Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 131
Temps de recherche: 0.0808s

initiation

Imaginons la durée du parcours dans ce vide [le désert] où les êtres et les événements paraissent échapper sans cesse au cadre de l’espace et du temps. Parfois, tel un mirage squelettique, un acacia se tord dans la chaleur qui vibre… Un chameau ivre au loin… Des mouches incessantes qu’on voudrait pulvériser. Les pas tristes puis lourds s’additionnent au fil des jours et la nuit les pieds font mal ou sont glacés dans un vent cinglant où, par -4°, on peine à s’endormir. A tout cela vient s’ajouter la soif du jour, brièvement calmée par une eau salée à vomir qui redouble la fièvre et l’envie, par de médiocres sardines étalées sur un pain moisi qu’on se partage avec ânes et chameaux. Au 15e jour, au 20e ou plus tard, il se passe alors quelque chose. Comme s’il avait fallu ce décapage au marcheur, à travers l’aprêté des éléments, pour éroder puis faire chuter "une vision du monde", un autre apparaît et monte comme une aurore dans les paysages d’une âme qui s’étonne de se découvrir ainsi, telle une inconnue à elle-même et qui commence à se dire. Dès cet instant, la vie se transforme. Le désert fonctionne comme un miroir maintenant ; tout le subtil du réel avec ses touches de couleurs variées et ses tonalités superbes de sons et de parfums, de sentir et de toucher, comblent progressivement le voyageur. […] Il semble que la vie, tout en étant là dans sa plus grandiose saveur sensible, dans sa sensualité même, participe à d’autres événements intimes que je ne peux désigner que comme étant ceux de l’âme elle-même, qui prend connaissance de sa propre substance.

Auteur: Albrecht Pierre-Yves

Info: L'initiation, pages 222-223

[ transfiguration ] [ état de conscience ] [ épreuve ] [ dépassement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

humour

Le petit Johnny est, comme on dit, mentalement retardé. Mais l'histoire qui suit va vous montrer qu'il est loin de l'être.
Johnny, dans la classe de modelage de l'école pour enfants retardés qu'il fréquente, reçoit sa provision de pâte à modeler et commence à la triturer. Il en détache un petit morceau et va dans un coin de la pièce pour y travailler. L'éducateur vient à lui et dit: "Hello, Johnny." Et Johnny répond: "Hello".
- Qu'as-tu dans la main? demande l'éducateur.
- De la bouse de vache, répond l'enfant.
- Que vas-tu en faire?"
Et Johnny répond: "Un éducateur." L'éducateur se dit alors que le petit Johnny a régressé. Alors il fait signe au directeur qui passe justement devant la porte et lui déclare: "Le petit Johnny a régressé."
Le directeur vient près de Johnny et lui dit: "Hello, fiston." Et Johnny répond: "Hello".
- Qu'as-tu dans la main? demande le directeur.
- De la bouse de vache, dit l'enfant.
- Et que fais-tu avec cette bouse de vache?
- Un directeur", répond l'enfant.
Le directeur se dit qu'il s'agit là d'un problème pour le psychologue et fait appeler celui-ci.
Le psychologue est un gars astucieux. Il va à Johnny et dit: "Hello". Et Johnny répond: "Hello".
- Je sais ce que tu as dans la main, dit le psychologue.
- Quoi? dit Johnny.
- De la bouse de vache.
- Oui, dit Johnny.
- Et je sais ce que tu vas en faire.
- Quoi?
- Tu vas en faire un psychologue.
- Non, dit Johnny, je n'ai pas assez de bouse! " Et on traite cet enfant de retardé !

Auteur: Anthony de Mello

Info: Quand la conscience s'éveille

[ répartie ] [ insulte ] [ chef ]

 

Commentaires: 0

racines

Je parle avec Rafaniello, aujourd'hui nous avons le temps, je lui demande si son pays ne lui manque pas. Son pays n'existe plus, il n'y est resté ni vivants ni morts, on les a fait disparaître tous ensemble : "Je ne sens pas le manque, dit-il, mais la présence. Dans mes pensées ou quand je chante, quand je répare un soulier, je sens la présence de mon pays. Il vient souvent me trouver, maintenant qu'il n'a plus une place à lui. Dans le cri du marchand d'eau qui monte avec son charreton à Montedidio pour vendre de l'eau sulfureuse dans des pots de terre cuite, de sa voix aussi me parviennent quelques syllabes de mon pays." Il se tait un moment, ses petits clous dans la bouche et la tête penchée sur une semelle. Il voit que je suis resté à côté et il continue : "Quand tu es pris de nostalgie, ce n'est pas un manque, c'est une présence, c'est une visite, des personnes, des pays arrivent de loin et te tiennent un peu compagnie." Alors don Rafaniè, les fois où il me vient la pensée d'un manque, je dois l'appeler présence ? "C'est ça, et à chaque manque, tu souhaites la bienvenue, tu lui fais bon accueil." Alors quand vous vous serez envolé, je ne dois pas sentir votre manque, moi ? "Non, dit-il, quand il t'arrive de penser à moi, moi je suis présent." J'écris sur le rouleau les paroles de Rafaniello qui ont mis le manque sens dessus dessous et il est mieux comme ça maintenant. Lui, avec les pensées, il fait comme avec les chaussures, il les retourne sur sa caisse et les répare.

Auteur: Luca Erri De

Info: Montedidio

[ travail ]

 

Commentaires: 0

mondialisation

La crise, pour un libéral, ce sont d’abord les événements exogènes qui remettent en cause l’idéal d’un monde de flux. Face à la panique, le seul objectif qui vient à accaparer les esprits est le redémarrage des flux.

En l’absence de capacité de décision proprement politique, la seule solution envisagée est une réforme des processus abstraits qui encadrent les flux. Pour faire face à une situation exceptionnelle, les contrôles doivent être multipliés et intensifiés. [...] Dans un monde illibéral, les crises marqueraient un retour du politique ; à l’inverse, l’histoire récente nous donne à voir une fuite en avant dans l’impolitique : gouvernements soumis à quelques experts médicaux, sociétés privées et cabinets de conseils, décisions publiques fondées uniquement sur des données chiffrées [...] sans aucune considération pour des valeurs ou des principes politiques. [...]

L’ampleur des restrictions imposées aujourd’hui [lors de la crise du covid-19] peut aisément être mal interprétée. Parce que nombreux sont ceux qui sont empêchés d’aller et de venir, de prendre le train ou d’aller au restaurant, on pourrait en conclure que les décideurs publics ont renoncé à leur idéal d’un monde de flux. C’est l’exact inverse qui est vrai. [...] c’est uniquement parce qu’il y a des normes sanitaires strictes que l’on accepte d’importer de la nourriture de producteurs anonymes des quatre coins du monde ; c’est uniquement parce qu’il y a un code de la route très strict que n’importe qui peut rouler n’importe où, etc. [...] C’est ainsi qu’il faut comprendre les efforts en vue de la vaccination obligatoire. Tant que les individus sont "non-standardisés", c’est à dire que certains sont vaccinés et d’autres non, certains testés et d’autres non, les flux lointains sont quasi-impossibles, car l’infrastructure nécessaire au suivi du virus ex post, une fois qu’il a voyagé, est immensément coûteuse.

Auteur: Travers Guillaume

Info: Dans "La société de surveillance, stade ultime du libéralisme", La nouvelle librairie, Paris, 2021, pages 80 à 82

[ gestion ] [ traçage ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

division structurelle

Á un système qui lui-même, de sa propre pente, va essentiellement vers le leurre... vers l’erreur, vers quelque chose qui pointe dans le fait que cet organisme semble tout entier fait, non pour satisfaire le besoin, mais pour halluciner le besoin ...il convient que s’oppose un autre appareil. Et là je ne force pas la note, FREUD lui-même entend bien qu’il doit y avoir une sorte de distinction entre les appareils dont il avoue ne voir aucune trace dans ces supports anatomiques.

Il faut supposer un autre appareil qui vient là entrer en jeu pour exercer un principe, une instance de réalité qui se présentera comme essentiellement un principe de correction, de rappel à l’ordre. Le principe de réalité, c’est-à-dire tout ce à quoi doit, en fin de compte - le fonctionnement de l’appareil neuronique - son efficace, se présente comme un appareil qui va beaucoup plus loin dans le sens d’opposition que le simple contrôle. Il s’agit de la rectification et aussi bien d’ailleurs toute façon d’opérer ne sera que le détour de précaution, de retouche, de retenue dirai-je, pour caractériser essentiellement le mode sur lequel ce principe s’exerce et fonctionne.

Principe de retenue qui vient ici en somme pour corriger, compenser, fondamentalement s’opposer à ce qui paraît être la pente fondamentale de l’appareil psychique. Jamais personne, jamais aucun système possible de reconstitution de l’action humaine n’avait été aussi loin dans le caractère fondamentalement conflictuel, introduit à la base, au principe même de ce que comporte normalement l’affrontement d’un organisme qui semble en principe, après tout, disons-le, plutôt destiné à vivre. Et aucun n’avait poussé plus loin dans les présupposés, explications à donner de cet organisme dans le sens d’une inadéquation radicale pour autant que le dédoublement des systèmes se pose au principe, comme fait pour aller contre l’inadéquation foncière d’un des deux.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire VII, L'Ethique, 25 novembre 1959

[ antagonisme ] [ forces contraires ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

cité imaginaire

On atteint Despina de deux manières : par bateau ou à dos de chameau. La ville se présente différemment selon qu’on y vient par terre ou par mer.

Le chamelier qui voit pointer à l’horizon du plateau les clochetons des gratte-ciel, les antennes radar, battre les manches à air blanches et rouges, fumer les cheminées, pense à un navire, il sait que c’est une ville mais il y pense comme à un bâtiment qui l’emporterait loin du désert, un voilier qui serait sur le point de lever l’ancre, avec le vent qui déjà gonfle les voiles pas encore larguées, ou un vapeur dont la chaudière vibre dans la carène de fer, il pense à tous les ports, aux marchandises d’outre-mer que les grues déchargent sur les quais, aux auberges où les équipages de diverses nationalités se cassent des bouteilles sur la tête, aux fenêtres illuminées du rez-de-chaussée, avec à chacune une femme qui refait sa coiffure.

Dans la brume de la côte, le marin distingue la forme d’une bosse de chameau, d’une selle brodée aux franges étincelantes entre deux bosses tachetées qui avancent en se balançant, il sait qu’il s’agit d’une ville mais il y pense comme à un chameau, au bât duquel pendent des outres et des besaces de fruits confits, du vin de datte, des feuilles de tabac, et déjà il se voit à la tête d’une longue caravane qui l’emporte loin du désert de la mer, vers des oasis d’eau douce à l’ombre dentelée des palmiers, vers des palais aux gros murs de chaux, aux cours sur les carreaux desquelles dansent nu-pieds les danseuses, remuant les bras un peu dans leurs voiles et un peu en dehors.

Toute ville reçoit sa forme du désert auquel elle s’oppose ; et c’est ainsi que le chamelier et le marin voient Despina, la ville des confins entre deux déserts.

Auteur: Calvino Italo

Info: Les villes invisibles

[ relativité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

envie du pénal

Si nous étions authentiquement démocrates nous nous demanderions à quelles lois nous devons obéir.

Plus nous réclamons des lois, plus nous sommes coupables, car notre besoin de lois n'est qu'une défense, une manière de tenir à distance notre désir qui nous apparaît entaché d'innommables péchés...

Le péché, c'est le manque dans l'Autre, dont résulte la castration symbolique.

Si le sujet l'assume, il devient un désirant, s'il s'y soustrait, il restera un coupable.

Le point de départ d'une éthique du sujet de l’inconscient consiste à ne pas ignorer notre jouissance, car qu'on le veuille ou non, nous en sommes intégralement responsables. La jouissance n’est pas à confondre avec le plaisir, la jouissance c’est le plaisir du déplaisir. Pour Lacan, le désir est ce qui vient border la jouissance, l’accès au désir se paie d’un sacrifice de la jouissance, qui change alors de signe et devient un bien en permettant de payer le prix de l’accès au désir: "Le désir, ce qui s'appelle le désir suffit à faire que la vie n'ait pas de sens à faire un lâche. Et quand la loi est vraiment là, le désir ne tient pas, mais c'est pour la raison que la loi et le désir refoulé sont une seule et même chose, c'est même ce que Freud a découvert." (Kant avec Sade)

La loi ne saurait se concevoir sans son envers, l'instance obscène qui bombarde le sujet de ses commandements contradictoires: le surmoi.

Arrivé à une nouvelle porte de la Loi, K découvre que derrière le masque des apparences, il n'y a rien ...rien si ce n'est une répugnante substance visqueuse de jouissance palpitant dans la monstruosité obscène de son hors-sens ; loin de la visée traditionnelle où la Loi est présentée dans sa perspective d'universelle neutralité, chez Kafka la Loi doit assumer son statut de bricolage inconsistant, pénétré de bout en bout par la jouissance...

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 13.01.2021

[ culpabilité ] [ compensation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

infobésité

Pléthore médiatique : Une des premières difficultés, devant la situation d'abondance [de l'offre culturelle] où nous nous trouvons, c'est de ne pas se laisser submerger, de ne pas se laisser guider par des pressions extérieures subtiles et séduisantes, mais de se mettre à l'écoute de soi. Sans narcissisme, sans complaisance. Juste décider de ce qu'on va faire en fonction de notre curiosité, d'un élan qui nous est propre, de notre inquiétude, aussi. Il faut assumer notre goût, même s'il est fragile.

Notre époque se complaît à croire que tout ce qui est de l'ordre du plaisir vient tout seul, alors que le travail, l'effort, sont toujours pénibles. Comme s'il fallait encore attendre la fin du cours ennuyeux pour jouir de la récréation. Ce sont des idées d'enfants! Il y a ainsi une insistance publicitaire sur des lieux de vacances très éloignés, exotiques, comme si le quotidien était si pénible que, pour rompre avec lui, il faille absolument aller le plus loin possible. En réalité, passer du travail au loisir, trouver le plaisir dans l'effort, c'est une question de bonne distance et de souplesse affective et intellectuelle. Je ne pense pas du tout que ça ne touche qu'une élite. Chacun peut voir autour de lui des gens heureux qui vivent ainsi. Il s'agit juste d'être capable d'avoir un rapport vrai avec soi-même, qui s'acquiert en laissant advenir les choses sans précipitation, en se tenant à l'écoute de ses curiosités.

Il faut défendre ses espaces clandestins. Beaucoup de luttes, de guérillas commencent comme ça. On nous offre un certain nombre de loisirs, une certaine vision de la consommation culturelle, on n'est pas obligé de jouer le jeu, d'être là où on nous attend. On peut profiter des vacances pour se reconstituer un univers à soi, se demander: qu'est-ce qui me plaît? Certainement pas un circuit balisé. (...) Une vraie rencontre avec l'art se fait à l'intersection de deux solitudes.

Auteur: Thomas Chantal

Info: à Télérama, 2 septembre 1998

[ abrutissement ]

 

Commentaires: 0

réflexivité

Ce matin, lors de ma matinale routine de capture de citations au hasards du web, je me suis surpris à "discuter" à peu près tout, c'est à dire à vouloir "donner mon avis" de manière plus intrusive que de coutume. Un peu en monologue intérieur mais aussi parce que sur le web il est souvent possible de pondre une remarque/réaction au-dessous d'un extrait.

J'étais donc en train de formuler ma pensée avant de l'écrire... Pour réaliser que ces enchainements d'idées (qui peuvent aller assez loin, d'écrasantes déductions aux plus extendus sauts analogiques en passant par de subtiles révoltes contre cet ordre établi que peut représenter un " texte arrêté "...) sont bonne partie de ma réflexion pour mettre des tags.

Voilà donc un aspect de l'exercice de l'étiqueteur : se laisser emporter par les résonances que suscitent en lui telle ou telle opinion, pour ensuite, en respectant les règles, en faire synthèse pour la catégorie ou les tags, et l'insérer dans le corpus FLP (et dans une chaîne, ou en liant avec un autre extrait)  s'il veut mieux préciser.

Cette opération peut donc être longue et absorbante même si ce n'est pas nécessairement le cas en ce qui me concerne. Avec l'âge peut-être saurai-je de mieux en mieux développer ce temps long méditatif.

C'est bien sûr un plus, voire incontournable, de connaitre FLP, (les potentialités de l'outil - et ses chaines!!) quasiment comme on connait un bouquin de chevet. C'est à dire qu'on ne l'a pas mémorisé, mais qu'on sait quel est son ou ses objet(s), qu'on en connait la structuration tant à grosses mailles que dans son chapitrage plus fin. Et ici, magie de l'informatique, on peut l'investiguer en long, en large, en hauteurs et en travers, pour confronter le fil de pensée qui nous occupe avec d'autres idées. Ou retrouver rapidement un extrait ancien, donc répertorié, (qui nous a marqué et nous vient), pour le comparer.

Auteur: Mg

Info: 2 octobre 2019

[ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ lecture ] [ slow slow thinking ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

amour obsessionnel

Strindberg tout seul dans son délire transforme toutes les régions éparses de l’occulte moderne en méthode de masturbation. Son Journal occulte est un formidable mémento des nuits très secouées qu’il traverse. A cause d’Harriett : l’enfer avec elle dure de 1901 à 1908. A peine vient-il de faire sa connaissance qu’il la tient chaque soir dans ses bras, qu’il lui fait l’amour, qu’elle revient. Il est le premier à se taquiner et se tripoter, à ma connaissance, sur l’air de la nouvelle liturgie. Résistance formidable, exemplaire, à la nullité cachée sous toute jouissance. S’il lui faut absolument le spectre d’Harriett pour se masturber, c’est qu’il n’est pas question qu’il accepte la réalité du néant de ses masturbations. De ses possessions télépathiques, comme il dit… Il finit tout de même par l’épouser. Un peu plus tard, elle est enceinte. Emancipée, elle veut que l’enfant porte son propre nom et pas celui de son mari. Drames, colères. Et tout de suite un prodige : "Ce soir, une boule de feu a traversé la constellation du Cocher." Harriett s’en va, revient, repart. Il sent sa présence dans sa bouche comme un goût de violettes mâchonnées. Elle est loin maintenant, ils ont divorcé, elle s’est même fiancée avec un autre. Ça n’empêche pas les coïts avec son zombi consentant. Comme il dit, leurs affaires sexuelles sont passées "sur le plan astral"… Il inscrit presque tous les jours deux ou trois "X" dans son journal. Parfois plus, parfois moins. C’est le comptage des baises médiumniques. 18 avril 1908 : "La nuit dernière : à 11 heures et demie, elle m’a cherché, gentiment, amoureusement, X X X X . A 3 heures, idem. A 7 heures idem. Six fois !" Et ainsi de suite jour après jour pendant qu’elle se remarie, qu’elle s’apprête à avoir d’autres enfants. Qui seront de lui, bien entendu, il préfère l’en avertir tout de suite dans une lettre : il va les lui faire par conception immaculée et par voie télépathique…

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", pages 272-273

[ psychose ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson