allemagne pour ce qui concerne l'Europe, et encore plus des USA.

Maintenant la panique va commencer à s'installer parce qu'on voit "aussi" les retraites qui commencent à baisser.

Ces gens âgés, qui votent, et sont aux commandes, doivent réviser le système mais ils sont souvent incapables. Parce qu'il leur faut appréhender cette chose difficile : envisager que leur niveau de vie futur passera de manière radicale à la baisse. Ils sont devenus égoïstes, trop habitués au confort et on les comprend. J'en suis presque un.

Actuellement les vieux sont en train de tuer les jeunes sans états d'âme. Mais quand 30% de la population jeune aura passé quinze ans au chômage, chiffres qui se font concrets maintenant, les conséquences pour la société seront terribles. Nous sommes au début de ce processus.

C'est affreux à dire mais je pense vraiment que les jeunes sont plus importants à préserver que les retraités. Peut-être est-ce un effet de mon pessimisme naturel, mais je perçois clairement que notre civilisation occidentale, par déficit d'anticipation économique et démographique, se trouve devant ce choix diabolique.

On pourrait user du même raisonnement en remplaçant vieux par occident et jeunes par pays émergents.

Et ne je parle pas même des ressources limitées de la planète, ni de leur mauvaise utilisation.

Que la grande amibe nous garde.

Auteur: Mg

Info: 10 février 2012

[ politique ]

 

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remémoration

Existerait-il une forme de mémoire génétique qui se transmet d'une génération à l'autre? Les résultats d'une recherche réalisée aux États-Unis sur un modèle animal laissent à penser que les comportements peuvent être influencés par des émotions ressenties lors de situations vécues par des générations précédentes, et qui seraient transmises par ce qui peut être décrit comme une mémoire génétique.

Les expériences menées par le Dr Brian Dias et ses collègues de l'Université Emory tendent à montrer qu'un événement traumatique affecte l'ADN dans le sperme et modifie le cerveau et le comportement des générations suivantes.

Dans leurs travaux, les chercheurs ont constaté que des souris entraînées à éviter une odeur transmettaient leurs aversions jusqu'à leurs "petits-enfants" .

Ces résultats, publiés dans la revue Nature Neuroscience, pourraient avoir d'importantes retombées dans le traitement de phobies ou de l'anxiété.

Les rongeurs étaient entraînés à craindre une odeur similaire à celle des cerisiers.

Les chercheurs ont ensuite observé les changements survenus à l'intérieur des spermatozoïdes pour découvrir qu'une partie de l'ADN impliquée dans la sensibilité de l'odorat aux cerises était plus active dans le sperme des souris.

Ainsi, les rejetons et leurs petits étaient par la suite très sensibles à cette odeur et l'évitaient, et ce, malgré le fait qu'ils n'aient jamais vécu d'expériences traumatisantes qui étaient liées à cette odeur.

Certains changements dans la structure cérébrale ont également été observés. Ce qui fait dire aux auteurs :

"Les expériences d'un parent, même avant la conception, influencent fortement la structure et la fonction du système nerveux des générations futures." 

Cette découverte montre donc l'existence d'une hérédité épigénétique transgénérationnelle, affirment les chercheurs.

