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inaccessible

Mon chagrin est comme mon château, perché comme un nid d'aigles, à la cime des monts, parmi les nuages ; personne ne peut l'assaillir. C'est de là que je m'envole pour descendre dans la réalité et saisir ma proie. Mais je ne reste pas en bas, je rapporte ma proie chez moi, et cette proie, c'est un motif que j'insère dans les motifs des tapisseries de mon château. Alors, je vis comme un mort. Tout ce qui a été vécu, je le plonge dans le baptême de l'oubli pour l'éternité du souvenir. Tout ce qui est fini et accidentel est oublié et effacé. Alors, je demeure comme un vieillard grisonnant, pensif, et j'explique les motifs d'une voix douce, presque chuchotante, et à mes côtés siège un enfant qui écoute, bien qu'il se rappelle tout avant que je l'aie raconté.

Auteur: Kierkegaard Søren Aabye

Info: Ou bien... Ou bien, I

[ construction ] [ indicible ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

mousson

La pluie pendant de longs mois, c'est la Souveraine du Rwanda, bien plus que le roi d'autrefois ou le président d'aujourd'hui, la Pluie, c'est celle qu'on attend, qu'on implore, celle qui décidera de la disette ou de l'abondance, qui sera le bon présage d'un mariage fécond, la première pluie au bout de la saison sèche qui fait danser les enfants qui tendent leurs visages vers le ciel pour accueillir les grosses gouttes tant désirées, la pluie impudique qui met à nu, sous leur pagne mouillé, les formes indécises des toutes jeunes filles, la Maîtresse violente, vétilleuse, capricieuse, celle qui crépite sous la bananeraie comme ceux des quartiers bourbeux de la capitale, celle qui a jeté son filet sur le lac, a effacé la démesure des volcans, qui règne sur les immenses forêts du Congo, qui sont les entrailles de l'Afrique, la Pluie, la Pluie sans fin, jusqu'à l'océan qui l'engendre.

Auteur: Mukasonga Scholastique

Info: Notre-Dame du Nil

[ été ] [ saison ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

judaïsme

Si vous êtes un Juif américain d'une certaine génération, la génération qui, comme la mienne, avait des grands-parents immigrants au début du XX° siècle, vous avez probablement grandi en entendant des histoires sur le "pays", sur des petites villes ou les 'shtetls' dont venaient votre grandpa, votre grandma, ou votre nana ou votre 'bubby' ou votre 'zeyde', le genre de petite ville célébrée par des auteurs comme Isaas Bashevis Singer et dans 'Le Violon sur le toit', le genre d'endroit qui n'existe plus. Et vous pensiez probablement, comme je l'ai pensé pendant longtemps, que c'était des endroits modestes, tous pareils plus ou moins, (...). Le genre d'endroit si ordinaire que peu de gens auraient jugé qu'il valait la peine qu'on écrivît à son sujet, jusqu'à ce que cet endroit et tous les autres comme lui fussent sur le point d'être effacés, leur caractère parfaitement ordinaire paraissant, à ce moment-là, digne d'être préservé.

Auteur: Mendelsohn Daniel Adam

Info: Les disparus

[ mémoire ] [ Europe ] [ Usa ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mousson

La pluie pendant de longs mois, c'est la Souveraine du Rwanda, bien plus que le roi d'autrefois ou le président d'aujourd'hui, la Pluie, c'est celle qu'on attend, qu'on implore, celle qui décidera de la disette ou de l'abondance, qui sera le bon présage d'un mariage fécond, la première pluie au bout de la saison sèche qui fait danser les enfants qui tendent leurs visages vers le ciel pour accueillir les grosses gouttes tant désirées, la pluie impudique qui met à nu, sous leur pagne mouillé, les formes indécises des toutes jeunes filles, la Maîtresse violente, vétilleuse, capricieuse, celle qui crépite sur tous les toits de tôles, ceux cachés sous la bananeraie comme ceux des quartiers bourbeux de la capitale, celle qui a jeté son filet sur le lac, a effacé la démesure des volcans, qui règne sur les immenses forêts du Congo, qui sont les entrailles de l'Afrique, la Pluie, la Pluie sans fin, jusqu'à l'océan qui l'engendre.

Auteur: Mukasonga Scholastique

Info: Notre-Dame du Nil

[ averse ]

 

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nature

Ce matin ballade habituelle dans les bois avec Hulk. Le paysage marque sa différence plus clairement qu'à l'accoutumée. Avec 20 centimètres de neige la progression est fatigante, surtout quand on voudrait aller à la vitesse de croisière habituelle. Le sol du sous-bois est vierge, à l'exception les marques de pas d'un lièvre qui serpentent à l'infini dans les deux directions. Souvenir d'enfance : je vais le traquer en suivant ses traces dans la neige... Il ne pourra m'échapper, au pire je serai conduit jusqu'à son terrier...
A un moment le sentier, au milieu des jeunes pousses de foyards, est effacé par les branches qui, du au poids de la neige, se courbent et viennent l'obstruer. Ma piste coutumière s'est métamorphosée en forêt vierge hivernale. Un peu plus tard je dégotte deux petits rogatons de hêtre, restes récents du passage des bûcherons. A mon retour il rejoindront le tas du bois qui ne sera pas consommable avant deux ans.

Auteur: Mg

Info: 18 décembre 2010

[ promenade ]

 

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féminisme

Plaire aux hommes est un art compliqué, qui demande qu'on gomme tout ce qui relève de la puissance. Pendant ce temps, les hommes, en tout cas ceux de mon âge et plus, n'ont pas de corps. Pas d'âge, pas de corpulence. N'importe quel connard rougi à l'alcool, chauve à gros bide et look pourri, pourra se permettre des réflexions sur le physique des filles, des réflexions désagréables s'il ne les trouve pas assez pimpantes, ou des remarques dégueulasses s'il est mécontent de ne pas pouvoir les sauter. Ce sont les avantages de son sexe. La chaudasserie la plus pathétique, les hommes veulent nous la refiler comme sympathique et pulsionnelle. Mais c'est rare d'être Bukowski, la plupart du temps, c'est juste des tocards lambda. Comme si moi, parce que j'ai un vagin, je me croyais bonne comme Greta Garbo. Etre complexée, voilà qui est féminin. Effacée. Bien écouter. Ne pas trop briller intellectuellement. Juste assez cultivée pour comprendre ce qu'un bellâtre a à raconter.

Auteur: Despentes Virginie

Info: King Kong Théorie

[ femmes-hommes ]

 

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intelligence collective

Comment s'étonner alors que les comètes, spectacle si rare dans l'univers, ne soient pas connues, alors que leur récurrence est très grande ? ... Le temps viendra où des recherches assidues sur de longues périodes mettront en lumière des choses aujourd'hui cachées. Une seule vie, même entièrement consacrée au ciel, ne suffirait pas à l'étude d'un sujet aussi vaste... Aussi cette connaissance ne se dévoilera-t-elle qu'à travers de longs âges successifs. Il viendra un temps où nos descendants s'étonneront que nous n'ayons pas su des choses qui leur paraissent si évidentes .... De nombreuses découvertes sont réservées pour des âges encore à venir, lorsque notre mémoire aura été effacée. Notre univers est une bien piètre affaire s'il ne contient pas quelque chose à découvrir à chaque époque... La nature ne révèle pas ses mystères une fois pour toutes. Un jour, il y aura un homme qui montrera dans quelles régions les comètes ont leur orbite, pourquoi elles voyagent si loin des autres corps célestes, quelle est leur taille et quelle est leur nature.

Auteur: Sénèque

Info: Questions naturelles, livre 7. Traduit par Thomas H. Corcoran dans Seneca in Ten Volumes : Naturales Quaestiones II (1972), 279 et 293.

