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anthropocentrisme

"Et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre."  Genèse (1:28)

Ce verset a poussé les hommes à l'arrogance et à l'irrespect envers ce qui les entoure. Avec ces quelques mots, la nature fut réduite au statut d'esclave et de matériau dont on devait se servir à l'envi. En quelque sorte, la crise environnementale était déjà enclenchée depuis ces temps anciens vers une dégradation des rapports avec la nature, vers une perte des valeurs fondamentales. Tout depuis fut subjectivement centré en fonction du progrès de l'homme, création de Dieu à son image. Ce qui conduit inévitablement à un égoïsme généralisé, une éthique centrée autour de l'homme uniquement, sans aucune considération pour la nature ni pour les autres êtres vivants en tant qu'êtres de valeur à part entière.

Auteur: Naess Arne

Info: Écologie, communauté et style de vie, Éditions Dehors, p 291

[ christianisme ]

 

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pensée-de-femme

Son propre sexe était un territoire sauvage, caché entre ses cuisses musclées par des jeux d’extérieur ; son sexe était un trait tiré droitement sous son ventre et elle n’imaginait pas qu’il faudrait bientôt écarter cette ligne pour y construire un enfant. Candre serait bientôt cet homme, cet ouvrier du corps. Il faudrait lui ouvrir son lit, ses bras, ses jambes, le trait deviendrait une fente chaude jusqu’à ce que l’avenir se dessine à la surface de son nombril.

Auteur: Coulon Cécile

Info: Seule en sa demeure, p. 52

[ génitrice ] [ vagin ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

délivrance

Si je ne m'étais pas plongée dans les livres, dans les histoires et les légendes, dans les journaux, les rapports, si tout ce qui est communicable n'avait pas grandi en moi, j'aurais été une non-entité, une collection d'événements incompris. (Et cela aurait probablement été positif, j'aurai pu alors penser à quelque chose de nouveau). Ce que je peux voir, ce que je peux entendre, sont des choses que je ne mérite pas ; mais mes sentiments, ceux que je mérite vraiment, ces hérons sur les plages blanches, vagabonds nocturnes, errants affamés qui prennent mon cœur pour route. J'aimerais pouvoir lancer un appel à tous ceux qui croient en leur existence propre et en la forte nature de leurs pensées : soyez de bonne volonté ! Ces pièces de monnaie que vous faites tinter ensemble ont été retirées de la circulation, seulement vous ne le savez pas encore...

Admets que lorsque tu payes réellement, avec ta vie, tu ne le fais qu'au-delà de cette barrière, une fois que tu as dit adieu à tout ce qui t'est cher - points d'atterrissage et autres bases volantes,  ce n'est qu'à partir de là que tu te lance sur ton propre chemin, périple d'une étape imaginaire vers une autre, voyageur nécessairement insoucieux de sa destination.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: The Thirtieth Year: Stories. Trad Mg

[ langage prison ] [ libération ] [ oser ]

 

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monarchisme

La royauté est un pouvoir divin qui abaisse les serpents. Les républiques par contre relèvent de terre les esprits serpents lesquels sacrifient le peuple de Dieu, l’empêchant de s’élever vers le Dieu du Ciel. C’est aujourd’hui le mal de l’Europe sous les républiques. 

Auteur: Padre Pio Francesco Forgione

Info:

[ catholicisme ] [ temporel et spirituel ]

 

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identité

Pour  J-P Winter, la vague de dysphorie de genre qui frappe les adolescents est une épidémie facilitée par l’effacement de l’autorité – parents, profs, médecins… Face à la parole sacralisée, il est interdit d’interdire. Mais si écouter un enfant est une chose, le croire en est une autre.

GM : - Les sciences sociales et après elles la politique se sont saisies de la question du genre à partir des années 1980-1990 comme s’il s’agissait d’une nouveauté radicale. Les tensions entre les rôles sociaux (le genre) et la biologie (le sexe) ne sont-elles pas aux origines de la psychanalyse ?

JPW : -. Bien sûr ! Et ce depuis Freud, le premier à avoir théorisé le fait que le sujet quel qu’il soit n’est pas nécessairement adapté à son anatomie. Il a réfléchi à la question sous l’angle de la bisexualité psychique en postulant qu’être d’anatomie homme ou femme ne signifie pas que, psychiquement, on se range mécaniquement du côté masculin ou du côté féminin. Il peut y avoir une distorsion entre les deux. C’est d’ailleurs très souvent le cas, et accepter que, selon la formule qu’il emprunte à Napoléon, "l’anatomie, c’est le destin" demande une maturation. On ne rejoint pas son "destin" d’un coup de baguette magique. La réalité reste le socle biologique. Quand la distorsion est spectaculaire, le sujet peut être amené à se fabriquer une réalité de substitution, et c’est là que les choses se compliquent.

- Comment ?

