Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 791
Temps de recherche: 0.0665s

prise de pouvoir

Il y a maintenant presque exactement mille six cents ans que dans l’Empire romain sévissait également un dangereux parti révolutionnaire. Il sapait la religion et tous les fondements de l’Etat. Il niait carrément que la volonté de l’empereur fût la loi suprême, il était sans patrie, international, il s’étendait sur tout l’Empire depuis la Gaule jusqu’à l’Asie, débordait les limites de l’Empire. Il avait fait longtemps un travail de sape souterrain, secret. Mais depuis assez longtemps déjà il se croyait assez fort pour paraître au grand jour. Ce parti révolutionnaire qui était connu sous le nom de chrétien avait aussi sa forte représentation dans l’armée ; des légions tout entières étaient chrétiennes. Lorsqu’ils recevaient l’ordre d’aller aux sacrifices solennels de l’Eglise païenne nationale pour y rendre les honneurs, les soldats révolutionnaires poussaient l’insolence jusqu’à accrocher à leur casque des insignes particuliers – des croix – en signe de protestation. […] L’empereur Dioclétien ne put conserver plus longtemps son calme en voyant comment on sapait l’ordre, l’obéissance et la discipline dans son armée. Il intervint énergiquement, car il en était encore temps. Il promulgua une loi contre les chrétiens. Les réunions des révolutionnaires furent interdites, leurs locaux fermés ou même démolis, les insignes chrétiens, croix, etc., furent interdits, comme en Saxe les mouchoirs rouges. Les chrétiens furent déclarés incapables d’occuper des postes publics, on ne leur laissait même pas le droit de passer caporaux. […] on interdit purement et simplement aux chrétiens de demander justice devant les tribunaux. Cette loi d’exception resta elle aussi sans effet. Par dérision, les chrétiens l’arrachèrent des murs ; bien mieux, on dit qu’à Nicomédie, ils incendièrent le palais au-dessus de la tête de l’empereur. Alors, celui-ci se vengea par la grande persécution des chrétiens de l’année 303 de notre ère. Ce fut la dernière de ce genre. Et elle fut si efficace que dix-sept années plus tard, l’armée était composée en majeure partie de chrétiens et que le nouvel autocrate de l’Empire romain qui succéda à Dioclétien, Constantin, appelé par les curés le Grand, proclamait le christianisme religion d’Etat.

Auteur: Engels Friedrich

Info: "Introduction à La lutte des classes en France", 1895, dans "Le rôle de la violence dans l'histoire", éd. Le temps des cerises, Montreuil, 2020, pages 231-233

[ exemple historique ] [ vainqueurs ] [ communisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie hégélienne

La Phénoménologie de l’Esprit montre la structure de la raison comme structure de la domination et comme dépassement de cette domination. La raison se développe à travers le développement de la conscience de soi de l’homme qui triomphe de la nature et du monde historique et en fait le matériau de sa propre réalisation. […]

Mais la Phénoménologie de l’Esprit ne serait pas l’auto-interprétation de la civilisation occidentale si elle n’était rien de plus que le développement de la logique de la domination. La Phénoménologie de l’Esprit conduit au dépassement de cette forme de liberté qui provient de la relation antagonique avec l’autre. Et le vrai mode de liberté n’est pas l’activité incessante de la conquête, mais la cessation de cette activité, dans la connaissance limpide et la satisfaction de l’être.  […]

Tout au long de la Phénoménologie de l’Esprit, la tension entre le contenu ontologique et le contenu historique demeure : les manifestations de l’esprit sont les étapes principales de la civilisation occidentale, mais ces manifestations historiques restent entachées de négativité, l’esprit ne revient à lui que dans le savoir absolu et en tant que savoir absolu. C’est en même temps la forme vraie de la pensée et la forme vraie de l’être. L’être est dans son essence même raison. Mais la forme la plus haute de la raison est, pour Hegel, presque à l’opposé de la forme existante : elle est plénitude atteinte et conservée, unité transparente du sujet et de l’objet, de l’universel et de l’individuel, une unité dynamique plutôt que statique, dans laquelle tout devenir est une auto-extériorisation libre (Selbst-Entäusserung), une libération et une jouissance des potentialités. Le travail de l’histoire trouve sa fin dans l’histoire : l’aliénation disparaît, et avec elle la transcendance et le flux du temps. L’esprit "dépasse" sa forme temporelle ; il nie le Temps. Mais la "fin" de l’histoire se ressaisit de son contenu : la force qui accomplit la conquête du temps est la mémoire (recollection du souvenir). […]

L’être n’est plus la transcendance douloureuse vers l’avenir, mais la reconquête pacifique du passé.