Auteur: Internet

Info: Radio-Canada, 2 déc 2012

[ transgénérationnelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

introspection

Il semble que l'inconscient collectif, tel que décrit par Jung, à savoir une réalité située dans une dimension en dehors de l'espace et du temps qui constituerait une forme de "mémoire de l'humanité", voire d'âme de l'univers, mériterait quelques améliorations... ou extensions.
Tout d'abord ce modèle de domaine mental traîne inévitablement avec lui des époques, langages, habitudes... manies. Qui font immédiatement surgir les difficultés. Tenez : l'archétype, ce flou modèle général, primitif, éventuellement idéal... Surtout "complexe", dans les deux sens du terme, qui reste souvent à l'état d'archange mal esquissé, perdu au milieu d'un cosmos incolore...
Ici l'intuition sussure "Votre anthropomorphisme les gars ! Trop limitatif..."
Comment aller au-delà ? Et pouvoir mieux observer et décrire ces attracteurs, méta-moteurs, titanesques aimants polarisateurs ? Galaxies psychiques ressenties et reconnues par nous et d'autres espèces. Partagées.
Pensons à ce simple tropisme qui fait que le le soleil attise les plantes et les nourrit, ou à celui de l'eau qui irrigue et fertilise l'écorce terrestre. Et ce besoin absolu de la matière de s'agréger, de rejoindre un centre qui n'existe pas à l'origine... Un peu comme les animaux, forcés de se regrouper en gage de protection et de reproduction...
Quel mode, quel mécanisme, permettra de mieux définir ces modèles, de pointer et créer de nouvelles focales pour certains endroits-phénomènes de nos espaces intérieurs, de "mieux les voir" au sein de cet espace conceptuel, hors du monde carbone-oxygène... Ou, pourquoi pas, dans un monde matériel, mais seulement peuplés d'atome et de champs magnétiques, où ces forces, agissant sur ces derniers, par leurs traces, se laisseront mieux entrevoir.
Et comment conserver et transmettre entre nous, et avec les autres êtres, ce savoir indicible que révélera cette quête de nos mondes intérieurs. Espaces spirituels rassemblés qui ressemblent encore et toujours à un vide absolu.

Auteur: Mg

Info: 1 sept. 2016

[ question ] [ exploration ] [ unicité ] [ dépassement ]

 

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pédérastie

L’homosexualité n’est certainement pas un avantage mais elle n’est pas honteuse, perverse ou dégradante ; elle ne peut être classifiée comme une maladie, nous la considérons comme une variation de la fonction sexuelle, produite par un arrêt spécifique dans le développement sexuel.

Bien des individus fort respectables à des époques anciennes et modernes étaient homosexuels, et l’on retrouve parmi eux certains des plus grands hommes de notre temps. (Platon, Michel-Ange, Léonard de Vinci, etc.).

Il est extrêmement injuste, mais aussi cruel, de persécuter les homosexuels comme des criminels. Si vous ne me croyez pas, lisez le livre de Havelock Ellis.

En me demandant mon aide, j’imagine que vous me demandez si je peux supprimer l’homosexualité et la remplacer par une hétérosexualité, plus normale. La réponse est que, d’une manière générale, nous ne pouvons rien promettre. Dans certains cas, nous parvenons à développer les germes atrophiés des tendances hétérosexuelles qui existent chez tous les homosexuels, mais, dans la majorité des cas, cela n’est plus possible. Cela est lié à l’âge et au caractère de l’individu. Le résultat du traitement est impossible à prévoir.

Ce que l’analyse peut faire pour votre fils s’apparente à autre chose. S’il est malheureux, névrosé, déchiré par des conflits intérieurs, et introverti dans sa vie sociale, l’analyse peut lui apporter l’harmonie, la paix de l’esprit, une efficacité pleine et entière, quel que soit son état : qu’il reste homosexuel ou qu’il soit transformé.

Si vous en décidez ainsi, il pourrait suivre une analyse avec moi, mais je doute que vous acceptiez, et il lui faudra venir à Vienne. Je n’ai pas l’intention de quitter cet endroit. Toutefois, n’oubliez pas de me répondre.

Bien cordialement et avec mes meilleurs sentiments,

Freud

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à une mère, 9 avril 1935

[ psychanalyse ] [ guérison ] [ explication ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

survie

Soumis au manque de sommeil, à la faim et la soif intense qui le pousse à boire son urine, il perd régulièrement les repères temporels et spatiaux communs. Apparaissent alors des états psychiques inhabituels. Il s’agit très souvent de souvenirs de moments heureux passés avec des amis ou sa famille, mais qui ont la particularité de se rassembler dans une lente revue panoramique du passé procurant un sentiment d’apaisement et lui permettant de délivrer une sorte de message de remerciement et d’adieu à tous ceux qu’il a côtoyés. Il peut s’agir aussi de véritables moments hallucinatoires qui n’ont pour lui ni la qualité d’un rêve ni celle d’un souvenir. Ainsi, le matin du troisième jour, il est réveillé de sa somnolence par la vision intérieure, proche d’une image télévisuelle, de sa mère hurlant le prénom de son père pour lui annoncer une mauvaise nouvelle et Ralston sait, à l’instant de cette vision, que c’est de lui dont il est question. À d’autres moments, il vit une transformation imaginaire radicale de son environnement immédiat, proche cette fois du rêve lucide, dans laquelle des visages souriants surgissent des rochers alentours ; il les associe encore à ses amis, mais le rapport à ces figures est teinté d’ambiguïté car si elles cherchent à communiquer avec lui par des gestes ou la pensée pour le rassurer, ce qui l’envahit d’un immense sentiment de réconfort, il perçoit qu’il est comme invité à venir au milieu d’elles afin d’être mené jusqu’à une limite, qu’il ne franchit pourtant jamais. En général, une voix intérieure interrompt ces moments bienheureux pour le sommer de s’occuper de son corps secoué par les spasmes dus à l’hypothermie. Ce corps, il s’en déconnecte parfois et le voit de haut, cette "conscience" pouvant s’en aller loin du canyon pour "survoler" le Pacifique comme un photon interstellaire ou un oiseau !

Auteur: Le Maléfan Pascal

Info: A propos d'Aron Ralston qui a survécu à un accident de montagne au cours duquel il a dû se couper le bras afin de pourvoir en réchapper, https://www.cairn.info/revue-etudes-sur-la-mort-2010-1-page-167.htm

[ lutte ] [ état de conscience non ordinaire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

sortie astrale

Il y a une méthode qui a souvent fonctionné pour moi et à laquelle il est souvent fait mention pour atteindre l'état vibratoire préalable à la sortie hors du corps : ça consiste à se réveiller de son sommeil nocturne d'attendre au moins 30 minutes voire plus puis de se recoucher avec l'intention d'une s.h.c.
Par exemple aujourd'hui je me suis réveillé vers 6 h du mat, j'ai fait quelques exercices physiques, j'ai ensuite déjeuné puis je suis parti me recoucher environ 2 heures après avec la ferme intention de sortir. Je n'ai pas fermé les yeux de suite mais j'ai simplement laissé vagabonder mon esprit en demeurant conscient, spectateur. Petit à petit j'ai glissé dans le sommeil puis je me suis réveillé à nouveau en état vibratoire (des vagues électriques et bruyantes qui parcourent mon corps), j'ai compris que c'était le moment. Comme à ce moment j'arrivais facilement à visualiser ce que je voulais comme dans un rêve lucide, j'ai imaginé que je faisais du skate dans un skate-parc pour pouvoir m'élancer avec un tremplin et sortir réellement du corps (volonté de sortir + élan du corps éthérique = sortie). Je me suis ensuite promené sur le plan terrestre (intrigue et course poursuite dans une cage d'escalier, flottement sur la cime d'un arbre gigantesque, plongeon dans l'océan, ballade dans les airs...)
Bon alors ce que j'en pense :
Quand on arrive à sortir de son corps de manière volontaire, que l'état vibratoire est atteint par soi-même alors on profite de la totalité de sa conscience lors de la sortie.
Si l'état vibratoire est atteint sans en être conscient alors on n'est que partiellement conscient de soi pendant les "promenades", et ce qu'on perçoit reflète moins la réalité, c'est plus ou moins déformé.
Parfois aussi je réintègre mon corps physique (à cause d'une peur ou autre) et je repars aussitôt pour une autre aventure, même si je bouge mes membres ; c'est à dire que tant que je sens les vibrations et que je suis "décollé" intérieurement de mon corps physique je peux repartir. Finalement je reprends place dans mon véhicule comme un vrai fantôme (lol) et j'aime bien cette sensation, celle d'un drap qui se pose sur la peau juste par effet de la pesanteur, ralenti par l'air sous lui.

Auteur: Internet

Info: Aimé Brozami sur le groupe FB "Voyage Astral Expériences" 11 mai 2020

[ mode d’emploi ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

introspection

Des siècles de nombrilisme. Millénaires de masturbation. De Platon à Descartes à Dawkins à Rhanda. Âmes, agents zombies et qualia*. Complexités de Kolmogorov. La conscience comme étincelle divine. L'esprit comme un champ électromagnétique. La conscience en tant que groupe fonctionnel.

J'ai tout exploré.

Wegner la pensait comme un résumé. Penrose l'imaginait telle le chant d'électrons captifs. Tor Nørretranders prétend que c'est une fraude ; Kazim a parlé de fuites provenant d'un univers parallèle. Metzinger ne voulait même pas admettre son existence. Les IA  pensaient l'avoir mis au jour, puis ont annoncé qu'elles ne pouvaient pas nous l'expliquer. Gödel avait raison après tout : aucun système ne peut se comprendre entièrement lui-même.

Même les meilleurs synthésistes n'avaient su en faire quelque chose. Les murs porteurs ne supportaient simplement pas cette charge.

J'ai commencé à réaliser qu'ils avaient tous raté le coche. Toutes ces théories, tous ces rêves de médications, toutes ces expériences et tous ces modèles essayant de prouver ce qu'elle était : aucun pour expliquer à quoi elle servait. Pas besoin : de toute évidence, la conscience fait de nous ce que nous sommes. Elle nous permet de voir la beauté et la laideur. Elle nous élève vers le royaume exalté du spirituel. 

Oh, quelques outsiders - Dawkins, Keogh, écrivain de pacotille qui atteignait à peine l'obscurité - se sont brièvement interrogés sur le pourquoi de la chose : pourquoi pas de simples ordinateurs, rien de plus ? Pourquoi les systèmes non-sensibles devraient-ils être intrinsèquement inférieurs ? Mais leurs voix ne se sont jamais élevées au-dessus de la foule. La valeur de ce que nous sommes était trop trivialement évidente pour être sérieusement remise en question.

Pourtant, les questions persistent, dans l'esprit des chercheurs, à travers l'angoisse de tous les jeunes excités de quinze ans de la planète. Ne suis-je rien d'autre qu'une étincelle chimique ? Suis-je un aimant dans l'éther ? Je suis plus que mes yeux, mes oreilles, ma langue ; je suis la petite chose derrière ces choses, la chose qui regarde de l'intérieur. Mais qui regarde par ses yeux ? A quoi se réduit-il ? Qui suis-je ? Qui suis-je ? Qui suis-je ?

Bonjour la question de merde. J'aurais pu y répondre en une seconde, si Sarasti ne m'avait pas obligé à la comprendre d'abord.

Auteur: Watts Peter

Info: Blindsight. *conscience phénoménale, contenu subjectif de l'expérience d'un état mental.

[ moi ] [ ego ] [ subjectivité ] [ tour d'horizon ]

 
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non-réciprocité

Tout d'abord, l'amour est une expérience commune entre deux personnes - mais le fait qu'il s'agisse d'une expérience commune ne signifie pas qu'il s'agit d'une expérience similaire pour les deux personnes concernées. Il y a l'amant et le bien-aimé, mais ces deux-là viennent de pays différents. Souvent, le bien-aimé n'est qu'un stimulus pour tout l'amour accumulé qui était resté silencieux au sein de l'amant pendant longtemps. Et d'une certaine manière, chaque amoureux le sait. Il sent dans son âme que son amour est une chose solitaire. Il apprend à connaître une nouvelle et étrange solitude et c'est cette connaissance qui le fait souffrir. Il n'y a donc qu'une seule chose à faire pour l'amoureux. Il doit loger son amour en lui-même du mieux qu'il peut ; il doit créer pour lui-même un tout nouveau monde intérieur - un monde intense et étrange, complet en lui-même. Ajoutons que l'amant dont nous parlons n'est pas nécessairement un jeune homme qui cherche une alliance, il peut être un homme, une femme, un enfant ou toute autre créature humaine sur cette terre.

L'amant peut aussi correspondre à n'importe quelle description. Les personnes les plus farfelues peuvent être le stimulus de l'amour. Un homme peut être  arrière-grand-père et n'aimer qu'une fille étrange qu'il a vue dans les rues de Cheehaw un après-midi il y a vingt ans. Le prédicateur peut aimer une femme déchue. La bien-aimée peut être perfide, au cheveux gris, et avec de mauvaises habitudes. Oui, et l'amoureux peut le voir aussi clairement que n'importe qui d'autre - mais cela n'affecte en rien l'évolution de son amour. Une personne très médiocre peut être l'objet d'un amour sauvage, extravagant et beau comme les lys empoisonnés du marais. Un homme de bien peut être le stimulus d'un amour violent et avili, ou un fou jacassant peut faire naître dans l'âme de quelqu'un une idylle tendre et simple. Par conséquent, la valeur et la qualité de tout amour sont déterminées uniquement par l'amant lui-même.

C'est pour cette raison que la plupart d'entre nous préfèrent aimer qu'être aimés. Presque tout le monde veut être l'amant. Et la vérité crue est que, d'une manière secrète et profonde, l'état d'être aimé est intolérable pour beaucoup. Le bien-aimé craint et déteste l'amant, et ce pour les meilleures raisons. Car l'amant essaie toujours de dépouiller sa bien-aimée. recherche à tout prix une relation avec la personne aimée, même si cette expérience ne peut lui causer que de la douleur.

Auteur: McCullers Carson

Info: The Ballad of the Sad Café and Other Stories

[ passion ] [ déséquilibre ] [ pouvoir ] [ couple ]

 

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protestantisme

1525. — La révolte des paysans. Un brusque éclair déchirant les nuées d’illusion. Et Luther vit, tel qu’il était réellement, il vit, sa faux en mains, son épieu levé, l’homme du peuple misérable, inculte, grossier. Et qui n’acceptait pas, mais de toute sa force sauvage ébranlait furieusement les parois de sa cellule. Lui promettre les fruits magnifiques de la liberté chrétienne ? Dérision trop forte. Prendre part à ses peines, épouser ses revendications ? Jamais. C’était contre Dieu. Et d’ailleurs, le raisonnement que Luther oppose aux iconoclastes : "Les images sont sans vertu ? pourquoi donc s’insurger contre elles ?" — ce raisonnement s’appliquait trop bien aux princes : "Quel pouvoir possèdent-ils sur les âmes ? Aucun. Pourquoi donc se dresser contre une tyrannie qui ne mord pas sur la vraie personne ?" Non, pas de collaboration avec les mutins. Les réprimer, durement. Cogner sans scrupules sur ces museaux insolents.

À ce prix, toutes choses redeviendraient claires. Tout s’ordonnerait à nouveau, de façon satisfaisante. D’un côté, les héros. Quelques rares génies, quelques puissantes individualités, acceptant avec indifférence les contraintes extérieures, subissant sans prendre la peine de protester ou de résister, toutes les gênes et toutes les mesquineries, mais connaissant au-dedans d’eux-mêmes la véritable liberté, la joie surhumaine d’échapper aux servitudes, de tenir les lois pour nulles, de conduire contre les nécessités mécaniques la révolte du libre esprit. De l’autre côté, la masse, soumise aux contraintes, éprouvant leurs rigueurs salutaires, possédant elle aussi en théorie sa liberté intérieure, mais incapable d’en user et menant sa vie dans les cadres d’un état patriarcal agissant et prévoyant pour tous, appliquant à son cheptel humain les recettes d’un despotisme plus ou moins éclairé...

Contraste brutal d’une société luthérienne se développant dans sa médiocrité avec son moralisme pharisaïque et timoré, sa parfaite réussite dans les petites choses, sa passivité et sa lâcheté dans les grandes, et d’une foi visionnaire animant quelques génies héroïques à qui rien ni personne n’en impose, et dont l’esprit parcourt des espaces infinis : mais leur corps reste à terre, dans la boue commune. Des citoyens ? Oui, de la cité céleste. La cité terrestre, ils n’aspirent ni à la diriger ni à l’améliorer. Sujets dociles, fonctionnaires modèles, ils donnent l’exemple de la soumission parfaite aux ordres d’un Prince, qui finalement, se dressant au-dessus de toutes les têtes courbées, détient seul un pouvoir que nul ne lui conteste.

C’était toute l’histoire, toute la philosophie de l’Allemagne luthérienne qui se dessinait ainsi, au printemps de 1525, dans les rêveries sans doute, dans les exhortations en tout cas d’un Luther, troublé au fond de son cœur et d’autant plus fort criant ses certitudes.

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, pages 166-167

[ éternel-temporel ] [ obéissance ] [ politique ]

 

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