- Je pars de Freud ainsi que de travaux pionniers de Robert Stoller qui travaille sur les premiers cas de transsexualité (Sexa and Gender: On the Development of Masculinity and Femininity, et Sex and Gender: the Transsexual Experiment, tous deux publiés en 1968). C’est à lui que l’on doit la première théorie du genre, qui affirme que le sexe et la sexualité ne sont pas la même chose. Le sexe, ce sont les chromosomes XX ou XY. La sexualité, c’est le fait que vous êtes un homme pour une femme, un homme qui "sait" qu’il y a des femmes. Stoller dit qu’il y a un substrat biologique à la certitude de ne pas être né dans le bon corps et que dans certains cas très limités, c’est ce qui conduit à conduit à un malaise que l’on appelle dysphorie de genre.

- Y a-t-il un fondement biologique dans ces cas ?

Oui, mais c’est très rare. On ne peut pas penser la sexualité indépendamment du fait qu’il va falloir, dès les premiers mots, peut-être même dès la naissance, faire l’homme ou faire la femme. Je choisis mon expression à dessein. Il n’y a pas d’essentialité de l’homme ni d’essentialité de la femme. Les extrêmes essentialisent l’homme. Ainsi, si on est d’anatomie homme et qu’on se "sait" être une femme, on demandera à la chirurgie de faire en sorte de conformer l’anatomie à cette réalité-là qu’on "connaît". Mais la majorité des gens, pour l’instant en tout cas, sont poussés à "faire" l’homme ou la femme auquel la biologie les arraisonne, à faire semblant. Cela s’appelle la parade.

Pourriez-vous donner des exemples ?

- Chez les femmes, par exemple, c’est le maquillage, c’est la séduction, sachant qu’il y a toujours un coin de notre psychisme où nous savons que nous nous identifions à un discours convenu qui varie dans le temps et dans l’espace.

Les enfants, j’en ai connu beaucoup, dans leur premier âge, qui jouent avec cela, c’est-à-dire qu’ils cherchent. Un petit garçon, par exemple, peut dire "Moi, je suis une fille" et se déguiser en fille. Cela ne veut pas dire qu’il y croit, mais cela signifie qu’il essaie d’explorer un mode de jouissance qui n’est pas le sien. Mais cela dit aussi qu’il teste son entourage sur le mode du "est-ce que vous me croyez si je vous dis que je suis une fille ?". Et la réponse sera très importante.

- Quand vous dites "enfants", vous pensez aussi aux adolescents ?

Oui ! La période de l’adolescence, c’est le retour de ce qui a été mal assimilé dans l’enfance, qui se métabolise. L’adolescence est le temps d’un immense travail psychique, où on renoue avec les expériences du début de la vie. Dès lors que ces enfants sont identifiés à leur parole, le résultat sera que leur imagination – c’est vraiment, le cœur de la problématique –deviendra la norme du réel. C’est valable dans les histoires de transsexualité, mais aussi dans toutes les affaires de wokisme et dans les théories du complot de manière générale. Le seul fait que j’imagine quelque chose fait que ça devient réel. Je suis un garçon anatomiquement homme, j’imagine que je suis une fille, et la réalité devient cela, c’est mon réel. Et donc je vais demander à la chirurgie de faire advenir mon réel, ma conviction absolue, qui veut que si j’ai l’apparence d’un garçon, en fait je suis une fille. Ce réel-là, qui est mon imaginaire, l’emporte sur mon corps (...) 

Auteur: Winter Jean-Pierre

Info: Interview de Gil Mihaely sur Causeur le 28 mai 2022. "Transgenres. Il faudrait peut-être aussi écouter les gens qui reprochent à leurs parents de les avoir crus"

[ femmes-hommes ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

décryptage

Revenons maintenant au petit miracle dont nous parlent Dolto et Lacan.

J'ai finalement trouvé un autre témoignage de l'éclair de compréhension, cette fois chez un adulte, qui nous apporte lui aussi quelques clés pour comprendre ce qui peut bien se passer en nous au moment où nous apprenons à lire.

Il s'agit du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion. Nous sommes au XVIIIe siècle, tous les savants européens sont alors à la recherche de la clé qui permettrait non plus de continuer à déchiffrer hiéroglyphe par hiéroglyphe ce qui est gravé ou peint sur les pyramides, mais de sortir du B-A-BA hiéroglyphique pour passer à une véritable lecture.

Tous ces savants ont beaucoup avancé. A Londres, à Berlin, à Munich, à Paris, à Rome, on sait déjà beaucoup de choses sur l'écriture et la culture égyptiennes.

Mais ce milieu reste prisonnier d'une conception qui veut que les hiéroglyphes soient des images. C'est précisément cette conception du hiéroglyphe comme image qui bloque l'avancée. Certains ont émis l'hypothèse que peut-être ces images pouvaient de temps en temps être autre chose que des images, mais quoi ? (...)

Depuis son enfance, Champollion est passionné par l'Egypte ancienne.

C'est un jeune homme assez bizarre, incapable de suivre un cursus scolaire et qui a des évanouissements à répétition. (...) En étudiant un cartouche sur lequel bien des savants se sont déjà penchés, Champollion a une idée concernant le sens d'un hiéroglyphe qui se trouve au milieu du cartouche. Il s'agit d'un rond, qui signifie "ra" et tout le monde pense qu'il désigne le dieu Ra. Et puis il y a un signe qui se lit "ms", et une espèce de trident. Personne ne sait lire ce cartouche (...)

Et voilà que le jeune Champollion, tout à coup, comprend que "ra" pourrait aussi représenter le son "ra", et pas seulement le dieu du Soleil.

"Ra" est une syllabe. En appliquant le même raisonnement aux deux autres syllabes, il peut lire le nom qui est inscrit dans le cartouche : "Ramsès".

En un éclair, comme dans la description de Françoise Dolto, il a trouvé la clé que tout le monde cherchait. (...) Puis il commence à déchiffrer, comme un fou, les hiéroglyphes.

(...) il n'est pas sans importance de rappeler qu'avant même de maîtriser le sens de ce qu'il lisait là, Champollion s'était révélé capable de lire la langue égyptienne quel que soit le mode graphique sous lequel elle se présentait. (...)

Loin de moi pourtant l'idée qu'il ne faille exercer aucune contrainte.  Mais il faut s'entendre. Pour revenir à l'exemple de Champollion, pourquoi est-ce lui qui trouve, et pourquoi pas les autres ?

Certes, il a du génie et il a une passion. 

Mais il y a aussi que dès son plus jeune âge, il a appris l'hébreu, il a appris l'araméen, il a appris l'assyrien, il a appris le chaldéen, le grec, le latin... 

Il sait déchiffrer un texte dans plusieurs écritures, comme pour la pierre de Rosette, et il est un savant bibliste. Tout cela, il a bien fallu l'acquérir. 

Tout ne peut pas être mis au compte du seul génie.

Auteur: Winter Jean-Pierre

Info: Transmettre (ou pas)

[ historique ] [ décodage ] [ déclic ] [ signes figuratifs ]

 

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judaïsme

Cette énigme dont Freud avait eu l'intuition dès 1882, il en proposera une première résolution formalisée dans "L'Homme Moïse et la religion monothéiste" quand il montrera l'importance décisive pour la "vie de l'esprit" du commandement qui interdit aux Juifs la représentation imagée et sculptée.

Ce n'est plus la seule destruction du temple de Jérusalem qui associe les Juifs dans une même construction psychique mais l'énoncé d'une loi privilégiant la parole au détriment de l'image.

Auteur: Winter Jean-Pierre

Info: Transmettre (ou pas)

[ littérature ] [ historique ]

 

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femmes-hommes

Il n'y avait qu'un seul espoir auquel elle ne voulait pas se raccrocher : que si, en presque trente ans, elle n'avait pas trouvé un homme, pas un seul, qui ait été exclusivement significatif pour elle, qui lui soit devenu inévitable, quelqu'un de fort et qui lui apporte le mystère qu'elle attendait, pas un seul qui soit vraiment un homme et non un excentrique, un faible ou un de ces nécessiteux dont le monde est rempli - alors l'homme n'existait tout simplement pas, et tant que cet Homme Nouveau n'existait pas, on ne pouvait qu'être amical et gentil les uns envers les autres, pendant un certain temps. Il n'y avait rien de plus à faire, et il valait mieux que les femmes et les hommes gardent leurs distances et n'aient rien à faire l'un avec l'autre jusqu'à ce que tous deux aient trouvé le moyen de sortir de l'enchevêtrement et de la confusion, de la divergence inhérente à toute relation. Un jour, quelque chose d'autre pourrait advenir. Quelque chose de fort. Quelque chose de mystérieux. Quelque chose de plus grand auquel tous pourraient se soumettre.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: Simultan : Erzählungen

[ incompatibilité ]

 

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autoportrait

Je suis moi-même une personne qui ne s'est jamais résignée, qui ne se résigne absolument jamais, qui ne peut en aucun cas l'imaginer. J'observe simplement, et j'observe chez énormément de gens, et souvent très rapidement, une résignation qui me terrifie, c'est tout.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info:

[ libre ] [ révoltée ]

 

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espérance

Et je ne crois pas au matérialisme, à cette société de consommation, à ce capitalisme, cette scandaleuse horreur qui se produit/se déroule ici... Je crois vraiment en quelque chose, et je l'appelle "un jour viendra". Et un jour, ça arrivera. Eh bien, probablement que celà ne se passera pas, puisqu'on nous a toujours tout détruit...  Ça n'arrivera pas, et j'y crois quand même. Parce que si je ne peux plus y croire, je ne peux plus écrire non plus.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info:

[ source ]

 

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