Auteur: Marcuse Herbert

Info: Dans "Eros et civilisation", trad. de l'anglais par Jean-Guy Nény et Boris Fraenkel, éditions de Minuit, Paris, 1963, pages 105-108, à propos d'un ouvrage de Hegel

[ résumé ] [ souvenir ] [ ouroboros ] [ appartenance lucide ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

tube rock

[…] il était j'imagine pas très loin de minuit lorsque je lui proposai de mettre de la musique, ce qui depuis longtemps était la seule chose à faire, la seule chose possible dans notre situation, il acquiesça avec reconnaissance et là je ne me souviens plus trop bien de ce qu'il a mis parce que j'étais moi-même complètement saoul, saoul et désespéré, le fait de repenser à Camille m'avait achevé en quelques secondes, immédiatement avant je me sentais le mec fort, le sage et le consolateur, et d'un seul coup je n'étais plus qu'une merde à la dérive, enfin je suis sûr qu'il nous a mis ce qu'il avait de mieux, ce à quoi il tenait le plus. Le seul souvenir précis que j'ai, c'est un enregistrement de Child in time, un pirate réalisé à Duisburg en 1970, la sonorité de ses Klipschorn était vraiment exceptionnelle, esthétiquement c'était peut-être le plus beau moment de ma vie, je tiens à le signaler dans la mesure où la beauté peut servir à quelque chose, enfin on a dû se le passer trente ou quarante fois, à chaque fois captivés, sur le fond de la calme maîtrise de John Lord, par le mouvement d'envol absolu par lequel Ian Gillan passait de la parole au chant, puis du chant au cri, et ensuite revenait à la parole, immédiatement après s'ensuivait le break majestueux de Ian Paice, il est vrai que John Lord le soutenait avec son habituel mélange d’efficacité et de grandeur, mais quand même le break de Ian Paice était somptueux, c'était sans doute le plus beau break de l'histoire du rock, puis Gillan revenait et la seconde partie du sacrifice était consommée, Ian Gillan s'envolait à nouveau de la parole au chant, puis du chant au cri pur, et malheureusement peu après le morceau se terminait et il n'y avait plus qu'à replacer l'aiguille au début et nous aurions pu vivre éternellement ainsi, éternellement je ne sais pas c’était sans doute une illusion mais une illusion belle...

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 226-227 à propos d'un morceau de Deep Purple

[ description sonore ] [ chanson ]

 
Mis dans la chaine
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

hommes-femmes

Il savait qu’Ursule lui était revenue. Il savait que sa propre vie reposait en elle. Mais il aurait préféré mourir que d’accepter l’amour qu’elle lui offrait. L’ancienne façon d’aimer lui semblait un terrible lien, une sorte d’enrôlement forcé. Ce que l’amour était pour lui, il ne le savait pas, mais l’idée de l’amour, du mariage, des enfants, d’une vie vécue côte à côte, dans l’horrible intimité de la satisfaction domestique et conjugale avait pour lui un côté répugnant. Il voulait quelque chose de plus épuré, de plus libre, de plus frais pour ainsi dire. L’intimité ardente et étroite entre l’homme et la femme le dégoûtait. La façon dont ils fermaient leurs portes, ces gens mariés, et s’enfermaient dans leur alliance exclusive, même par amour, le choquait. 

C’était toute une communauté entièrement composée de couples méfiants, enfermés comme dans une île dans leurs maisons ou leurs chambres particulières, et n’admettant aucune vie plus large, aucun avenir, aucune relation désintéressée : un kaléidoscope de couples, désunis, séparatistes, des entités dépourvues de signification, de couples mariés !

Car il détestait le concubinage plus encore que le mariage ; une liaison, c’était un autre genre d’accouplement réactionnaire par rapport au mariage légal. Et la réaction était beaucoup plus ennuyeuse que l’action.

[…] Il croyait au mariage intersexuel. Mais, au-dessus, il désirait une union plus haute dans laquelle l’homme et la femme conserveraient la liberté de l’autre, se faisant équilibre l’un à l’autre comme les deux pôles d’une même force, comme deux anges ou deux démons.

Il désirait tellement être libre, non sous la contrainte d’un besoin quelconque d’unité, ou la torture d’un désir insatisfait. Le désir et l’aspiration trouveraient leur objet sans toute cette torture, de même que dans un pays où l’eau est abondante, on ne sent jamais la soif que l’on étanche sans y penser.

Il désirait être avec Ursule aussi libre qu’avec lui-même, solitaire, clarifié, froid et en même temps équilibré, polarisé avec elle. Il détestait jusqu’à la folie l’amour qui dévore, qui empoigne, qui mélange les êtres.

