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gratitude

Un lieu où règne la douleur est terre sainte. On comprendra un jour ce que cela veut dire. Jusque-là, on ne saura rien de la vie. Quand, de ma prison, on m'amena entre deux policiers, devant le tribunal des faillites, Robbie attendait dans le sinistre et long couloir afin de pouvoir, devant toute la foule, qu'un geste si simple et si charmant réduisit au silence, soulever gravement son chapeau tandis que, menottes aux mains et tête basse, je passais devant lui. Des hommes sont allés au ciel pour de moindres actes que celui-ci.
(...) Je ne lui ai jamais soufflé mot de ce qu'il avait fait. Jusqu'à présent, j'ignore s'il sait que j'ai eu conscience de son geste. Ce n'est pas là une chose pour laquelle on puisse exprimer des remerciements conventionnels avec des mots conventionnels. Je la conserve dans le sanctuaire de mon coeur. Je la garde là comme un dette secrète que, je suis heureux de le penser, je ne pourrai jamais payer.
Alors que la sagesse ne m'était d'aucun secours, que la philosophie demeurait stérile, que les sentences et les phrases de ceux qui cherchaient à me consoler me laissaient dans la bouche un goût de cendre, le souvenir de ce petit geste d'amour, silencieux et charmant, a descellé pour moi le puits de la pitié, a fait fleurir le désert comme un rose, m'a arraché à l'amertume de la solitude et de l'exil pour me mettre en harmonie avec le grand coeur blessé du monde.

Auteur: Wilde Oscar

Info: De profundis ; La Ballade de la geôle de Reading

[ reconnaissance ]

 

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anecdote

Un habitant de Mimizan, adepte de la chocolatine, a tranché à sa façon ce débat qui agite la France. Il a été condamné mardi à quatre mois de prison ferme. Ils étaient dans les Landes. Les deux jeunes venaient du Nord. Ils ont dit "pain au chocolat". Le ‘défenseur’ de la chocolatine leur a défoncé la mâchoire, enfoncé le crâne et déplacé les dents, en juillet 2020. C’est l’histoire hallucinante qui a été jugé mardi au tribunal de Mont-de-Marsan . L’homme âgé de 20 ans est autant à cheval sur les mots qu’il a le coup de poing facile. Déjà en détention pour d’autres violences, il a écopé de quatre mois de prison ferme supplémentaires.

"Je suis bête. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. Avec l’effet de groupe, l’alcool et le cannabis, ça m’a entraîné", tente-t-il d’expliquer à la barre du tribunal. S’il ne sait pas, en tout cas, il est prêt à utiliser les motifs les plus futiles pour enchaîner les coups… Quelques heures plus tard, il était jugé pour une autre affaire de violences, également parti d’une question de vocabulaire. Cette fois, ses victimes ont eu le malheur de dire que "ça sentait la beuh" en passant à côté de lui. L’homme n’a pas supporté parce qu’il fumait du "shit" et non pas de "la beuh". Cette fois, il a pris six mois ferme de plus .Il n’y a plus qu’à espérer qu’à sa sortie de prison, il ne vienne jamais en Charente pour savoir si on dit "poche" ou "sac en plastique", "since" ou "serpillière".

Auteur: Internet

Info:

[ intolérance sémantique ] [ dénominations ] [ susceptibilité ] [ mot déclencheur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écriture

