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cité imaginaire

Appelés à dicter les règles de la fondation de Périnthe, les astronomes établissent le lieu et le jour selon la position des étoiles, tracent les lignes croisées du decumanus et du cardo, l'un orienté comme la course du soleil et l'autre comme l'axe autour duquel tournent les cieux, ils ont divisé la carte selon les douze maisons du zodiaque, afin que chaque temple et chaque quartier reçoivent la bonne influence des constellations appropriées ; ils ont fixé le point des murs où les portes devaient s'ouvrir, prévoyant que chacune d'elles encadrerait une éclipse de lune dans les mille prochaines années. Perinzia - assuraient-ils - refléterait l'harmonie du firmament ; la raison de la nature et la grâce des dieux donneraient de la fortune aux destins des habitants.

Suivant les calculs exacts des astronomes, Perinthe a été construite ; différents peuples sont venus l'habiter ; la première génération de ceux qui sont nés à Perinzia a grandi dans ses murs ; et ils ont à leur tour atteint l'âge du mariage et des enfants.

Aujourd'hui, dans les rues et sur les places de Périnthe, on rencontre des infirmes, des nains, des bossus, des obèses, des femmes à barbe. Mais le pire ne se voit pas ; des cris gutturaux s'élèvent des caves et des granges, où les familles cachent leurs enfants à trois têtes ou à six jambes.

Les astronomes de Perinzia sont confrontés à un choix difficile : soit admettre que tous leurs calculs sont faux et que leurs chiffres ne peuvent pas décrire le ciel, soit révéler que l'ordre des dieux est précisément celui qui se reflète dans la cité des monstres.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ astrologique ]

 

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musique

Samedi, après votre départ, nous errâmes tristes, les yeux pleins de larmes, à travers le salon dans lequel quelques minutes auparavant vous étiez encore parmi nous. Mon père arriva peu après, désolé de n'avoir pu vous faire ses adieux : ma mère pleurait et parlait sans cesse de son fils Frédéric (ainsi qu'elle vous appelait). Et mes frères ! Félix était complètement abattu : quant à Casimir, il s'efforçait de plaisanter pour nous distraire, mais cela ne lui réussissait pas, car lui-même ressemblait à un Pierrot débitant ses farces, la gorge serrée par les sanglots. Mon père se moquait de nous, voulant paraître gai, mais c'était seulement pour ne pas pleurer. A onze heures, notre professeur de chant arriva ; la leçon n'avait pas d'entrain, aucun de nous ne pouvait chanter. Nous nous sommes mis à parler de vous. Félix me pria de jouer votre valse (la dernière oeuvre que vous nous avez laissée) nous étions tous heureux : mes frères de l'écouter et moi de la jouer, car cela nous rappelait le cher absent. J'ai porté cette valse chez le relieur ; il a ouvert de grands yeux à la vue d'un simple feuillet, mais il ne pouvait en deviner l'auteur. A table, personne ne mangea ; tous les yeux se portaient constamment sur votre place, restée vide et ensuite sur le "coin de Fritz". Votre chaise est toujours à la même place ; elle y restera, très probablement aussi longtemps que nous habiterons ici.
Le soir, on nous conduisit chez notre tante, pour échapper à la tristesse de la première soirée passée sans vous. Papa nous rejoignit bientôt, disant qu'il lui était impossible, de rester ce jour-là à la maison. C'était pour nous un véritable soulagement de fuir le lieu qui nous rappelait sans cesse l'ami qui était parti loin de nous.

Auteur: Wodzinska Maria

Info: sa lettre adressée à Chopin après son départ à Paris, ils ne se reverront pas, et qui fait mention de la 9ème valse, la valse de l'Adieu

[ romantisme ] [ séparation ]

 

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quête cosmique

Le vieux débat a été relancé : avec l'échec des trous de ver, devrions-nous envisager de redessiner nos esprits afin d'intégrer les distances interstellaires ? Un seul self recouvrant des milliers d'étoiles, non par clonage, mais par acceptation de l'échelle de temps naturelle au décalage de la vitesse de la lumière. Des millénaires séparant les événements mentaux. Les contingences locales traitées par des systèmes non conscients. Je ne pense pas que l'idée sera très bien accueillie, cependant - et chaque nouveau projet astronomique est en quelque sorte un antidote. Nous pouvons observer les étoiles à distance, comme toujours, mais nous devons faire la paix avec le fait que nous soyons diminués par ce point.