Auteur: Lawrence David Herbert

Info: Femmes amoureuses, traduit de l’anglais par Maurice Rancès et Georges Limbour, éditions Gallimard, 1949, pages 281-282

[ réinvention ] [ transcendant ] [ idéal ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

stade du miroir

C’est pour autant que le tiers, le grand Autre, intervient dans le rapport du moi au petit autre, que quelque chose peut fonctionner, qui entraîne la fécondité du rapport narcissique lui-même.

Exemplifions-le dans un geste de l’enfant devant le miroir, geste qui est bien connu, et qui n’est pas difficile à observer. L’enfant qui est dans les bras de l’adulte est confronté exprès à son image. L’adulte, qu’il comprenne ou pas, ça l’amuse. Il faut donner alors toute son importance à ce geste de la tête de l’enfant qui, même après avoir été captivé par les premières ébauches de jeu qu’il fait devant sa propre image, se retourne vers l’adulte qui le porte, sans que l’on puisse dire sans doute ce qu’il en attend, si c’est de l’ordre d’un accord ou d’un témoignage, mais la référence à l’Autre vient jouer là une fonction essentielle. Ce n’est pas forcer cette fonction que de l’articuler de cette façon, et de mettre ainsi en place ce qui s’attachera respectivement au moi idéal et à l’idéal du moi dans la suite du développement du sujet.

De cet Autre, pour autant que l’enfant devant le miroir se retourne vers lui, que peut-il venir ? Nous disons qu’il n’en peut venir que le signe image de a, cette image spéculaire, désirable et destructrice à la fois, effectivement désirée ou non. Voilà ce qui vient de celui vers lequel le sujet se retourne, à la place même où il s’identifie à ce moment, en tant qu’il soutient son identification à l’image spéculaire.

Dès ce moment originel, nous est sensible le caractère que j’appellerai antagoniste, du moi idéal. A savoir que, déjà dans cette situation spéculaire, se dédouble, et cette fois au niveau de l’Autre, pour l’Autre et par l’Autre, le moi désiré, j’entends désiré par lui, et le moi authentique […] – à ceci près que dans cette situation originelle, c’est l’idéal qui est là, je parle du moi idéal et non pas de l’idéal du moi, et que l’authentique moi est, lui, à venir.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, livre VIII - Le transfert" pages 411-412

[ déchirement ] [ intériorisation ] [ trait unaire ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie

Le De inventione est le premier ouvrage de Cicéron sur la rhétorique ; il l’a écrit une trentaine d’années avant le De oratore, en même temps à peu près que l’auteur inconnu de l’Ad Herennium rédigeait son manuel. Le De inventione ne nous apprend rien de nouveau des idées de Cicéron sur la mémoire artificielle, car le livre ne s’occupe que de la première partie de la rhétorique, l’inventio, découverte ou mise au point du sujet d’un discours, l’assemblage des "choses" dont il va traiter. Le De inventione devait jouer cependant un rôle important dans l’histoire postérieure de l’art de la mémoire, car c’est à partir des définitions que donne Cicéron des vertus dans cet ouvrage, que la mémoire artificielle est devenue au Moyen Age une partie de la vertu cardinale de la Prudence.

Vers la fin du De inventione, Cicéron définit la vertu comme une "disposition d’esprit en harmonie avec la raison et l’ordre du monde", définition stoïcienne de la vertu. Il affirme alors que la vertu a quatre parties, la Prudence, la Justice, la Constance et la Tempérance. […]

Les définitions que donne Cicéron des vertus et de leurs parties ont été une source très importante pour la formation de ce que l’on appela plus tard les quatre vertus cardinales. Quand Albert le Grand et saint Thomas d’Aquin analysent les vertus dans leurs Summae, ils citent la définition donnée par "Tullius" pour les trois parties de la Prudence. Et le fait que "Tullius" fasse de la mémoire une partie de la Prudence fut la raison essentielle de la considération qu’ils avaient pour la mémoire artificielle. Le raisonnement avait une belle symétrie et il était lié au fait que le Moyen Age associait le De inventione et l’Ad Herennium en y voyant deux œuvres de Tullius ; les deux œuvres étaient connues respectivement sous le nom de Prima et Seconda Rhetorica de Tullius. [...] C'est sous la rubrique de la mémoire comme élément de la Prudence qu'Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin citent et analysent les règles de la mémoire artificielle.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 43 à 45

