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racisme

Est-ce que je te demande d'où tu viens, moi ? Tout ce que je veux savoir, c'est si tu as toujours été aussi jolie et qu'est-ce qu'il faut faire pour que tu arrêtes de parler ta langue de machine à savoir, ta langue sèche de rapporteuse syndiquée, et que tu parles enfin ta langue d'intérieur, celle qui va avec le sourire, celle des formes lisibles sous la robe tout à l'heure quand je t'ai vue de dos, celle qui n'a rien à voir avec ta langue de métier, ta carrière, ton gagne-pain. Je ne suis pas où tu me cherches. Si tu veux que l'on se comprenne, parle-moi ta langue de haute mer, ta langue de jeunesse, car au fond tu n'es guère plus âgée que moi, malgré ta carte de presse et tes frais de voyage.

Auteur: Trouillot Lyonel

Info: Bicentenaire, Lucien l'étudiant haïtien, son monologue intérieur face à la journaliste étrangère

[ femme-par-homme ]

 

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inné-acquis

Tout enfant normal possède à la naissance la capacité de grandir dans n'importe quelle communauté, de parler n'importe quelle langue, d'adopter n'importe quelle religion, n'importe quelle convention sociale. Ce qui paraît le plus vraisemblable, c'est que le programme génétique met en place ce qu'on pourrait appeler des structures d'accueil qui permettent à l'enfant de réagir aux stimulus venus de son milieu, de chercher et repérer des régularités, de les mémoriser puis de réassortir les éléments en combinaisons nouvelles. Avec l'apprentissage, s'affinent et s'élaborent peu à peu ces structures nerveuses. C'est par une interaction constante du biologique et du culturel pendant le développement de l'enfant que peuvent mûrir et s'organiser les structures nerveuses qui sous-tendent les performances mentales. Dans ces conditions, attribuer une fraction de l'organisation finale à l'hérédité et le reste au milieu n'a pas de sens.

Auteur: Jacob François

Info: Le jeu des possibles, Fayard 1981 p.126

[ ouverture ] [ adaptation ]

 

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psychanalyse

Les particularités les plus intimes et les plus laides de la vie sexuelle peuvent être pensées et rêvées sous forme d’innocentes allusions aux besognes culinaires. Les symptômes de l’hystérie deviennent incompréhensibles si l’on oublie que les symboles sexuels se cachent surtout derrière les choses habituelles et peu surprenantes. Il y a un sens sexuel très net dans l’attitude des enfants névrosés qui ne peuvent voir ni sang ni viande rouge et qui vomissent à la vue des œufs et des nouilles ; de même, quand la crainte que l’homme éprouve normalement à l’égard du serpent s’amplifie, chez les névrosés, d’une manière monstrueuse. Chaque fois que la névrose se dissimule sous ces symboles, elle suit à nouveau les voies qui furent celles de l’humanité primitive et dont témoignent maintenant encore nos langues, nos superstitions et nos mœurs quelque peu ensevelies.

Auteur: Freud Sigmund

Info: L'Interprétation des rêves

[ inconscient ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

déclarations d'amour

Jane
Je pâlis et tombe en langueur :
Deux beaux yeux m'ont blessé le coeur.

Rose pourprée et tout humide,
Ce n'était pas sa lèvre en feu ;
C'étaient ses yeux d'un si beau bleu
Sous l'or de sa tresse fluide.

Je pâlis et tombe en langueur :
Deux beaux yeux m'ont blessé le coeur.

Toute mon âme fut ravie !
Doux étaient son rire et sa voix ;
Mais ses deux yeux bleus, je le vois,
Ont pris mes forces et ma vie !

Je pâlis et tombe en langueur :
Deux beaux yeux m'ont blessé le coeur.

Hélas ! La chose est bien certaine :
Si Jane repousse mon voeu,
Dans ses deux yeux d'un si beau bleu
J'aurai puisé ma mort prochaine.

Je pâlis et tombe en langueur :
Deux beaux yeux m'ont blessé le coeur.

Auteur: Leconte de Lisle Charles-Marie

Info: Recueil, Chansons écossaises

[ poésie ]

 

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toute-puissance philosophique

Le Dieu de Spinoza pourrait donc n’être qu’une immense et fabuleuse araignée qui tisse la toile de l’univers dont il est à la fois le centre et la circonférence, infiniment multipliés, ce qui donnerait une dimension bien étrange à la fascination que Spinoza éprouvait pour la gent arachnéenne. Il y a plus encore. Par une contamination que permettent la langue allemande et le goût nietzschéen pour les calembours, c’est Spinoza lui-même qui devient une araignée (die Spinne) et qui suce le sang du monde réel pour en faire cette coquille vide qu’est l’Ethique sous la solidité apparente de son amure géométrique. Spinoza et Dieu ne font qu’un : "le Dieu occidental est devenu araignée (Spinne) sub specie Spinozae."» L’œuvre de Spinoza qui nous donne l’épure de la totalité se réduit à son tour à une toile d’araignée, et Spinoza rit.

Auteur: Rödel Patrick

Info: Dans "Spinoza, le masque de la sagesse", pages 54-55

[ performatif ] [ spéculations ] [ vision du monde ] [ mise en abyme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

diachronie

Depuis des temps immémoriaux, certains humains ont prétendu traiter de "vérités éternelles" à valeur unique.  Nous avons appelé ces hommes "philosophes" ou "méta-physiciens". Mais ils se rendaient rarement compte que toutes leurs "vérités éternelles" n'étaient que des mots, et des mots pour la plupart issus d'une langue primitive, reflétant dans sa structure la structure supposée du monde de la lointaine antiquité. En outre, ils ne se rendaient pas compte que ces "vérités éternelles" ne durent que tant que le système nerveux humain n'est pas modifié. Sous l'influence de ces "philosophes", de la "logique" à deux valeurs et de la confusion des ordres d'abstractions, nous avons presque tous contracté une prédilection fermement ancrée pour les énoncés "généraux" - les "universaux", comme on les appelait - qui, dans la plupart des cas, impliquent  la conviction sémantique d'une durabilité et d'une validité pour tous les "temps" à venir.

Auteur: Korzybski Alfred Abdank Skarbeck

Info: Science and Sanity: An Introduction to Non-Aristotelian Systems and General Semantics

[ linguistique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

atteinte physique

Je me rapproche du miroir et observe ma dent cassée, celle du devant. Comment cela est-il arrivé ? Je fouille dans ma mémoire : des pages, poussiéreuses, se tournent dans mon esprit. Ah oui, je me souviens ! Je suis rentré droit dans un énorme pot de fleurs en béton. Énorme pour le petit garçon que j’étais. Un enfant plus âgé m’embêtait. J'étais prêt à m’enfuir, tout en l’écoutant me menacer. Je gardais mes distances. Puis, ce fut le black-out. Je me suis réveillé par terre, tout le monde riait de moi, plus cette douleur dans la bouche qui me lançait. Je me suis enfui en pleurant. Après, je me souviens avoir pleuré longuement sous le lit de Maman. Je passais ma langue sur ma dent fêlée, la sensation était insupportable, j'avais l'impression que l'on m'avait ouvert le visage à vif, pour en extraire mon âme. Une impression de dépouillement irréversible.

Auteur: Rezkallah Mohamed

Info: Le sous-sol

[ dentition ] [ blessure ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

idiomes

[Qui sera juge en matière de langage ?] Ce ne sera pas l’historien de la langue, qui n’a la parole que pour le passé ; ce ne sera pas non plus le linguiste, qui a la charge de décrire les lois du langage, mais non de les dicter ; ce ne sera pas le statisticien, qui ne fait qu’enregistrer l’usage. À qui donc attribuer l’autorité ? Elle appartient à l’inventeur, à celui qui crée les formes dont se sert ensuite le commun des hommes, à l’écrivain, au philosophe, au poète… Nous sommes la foule, qui habillons notre pensée du vêtement créé par eux ; nous usons de ce vêtement et nous l’usons. Par nous-mêmes, nous ne pouvons contribuer que peu de chose au développement du langage ; encore est-ce seulement sous la direction de ces maîtres. Il faut nous résigner à n’être que des écoliers, et ce n’est pas aux écoliers à commander.

Auteur: Noreen Adolphe

Info: Sur la correction de la langue, Upsal, 1888 ; cité par Michel Bréal, Essai de sémantique, science des significations, Hachette, 1897, p. 303-304

[ humilité ] [ signifiés ] [ sens ]

 

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illusion

L'empereur Charlemagne, à un âge avancé, tomba amoureux d'une demoiselle allemande. Les barons de la cour étaient très inquiets de voir le souverain, tout à son désir amoureux, et oublieux de la dignité royale, négliger les affaires de l'empire. Lorsque la jeune fille mourut tout soudain, les dignitaires poussèrent un soupir de soulagement, mais leur répit fut de courte durée : car l'amour de Charlemagne ne mourut pas avec elle. L'empereur, ayant fait déposer le cadavre embaumé dans sa chambre, ne voulait plus s'en détacher. L'archevêque Turpin, épouvanté par cette passion macabre, soupçonna quelque enchantement et voulut examiner la dépouille. Dissimulé sous la langue de la morte, il trouva un anneau serti d'une pierre précieuse. A peine l'anneau fut-il entre les mains de Turpin que Charlemagne s'empressa de faire enterrer la morte, reportant son amour sur la personne de l'archevêque. Pour échapper à cette situation gênante, Turpin jeta l'anneau dans le lac de Constance. Charlemagne tomba amoureux du lac, ne voulant plus s'éloigner de ses rives.

Auteur: Calvino Italo

Info: "Rapidité", in "Leçons américaines", éd. Gallimard, p. 49 - trad. C. Mileschi

[ sortilège ] [ dérive des sentiments ] [ passion ] [ conte ] [ historique ] [ envoûtement ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

silence nocturne

J'aime la nuit. Ses sanglots dans les tuyaux. Le frigo qui se remet en marche. L'eau qui coule du robinet pour le chat. Il ne boit qu'à l'eau fraîche qui l'éclabousse. Sa langue rose. Je revisite le silence. Les nuits du monde. Les nuits immenses et lointaines qui bruissent. Les présences animales dans la nuit sans lune, le scarabée qui se hâte, celui qui te veut du bien ou du mal, un cheval qui broute malgré tout, un regard qui fuit, une invention qui te file le frisson, la lune qui court sur le grand piano céleste, effleure les arbres, explose, sur le bord de la rivière, découvre un pêcheur solitaire sans nom et sans sommeil, l'homme est un ami. Il salue la lune qui court, en trébuchant dans la forêt aux mille vies, mille odeurs, mille rêves sombres, mille matins saveurs. 



Les loups en colonne trottinent le long de la lisière. J'incante la nuit. J'incante la lune. Je suis un adorateur.

Auteur: Bohringer Richard

Info: Traîne pas trop sous la pluie

[ dilection ]

 

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Ajouté à la BD par miguel