[ trans-époque ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

décor eurasien

La pluie s'arrêta brusquement, effacée, semblait-il par une main invisible. Et à l'instant même le ciel se déchira, étincelant comme une turquoise immense et transparente. Il semblait être le prolongement de cette merveilleuse splendeur qu'était la grande steppe, généreusement baignée par l'averse printanière. Les espaces infinis de l'Anarkhaï s'entrouvrirent encore plus largement, se firent encore plus immenses. Au-dessus de l'Arnakhai, en travers du ciel, se dessina un arc-en-ciel. Il enjamba la terre d'un bout à l'autre et s'immobilisa là-haut, en empruntant toutes les teintes douces de l'univers. Je regardais autour de moi avec ravissement. Bleu, infiniment bleu était le ciel impondérable ; l'arc-en-ciel palpitait en multiples couleurs et la steppe d'absinthe avait des teintes mouillées.

La terre séchait avec rapidité ; au-dessus, dans le firmament, tournoyait un aigle, les ailes puissantes déployées et immobiles. Et on eût dit que ce n'était ni de lui-même, ni grâce à ses ailes qu'il s'élevait ainsi, mais bien la forte haleine de la terre, ses courants chauds et ascendants qui le portaient vers ces hauteurs.

Auteur: Aitmatov Tchinguiz

Info: La pluie blanche et Autres nouvelles

[ gaïa ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

métempsycose

Lorsqu’au jour suprême la vie a quittées [les âmes], les malheureuses ne sont pourtant pas débarrassées complètement de tout le mal et de toutes les souillures corporelles, et le mal qui s’est longtemps amoncelé au fond d’elles-mêmes y a nécessairement des racines d’une longueur étonnante. Elles sont donc soumises à des châtiments et expient dans les supplices leurs maux invétérés : les unes, suspendues en l’air, sont déployées au souffle des vents légers ; les autres lavent au fond d’un vaste gouffre le crime dont elles sont souillées, ou s’épurent dans le feu. Chacun de nous subit ses Mânes ; ensuite on nous envoie dans l’ample Elysée, dont nous occupons en petit nombre les riantes campagnes. Enfin, lorsqu’un long jour, au cercle révolu des temps, a effacé la souillure profonde, et purifié le sens éthéré, étincelle du souffle primitif ; quand toutes ces âmes ont vu tourner la roue pendant mille ans, un dieu les appelle en longue file aux bords du fleuve Léthé, afin qu’oublieuses du passé elles aillent revoir la voûte de là-haut, et commencent à vouloir retourner dans des corps.

Auteur: Virgile Publius Virgilius Maro Vergil

Info: L'Enéide

[ post-mortem ] [ au-delà ] [ bardo ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

espérance

Je me refuse à accepter la fin de l'homme. Il est plutôt facile de dire que l'homme est immortel tout simplement par ce qu'il a subi : que lorsque le dernier bourdonnement du destin sera terminé, effacé même du dernier rocher stérile trônant mutique dans une ultime et rouge agonie crépusculaire, il y aura encore un son : celui de sa petite voix inépuisable, intarrissable. Je refuse d'accepter cela. Je crois que l'homme ne se contentera pas de subir : il l'emportera. Il est immortel, non parce que lui seul parmi les créatures a cette inépuisable voix, mais parce qu'il a une âme, un esprit capable de compassion, de sacrifice et d'endurance. Le devoir du poète, de l'écrivain, est d'écrire sur ces choses. C'est son privilège d'aider l'homme à faire face à la réalité en élevant son cœur, en lui rappelant le courage, l'honneur, l'espoir, la fierté, la compassion, la pitié et le sacrifice qui ont fait la gloire de son passé. La voix du poète ne doit pas seulement être le témoignage de l'homme, elle peut être un des piliers qui l'aident à survivre et à s'imposer. 

Auteur: Faulkner William

Info: Extrait de son discours d'acceptation du prix Nobel de littérature en 1949. Trad Mg

[ credo ] [ positivisme humain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel