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tranquillité

Je me suis demandée pourquoi les endroits sont si beaux quand on est seule. Comme ce serait banal et stupide si j'avais un ami maintenant, assis à côté de moi, quelqu'un que j'avais connu à l'école, qui dirait : "Au fait, j'ai vu la vieille Hilda l'autre jour. Tu te souviens d'elle, celle qui était si douée au tennis. Elle est mariée, avec deux enfants." Avec les campanules à côté de nous sans qu'on les remarque, et les pigeons au-dessus de nos têtes sans qu'on les entende. Je ne voulais personne avec moi. Pas même Maxim. Si Maxim avait été là, je ne serais pas allongée comme je le suis maintenant, à mâcher un morceau d'herbe, les yeux fermés. J'aurais dû le regarder, observer ses yeux, son expression. Me demander s'il aimait ça, s'il s'ennuyait. Me demander à quoi il pensait. Maintenant je pouvais me détendre, aucune de ces choses n'avait d'importance. Maxim était à Londres. Comme c'était agréable d'être à nouveau seule.

Auteur: Du Maurier Daphné

Info: Rebecca

[ solitude ] [ contemplative ]

 

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scène de ménage

Pali de Paris, Mika de Berlin arrivés le même jour, on va les prendre en voiture de location à la gare de Delémont, on les monte et leur barda jusqu'en vieille ville, on soupe chez mon voisin d'au-dessus qui a plus grand et va donc les héberger, à nos frais certes, mais quelle noce ce soir là, avec aussi le voisin d'à côté sous LSD qui en caleçon est muni d'une hache engueule et course sa femme, elle gravit l'escalier, vient frapper, nous on est à l'apéro, on la laisse venir se cacher, puis Teddy qui fracasse notre porte, mais sa proie ayant sauté par la fenêtre, Teddy s'arrête dans notre cuisine, on le calme, on lui passe du couscous, il se détend vite, déjà il roule et picole de nouveau ! S'excusant il distribue des buvards, on gobe, enfin l'expédiant au lit on le désarme et nous on sort au bistrot, Pali et Mika n'ayant pas manqué de gober eux-aussi, nous suivent en costume de chasse direction le Café d'Espagne.

Auteur: Montavon Stéphane

Info: Le Bouge, p 97. L'Age d'homme, 2019

[ acide ] [ bringue ]

 
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enfance

Et, pourtant, au cours de leur long voyage du passé vers le présent, les objets environnants ont perdu une qualité essentielle, tellement indéfinissable qu'on ne peut même pas l'expliquer. Avant, la journée commençait ainsi : les adultes partaient au travail, la porte se refermait derrière eux et tout l'énorme espace qui m'entourait, la multitude infinie d'objets et de positions devenaient miens. Plus aucun interdit ne fonctionnait. Les objets semblaient se détendre et cessaient de cacher quelque chose. [...] Lorsque les adultes étaient là, le lit, je le jure, rétrécissait, se faisait étroit et inconfortable. mais dès qu'ils partaient au travail, soit il devenait plus large, soit l'on pouvait mieux s'y installer. Et chaque planche - à l'époque, on ne les peignait pas encore - se couvrait des arabesques dessinées par la croissance des arbres hachés par la scie sous des angles incroyables. Disparaissaient-elles en présence des adultes ou bien n'y prêtait-on pas attention sur fond de conversations pesantes à propos des équipes de travail, des normes à remplir et de la mort qui rôdait ?

Auteur: Pelevine Viktor

Info: Ontologie de l'Enfance

[ nostalgie ] [ dépoétisation ] [ utilitarisme ]

 
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recherche

Il faut une LONGUE PÉRIODE d'observation totalement détendue et objective pour rassembler et retenir la masse d'informations dont notre appareil de calcul [il parle du cerveau humain] a besoin pour distinguer la forme du fond. Même un sage tibétain, rompu aux exercices de patience, ne réussirait jamais à fixer sans relâche son attention sur un aquarium, un étang peuplé de canards ou à demeurer à un poste d'observation spécialement ménagé dans la nature le temps qu'il faudrait pour recueillir la quantité d'informations dont l'appareil perceptif a besoin. Seuls peuvent fournir cet effort soutenu ceux qui sont fascinés par la beauté de l'objet qu'ils contemplent. Et cela nous conduit à évoquer l'immense valeur scientifique du prétendu "amateurisme" : les grands pionniers de l'éthologie, Charles Otis Whitman et Oskar Heinroth, étaient de grands "amateurs" de leur objet et ce n'est pas un hasard si tant de découvertes importantes de l'éthologie ont été faites sur la classe des oiseaux. L'une de nos plus grandes erreurs consiste à mettre dans l'expression "scientia amabilis" une note péjorative vis-à-vis de la science en question.

Auteur: Lorenz Konrad

Info: Les fondements de l'éthologie

[ dilettantisme ] [ plaisir ] [ liberté ]

 

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cadavre

Un jeune homme était assis sur le lit de camp. Il était penché en avant dans un équilibre des plus précaires, et, dès qu'il se fut remis du choc de la découverte, Genero se demanda comment il tenait ainsi basculé sans s'écraser la figure par terre. C'est alors qu'il vit la corde.
Un bout de corde était attaché aux barreaux de la fenêtre ; l'autre extrémité était nouée autour du cou du jeune homme. Ramassé sur lui-même, il semblait vouloir prendre son élan et bondir. Il avait les yeux dilatés, la bouche ouverte. On eût dit que, tout au fond de lui-même, la vie s'était enroulée comme un ressort remonté à bloc qui allait se détendre pour catapulter le jeune garçon dans la pièce. Seules la couleur du visage et la position des bras indiquaient qu'il était mort. Le teint était violacé, légèrement terreux ; tels de lourds étais, les bras étaient posés de chaque côté du torse, les mains ouvertes, la paume en l'air. A quelques centimètres d'une main gisait une seringue hypodermique. Elle était vide. ... [...]

Auteur: McBain Ed

Info: Le fourgue

 

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personnage

Le général Sash avait cent quatre ans. […] Ses pieds étaient complètement morts maintenant, ses genoux grinçaient comme de vieux gonds, ses reins fonctionnaient quand bon leur semblait, mais son cœur continuait de battre avec une obstination farouche. Passé et avenir se confondaient dans son esprit, le premier tombé dans l'oubli et l'autre hors de portée de sa mémoire ; mourir n'avait guère plus de sens pour lui que pour un quelconque animal. Tous les ans, le jour du Souvenir des Confédérés, on l'empaquetait et on le prêtait au Musée du Capitole ; il y était exposé entre treize et seize heures, dans une salle qui sentait le moisi, pleine de vieilles photographies, de vieux uniformes, de vieux canons et de documents historiques, le tout soigneusement disposé dans des vitrines pour empêcher les enfants d'y toucher. Il portait son uniforme de général, celui du gala, et restait assis, rigide, le sourcil menaçant, sur une petite plate-forme entourée d'une corde. Rien ne suggérait qu'il fût en vie, sauf, de temps à autre, un mouvement de ses yeux laiteux et gris ; une fois pourtant, un gamin avait touché son épée : son bras s'était détendu et, d'une claque, avait repoussé la main de l'audacieux.

Auteur: O'Connor Flannery

Info: Les Braves Gens ne courent pas les rues

[ vieillard ] [ militaire ]

 
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récupération

"Utiliser" l'événement — quel que soit l'événement que Jupiter Salopard, présidant aux nuages, t'a fienté d'vant l'nez, plaf, plaf — pour la magnification d'une activité pseudo-éthique personnelle, en fait protubéremment scénique et salement théâtralisée, est le jeu de quiconque, institution ou personne, veut attribuer à la propagande et à la pêche les dimensions et la gravité d'une activité morale. La psyché du dément politique exhibée (narcissiste à contenu pseudo-éthique) agrippe le crime d'autrui, réel ou supposé, et y rugit dessus comme un fauve couillon et furibard à froid sur une mâchoire d'âne : se conduisant de la sorte pour épuiser (pour détendre), sous la vaine apparence d'un mythe punitif, la sale tension qui le contraint à l'acte pratique : à la pratique quelle qu'elle soit, pourvu qu'il y ait pratique, à la pratique "coûte que coûte". Le crime d'autrui est "utilisé" afin d'assouvir la Mégère à la crinière enserpentée, la multitude en folie : qui ne se laisse pas assouvir pour si peu : il est offert, le crime, comme bouc ou faon déchiré, aux échevelées qui le détruiront en lambeaux, suaves en leurs bonds par buissons ou mamelons, omniprésentes et voraces dans la bacchanale qui s'enflamme de leurs cris, et s'empourpre du massacre et du sang : une pseudo-justice, une pseudo-vérité, ou la pseudo-habilitation aux diktats acquérant ainsi cours légal. 

Auteur: Gadda Carlo Emilio

Info: L'affreuse embrouille de via Merulana, Chapitre IV

[ vindicte populaire ]

 

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grimace

Le sourire est la perfection du rire. Car il y a toujours de l'inquiétude dans le rire, quoique aussitôt calmée ; mais dans le sourire tout se détend, sans aucune inquiétude ni défense. On peut donc dire que l'enfant sourit mieux encore à sa mère que sa mère ne lui sourit ; ainsi l'enfance est toujours la plus belle. Mais dans tout sourire il y a de l'enfance ; c'est un oubli et un recommencement. Tous les muscles prennent leur repos et leur aisance, principalement ces muscles puissants des joues et des mâchoires, si naturellement contractés dans la colère, et déjà dans l'attention. Le sourire ne fait pas attention ; les yeux embrassent tout autour de leur centre. En même temps la respiration et le coeur travaillent largement et sans gêne, d'où cette couleur de vie et cet air de santé. Comme la défiance éveille la défiance, ainsi le sourire appelle le sourire ; il rassure l'autre sur soi et toutes choses autour. C'est pourquoi ceux qui sont heureux disent bien que tout leur sourit. Et l'on peut, d'un sourire, guérir les peines de quelqu'un qu'on ne connaît pas. C'est pourquoi le sourire est l'arme du sage, contre ses propres passions et contre celles d'autrui. Il les touche là dans leur centre et dans leur force, qui n'est jamais dans les idées ni dans les événements, mais dans cette colère armée qui ne peut sourire.

Auteur: Alain

Info: 81 chapitres sur l'esprit et les passions, Les Passions et la Sagesse/la Pléiade, 1960<p.1218>

 

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anecdote

Une autre fois, dans les Dolomites, ces cathédrales de la terre, nous gravissions un couloir au spigolo del Velo. J'arrivais sur un léger replat, quand une pierre tomba à mes côtés. Je levais la tête : vingt mètres au-dessus de moi, il y avait deux chamois, la mère et son petit. Nos chemins se croisaient. Un instant, nous restâmes figés de part et d'autre, puis, décision vite prise, dans une harmonie de sauts, les deux bêtes plongèrent dans le couloir et me frôlèrent. Bien sûr, la mère allait devant, et le petit suivait. En dessous du replat se creusait brutalement le ressaut, mais la mère devait savoir que pour l'éviter, cinq mètres sur la droite, il y avait une vire ; elle se détendit et dans une envolée se retrouva sur l'autre bord. Le petit, qui la suivait de trop près orienta mal son élan et se lança d'abord droit vers le vide, mais immédiatement après le début de son bond, par une merveilleuse cambrure en plein vol, il rectifia sa direction. La mère l'attendait, il atterrit à ses côtés et, avant qu'ils ne poursuivissent, il y eut entre eux deux un regard échangé.
Les ballets imaginés par les hommes sont beaux ; ils ne sont pas plus beaux. Le spigolo del Velo - l'arête du Voile - est une très belle escalade, mais ce jour-là, vous vous en doutez, après ce que nous avions vu, l'escalade était secondaire.

Auteur: Rébuffat Gaston

Info: La montagne est mon domaine

[ animal ] [ alpinisme ] [ nature ] [ émotion ] [ émerveillement ]

 

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rendement financier

L'argent travaille lui aussi, comme tout le monde. Et quand il ne travaille plus, converti en biens immobiliers et revenus locatifs, il garantit l'avenir, sans quoi on nage dans l'incertitude comme les parents de Pierre. Et comme eux on sera réduit à la conjurer dans la bouffe, l'alcool, le Xanax et les crédits revolving, merci bien. On parle de Pierre comme s'il était là, c'est parfaitement désobligeant, oui. L'équilibre de Pierre, pour ne pas dire sa félicité, repose sur la prévision. Entre autres petits placements sans risque dans de jeunes entreprises du big data, ils disposent avec Reine de deux studettes dans le arrondissement louées sans risque à des locataires eux-mêmes entretenus par leurs propriétaires de parents. Ajoutés à cela, deux appartements à Saint-Jean-CapFerrat, loi Pinel, assureront des revenus locatifs en cas non pas de licenciement mais de réflexion, envie de liberté, nécessité d'émigration. La France pourrait devenir insupportable, décevante au moins, l'histoire l'a montré. Enfin, un compte est approvisionné dans le cas plus que probable où la mère de Pierre, fantasque retraitée de l'enseignement primaire, témoignerait d'une soudaine perte d'autonomie et voudrait vivre chez son fils. Pierre a évalué le coût de six ans de pension complète en maison de repos. Il a placé le total à taux fixe et depuis il respire. Ils ne partent pas en vacances tous les quatre matins, inutile. Pierre est suffisamment détendu à l'idée que sa mère ne viendra pas tacher le chesterfield.

Auteur: Pourchet Maria

Info: Les impatients, Page 50, Gallimard, 2019

[ obsession ] [ fric ] [ calcul ]

 

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