Mais je me demande toujours : où allons-nous maintenant ? L'histoire est incapable de nous guider. L'évolution ne peut nous guider. La charte C-Z dit "comprendre et respecter l'univers"... mais sous quelle forme ? A quelle échelle ? Avec quel genre de sens, quel genre d'esprit ou de point de vue ? Il nous est possible de tout devenir, et cet espace de futurs possibles diminue peut-être d'une certaine manière la galaxie. Pouvons-nous l'explorer sans nous perdre ? Les Fleshers nourrissaient des fantasmes sur des extraterrestres qui arrivaient pour "conquérir" la Terre, pour voler ses "précieuses" ressources physiques, pour nous anéantir par peur de la "concurrence"... comme si une espèce capable de faire le voyage n'avait pas le pouvoir, ou l'esprit, ou l'imagination, de se débarrasser d'impératifs biologiques obsolètes. "Conquérir la galaxie", c'est ce que feraient les bactéries avec des vaisseaux spatiaux - ne sachant pas faire mieux, sans autre choix.

Notre condition est à l'opposé de cela : nous sommes face à des choix sans fin. C'est pourquoi nous devons trouver une autre civilisation de l'espace. Comprendre Lacerta est important, l'astrophysique de la survie est importante, mais nous devons aussi parler à d'autres qui ont été confrontés aux mêmes décisions et ont découvert comment vivre, que devenir. Nous devons comprendre ce que cela signifie d'habiter l'univers.  

Auteur: Egan Greg

Info: Diaspora. Trad Mg

[ science-fiction ] [ perdus ] [ extraterrestres guides ]

 

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enfant

Quand je suis arrivé à peu près à mes fins, on a sonné à la porte. Je n’ai pas voulu ouvrir tout de suite parce qu’il était tard, et puis j’ai ouvert quand même. Ca ne pouvait être qu’Olga. Même ma mère, ça faisait six mois qu’elle n’avait pas mis les pieds chez moi. On ne communiquait que par téléphone.
- Excuse-moi, qu’elle a fait, de te déranger à nouveau. J’ai mon Nikita qui fait encore des siennes. Viens me donner un coup de main. Je n’en viendrai pas à bout toute seule.
- Pas de problèmes ! ai-je répondu
J’ai jeté ma veste sur les épaules et je l’ai suivie. J’ai laissé ma porte ouverte.
- Alors comme ça, il y a quelqu’un qui ne veut pas dormir ici ?
Le gamin a sursauté et m’a fixé comme si j’étais un spectre. Ses cubes lui en sont tombés des mains.
- Qui est-ce qui n’écoute pas sa maman ?
Il me regarde sans broncher. Les yeux comme des soucoupes.
- Allez, prépare tes affaires. Puisque tu ne veux pas obéir à ta maman, tu vas venir habiter chez moi. Tu ne peux prendre qu’un seul jouet.
Il reste silencieux, la bouche grande ouverte.
- Lequel on va prendre avec nous ? La petite voiture, ou bien ce bonhomme ? C’est qui, celui-là ? Superman ? Allez, vas-y, prends Superman.
Son regard se reporte sur Olga et il murmure :
- Je vais dormir. Je vais aller au lit tout seul, maman.
- C’est parfait. Tu as vite compris. Si tu recommences encore une fois, je reviens et je te prends avec moi pour de bon.
Arrivé à la porte, Olga m’a retenu :
- Tu veux du thé ? Allons à la cuisine – je viens d’en faire.
- Ma porte est restée ouverte. On ne sait jamais ce qui peut arriver…
- Excuse-moi de toujours t’embêter, me dit-elle alors. C’est que… il n’a peur que de toi… Moi, il ne m’obéit plus du tout.
Je me suis mis à rire.

Auteur: Guelassimov Andreï

Info: La Soif

[ désobéissant ] [ mère seule ] [ astuce ]

 

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xénophobie

Des Français dits de souche, en particulier des collégiens, dénoncent des violences racistes à leur encontre. Exemple à Pierrefitte-sur-Seine.
"Au collège, il y a beaucoup de violence. Mais si tu es Français de souche, alors cette violence est plus souvent dirigée contre toi.
Guillaume est élève dans un collège ZEP de Pierrefitte-sur-Seine. Il se plaint de l'intolérance de certains de ses camarades qui, dit-il, manifestent une agressivité envers lui en raison de son appartenance à "l'ethnie française". Maintenant qu'il est en troisième, il dit être moins victime de violence verbale que dans les classes précédentes : "Je n'ai pas tellement vécu ce racisme lorsque j'étais en primaire même si c'est déjà arrivé. Mais dès mon entrée en sixième, j'y ai tout de suite été confronté, presque quotidiennement !"
En parlant de racisme, il désigne donc, par analogie avec le sens premier du terme, une hostilité contre le groupe qu'il représente. Ce groupe est celui des "Français de souche", des "Blancs".
Il se sent exclu et marginalisé au collège. Bastien, désormais en seconde, va dans son sens : "Mes années collège ont été les pires de ma vie ! Depuis la rentrée et mon passage au lycée, ça va quand même bien mieux parce que c'est plus mélangé, même s'il y a encore des réflexions me renvoyant à mes origines françaises."
Lui aussi affirme subir une forme de racisme. Il dit souffrir du fait de ne pas pouvoir l'exprimer aussi facilement que s'il s'agissait d'un racisme dirigé envers des individus issus de l'immigration.
Sa mère, Anne, explique : - Il est arrivé qu'il soit le seul "Gaulois" de sa classe. On parle souvent de diversité, mais justement, la diversité c'est aussi le fait de ne pas avoir que des gens issus de l'immigration en banlieue." Elle déplore la situation, mais elle veut se battre pour rester à Pierrefitte : - Bien des familles ont déménagé. Mes parents et mes grands-parents vivaient déjà ici. Je ne veux pas habiter autre part même si on s'est déjà posé la question. Elle aimerait que le problème soit pris au sérieux et en a déjà discuté avec certains enseignants du collège de son fils.

Auteur: Yildiz Tarik

Info: Ne pas parler du racisme anti-blanc : un déni de réalité, Article publié sur Terre d'avenir, en partenariat avec le Bondy Blog, le 3 novembre 2010

[ inversion ] [ Gaule ]

 

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humour

Actuellement,

mon immeuble est sens dessus dessous.

Tous les locataires en dessous

voudraient habiter au-dessus !

Tout cela parce que le locataire

qui est au-dessus

est allé raconter par en dessous

que l'air que l'on respirait au-dessus

était meilleur que celui que l'on respirait à l'étage

en dessous !

Alors, le locataire qui est en dessous

a tendance à envier celui qui est au-dessus

et à mépriser celui qui est en dessous.

Moi, je suis au-dessus de ça !

Si je méprise celui qui est en dessous,

c'est parce qu'il convoite l'appartement

qui est au-dessus, le mien !

Remarquez... moi, je lui céderais bien

mon appartement à celui du dessous,

à condition d'obtenir celui du dessus !

Mais je ne compte pas trop dessus.

D'abord, parce que je n'ai pas de sous !

Ensuite, au-dessus de celui qui est au-dessus,

il n'y a plus d'appartement !

Alors, le locataire du dessous

qui monterait au-dessus

obligerait celui du dessus

à redescendre en dessous.

Or, je sais que celui du dessus n'y tient pas !

D'autant que, comme la femme du dessous

est tombée amoureuse de celui du dessus,

celui du dessus n'a aucun intérêt à ce que

le mari de la femme du dessous

monte au-dessus!

Alors, là-dessus...

quelqu'un est-il allé raconter à celui du dessous

qu'il avait vu sa femme bras dessus,

bras dessous avec celui du dessus?

Toujours est-il que celui du desssous

l'a su!

Et un jour que la femme du dessous

était allée rejoindre celui du dessus,

comme elle retirait ses dessous...

et lui, ses dessus...

soi-disant parce qu'il avait trop chaud en dessous...

Je l'ai su, parce que d'en dessous,

on entend tout ce qui se passe au-dessus...

Bref ! Celui du dessous leur est tombé dessus !

Comme ils étaient tous les deux soûls,

ils se sont tapés dessus!

Finalement, c'est celui du dessous

qui a eu le dessus !

Auteur: Devos Raymond

Info: Matière à rire, Sens dessus dessous

[ jeu de mots ] [ dans tous les sens ]

 

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occultisme

Emmanuel-Marc-Henri Lalande, né à Nancy en 1868, fit à Paris ses études de médecine. Il y fréquenta les milieux littéraires du symbolisme puis les occultistes de la Librairie du Merveilleux, où Papus le prit en amitié comme il fit avec Sédir ; il lui demanda sa collaboration à sa revue L’Initiation et le fit admettre dans plusieurs ordres initiatiques. C’est alors que celuici prit le pseudonyme de Marc Haven – en adoptant le nom de Haven, génie de la Dignité, dans le Nuctémaron d’Appolonus de Tyane. Lorsqu’il eut passé son doctorat, en 1896, Papus lui conseilla de s’installer à Lyon et il lui fit connaître Monsieur Philippe.

Tout en exerçant sa profession de docteur, dans son propre cabinet et dans un service de l’hôpital Saint-Luc, il fréquenta assidûment Monsieur Philippe. Il le seconda dans les séances de guérison données rue Tête-d’Or. Sa présence, et la validation des ordonnances, permirent d’atténuer, sinon d’empêcher, les poursuites engagées contre le thaumaturge pour son exercice illégal de la médecine. Une école de magnétisme avait été créée à Lyon sur l’initiative de Henri Durville. Marc Haven et Papus y firent des exposés sur la physiologie et l’anatomie. Selon Alfred Haehl qui les fréquentait : "Ces cours n’avaient qu’un rapport très relatif avec le magnétisme fluidique tel qu’il est compris et appliqué ordinairement. Ils étaient surtout destinés aux fidèles auditeurs qui désiraient soigner les malades".

En 1897, Marc Haven fit un mariage très heureux avec Jeanne-Victoire Philippe, fille de son maître ; mais il fut très éprouvé par la mort de ces deux êtres chers : elle en 1904 et lui en 1905. Après être resté longtemps désemparé, il se remaria en 1913 avec Marie-Olga Chestakoff, veuve depuis peu, amie très proche des familles Philippe et Lalande et ils allèrent se fixer dans le Var. Pendant la guerre de 1914-1918, il soigna des blessés à l’hôpital de Nice, ville où il ouvrit ensuite un cabinet de radiologie. Il décéda en 1926, dans la banlieue de Paris où il était revenu habiter, après une longue maladie qu’il accepta avec le silencieux respect de son destin.

Marc Haven écrivit plusieurs ouvrages fort savants et il fit rééditer, en les préfaçant, de nombreux livres anciens. Le plus important de ses travaux fut son livre consacré au Maître inconnu Cagliostro, composé en mémoire de Monsieur Philippe, et en réhabilitation de son héros injustement calomnié et condamné ; et afin d’aider à les comprendre l’un par l’autre. "J’ai pris un personnage – Cagliostro – qui lui ressemblait, pour parler de lui. En relisant mon Maître inconnu, vous y trouverez beaucoup de choses de lui".

Marc Haven entreprit aussi la traduction du Tao te King de Lao Tseu, pour laquelle il apprit le chinois, et en l’accompagnant d’une importante étude. Sa traduction, interrompue par sa mort, fut terminée par son fidèle disciple Daniel Nazir.

Enfin son dernier ouvrage, Le corps, le cœur de l’homme et l’esprit est un guide d’élévation spirituelle. Savant connaisseur du corps humain, de l’ésotérisme et de la mystique, il appuie sa démonstration par des faits, des textes de la sagesse universelle et par des paroles de Monsieur Philippe.

Auteur: Allié Georges

Info:

[ biographie ] [ parcours ]

 
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cité imaginaire

Pour vous parler de Penthesilea, je devrais commencer par vous décrire l'entrée de la ville. On imagine bien sûr voir un mur s'élever de la plaine poussiéreuse,  vous vous approchez pas à pas de la porte, gardée par les gabelleros qui regardent déjà de travers vos ballots. Tant que vous ne l'avez pas atteinte, vous êtes à l'extérieur ; vous passez sous une archivolte et vous vous retrouvez à l'intérieur de la ville ; son épaisseur compacte vous entoure ; gravé dans sa pierre, il y a un dessin qui se révélera à vous si vous suivez son chemin bordé d'arêtes. Si vous pensez cela, vous avez tort : à Pentesilea, c'est différent. Vous marchez depuis des heures et vous ne savez pas si vous êtes déjà au milieu de la ville ou encore à l'extérieur. Comme un lac peu profond qui disparaît dans les marais, Pentesilea s'étend sur des kilomètres dans une soupe de villes diluées dans la plaine : des maisons pâles qui se tournent le dos dans des prairies hirsutes, entre des clôtures de planches et de toits de tôle. De temps en temps, au bord de la route, un épaississement de bâtiments aux façades minces, hautes ou basses, basses comme dans un peigne édenté, ce qui semble indiquer qu'à partir de là le maillage de la ville se rétrécit. Au lieu de cela, vous continuez et vous trouvez d'autres terrains vagues, puis une banlieue d'ateliers et d'entrepôts rouillés, un cimetière, une foire avec des manèges, un abattoir, vous continuez le long d'une rue de magasins miteux qui se perd dans des parcelles de campagne dénudée. Les gens que tu rencontres, si tu leur demandes : - Pour Penthesilea ? - ils esquissent un vague geste circulaire dont on n'est pas sûr de la signification. Est-ce : "Ici", ou : "Plus loin", ou : "Tout autour", ou : "De l'autre côté". - La ville, - vous insistez votre demande. - Nous venons ici pour travailler tous les matins", répondent certains, et d'autres : "Nous revenons ici pour dormir. - Mais où habiter dans la ville ? - vous demandez. - Ce doit être,  disent-ils, - là-bas, - et certains lèvent le bras en oblique vers une concrétion de polyèdres opaques à l'horizon, tandis que d'autres pointent derrière vous le spectre d'autres coquilles. - Alors ai-je passé sans le remarquer ? - Non, essaiez de continuer. Vous continuez donc, passant d'une banlieue à l'autre, et le moment est venu de quitter Penthésilée. Vous demandez la sortie de la ville ; vous repassez le fil de banlieues éparpillées comme un pigment laiteux ; la nuit vient ; les fenêtres s'éclairent, tantôt plus clairsemées, tantôt plus denses. Existe-t'il une Penthésilée cachée dans une poche ou une ride de cet environnement délabré, reconnaissable et mémorisable par ceux qui y sont allés, ou si Penthésilée n'est qu'une périphérie d'elle-même et a son centre partout, vous avez renoncé à comprendre. La question qui commence maintenant à vous ronger l'esprit est plus angoissante : et en dehors de Penthésilée, y a-t-il un dehors ? Ou alors, quelle que soit la distance qui vous sépare de la ville, vous allez de limbes en limbes sans jamais en sortir ?

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ . ]

 

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satellite naturel

A Villers, de ma fenêtre, je regarde la plage pour savoir si elle est en marée haute ou basse…grâce au travail incessant de la Lune. C’est la banlieue de la Terre et ses 384 000 km de distance ne sont plus un problème pour aller s’y balader (en fusée) en attendant de s’y établir, sinon pour y habiter, construire une base pour la conquête de l’espace.

Est-ce à cause de Pierrot que la Lune tourne autour de la Terre en 27,3 jours et sur elle-même également en 27,3 jours ? Sans doute, car Pierrot veut toujours nous regarder, alors la Lune, à cause de cette égalité de rotation, présente toujours la même face à la Terre. La Lune n’émet pas de lumière propre, mais réfléchit les rayons du soleil et donc seule une moitié de sa surface est éclairée et vue depuis notre planète. Ce qui permet à Pierrot de nous réserver ses phases lunaires : la pleine lune lorsque sa face visible est totalement éclairée par le Soleil puis complètement plongée dans la nuit à la nouvelle lune. Le reste du temps sous forme de croissant et de quartier où il se balance dessus pour s’amuser. Ces phases se reproduisent tous les 29,5 jours, berçant ainsi non seulement Pierrot sur son croissant de Lune, mais règlant sur Terre nos activités rurales, de la pêche… sans oublier, mesdames, votre coupe de cheveux en phase croissante.

Mais l’influence principale exercée par Pierrot (la Lune) sur la Terre est les marées. C’est le moment où il joue les marionnettistes et tire les ficelles. Bien que quatre fois plus petite que la Terre, elle exerce sur notre planète une force de gravité attirant à elle les océans. Le Soleil a également un rôle à jouer. Et comme la Terre tourne, la force de gravité de la lune fait que le renflement des océans de part et d’autre du globe terrestre fait monter et descendre les marées deux fois par jour. Il s’écoule donc un laps de temps d’environ 6 heures entre la marée haute et la marée basse. A noter que le magma présent sous la croûte terrestre subit lui aussi des mouvements correspondants au passage de la Lune… heureusement de moindres amplitudes que les marées océaniques. Pierrot, de sa Lune, à cause des marées, exerce aussi une influence sur la course du temps de la Terre. Comment ? L’énergie dissipée par les marées ralentit la rotation terrestre et la durée du jour s’allonge petit à petit. De six heures à l’origine de la Terre (il y a 4,5 milliards d’années) elle est passée à vingt- quatre heures aujourd’hui et dans quelques milliards d’années, une journée vaudra cinquante de nos jours actuels. Dans ce temps lointain, le problème des 35 heures ou 30 (ou moins !) par semaine dans le cadre d’une journée qui dure 1200 heures est définitivement résolu, mais une question demeure : combien d’heures par jour devront-ils alors travailler ? Le problème ne se posera pas, car au cours de ce temps, le couple Terre-Lune se séparera progressivement. A qui la faute de ce divorce annoncé ? Il faut sans doute le demander à Pierrot. En attendant cette échéance lointaine, le couple s’entend à merveille et nous pouvons toujours chanter : au clair de la lune, mon ami Pierrot et je puis avec sa plume (devenu clavier d’ordinateur) continuer à écrire un mot. La lune assure le maintien de l’axe de rotation terrestre, dont l’angle avec la verticale reste "coincé" entre 21 et 24°. Mais au fur et à mesure de leur séparation annoncée, la Lune agira de moins en moins sur le renflement de l’équateur, la stabilité axiale disparaîtra, et, en quelques millions d’années l’axe de la Terre se balancera de façon chaotique selon des angles allant de 0 à 85° détruisant toute stabilité climatique et rendant ainsi la vie sur Terre…impossible (vraisemblablement).

Est-ce pour cette raison lointaine que parfois Pierrot pleure sur son croissant de Lune ?

Auteur: Anonyme

Info: Publication facebook du 04.03.2021

[ astronomie ] [ effets ] [ futur ]

 

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décadence

FORT MCMURRAY, LE TROU DU CUL DU MONDE.
Avant de lire ces quelques lignes, il faut mettre de côté la sensibilité et la compassion pour les gens qui ont perdu leur maison. Sans coeur, aussi immonde que ça puisse paraître, il faut faire abstraction de ces vies chamboulées. Il y a parfois des événements ironiques dans la vie. Des situations qui nous permettent de penser autrement, en perspective, à quelque chose de plus grand.
FortMcMurray : Un court séjour chez Maurice
J'ai déménagé à Fort McMurray en 2009. Comme plusieurs autres canadiens, je cherchais un moyen facile de faire de l'argent. Un salaire de 100,000$ par année, c'était attrayant pour un jeune de 19 ans tout juste gradué du Cégep. "Je vais placer de l'argent de côté, payer mes dettes d'études, et je reviendrai au Québec avec un gros char". C'est la même pensée qui traverse l'esprit de milliers de jeunes canadiens à chaque année. Il n'en fallait pas plus pour nous attirer! Mon ami et moi étions déjà en route pour le trou du cul du monde: Fort McMurray.
Jamais auparavant je n'avais vu autant de pick-ups! Que ce soit dans les rues, les entrées de maisons ou le stationnement du Walmart, il y en avait partout. À Fort McMurray, il y a plus de concessionnaires que d'organismes communautaires, de bibliothèques et d'écoles mis ensemble.
On se le répétait, bientôt, nous allions être riches! Quelques nuits difficiles à dormir dans notre vieille caravan, le temps de trouver un emploi... et le tour est joué!
Quelques jours plus tard, nous avions trouvé une chambre à louer chez une famille de Québécois. Le visage de Fort McMurray, c'était cette famille de la Beauce. Ils avaient déclaré faillite, ils étaient sans ressources et sans moyens. Pour eux, avec leurs deux adolescents, "Le Mac" c'était leur dernier espoir.
Ces Beaucerons n'avaient aucune éducation, toute la famille était obèse, à chaque soir ils commandaient du poulet frit ou de la pizza. Les caisses de Coca-Cola et de Molson Canadian faisaient partie intégrante de la décoration. Bref, une famille colonisée, des truckers de Fort.
Maurice nous demandait 1000$ pour une petite chambre avec deux lits simples. 1 pied séparait les deux lits, on s’entendait péter. Ça allait faire la job! Une maison fièrement achetée 500,000$ par les propriétaires, payé par les chambreurs, nous étions 8! Maurice nous l'avait bien dit: "Le Québec c'est de la marde, jamais j'aurais pu m'acheter une grosse cabane là-bas".
Même après une faillite, c'est très facile de trouver un prêteur dans le Mac, surtout avec un revenu de 100,000$ pour chauffer un camion ou ramasser les ordures.
Maurice allait faire fortune, il était en train de construire 4 nouvelles petites chambres au sous-sol pour les prochains arrivants, il planifiait s'acheter une deuxième maison. Maurice avait des rêves.
Ça ne faisait même pas un mois que nous étions là qu'il augmenta notre loyer à 1,200$ par mois. Si l'on refusait, nous devions quitter le lendemain matin. C'est ce qu'on a fait, salut mon cher Maurice!
À Fort McMurray, il fait toujours gris, les gens boivent beaucoup d'alcool. Cette ville connaît un grave problème de prostitution, de jeu et de drogue. Pour la plupart, des gens peu éduqués qui veulent s'enrichir rapidement, c'est un mélange toxique pour n'importe quelle société. En investissant dans cette ville éloignée, le Canada participe au génocide intellectuel d'une nation.
Comme au Far West, les hommes se promènent en pick up neuf, le menton bien haut, c'est ça la vie. Il y a souvent des bagarres, les gens consomment beaucoup de drogue pour oublier l'ennui, beaucoup de drogue.
Lorsque j'ai commencé à travailler comme agent de sécurité sur une mine, tout le monde avait un seul but: faire fortune sans études en se renseignant le moins possible sur le monde autour. La sélection naturelle renversée.
Fort McMurray, c'est le paradis de l'individualisme et de la bêtise. Jean Chrétien nous l'a dit, c'est ça le plus meilleur pays au monde.
Je me sentais comme dans un livre de Orwell, une société sans culture, sans personnalité, un objectif commun: dépenser son argent dans les bars, les voitures et sur les tables de Blackjack du Boomtown.
C'est là-bas que j'ai rencontré Ashley, une trentenaire de l'Ontario venue habiter à Fort McMurray pour payer ses dettes exubérantes. Elle était là depuis seulement 4 mois, sa première décision fut d'emprunter 50,000$ pour s'acheter une Mustang de l'année. Flambette! Comment vas-tu payer tes dettes Ashley? "Pas grave, avec mon gros salaire, je vais finir par tout payer".
Ces rencontres et constatations furent des événements catalyseurs pour moi. Quant à ma perception de l'économie et de la société canadienne. Je ne me suis jamais senti autant différent, autant Québécois.
Dernièrement, j'ai entendu des politiciens dire à quel point nous devrions être fiers de Fort McMurray. Non, il y a aucune raison d'être fier de Fort McMurray. Il m'est arrivé souvent de penser que cet endroit allait exploser, être abandonné ou même bruler avec tout ce pétrole qui lui sortait par les oreilles.
Non seulement, c'est une tragédie environnementale, mais c'est aussi un poison pour le progrès humain. Lorsqu'on investit dans le pétrole, on détruit des milliers d'âmes créatives. Au lieu d'étudier et participer au progrès, des milliers de jeunes vont mourir là-bas; pour quelques dollars additionnels. Le coût de renonciation pour le Canada est énorme. Ça prend de l'imagination et du cran pour faire autrement.
Nous l'aurions peut-être notre grande innovation, notre grand succès commercial, notre voiture électrique, si ce n'était pas du pétrole. Nous l'aurions peut-être notre indépendance énergétique, notre belle utopie scandinave.
Lorsqu'on fait le choix facile du pétrole, au nom de la productivité, au nom du développement économique, on enterre des futurs scientifiques, on intensifie notre déclin. L'ère des hydrocarbures est révolue au moment où nous devrions investir dans l'économie du 21ème siècle.
Après ce feu, pourquoi reconstruire? Pourquoi réinvestir des milliards de dollars à Fort McMurray. Selon plusieurs études dont celle du National Energy Board, les ressources pétrolières seront totalement épuisées en 2050 et le baril de pétrole restera sous la barre de 100$ jusqu'en 2040. C'est un pari trop risqué.
Fort McMurray n'amène aucune innovation, aucun progrès social, aucune matière grise. Fort McMurray enrichit les concessionnaires et les compagnies de construction, tout cet argent est jeté à la poubelle.
Ce feu remet les choses en perspectives. Je vais vous le dire franchement, Fort McMurray, c'est le trou du cul du monde.
Reconstruire, pourquoi?
Aussi cru que ça puisse paraître, je ne reconstruirais rien, je laisserais le courant naturel des choses faire son oeuvre, le feu de Fort McMurray, c'est l'opportunité de nous sortir des hydrocarbures. Pourquoi dépenser plusieurs milliards, encore, dans une industrie destinée à mourir? Pour stimuler la productivité et le PIB par la dette? Pour créer des emplois dans la construction? Pour épuiser une ressource de moins en moins rentable dans un endroit qui n'existera plus dans 40 ans?
Dans un monde idéal ce serait le moment de recommencer sur de nouvelles bases, dans un monde meilleur il serait temps de relocaliser et former ces gens dans l'économie du 21 ème siècle. Ce feu est une grande ironie.
Monsieur Trudeau, vous avez tout un défi devant vous. Faire le choix facile de l'économie du pétrole et perpétuer cette tradition toxique. Ou alors faire le choix du progrès humain. La balle est dans votre camp.
(Ecrit quelques heures plus tard) Ne méprenez pas mes propos, je suis triste pour les gens éprouvés dans cette tragédie, mais je suis de ceux qui croit que ce malheur en cache un autre bien plus important.

Auteur: Hotte Jean-François

Info: 8 MAI 2016, suite à un gigantesque incendie qui a détruit une partie de cette ville

[ fric ] [ abrutissement ]

 

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