Si je dis parfois qu'il y a tout dans Balzac, Stendhal, Dostoïevsky ou Tolstoï, je m'aperçois qu'il y a bien autre chose chez Rimbaud, Flaubert ou Valéry. Il ne s'agit plus pour moi de décrire, de déduire ou de conclure. Je répugne à l' "expliqué", comme au "raconté", comme au "romancé". Aussi n'ai-je aucune méthode de travail. J'ai plutôt ma façon de gravir la montagne qui sépare la vallée du papier blanchi du plateau des feuilles noircies. Mais ces pistes demeurent secrètes, même pour moi. Tout ce que je puis révéler, c'est que je voudrais, à mon tour, dire quelques mots de ce qui se passe entre notre âme et les choses, c'est que je voudrais comparaître à mon tour devant le suprême tribunal et connaître l'état de mon cœur. Sans doute, il y a une première prise de contact. Des matières, des images sûres, des odeurs irréfutables, des clartés péremptoires viennent à ma rencontre. J'en écris, soit. C'est un premier jet. J'installe ces couleurs de préface sur un large écran. Je tisse une toile. Le stade second consiste à percevoir plus loin, à m'arrêter devant le même spectacle, à me taire plus avant, à respirer plus profond devant la même émotion. Si j'avais quelque jeune disciple à former, je me contenterais probablement de lui murmurer ces seuls mots "Sensible. s'acharner à être sensible, infiniment sensible, infiniment réceptif. Toujours en état d'osmose. Arriver à n'avoir plus besoin de regarder pour voir. Discerner le murmure des mémoires, le murmure de l'herbe, le murmure des gonds, le murmure des morts. Il s'agit de devenir silencieux pour que le silence nous livre ses mélodies, douleur pour que les douleurs se glissent jusqu'à nous, attente pour que l'attente fasse enfin jouer ses ressorts. Écrire, c'est savoir dérober des secrets qu'il faut encore savoir transformer en diamants. Piste longuement l'expression qui mord et ramène-la de très loin, s'il le faut." Un de mes plus vieux ancêtres avait inventé quelque chose au Palais du Louvre et à la Fontaine des Innocents. Son arrière-petit-fils (il avait une bonne figure) avait inventé un Dictionnaire; mon aïeul avait réinventé sa trousse; mon père avait inventé son verre, ses émaux, sa palette, ses instruments, sa cuisson. Et moi, je cherche à continuer tant bien que mal, en y apportant mon équation de poète chimiste, la taillerie de mes pères…

Auteur: Fargue Léon-Paul

Info: Le Piéton de Paris. Paris, "Par ailleurs". Éditions Gallimard, 1932, 1939.

[ filiation ] [ chaîne ] [ méthode de création ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

biographie

[...] Maître Eckhart – il signait en latin Magister Ekhardus – fut un dominicain, un moine de l’ordre des Prêcheurs. En conférant à ses sermons allemands une force et un éclat qui ont traversé les siècles et qui verdoient encore dans leur surprenante jeunesse, il ne faisait qu’accomplir la tâche essentielle à laquelle le vouait la règle de son ordre. [...] Eckhart n’est aucunement ce marginal à peine connu, héraut de la libre pensée qu’écrase le tribunal de la Sainte Inquisition. C’est au contraire un personnage illustre dans son ordre et dans la chrétienté théologique. Successivement prieur du couvent d’Erfurt, vicaire de la "nation" de Thuringe, prieur provincial de Saxe [...], il se voit en plus confier, en 1307, la province de Bohême. En 1313, il est vicaire général de Maître de l’ordre. Sa carrière théologique n’est pas moins illustre. Après avoir étudié les arts à Paris, il y reçoit, en 1302, le titre de maître en théologie, et, dans l’année universitaire 1302-1303, est chargé par son ordre d’y enseigner la théologie. [...]

Dominicain chargé d’importantes responsabilités, théologien reconnu, instructeur spirituel vénéré à l’égal d’un saint par les moines et les moniales qu’il dirige, Eckhart est le contraire d’un penseur erratique, d’une pièce rapportée étrangère à la pensée de son temps. [...] Eckhart, nourri d’une immense culture, est un expert en philosophie scolastique, marqué par les théologiens rhénans, Albert de Cologne ou Thierry de Freiberg son contemporain, et [...] il entend expressément se situer dans la ligne de la doctrine thomasienne, comme il le déclare à plusieurs reprises, décernant à son auteur les titres de "vénérable frère" et de "docteur éminent". [...] L’œuvre latine fournit les racines et le tronc de l’arbre eckhartien, l’œuvre allemande en est la fleur et le fruit. C’est en elle que ce qui est vérité métaphysique et théologique devient lumière spirituelle et vie. La première fonde la seconde, mais la seconde illumine la première et nous en révèle la vérité la plus radicale. Tout l’effort du Maître, croyons-nous, visait à montrer quelle est l’ultime signification des enseignements de la théologie, et de quelles conséquences ils se révèlent pour l’homme spirituel quand il les prend au sérieux. Ainsi la doctrine eckhartienne n’est ni une simple reprise du thomisme, ni encore moins sa négation, mais elle le prolonge et l’accomplit, au moins à certains égards et selon certaines directions, où le Docteur commun ne l’eût peut-être pas suivi.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 122-123

[ mystique ]

 

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autodestruction

La science moderne et l’état totalitaire constituent, en tant que conséquences nécessaires du déploiement essentiel de la technique, en même temps sa suite. Il en est de même pour les formes et les moyens mis en œuvre pour l’organisation de l’opinion publique mondiale et des représentations quotidiennes des hommes. Non seulement, dans l’élevage et l’exploitation, la vie est objectivée par une technique, mais l’attaque de la physique nucléaire sur les phénomènes de la vie comme telle est en plein développement. Au fond, c’est l’essence vivante elle-même qui est censée se livrer à la production technique.

Que l’on croie trouver aujourd’hui tout sérieusement, dans les résultats et dans la situation de la physique atomique, des possibilités de prouver la liberté humaine et d’ériger une nouvelle doctrine des valeurs, n’est qu’un exemple de plus de la domination de la représentation technique dont le déploiement s’est pourtant déjà depuis longtemps soustrait au domaine des idées et opinions personnelles. (…)

A la place de ce que la teneur en monde, jadis sauvegardée, des choses recelait en dons, se pousse de plus en plus rapidement, de plus en plus brutalement, de plus en plus complètement, l’objectivité de la domination technique sur la terre. Non seulement elle pose l'étant comme susceptible d’être produit dans le processus de la production, mais encore elle délivre les produits de la production par l’intermédiaire du marché (Markt). L’humanité de l’homme et la choséité des choses se diluent, à l’intérieur du propos délibéré d’une production, dans la valeur mercuriale d’un marché qui non seulement embrasse, comme marché mondial, la terre entière, mais qui, en tant que volonté de volonté, tient marché dans l’essence même de l’être et fait ainsi venir tout étant au tribunal d’un calcul général dont le règne est plus tenace là même où les nombres ne paraissent pas en propre. (…)

Ce n’est pas la bombe atomique, dont on discourt tant, qui est mortelle, en tant que machine toute spéciale de la mort. Ce qui depuis longtemps déjà menace l’homme de mort, et non pas d’une mort quelconque, mais de celle de son essence humaine, c’est l’inconditionnel du pur vouloir, au sens de l’auto-imposition délibérée en tout et contre tout. Ce qui menace l’homme en son être, c’est cette opinion qui veut se faire accroire à elle-même et selon laquelle il suffit de délier, de transformer, d’accumuler et de diriger pacifiquement les énergies naturelles pour que l’homme rende la condition humaine supportable pour tous et, d’une manière générale, "heureuse".

Auteur: Heidegger Martin

Info: Dans "Pourquoi des poètes ?" in Chemins qui ne mènent nulle part, pp. 348-349 & 351-354

[ limite ] [ illusions ] [ fantasme de toute-puissance ]

 

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révolution française

Un gentilhomme, nommé M. de Châtaubrun, avait été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire; il avait été mis sur le fatal tombereau et conduit au lieu de l'exécution. Après la Terreur, il est rencontré parmi de ses amis, qui pousse un cri d'étonnement, ne peut croire ses yeux, et lui demande l'explication d'une chose si étrange. Il la lui donna, et je la tiens de son ami. Il fut conduit au supplice avec vingt autres malheureuses victimes. Après douze ou quinze exécutions, une partie de l'horrible instrument se brisa ; on fit venir un ouvrier pour le réparer. Le condamné était avec les autres victimes, auprès de l'échafaud, les mains liées derrière le dos. La réparation fut longue. Le jour commençait à baisser; la foule très-nombreuse des spectateurs était occupée du travail qu'on faisait à la guillotine bien plus que des victimes qui attendaient la mort; tous, et les gendarmes eux-mêmes, avaient les yeux fixés sur l'échafaud. Résigné, mais affaibli, le condamné se laissait aller sur les personnes qui étaient derrière lui. Pressées par le poids de son corps, elles lui firent place machinalement; d'autres firent de même, toujours occupées du spectacle qui captivait toute leur attention. Insensiblement il se trouva dans les derniers rangs de la foule, sans l'avoir cherché, sans y avoir pensé. L'instrument rétabli, les supplices recommencèrent; on en pressait fin. Une nuit sombre dispersa les bourreaux et les spectateurs. Entraîné par la foule, il fut d'abord étonné de sa situation; mais il conçut bientôt l'espoir de se sauver. Il se rendit aux Champs-Elysées; là, il s'adressa à un homme qui lui parut être un ouvrier. Il lui dit, en riant, que des camarades avec qui il badinait lui avaient attaché les mains derrière le dos et pris son chapeau, en lui disant de l'aller chercher. Il pria cet homme de couper les cordes. L'ouvrier avait un couteau et les coupa, en riant, du tour qu'on lui racontait. M. de Châtaubrun lui proposa de le régaler dans un des cabarets qui sont aux Champs-Elysées. Pendant ce petit repas, il paraissait attendre que ses camarades vinssent lui rendre son chapeau. Ne les voyant pas arriver, il pria son convive de porter un billet à un de ses amis, qu'il voulait prier de lui apporter un chapeau, parce qu'il ne voulait pas traverser les rues la tête nue. Il ajoutait que cet ami lui apporterait de l'argent, et que ses camarades avaient pris sa bourse en jouant avec lui. Ce brave homme crut tout ce que lui disait M. de Châtaubrun se chargea du billet, et revint une demi-heure après avec, cet ami.

Auteur: Vaublanc Vincent-Marie Viénot comte de

Info: Mémoires

[ évasion ] [ anecdote ]

 

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dernières paroles

Maman chérie,

La censure allemande ne me permettant pas de mettre sur mes lettres tout ce que je désirerais te faire savoir, je te fais parvenir ce message que tu ne liras qu'après la Victoire.
Je voudrais te dire tout d'abord le chagrin que j'ai de ton malheur, et mon angoisse quand j'ai appris que vous aviez failli être fusillés et que ce n'est qu'à la dernière minute que vous avez été sauvés. Il ne suffisait pas que tu me perdes, il fallait aussi que toute la famille expie le crime d'avoir voulu sauver la Patrie. (...)
Je voudrais maintenant te dire, maman chérie, ce qu'a été ma vie depuis le 30 juin. Je suis seul dans une cellule sans soleil, comme la plupart des autres camarades de souffrances et de combat, mourant de faim, sale, à peine à manger, pas de promenade, pas de lecture, souffrant de froid, et depuis le 7 juillet, je porte nuit et jour les menottes derrière le dos. Je serais un bien mauvais Français, si je n'avais pu trouver le moyen de les ôter !
Le seul réconfort à tous ces supplices (j'oubliais les coups de nerfs de boeuf que j'ai reçus à la Gestapo), c'est la certitude de la victoire* (car bien qu'au secret, on réussit à avoir quelques nouvelles) et l'héroïsme des camarades qui partent à la mort en chantant. La France peut être fière d'avoir de tels enfants. J'espère que la patrie reconnaissante saura récompenser votre sacrifice, qui est celui de tant de familles, et qu'elle saura reconstruire tous les foyers détruits par la barbarie impérialiste.
J'ai été jugé avec mes camarades le 15 octobre. Cela n'a été qu'une comédie. Nous savions à l'avance quel serait le verdict puisque, pour rien, on condamne à mort. Mon acte d'accusation portait : "propagande antifasciste et contre l'armée d'occupation, port et détention d'armes et de munitions, etc". Une seule de toutes ces choses suffisait pour me faire condamner à mort, aussi il n'y avait pas de salut possible. Nous avons tous été condamnés à la peine de mort. Notre attitude devant le tribunal a été digne et noble. Nous avons su imposer le respect à ceux qui assistaient au procès. Les soldats étaient émus, et j'en ai vu un qui pleurait. Pense que nous avions de 17 à 20 ans. Quand, après l'arrêt, le président nous a demandé si nous voulions ajouter quelque chose à nos déclarations, nous avons tous dit notre fierté de mourir pour la Patrie. J'ai moi-même répondu : "Je suis fier de mériter cette peine". S'il leur restait encore quelques scrupules, ça les leur a enlevés. (...)
Je t'embrasse une dernière fois de tout mon coeur, Maman chérie. Je meurs en Français, le front haut, ton nom sur les lèvres, ta pensée dans mon coeur. Ton petit Pierre.