[ théologie ] [ historique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

religion

"Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est tout simplement qu’il puisse y avoir de la croyance", dit Yegussa en s’énervant d’une façon incompréhensible aux yeux d’Olo. "Prenons un exemple : "Sautra est un être qui se compose de cinq personnes." Je n’arrive absolument pas à comprendre qu’une proposition invérifiable comme celle-ci ait ses adeptes en Molussie, en Almusie, en Supolie, en Isalie, dans chaque ville, maison après maison, jusque dans les patelins les plus isolés. […] Je ne suis pas étonné que la "croyance" n’ait pas encore été exterminée, je suis étonné qu’elle ait pu naître. […] Voilà donc les chevaliers de la croyance qui arrivent à cheval", imagina Yegussa. "Ils racontent que "Sautra est un être qui se compose de cinq personnes." On se dit que le paysan aurait dû demander : "A quoi cela sert-il ?", le forgeron : "Qu’est-ce que c’est ?", le cordonnier : "Mais pourquoi donc cinq personnes ?" Au lieu de cela, le paysan dit : "Je crois", mais il ne voit rien se composant de cinq personnes, et le forgeron dit : "Je crois", mais il ne voit rien se composant de cinq personnes, puis le boulanger dit : "Je crois", mais il ne voit rien se composant de cinq personnes. (Je parle de "croyance", mais que faisaient-ils réellement quand ils "croyaient" et qu’entendaient-ils quand ils disaient cela ?) […] Et ils n’ont pas seulement dit :  "Je crois", ils ont aussi éduqué leurs enfants dans leur croyance", continua Yegussa, aussi énervé qu’avant. "Et ils ont pris lances et boucliers et sont morts pour défendre l’être se composant de cinq personnes. Aujourd’hui encore, à la dixième génération, ils sont des milliers à n’avoir jamais oublié d’y croire ; des gens comme toi et moi, des ouvriers travaillant dans des gravières ou dans des chantiers navals, dormant comme moi – tout comme toi et moi, dans la même ville, à la même époque. Alors, s’il te plaît, explique-moi, qu’entendent-ils lorsqu’ils parlent de  "croire" et que font-ils quand ils "croient" ?"

"Je ne m’étais jamais rendu compte que je ne le savais plus", admit Olo.  "Je ne le sais vraiment pas."

Auteur: Anders Günther Stern

Info: La catacombe de Molussie, traduit de l’allemand par Annika Ellenberger, Perrine Wilhelm et Christophe David, éditions l’Echappée, Paris, 2021, pages 112-113

[ questions ] [ origine ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

réminiscence

Dans le Phèdre, où Platon expose sa conception de la vraie fonction de la rhétorique – qui est de persuader les hommes de connaître la vérité – il développe à nouveau le thème que la connaissance de la vérité et de l’âme consiste à se rappeler, en se souvenant des Idées que les âmes ont vues une fois et dont toutes les choses matérielles sont des copies confuses. […]

Le Phèdre est un traité sur la rhétorique dans lequel la rhétorique n’est pas considérée comme un art de persuasion à utiliser pour en tirer un avantage personnel ou politique, mais comme un art de dire la vérité et de persuader les auditeurs de venir à la vérité. Ce pouvoir dépend d’une connaissance de l’âme, et la vraie connaissance de l’âme réside dans le souvenir des Idées. La mémoire n’est pas une "section" de ce traité, conçue comme une partie de l’art de la rhétorique ; la mémoire au sens platonicien est la base de l’ensemble.

Il est clair que, du point de vue de Platon, la mémoire artificielle, telle que l’utilise un sophiste, ne peut être qu’une malédiction, une profanation de la mémoire. […] Une mémoire platonicienne ne devrait pas être organisée aussi vulgairement que cette mnémotechnique, mais en rapport avec les réalités supérieures.

Ce sont les néo-platoniciens de la Renaissance qui ont tenté de réaliser précisément cette entreprise grandiose, dans le cadre de l’art de la mémoire. Une des manifestations les plus frappantes de la façon dont la Renaissance a utilisé l’art de la mémoire est donnée par le Théâtre de la Mémoire de Giuliu Camillo. En utilisant les images placées dans des lieux à l’intérieur d’un théâtre néo-classique – c’est-à-dire en utilisant la technique de la mémoire artificielle d’une manière tout à fait orthodoxe – le système mnémonique de Camillo se fonde (à ce qu’en croit l’auteur) sur des archétypes de la réalité dont dépendent les images secondaires qui couvrent tout le royaume de la nature et de l’homme. […] son but est de construire une mémoire artificielle fondée sur la vérité.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 66-67

[ historique ] [ influence ] [ philosophie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

matriarchie

Elles sont déjà là, en réalité, toutes les déesses-mères, elles sont de retour même si elles ne s’appellent pas Isis ou Astarté. Elles occupent toute la place qui leur est due dans le "ciel" du nouveau matriarcat profondément anti-biblique, anti-judaïque et anti-chrétien, les nouvelles matrones tutélaires implacables, les Grandes Nounous garantes de la réasexuation de la société et de la réinfantilisation des humains, voire de leur bestialisation douce dans une vaste nursery high-tech parfaitement télésurveillée de partout, avec des pornos à toute heure, pour assurer la disparition du désir, et la lecture collective et quotidienne au réfectoire, pour les mêmes raisons, d’un chapitre de La vie sexuelle de Catherine M. par la Mère supérieure, en alternance avec un passage du Bébé de Darrieussecq. Toutes ces choses vont très bien ensemble. Le Panoptikon de l’avenir est indifféremment une pouponnière, une crèche, une couveuse, un bordel, mais les véritables aventures s’y résument, au nom du principe de précaution, à prévenir diarrhées, rubéoles, varicelles, scarlatines et oreillons des petits pensionnaires. L’univers qui s’installe est un jardin d’enfants où patrouillent de sévères puéricultrices veillant à ce que leurs jeunes protégés ne soient pas dès leur âge le plus tendre conditionnés à des rôles sexués […]. L’art du passé au premier chef doit être nurseryfié, car cet art du passé représente ce qu’a pu être l’affirmation virile et adulte la plus haute de la période historique. C’est la raison pour laquelle un musée qui n’aurait pas son service poussettes et le nombre de chauffe-biberons réglementaires devrait fermer ses portes instantanément. Je me souviens, l’année dernière, avoir visité l’exposition "Picasso érotique" littéralement suivi, de salle en salle, par une jeune femme qui poussait un landau démoniaque dont les roues grinçaient. Allant ainsi d’œuvre en œuvre avec son landau vide (le bébé était promené par son père, une espèce de forçat à la traîne, livide et ahuri), par sa seule présence décidée elle effaçait la beauté sexuelle des œuvres de Picasso. Et il était impossible de penser qu’elle ne savait pas très bien ce qu’elle faisait ; ni que c’était pour cela seulement qu’elle était venue.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 134-135

[ désérotisation ] [ critique de l'idéalisme féministe ] [ hommes-femmes ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

christianisme

On reproche à la morale catholique et à la morale chrétienne, chose grave à une époque comme la nôtre, d’être en opposition avec la nature et avec les instincts naturels, d’être une morale mystique, ou encore une morale ascétique, quelques-uns disent une morale monastique. Nous voilà bien loin de la morale relâchée de tout à l’heure. Accusation plus grave encore et d’autant plus redoutable qu’elle est plus spécieuse, on va répétant, autour de nous, que la morale religieuse est une morale égoïste, une morale antisociale, qui donne pour but, à la vie de l’homme, son salut personnel.

En effet, le catholicisme, les Eglises chrétiennes en général, pour ne pas dire toutes les religions, avec l’islam et le bouddhisme, donnent comme but, à l’activité et à la piété du croyant, son salut personnel. Il se peut que, par là même, cette morale religieuse se trouve, à vos yeux, entachée d’une sorte d’égoïsme ; mais, faut-il le rappeler ? l’esprit humain n’est pas d’une logique telle que, dans ses actes, le chrétien en soit toujours à considérer la récompense qu’il espère obtenir. Cette morale religieuse qui s’inspire de la charité, non moins que de l’espérance, sommes-nous, vraiment, en droit de la déclarer inférieure ? Sommes-nous certains qu’elle soit moins efficace que la morale sans sanction de tels de nos philosophes ?

[…] Pouvons-nous soutenir que les âmes pieuses sont, moralement, inférieures aux autres ? Il se trouve, sans doute, parmi vous, plus d’une personne qui, ayant reçu une éducation religieuse, et ayant eu pleine foi dans sa religion, a été prise, plus tard, de l’esprit de doute. Je fais appel à leur conscience, et je leur demande si, le jour où elles ont cessé d’espérer en la vie éternelle, leur moralité inférieure en est devenue plus forte ou plus délicate.

Je poserai la même question, sous une autre forme : sommes-nous certains que, dans les écoles ou dans les familles où l’on a renoncé à transmettre à l’enfant la notion d’un Dieu invisible, partout présent, qui sait tout et qui voit tout, on ait élevé le niveau de la moralité de l’enfant ?

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: " Les doctrines de haine ", éditions Payot et Rivages, Paris, 2022, pages 203-204

[ critiques ] [ réfutation ] [ comparaison ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson