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femmes-par-femmes

- Elle prétend qu'un mariage constitue l'un des spectacles les plus lamentables au monde. C'est gentil de dire ça à son mari ! s'écria monsieur Pontellier, qui enrageait de nouveau en y songeant.
- Pontellier, dit le docteur après un moment de réflexion, laissez votre femme tranquille pendant quelque temps. Ne l'importunez pas, et ne vous préoccupez pas d'elle. Les femmes, mon cher ami, sont des organismes étranges et délicats. Et une femme sensible, à la tête bien faite, comme madame Pontellier, est encore plus singulière. Il faudrait un psychologue de génie pour réussir à les traiter. Lorsque des hommes ordinaires comme vous et moi essaient de venir à bout de leurs lubies, le résultat est désastreux. La plupart des femmes sont fantasques et capricieuses. Ce n'est qu'un caprice de votre femme, dû à une cause, ou plusieurs, que nous n'avons pas besoin d'élucider vous et moi. Cela passera, surtout si vous la laissez en paix.

Auteur: Chopin Kate

Info: L'éveil, Chapitre 22

[ complexes ]

 

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indicible

Mais j'écartai simplement d'une caresse les mèches de son visage pour la regarder. Elle me rappelait ces anges qu'on voit sur les tombes, paupières closes, visage levé et mains jointes.
- Tu as chaud à nouveau, lui dis-je. Tu es sûre que tu te sens bien?
Grace n'ouvrit pas les yeux. Je fis courir un doigt autour de son visage comme pour en écarter encore quelques cheveux. Ma peau me paraissait froide contre la sienne, brûlante.
- Mmm hmm, murmura-t-elle.
Je poursuivis mon geste tout en songeant à lui dire qu'elle était belle, et qu'elle était mon ange, mais je savais ces mots plus lourds de sens pour moi que pour elle: elle y verrait de simples formules, des lieux communs qui la feraient sourire une seconde, avant de... disparaître, trop galvaudés pour être vrais. Pour elle, c'étaient ma main sur sa joue, mes lèvres sur sa bouche, tous ces contacts éphémères qui comptaient et lui prouvaient mon amour.

Auteur: Stiefvater Maggie

Info: Fièvre

[ homme-femmes ]

 

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autosuffisance

Vivre une vie cultivée et sans passion, au souffle capricieux des idées, en lisant, en rêvant, en songeant à écrire, une vie suffisamment lente pour être toujours au bord de l’ennui, suffisamment réfléchie pour n’y tomber jamais.

Vivre cette vie loin des émotions et des pensées, avec seulement l’idée des émotions, et l’émotion des idées. Stagner au soleil en se teignant d’or, comme un lac obscur bordé de fleurs.

Avoir, dans l’ombre, cette noblesse de l’individualisme qui consiste à ne rien réclamer, jamais, de la vie.

Être, dans le tournoiement des mondes, comme une poussière de fleurs, qu’un vent inconnu soulève dans le jour finissant, et que la torpeur du crépuscule laisse retomber au hasard, indistincte au milieu de formes plus vastes. Être cela de connaissance sûre, sans gaieté ni tristesse, mais reconnaissant au soleil de son éclat, et aux étoiles de leur éloignement.

En dehors de cela, ne rien être, ne rien avoir, ne rien vouloir…

Auteur: Pessoa Fernando

Info: Dans "Le livre de l'intranquillité"

[ existence ] [ contemplation ] [ équilibre ] [ insignifiance assumée ] [ réconfort ] [ amour de la vie ] [ mélancolie ]

 
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introspection

Chaque été quand je revenais au pays, et que je restais assis, immobile, au milieu des cigales à la voix brûlante, souvent, une étrange tristesse me saisissait. Cette tristesse, il semblait qu'elle entrât dans mon cœur avec la voix même, si douloureusement aiguë, des cigales : et je me figeais alors dans une longue immobilité, contemplant seulement, solitaire, ma solitude intérieure. Mais cet été-ci, petit à petit depuis mon retour, ma tristesse avait changé de nuance. Et tout comme le cri de la cigale commune avait fait place au cri de la petite cigale, ainsi je sentais, autour de moi, la destinée de ceux qui m'étaient chers entraînée insensiblement dans une immense métamorphose...

Je songeais sans fin à la tristesse du père, à son attitude, à ses paroles. Je songeais à ma lettre au Maître, restée sans réponse. Le Maître et le père représentaient à mes yeux des caractères opposés : c'est pourquoi, rapprochements ou contrastes, mon esprit eût difficilement séparé leurs deux images.

Auteur: Natsume Soseki

Info: Le pauvre coeur des hommes

[ méditation ] [ réflexion ] [ nature ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

hypermarché

Je n’avais jamais, à mon âge, mis les pieds dans un centre Leclerc. Je fus ébloui. Jamais je n’aurais imaginé l’existence d’un magasin aussi richement achalandé, ce genre de choses était inconcevable à Paris. En outre, j’avais vécu mon enfance à Senlis, ville désuète, bourgeoise, anachronique même à certains égards – et mes parents s’étaient acharnés, jusqu’à leur mort, à soutenir par leurs achats l’existence d’un commerce de proximité. Quant à Méribel, n’en parlons pas, c’était un endroit artificiel, recréé, à l’écart des flux authentiques du commerce mondial, une pure pantalonnade touristique. Le centre Leclerc de Coutances, c’était autre chose, là on était vraiment dans la grande, la très grande distribution. Des produits alimentaires de tous les continents s’offraient au long de rayonnages interminables, et j’avais presque le vertige en songeant à la logistique mobilisée, aux immenses porte-conteneurs traversant les océans incertains.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 273-274

[ abondance ] [ profusion ] [ mondialisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nature

Dans les marais du sud du Mississippi on peut regarder le monde s'éveiller quand les rayons d'or pâle du soleil s'immiscent entre les arbres et la mousse et les grues aux larges ailes. Les libellules bourdonnent et les ratons laveurs sortent de leur tanière et crapahutent le long des troncs d'arbres effondrés. Les tortues vont se percher sur des souches qu'inondera bientôt la chaleur du jour et mille autres créatures cachées frétillent sous les eaux noires, armées d'une patience et d'une agilité meurtrières. Des branchages accablés par le temps, incapables de soutenir leur propre masse, ploient et se brisent tels des vieillards se résignant à rejoindre leur tombeau marécageux. Les reptiles ondoient et les merles criaillent dans le paysage zébré par la lumière de l'aube venue prendre la relève de la nuit profonde et paisible.

Tel était le monde auquel Russell songeait, assis dans le car, la tête appuyée contre la vitre. [...] Le monde dont il se rappelait avoir fait partie dans sa jeunesse. Dans son enfance.

Auteur: Farris Smith Michael

Info: Nulle part sur la terre

[ enchevêtrée ] [ matin ] [ éveil ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vieillesse

Je l'imaginais jeune, grande, élégante, faisant le tour des écuries de Manderley, en relevant sa longue jupe pour qu'elle ne traînât pas dans la boue. Je voyais la taille fine, le col montant, je l'entendais commander la voiture pour deux heures. Tout cela était fini maintenant pour elle, tout cela était passé. Son mari était mort depuis quarante ans, son fils depuis quinze. Elle devait rester ici dans cette maison avec son infirmière jusqu'à ce que vînt son heure de mourir. Je songeais que nous savons peu de choses sur les personnes âgées. Nous comprenons les enfants, leurs jeux, leurs espoirs et leurs illusions. J'étais une enfant, hier. Je n'avais pas oublié. Mais la grand-mère de Maxime, assise dans ses châles, avec ses pauvres yeux aveugles, qu'éprouvait-elle, que savait-elle ? Savait-elle que Béatrice bâillait en regardant sa montre ? Devinait-elle que nous étions venues la voir parce que nous pensions que c'était bien, que c'était notre devoir, afin que, en rentrant chez elle, Béatrice pût dire : " Maintenant, j'ai la conscience tranquille pour trois mois " ?

Auteur: Du Maurier Daphné

Info: Rebecca

[ littérature ] [ EMS ] [ corvée ]

 

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voir

Le tissu de l'histoire contemporaine, songeait Eigenvalue, doit être tout en fronces, si bien que pour les gens qui, comme Stencil, se trouve au creux d'une de ces fronces, il est impossible de discerner la chaîne, la trame ou le motif de l'ensemble. Néanmoins, le seul fait d'exister au creux d'une fronce fait supposer d'autres fronces semblables, chacunes enfermanée dans un cycle sinueux, et l'on en vient à prêter à ces cycles une importance plus grande encore qu'au tissage proprement dit et l'on abolit toute idée d'unité. C'est ainsi que nous sommes charmés par ces automobiles si drôles des années trente, par la mode si curieuse des années vingt, par les étranges pratiques morales de nos grands-parents. Nous sommes producteurs et spectateurs de comédies musicales, dont ils sont les héros, et nous nous laissons embringuer dans une fausse représentation et une nostalgie bidon de ce qu'ils ont été. Et, conséquement, nous somme fermés à toute notion de tradition continue. Si nous avions vécu sur la crête de la vague, il en aurais été autrement. Au moins, nous aurions pu comprendre.

Auteur: Pynchon Thomas

Info: V

[ distanciation ] [ recul ] [ cycles ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rencontre

Quand le rayon est tombé sur les boucles emmêlées d'une chevelure auburn, j'ai pensé : il ronge une tête humaine. J'ai continué d'avancer. J'attendais une réaction en espérant que le déranger pendant qu'il était en train de se nourrir serait une provocation suffisante pour qu'il m'attaque. Je portais une arme qui aurait pu le vaporiser en un fin brouillard de chair et de sang, une issue qui m'aurait apporté bien moins d'ennuis et de paperasse que la capture de l'animal vivant. J'ai à nouveau dirigé la lumière vers le haut de la bête et j'ai réalisé que je m'étais trompé. Il ne rongeait rien. Le crâne de l'animal était caché, et la tête humaine était tout simplement... Non, ce n'était toujours pas ça. La tête humaine était tout simplement unie au corps de l'animal. De la fourrure et des taches apparaissaient sur le cou humain, qui se fondait dans les épaules du léopard. Je me suis accroupi à ses côtés en songeant - avant toute chose - à ce que ses griffes pourraient me faire si j'avais ne serait-ce qu'un moment d'inattention.

Auteur: Egan Greg

Info: Axiomatique

[ surprise ] [ hybride ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

fondu-enchaîné

Ici, la forêt s'étendait plus loin ; mais plus on avançait, plus les arbres étaient rudimentaires, pour finir par ne plus ressembler du tout à des arbres. Bientôt ils devinrent approximatifs, à peine une vague idée de ce que doit être un arbre : un tronc gris-brun en bas, et, en haut, un barbouillage verdâtre tenant lieu de feuilles. Peut-être que l'autre mère ne s'intéressait-elle pas beaucoup aux arbres ; ou alors, elle ne s'était pas donné la peine de façonner correctement cette partie de la propriété parce que personne ne s'était jamais aventuré aussi loin. Coraline continua à marcher. Alors la brume apparut. Ce n'était pas une brume humide, comme la brume ou le brouillard normaux. Et elle n'était ni tiède ni froide. En fait, Coraline avait la sensation d'avancer dans le néant. "Je suis une exploratrice, songea-t-elle. Et il faut que je m'en aille d'ici par tous les moyens. Alors je continue à avancer." Autour d'elle il n'y avait plus qu'un vaste rien du tout, comme une feuille de papier vierge ou une très, très grande pièce vide toute blanche. Ni température, ni odeur, ni texture, ni goût - rien.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Coraline

[ rêve ] [ onirisme ] [ littérature ]

 

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