Auteur: Grelot Pierre

Info: extraits de sa dernière lettre *Allusion à la capitulation de l'armée allemande à Stalingrad

[ exécution ]

 

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littérature

En avril 2008, Simone Baulez avait été appelée pour débarrasser l'appartement de l'Odéon. Voyant une cruche sur laquelle était inscrit "Simone et Cioran", un de ses déménageurs lui a fait une plaisanterie. "Je ne connaissais que le nom de Mme Boué. Quand je me suis aperçu qu'il s'agissait de l'écrivain, nous avons redoublé de vigilance et conservé tous les papiers", raconte-t-elle. "L'appartement était encore jonché de livres et de feuilles." Dans la cave, elle a trouvé "des tableaux, un carton de dessins et un buste de l'écrivain". Ainsi que ses journaux, courant jusqu'en 1980, entreposés derrière des tuyaux.
Biffures. Un trésor. Trente-sept cahiers à spirales écrits en rouge et bleu, surchargés de corrections, de biffures et de volutes découragées. Plusieurs états de son oeuvre majeure, De l'Inconvénient d'être né. Qu'il trouve, à la parution, "raté". Un titre, abandonné : "Nostalgie du déluge". Un premier jet, surgi d'une insomnie : "L'obsession de la naissance est le fruit des mauvaises nuits..." Les esquisses d'Ecartèlement et d'Aveux et anathèmes, ponctuées de ses aphorismes : "Dieu est un tortionnaire hors classe. Comment peut-il infliger des heures pareilles." "Ahurissement perpétuel... Je n'ai jamais été à l'aise dans l'être... Ne me séduit que ce qui me précède, les instants sans nombre où je ne fus pas... Le non-né est mon refuge..." (rayés par l'auteur). Il s'étonne de passer sans émotion devant une bouche d'égout où il a jeté un jour un manuscrit.
Des années plus tard, un commissaire-priseur, Me Vincent Wapler, parle à Simone Baulez d'une vente de manuscrits de Céline. "Je lui ai dit que j'avais des cahiers de Cioran, il m'a proposé de les joindre." Pour le tribunal, elle en avait tous les droits, ayant été mandatée pour "débarrasser complètement l'appartement des meubles et objets." Les brocanteurs ont un droit d'aubaine. Ce que l'intéressée résume par : "Ils n'avaient qu'à y descendre, à la cave !"
En outre, la donation faite à Doucet était problématique. Aucun acte n'évoquait les cahiers disparus. Philosophe, son exécuteur testamentaire, Yannick Guillou, de Gallimard, a fait observer que "sans la brocanteuse, ces manuscrits seraient perdus corps et biens". Ses défenseurs, Mes Claire Hocquet et Roland Rappaport, se demandent si Cioran aurait perçu "une lueur démentant son pessimisme dans ce sauvetage de son oeuvre par une chiffonnière". La Roumanie a déjà pris contact pour les acheter.
L'expert Thierry Bodin avait estimé l'ensemble à 150 000 euros il y a trois ans. Avec toute cette ampleur médiatique, le prix ne peut que grimper. Il pense aujourd'hui plutôt à un million d'euros. Ils se trouvent toujours sous bonne garde à Drouot. Quand on dit à la brocanteuse que c'est sans doute sa plus belle découverte, elle se fait évasive : "Ah, cela... Vous savez, si on ne faisait pas de trouvaille, on ne ferait pas ce métier".

Auteur: Noce Vincent

Info: sur Internet

[ héritage ]

 

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mythologie égyptienne

Dans la mythologie, Horus est fils d’Osiris et d’Isis. Osiris, assassiné par son frère Seth avec lequel il était en guerre pour la possession de la terre d’Égypte, est ramené à la vie du moins symboliquement, le temps d’une union, grâce aux efforts d’Isis et de Nephtys. C’est de cette union miraculeuse que vit le jour Horus, engendré pour venger la mort de son père, celui-ci affrontera dès lors son oncle Seth et recevra le trône d’Égypte en héritage. C’est la raison pour laquelle Horus, le dieu "aux deux couronnes" était le descendant post-mortem d’Osiris. Cependant sa légitimité sera sans cesse contestée par Seth et c’est durant l’un des combats qui l’opposa à son oncle qu’Horus perdra temporairement l’œil gauche qui sera ensuite reconstitué par Thot. Appelé Oudjat, cet œil, que les Égyptiens portaient sous forme d’amulette protectrice possédait des vertus magiques. A l’opposé de Seth qui manifeste le chaos, les orages et le désert infertile des "terres rouges", Horus incarne l’ordre et la stabilité, il est le dieu dynastique par excellence, garant de l’harmonie universelle. (...)
Cette monarchie se réclamant d’Horus, dont les souverains furent très certainement coiffés de têtes de faucons, sera très vite absorbée par les rois porteurs de la couronne blanche d’Osiris. C’est de cette double souche méridionale que surgira bien plus tard (on compte jusqu’à 200 à 300 pharaons ayant précédé Ménès) la toute première dynastie officielle symbolisée par Ménès à l’ère cananéenne. Ainsi, pour J. Gossart, "dans ce contexte, Osiris serait le dernier prince consort de l’ancienne société matriarcale, et Horus le premier roi de l’ordre patriarcal", ce qui permettrait d’expliquer "la centralisation progressive et l’émergence de centres de pouvoir en Haute-Égypte, jusqu’à l’unification de toute la vallée sous un même sceptre" qui eut lieu après l’assèchement du Sahara, lorsque les populations qui y résidaient furent contraintes de s’exiler en Égypte. Athéna fait d’ailleurs partie du mythe osirien où elle incarne la "Grande Reine de sagesse" qui jugea le combat entre Seth et Horus et proposa au tribunal divin qu’Horus devienne roi du monde végétal encore préservé du dessèchement, tandis que Seth aurait détenu la garde des plaines désertiques et stériles, les "Terres rouges", mais, pour ne pas favoriser la dynastie d’Horus, elle offrit à Seth des déesses étrangères pouvant très bien désigner ici des reines garamantes ou éthiopiennes, de tradition "rouge" qui succédèrent aux reines libyennes primitives. Tritonide fut donc au départ gouvernée par les reines Berbères de Libye bien avant la naissance de l’Égypte de Ménès mais leur déclin s’accentua progressivement, nous explique J-L Bernard, suite aux invasions répétées, "soit des Amazones dont le matriarcat exacerbé contrariait et rivalisait le leur, soit plus probablement par l’arrivée des Garamantes, peuple du cheval qui partis du Soudan s’introduisirent au Sahara". Les Grandes Reines Berbères n’en cessèrent pas moins de régner sur les régions du Hoggar et ne s’éteignirent que lors de l’invasion arabe à laquelle la célèbre Kahina résista dans les Aurès. Nous signalerons enfin un tombeau exhumé dans le Hoggar en 1932, celui d’une certaine Tin Hinan dont la ressemblance phonétique avec Anthinéa saute aux yeux. La princesse saharienne était ensevelie avec des trésors, sa momie portant un diadème d’or enrichi de pierres précieuses.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle"

[ légendes ] [ histoire ] [ fortéen ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

démocratie

La protodémocratie athénienne (bien connue en grande partie grâce à Aristote) reposait sur un principe intangible, qu'illustre parfaitement la formule de Lincoln : "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ". Le peuple était toujours à la manoeuvre et ne déléguait à l'exécutif que les tâches qu'il ne pouvait effectuer lui-même. Ce principe était garanti par l'isonomia, l'égalité devant la loi, l'isokratia, l'égalité des pouvoirs, et l'isêgoria, l'égalité de la parole. Était citoyen tout homme libre âgé de plus de vingt ans.
On estime le nombre des citoyens à 30.000, 60.000 au pic de peuplement. Les femmes, les enfants, les métèques et les esclaves étaient exclus de l'activité politique. Cette quadruple exclusive est à replacer dans son contexte historique.
L'Ekklesia, l'assemblée démocratique, exigeait un quorum de 6.000 citoyens, mais ils pouvaient être plus nombreux. Elle se réunissait tous les neuf jours en moyenne (la fréquence des séances augmentait en cas de crise) sur la colline du Pnyx, où l'on avait aménagé une tribune semi-circulaire. L'Ekklesia n'était pas une pétaudière. Elle suivait un ordre du jour strict élaboré par le Conseil des Cinq-cents (la Boulê), mais elle pouvait obliger celui-ci à insérer une affaire particulière dans l'ordre du jour de la séance suivante. Tout citoyen, quel que fût son rang, avait droit à la parole et était écouté attentivement. Le vote s'effectuait à main levée, un homme, une voix. La mission de la Boulê ne se bornait pas à encadrer les séances de l'Ekklesia et à en établir l'ordre du jour. Elle rédigeait aussi les propositions de décret ou de loi, et contrôlait étroitement le travail des autres magistrats civils et militaires (droit d'inventaire).
Les cinq cent bouleutes, cinquante par tribu, étaient tirés au sort à l'aide d'une machine, le klêrôtêrion, parmi les citoyens volontaires. Un comité vérifiait les aptitudes (procédure de la docimasie) de ces derniers. Les recalés pouvaient faire appel de la décision auprès du tribunal du peuple. Le bouleute était nommé pour un an. Un citoyen ne pouvait être mandaté plus de deux fois et jamais deux années consécutives. Pendant son temps de service, le bouleute était rémunéré (rien de mirobolant) et nourri aux dépens du contribuable.
Il y avait une présidence de l'État athénien, qui durait vingt-quatre heures. Le président ou épistate était tiré au sort parmi les cinquante prytanes du groupe tribal entré en fonction (un groupe relayait l'autre tous les trente-six jours). Chaque citoyen était susceptible de devenir un jour président. Les membres du tribunal du peuple, l'Héliée, se recrutaient également par tirage au sort, toujours parmi des volontaires.
Les trois pouvoirs, le pouvoir législatif (l'Ekklesia), le pouvoir exécutif (la Boulê) et le pouvoir judiciaire (l'Héliée), étaient séparés. Montesquieu s'en est souvenu dans L'Esprit des lois (1748). La cooptation de l'un à l'autre était rendue impossible par le tirage au sort. Les Athéniens étaient des hommes pragmatiques. Ils ne croyaient pas à la bonté naturelle de l'homme. Ils avaient compris qu'un type qui se sent la " vocation " de gouverner est précisément la dernière personne à qui l'on devrait confier le pouvoir. Même les plus vertueux succombent à son attrait. Ils inventèrent donc, pour les pouvoirs exécutif et judiciaire, un système de sélection procédurier, basé sur des examens préalables et, à certains niveaux, le hasard contrôlé (stochocratie partielle), et l'assortirent d'une clause de non-cumul et de non-renouvellement des mandats.
La démocratie athénienne encourageait l'amateurisme et se donnait les moyens de le conserver. La procédure de l'ostracisme était lancée dès lors qu'un citoyen soupçonnait un autre citoyen riche et charismatique de vouloir tirer avantage de sa position pour tenter un coup de force. La formule combine plusieurs modes de fonctionnement, mais ne les multiplie pas non plus à l'excès. Elle est relativement bien balancée. Il serait intéressant de la réévaluer à l'aune des expériences de la démocratie associative.

Auteur: Rouziès-Léonardi Bertrand

Info:

[ historique ] [ Grèce antique ] [ société ]

 

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